mardi 4 juin 2019

Cérémonie Sanglante

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

"Ceremonia sangrienta" de Jorge Grau. 1973. Espagne. 1h28. Avec Lucia Bosè, Espartaco Santoni, Ewa Aulin, Ana Farra, Silvano Tranquilli, Lola Gaos.

Sortie salles Espagne: 19 Novembre 1973. Italie: 4 Octobre 1973

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Jorge Grau est un réalisateur et scénariste espagnol, né le 27 Octobre 1930 à Barcelone. 1973: Ceremonia sangrienta. 1974: Le Massacre des Morts-Vivants. 1959: Costa Brava. 1960: Sobre Madrid. 1960: Medio siglo en un pincel. 1961: Laredo, Costa Esmeralda. 1961: Barcelona vieja amiga. 1976: La Siesta. 1982: La Leyenda del tambor. 1983: Coto de Caza. 1987: El extranger-oh ! de la calle Cruz del Sur. 1990: La punyalada. 1994: Tiempos mejores.


Resté malencontreusement inédit en France et en video, Artus Films nous fait aujourd'hui l'honneur de nous exhumer une pépite d'horreur gothique d'après l'inoubliable auteur du Massacre des Morts-vivants, Jorge Grau. Car Inspiré des exactions de la tristement renommée comtesse hongroise  Élisabeth Báthory de Ecséd, celui-ci s'alloue d'une touche personnelle spécialement ibérique pour nous offrir une variation à la fois originale, déroutante et inquiétante. Et si durant les deux tiers de l'action, l'intrigue en dent de scie s'avère délibérément confuse auprès des motivations équivoques des personnages parfois incohérents, Cérémonie Sanglante cultive notre attention grâce au brio inspiré de Jorge Grau soignant la forme (photo flamboyante; décors architecturaux stylisés, contexte historique plus vrai que nature) et le fond (les thème du désir, de la jalousie et de la jeunesse éternelle engendrant une mégalomanie criminelle par le biais du meurtre en série). Pour condenser, on croit dur comme fer à ce que l'on voit de par sa capacité à retranscrire à l'écran un microcosme médiéval étonnamment crédible (instruments de torture à l'appui !). Et ce jusqu'aux seconds rôles dépouillés dénués de fard car normalement expressifs.


Ainsi donc, sobrement incarné par des têtes d'affiche méconnues dans nos contrées, nous nous identifions à observer les agissements immoraux des personnages notoires à travers leurs sentiments couards, perfides, menteurs, usurpateurs. Si bien qu'aucun d'eux ne nous suscite l'empathie dans leur volonté d'asservir et d'y détruire leur proie vulnérable pour le simple enjeu de l'éternelle jeunesse. D'autre part, en dénonçant les thèmes de la superstition et du fanatisme qu'exprime une populace rétrograde effrayée à l'idée du vampire suceur de sang, Jorge Grau se débarrasse des convenances grâce à son ossature narrative plus retorse qu'elle n'y parait, tant et si bien que les personnages majeurs nous captivent sans relâche de par leurs stratagèmes délétères éludés de manichéisme. Jorge Grau se souciant beaucoup de les esquisser de manière disgracieuse dans un anticonformisme occulte. On est par ailleurs surpris de son dénouement fortuit vis à vis du revirement moral de la comtesse Spoil ! se résignant à détruire tout ce qu'elle eut préalablement entrepris parmi ses complices, faute d'adultère. Fin du Spoil.


Série B d'un gothisme classieux où aucun détail n'est laissé au hasard, Cérémonie Sanglante honore l'épouvante séculaire grâce à la personnalité hispanique de Jorge Grau résolument amoureux du genre tant il fignole le cadre historique et les turpitudes des personnages avec un goût prononcé pour la provocation où s'y confine la désillusion existentielle. Une excellente surprise donc injustement passée inaperçue chez nous, à découvrir fissa. 

*Bruno

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire