jeudi 31 octobre 2019

Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cover.box3.net

"A Study in Terror" de James Hill. 1965. Angleterre. 1h35. Avec John Neville, Donald Houston, John Fraser, Anthony Quayle, Adrienne Corri, Frank Finlay, Judi Dench.

Sortie salles France: ? Angleterre: Octobre 1965

FILMOGRAPHIEJames Hill (ou James H. Hill) est un réalisateur, producteur et scénariste anglais, né le 1er août 1919 à Eldwick (Yorkshire de l'Ouest, Angleterre), décédé le 7 octobre 1994 à Londres. 1961 : The Kitchen. 1962 : The Dock Brief. 1964 : The Golden Head. 1965 : Sherlock Holmes contre Jack l'Éventreur. 1966 : Born Free. 1969 : Le Capitaine Nemo et la ville sous-marine. 1970 : The Man from O.R.G.Y. 1971 : Prince noir.


Un pur bijou de suspense horrifique où la passion de l'enquête criminelle ne cesse de nous titiller l'expectative !
Inspiré d'un récit d'Adrian Conan Doyle (fils d'Arthur Conan Doyle) intitulée "Fog", et co-producteur du film, Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur est assurément l'une des meilleures versions du célèbre criminel victorien. Eu égard du soin de la mise en scène d'une fidèle reconstitution, du jeu spontané des acteurs (le duo John Neville / Donald Houston était inné pour se fondre dans le corps d'investigateurs retors) et d'une intrigue passionnante émaillée de meurtres sanglants. Car tourné en 1965, le réalisateur cède parfois, non sans une certaine audace, à une violence rutilante auprès des effusions sanguines que les victimes terrorisées laissent s'échapper de leur corps strié. James Hill redoutablement inspiré soignant le fond et la forme à travers un récit criminel (en bonne et due forme) remarquablement charpenté.


Tant et si bien que nous nous interrogions sur l'identité plausible de l'assassin avec une délicieuse perplexité quant aux individus interlopes qu'arborent le Dr Murray,  Lord Carfax et surtout Michael et Angela Osborne compromis par un odieux chantage parmi la complicité du tenancier Max Steiner. Baignant dans une étrange atmosphère feutrée au sein des rues brumeuses de Whitchapel, Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur demeure à la fois un régal formel et auditif eu égard des théories (pleine de dérision) du détective confronté pour la première fois de sa carrière à l'énigme "Jack l'Eventreur". Outre l'originalité du propos, on peut également saluer en arrière plan une foule de personnages secondaires et de figurants particulièrement expressifs dans leur posture de marginaux à la fois décomplexés, rustres et provocateurs, quand bien même certaines catins se laissent berner par le tueur avec une audace préjudiciable. James Hill se permettant notamment d'évoquer une petite diatribe politique auprès de cette population désargentée livrée à la dépravation de l'alcool et de la luxure, faute du chômage expansif découlant de l'inégalité des classes sociales.


Passionnant auprès de son rythme cuisant structurant une vénéneuse intrigue policière non dénuée d'intensité dramatique (quant aux tenants et aboutissants de personnages clefs liés à un insoluble amour), Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur conjugue de la manière la plus perfectionniste suspense, action et épouvante sous l'impulsion d'un duo de détectives aussi roublards que vaillants. Si bien que l'on reste parfois impressionné par leurs bravoures héroïques à s'opposer contre l'ennemi avec les armes (une canne épée) ou les poings, comme le souligne notamment l'impressionnant corps à corps final au coeur d'un brasier domestique.  

*Bruno
4èx

mercredi 30 octobre 2019

Les Bêtes Féroces attaquent

                                                                     Photo empruntée sur Google.com

"Wild Beasts - Belve feroci" de Franco Prosperi. 1984. Italie. 1h32. Avec Lorraine De Selle, John Aldrich, Ugo Bologna, Louisa Lloyd, John Stacy, Enzo Pezzu, Monica Nickel.

Sortie salles France: 30 Octobre 1985

FILMOGRAPHIE: Franco E. Prosperi est un réalisateur, scénariste et producteur italien né en 1928 à Rome. 1955: I viaggi meravigliosi (doc). 1958: I santuari della natura (doc). 1962: Mondo cane (doc). 1963: La femme dans le monde (titre belge). 1963: Mondo cane 2 (doc). 1966: Adieu Afrique. 1971: Les négriers. 1975: Mondo candido. Savana violenta (doc). 1984: Les bêtes féroces attaquent.


Reconnu par le diptyque Mondo Cane, shockumentaire préfigurant la saga fallacieuse Face à la mortDeath Scènes et consorts, Franco E. Prosperi réalise pour le dernier projet de sa carrière une série B horrifique au tournage sans doute houleux si je me réfère à la véracité des animaux (parfois maltraités ou carrément sacrifiés, parti-pris évidemment impardonnable !) employés durant la majorité du tournage. Le pitchSous les effets d'une drogue déversée dans l'eau d'un zoo, les animaux enragés s'échappent de leur cage pour importuner les citadins de la ville. Un vétérinaire et son adjoint vont tenter de les neutraliser puis de secourir les victimes. A partir d'une idée saugrenue déjà exploitée dans le sympathique Day of Animals (1977), Franco E. Prosperi en extrait un film d'exploitation aussi ludique et débridé que glauque et malsain si bien que ce dernier n'hésite pas à infliger quelques sévices à certains mammifères purement et simplement molestés face caméra (chat martyrisé par une flopée de rats alors que plus tard quelques uns d'entre eux seront brûlés vifs; vache, cheval et cochon sévèrement agressés par des félins au sein du cadre exigu de leur étable). Autant dire que ces séquences abjectes introduites en intermittence du récit provoquent évidemment gêne et malaise dans leur évidente volonté de renchérir le réalisme des situations catastrophes. Pour autant, et en dépit d'un cast inexpressif (mais attachant dans leur sobriété grotesque !) et d'un suspense inexistant, l'intrigue ne s'appuyant que sur les séquences d'agressions animales à rythme métronomique, les Bêtes féroces attaquent compile de folles offensives et poursuites en roue libre à travers un ténébreux cadre urbain.


Car entièrement tourné de nuit au sein d'une bourgade étrangement déserte, le film multiplie les séquences audacieuses aussi impressionnantes qu'inopinément crédibles lorsque les animaux lâchés dans la nature s'en prennent aux quidams avec une rage incontrôlée. A l'instar du jeune couple agressé par des rats dans l'habitacle de leur voiture (ma séquence attitrée instaurée en 1ère partie !), d'une femme écrabouillée par la patte d'un éléphant, d'une automobiliste coursée par un guépard en plein centre urbain (une poursuite surréaliste émaillée de cascades automobiles au montage assez efficient), des passagers d'un métro agressés par un tigre ou encore de l'intrusion d'un ours blanc (bizarrement apathique !) dans un gymnase. Mais la cerise sur la gâteau émanera de son final d'un réalisme autrement horrifique à travers sa thématique de l'enfant diabolique si bien qu'une employée de garde d'enfants y sera sacrifiée de les mains d'un bambin contaminé par l'eau. Cette ultime séquence déviante parvenant par ailleurs à cultiver un climat d'angoisse à la fois trouble et oppressant lorsque le marmot sardonique (pour lui ça n'est qu'un jeu) plantera sa victime d'un violent coup de poignard. Une séquence qui plus est filmée en slow motion afin d'amplifier le malaise de l'acte crapuleux. Ainsi, il faut avouer que l'étonnante figuration constituée de véritables lions, tigres, guépard, ours et éléphants impressionnent sans fard de par leur authentique présence tantôt patibulaire, tantôt furibarde. Quand bien même, et comme de coutume chez nos artisans bisseux assumant leur complaisance typiquement transalpine, Prosperi abuse de maquillages gores très réussis de par leur aspect aussi bien craspec (membres et chairs déchiquetées sous les coups de griffes ou de crocs) que putride (l'état calciné de certains cadavres).


