vendredi 28 juin 2019

Ghoulies

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site sensacine.com

de Luca Bercovici. 1984. U.S.A. 1h21. Avec Peter Liapis, Lisa Pelikan, Michael Des Barres, Jack Nance, Peter Risch.

(probablement) Inédit en salles en France. Sortie U.S: 2 Mars 1985 (ou 18 Janvier 1985)

FILMOGRAPHIELuca Bercovici est un réalisateur, acteur et scénariste américain né le 22 Fevrier 1957 à New York. 2006: The Making of 'Kill Your Darlings' (documentaire). 2000 Luck of the Draw. 1999 BitterSweet (Video). 1997 Convict 762. 1996/I The Chain. 1995 The Granny (Video). 1994 Profondeur. 1990 Rockula. 1984 Ghoulies.


Nanar des années 80 ayant créé son petit effet de fascination auprès des rats des videos (il fut inédit en salles chez nous), Ghoulies est une sympathique production Charles Band surfant sur le succès de Gremlins réalisé la même année. Petite bande fauchée nantie d'une intrigue à la fois redondante et capillotractée (un jeune homme invoque les forces des ténèbres lors de fréquentes messes noires afin de connaître ses origines familiales, quand bien même un démon exhumé d'outre-tombe tente de lui substituer sa place), Ghoulies amuse gentiment la galerie. Principalement grâce aux superbes créatures confectionnées par une équipe de techniciens parmi lequel y figure John Carl Buechler. Ainsi, ces gnomes d'une laideur velue à la fois délirante et fascinante vont semer la zizanie dans un manoir gothique (soigneusement éclairé et ornementé) qu'un jeune couple et ses convives abriteront le temps de rituels sataniques.


Jouant les adulescents assez benêts, les comédiens méconnus s'efforcent de rendre attachant leur fonction de trublions avec autant de charme (notamment auprès des conflits sentimentaux entre notre anti-héros - en quête identitaire - et sa compagne) que d'irritation. Car à force d'outrances verbales et de gestuelles emphatiques, ceux-ci peuvent prêter à la lassitude, notamment faute d'un cheminement superflu dénué de surprises (franchement dommageable que l'intrigue soit si exsangue !). Pour autant, Luca Bercovici ponctue à bâton rompu son récit de scènes chocs parfois surprenantes (la langue géante agrippant la bouche d'une victime) afin de maintenir le spectateur en éveil. Egalement en ne cessant d'exhiber fréquemment à l'écran ces Ghoulies trouble-fête plutôt attachants à travers leur fantaisie grotesque naïvement expressive. Qui plus est, accompagnés d'un couple de nains d'allure médiévale et d'un mort-vivant vaniteux, Ghoulies divertit aimablement aussi vite oublié soit ce produit d'exploitation perfectible.


A redécouvrir d'un oeil distrait avec une pointe de nostalgie.
*Bruno

jeudi 27 juin 2019

Héros d'Apocalypse

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site aVoir-aLire.com

"L'ultimo cacciatore" d'Anthony M. Dawson. 1980. U.S.A. 1h37. David Warbeck, Tisa Farrow, Tony King, Bobby Rhodes, Margit Evelyn Newton, John Steiner.

Sortie salles Italie: 9 Août 1980.

FILMOGRAPHIE: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace. 1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.


Pur produit d'exploitation surfant sur la vague du film de guerre vietnamien, Héros d'Apocalypse est symptomatique de ce que le cinéma italien pouvait produire de plus attractif à l'orée des années 80. Car bien avant Rambo 1 et 2Anthony M. Dawson nous offrait un film d'action belliqueux à l'ultra violence décomplexée, tant et si bien que ses scènes gores, à la fois percutantes et spectaculaires, irriguent l'écran dans un déluge d'explosions et canardages à tout va, à feu et à sang ! Le tout façonné avec un talent technique artisanal si bien que l'on reste encore aujourd'hui ébahi par le réalisme de ses scènes chocs furieusement complaisantes (gros plans sur les chairs éclatées dans des gerbes de sang Fulciennes !). Ainsi, si l'intrigue étique fait preuve de oisiveté (le capitaine Morris a pour mission de détruire un émetteur dans un camp vietcong après avoir rejoint une équipe de rangers ainsi qu'une journaliste retranchés dans une grotte customisée !), Anthony M. Dawson compte sur l'intensité des explosions et carnages en roue libre afin de plonger le spectateur dans un divertissement bourrin aussi bordélique qu'épique.


Servi par une pléiade de seconds couteaux familiers des fans de Bis (on y croise David Warbeck, Tisa Farrow, Tony King, Bobby Rhodes et John Steiner), ces derniers se prêtent au jeu belliciste avec un sérieux désinhibé. Car à travers une combinaison de Voyage au bout de l'Enfer et surtout d'Apocalypse Now, nos acteurs transalpins surjouent leur fonction burné avec un irrésistible orgueil auto-parodique. C'est simple, on les croirait réunis au club Med de festoyer et s'extasier à buter du viet dans une posture héroïque résolument suicidaire ! C'est dire si Dawson s'adonne aux clichés tous azimuts, entre premier et second degré. Car n'hésitant pas lors de brèves occasions à détendre l'atmosphère par le biais de moments de cocasserie aussi grotesques qu'hallucinées (la fameuse compétition contre la montre du ranger pour récupérer un fruit du haut d'un arbre en arpentant un sentier truffé de vietcongs !), celui-ci se raille d'une bravoure surhumaine dans un esprit antimilitariste troupier. On sourit également (voir on pouffe de rire) lorsque Héros d'Apocalypse se la joue Apocalypse Now à travers des séquences cultes contournées ici dans un esprit bisseux. A l'instar du major Cash caricaturant dans son fanatisme guerrier le lieutenant-colonel Bill Kilgore (entrevu en surfeur dans Apocalypse Now), du message préventif que les rangers écoutent fréquemment à la radio afin de démissionner de leur poste offensif, ou encore de l'ultime chevauchée des Walkyries reprise ici en épilogue à travers un thème orchestral contrefait.


