vendredi 29 novembre 2019

Dr Rictus / Dr Giggles

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Manny Coto. 1992. U.S.A. 1h35. Avec Larry Drake, Holly Marie Combs, Cliff De Young, Glenn Quinn, Keith Diamond, Richard Bradford.

Sortie salles France: 27 Janvier 1993. U.S: 23 Octobre 1992.

FILMOGRAPHIE: Manny Coto est un producteur, réalisateur et scénariste américain. 1989 : Jack in the Box. 1989 : Monsters (1 épisode). 1990 : Schizo. 1991 : Envoyé Spécial. 1991 : Les Contes de la crypte (1 épisode). 1992 : Dr. Rictus. 1997 : Star Kid. 2000 : Mon clone et moi. 2001 : Zenon: The Zequel.


Série B d'exploitation surfant sur la mode déclinante du Psycho-killer à l'orée des années 90 (et ce avant que Scream n'y reprenne à nouveau le filon 4 ans plus tard), Dr Rictus repartit avec les honneurs du Prix Spécial du Jury au Festival d'Avoriaz. Rien que ça ! Même si on peut émettre des réserves sur cette récompense aussi reconnue. Car si le schéma narratif archi convenu n'augure rien de substantiel, le réalisateur Manny Coto compte sur l'inventivité des scènes chocs parfois adroitement cadrées (FX artisanaux en sus en dépit de son générique liminaire artificiel !), son ambiance gentiment cauchemardesque et surtout sur la présence sardonique de Larry Drake (révélé dans Darkman) pour emporter l'adhésion. L'acteur au visage poupard comptant sur l'expressivité enjouée de ses yeux bleus et son ricanement à la fois concis et aigu pour incarner un praticien revanchard n'ayant plus la lumière dans le crane à la suite du décès de son père éploré.


Ainsi, nanti de situations débridées parfois hallucinées (l'accouchement incongru, il fallait oser !), Dr Rictus amuse et innove sous l'impulsion d'une action gore aussi jouissive que décomplexée. Et ce par le biais d'ustensiles chirurgicaux que le demeuré perpétue avec une diabolique perversité d'y varier les instruments pour chaque victime promue. Dès lors, nos ados crétins ont beau être inexpressifs (comme de coutume) dans leur fonction de chair à pâté, on s'impatiente finalement de leur inévitable sort avec un art consommé du sadisme badin. Quand bien même la jeune Holly Marie Combs (la série Charmed), ne manque pas de charme dans son petit corps sexy en dépit de son jeu largement perfectible d'ado souffreteuse peinant à combattre son assaillant auprès de ses expressions timorées. Pour autant, et en dépit de ses maladresses gestuelles et labiales, on s'attache gentiment à ce personnage féminin pourchassée sans relâche par le tueur obsessionnel alors que son père, son entourage amical et sentimental seront également la cible d'un chassé croisé meurtrier. 


Y'a t-il un médecin dans la salle ?
Dénué de prétention auprès de sa complicité friponne avec le spectateur (savoureux clin d'oeil lors de l'affrontement final !), Dr Rictus n'a d'autre but que de divertir comme toute bonne série B du Samedi soir que l'on privilégie de préférence entre amis. Fréquemment fun, folingue et percutant auprès de la fantaisie de ses séquences chocs quelque peu révulsives (et saugrenues !), il maintient l'attention grâce à cette ambiance sardonique (notamment dans le cadre étrangement ludique de cette fête foraine) que Larry Drake impulse par sa bedonnante présence espièglement hystérique. 

*Bruno
30.07.22. 4èx

RécompensePrix Spécial du jury, Avoriaz 93.

jeudi 28 novembre 2019

Panics

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Bad Dreams" de Andrew Fleming. 1988. U.S.A. 1h24. Avec Jennifer Rubin, Bruce Abbott, Richard Lynch

Sortie salles France: 6 Juillet 1988

FILMOGRAPHIE: Andrew Fleming est un réalisateur et scénariste américain né (selon certaines sources le 14 mars 1963) le 30 décembre 1965. 1988 : Bad Dreams. 1994 : Deux garçons, une fille, trois possibilités. 1996 : Dangereuse Alliance. 1999 : Dick : Les Coulisses de la présidence. 2000 : Grosse Pointe (série TV). 2002 : Paranormal Girl (TV). 2003 : Espion mais pas trop ! 2005 : Head Cases (série TV). 2007 : Nancy Drew. 2008 : Hamlet 2