Bisserie gore frappadingue irréalisable de nos jours (notamment faute des innommables snufs animaliers que les italiens osèrent perpétrer sous l'oeil de leur caméra voyeuriste durant les décennies 70 et 80), les Bêtes Féroces demeure toutefois un fascinant délire improbable à travers sa moisson d'agressions animalières fréquemment percutantes ! A réserver à un public averti.

Bruno
30.10.19. 3èx
02.03.17. 412 v

mardi 29 octobre 2019

l'Enterré Vivant

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Premature Burial" de Roger Corman. 1962. U.S.A. 1h21. Avec Ray Milland, Hazel Court, Richard Ney, Heather Angel, Alan Napier, John Dierkes, Dick Miller, Clive Halliday, Brendan Dillon...

Sortie salles France: 2 Octobre 1968. U.S: 7 Mars 1962

FILMOGRAPHIE: Roger Corman est un cinéaste américain, né le 5 avril 1926 à Détroit, Michigan
1955: Day the World Ended. 1956: It's Conquered the World. 1957: Rock all Night. 1957: l'Attaque des Crabes Géants. 1957: Not of this Earth. 1957: Vicking Women. 1957: The Undead. 1958: War of the Satellites. 1958: She-Gods of Shark Reef. 1958: Swamp Women. 1958: Teenage Caveman. 1958: Mitraillette Kelly. 1959: Un Baquet de Sang. 1960: La Petite Boutique des Horreurs. 1960: La Chute de la Maison Usher. 1961: Ski Troop Attack. 1961: La Chambre des Tortures. 1961: Atlas. 1962: The Intruder. 1962: l'Enterré Vivant. 1962: l'Empire de la Terreur. 1962: La Tour de Londres. 1963: Le Corbeau. 1963: La Malédiction d'Arkham. 1963: l'Horrible cas du Dr X. 1963: l'Halluciné. 1964: Le Masque de la Mort Rouge. 1964: l'Invasion Secrète. 1965: Le Tombe de Ligeia. 1965: Not of this Earth. 1966: Les Anges Sauvages. 1967: l'Affaire Al Capone. 1967: The Trip. 1970: Bloody Mama. 1971: Gas-s-s-s. 1971: Le Baron Rouge. 1990: La Résurrection de Frankenstein.


3è adaptation du cycle Edgar Alan Poe, l'Enterré Vivant demeure l'unique film de Roger Corman dénué de la présence du gentleman Vincent Price. Ray Milland s'y substituant avec une sobriété distinguée dans le rôle d'un médecin confiné dans le repli de la solitude eu égard de son appréhension à mourir enterré vivant comme le fut jadis son père souffrant de catalepsie. Accompagné de la douce Hazel Court en épouse prévenante, ils forment un attachant duo de fragilité dans leur combat contre la phobie du trépas que Ray Milland renchérit avec une force d'expression aussi bien contrariée que névrosée. L'enterré Vivant abordant donc les thèmes de la mort, de la douleur (la plus suffocante) et de l'au-delà auprès des sentiments claustros d'une victime parano prisonnière de ses morbides obsessions au point de s'y construire une prison mentale dans son huis-clos domestique.


A cet égard, le film parvient à créer un climat de claustration parfois expressif lorsque Guy Carrell s'imagine enterré vivant dans son cercueil en s'efforçant coûte que coûte d'en sortir par la force de ses poignets. Corman saturant l'image de filtres jaunes ou bleus afin de nous faire douter de cette situation surréaliste émaillée de détails décrépits. Constamment efficace de par son récit à suspense à la fois lattent, étrange et captivant, et visuellement fulgurant comme de coutume chez Roger Corman quant à l'onirisme macabre de sa scénographie gothique, l'Enterré Vivant nous plonge dans un cauchemar cérébral sous l'impulsion d'un récalcitrant cédant peu à peu aux avertissements de son épouse tentant de le ramener à la raison. Or, lors du dernier quart d'heure à rebondissement plutôt habile mais trop vite expédié, on peine tout de même à se convaincre de la véritable culpabilité Spoil ! de cette dernière tant son personnage inscrit dans de nobles valeurs d'altruisme et de fidélité nous provoquait une infaillible empathie Fin du Spoil. Pour autant, et avec une certaine dose d'indulgence, on se laisse séduire par ce cliffhanger aux conséquences délétères, notamment grâce à la présence furtivement punitive de Ray Milland revenu d'entre les morts avec des intentions immorales !


Perfectible quant à l'étonnant retournement de situation de son épilogue un brin capillotracté (notamment faute de la caractérisation trop intègre de l'épouse), l'Enterré Vivant n'en demeure pas moins un excellent spectacle gothique mené avec autorité par des comédiens aristos au charisme séculaire et avec savoir-faire par ce génie de la série B low-cost que symbolise Roger Corman

*Bruno
2èx 
29.10.19
23.07.10. 179 v

lundi 28 octobre 2019

Le Grand Frisson

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"High Anxiety" de Mel Brooks. 1977. U.S.A. 1h34. Avec Mel Brooks, Cloris Leachman, Harvey Korman, Madeline Kahn, Ron Carey, Howard Morris, Dick Van Patten.

Sortie salles France: ?. U.S: 25 Décembre 1977

FILMOGRAPHIE: Mel Brooks (Melvin Kaminsky) est réalisateur, acteur, scénariste, compositeur et producteur américain, né le 28 Juin 1926 à New-York. 1968: Les Producteurs. 1970: Le Mystère des 12 Chaises. 1974: Frankenstein Junior. 1974: Le Shérif est en prison. 1976: La Dernière folie de Mel Brooks. 1977: Le Grand Frisson. 1981: La Folle Histoire du monde. 1987: La Folle Histoire de l'Espace. 1991: Chienne de vie. 1993: Sacré Robin des Bois. 1995: Dracula, mort et heureux de l'être.


Parodie des films à suspense d'Alfred Hitchock (que j'ai eu l'opportunité de découvrir une 1ère fois un mémorable mercredi soir sur Canal +), Le Grand Frisson est un régal visuel et auditif à travers son avalanche de gags ultra décomplexés, tant et si bien que Mel Brooks ne s'embarrasse guère de tabous pour provoquer l'hilarité (la séance SM entre la surveillante chef et le Dr Montague, les manies lubriques du médecin "épagneul", les calembours durant une conférence afin de ne pas offusquer 2 fillettes de l'assemblée, les jouissances orales du tueur pervers lors de ses communications téléphoniques). Ainsi, à travers une intrigue simpliste (embauché dans un centre psychiatrique, un éminent médecin s'aperçoit que les malades ont un faible taux de guérison et que leurs dirigeants semblent exploiter leur pathologie), prétexte à plagier les plus grands classiques d'Hitchcock (mais aussi quelques oeuvres d'autres auteurs aussi notoires), Mel Brooks et son casting fétiche sont à la fête pour décupler des situations ubuesques génialement déjantées.