Réussissant par ailleurs l'exploit de nous immerger dans une véritable jungle végétative (on se croirait même par instant dans Cannibal Holocaust, notamment à travers ses pièges meurtriers !), Héros d'Apocalypse demeure un fleuron du film de guerre transalpin de par son immense générosité de nous en foutre plein la vue à renfort de tripes, de sulfateuses et d'explosions furibardes ! A revoir sans modération, tel l'antidépresseur de choix ! 

*Bruno
3èx

mercredi 26 juin 2019

Le Professeur

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site inthemoodforcinema.com

"La prima notte di quiete" de Valerio Zurlini. Italie/France. 1h56. Avec Alain Delon, Lea Massari, Monica Dominici, Sonia Petrovna, Giancarlo Giannini, Renato Salvatori, Alida Valli, Adalberto Maria Merli, Salvo Randone, Liana Del Balzo.

Sortie salles France: 18 Octobre 1972 (1er Novembre 1972 selon d'autres sources). Italie: 27 Octobre 1972

FILMOGRAPHIEValerio Zurlini est un réalisateur et scénariste italien, né le 19 mars 1926 à Bologne, décédé le 27 octobre 1982 à Vérone. 1955 : Les Jeunes Filles de San Frediano. 1959 : Été violent. 1961 : La Fille à la valise. 1962 : Journal intime. 1965 : Des filles pour l'armée. 1968 : Assis à sa droite. 1969 : Quand, comment et avec qui ? 1972 : Le Professeur. 1976 : Le Désert des Tartares.


"Aimer sans doute est le possible le plus lointain".
Romance écorchée vive entre un professeur trentenaire et une étudiante de 19 ans foudroyés par leur passion dévorante, Le Professeur désarçonne par son ambiance sinistrosée d'une aura mélancolique perméable eu égard des cicatrices morales de ces derniers communément hantés par le poids de l'échec et de l'insatisfaction sentimentale. Succès retentissant en Italie alors qu'en France il essuie un échec (allez comprendre !), Le Professeur transfigure le genre (mal aimé) du mélodrame de par le talent atypique de Valerio Zurlini parvenant à y imprimer sa personnalité transalpine. Tant et si bien que son ambiance glauque éclairée d'une photo blafarde et les postures vulgaires de protagonistes peu recommandables (tant auprès de l'entourage aviné de Daniel que de celui de Vanina) nous confinent dans un obscur drame conjugal à faible lueur d'espoir. La grande force de l'oeuvre autrement fragile résidant dans sa réinterprétation du genre à travers les thèmes éculés de la trahison, de l'infidélité, de la possessivité (notamment les rapports masochistes entre Daniel et son épouse co-existant dans leur demeure opaque en guise de désespoir), de la jalousie et de l'amour insoluble.


Dans un rôle à contre-emploi d'amant torturé plutôt taciturne, Alain Delon promène sa dégaine de chien battu à l'instar d'un fantôme infortuné quasi suicidaire si on évoque son final expéditif d'une âpre brutalité dans son ultime enjeu de retrouver sa muse. Quand bien même l'électrisante Sonia Petrovna magnétise l'écran à chacune de ses apparitions ultra sensuelles, tant et si bien que comme Daniel, le spectateur épris de sentiments pour elle et de vertige pour sa beauté longiligne y redoute l'aigreur insurmontable auprès de leur relation précaire noyée d'amertume, de mal être, de remord et de désillusion. Le Professeur abordant de manière suggérée (les regards sentencieux où vogue les non-dits) ou autrement démonstrative (la violence des corps à corps machistes ou les sauvages étreintes sexuelles), la cruauté de l'émoi amoureux à travers des esprits rebelles victimes de leur condition marginale. Tant auprès du passé instable de Vanina, victime d'une mère catin et de ses moult conquêtes phallocrates, que de celui de Daniel hanté par la disparition de son père et surtout du suicide de sa soeur.


Oeuvre atypique irriguée de spleen et de pessimisme sous la faible lueur d'un climat vaporeux, le Professeur aborde la passion amoureuse sous l'impulsion névrotique de losers tentant de se raccrocher une ultime fois au fil de la rédemption sentimentale. Un puissant drame mélancolique d'une noirceur aussi audacieuse que censée eu égard des actions malavisées des amants tributaires de leur fêlure et faiblesses morales. 

*Bruno
2èx

mardi 25 juin 2019

Mausoleum. Prix du Jury au Rex de Paris, 1983.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Dugan. 1983. U.S.A. 1h37. Avec Bobbie Bresee, Marjoe Gortner, Norman Burton, LaWanda Page.

Sortie salles U.S: 13 Mai 1983

FILMOGRAPHIE: Michael Dugan est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2015: The Adventures of Turkey Dude (TV Mini-Series). 1999: Raging Hormones. 1983: Mausoleum. 1976: Super Seal.


Hit Vhs des années 80 si j'ose dire sous le fameux étendard Super Video Productions, Mausoleum demeure l'archétype de la série Z horrifique réalisée sans aucun génie mais avec une tendresse évidente pour le genre. D'ailleurs, le jury du Festival du Rex de Paris ne s'y est pas trompé lorsqu'il lui décerna le Prix du Jury et le Prix d'interprétation Féminine pour Bobbie Bresee en victime démoniale à la fois sexy (son plus simple appareil nous est dévoilé à plusieurs reprises en sus d'une opulente poitrine) et monstrueuse (créature caoutchouteuse à l'appui d'un final mémorablement cartoonesque !). Le pitch: traumatisée par la mort de sa mère, Susan est attiré par l'entité démoniaque sommeillant dans un mausolée. Depuis, après l'avoir réveillée, elle sombre dans une déchéance criminelle, quand bien même son psychiatre tente de la ramener à la raison. Nanar grand-guignolesque étalant toutes les 10 minutes des séquences gorasses du meilleur cru artisanal, qui plus est renforcé de dérision involontaire à force de surenchère, Mausoleum baigne dans le divertissement du samedi soir au gré d'une ambiance horrifique étonnamment attachante, pour ne pas dire atmosphérique.


