jeudi 30 mai 2019

3 Hommes à abattre

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site boxofficestory.com

de Jacques Deray. 1980. France. 1h36. Avec Alain Delon, Dalila Di Lazzaro, Michel Auclair, Pascale Roberts, Lyne Chardonnet, Jean-Pierre Darras, Bernard Le Coq.

Sortie salles France: 31 Octobre 1980 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIEJacques Deray (Jacques Desrayaud) est un réalisateur français né le 19 février 1929 à Lyon, décédé le 9 août 2003 à Boulogne-Billancourt. 1960 : Le Gigolo. 1963 : Rififi à Tokyo. 1963 : Symphonie pour un massacre. 1965 : Par un beau matin d'été. 1966: Avec la peau des autres. 1966 : L'Homme de Marrakech. 1969 : La Piscine. 1970 : Borsalino. 1971: Doucement les basses. 1971 : Un peu de soleil dans l'eau froide. 1972 : Un homme est mort. 1974 : Borsalino & Co. 1975 : Flic Story. 1977 : Le Gang. 1978 : Un papillon sur l'épaule. 1980 : Trois hommes à abattre. 1982 : Les Secrets de la princesse de Cadignan (TV). 1983 : Le Marginal. 1983 : Credo (TV). 1985 : On ne meurt que deux fois. 1987 : Le Solitaire. 1987 : Maladie d'amour. 1989 : Les Bois noirs. 1991 : Contre l'oubli. 1991 : Netchaïev est de retour. 1993 : Un crime. 1994 : 3000 Scénarios contre un virus (segment « Arnaud et ses copains »). 1994 : L'Ours en peluche. 1998 : Clarissa (TV). 2000 : On n'a qu'une vie (TV). 2001 : Lettre d'une inconnue (TV).


Succès considérable à sa sortie puisqu'il engrange 2 194 795 entrées, 3 Hommes à abattre est la nouvelle réunion du maître Jacques Deray (Borsalino et sa suite, Flic Story, La Piscine, le Gang) et du monstre sacré Alain Delon pour le meilleur du polar si on en juge l'efficacité du script appuyé d'une solide mise en scène et d'un casting hors-pair. Dans la mesure où les comédiens particulièrement virils ou autrement sclérosés se disputent la mise avec un charisme strié que l'on ne retrouve que trop rarement dans le polar mainstream. Mais au-delà du brio de sa mise en scène rigoureuse prenant son temps à planter l'histoire ainsi que l'évolution des personnages dans une formulation d'action en règle (notamment cette incroyable poursuite en voitures en plein Paris !) et de rebondissements parfois couillus (son épilogue hallucinant de radicalité pessimiste vaut son pesant de cacahuètes !), 3 Hommes à abattre est illuminé par la présence démiurge d'Alain Delon. Un justicier impassible traqué par des tueurs après avoir porté assistance à un homme grièvement blessé.


Depuis, devenu une cible prioritaire, il ne cesse de se planquer d'un endroit à un autre tout en tentant de préserver la vie de sa compagne, une jolie italienne que campe modestement Dalila Di Lazzaro  (Chair pour Frankenstein pour citer son oeuvre scabreuse la plus mémorable). Machiste, avouons le, auprès de sa compagne avenante, et d'une force de sûreté et de tranquillité, Alain Delon magnétise l'écran à chacune de ses apparitions fulgurantes. De par son élégance distinguée ne surfant pour autant jamais avec une quelconque complaisance orgueilleuse (même si sa fierté sereine finira par le perdre) et son regard azur chargé d'humanité et de loyauté. Ainsi donc, à travers son rôle de victime lâchement traquée, engendrant par l'occasion quelques dommages collatéraux, celui-ci s'alloue d'un héroïsme particulièrement brutal eu égard du parti-pris draconien de Jacques Deray incluant par moments une violence frontale terriblement cinglante ! Là encore, on s'étonne de subir un réalisme aussi percutant au point parfois d'y effleurer une certaine complaisance (zoom à l'appui sur les chairs éclatées) que le ciné transalpin se fit porte-étendard (tant auprès de leur pellicule gorasse que du néo-polar bisseux). Quand bien même sa conclusion d'une noirceur insensée aura probablement ébranlé une majorité de spectateurs subitement gagnés par l'acrimonie.


Pour tous les amateurs de polar carré hérité du cinéma de papa, 3 Hommes à abattre est un incontournable du genre à travers sa corruption ministérielle qu'Alain Delon tente de contrecarrer avec une élégance virile imputrescible. Rien que pour sa présence électrisante, 3 Hommes à abattre se doit d'être vu et revu avec toujours ce même plaisir de cinéphile puriste affecté par les valeurs du cinéma noble. 

*Bruno
2èx

mercredi 29 mai 2019

Le Train sifflera 3 fois. Oscar du Meilleur Acteur: Gary Cooper.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"High Noon" de Fred Zinnemann. 1952. U.S.A. 1h25. Avec Gary Cooper, Grace Kelly, Thomas Mitchell, Lloyd Bridges, Katy Jurado, Lon Chaney Jr, Lee Van Cleef.

Sortie salles France: 26 Septembre 1962. U.S: 13 Août 1952

FILMOGRAPHIEFred Zinnemann est un réalisateur et producteur américain d'origine autrichienne, né le 29 avril 1907 à Vienne (Autriche), décédé le 14 mars 1997 à Londres (Royaume-Uni). 1930 : Les Hommes le dimanche. 1936 : Les Révoltés d'Alvarado. 1938 : Tracking the Sleeping Death. 1938 : They Live Again. 1938 : That Mothers Might Live. 1938 : A Friend in Need. 1938 : The Story of Doctor Carver. 1939 : Weather Wizards. 1939 : While America Sleeps. 1939 : Help Wanted. 1939 : One Against the World. 1939 : The Ash Can Fleet. 1939 : Forgotten Victory. 1940 : Stuffie. 1940 : The Old South. 1940 : The Great Meddler. 1940 : A Way in the Wilderness. 1941 : Forbidden Passage. 1941 : Your Last Act. 1942 : The Lady or the Tiger ? 1942 : L'Assassin au gant de velours. 1942 : Les Yeux dans les ténèbres. 1944 : La Septième Croix. 1946 : Little Mister Jim. 1947 : My Brother Talks to Horses. 1948 : Les Anges marqués. 1948 : Acte de violence. 1950 : C'étaient des hommes .1951 : Benjy. 1951 : Teresa. 1952 : Le train sifflera trois fois. 1952 : The Member of the Wedding. 1953 : Tant qu'il y aura des hommes. 1955 : Oklahoma ! 1957 : Une poignée de neige. 1959 : Au risque de se perdre. 1960 : Horizons sans frontières. 1964 : Et vint le jour de la vengeance. 1966 : Un homme pour l'éternité 1973 : Chacal. 1977 : Julia. 1982 : Cinq jours, ce printemps-là.


“Là où il n’y a le choix qu’entre lâcheté et violence, je conseillerai la violence.”
Western légendaire s'il en est, si bien qu'il est conservé à la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis pour son "importance culturelle, historique ou esthétique", le Train sifflera 3 fois privilégie dans une facture monochrome (alors que la plupart des westerns sont tournés en couleurs à cette époque) la carte du suspense exponentiel lorsqu'un shérif s'efforce de redouter l'arrivée d'un repris de justice qu'il condamna autrefois à mort. Western audacieux de par sa démarche psychologique dépeignant sans ambages la lâcheté d'une population urbaine apeurée par un danger si redouté, le Train sifflera 3 fois est sublimé par le charisme saillant de Gary Cooper (Oscar du Meilleur Acteur svp) à travers la gravité de son regard hanté de contrariété mais pour autant résigné à faire preuve de bravoure en lieu et place de dignité. Quand bien même la gracile Grace Kelly lui partage la vedette avec une tendresse démunie eu égard de son refus de lui porter assistance faute de son passé familial tragique ayant engendré la mort de son père et de son jeune frère.