De par l'extravagante personnalité d'une galerie de personnage folingues jouant les membres respectables d'un centre psychiatrique avec un sérieux sournois, Le Grand Frisson met autant en exergue le talent de ce casting cartoonesque (Cloris Leachman, Harvey Korman en tête en duo conjugal machiavélique) que de son évolution narrative imprévisible émaillée d'incidents et de morts génialement cocasses (notamment à travers le faux semblant d'un crime perpétré en public). Et donc, en s'autorisant les audaces et les excès auprès de quiproquos et péripéties en roue libre (notamment lorsque la caméra joue soudainement "l'acteur" en interférant dans le champs de l'action !), Mel Brooks compile une moisson de sketchs "hommage" avec une inventivité volubile. L'intrigue se soumettant aux observations du Dr Richard H. Thorndyke témoin d'évènements suspicieux au sein de sa nouvelle clinique dirigée de main de fer par la matrone Diesel. Mais atteint du vertigo depuis son enfance, il devra user de persévérance, de bravoure et d'appui sentimental afin de dépasser son affres du vide mais aussi prouver son innocence.


N'ayant pas pris une ride quelques décennies plus tard (42 ans à l'heure d'aujourd'hui), le Grand Frisson fait probablement parti des meilleures comédies de Mel Brooks sous l'impulsion de son casting fétiche prenant plaisir à se disputer l'action avec un sémillant sérieux. A revoir d'urgence pour tous les amateurs de parodies débridées si bien que Mel Brooks a le don de singer une intrigue dramatique pour la dynamiter dans une explosion de fou-rires incontrôlés ! 

*Bruno
4èx

vendredi 25 octobre 2019

La Malédiction d'Arkham

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The Haunted Palace" de Roger Corman. 1963. U.S.A. 1h25. Avec Vincent Price, Debra Paget, Frank Maxwell, Lon Chaney Jr., Leo Gordon, Elisha Cook Jr., John Dierkes.

Sortie salles France: 3 Juin 1970. U.S: 28 Août 1963.

FILMOGRAPHIE: Roger Corman est un cinéaste américain, né le 5 avril 1926 à Détroit, Michigan
1955: Day the World Ended. 1956: It's Conquered the World. 1957: Rock all Night. 1957: l'Attaque des Crabes Géants. 1957: Not of this Earth. 1957: Vicking Women. 1957: The Undead. 1958: War of the Satellites. 1958: She-Gods of Shark Reef. 1958: Swamp Women. 1958: Teenage Caveman. 1958: Mitraillette Kelly. 1959: Un Baquet de Sang. 1960: La Petite Boutique des Horreurs. 1960: La Chute de la Maison Usher. 1961: Ski Troop Attack. 1961: La Chambre des Tortures. 1961: Atlas. 1962: The Intruder. 1962: l'Enterré Vivant. 1962: l'Empire de la Terreur. 1962: La Tour de Londres. 1963: Le Corbeau. 1963: La Malédiction d'Arkham. 1963: l'Horrible cas du Dr X. 1963: l'Halluciné. 1964: Le Masque de la Mort Rouge. 1964: l'Invasion Secrète. 1965: Le Tombe de Ligeia. 1965: Not of this Earth. 1966: Les Anges Sauvages. 1967: l'Affaire Al Capone. 1967: The Trip. 1970: Bloody Mama. 1971: Gas-s-s-s. 1971: Le Baron Rouge. 1990: La Résurrection de Frankenstein.


6è adaptation (/8) de l'écrivain Edgar Allan Poe bien qu'il faut ici préciser que Roger Corman s'inspire plutôt du roman L'Affaire Charles Dexter Ward d'H.P. Lovecraft accouplé au poème Le Palais Hanté d'après Poe, La Malédiction d'Arkham demeure un régal formel en dépit d'une intrigue somme toute simpliste assez prévisible. Car si elle est loin d'égaler ses chefs-d'oeuvre flamboyants Le Masque de la mort rouge et la Tombe de Ligeia, la Malédiction d'Arkham s'avère si constamment fascinant et pénétrant que l'on fait fi de sa modeste ambition à exploiter un schéma horrifique plutôt éculé. Le maître de cérémonie Vincent Price endossant un double rôle 1h30 durant sous l'impulsion de son regard magnétique que l'on chérie tant. A savoir que Charles Dexter Ward accompagné de son épouse Ann viennent d'hériter du château de l'ancêtre Joseph Curwen. Mais rapidement, ce dernier envoûté par le tableau de Joseph accuse un changement d'humeur et de comportement auprès de son épouse davantage contrariée. Mais follement aimante et attentionnée, elle s'efforce malgré tout de rester à ses côtés en dépit de ses diverses tentatives de quitter les lieux. Peu à peu possédé par l'esprit de Joseph parmi la complicité du gardien Simon et d'un valet, Charles se laisse influencer à ressusciter l'ancienne maîtresse de Joseph avant de réveiller le démon de l'ouvrage, le nécronomicon, et ainsi pouvoir créer une nouvelle race d'humains mutants.


Ce joli programme horrifique (à base de bestiaire monstrueux en filigrane) nous relate donc la sinistre vengeance de Joseph brûlé vif par sa population 110 ans plus tôt, et qui profite aujourd'hui de la venue de son descendant Charles Dexter afin de parfaire sa promesse d'y châtier les responsables de sa mort. Sans surprises donc, mais toujours efficace et captivant, la Malédiction d'Arkham transpire l'amour de l'horreur Gothique à l'aide de moyens modestes mais redoutablement payants. Roger Corman sublimant ses décors naturels diaphanes et domestiques à travers une atmosphère d'onirisme sépulcral. Ainsi, sur le plan visuel, le film demeure un ensorcellement de chaque instant, quand bien même les comédiens hyper charismatiques (dont l'éminent Lon Chaney Jr en faire-valoir) se fondent dans le corps de leur sinistre personnage avec une distinction génialement orgueilleuse. Quant à l'unique présence féminine qui les entourent, la sublime Debra Paget observe leurs méfaits avec une appréhension toute ténue tout en s'efforçant d'extirper des griffes du mal son infortuné époux avec une fragilité sensiblement lascive. Ce qui m'incite par l'occasion à avouer que cette modeste actrice d'une beauté gracile ténébreuse s'avère (selon mon jugement de valeur) l'une des plus belles femmes du monde. Tant auprès de son enveloppe filiforme que de la candeur de ses yeux d'amande, nuance azur.


A la fois sensiblement sensuel, ensorcelant et capiteux à travers sa beauté funeste à damner un saint, La Malédiction d'Arkham transcende la série B artisanale parmi l'amour et la passion de son auteur et de ses gentlemens acteurs. Si bien qu'il est à revoir sans se lasser jusqu'à son dernier souffle, comme chaque adaptation de Poe réactualisée par le Houdini de l'épouvante, Roger Corman

*Bruno
3èx

jeudi 24 octobre 2019

Tir Groupé. Prix de la Presse Etrangère.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

de Jean-Claude Missiaen. 1982. France. 1h28. Avec Gérard Lanvin, Véronique Jannot, Jean-Roger Milo, Roland Blanche, Dominique Pinon, Michel Constantin, Mario David.

Sortie salles France: 22 Septembre 1982 (Int - 13 ans lors de sa sortie puis Int - 16 ans de nos jours selon Wikipedia)

FILMOGRAPHIEJean-Claude Missiaen est un critique de cinéma et réalisateur français né en 1946. 1982 : Tir groupé. 1984 : Ronde de nuit. 1985 : La Baston. 1991 : Les Hordes (mini-série). 1992 : Les Renseignements généraux (TV). 1993 : Une image de trop (TV).