On peut d'ailleurs parler de miracle tant le réalisateur en herbe décuple les maladresses sans complexe tant et si bien qu'il croit fermement à ce qu'il filme, et ce jusqu'à se permettre d'y parodier le genre lors d'une séquence burlesque insensée (score subitement jovial à l'appui !) lorsque la domestique afro prend à 2 reprises l'escampe après avoir observé de l'étage une étrange fumée d'un vert sensiblement fluorescent ! Mais outre l'aspect débridé de ses scènes-chocs agréablement épiques, inventives et décomplexées, Mausoleum est renforcé du surjeu des comédiens de seconde zone d'un sérieux inextinguible. Tant auprès de la domestique avinée susnommée, de l'époux de Susan inexpressif d'y décrypter son comportement anormal, du médecin débonnaire étonnamment preux lorsqu'il témoigne de la déliquescence corporelle de Susan, que du jardinier égrillard osant faire la cour à Susan par le biais du clin d'oeil fripon ! Un séquence olé olé pittoresque de par le mimétisme outrancier de ce dernier que l'on retrouvera d'autre part lors de l'ultime twist nonsensique résolument hilarant ! Ainsi, à travers ses postures machistes particulièrement triviales (notamment auprès de l'apparition plus furtive du livreur), Michael Dugan se permet d'y injecter des répliques aussi putanesques dignes d'un "Jacquie et Michel" que s'échangent les mâles en rut avant de forniquer Susan !


Pochette surprise horrifique surfant sur la tendance cartoonesque d'Evil-dead à l'aide d'un budget low-cost, Mausoleum s'extirpe de la nullité grâce à son étonnante générosité et l'évidente sincérité de Michael Dugan féru d'amour pour les bobines horrifiques fluos faisant office de train fantôme. Un témoignage surréaliste de ce que pouvait nous offrir de mieux les années 80 en terme de délire Z expansif, à redécouvrir absolument dans la condition optimale du format HD ! 

*Bruno
2èx

Récompenses: Prix du Jury, Prix de la Meilleure Actrice (Bobbie Bresee) au Festival du film Fantastique de Paris, 1983.

vendredi 21 juin 2019

L'Etrange vice de Mme Wardh

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site google.com

"Lo strano vizio della Signora Wardh" de Sergio Martino. 1971. Italie/Espagne. 1h38. Avec George Hilton, Edwige Fenech, Conchita Airoldi, Manuel Gill, Carlo Alighiero, Ivan Rassimov.

Sortie salles France: 14 Juin 1972. Italie: 15 Août 1971

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaîne. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1972: Toutes les couleurs du vice. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983:2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


"C'est précisément l'accent mis sur le commandement: tu ne tueras point, qui nous donne la certitude que nous descendons d'une lignée infiniment longue d'assassins qui avaient le goût du meurtre dans le sang, comme nous l'avons peut-être encore". Sigmund Freud.

Remarquable giallo réalisé par un des maître du genre si bien qu'on lui doit notamment La Queue du Scorpionl'Alliance Invisible, Toutes les couleurs du Vice, Torso et Ton Vice est une chambre close dont moi seul ait la clef; l'Etrange vice de Mme Wardh bénéficie d'une intrigue solide pour tenir en haleine le spectateur jusqu'au mot Fin. De par la substantialité de son suspense plutôt ciselé et son casting 4 étoiles parmi lesquels George Hilton en amant attentionné, Alberto de Mendoza en époux cocu, Ivan Rassimov en amant vicié (qui plus est renforcé de son physique satanique aux yeux reptiliens !) et surtout l'icone Edwige Fenech en maîtresse plantureuse adepte du SM. Ainsi, si l'Etrange vice... met un peu de temps à se mettre en place durant sa première demi-heure, et ce à travers l'intrusion de 2 meurtres sadiques modestement réalisés (la couleur limpide du sang fait d'ailleurs un peu tâche pour pleinement convaincre), la suite s'avère davantage passionnante lorsque l'héroïne constamment tourmentée par le tueur (puis brimée par son entourage féminin) tente de lui échapper à travers des rebondissements imprévisibles soigneusement charpentés.


Sergio Martino jouant lestement sur le simulacre parmi la diabolique dérision d'une intrigue criminelle ou s'y oppose un triangle d'amants suspects (on peut d'ailleurs désamorcer un certain rebondissement à un moment propice de l'action censée nous interroger sur les véritables motivations d'un d'entre eux). Erotiquement sensuel et osé (pour l'époque) à travers les poitrines dénudées fréquemment mises en valeur, sanglant et brutal au gré de meurtres toujours plus stylisés et impressionnants (dont un superbe jumpscare hyper efficace lorsqu'une main gantée tente de retenir une porte entrebâillée), l'Etrange vice de Mme Wardh demeure un cruel jeu de massacre et de soumission lascive. Notamment à travers le personnage équivoque de Jean livrant depuis toujours une relation masochiste avec sa compagne soumise en proie à une attraction/répulsion à la vue du sang. On peut d'ailleurs relever une superbe séquence onirique lors de sa première partie lorsque les amants s'adonnent à un coït masochiste à travers le fracas d'éclats de verre.


Plutôt convaincant quant à son intrigue machiavélique d'autant plus limpide, et toujours plus surprenant au fil de son suspense expectatif relançant l'action vers des virages diablotins, l'Etrange vice de Mme Wardh se joue de nos pulsions voyeuristes parmi la sensualité torride d'une victime volage qu'Edwige Fenech endosse fébrilement. Entre fragilité démunie et trouble ambiguïté du désir SM. Sublimé par l'élégie musicale de Nora Orlandi, l'Etrange vice... peut sans rougir se targuer d'être un des meilleurs ambassadeurs du Giallo en plein âge d'or des Seventies. 