Ainsi donc, ce western iconoclaste n'hésitant pas à brosser le portrait d'un héros solitaire hanté de crainte et de doute s'alloue d'une dimension humaniste particulièrement empathique eu égard du spectateur s'identifiant à la résilience du shérif Will Kane refusant obstinément de quitter la ville depuis les avertissements des citadins communément lâches et sournois, voir même rancuniers auprès des plus influençables ou envieux. La grande force du cheminement narratif résidant dans son intensité dramatique que Fred Zinnemann ossature autour de confrontations psychologiques houleuses lorsque ceux-ci se résignent à décourager leur shérif afin d'y déjouer un bain de sang. Le cinéaste retardant au maximum toute action violente (en dépit d'une baston improvisée) lors des efforts infructueux du shérif à solliciter leur aide potentiellement stoïque avant que la venue (si escompté) d'un train ne nous dévoile son potentiel explosif depuis la vendetta d'un bandit sans vergogne.


Grand classique du western séculaire dénonçant avec force et radicalité les thèmes de la lâcheté, de la peur et de l'hypocrisie humaine lorsqu'elle s'y refuse de secourir une victime esseulée, le Train sifflera 3 fois s'accompagne de manière métronome de l'ironique mélodie: "si toi aussi tu m'abandonnes..." afin de caricaturer ses postures déloyales incapables de se mesurer au goût du soutien, du risque et de l'héroïsme.

P.S: omission d'un détail auprès de la génération 80 ayant été bercée par la Dernière Séance, le Train sifflera 3 fois fut diffusé le 6 Juillet 1982 en première partie de soirée.

*Bruno

Récompenses:
Oscar du meilleur acteur pour Gary Cooper
Oscar du meilleur montage pour Elmo Williams et Harry Gerstad
Oscar de la meilleure musique pour Dimitri Tiomkin
Oscar de la meilleure chanson pour Dimitri Tiomkin (musique) et Ned Washington (paroles)

mardi 28 mai 2019

Top Gun

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

de Tony Scott. 1986. U.S.A. 1h50. Avec Tom Cruise, Kelly McGillis, Anthony Edwards, Meg Ryan, Val Kilmer, Rick Rossovich, Tom Skerritt, Michael Ironside, John Stockwell, Tim Robbins, Whip Hubley.

Sortie salles France: 17 Septembre 1986. U.S: 16 Mai 1986

FILMOGRAPHIE: Tony Scott (né le 21 juillet 1944 à Stockton-on-Tees, Royaume-Uni - ) est un réalisateur, producteur, producteur délégué, directeur de la photographie, monteur et acteur britannique. 1983 : Les Prédateurs, 1986 : Top Gun, 1987 : Le Flic de Beverly Hills 2, 1990 : Vengeance,1990 : Jours de tonnerre, 1991 : Le Dernier Samaritain,1993 : True Romance, 1995 : USS Alabama,1996 : Le Fan,1998 : Ennemi d'État, 2001 : Spy Game, 2004 : Man on Fire,   2005 : Domino, 2006 : Déjà Vu, 2009 : L'Attaque du métro 123, 2010 : Unstoppable.


"Le 3 mars 1969, la marine américaine fonde une école pour pilotes d'élite. Son objectif: apprendre l'art du combat aérien et garantir que ceux sélectionnés soient les meilleurs pilotes de chasse du monde. Mission accomplie. La marine appelle cette école : Fighter Weapons School. Les pilotes l'appellent: Top Gun."


Produit commercial symptomatique de l'écurie Hollywood chewing-gum, Top Gun demeure un divertissement lambda accueilli en fanfare par le grand public (certains fans lui attribuent d'ailleurs le terme "culte") mais déprécié par la critique. Car si 3 ans au préalable, Tony Scott nous livra le chef-d'oeuvre de sa carrière, les Prédateurs, il nous contente avec Top-gun le minimum syndical dans sa caricature d'une intrigue frimeuse truffée de clichés (prôner l'élite de pilotes de chasse lors d'un concours de rivalités aériennes). Entre action virevoltante, drame en berne et romance à l'eau de rose digne d'un roman-photo de gare. Et si les affrontements aériens font parfois illusion dans leur intensité escomptée (principalement l'action finale en apothéose), d'autres s'avèrent beaucoup moins captivants eu égard d'absence d'enjeu belliciste. Pour autant, avec un brin de nostalgie mélancolique,  Top Gun peut encore séduire son public grâce aux attachantes prestances des acteurs juvéniles.


Tant et si bien que Tom Cruise ne déborde pas trop en pilote aguerri en ascension héroïco-sentimentale, la charmante Kelly McGillis esquive de justesse la caricature mielleuse en mentor attentionnée quand bien même la midinette Meg Ryan se laisse plutôt dominer par ses sentiments en épouse éplorée. Pour parachever on peut également louer le charme des années 80 que Tony Scott reproduit à travers leur panel de bons sentiments fondés sur l'amitié, l'honneur, la fidélité, l'amour, la bravoure et le dépassement de soi (amen !). Divertissement mineur aussitôt vu qu'oublié à travers sa propagande martiale pro américaine (pour autant loin d'y déchaîner les passions), Top Gun se décline donc en produit d'action gentiment naïf (les rivalités masculines affublées de lunettes noires nous font sourire à travers leur provocation inoffensivement railleuse) soutenu d'une BO entraînante ("take ma breath away") et d'une photo scope clinquante.

*Bruno
3èx

lundi 27 mai 2019

The Perfection

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Richard Shepard. 2018. U.S.A. 1h31. Avec Allison Williams, Molly Grace, Logan Browning, Steven Weber, Alaina Huffman.

Diffusé sur Netflix le 24 Mai 2019

FILMOGRAPHIE: Richard Shepard est un réalisateur et scénariste américain né en 1965. Cool Blue (1990). L'incident de Linguini (1991). Mercy (1995). Oxygène (1999). Mexico (2000). Le matador (2005). Ugly Betty (2006) (TV). Le groupe de chasse (2007). 30 Rock (2008) (TV). Je savais que c'était toi (2010). Ringer (2011) (TV). Filles (2013) (TV). Golden Boy (2013) (TV). Dom Hemingway (2013). Salem (2014) (TV). Sweetbitter (2018) (TV). La perfection (2018). La zone crépusculaire (2019) (TV). 2019: Perfection.


Prenant pour thème l'enjeu de la compétition dans le cadre élitiste d'une profession artistique (celle d'une soliste en violoncelle), The Perfection aurait pu aboutir à un excellent thriller s'il ne s'était entaché des conventions du genre, notamment auprès de sa dernière partie punitive à la limite du ridicule. Pour autant, plutôt bien rythmé, interprété avec aplomb et jamais ennuyeux, The Perfection fait en prime illusion lors de son alléchante première demi-heure résolument inquiétante et impressionnante dans son art viscéral de provoquer le malaise eu égard d'une victime en état de marasme. Richard Shepard parvenant admirablement à nous déstabiliser grâce à l'interprétation sensorielle de Logan Browning jouant les victimes éplorées avec une force d'expression paranoïde. Là je me suis dis que la direction sinueuse empruntée par le cinéaste était fort prometteuse tant les séquences de malaise physiques que celle-ci accumule s'avère d'une intensité terriblement éprouvante ! Outre cette excellente entrée en matière schizophrène provoquant donc une réelle appréhension aussi bien morale que viscérale, la bonne idée de The Perfection est également d'osciller événements du présent et flasback afin de reconsidérer les actions des personnage. Le réalisateur prenant malin plaisir à inverser les rôles de victimes / coupables parmi l'efficacité du simulacre. Un procédé qu'il réitérera plus d'une fois pour mieux nous surprendre en dépit d'une intrigue somme toute classique, comme le souligne son intensité dramatique pas si escarpée que prévu après avoir saisi les tenants et aboutissants de l'héroïne.