Surfant sur le succès du Justicier dans la ville 2 sorti 6 mois au préalable, Jean-Claude Missiaen exploite pour sa toute première réalisation le Vigilante Movie. Récoltant tout de même 1 344 411 spectateurs dans l'hexagone, Tir Groupé mérite son succès commercial en dépit de sa trame éculée somme toute simpliste. Pour ce faire, il tire parti de son efficacité de par son casting aussi charismatique qu'expressif et par sa réalisation inspirée que Jean-Claude Missiaen peaufine à travers l'atmosphère urbaine des années 80 (même si certains clichés prêtent à sourire). Qui plus est renforcé d'une partition jazzy plutôt idoine, il alterne sans outrance flash-back (au nombre de 3) et présent par le biais d'un suspense lattent dénué d'action (en dépit d'un final contrairement explosif et plutôt bien chorégraphié). Autant donc avertir les amateurs de film d'auto-défense en bonne et due forme si bien que l'intérêt de Tir Groupé réside prioritairement dans la caractérisation de ses personnages et dans son émotion dramatique sobrement poignante. Amorçant son intrigue avec l'agression ultra violente de (la douce et tendre) Veronique Jeannot piégée par 3 loustics au coeur d'un train, on reste encore aujourd'hui estomaqué par son degré de réalisme sordide à la limite du supportable.


Tant auprès des hurlements stridents de l'actrice à la posture chétive que les coups portés sur son visage ensanglanté avant un coup de poing fatal. D'ailleurs, à travers ce trio de voyous se complaisant dans une violence aussi lâche que gratuite, on reste impressionné par leur charisme patibulaire que Jean-Roger Milo monopolise auprès de sa figure carrée à la fois impassible et monolithique. Des sales gueules de loubards que renchérissent Dominique Pinon en p'tite crapule influençable et l'excellent Roland Blanche en leader gouailleur chargé de grossière éloquence dans un costard endimanché d'une blancheur fuligineuse. Quant à l'inspecteur notoire chargé de l'houleuse enquête, Michel Constantin s'y fond sobrement épaulé de sa carrure mastard et de sa voix rocailleuse. Mais au-delà de ce défilé d'acteurs à la facture burinée, Tir Groupé gagne en densité et intensité dépouillée de par le jeu viscéral de Gérard Lanvin se taillant malgré lui une carrure de justicier suicidaire avec un naturel en berne. Jean-Claude Missiaen exploitant d'autre part sa force d'expression démunie à travers des séquences intimes bâties sur ses sentiments de révolte et d'injustice, entre une cuisante crise de nerf.


Efficacement mené tout le long d'une intrigue sans surprise pour autant soigneusement contée, Tir Groupé demeure un excellent polar, parfois émouvant, dur et violent à travers l'inévitable réflexion sur l'auto-justice dénuée en l'occurrence de caricature grossièrement fascisante. Gérard Lanvin sombrant fébrilement (voir même avec une certaine hésitation tacite) dans une dérive criminelle lors de l'ultime épilogue (inspiré d'un fait-divers si on en juge l'orateur). 

*Bruno
3èx

mercredi 23 octobre 2019

On achève bien les Chevaux

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"They Shoot Horses, Don't They?" de Sydney Pollack. 1969. U.S.A. 1h59. Avec Jane Fonda, Michael Sarrazin, Susannah York, Gig Young, Red Buttons, Bonnie Bedelia, Michael Conrad, Bruce Dern, Al Lewis.

Sortie salles France: 2 Septembre 1970

FILMOGRAPHIE: Sydney Pollack est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 1er Juillet 1934 à Lafayette, dans l'Indiana (Etats-Unis), mort d'un cancer à Los Angeles le 26 Mai 2008. 1965: The Slender Thread. 1966: Propriété Interdite. 1968: Les Chasseurs de Scalps. 1968: The Swimmer. 1969: Un Château en Enfer. 1969: On Achève bien les chevaux. 1972: Jeremiah Johnson. 1973: Nos plus belles années. 1974: Yakuza. 1975: Les 3 Jours du Condor. 1977: Bobby Deerfield. 1979: Le Cavalier Electrique. 1981: Absence de Malice. 1982: Tootsie. 1985: Out of Africa. 1990: Havana. 1993: La Firme. 1995: Sabrina. 1999: l'Ombre d'un Soupçon. 2005: l'Interprète. 2005: Esquisses de Frank Gehry.


Avant-propos:
"La brutalité est en chaque être humain. Plus un sport est violent, plus il paraît attirant. Notre histoire suit simplement la logique de cette tendance. Plus les gens sont à l'aise, plus leur besoin de violence augmente. D'ici la fin de ce siècle, la société aura donné aux gens le plus de confort possible, mais elle leur aura également ôté toute liberté personnelle. A l'instar de Rome, lorsqu'elle était au sommet de sa gloire tant au niveau politique, économique qu'artistique. C'était à cette période que, dans l'arène, le samedi après-midi, la violence éclatait."
Norman Jewison


Uppercut moral dont on ne sort pas indemne, tant et si bien que la dépression nous gagne au moment du générique de fin tout en étant soulagé qu'un tel fardeau y soit enfin clôt, On achève bien les chevaux est le genre de métrage qu'on ne peut "aimer" avec le coeur et la passion eu égard de son tableau infiniment cruel sur la condition humaine. Car prenant pour thème la société du spectacle le plus trivial et indigne à travers un marathon de danse que des participants tentent de parfaire afin de remporter 1500 dollars durant la grande dépression des années 30, On achève bien les Chevaux nous laisse en état de choc de par son accumulation de séquences éprouvantes à perdre haleine. Sydney Pollack nous martyrisant l'ouïe et la vue à nous mettre en exergue durant 2h l'épreuve de force et la résilience surhumaine de ces danseurs martyrisés par une fatigue aussi bien morale que corporelle. Si bien que certains d'eux finissent par sombrer dans l'aliénation, la démence ou l'hallucination, alors que d'autres se laisseront chavirer par le trépas (tant en guise de rédemption ou d'âge avancé). Antipathique, anxiogène, dérangeant, malsain et surtout extrêmement suffocant à nous confiner dans ce huis-clos insalubre afin d'y reluquer tant les participants que le public voyeuriste féru de misère humaine (afin de mieux supporter la leur !), cette aberration filmique s'avère notamment visionnaire quant à l'émergence de la TV réalité créée à l'orée des années 2000 si je me réfère uniquement au paysage français.


Sydney Pollack décrivant avec une lucidité impitoyable la cupidité des danseurs et du présentateur sans vergogne infiniment complice à exploiter cette misère humaine, telle du bétail, afin de contenter une populace fureteuse de grand-guignol. Quant aux interprètes communément habités par leurs sentiments de désespoir, de dégoût, de pitié et d'épuisement, ils nous transmettent leur affliction comme si nous étions à l'intérieur de leur corps strié au rythme d'une mélodie ironiquement avenante ou enjôleuse. Fort de son intensité dramatique davantage en roue libre, ce concours de danse comparable aux jeux du cirque romain s'avère donc un chemin de croix pour ces désoeuvrés tentant de survivre de la manière la plus basse et soumise. Tant et si bien que sa conclusion encore plus noire et radicale nous laisse sur le bitume de par son pessimisme irrévocable intenté à ceux en qui nous étions les plus proches en dépit de leur posture individualiste, bourrue et schizo. Outre son casting criant de vérité humaine (et de cynisme quant aux inspirateurs de cette immense farce lucrative), on peut surtout saluer le jeu ambivalent de Jane Fonda transie d'acrimonie à travers sa prise de conscience davantage préjudiciable d'avoir osé participer à un spectacle aussi décadent qu'humiliant où tout n'est que simulacre.