*Bruno
2èx 

jeudi 20 juin 2019

American Gothic

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Hough. 1987. U.S.A. 1h30. Avec Rod Steiger, Michael J. Pollard, Yvonne De Carlo, Sarah Torgov, Stephen Shellen, Mark Lindsay Chapman

Sortie salles France: 13 Mai 1988. U.S: Mai 1988

FILMOGRAPHIE: John Hough est un réalisateur anglais, né le 21 Novembre 1941 à Londres.
1969: Wolfshead : The Legend of Robin Hood. 1970: Eyewitness. 1971: Les Sévices de Dracula. 1972: l'île au Trésor. 1973: La Maison des Damnés. 1974: Larry le dingue, Mary la garce. 1975: La Montagne Ensorcelée. 1978: Les Visiteurs d'un Autre Monde. 1978: La Cible Etoilée. 1980: Les Yeux de la Forêt. 1981: Incubus. 1982: Le Triomphe d'un Homme nommé Cheval. 1986: Biggles. 1988: Hurlements 4. 1988: American Gothic. 1989: Le Cavalier Masqué (télé-film). 1990: A Ghost in Monte Carlo (Télé-film). 1992: Duel of Hearts (télé-film). 1998: Something to Believe In. 2002: Bad Karma.


Si on a connu John Hough beaucoup plus inspiré avec ses oeuvres les plus notoires (Larry le dingue, Mary la garce, les Sévices de Dracula, Les Yeux de la Forêt, Incubus et surtout son chef-d'oeuvre la Maison des Damnés), American Gothic est suffisamment ludique et sarcastique pour passer un agréable moment. Satire sur l'intégrisme à mi-chemin entre Massacre à la Tronçonneuse et Mother's day, l'intrigue empile les clichés usuels du psycho-killer (une bande de jeunes échoue sur une île abritée par une famille rétrograde aux us et coutumes psychorigides) avec une sensible efficacité. Notamment en y exploitant quelques trouvailles retorses afin de relancer l'action du survival sous l'impulsion de situations saugrenues (les jeux de la mort que s'encanaillent les adulescents attardés) et d'une victime borderline (car traumatisée par la mort de son nouveau-né) en proie à une vengeance schizophrène lors de son dernier acte. Niveau casting, les jeunes acteurs dénués de charisme font autant preuve de timide retenue que de maladresse à tenter de s'extirper de la mort, quand bien même Rod Steiger et sa compagne Yvonne De Carlo font preuve d'une modeste force de caractère dans leur fonction criminelle bâtie sur le fanatisme religieux. Et pour parachever, on peut s'enjailler des pitreries sardoniques que complotent communément Janet Wright, Michael J. Pollard, William Hootkins en adulescents dangereusement fripons dans leur mode opératoire du zigouillage.
Oubliable certes, mais divertissant.

*Bruno
2èx

mercredi 19 juin 2019

Le Peuple des Abîmes

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"The Lost Continent" de Michael Carreras. 1968. Angleterre. 1h33. Avec Eric Porter, Hildegard Knef, Suzanna Leigh, Tony Beckley, Nigel Stock, Ben Carruthers, Dana Gillespie.

Sortie salles France: Inconnu. U.S: 12 Juin 1968

FILMOGRAPHIE: Michael Carreras est un producteur et réalisateur britannique né le 21 décembre 1927 à Londres et mort dans la même ville le 19 avril 1994. 1955 : Eric Winstone's Stagecoach. 1957: The Steel Bayonet. 1961 : Visa to Canton (en). 1961 : La Chevauchée des outlaws. 1963 : Maniac.
1963 : What a Crazy World. 1964 : Les Maléfices de la momie. 1967 : Les Femmes préhistoriques. 1968 : Le Peuple des abîmes. 1971 : La Momie sanglante. 1974 : Un dénommé Mister S.


Aberration filmique portant la signature de la célèbre firme Hammer, Le Peuple des Abîmes laisse le spectateur ébaubi par tant d'idioties aussi bien formelles que narratives. Car il faut bien avouer que le scénario saugrenu écrit par le réalisateur himself patauge à n'en plus finir dans le n'importe nawak en s'inspirant du roman de Dennis Wheatley. De par son amoncellement de séquences surréalistes mises en scène avec un sérieux inébranlable et ses FX caoutchouteux tout droits sortis d'un Kaïju. Et ce en dépit de quelques traits d'humour, probablement pour détendre l'atmosphère hostile, qu'un bout entrain sclérosé extériorise lors de moments inopinément héroïques. Le pitch: transportant sur son cargo de dangereux explosifs inflammables au contact de l'eau, le capitaine Lansen est pris à parti avec une partie de son équipage effrayée à l'idée de trépasser au moment de l'annonce d'une tempête. Echoués sur une étrange île semée de carcasses de bateau, ils font l'horrible découverte d'un peuple de conquistadors gouvernés par un ado monarque fanatique, quand bien même les algues et divers crustacés géants restent aux aguets de chair fraîche.


Passé une première demi-heure d'exposition où ça pérore pas mal, entre sous-intrigues amoureuses et action belliqueuse (la fameuse mutinerie), le Peuple des Abîmes adopte une tournure radicalement épique lorsque les rescapés et leur learder Lansen se posent sur l'île des sargasses. Tant et si bien qu'en pleine cacophonie, ces derniers (d'autant plus marginaux, insolents, véreux ou couards !) n'auront de cesse de combattre des créatures mutantes et les conquistadors plus hostiles que jamais afin d'honorer leur roi féru de sacrifices. De par son intrigue déstructurée, ses digressions peu passionnantes et la sobriété du casting croyant dur comme fer à ce qu'ils endurent (il faut d'ailleurs les voir s'affubler de harnais supportant 2 ballons de baudruche en amont de leurs épaules afin de traverser le sable, et ce, avec sous leur pied des sortes de raquettes pneumatiques pour éviter les algues carnivores !); le Peuple des Abîmes renchérit notre émoi face à un spectacle surréaliste dénuée de dérision (ou alors si peu pour le second-rôle évoqué plus haut). Parfois même violent lors de séquences horrifiques un chouilla complaisantes et timidement érotique (l'amazone dissidente à la poitrine opulente, la blonde nymphette férue de mâles avinés), Le Peuple des Abîmes a de quoi distraire autant que surprendre l'amateur de nanar improbable connaissant la réputation d'une firme aussi notoire que la Hammer.