Un sympathique thriller plutôt bien emballé mais finalement peu surprenant quant à la densité de l'intrigue débouchant sur les artifices d'une vendetta éculée, même si on peut y louer la gravité de ces thèmes abordés (Spoil ! notamment la pédophilie dans les milieux huppés fin du Spoil). Et donc vite vu vite oublié pour ma part...

*Bruno

vendredi 24 mai 2019

Booksmart

                                                           Photo empruntée sur Facebook

de Olivia Wilde. 2018. U.S.A. 1h42. Avec Kaitlyn Dever, Beanie Feldstein, Noah Galvin, Billie Lourd, Skyler Gisondo, Jessica Williams.

Diffusé sur Netflix le 24 Mai 2019

FILMOGRAPHIEOlivia Wilde (Olivia Jane Cockburn) est une actrice, réalisatrice et productrice américaine née le 10 Mars 1984. 2019: Booksmart.


Le problème de l'ado n'est pas qu'il soit fou, son problème vient du faite qu'il est trop complexé. Il doit avoir les pieds sur terre tout en gardant la tête dans les étoiles.
Arc en ciel guilleret d'humour, d'hilarité, de fraîcheur et de tendresse que l'on pourrait d'ailleurs scinder en deux actes, Booksmart retrace avec une inventivité en roue libre la nuit flamboyante de deux inséparables étudiantes délibérées à s'éclater, faute d'avoir consacré trop de temps pour leurs études. Car après avoir été à nouveau brimées par leurs camarades de classe ayant parvenu à décrocher une place en fac, Amy et Molly ont décidé de prendre leur revanche en s'autorisant tous les excès le temps d'une nuit bipolaire (si je me réfère à sa dernière partie autrement prude car plus terre à terre et aux prises de drogues et d'alcool). Ainsi, à travers une moisson de situations déjantées et de quelques quiproquos engendrés par les sentiments timorés du manque de confiance (selon Amy, lesbienne complexée incapable de franchir le pas sentimental et sexuel), Olivia Wilde, actrice et réalisatrice néophyte, explose les codes dans son refus du Teen movie standard souvent réduit à une trivialité polissonne. Tant et si bien qu'ici, à travers la fidélité amicale de ces deux étudiantes au bagout aussi tranchant qu'émancipé, Olivia Wilde y cultive une pléthore de gags tantôt cocasses, tantôt hilarants à travers leurs répliques génialement caustiques (ça fuse tous azimuts sans jamais lasser !). Et ce à travers les thèmes usuels de la sexualité (notamment le saphisme bien en vogue au cinéma), de la timidité, de la quête identitaire et la remise en question du point de vue pubère.


Cette dernière parvenant notamment à maintenir l'attention en relançant l'action débridée dans de multiples foyers fêtards que nos héroïnes explorent avec fébrile décontraction. Ces sentiments exaltants, si communicatifs, de joie, de bonne humeur et de délire psychédélique (notamment parmi l'emprise de l'acide) étant transcendés par la complémentarité survitaminée de Kaitlyn dever (Amy) et de Bonnet Feldstein (Molly) se prêtant main forte parmi leur tendre dignité de la fidélité amicale. Dans la mesure où Olivia Wilde sous-entend plus qu'elle ne montre leurs rapports les plus graves et sensibles afin d'éviter de sombrer dans le tire-larme. D'ailleurs, à ce titre, le final bouleversant parvient brillamment à renverser la donne de manière totalement fortuite grâce à de nouveaux éclats de rire libérateurs. Le spectateur en larmes (enfin chez celui le plus sensible) éprouvant subitement un sentiment antinomique de fou-rire incontrôlée qu'il accueille librement de la même façon que ses héroïnes. C'est dire si la cinéaste s'y entend pour ne pas céder aux sirènes des conventions de par sa personnalité à la fois indépendante et spontanée qu'elle parvient à imprimer chez les tempéraments scintillants d'Amy et Molly en remise en question identitaire. Car derrière les masques de la désinvolture et de la provocation s'y détachent peu à peu des profils d'un humanisme inévitablement fragile dans leur rapport précaire au sexe et aux sentiments. Quand bien même leurs camarades habituellement dévergondés, car abonnés aux préjugés et aux petites brimades, se nourrissent d'orgueil et de cynisme en guise de carapace morale.


Teen-movie expansif d'une drôlerie inventive disproportionnée (l'intrusion d'une planche de cartoon fait illusion à partir d'un onirisme aussi décalé que baroque), Booksmart explose les barrières de la convenance sous l'impulsion d'un tandem féminin d'une exubérance retorse. Si bien que la réalisatrice infiniment inspirée à se détacher du conformisme n'oublie pas pour autant d'y esquisser leur fragile tendresse sous l'efficace pilier d'un humour dévastateur que sa BO entraînante transfigure avec autant d'autonomie. 

Spéciale dédicace à Fred Serbource ^^
*Bruno

jeudi 23 mai 2019

Les Bonnes Manières. Prix du Jury, Gerardmer 2018

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Marco Dutra et Juliana Rojas. 2017. Brésil. 2h16. Avec Isabél Zuaa, Marjorie Estiano, Miguel Lobo, Cida Moreira, Andrea Marquee, Felipe Kenji.

Sortie salles France: 21 Mars 2018. Brésil: 7 Juin 2018 

FILMOGRAPHIEMarco Dutra, né le 17 mars 1980 à São Paulo, est un réalisateur et scénariste brésilien. 2011 : Travailler fatigue (Trabalhar Cansa) co-réalisé avec Juliana Rojas. 2014 : Quando Eu Era Vivo. 2016 : O Silêncio do Céu. 2017 : Les Bonnes Manières (As Boas Maneiras) co-réalisé avec Juliana Rojas. Juliana Rojas est une réalisatrice et scénariste brésilienne, née le 23 juin 1981. 2011 : Travailler fatigue (Trabalhar Cansa) co-réalisé avec Marco Dutra. 2014 : Sinfonia da Necrópole. 2017: Les Bonnes Manières (As Boas Maneiras) co-réalisé avec Marco Dutra.


Etonnant ovni que cette production indépendante conjuguant avec une surprenante fluidité les composantes de la romance, du fantastique, de la féerie, de l'horreur et même du musical, Les Bonnes Manières ne peut laisser personne indifférent dans sa matière baroque native du Brésil. Tout du moins chez les cinéphiles aguerris avides de curiosité aussi originale qu'intelligente quand bien même la critique plutôt conquise et les jurys de divers festivals lui ont attribués moult récompenses (voir en bas de l'article). Scindé en 2 parties bien distinctes, Les Bonnes manières prend son temps 50 minutes durant à nous familiariser auprès de l'amitié naissante entre une jeune femme enceinte et sa gouvernante afro. Huis-clos intimiste teinté de tendresse saphique et de songes étranges sous un ciel d'un onirisme tantôt pailleté (le feux d'artifice), tantôt crépusculaire (les nuits de pleine lune en clair-obscur), le climat placide finit par déboucher vers un axe autrement dramatique lorsque l'enfant est sur le point de voir le jour. Ce qui nous amène à reluquer sa seconde partie plus attachante, déroutante, violente et inquiétante auprès des rapports davantage conflictuels entre une mère et son jeune fils initié aux bonnes manières dans l'art de vivre.


Cette dernière psychorigide forçant son gamin à l'enchaîner et à dormir dans une chambre blindée tout en l'inculquant depuis sa naissance au végétarisme. Bref, arrêtons nous là, car afin de ne pas ébruiter les nombreux effets de surprise irriguant admirablement l'intrigue, Les Bonnes Manières vous surprendra à coup sur, notamment à travers son réalisme clinique que Marco Dutra et Juliana Rojas maîtrisent avec un étonnant parti-pris hétérodoxe. Les auteurs oscillant les genres avec une alchimie miraculeuse eu égard de certaines séquences audacieuses (surtout les séquences musicales élégiaques) que n'importe quel tâcheron aurait facilement bâclé dans une formulation Z. Ainsi donc, sans toutefois crier au chef-d'oeuvre, cette petite perle brésilienne parvient avec une émotion prude à réactualiser le cinéma fantastique à travers une réelle proposition à la fois déconcertante et singulière. La comédienne afro Isabél Zuaa et le petit Miguel Lobo s'avérant d'autant plus attachants dans leurs valeurs familiales s'acheminant néanmoins vers la pente d'une houleuse contrariété pour y semer la rébellion. Spoil ! Il faut d'ailleurs probablement remonter à Ginger Snaps pour retrouver une telle vitalité, un tel sens de la persuasion et une intégrité par le biais du mythe du loup-garou. Fin du Spoil. 


