lundi 3 juin 2019

Au service du Diable / La Nuit des Pétrifiés

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site arcadesdirect.fr

"LA NUIT DES PETRIFIES / LA PLUS LONGUE NUIT DU DIABLE / DEVIL'S NIGHTMARE" de Jean Brismée. 1971. Belgique/Italie. 1h35. Avec Erika Blanc, Jean Servais, Jacques Monseau, Ivana Novak, Lorenzon Terzon, Daniel Emilfork.

Sortie Française le 21 décembre 1973. U.S: Avril 1974

FILMOGRAPHIE: Jean Brismée est un réalisateur d'origine belge né le 20 Août 1926. 1971: La plus longue nuit du diable.  1964 Monsieur Plateau (Short).  1962 Jean Rouch (TV Series).  1959 La planète fauve (TV Short).  1958 Cinéma, bonjour (TV Movie documentary).  1956 Forges (Documentary short).


Unique film du réalisateur belge Jean Brismée, Au service du Diable (/ La Nuit des Pétrifiés) est un ovni d'autant plus rare que sa résurrection en Dvd et Blu-ray relève du miracle ! On ne peut donc que saluer l'heureuse initiative d'Artus Film d'avoir osé exhumé de l'oubli ce p'tit bijou bisseux à mi-chemin entre le nanar et la série B d'exploitation gentiment ludique. Le pitch: Durant la seconde guerre mondiale, un père de famille, le baron Von Rumberg, sacrifie sa progéniture depuis que sa femme enfanta une fille en lieu et place d'un garçon. Cet infanticide est à l'origine d'une vieille malédiction auquel ses descendants seraient des succubes si le nouveau-né s'avérait une fille. Quelques décennies plus tard, ce dernier sclérosé coule des jours paisibles dans son château reculé, quand bien même un groupe de 7 étrangers y fait irruption le temps d'une nuit d'épouvante chargée en fantasmes et cruelles mise à morts ! Avec l'entrée en matière d'un prologue aussi couillu pour son infanticide explicitement décrit en noir et blanc (bien que maladroitement mis en image désamorçant ainsi son réalisme escompté), Au service du diable fut donc interdit aux moins de 18 ans à l'époque de sa sortie ! Car si d'autres effets-chocs viennent ensuite égayer l'intrigue, elles s'avèrent plutôt sobres, concises et jamais choquantes, aussi sympatoches soient-elles.


Ainsi donc, dans une ambiance gothique constamment inquiétante à travers son obscur château cédant parfois aux étreintes saphiques purement gratuites, Au service du diable plante lentement son décor occulte et sa poignée de convives s'égarant dans les corridors, sous-sols et chambres de la bâtisse parmi la présence d'une éventuelle succube (incarnée par l'étrange et véritablement effrayante Erika Blank lors de sa métamorphose à la mine patibulaire !). Sa motivation: séduire et éliminer un par un tous les invités depuis leurs tentations des 7 pêchers capitaux, tout en s'efforçant de courtiser un jeune prêtre timidement sensible à ses charmes. Ainsi, à travers un scénario somme toute banal et peu motivant, Jean Brismé réussit peu à peu l'exploit de nous fasciner et de nous intriguer auprès d'une multitude de détails visuels que nous ne voyons jamais arriver ! Car déconcertant, interlope, machiavélique, imprévu, Au service du diable se décline en fantasme horrifique indicible tant il cumule, dans des formes aussi bien maladroites que contrairement brillantes une moisson de situations ubuesques parfois imprégnées d'onirisme baroque. Le jeu théâtral des acteurs (dont certains timorés s'avèrent un peu inexpressifs) renforçant le caractère saugrenu de l'entreprise alternant le chaud et le froid avec une étonnante sagacité formelle et technique (notamment auprès de certains cadrages stylisés épaulés d'une photo saturée). Car difficilement explicable sur papier à décrire mes véritables impressions subjectives, Au service du Diable enchaîne fréquemment à mi-parcours des séquences inquiétantes pensées par un auteur inénarrable délibéré à égarer notre perception cérébrale dans une combinaison extravagante de qualités et de défauts.


A la fois film maudit et oeuvre culte dont l'identité méconnue de l'auteur continuera à jamais de nous interroger et de nous fasciner quant à ses véritables propos artistiques, Au service du Diable est un délire saugrenu à l'aura d'étrangeté inexplicablement perméable. Une curiosité inusité dégageant un charme vénéneux de trouble sensualité à travers l'icone d'une succube partagée entre l'amour et la mort. Sa conclusion équivoque s'achevant de manière étonnamment tendre et ironique sous la mélodie lancinante d'Alessandro Alessandroni dans toutes les mémoires. A découvrir.

*Bruno
03.06.19. 2èx
01.03.11. 568 v

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