Baignant dans un insolent climat de déréliction à travers une vile épreuve d'endurance létale, On achève bien les Chevaux se décline en puissant réquisitoire contre l'aliénation de l'homme capable de se prostituer pour un enjeu cupide afin de subvenir à sa survie. A déconseiller toutefois aux âmes sensibles et aux dépressifs, car la douche glaciale, horrifiante de nihilisme à travers sa déchéance cérébrale et corporelle, n'aura pas fini de vous hanter sitôt le générique clôt. 

*Bruno

Récompenses:
New York Film Critics Circle Awards 1969 : meilleure actrice pour Jane Fonda
Oscars 1970 : meilleur acteur dans un second rôle pour Gig Young
Golden Globes 1970 : meilleur acteur dans un second rôle pour Gig Young
Kansas City Film Critics Circle Awards 1970 : meilleur acteur dans un second rôle pour Gig Young, meilleure actrice pour Jane Fonda
National Board of Review Awards 1970 : meilleur film, prix Top Ten Films
Festival du film de Taormine 1970 : Charybde d'or pour Sydney Pollack
British Academy Film Awards 1971 : meilleure actrice dans un second rôle pour Susannah York
Grand prix de l'Union de la critique de cinéma 1971

mardi 22 octobre 2019

Piranhas. Prix du Jury, Beaune 2019.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"La paranza dei bambini" de Claudio Giovannesi. 2019. Italie. 1h51. Avec Francesco Di Napoli, Ar Tem, Alfredo Turitto, Viviana Aprea, Pasquale Marotta.

Sortie salles France: 5 Juin 2019. Italie: 13 Février 2019

FILMOGRAPHIEClaudio Giovannesi, né à Rome le 20 mars 1978, est un réalisateur, scénariste et musicien italien. 2009 : La casa sulle nuvole (it). 2009 : Fratelli d'Italia. 2012 : Ali a les yeux bleus. 2016 : Fiore. 2019 : La paranza dei bambini.


"Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum"
Traitant avec souci documenté de la délinquance juvénile au sein d'un quartier chaud de Naples, Piranhas demeure une forme d'uppercut moral de par son inéluctable puissance dramatique dénuée de fioriture. Car sa conclusion irrésolue à beau nous laisser en suspens, on devine naturellement l'issue tragique de Nicola et de ses acolytes substitués en justiciers en culotte courte pour des enjeux  d'honneur et de terrain urbain. Remarquablement incarné par des acteurs non professionnels et souvent filmé caméra à l'épaule afin de mieux nous immerger dans leur psyché décervelée, Piranhas prend son temps à nous caractériser cette poignée d'ados rebelles avides de gloire et de richesse en prenant exemple sur les caïds plus âgés de leur bourgade. Des mafieux sans vergogne rackettant les commerçants (dont la maman de Nicola) et dealant leur drogue en toute impunité parmi le témoignage d'une populace soumise. Tout du moins jusqu'à ce que le jeune Nicola, inspiré par l'illustre passé d'un noble mafieux (qui parvint à diminuer le chômage de son quartier), décide de s'approprier les armes et rameuter son équipe afin d'intimider ses rivaux pour l'enjeu du pouvoir et de l'autorité.


Leurs intentions radicales, davantage alertes et délétères, étant traitées du point de vue introspectif de Nicola que Francesco Di Napoli endosse avec une force de regard aussi bien déterminé que candide. Notamment eu égard des sentiments qu'il éprouve pour la jolie Letizia résidant dans le quartier antagoniste, tant et si bien qu'à eux 2 ils forment les nouveaux Romeo et Juliette avec un semblant de désespoir subconscient. Ainsi, de par leurs exactions irréfléchies et leurs fréquentes maladresses à se prétendre plus combatifs que leur rivaux, Piranhas inspire inévitablement de l'empathie pour ces ados criminels férus d'ivresse et de fureur de vivre à travers une prospérité de courte durée. Poignant, dur et davantage émouvant quant à l'amertume de Nicola plongé dans un houleux dilemme, Piranhas nous livre un constat terrifiant d'une délinquance mineure dénuée de réflexion et de remise en question dans leur soif absolue d'une célébrité expéditive. Le réalisateur prenant soin, non sans une certaine forme de poésie mélancolique, à radiographier ses regards d'ados en perte d'innocence plongés dans une chimère terriblement répréhensible.


Génération Perdue
Cri d'alarme contre une adolescence désoeuvrée ayant comme seuls repères leurs jeux videos, les fast foods, les selfies, les écrans plats géants et les boites de nuit sevrées par l'alcool et la drogue, Piranhas ne nous laisse pas indemne face à leur appétence criminelle dénuée d'éthique. Car nihiliste, désenchanté et dénué d'espoir, l'ascension de Nicola et de ses comparses nous laisse un goût âcre dans la bouche en faisant écho à la banalité quotidienne de nos quartiers les plus défavorisés où seule la loi du plus impérieux compte afin d'asseoir sa réputation. Et ce quelque soit l'issue tragique encourue, aussi furtive soit sa destinée galvaudée. Car on a beau anticiper le déclin de ces baby-gangsters, Claudio Giovannesi y imprime honorablement sa personnalité à travers sa pudeur et sa tendresse pour ces rejetons orphelins, de manière à ne pas sombrer dans une redite racoleuse.

*Bruno

Récompenses: Berlinale 2019: Ours d'argent du meilleur scénario pour Maurizio Braucci, Claudio Giovannesi et Roberto Saviano.
Festival international du film policier de Beaune 2019 : Prix du Jury.

lundi 21 octobre 2019

Frankenstein, la véritable histoire

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de Jack Smight. 1973. U.S.A/Angleterre. 3h05. Avec James Mason, Leonard Whiting, David McCallum, Jane Seymour, Nicola Pagett, Michael Sarrazin, Michael Wilding.

Diffusé uniquement à la TV en France sur FR3 en 1976. U.S: 30 Novembre 1973

FILMOGRAPHIEJack Smight est un réalisateur américain, né le 9 mars 1925 à Minneapolis, dans le Minnesota, mort d'un cancer le 1er septembre 2003 à Los Angeles, en Californie (États-Unis). 1959 : Les Dix Commandements (TV). 1960 : Destiny, West! (TV). 1961 : The Enchanted Nutcracker (TV). 1964 : I'd Rather Be Rich. 1965 : Le Témoin du troisième jour. 1966 : Détective privé. 1966 : Kaleidoscope. 1968 : Évasion sur commande. 1968 : No Way to Treat a Lady. 1969 : Strategy of Terror. 1969 : L'Homme tatoué. 1970 : Rabbit, Run. 1970 : Le Bourreau. 1971 : Columbo : Poids mort (série TV). 1972 : L'Enterrée vive (TV). 1972 : Banacek (TV). 1972 : The Longest Night (en) (TV). 1973 : Partners in Crime (TV). 1973 : Double Indemnity (TV). 1973 : Linda (TV). 1973 : Frankenstein: The True Story (TV). 1974 : The Man from Independence. 1974 : 747 en péril. 1976 : La Bataille de Midway. 1977 : Les Survivants de la fin du monde. 1978 : Roll of Thunder, Hear My Cry (TV). 1979 : Fast Break. 1980 : L'Amour à quatre mains. 1982 : Remembrance of Love (TV). 1987 : Number One with a Bullet. 1989 : The Favorite.