Fragile, sensible et délicat avec une juste mesure, horrifique et violent sans jamais offusquer de la manière la plus brutale, Les Bonnes Manières s'articule autour du conte fantastique avec une surprenante originalité de ton. Et ce à travers les thèmes oecuméniques de l'éducation, de la différence et de l'intolérance si bien que le final, abrupt et expéditif, nous évoquera (en réminiscence) une filiation au Frankenstein de James Whale

*Bruno

Récompenses: Prix Spécial du Jury au Festival international du film de Locarno 2017.
Prix du public à L'Étrange Festival 2017,
Mention Spéciale du jury au Festival Biarritz Amérique latine 2017,
Prix du jury au Festival de Gérardmer 2018.
Prix de la Critique au Festival international du film de Catalogne 2017;
Meilleur film, meilleure actrice dans un second rôle pour Marjorie Estiano, meilleure photographie, prix de la critique au Festival international du film de Rio de Janeiro 2017.

mercredi 22 mai 2019

Têtes vides cherchent coffres pleins

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Brink's Job" de William Friedkin. 1978. U.S.A. 1h43. Avec Peter Falk, Peter Boyle, Allen Garfield, Warren Oates, Gena Rowlands, Paul Sorvino, Sheldon Leonard.

Sortie salles France: 16 Janvier 1980. U.S: 8 décembre 1978

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés à la cérémonie des Oscars d'Hollywood. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.


Oeuvre aussi mineure qu'occultée dans la filmo de William Fridekin se prêtant au film de braquage d'après des évènements réels survenus à l'orée des années 50, Têtes vides cherchent coffres pleins demeure un sympathique divertissement en dépit de son manque d'humour, de folie et d'intensité (si on écarte son prélude quasi comique). Disons que personnellement (et en me fiant à l'affiche si frétillante) je soupçonnais un délire beaucoup plus cocasse pour la caractérisation de ses pieds nickelés redoublant d'audaces et de certaines maladresses pour s'emparer du coffre d'une société de transports de fonds obsolète. Fort bien réalisé à travers sa superbe reconstitution rétro (visuellement c'est un régal), et bénéficiant d'un cast de rêve (Peter Falk, Peter Boyle, Allen Garfield, Warren Oates, Gena Rowlands et Paul Sorvino sont totalement inspirés dans leur cohésion mafieuse), ce gentil film de casse s'alloue d'un pitch assez saugrenu pour autant dénué de surprises. Ainsi, William Friedkin compte sur l'authenticité du braquage du siècle scrupuleusement étudié par leur mentor (Peter Falk crève l'écran à chaque apparition !) et avant que ce dernier et ses acolytes ne passent à l'action. Mais trop orgueilleux et vaniteux passé leur exploit historique, et suspicieux auprès de l'un d'eux, leur prospérité se solde finalement par une déroute. De par leur passé judiciaire mutuellement entaché de récidive et leur manque de retenue dans leurs relations sociales (notamment auprès de leur arrogance avec les flics).


A découvrir avec curiosité si bien qu'il s'agit au final d'un étrange film de braquage jamais ennuyeux, assez attachant et formellement immersif. William fridkin ne sachant trop sur quel pied danser à osciller les tons ! 

*Bruno
2èx

mardi 21 mai 2019

Les Griffes de la peur

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Eye of the Cat" de David Lowell Rich. 1969. U.S.A. 1h42. Avec Michael Sarrazin, Gayle Hunnicutt, Eleanor Parker, Tim Henry, Laurence Naismith, Jennifer Leak, Linden Chiles.

Sortie salles France: 17 Juillet 1969. U.S: 18 Juin 1969

FILMO SELECTIVEDavid Lowell Rich est un réalisateur et producteur de cinéma américain, né le 31 août 1923 à New York, décédé le 21 octobre 2001 à Raleigh. 1966 : Madame X. 1966 : Les Fusils du Far West. 1967 : Wings of Fire (TV). 1968 : A Lovely Way to Die. 1968 : Three Guns for Texas. 1969 : Marcus Welby, M.D. (TV). 1969 : Les Griffes de la peur. 1973 : La Dernière enquête (TV). 1973 : Crime Club (TV). 1973 : Beg, Borrow, or Steal (TV). 1973 : Satan's School for Girls (TV). 1973 : Runaway! (TV). 1973 : Death Race (TV). 1973 : That Man Bolt. 1974 : The Chadwick Family (TV). 1978 : Les Quatre Filles du docteur March (TV). 1979 : Airport 80 Concorde. 1980 : Nurse (TV). 1980 : Enola Gay: The Men, the Mission, the Atomic Bomb (TV) .1981 : Chu Chu and the Philly Flash. 1983 : Thursday's Child (TV). 1983 : The Fighter (TV). 1983 : Condamnation sans appel (TV). 1986 : L'Impossible évasion (TV). 1986 : Les Choix de vie (TV). 1986 : Trois témoins pour un coupable (TV). 1987 : Infidelity (TV).


Série B aussi méconnue qu'oubliée réalisée par un spécialiste de téléfilms et de séries TV, les Griffes de la Peur demeure une vraie bonne surprise à réhabiliter d'urgence tant David Lowell Rich redouble d'efficacité à instaurer un suspense hitchcockien taillé à la serpe. Car prenant comme argument classique le stratagème criminel d'un couple d'amants délibérés à s'emparer le magot d'une tante tétraplégique, les Griffes de la Peur s'avère roublard de perversité, d'humour noir, d'originalité et de machiavélisme sous le pivot d'un roué goguenard et de sa maîtresse vénale. Et ce jusqu'à l'intensité exponentielle d'un dénouement horrifique diablement retors, notamment si je me réfère à 2 coups de théâtre fortuits. Car empruntant le thème peu commun du chat familier auquel la tante s'adonne par trentaine en guise de chaleureuse compagnie, David Lowell Rich y pimente le pitch d'une faille pathologique que le neveu diablotin (il ne cesse de terroriser cette dernière par de grotesques effets de surprises macabres !) accuse dans sa phobie contre ceux-ci !


La présence sous-jacente puis explicite des chats réunis en masse autour et en interne de la demeure semant un climat d'inquiétude assez envoûtant sous l'impulsion du thème orchestral de l'illustre Lalo Schifrin. Doté d'une mise en image flamboyante à travers le huis-clos d'une vaste demeure gothique, et d'un étonnant brio quant à sa mise en scène avisée (intervention du split screen entre autre) émaillée de séquences-chocs super tendues (la chute escarpée de Tante Danny dans son fauteuil roulant à proximité d'une route fait office de morceau de bravoure technique, et le sort d'un des personnages nous halète d'appréhension avant l'estocade escomptée), les Griffes de la peur s'enrichit pour parachever d'un cast 3 étoiles. Tant auprès de la magnétique et si raffinée Eleanor Parker en tante souffreteuse brimée par son diabolique neveu que l'excellent Michael Sarrazin campe avec une gouaille insolente, que de la voluptueuse Gayle Hunnicutt en maîtresse vénale à la fois discrètement aguicheuse, machiavélique et enfin fourbe lors de ses impatiences capricieuses qu'elle peine à maîtriser.