Que voici un excellent B movie horrifique, symptomatique de la sacro-sainte époque des video-clubs que la génération 80 pu louer de préférence le samedi soir entre amis (éméchés, c'est selon). Tant et si bien que pour une première réalisation, Andrew Fleming se sort honorablement de la routine pour nous concocter un pur divertissement bâti sur l'efficacité d'une moisson de scènes chocs particulièrement percutantes et sanglantes. Et à ce niveau, Panics ne déçoit nullement, tant auprès de  du soin de ses maquillages gorasses au montage acéré que de son rythme échevelé saturé d'une ambiance malsaine délicieusement inquiétante. Pour ce faire, on peut notamment compter sur l'incroyable présence du Richard Lynch (et son fameux visage "rapace" !) afin de distiller un climat anxiogène semé de visions d'effroi. De par l'appréhension de son visage carbonisé puisque revenu d'entre les morts afin de persécuter l'unique survivante de sa secte, Cynthia.


Tout du moins c'est ce que tente de nous faire gober le réalisateur durant la majorité de l'intrigue si bien que cette dernière, tout juste réveillée d'un coma de 13 ans, tente de se remémorer son traumatisme ayant causé le suicide collectif de ses fidèles dans une demeure isolée. Ainsi, internée dans un centre médico-psychologique, elle est sujette à de terribles hallucinations en la présence aussi bien hostile que provocatrice de son gourou spectral, quand bien même les jeunes patients de son groupe thérapeutique périssent mystérieusement un par un au gré du suicide individuel. Influencé par la saga en vogue de Freddy Krueger, Andrew Fleming joue également avec la part de rêve et de réalité de ces ados tourmentés lorsqu'un nouveau croquemitaine tente d'influencer ses derniers à céder au suicide en guise de rédemption spirituelle. Et bien que son dénouement un brin capillotracté puisse prêter à sourire Spoil ! (le savant fou et sa théorie fumante !) fin du Spoil, on reste pour autant clément face à l'originalité de son concept saugrenu Spoiler ! fustigeant en filigrane la dangerosité des anti-dépresseurs les plus préjudiciables et addictifs auprès du patient névralgique fin du Spoil.


Soutenu de l'attachante interprétation de Jennifer Rubin (déjà entrevue dans Freddy 3, les Griffes du Cauchemar tourné un an plus tôt) portant le film sur ses lascives épaules avec un désarroi névrotique, Panics s'avère pétri de bonnes intentions pour embarquer le spectateur dans un perturbant train fantôme que Richard Lynch régente auprès d'un charisme magnétique subtilement insidieux. A revoir absolument en dépit de ces maigres invraisemblances (à l'instar de l'hallucinante douche de sang et de son épilogue révélateur !) heureusement palliées de sobre dérision (notamment auprès des grotesques suspicions du flic entêté) et d'un savoir-faire technique souvent payant. 

*Bruno
4èx

mardi 26 novembre 2019

Joker. Lion d'Or, Venise 2019

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Todd Philips. 2019. U.S.A. 2h02. Avec Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Zazie Beetz, Frances Conroy, Shea Whigham, Bill Camp.

Sortie salles France: 9 Octobre 2019 (Int - 12 ans avec Avertissement). U.S: 4 Octobre 2019

FILMOGRAPHIE: Todd Phillips est un réalisateur américain né le 20 décembre 1970 à Brooklyn (New York). 2000 : Road Trip. 2003 : Retour à la fac. 2004 : Starsky et Hutch. 2006 : L'École des dragueurs. 2009 : Very Bad Trip. 2010 : Date Limite. 2011 : Very Bad Trip 2. 2013 : Very Bad Trip 3. 2016 : War Dogs. 2019 : Joker.