Si la génération 80 s'en remémore avec nostalgie lors de sa diffusion sur FR3 en 1976, Frankenstein la véritable histoire traverse bien le temps si bien qu'il s'agit d'une excellente adaptation fleuve du roman de Mary Shelley. Car réunissant un casting irréprochable (James Mason en médecin condescendant, Leonard Whiting, David McCallum, Jane Seymour, Nicola Pagett, Michael Sarrazin et enfin Ralph Richardson dans de courtes apparitions) autour d'une intrigue plus réaliste que les oeuvres de la Universal et de la Hammer, ce télé-film de 3 heures capte l'attention de par les enjeux humains que se disputent les praticiens à la fois orgueilleux, lâches et sans scrupule tentant de donner chair à leurs créations. Des cobayes conçus (selon les dires de Victor) pour prodiguer intelligence, altruisme et sagesse quant à l'avenir de notre race qu'incarnent brillamment Michael Sarrazin en noble créature davantage esseulée et Jane Seymour en "fiancée" égoïste victime de sa fastueuse apparence. Une beauté divine de porcelaine pour autant incarnation de la chipie gouailleuse quant ses rapports conflictuels qu'elle provoque auprès de la fiancée de Victor. Sombre histoire de vengeance auprès du monstre victime de sa condition estropiée (son physique se dégradant au fil des semaines), et lâchement discrédité par son créateur, Frankenstein, la véritable histoire génère de la densité humaine lorsque celui-ci témoin de sa déchéance physique assiste impuissant au pouvoir de fascination que la créature féminine insuffle auprès de son entourage.


Réflexion sur l'apparence donc au grand dam des sentiments, de la dignité et de l'intellect, Frankenstein, la véritable histoire redore sobrement le mythe en optant pour une démarche personnelle anti codifiée. Notamment si on y prête une fameuse analogie à l'homosexualité du duo Victor / Le Monstre lors de leur relation amicale naissante. Ce que la première partie sous entend avec une juste mesure dans le partage de leurs sentiments fougueux. Plus noir et dramatique lors sa seconde partie, on s'étonne par ailleurs de la tournure cruelle des évènements, notamment auprès de son incroyable scène choc érigée en plein coeur d'un bal. Une scène de décapitation réalisée hors-champs mais franchement dérangeante de par son effet (couillu) de surprise et par la posture tranchée du monstre délibérée à détruire une vie humaine en guise de vendetta. Et sur ce point, Michael Sarrazin s'en sort avec les honneurs de nous esquisser à l'aide d'une force d'expression affectée un monstre solitaire anéanti par l'injustice et le refus de l'indulgence dans sa triste condition de prototype défectueux. Quant aux nombreux décors gothiques ou naturels, ils s'avèrent d'autant plus probants auprès d'une reconstitution étonnamment soignée pour un télé-film, qui plus est épaulée de moyens techniques assez conséquents, notamment eu égard de l'impressionnante tempête nocturne à bord du bateau ou encore du final réfrigérant instauré autour de montagnes glacières.


Une excellente déclinaison du mythe qui nous reste en mémoire, principalement grâce aux jeux étonnamment convaincants de Michael Sarrazin et de Jane Seymour en monstres sans fard. 

*Bruno
2èx

vendredi 18 octobre 2019

Contre toute attente

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Against All Odds" de Taylor Hackford. 1984. U.S.A. 2h02. Avec Jeff Bridges, Rachel Ward, James Woods, Richard Widmark, Saul Rubinek, Alex Karras, Swoosie Kurtz.

Sortie salles France: 30 Mai 1984. U.S: 2 Mars 1984.

FILMOGRAPHIETaylor Hackford est un réalisateur et producteur américain né le 31 décembre 1944. 1980 : Le Temps du rock'n'roll. 1983 : Officier et gentleman. 1984 : Contre toute attente. 1986 : Soleil de nuit. 1988 : Hail! Hail! Rock 'n' Roll (documentaire musical). 1988 : Everybody's All-American. 1993 : Les Princes de la ville. 1995 : Dolores Claiborne. 1998 : L'Associé du diable. 2001 : L'Échange. 2005 : Ray. 2010 : Love Ranch. 2013 : Parker. 2016 : The Comedian.


Polar oublié des années 80 réalisé par l'habile artisan Taylor Hackford (Officier et Gentleman, Soleil de Nuit, les Princes de la Ville, Dolores Claiborne, l'Associé du diable), Contre toute Attente ne mérite pas l'indifférence qu'il se récolte finalement aujourd'hui. Car si je peux évidemment concevoir qu'il n'arrive jamais à la cheville de son illustre modèle la Griffe du Passé de Jacques Tourneur (que je n'ai jamais vu - honte à moi -), Contre toute attente conjugue policier et romance avec une efficacité en roue libre. De par le savoir-faire de sa mise en scène sublimant en 1ère partie une idylle romantique auprès du duo incandescent Jeff Bridges, Rachel Ward (l'une des plus belles femmes du monde, excusez du peu !) et de sa structure en suspens déployant en second acte des rebondissements criminels en pagaille plutôt convaincants si on fait fi d'une confrontation finale un peu trop convenue à travers les règlements de compte entre rivaux véreux cabotinant sous l'impulsion d'un tempo musical surchargé. Fort d'une vénéneuse intrigue que se chamaillent les alliés pour l'enjeu de l'amour, chaque personnages mis en valeur s'avère plus ou moins impliqués dans des paris truqués de match de foot sous l'égide de l'homme d'affaire Ben Caxton (Richard Widmark assez antipathique en septuagénaire vaniteux).


Ainsi, le joueur Terry Brogan (Jeff Bridges) est chargé par son ami Jake (James Wood) de retrouver la trace de Jessie, sa jeune compagne en fuite après lui avoir dérobé 50 000 dollars. Mais c'est au Mexique que Terry parvient à retrouver celle-ci, si bien qu'ensemble ils finissent par tomber amoureux en se prélassant à proximité d'une plage paradisiaque (que Taylor Hackford magnifie à travers sa scénographie touristique du Mexique). Mais leur relation finit par se ternir avec l'arrivée d'un des acolytes de Jake chargé de ramener Jessie au bercail.
Porté à bout de bras par la force déterminée de Jeff Bridges en anti-héros au grand coeur impliqué dans une corruption sportive, quand bien même Rachel Ward succombe à ses charmes avec une sensualité charnelle capiteuse, Contre toute attente doit beaucoup à la prestance de son casting aux p'tits oignons, comme le soulignent conjointement James Woods, détestable d'hypocrisie en maître chanteur criminel et Richard Widmark en leader richissime quasi intouchable. Ainsi donc, grâce à leur présence charismatique chargée d'intensité dans leur inimitié vénale, Contre toute attente cultive un rythme toujours soutenu et davantage nerveux, même si on lui préférera peut-être sa première partie plus attachante, dense et ensorcelante, notamment auprès de la puissance de ces images tantôt oniriques que le couple Bridges / Ward irradie à travers leur ardent désir lubrique.