Farce macabre impeccablement menée parmi l'autorité de protagonistes pernicieux entourées d'une moisson de chats étrangement hostiles, Les Griffes de la Peur s'alloue même d'un zeste d'inceste pour les rapports un peu trop affectueux que se disputent Danny et Wylie. Emballé dans une mise en scène ciselée résolument captivante si je me réfère à l'ossature de son suspense hitchcockien et à sa scénographie gothique, les Griffes de la Peur s'adonne en toute modestie (exit donc le racolage grand-guignolesque !) au thriller horrifique avec un surprenant savoir-faire. 

*Bruno
3èx

Game of Thrones


      CHRONIQUES EXCLUSIVES DE GILLES ROLAND et JEAN-MARC MICCICHE !

                 [TICKET D’HUMEUR] GAME OF THRONES : UN GRAND MERCI !

ATTENTION : CET ARTICLE CONTIENT QUELQUES SPOILERS SUR LA SAISON 8 (pas sur le dernier épisode).

La huitième et dernière saison de Game Of Thrones ne fut pas de tout repos. Dans tous les sens du terme. À l’écran, les rebondissements, les scènes d’anthologie et les surprises furent extrêmement nombreuses, jusqu’à cette conclusion éprouvante. De l’autre côté, sur internet notamment, vu que c’est là que se centralisent désormais les passions, avec tout ce que cela sous-entend de dérives, l’action fut aussi au rendez-vous et, à l’heure où j’écris ces lignes, ce n’est bien sûr pas terminé. Dès le premier épisode, des voix se sont élevées pour critiquer de nombreux détails et souligner leur mécontentement quant à la direction prise par le récit. Le deuxième épisode confirma la tendance, quand le troisième, entièrement consacré à la fameuse et attendue bataille contre le Night King et ses White Walkers, fit l’objet d’un déferlement inédit de commentaires. Pour autant, c’est bien le cinquième, intitulé The Bells, qui devint la cible de la fureur d’une partie (minoritaire mais bruyante) des fans du show. En toute logique, l’ultime épisode ne fut pas non plus épargné. Un mécontentement par ailleurs déjà amorcé durant la saison précédente quand la série passa à la vitesse supérieure pour se diriger vers son terme, envers et contre celles et ceux qui étaient persuadés « mériter » quelque chose… de différent. Le point culminant néanmoins fut atteint quelques heures après la diffusion de The Bells, avec la publication d’une pétition largement commentée elle aussi, destinée à « contraindre » les showrunners à réécrire et donc à re-tourner la saison dans son intégralité. Pétition que je n’ai bien sûr pas signé, considérant d’une part la série admirable et d’autre part cette pétition totalement absurde. Et j’ai beau avoir entendu l’argument de certains signataires affirmant que le but était avant tout de « sanctionner » HBO, impossible pour moi de me résoudre à légitimer une telle procédure. Pourquoi ? Car depuis quand doit-on sanctionner les créateurs d’une œuvre quand celle-ci ne nous plaît pas ? Y compris quand il s’agit d’une série que l’on suit depuis 8 ans. J’ai écouté les arguments mais pour moi, ce n’est tout simplement pas concevable.


Cette histoire m’a d’ailleurs rappelé l’époque où Les Sopranos, série culte par excellence, tirait sa révérence au terme d’un épisode lui aussi très critiqué ou encore les réactions consécutives au dernier épisode de Lost. Souvent, concernant ces deux séries, on peut entendre : « J’ai adoré, à part la fin » ou encore, plus précisément pour Lost : « C’était génial au début mais après j’ai lâché l’affaire car c’est devenu nul ». Nous lirons le même genre de commentaires d’ici quelques semaines (ou quelques jours, voire quelques heures) concernant Game Of Thrones. Si ces trois séries n’ont pas grand chose à voir les unes avec les autres, elles partagent un point commun essentiel : elles sont allées jusqu’au bout de leur logique, sans se préoccuper de plaire au plus grand nombre. Ce qui, quand on peut se targuer de cumuler les records comme GOT, est assez couillu. De toute façon, selon moi, plusieurs alternatives se posent quand on se retrouve à la tête d’un tel barnum : soit on décide de tenir bon et de maintenir le cap pour suivre la direction qu’on s’est fixée, soit on reste à l’écoute des fans les plus enclins à passer du temps à échafauder des théories, pour tenter de les satisfaire. Heureusement, ni Jeffrey Lieber, J.J. Abrams, Damon Lindelof pour Lost, ni David Benioff et D. B. Weiss pour GOT n’ont choisi la deuxième option. Les deux séries étant des fresques propices aux théories les plus folles.

Je n’ai jamais cherché à deviner ce qui allait se passer. Échafauder des théories ne m’a jamais intéressé. Pas plus que de lire les analyses sur internet. Analyses pour la plupart assez énervantes à mon sens car souvent condescendantes (indirectement la plupart du temps) envers les fans satisfaits. Stephen King l’a très bien exprimé dans un tweet avant la diffusion du grand final, en soulignant que selon lui, les fans hardcore les plus enclins à faire entendre leur mécontentement n’avaient que très peu de chances de se contenter d’une fin, quelle qu’elle soit. Si ce n’est celle qu’ils avaient imaginée en collectant les indices depuis le début du show. Chacun sa façon de vivre une série. Ce n’est pas la mienne et je m’en félicite chaque fois que j’y pense.

La nuit dernière, j’ai mis le réveil à 2h45 pour voir le dernier épisode en direct. C’est la première fois que je fais un truc pareil mais là, je voulais marquer le coup et vivre cet événement pleinement, connecté avec tous les autres fans, dans ce pays, de l’autre côté de l’Atlantique ou ailleurs. Avec les défenseurs de la saison 8 comme moi mais aussi avec les autres qui, jusqu’au dernier moment, pensaient que GOT allait leur offrir les réponses qu’ils avaient espérées et donc la fin qu’ils appelaient de leurs vœux depuis plusieurs années. Logiquement, aujourd’hui, les mécontents ne se sont pas gênés pour exprimer leur frustration. C’est tout à fait normal. Les fans heureux de la tournure prise par la série aussi heureusement. Et c’est pour cela, qu’avant de publier ma traditionnelle critique de la saison, j’ai eu envie d’écrire ce texte. Pour apporter ma très modeste contribution afin de remercier David Benioff et D.B. Weiss, George R.R. Martin, HBO, les acteurs, et plus globalement toutes celles et ceux ayant œuvré depuis plusieurs années sur le show. Attention, car je ne me nourris d’aucune illusion quant au fait que ces personnes me liront. Il est évident que ce ne sera pas le cas. Aussi sûrement que personne ne commandera un jour un reboot de la saison 8. Mais, pour une question d’équilibre, je me suis simplement dit que ça valait le coup de prendre quelques minutes pour dire ce que je pensais. Sans trop y mettre les formes, en laissant parler mes émotions et le profond respect qu’encore une fois, cette saison m’a inspiré, concernant l’équipe aux commandes.