Ainsi, l'intrigue vrillée à beau sombrer dans le ridicule à force d'outrance, d'incohérences, d'approximations et de situations débridées tous azimuts (le moine jouant en dernier ressort de l'orgue en pleine guérilla incendiaire !), Le Peuple des Abîmes demeure un cocktail explosif d'aventures exotiques lors de son ultime heure belliciste. Quand bien même nous ne connaîtrons jamais la véritable destinée de nos héros passé leur moment de bravoure, à l'instar de cette maraudeuse finalement empathique quant à sa requête désespérée de retrouver son fils en vie. Bref, démentiel, foutraque et fichtrement cocasse. 

*Bruno
2èx

mardi 18 juin 2019

Le Silence qui tue

                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site cult-trash-in-french-dvd-composite.blogspot.com

"The Silent Scream" de Denny Harris. 1979. U.S.A. 1h27. Avec Rebecca Balding, Cameron Mitchell, Steve Doubet, Avery Schreiber, Brad Rearden, Juli Andelman, John Widelock, Yvonne De Carlo, Barbara Steele.

Sortie salles France: 12 Novembre 1980. U.S: 18 Janvier 1980

FILMOGRAPHIE: Dennis Harris est un réalisateur et producteur américain, né le 10 Juillet 1930, décédé le 5 Mars 2007. 1979: Le Silence qui Tue.


Peu connu du public et toujours inédit sous support numérique chez nous, Le Silence qui Tue s'inspire du psycho-killer en vogue initié par Black Christmas et Halloween. Mais c'est plutôt du côté de Psychose qu'il puise sa plus grande influence à travers une trame linéaire beaucoup trop chétive il faut avouer. En gros: une jeune fille trouve refuge dans une grande bâtisse en location parmi l'hospitalité de 3 pèlerins. Accueillie par un étrange tenancier timoré, celui-ci les averti de ne pas déranger sa mère logeant dans une chambre à proximité du grenier. Rapidement, un meurtre brutal ébranle leur tranquillité en marge de la plage. Série B d'exploitation modestement campée par d'attachants comédiens de seconde zone, quand bien même Cameron Mitchell (en flic investigateur) et Barbara Steele (dans un rôle mutique uniquement bâti sur la gestuelle) viennent s'incruster avec discrétion, le Silence qui tue nous offre le minimum syndical à travers ses séquences horrifiques hors-champs épaulées d'un suspense beaucoup trop timoré pour captiver.


Pour autant, avec une évidente indulgence, l'inconditionnel du genre peut y trouver son compte grâce au charme de son ambiance horrifique symptomatique des années 80 (même s'il fut tourné en 79). Tant auprès du jeu amiteux des acteurs, de son cadre côtier estival, de son décorum gothique légèrement magnétique que de ses clichés plaisamment bonnards que l'amateur connait sur le bout des ongles. Qui plus est, sa dernière-heure à la fois révélatrice en diable et fertile en agressions divertit dans un second degré involontairement cocasse, puisque à la lisière de la semi-parodie, de par ces postures outrancières sensées provoquer appréhension ou effroi. Néanmoins, on se laisse dériver jusqu'au bout de cette intrigue machiavélique faisant intervenir la thématique de la famille dysfonctionnelle avec autant de maladresse que de bonnes intentions pour provoquer l'émoi. Bougrement dommageable donc que l'intrigue étique n'eut pu faire preuve de plus de densité, de vigueur et d'angoisse palpable lorsque les potentielles victimes sont sur le point de trépasser. Ce sera d'ailleurs l'unique essai derrière la caméra de Denny Harris disparu en 2007 pour une raison qui m'échappe.


A découvrir avec curiosité, uniquement chez les inconditionnels du genre.

*Bruno
3èx

lundi 17 juin 2019

The Killing Kind

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.fr

de Curtis Harrington. 1973. U.S.A. 1h39. Avec Ann Sothern, John Savage, Ruth Roman, Luana Anders, Cindy Williams, Susan Bernard

Sortie salles France: 7 Avril 1973

FILMOGRAPHIE: Gene Curtis Harrington est un réalisateur et scénariste américain, né le 17 Septembre 1926, décédé le 6 mai 2007. 1975: The Dead Don't Die (Télé-film). 1974 La révolte des abeilles (Télé-film). 1973 The Cat Creature (Télé-film). 1973 The Killing Kind. 1971 What's the Matter with Helen? 1971 Mais qui a tué tante Roo? 1970 Vengeance en différé (Télé-film). 1967 Le diable à trois. 1966 Queen of Blood. 1965 Voyage sur la planète préhistorique. 1961 Marée nocturne. 1977: Ruby. 1978: Les Chiens de l'Enfer (télé-film). 1985: Mata Hari.


Inédit en salles (et en Vhs) dans nos contrées si je ne m'abuse, The Killing Kind est une excellente surprise horrifique bien ancrée dans son époque Seventie, de par son réalisme documenté, le grain de sa pellicule et son climat malsain qui y émane. Ainsi, on ne peut qu'applaudir l'initiative d'Artus Films d'avoir exhumé de l'oubli ce fort intéressant portrait de serial-killer que John Savage incarne avec un naturel inné alors qu'il s'agit de sa 5è apparition à l'écran. Ce dernier dégageant par moment une douloureuse appréhension lors de ses crises de démence fortuites que Curtis Harrington nous impose de manière improvisée par le biais du ralenti. Huis-clos intimiste relatant la quotidienneté triviale d'une mère débonnaire et de son fils sexuellement refoulé, The Killing Kid s'alloue d'un charme attachant eu égard des relations maternelles que le duo partage, entre chaleur humaine, insouciance excentrique (leurs concours de danse) et soupçon d'inceste (les bisous sur la bouche que la maman impose à son rejeton).