Perfectible certes, principalement auprès de la remise en cause d'une confrontation machiste peinant à convaincre dans leur maigre tentative d'y négocier une issue favorable, quand bien même son épilogue à la fois amer, un brin ironique, ne manque pas d'audace quant au sort équivoque des amants infortunés, Contre toute attente demeure un excellent divertissement. Rondement mené, formellement exotique et sensuellement enivrant sous l'impulsion de têtes d'affiche proéminentes. Qui plus est scandé lors du générique final du slow de Phil Collins imprimé dans toutes les mémoires, si bien que celui-ci remporte un an plus tard le Grammy Award du meilleur chanteur pop ! A revoir avec un vif intérêt, de préférence en couple en étreinte, une coupe de champagne à la main.  

*Bruno

jeudi 17 octobre 2019

L'Homme Invisible

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Whale. 1933. U.S.A. 1h12. Avec Claude Rains, Gloria Stuart, William Harrigan, Henry Travers, Una O'Connor, Forrester Harvey

Sortie salle U.S: 13 Novembre 1933

FILMOGRAPHIE: James Whale est un réalisateur américain, né le 22 Juillet 1889 à Dudley en Angleterre, décédé le 29 Mai 1957 à Hollywood, Los Angeles. 1930 : La Fin du voyage (Journey's End). 1930 : Les Anges de l'enfer. 1931 : Waterloo Bridge. 1931 : Frankenstein. 1932 : Impatient Maiden. 1932 : Une soirée étrange. 1933 : The Kiss Before the Mirror. 1933 : The Invisible Man. 1933 : By Candlelight. 1934 : One More River. 1935 : La Fiancée de Frankenstein. 1935 : Remember Last Night. 1936 : Show Boat. 1937 : The Road Back. 1937 : Le Grand Garrick. 1938 : Port of Seven Seas. 1938 : Sinners in Paradise. 1938 : Wives Under Suspicion. 1939 : L'Homme au masque de fer. 1940 : L'Enfer vert. 1941 : They Dare Not Love. 1942 : Personnel Placement in the Army. 1950 : Hello Out There.


“Voir un visage revient à dire en silence son énigme invisible.”
Classique imputrescible de la Universal Monsters sous la houlette de James Whale (Frankenstein, La Fiancée de Frankenstein), l'Homme Invisible doit son pouvoir de fascination grâce à la solidité de sa mise en scène (notamment à travers certains plans iconiques), à l'originalité de son récit vrillé, à ces l'innovation de ces trucages et surtout à la prestance inoubliable de Claude Rains couronné de notoriété à la suite du succès populaire du film. Ce dernier parvenant sans outrance à provoquer émoi, inquiétude et appréhension de par l'intensité de sa voix aiguë, à la fois irascible et forcenée, à défaut de mettre en exergue les diverses expressions de sa physionomie eu égard de sa condition corporelle imperceptible. Ainsi, à travers une trame dramatique non exempte de traits d'humour (notamment auprès des seconds rôles témoins malgré eux des exhibitions héroïques de l'étranger), l'Homme Invisible retrace la dérive criminelle d'un savant fou habité par la folie de par son désir outré de puissance et de gloire.


Car vivant autrefois dans l'ombre en simple chimiste dénué d'ambition, celui-ci aura décidé de prendre sa revanche sur la société après avoir créé un sérum capable de lui parfaire une nouvelle identité contestataire. Tant et si bien qu'au cours de son évolution immorale, il y engendre des sentiments dictatoriaux. Ainsi, davantage corrompu par son orgueil et sa vanité de pouvoir imposer sa loi et sa hiérarchie en toute impunité; l'homme invisible finit par céder à ses bas instincts pervers en s'autorisant les libertés les plus répréhensibles. Chasse à l'homme haletante exécutée avec une certaine perspicacité si je me réfère aux idées retorses des villageois et de la police, communément solidaires afin d'alpaguer le fugitif, l'Homme Invisible dégage un climat d'insécurité davantage vénéneux lorsque celui-ci se raille de ces rivaux avec une attitude borderline (pour ne pas dire psychotique).


"Un acteur doit être invisible"
Réflexion sur l'aliénation du pouvoir et les dérives de la science moderne, l'Homme Invisible perdure son pouvoir de fascination sous l'impulsion d'un fantasme débridé redoutablement efficace, si bien que Claude Rains l'immortalise à travers sa fulgurance orale. Une performance d'acteur donc entrée dans la légende du Fantastique moderne...

*Bruno
4èx

mercredi 16 octobre 2019

Audrey Rose


de Robert Wise. 1977. U.S.A. 1h53. Avec Marsha Mason, Anthony Hopkins, John Beck, Susan Swift, Norman Lloyd, John Hillerman, Robert Walden, Philip Sterling, Ivy Jones, Stephen Pearlman, Aly Wassil.

Sortie en salles en France: Novembre 1977. US: 6 Avril 1977

FILMOGRAPHIE: Robert Wise est un réalisateur, scénariste, producteur, monteur né le 10 Septembre 1914, décédé le 14 Septembre 2005 à Winchester (Indiana). 1944: La Malédiction des Hommes Chats, 1945: Le Récupérateur de cadavres, 1948: Ciel Rouge. Né pour Tuer. 1949: Nous avons gagné ce soir. 1952: La Ville Captive. 1952: Le Jour où la terre s'arrêta. 1954: Les Rats du Désert. 1957: Marqué par la Haine. 1958: l'Odyssée du sous-marin Nerka. 1962: West Side Story. 1964: La Maison du Diable. 1966: La Mélodie du Bonheur. 1967: La Canonnière du Yang-Tsé. 1972: Le Mystère Andromède. 1975: L'Odyssée du Hindenburg. 1977: Audrey Rose. 1980: Star Trek. 1989: Les Toits. 2000: Une Tempête en été (télé-film)

Avertissement ! Mon article dévoilant les évènements clefs de l'intrigue, il est donc préférable d'avoir vu le film avant d'y amorcer la lecture. 


"Pour l'âme, il n'y a ni naissance ni mort. L'âme ne connait pas la mort. Elle est éternelle, intemporelle, immortelle et primitive..." LA BHAGAVAD-GITA

En 1977, Robert Wise renoue avec le cinéma d'épouvante en s'inspirant du roman de Frank De Felitta The Case for Reincarnation. Si bien que des aveux de l'écrivain, l'idée spirituelle de la réincarnation lui est inspirée par l'expérience de son propre fils âgé de 6 ans, qui, un jour, interpréta un air de ragtime au piano alors qu'il n'eut jamais appris de cours de musique. Le pitchUn couple et leur fille Ivy sont importunés par un individu épiant faits et geste de leur rejeton. Persuadé qu'il s'agit de la réincarnation de sa fille Audrey Rose, morte brûlée vive à l'âge de 5 ans dans un accident de voiture, l'individu s'efforce de convaincre les parents qu'Ivy est en danger. Occulté depuis sa sortie en 1977 et comparé à l'époque comme un nouvel ersatz de "l'enfant diabolique" (en rapport aux précédents succès de l'Exorciste et de la Malédiction), Audrey Rose demeure un vrai drame psychologique, poignant et bouleversant, sous couvert du fantastique mystique. Ainsi, à travers la densité d'un scénario aussi passionnant, potentiellement inspiré de faits réels, cette oeuvre ausis fragile qu'inquiétante doit beaucoup à la sobriété de ces quatre interprètes remarquable à travers leur force d'expression aussi désarmée que révoltée. Marsha Mason, littéralement bouleversante d'empathie maternelle, Anthony Hopkins, d'une persuasion magnétique en paternel chaperon, John Beck,  irascible de paternité orgueilleuse à travers son esprit cartésien, et enfin la petite Susan Swift (son tout 1er rôle à l'écran !), surprenante de naturel versatile ! Tant auprès de sa physionomie hagarde aussi bien innocente que tourmentée que de sa lente prise de conscience hantée d'interrogation identitaire. Et donc, en évoquant le thème métaphysique de la croyance orientale en la réincarnation, Robert Wise nous fait partager le trouble quotidien de parents désarmés face aux élucubrations d'un quidam convaincu que leur propre fille s'avère la réincarnation de sa défunte Audrey Rose. Car antécédemment morte dans un accident de voiture parmi la présence de sa mère, la jeune fille succomba à l'âge de 5 ans asphyxiée et brûlée vive dans l'habitacle. Du côté de la quotidienneté  parentale d'Ivy, celle-ci est en proie dès son plus jeune âge à de violentes crises de somnambulisme lors de certaines nuit agitées. En intermittence, elle est prise de convulsions suite aux cauchemars incontrôlables lui invoquant un brasier ! Les parents d'abord réticents et dubitatifs des déclarations occultes de Mr Hoover refusent à croire que leur propre fille est une âme contrariée, anciennement matérialisée par la personnalité immolée d'Audrey Rose.