Oui, certes, je suis d’accord, il y eut quelques soucis au niveau de la géographie. King’s Landing a été « adaptée » pour mieux coller à la bataille de l’épisode 5. Un exemple parmi d’autres. Oui, parfois, les ellipses furent un peu brutales. Rien pour me déranger et me faire déconnecter, mais je comprends que cela ait pu irriter les plus tatillons. Personnellement, je me fous un peu de ce genre de choses quand le spectacle parvient, comme ce fut le cas ici, à me prendre aux tripes pour littéralement me clouer à mon canapé. C’est ma façon de vivre de tels divertissements. Un film, une série donc, mais aussi un livre ou un morceau de musique. Je n’ai jamais été celui qui pointait du doigt le micro encombrant dans la scène du parloir de Midnight Express. Les faux raccords m’ont toujours laissé indifférent. Scorsese, Coppola… Tous sont passés par là. Les plus grands chefs-d’œuvre contiennent leur lot d’erreurs. Pour faire la comparaison avec la musique, je me fous qu’un musicien fasse une fausse note pendant un concert quand l’émotion est là et que sur scène, le groupe déploie une énergie dévastatrice. Une coquille dans un livre, aussi prestigieux soit-il, ne va jamais me faire « sortir » de l’histoire si celle-ci a réussi à m’entraîner quelque-part où je n’étais jamais allé et où je me sens en l’occurrence très bien. C’est pour cela que j’aime autant le cinéma, les séries, la littérature et la musique. Un bon film peut totalement me sortir de la réalité l’espace d’un instant et m’encourager à rêver. Il peut me terroriser ou me faire rire, me faire oublier mes petits soucis, m’inspirer ou m’inciter à réfléchir sur tel ou tel sujet. Game Of Thrones m’a procuré ce genre de sensation. De saison en saison, depuis le premier jour, quand j’ai voulu jeter un œil à cette nouvelle série d’heroic fantasy, sans trop y croire (parce qu’avant, l’heroic fantasy à la TV, ce n’était pas gagné), l’histoire de Westeros et de ses Sept Couronnes m’a totalement habité. Quand j’aime quelque chose, j’aime à fond. Sans retenue. Sans peur du ridicule et sans tenir compte de ce que peuvent affirmer ceux qui n’aiment pas. La chute de Bran fut le premier choc. C’est là que j’ai vraiment été happé. La mort de Ned Stark, les répliques de Tyrion, la renaissance de Daenerys, les Noces Pourpres, la Bataille des Bâtards, la destruction du Mur… Autant de moments que j’ai vécu sans retenue. Et il en fut de même avec les nombreux temps forts de la dernière saison.

Comment pourrais-je alors me « forcer » à reconsidérer tout ce que Game Of Thrones a pu m’offrir dans le seul but de tenter de tomber d’accord avec ceux qui n’ont pas aimé ? Comment et pourquoi ? Pourquoi chercher la poutre que, si on en croit certains commentaires, j’aurais dans l’œil si l’expérience que j’ai vécu depuis mon canapé n’a eu que peu d’équivalent dans ma vie d’adulte cinéphile et « sériephile » ? Dans quel but ? Devrais-je vraiment m’émouvoir devant un gobelet oublié sur une table et faire taire mon amour des personnages et ma passion pour une histoire de plus en plus intense ? On ne force pas la passion et en cela, je comprends les déçu.e.s et respecte tous les avis. Je trouve juste dommage, soit dit en passant, que certains de ces fans déconfis se soient à ce point braqués contre ceux qui ont aimé sans réserve. À titre de comparaison, je n’ai jamais vibré devant Avatar mais je n’ai jamais pour autant cherché à faire changer d’avis les admirateurs du film. Si je me retrouve à parler de musique à un type et que celui-ci me balance que pour lui Bigflo & Oli ont plus de talent que les Beatles, vais-je perdre du temps à tenter de le faire changer d’avis ? Admettons que j’y arrive ? Que le gars se range de mon côté et pense lui aussi que les Beatles, il n’y a pas photo, sont largement meilleurs. Qu’est ce que j’y aurais gagné ? J’aurai juste réussi à démonter la passion d’une personne. J’aurai détruit un truc qui la rendait heureuse. Je ne sais pas si je suis clair mais je pense que vous voyez ce que je veux dire…

Mais je le répète, je peux parfaitement comprendre les mauvaises critiques. Les plus argumentées en tout cas.


Je tiens donc à remercier Game Of Thrones. Si je m’en tiens uniquement aux séries TV, je n’ai vécu que très peu de fois une expérience aussi intense. Lost m’a profondément bouleversé. J’ai revu la série plusieurs fois et cela n’a jamais changé. Les Sopranos aussi. Un authentique choc. La série m’a parlé et d’une certaine façon, fait partie de moi. L’interprétation que j’en ai en tout cas. Celle-là n’appartient qu’à moi. Je peux aussi citer The Leftovers ou Breaking Bad et Better Call Saul. Même si cette dernière n’est pas encore terminée, elle m’a tellement prise à la gorge qu’il semble impossible qu’un jour elle me déçoive. Pour ce qui est de GOT, c’est la même chose. Quand la première saison s’est terminée, à l’époque, je me suis empressé de lire tous les livres disponibles. Je ne pouvais pas attendre un an avant de connaître la suite. Impossible. Plus tard, je suis allé sur plusieurs lieux de tournage pour vraiment m’imprégner de l’ambiance. En Espagne et en Irlande du Nord. Des périples presque mystiques. J’ai conscience qu’on puisse trouver cela ridicule mais vous pensez bien, je m’en balance. Game Of Thrones, comme les autres séries citées plus haut, a fait vibrer en moi une corde plutôt difficile à atteindre. Complètement submergé par la passion, j’ai totalement approuvé les choix, techniques et narratifs, de l’équipe. J’ai compris l’amour inconditionnel de Tyrion pour sa Reine et compris la détresse de Daenerys avant que celle-ci ne bascule. J’ai admiré la détermination d’Arya et celle de Sansa. Concernant Arya, petit parenthèse, le fait qu’elle surgisse pour tuer le Night King ne m’a pas choqué. Non, car Arya évolue dans un monde où il est possible de changer de visage. Un monde où les dragons sont de la fête et les loups parfois beaucoup plus grands que la moyenne. Un monde de géants, d’Enfants de la Forêt et de zombies. La mort du dragon de Daenerys sur les côtes de Dragonstone ne m’a pas plus marqué par sa soit-disant incohérence. Comme si la possibilité de l’effet de surprise n’avait jamais existée, à Westeros comme ailleurs. Deux exemples parmi d’autres. On peut trouver mes « explications » foireuses. Je pourrais aussi développer et prendre un par un chaque point soulevé par les fans mécontents mais ce serait une perte de temps. Je rajouterai quand même que pour moi, la mort de Cersei fait partie des grands moments de la série. J’ai adoré le Clegane Bowl aussi bien évidemment et, mais là je me répète, la toute fin… Une conclusion à la hauteur de tout ce qui a précédé. Un ultime morceau de bravoure qui m’a submergé et laissé K.O. et admiratif. Sur mon canapé, à 4h10 du matin, j’ai regardé le générique de fin jusqu’au bout avant de retourner me coucher et de repenser à tout ce que je venais de voir. Une fin d’une sensibilité extrême, poétique, intelligente et nuancée. Alors oui, merci Game Of Thrones. Merci pour ces 8 saisons extraordinaires. J’ai tremblé, j’ai été ému plus d’un fois, j’ai ri aussi parfois et jubilé, et pas une fois je n’ai décroché. Voilà pour moi ce que signifie Game Of Thrones. Une série exceptionnelle de A à Z donc, qui en plus, et c’est l’apanage des chefs-d’œuvre, a su se montrer clivante. Car ne nous y trompons pas, les bonnes critiques comme les mauvaise participent activement à l’aura de Game Of Thrones. Et si vous pensez que le phénomène a atteint son point culminant, attendez un peu quelques années. Mais je peux aussi me tromper. C’est juste mon avis et si il n’a de grande signification que pour moi, il vaut néanmoins bien le vôtre !

@ Gilles Rolland

ARTICLE SIGNE JEAN-MARC MICCICHE
ATTENTION SPOILERS !!!