Famille dysfonctionnelle éludée de présence paternelle, l'intrigue s'appuie donc sur le cheminement immoral de Terry terriblement perturbé à la suite d'un viol forcé qui lui valu 2 ans d'emprisonnement. Ainsi, au fil de sa morne quotidienneté et de l'omniprésence d'une maman protectrice beaucoup trop possessive, envieuse et envahissante, Terry sombre dans la folie criminelle au moment d'aborder les jeunes femmes de son voisinage, notamment cette voisine trentenaire nantie de pulsions déviantes (elle lui avouera son fantasme de se faire violer !). Sans vraiment réserver de surprises au fil d'un cheminement tracé d'avance, Curtis Harrington compte donc sur le réalisme des situations horrifiques et sur les étroits rapports du duo inconséquent afin de maintenir l'attention tout le long d'une éprouvante déliquescence criminelle (les meurtres brutaux ou cruels faisant leur petit effet poisseux). Et cela fonctionne plutôt bien si bien que durant plus d'1h35 nous parvenons à nous familiariser auprès de ce duo à la fois irresponsable et peu recommandable que le cinéaste radiographie à l'aide d'une sobre force d'expression. Tant auprès de Ann Sothern en maman décervelée nourrie aux films TV et aux pop-corn que de John Savage en serial-killer en herbe hanté de visions criminelles, notamment à travers un songe érotique nonsensique particulièrement dérangeant à travers sa posture d'enfant.


Pour l'amour d'une engeance.
Malsain et dérangeant dans un format de série B mineure pour autant intelligent et attachant à dépeindre sans fard ces profils coupables unis par l'amour maternel, The Killing Kid fait honneur au psycho-killer sous l'impulsion de protagonistes contrariés parvenant à susciter une véritable empathie lors du poignant dénouement irrigué d'amertume et de mélancolie. A découvrir.

*Bruno

vendredi 14 juin 2019

Brûle, sorcière, brûle !

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.fr

de Sidney Hayers. 1962. Angleterre. 1h30. Avec Peter Wyngarde, Janet Blair, Margaret Johnston

Sortie salles Angleterre: 14 Mai 1962

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sidney Hayers est un réalisateur, scénariste et producteur anglais né le 24 Août 1921 à Edinburgh, Scotland, décédé le 8 Février 2000 à Altea, Espagne. 1960: Le cirque des horreurs. 1959 The White Trap. 1959 Violent Moment. 1961: Les Gangsters. 1964: La rue du péché. 1962 Brûle, sorcière, brûle! 1961 Echo of Barbara. 1966: Minibombe et minijupes.  1966 The Trap . 1965 Three Hats for Lisa.  1971: Violence en Sous-Sol. 1971 The Firechasers. 1971/I Meurtre à haute tension. 1970 Mister Jerico (TV Movie). 1969 L'étoile du sud. 1972: All Coppers Are... 1976: One Away. 1975 Diagnosis: Murder. 1975 King Arthur, the Young Warlord. 1975 Mortelle rencontre. 1975 Cet emmerdeur de Charly.


Perle maudite du Fantastique occulte honteusement inédite en salles dans nos contrées, Brûle sorcière Brûle traite de la sorcellerie sous le pilier d'un scénario retors constamment imprévisible si bien qu'il s'avère difficile d'y deviner l'issue potentiellement dramatique (sa conclusion expéditive pourrait d'ailleurs déconcerter certains d'entre vous). Le pitch: Un professeur cartésien nie l'existence de la sorcellerie face à ses élèves curieux de mysticisme. Or, quelques jours plus tard, il s'aperçoit que sa propre épouse pratique la magie noie après avoir découvert divers ustensiles planqués dans les meubles de la maison. Ainsi, à partir de ce pitch inquiétant fondé sur le simulacre et le jeu de pouvoir et de persuasion, Sidney Hayers (le Cirque des Horreurs) réalise probablement son meilleur film tant il parvient à nous scotcher au siège de par l'interprétation magistrale que forment Peter Wyngarde (transi d'émoi névrotique en victime parano !), Janet Blair (pénétrée d'appréhension à travers l'intensité de son regard dérangé), Margaret Johnston (en mégère claudiquante insidieusement diabolique). Un casting irréprochable parvenant à tailler une solide carrure à son réalisme surnaturel, notamment afin de remettre véritablement en question la foi du spectateur partagé entre le folklore de la superstition et la raison de la science parfois inapte à théoriser l'inexplicable.


Outre le jeu viscéral de ce triangle de comédiens compromis aux forces occultes, Brûle sorcière, brûle tire-parti d'une mise en scène consciencieuse où rien n'est laissé au hasard. Tant auprès de son noir et blanc crépusculaire sensiblement ténébreux que de l'exploitation retorse de ces décors gothiques magnifiquement cadrés si bien que le cinéaste use d'architectures et sculptures ornementales afin de faire progresser la trajectoire de survie du professeur et de son épouse brutalement mis à mal avec la magie noire. L'intérêt majeur de l'intrigue s'évertuant à tester l'épreuve cérébrale du professeur en proie à une succession d'évènements inexpliqués où prime l'effet de suggestion. Ce dernier à la psychologie subitement chétive s'efforçant de se raisonner avec logique afin de ne pas se laisser influencer par ces incidents potentiellement improbables. Ainsi, nanti d'un rythme trépidant à travers ses moult rebondissements cauchemardesques à donner le tournis, Brûle sorcière Brûle insuffle un climat anxiogène davantage sauvage et oppressant à travers la course effrénée du professeur s'efforçant de sauver la vie de son épouse. Tout du moins lors de sa seconde partie épileptique (si j'ose dire) sachant que Sidney Hayers eut la judicieuse idée d'inverser les rôles auprès de son 1er acte pour y dresser les liens amoureux unissant le couple infortuné.


De par son rythme infernal (qui en surprendra plus d'un !), la subtilité de ses effets-chocs et le jeu magistral des comédiens, Brûle, sorcière brûle demeure une perle rare du Fantastique éthéré, à l'instar du chef-d'oeuvre de Jacques Tourneur, Rendez-vous avec la peur. Un cauchemar sur pellicule saturé d'une partition stridente que l'on croirait issue d'une prod Hammer. A découvrir d'urgence pour tous les amateurs de sortilège et autres diableries ne prêtant nullement à rire ! 