La première partie, privilégiant l'étude psychologique de l'incrédulité des parents ira en crescendo sous l'autorité sereine de Mr Hoover afin de tenter de nous convaincre que la métempsychose n'est nullement une religion infondée. En l'occurrence, cette doctrine privilégiant la renaissance de l'âme dans un nouveau corps est pratiquée et approuvée par 700 millions d'hindouistes auquel Mr Hoover s'y laissa convertir après des années d'anthropologie. Cette quête religieuse cathartique souhaitant nous interroger sur notre rapport intrinsèque au sens de notre vie à travers le profil fustigé d'Ivy, victime malgré elle d'une âme traumatisée par une mort aussi cruelle qu'inéquitable. Ainsi, les séquences chocs de marasme violemment perpétrés par la fillette impressionnent autant qu'elles émeuvent le spectateur face au témoignage lamenté des parents couramment démunis. Des géniteurs désorientés, car férus de tourments, se refusant ainsi à croire que leur fille fut une autre identité lors d'une époque antérieure. Spoil ! La seconde partie nous dépeint ensuite avec concision le procès consulaire assigné à Mr hoover, puisque accusé de rapt après s'être interposé auprès du père atrabilaire. Si bien qu'il décida en désespoir de cause de ravir la jeune Ivy à nouveau victime d'une crise d'hystérie. Ce procès de tribunal tentant d'amener la preuve devant témoins (et show TV avide de sensationnalisme !) que la réincarnation demeure l'unique preuve de l'état pathologique d'Ivy. Quand bien même la mère dubitative se laissera peu à peu convaincre des certitudes fondées par Hoover sur cet enseignement d'une vie éternelle via l'âme inaltérable. La dernière partie, douloureuse et éprouvante, nous abreuve d'une séance d'hypnose décrétée par une confrérie de psychiatres en compromis avec les parents désemparés. Une salle tamisée à l'ambiance anxiogène nous est ainsi froidement reconstituée tandis qu'un médecin tentera d'exorciser (si j'ose dire non sans ironie !) la personnalité d'Ivy face au témoignage des spectateurs interloqués. Fin du Spoil.
                                        

Solidement mis en scène dans son refus du racolage face aux quelques séquences chocs émotionnelles, Audrey Rose se décline en passionnante investigation métaphysique (instaurant donc une VRAIE réflexion sur la croyance en la réincarnation) sous couvert d'argument horrifique. Scandé de la prestance austère de protagonistes en interrogation existentielle, l'oeuvre sensible et douloureuse de Robert Wise honore brillamment le genre en tentant de nous interroger sur notre destinée éventuellement (im)mortelle. Quand bien même son épilogue bouleversant essaiera de nous réconforter sur le bien-fondé de cette croyance après une issue aussi tragique que salvatrice. A redécouvrir d'urgence. 

* Bruno
16.10.19. 5èx
15.11.11. 430 v

La Bhagavad Gita:
Livre de chevet du Mahatma Gandhi, la Gita pourrait se définir simplement comme un traité de philosophie humaniste. La Gita se compose également de 18 chapitres. La lecture de chaque chapitre est censée apporter des « mérites » à son lecteur. Ignorer la faim et la soif, réaliser ses rêves, connaître ses vies passées, guérir de maladies incurables, se débarrasser de ses dettes ou de ses ennemis… Tels sont les bénéfices qu’apporte sa lecture, selon les croyances populaires.
C’est à l’aube de la bataille finale qui oppose les Kauravas et les Pandavas, que Krishna est amené à prononcer ce célèbre discours afin d’encourager Arjuna à se battre et à vaincre le Mal… Arjuna est alors prêt à renoncer à sa couronne afin d’épargner ses amis et ses maîtres qui composent les rangs ennemis. Krishna lui rappelle ses devoirs en qualité de guerrier, définit alors la « voie de l’action » (karma-yoga) et lui révèle enfin sa véritable nature…

L'Hindouisme:
Plus qu’une religion, plus qu’une philosophie, l’Hindouisme apparaît comme un véritable mode de vie, rythmant le quotidien de plus de 80% de la population indienne.
L’inde compte ainsi plus de 330 millions de Dieux et Déesses ! En fait, tous les villages, toutes les catégories sociales et professionnelles, toutes les familles et enfin tous les individus sont libres de se choisir, voir de se créer leurs propres divinités. Ce n’est donc pas toujours facile de s’y retrouver…
Les origines de l’Hindouisme se trouvent dans des formes d’animisme, de fétichisme et de mysticisme ancestraux. Les premiers dieux vénérés en Inde, les Dieux Védiques, étaient le plus souvent représentés sous forme d’animaux et dédiés aux éléments et aux manifestations naturelles. Ce sont les récits épiques (Ramayana et Mahabharata) qui donnèrent aux dieux une dimension plus humaine, tant dans leurs représentations que dans leurs interventions. Enfin, les récits puraniques, tentent de répertorier les différents dieux en regroupant les mythes et légendes qui retracent la vie de chacun d’eux. En « humanisant » leurs Dieux, les Hindous souhaitaient se rapprocher d’eux et amoindrir l’influence parfois exagérée des Brahmanes.
Avec plus de 700 millions d’adeptes, l’hindouisme est l’une des principales religions du monde. Elle est également à l’origine de nombreuses autres croyances (jaïnisme, bouddhisme, zoroastrisme, sikhisme…), et est elle-même fortement imprégnée de ces autres religions. L’Hindouisme a su évoluer suivant les changements de la société du Sous-continent, s’adaptant localement, s’enrichissant et se diversifiant culturellement. Il en découle une multitude de cultes, de doctrines et de coutumes…
Les fêtes en l'honneur des divinités se succèdent tout au long de l'année aux quatre coins du pays et rythment la vie de tous les hindous.
Et il n'est pas rare d'avoir vu se développer des coutumes locales particulières qui donnent à ses festivités des ampleurs considérables et les pèlerins se rassemblent parfois par millions en certains lieux sacrés.
Celui ou celle qui respecte le dharma et l'ordre cosmique sera délivré des souffrances humaines en échappant au Samsara, le cycle des renaissances.
En règle générale, on peut quand même dire que les Hindous sont ceux « qui suivent la voie (dharma) déterminée par les castes (varna) et les quatre âges de la vie (ashrama) ».