Séance découverte avec la fin de la plus grande saga télévisuelle jamais faite. Une saison qui aura fait couler beaucoup d'encre, parfois à raison et parfois à tord mais qui a l'immense avantage de rester sur ses principes de bases : ne jamais tomber dans le fanbase pour tracer son propre chemin (après que l'on soit d'accord ou non sur les choix effectués, c'est un autre débat), proposer toujours une forme de sidération en gratifiant régulièrement du jamais vu dans le cadre télévisuel (et soyons même encore plus direct, y compris au cinéma), d'avoir toujours su garder sa ligne de crête ultime, une gigantesque saga mythologique et politique où l'épopée se mêle au mélodrame tragique, bref, mettre au centre des personnages et de l'émotion....Même si je peux parfaitement entendre les nombreuses réserves qui ont accompagné cette saison 8 tant fantasmé au point que certains fans confondent leurs désirs avec l'ambition des showrunners......Car il faut avoir des couilles en béton pour imposer non pas un épisode final, mais un épilogue funeste, un ton doux amer d'une grande amerturme, le sentiment que les sentiments les plus fous et les plus nobles ont été au final dévoyés pour nous crier encore une fois (mais c'est un aspect qui malgré la tête coupée de Stark n'a visiblement pas été assimilé par les fans), que les choses ne se passent jamais comme dans nos rêves.....Ce qui agace les fans de la dernière heure, c'est l'aspect réceptif de la récompense...hé non c'est pas Daneris qui régné sur le royaume, ce n'est pas Jon le héros déchu qui tombe de haut à la hauteur de ses grands principes....Personne ne voulait voir ça ! Et pourtant c'est comme ça que s'est déroulé ce faux conte de fée...pas de happy end, juste une gueule de bois amer....Donc oui on peut signaler les points de détails qui aurait pu faire mieux passer la pilule (sur le plan narratif essentiellement), mais l'essentiel était là et on peut pas dire que bc de série actuelle peuvent se targuer d'aller jusqu'au bout de logique....Pour le reste, je peux entendre certaines critiques, mais attention, que ceux qui gueulent sur l'écriture de la saison 8 et qu'ils approuvent cette pétition, je leur dirai que la mauvaise foi des fanboy est sans commune mesure et que je ne l'ai pas vu râler sur le nombres incroyable de raccourcis que les deux derniers avengers ont imposés. Personne n'a mouflé sur le manque d'audace, de couilles de cette franchise ! Là tout le monde dit amen ! Que chacun balaie devant son tapis....

lundi 20 mai 2019

Les 2 Orphelines

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Le due orfanelle" de Riccardo Freda. 1965. France/Italie. 1h39. Avec Sophie Darès, Valeria Ciangottini, Mike Marshall, Jacques Castelot, Jean Desailly, Simone Valère, Alice Sapritch, Jean Carmet.

Sortie salles France: 24 Mai 1965 

FILMOGRAPHIE: Riccardo Freda (né le 24 février 1909 à Alexandrie, Égypte - mort le 20 décembre 1999 à Rome) est un réalisateur, scénariste et acteur italien. 1942 : Don César de Bazan. 1945 : Toute la ville chante. 1946 : L'Aigle noir. 1948 : Les Misérables ou L'Évadé du bagne. 1948 : Le Cavalier mystérieux. 1949 : Le Fils de d'Artagnan. 1951 : La Vengeance de l'aigle noir. 1951 : Trahison. 1953 : Spartacus. 1953 : Les Mosaïques de Ravenne. 1954 : Théodora, impératrice de Byzance. 1956: Le Chateau des amants maudits. 1956 : Les Vampires. 1959 : Caltiki, le monstre immortel. 1960 : Le Géant de Thessalie. 1961 : Les Mongols (coréalisateur). 1961 : Le Géant à la cour de Kublai Khan. 1962 : Sept épées pour le roi. 1962 : Maciste en enfer. 1962 : L'Effroyable secret du docteur Hichcock. 1963 : Le Spectre du professeur Hichcock. 1964 : Les Deux Orphelines. 1964 : Roméo et Juliette. 1965 : L'Aigle de Florence. 1965 : Coplan FX 18 casse tout. 1966 : Roger la Honte. 1967 : Coplan ouvre le feu à Mexico.


Le pitch : Au XVIIIe siècle, peu avant la Révolution française, l’orpheline Henriette Gérard accompagne Louise, sa sœur adoptive aveugle, à Paris. Les deux jeunes filles espèrent bien trouver un médecin qui guérira Louise de sa cécité. Hélas, Henriette est enlevée par le marquis de Presles, un roué qui a décidé d'en faire son jouet. Louise n'a pas plus de chance que sa sœur : livrée à elle-même, elle tombe dans les mains de la Frochard, une mégère alcoolique qui ne cessera de l'humilier et de la tourmenter pour la forcer à mendier. Tout paraît s'arranger avec l'intervention du chevalier de Vaudrey et de la comtesse de Linières…


Une adaptation médiocre du roman d’Adolphe d'Ennery et d'Eugène Cormon que le maître du fantastique gothique Ricardo Fredda a bien du mal à mettre en image. De par son manque flagrant d'inspiration et d'une direction d'acteurs inexistante, le récit (assez tumultueux) peine à insuffler une quelconque empathie auprès du sort démuni des orphelines inexpressives, ballottées par de méchants cabotins (mention spéciale à Alice Sapritch en rombière acariâtre et aux outrances sarcastiques de Michel Barbey en complice abusif). Pour autant, chez les amateurs de bisserie Z gentiment bonnard, les 2 orphelines peut faire son petit effet de sympathique curiosité en dépit de ses nombreuses incohérences (principalement au niveau du jeu parfois ridicule des acteurs) et d'une reconstitution low-cost assortie de sa réalisation étonnamment maladroite auprès d'un cinéaste aussi notoire. A noter enfin en guise d'apparition fortuite la présence de Jean Carmet en valet empoté destiné à égayer l'atmosphère tendue de cette sombre histoire de rapts à si faible intensité dramatique.

*Bruno

vendredi 17 mai 2019

Règlements de comptes à O.K. Corral

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cdiscount.com

"Gunfight at the O.K. Corral" de John Sturges. 1957. U.S.A. 2h03. Avec Burt Lancaster, Kirk Douglas, Rhonda Fleming, Jo Van Fleet, John Ireland, Lyle Bettger, Dennis Hopper, Lee Van Cleef.

Sortie salles France: 16 Octobre 1957. U.S: 30 Mai 1957

FILMOGRAPHIE: John Sturges est un réalisateur et producteur de films américain né le 3 janvier 1910 à Oak Park (Illinois) et mort le 18 août 1992 à San Luis Obispo (Californie).1948 : Le Signe du Bélier. 1949 : Les Aventuriers du désert. 1950 : La Capture. 1950 : Le Mystère de la plage perdue. 1950 : Right cross. 1950 : The Magnificent Yankee. 1951 : Kind Lady. 1951 : Le peuple accuse  O'Hara. 1951 : It's a Big Country. 1953 : Fort Bravo. 1953 : La Plage déserte. 1954 : Un homme est passé. 1955 : Duel d'espions. 1955 : La Vénus des mers chaudes. 1956 : Coup de fouet en retour. 1957 : Règlements de comptes à OK Corral. 1958 : Le Trésor du pendu. 1958 : Le Vieil Homme et la mer. 1959 : La Proie des Vautours. 1958 : Le Dernier Train de Gun Hill. 1960 : Les Sept Mercenaires. 1961 : Par l'amour possédé. 1962 : Citoyen de nulle part. 1962 : Les Trois Sergents. 1963 : La Grande Évasion .1965 : Station 3 : Ultra Secret. 1965 : Sur la piste de la grande caravane. 1967 : Sept secondes en enfer. 1968 : Destination Zebra, station polaire. 1969 : Les Naufragés de l'espace. 1972 : Joe Kidd. 1973 : Chino. 1974 : Un silencieux au bout du canon. 1976 : L'aigle s'est envolé.


Grand classique du western typiquement représentatif des années 50 à travers son envoûtant classicisme saturé d'un rutilant scope, Règlements de comptes à O.K. Corall doit beaucoup de son pouvoir attractif en les présences amicales du duo Burt LancasterKirk Douglas se prêtant mutuellement main forte contre une bande de hors la loi. Entre sens de l'honneur et esprit d'orgueil. Ainsi, à travers le thème de la vengeance qu'un shérif outrepassera pour tenir lieu de dignité familiale, John Sturges y cultive un western épique fertile en gunfights, provocations verbales (autour de parties de poker), traîtrises et romances déchues. Doc Holliday (Kirk Douglas), téméraire dans sa martialité, se vautrant néanmoins dans l'alcoolisme, faute de son amour impossible avec son amour de jeunesse, Kate Fisher. Une femme éperdue d'amour pour lui mais qui, en guise de rancoeur, d'amertume, de déception et de jalousie, finira par le trahir dans les bras de Johnny Ringo. Et ce avant de s'y raviser à plusieurs reprises lors de situations tendues depuis que son nouvel amant ne cessera d'intimider Hollyday avec une détestable arrogance.