*Bruno
2èx

jeudi 13 juin 2019

Le Battant

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alain Delon. 1983. France. 2h02. Avec Alain Delon, François Périer, Pierre Mondy, Anne Parillaud, Andréa Ferréol, Marie-Christine Descouard, Michel Beaune, Gérard Hérold, Jean-François Garreaud, Richard Anconina.

Sortie salles France: 2 Février 1983

FILMOGRAPHIE: Alain Delon est un acteur et homme d'affaires français, né le 8 novembre 1935 à Sceaux. 1973 : Les Granges Brûlées (coréalisateur non crédité). 1981 : Pour la peau d'un flic. 1983 : Le Battant.


Seconde et dernière réalisation d'Alain Delon, Le Battant renoue avec le succès commercial si bien qu'il engrange 1 935 094 entrées. Et si 2 ans auparavant Pour la peau d'un flic cumula un peu plus de 2 377 084 entrées, son exploitation Vhs chez René Chateau battit des records, tant en terme de vente que locative. Hommage appuyé à son mentor le cinéaste René Clément auquel il dédicace son oeuvre lors de l'ultime image, Alain Delon, acteur et réalisateur, nous fignole l'un des meilleurs polars des années 80 selon mon jugement de valeur soutenu d'une tendresse mélancolique d'après cette époque révolue. Car lorsque l'on revoit Le Battant quelques décennies après, on se surprend d'y renouveler un immense plaisir de cinéphile puriste. De par la mise en scène avisée d'Alain Delon encore plus impliqué devant et derrière la caméra que Pour la peau d'un flic, et toutes ces trognes d'acteurs burinés issus de la grande école parmi lesquels s'y disputent l'immense François Perrier en mafieux perfide semi-retraité, Pierre Mondy en flic empoté, Andréa Ferréol en maîtresse sexagénaire insidieuse, Michel Beaune en fidèle acolyte infortuné et enfin Gérard Hérold en maître-chanteur flegmatique derrière une défroque de cadre supérieur. Ainsi, à travers une intrigue plutôt classique fondée sur le profil marginal d'un truand au grand coeur compromis par la trahison de son milieu et par une filature policière, Alain Delon donne chair à son personnage avec une intensité ensorcelante. Tant et si bien que son regard azur électrise l'écran à chacune de ses apparitions distinguées dans un costard cendré immaculé.


Celui-ci incarnant de par sa carrure virile le rôle d'un repris de justice venant de purger 15 ans de prison pour un crime qu'il n'a pas commis passé le braquage d'un diamantaire. Bien évidemment, depuis sa sortie, outre la police aux aguets de ces faits et gestes, des gangsters iront s'en prendre à son entourage afin de lui soutirer ses diamants planqués dans un endroit tenu secret. Relativement peu spectaculaire même si certaines brèves séquences de poursuite en voiture impressionnent par leur réalisme nocturne, Alain Delon n'en cède pas moins à de brutaux éclairs de violence lorsqu'il se résigne à se venger de ses rivaux de manière résolument expéditive. Ainsi, à travers ses estocades criminelles tranchées, on s'étonne de s'attacher à un personnage aussi glaçant que radical de par sa justice individuelle dénuée de clémence. Mais au-delà de l'attrait passionnant de sa mise en scène à la fois posée et studieuse ne cessant de magnifier ses personnages illégaux sous l'impulsion de gueules d'acteur infaillibles, Le Battant s'alloue d'une surprenante dimension romantique à travers le couple Delon / Parillaud mutuellement amoureux lors d'un concours de circonstances aléatoires. Anne Parillaud érotisant résolument l'écran avec beaucoup plus de certitude que Pour la peau d'un flic. Notamment en y dévoilant à nouveau, et à plusieurs reprises, son simple appareil longiligne ultra sexy. Alain Delon s'efforçant sans complaisance ni mièvrerie de rendre crédible leur relation sentimentale à travers des moments de tendre intimité aussi pures que candides. Ainsi, ses séquences d'une certaine fragilité émotionnelle vise droit au coeur du spectateur sous l'impulsion du thème mélodique de Christian Dorisse particulièrement attachant (et récursif).


Se permettant en outre d'y ajouter quelques efficaces traits de cocasserie à travers le personnage épieur de Pierre Mondy épaulé de quelques figurants d'un naturel confondant, Le Battant demeure un excellent divertissement policier mené tambour battant par le perfectionniste Alain Delon. On n'en demandait pas tant car c'est avec beaucoup d'émotions que l'on redécouvre aujourd'hui ce Battant, anti-héros peu recommandable mais pour autant nanti d'une loyauté et d'une compassion sentimentale somme toute poignantes. 

*Bruno
2èx

John Wick: chapitre 2

                                              Photo emprunté sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Chad Stahelski. 2017. U.S.A. 2h02. Avec Keanu Reeves, Riccardo Scamarcio, Ian McShane,
Ruby Rose, Common, Claudia Gerini, Lance Reddick, Laurence Fishburne, Tobias Segal, John Leguizamo, Bridget Moynahan, Peter Stormare, Franco Nero.

Sortie salles France: 22 Février 2017

FILMOGRAPHIEChad Stahelski est un cascadeur, coordinateur des cascades, acteur, assistant réalisateur puis réalisateur américain né le 20 septembre 1968 à Fort Worth (Texas). 2014 : John Wick (coréalisé avec David Leitch). 2017 : John Wick 2. 2019 : John Wick Parabellum.