Quand bien même Wyatt Earp (Burt Lancaster) préfère subvenir à la rescousse de son frère mis à mal avec la bande de Clanton, plutôt que de fuir la ville pour se marier avec la ravissante joueuse de poker, Laura Denbow. Constamment efficace sous l'impulsion des caractérisations contrariées de Doc Hollyday (à la triste réputation de tueur à la gâchette facile) et de Wyatt Earp finalement influencé par ce dernier pour sa bravoure et sa loyauté avant de céder au venin de la vengeance, Règlements de comptes à O.K. Corall s'accompagne d'une mise en scène classieuse que John Sturges; spécialiste indéfectible du western, transcende à coup de montage avisé pour y soigner chaque plan. Tant auprès de ses vastes paysages émaillés de cactus et de grandes chevauchées que des saloons et maisonnettes chaleureusement tamisées lors de cohésions familiales. Ainsi donc, à travers ses affrontements psychologiques davantage tendus et incertains, et à travers ses romances dépitées en déclin,  Règlements de comptes à O.K. Corall se clôt en bonne et due forme avec un final explosif démontrant de manière graphique les capacités du metteur en scène plutôt inspiré à y chorégraphier les échanges de coups de feu dans une tension métronome. Et ce, en prenant soin de dynamiter son montage à travers "champs / contre-champs" pour y intensifier les confrontations pugnaces entre clans adverses planqués sous des abris précaires.


Splendide western taillé sur mesure dans les principes de l'honneur, de l'orgueil et de l'héroïsme,  Règlements de comptes à O.K. Corall resplendit de mille feux auprès des 2 monstres sacrés: Burt Lancaster / Kirk Douglas nous offrant par ailleurs par leur connexion punitive une déférente histoire d'amitié teintée d'aigreur et de mélancolie.

*Bruno

jeudi 16 mai 2019

Les Désaxés

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site vertical-story.com

"The Misfits" de John Huston. 1961. U.S.A. 2h05. Avec Marilyn Monroe, Clark Gable, Montgomery Clift, Eli Wallach, Thelma Ritter, James Barton, Estelle Winwood, Kevin McCarthy.

Sortie salles France: 19 Avril 1961. U.S: 1 Février 1961

FILMOGRAPHIE: John Huston est un réalisateur et acteur américain, né le 5 août 1906 à Nevada, dans le Missouri, et mort le 28 août 1987 à Middletown, dans le Rhode Island aux États-Unis.1941 : Le Faucon maltais. 1942 : L'amour n'est pas en jeu. 1942 : Griffes jaunes. 1943 : Report from the Aleutians. 1945 : La Bataille de San Pietro. 1948 : Le Trésor de la Sierra Madre. 1948 : La Folle Enquête. 1948 : Key Largo. 1949 : Les Insurgés. 1950 : Quand la ville dort. 1951 : La Charge victorieuse. 1951 : African Queen. 1952 : Moulin Rouge. 1953 : Plus fort que le diable. 1956 : Moby Dick. 1957 : Dieu seul le sait. 1958 : Le Barbare et la Geisha. 1958 : Les Racines du ciel. 1960 : Le Vent de la plaine. 1961 : Les Désaxés. 1962 : Freud, passions secrètes. 1963 : Le Dernier de la liste. 1964 : La Nuit de l'iguane. 1966 : La Bible. 1967 : Casino Royale. 1967 : Reflets dans un œil d'or. 1969 : Davey des grands chemins. 1969 : Promenade avec l'amour et la mort. 1970 : La Lettre du Kremlin. 1971 : Les Complices de la dernière chance. 1972 : La Dernière Chance. 1972 : Juge et Hors-la-loi. 1973 : Le Piège. 1975 : L'Homme qui voulut être roi. 1976 : Independence. 1979 : Avec les compliments de Charlie. 1979 : Le Malin. 1980 : Phobia. 1981 : À nous la victoire. 1982 : Annie. 1984 : Au-dessous du volcan. 1985 : L'Honneur des Prizzi. 1987 : Gens de Dublin.


Echec public et critique lors de sa sortie si bien que l'on peut évoquer le "chef-d'oeuvre maudit" alors que ce soir je le découvris pour la 1ère fois, Les Désaxés dégage une chétive puissance dramatique sous l'impulsion de la radieuse Marilyn Monroe accompagnée de ses partenaires virils Clark Gable,  Montgomery Clift, Eli Wallach, communément époustouflants de force tranquille et de cynisme dans leur orgueil machiste. Illustrant les virées effrontées de 3 ploucs et d'une potiche décervelée qu'ils tentent insidieusement de courtiser en catimini, les Désaxés est à mon sens un choc émotionnel inusité eu égard de son âge avancé plus vivifiant que jamais (il date de 1961) et de la fragilité de Marilyn Monroe irradiant l'écran à chaque seconde (c'est peu de le dire !). Connaissant mal sa filmographie, je ne serai pour autant nullement surpris qu'il s'agisse en l'occurrence du rôle de sa vie alors qu'elle hésita dans un premier temps à s'y laisser convaincre selon le scénariste Arthur Miller  (son propre époux à la ville). D'ailleurs, Marilyn décédera quelques mois après ce tournage à l'âge de 36 ans, quand bien même son partenaire Clark Gable (davantage émouvant en amant autoritaire naïf mais en voie de réflexion introspective) succombera à un infarctus quelques semaines plus tard.


De par sa douceur de miel inscrite dans la générosité, son ultra sensibilité et émotivité (notamment pour la cause animale lors d'une ultime partie de chasse d'une intensité grave parfois insupportable) et son hyper naïveté à se laisser berner par ses alcoolos du samedi soir, chasseurs de chevaux en lieu et place d'indépendance professionnelle, Marilyn porte le film sur ses épaules avec une grâce démiurge. Pathétiques, dérisoires, car affligeants de médiocrité à travers leur inculture, leur égoïsme et leur lâcheté, ces 3 énergumènes nous sont représentés comme les derniers cowboys de la mythologie de l'ouest se vautrant dans la facilité, l'ennui et les beuveries, reflets de leur ignorance intellectuelle. Pour autant, depuis leur rencontre avec la pin-up de leur rêve qu'ils dupent à leur guise; deux d'entre eux vont parvenir à s'assainir, se remettre en question puis finalement éprouver regret et tolérance envers la révolte de Roslyn traumatisée par leurs actes de brutalité. Un rodéo de longue haleine car y traquant des chevaux sauvages pour les revendre au chaland en guise de victuaille. Poignant, voir même bouleversant, à travers les yeux si émotifs de la candide Marilyn en proie à un tourbillon émotionnel de rude épreuve (elle est constamment ballottée par ses partenaires lubriques avant de témoigner, le regard horrifié, de leur traque aux chevaux en plein désert solaire), Les Désaxés dégage un sentiment constant d'amertume, de désespoir et de désillusion à travers les postures lâchement héroïques de ses cowboys perfides ne comptant que sur leur propre ego. Et pourtant, c'est à travers la rébellion de celle-ci que ces derniers (tout du moins 2 d'entre eux !) devront se jauger à une prise de conscience, une réflexion sur leurs actes de violence lâchement perpétrées sur l'animal.


Chef-d'oeuvre d'élégie romantique que la fragile Marilyn tente désespérément de solliciter auprès de la posture virile de Clark Gable, Les Désaxés demeure finalement un périple initiatique sur la rédemption, la loyauté de la fidélité et la remise en question morale à travers les thèmes épineux de la violence, l'ignorance, la marginalité et l'innocence. Mythique et éprouvant. 

*Bruno