Trois ans après le succès phénomène John Wick, le néophyte Chad Stahelski rempile pour un chapitre 2 évidemment bourrin en bonne et due forme. Sauf qu'en l'occurrence, si personnellement son modèle m'eut complètement laissé de marbre dans son action en roue libre aussi vaine que gratuite (désolé pour les fans) et ses personnages caricaturaux, John Wick 2: chapitre 2 m'a littéralement scotché au siège de par l'efficacité de son intrigue plus dense qu'au préalable et surtout de l'intensité des scènes d'action résolument hallucinées. Ainsi donc, aussi hyperbolique soit-il, John Wick: chapitre 2 s'avère étonnamment fun et jouissif sous l'impulsion de notre anti-héros, tueurs à gage monolithique traqué tous azimuts par des mafieux mégalos perfides. Sauf qu'ici on est à fond avec lui pour suivre ses faits et gestes "surhumains" avec une fascination morbide ! Celui-ci étant contraint d'opérer un nouveau contrat auprès d'un opportuniste italien (assassiner sa soeur, nouvelle baronne du crime, afin de récupérer son trône) en lieu et place d'écouler une paisible retraite. Or, évidemment trahi par ce mentor, puis invoquant en désespoir de cause un soutien auprès d'une confrérie de SDF (situation hallucinée pleine de réparties caustique !), John Wick ne cessera de fuir et de supprimer une armée de tueurs à gage aussi intraitables que lui.


Bien évidemment, l'intrigue simpliste (mais efficace car nanti d'enjeux plus éprouvants quant au dilemme de Wick et inventive quant aux confrontations musclées parfois théâtrales) est un prétexte afin d'aligner de façon métronome des séquences d'ultra violence incroyablement percutantes. Tant auprès de l'ultra dynamisme du montage à couper au rasoir que de leur chorégraphie n'ayant rien à envier aux meilleures prods nippones en mode "art martial". Qui plus est, usant de décors tantôt high-tech (le labyrinthe des glaces, la boite de nuit), tantôt baroques (splendides architectures transalpines à faire rougir Argento) à travers une photo aussi glacée que rutilante, John Wick 2 enivre les yeux. Tant et si bien que son surréalisme assumé se prête magnifiquement à l'ambiance mortifère des confrontations dantesques se décuplant au rythme d'une trajectoire de survie (labyrinthique) à perdre haleine. Impassible, posé et placide, Keanu Reeves se fond dans le corps du tueur à gage avec un charisme distingué plutôt inusité, notamment auprès de sa douce empathie pour son fidèle chien qu'il préserve hors-champ belliqueux. On est également ravi de retrouver dans des seconds-rôles saillants les gueules striées de Franco Nero (même si toutefois discret en mafieux subsidiaire), Laurence Fishburne (en leader SDF nourri de sarcasme) et surtout Ian McShane (du haut de ses 76 ans !) en propriétaire d'un hôtel luxueux à la fois équitable et draconien quant au sort précaire de son élève modèle.


Complètement déjanté et débridé de par son ambiance surréaliste émaillée de leste dérision, et son ultra-violence putassière aussi dégénérée que décomplexée, John Wick 2 créé la surprise pour coiffer au poteau son insignifiant prototype. Et ce en assumant avec une ambition onirique fortuite un spectacle bourrin d'une carrure et d'une intensité fulgurantes. Chacun des protagonistes bellicistes se prêtant viscéralement au jeu du gendarme et du voleur avec une douce ironie subtilement friponne, quand bien même Keanu Reeves mène la danse macabre avec son élégance impérieuse. 

*Bruno

lundi 10 juin 2019

Pour la peau d'un flic

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

d'Alain Delon. 1982. France. 1h47. Avec Alain Delon, Anne Parillaud, Daniel Ceccaldi, Jean-Pierre Darras, Xavier Depraz, Michel Auclair, Jacques Rispal.

Sortie salles France: 9 Septembre 1981.

FILMOGRAPHIEAlain Delon, né le 8 novembre 1935 à Sceaux, est un acteur et homme d'affaires français. 1973 : Les Granges Brûlées (coréalisateur non crédité). 1981 : Pour la peau d'un flic. 1983 : Le Battant.


13è au box office avec 2 377 084 entrées (alors qu'1 an au préalable; 3 Hommes à abattre cumulait 2 194 795 entrées), Pour la peau d'un flic s'alloue d'un atout spécifique, celui d'avoir été réalisé par Alain Delon. Et on peut avouer sans rougir que pour une première réalisation (même s'il co-réalisa les Granges Brûlées en 73) l'acteur, plus fringant que jamais, s'en sort aussi bien derrière que face caméra. Car à partir d'une intrigue efficace retraçant l'investigation épineuse d'un détective privé à la recherche d'une fille disparue, Alain Delon dirige ce polar avec suffisamment de conviction, de soin et étonnamment d'humour pour nous divertir à rythme métronome. Entre scènes d'action percutantes (même si elles s'avèrent assez rares), poursuites en bagnole, romance friponne (toutes les séquences détendues entre le couple s'avèrent d'autant plus cocasses sous le pivot de dialogues inventifs) et confrontations psychologiques entre rivaux obtus.


Ainsi donc, grâce à son imprévue dérision (parfois même macabre), ses détracteurs feraient mieux d'y jeter un oeil tant l'acteur ne se la joue pas orgueilleux en flic machiste consciencieux sur le point de dévoiler au grand jour le vaste trafic de drogue d'une complicité policière. Outre sa cool attitude  épaulée de son acolyte dévoué Michel Auclair en faire-valoir semi-retraité, Pour la peau d'un flic affiche d'autant mieux une décontraction sensuelle parmi la présence frivole d'Anne Parillaud. Une secrétaire infidèle éprise de tendresse pour son boss et jamais avare d'allusions grivoises pour érotiser l'atmosphère, quand bien même l'actrice ose se dévoiler dans son plus simple appareil après avoir été kidnappée par ses ravisseurs (qui s'en plaindrait !). Ainsi, sans livrer une prestance super convaincante, cette dernière parvient pour autant à cultiver un certain charme naturel à travers son second-rôle de maîtresse soumise et attentionnée peu à peu emportée par l'ivresse de l'amour.


Polar ludique symptomatique de la décennie 80 auquel se disputait également sur d'autres affiches la star Bebel, Pour la peau d'un flic s'alloue d'un charme indéfectible en la présence du trio investigateur (particulièrement détendu pour y résoudre l'énigme) sous l'impulsion du tube planétaire d'Oscar Benton: "Bensonhurst blues". A revoir avec un pincement de nostalgie au coeur, notamment pour retrouver le talent hors-pair d'Alain Delon d'un charisme viril distingué inégalé dans le paysage français.

*Bruno