Lorsque l'injustice sociale mène à la folie meurtrière. 
Auréolé du Lion d'Or à Venise, d'une presse dithyrambique et d'un succès commercial inespéré (eu égard de sa sinistrose sociétale d'une noirceur plombante), Joker restera l'un des évènements clef de 2019 sous l'impulsion d'un jeu d'acteur transi d'émoi. Celui du caméléon Joaquin Phoenix transperçant l'écran à chaque seconde de par sa posture borderline compromise au mal être existentiel qu'ils nous communique avec une intensité aussi bien poignante que bouleversante. Oscillant le rictus nerveux pathologique avec le déhanchement sensuel lors de ses fantasmes pailletés (celui d'accéder au podium médiatique), Arthur tente de se faire une place dans la masse d'une métropole urbaine toujours plus divisée quand à l'inégalité des classes entre riches et pauvres. Co-existant avec sa mère dans un appartement vétuste, il s'efforce pour autant de relativiser en se fondant dans le corps d'un clown afin d'y communiquer rire et joie auprès des enfants cancéreux hospitalisés. Quand bien même son rêve de devenir humoriste est peut-être sur le point de se cristalliser grâce aux encouragements d'une illustre vedette d'un show satirique, Murray Franklin. Mais son agression dans le métro par 3 jeunes rupins, sa divergence morale avec sa thérapeute, ses rapports toujours plus houleux avec sa mère et le monde externe vont le mener au point de non-retour. Film choc s'il en est, de par sa violente diatribe contre l'incommunicabilité, le capitalisme, l'ultra-conservatisme et une répression policière dictatoriale, Joker demeure un immense cri d'alarme contre l'intolérance d'une société déshumanisée répudiant souffres-douleur, prolétaires et laissés pour compte. Arthur s'érigeant malgré lui porte-parole contestataire d'une populace séditieuse en crise existentielle, de par leur condition de vie économique toujours plus arbitraire.


Toute société engendre les monstres qu'elle mérite. 
Métaphore évidente sur le malaise contagieux de nos sociétés contemporaines en proie la révolte de peuples davantage atrabilaires et sur cette soif de reconnaissance individuelle, Joker implore un climat crépusculaire à la fois baroque et désenchanté sous l'impulsion d'un anti-héros dangereusement schizo. La puissance dramatique de Joker émanant notamment des violences inciviques de la populace de Gotham glorifiant aveuglément un criminel grimé en clown depuis que ce dernier osa perpétrer l'irréparable sur de jeunes bourgeois gouailleurs Spoil ! et un présentateur TV fin du Spoil (symboles de l'élitisme). Fort d'une mise en scène personnelle sublimant sans fioriture les faits et gestes de ce schizophrène extravagant en proie à sa psychose endogène, Joker est un uppercut moral aussi puissant qu'un Taxi Driver vitriolé lorsque Arthur laisse s'échapper ses instincts de colère les plus primitifs. LA référence ciné que tout le monde eut comparé afin de qualifier cette oeuvre inclassable d'une fragilité psychologique névralgique ("on perd son humanité dans un océan de chagrin"). Si bien que le public le plus lambda s'y reconnait à travers la douloureuse introspection névrosée d'Arthur, puisque compromis par une compassion bipolaire quant à la dégénérescence morale de celui-ci d'une vigueur expressive tristement dérangeante. Pour ce faire, et pour atteindre un tel niveau de vérisme et d'acuité dramatique (émaillée d'estocades gores tranchées !); Todd Phillips aura pris soin de nous planter son décor blafard et d'y radiographier l'évolution (im)morale de son personnage avec une méticulosité ensorcelante. Et ce même si l'interprétation emblématique de Joaquin Phoenix y doit énormément de par l'émotion à la fois si froide et chaleureuse qu'il nous suscite. Tant auprès du reflet existentiel de son insupportable solitude (tant perméable et si d'actualité !) que de ses exhibitions fantasques afin d'y esquisser la caricature d'un justicier redresseur de maux sociétaux.


Je suis Joker. 
Grand film s'il en est d'une infinie mélancolie à travers son désespoir humanitaire que Joaquim Phoenix nous transcende des pores de son visage martyr, et à travers la langueur de son réalisme cafardeux que Tod Phillips inscrit dans une pellicule vitriolée, Joker laissera une trace dans l'histoire du genre inclassable sous le pilier de ce porte parole annihilé par l'isolement identitaire. 

*Bruno

Récompense:
Mostra de Venise 2019 : Lion d'or avec une ovation de 8 minutes

lundi 25 novembre 2019

Les Survivants de l'Infini

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"This Island Earth" de Joseph M. Newman et Jack Arnold (non crédité). 1955. U.S.A. 1h27. Avec Jeff Morrow, Faith Domergue, Rex Reason, Lance Fuller, Russell Johnson, Douglas Spencer, Robert Nichols.

Sortie salles France: 19 Octobre 1955

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Joseph M. Newman (né le 7 août 1909 à Logan et mort le 23 janvier 2006 (à 96 ans) à Simi Valley) est un réalisateur américain.1951 : The Guy Who Came Back. 1951 : Nid d'amour. 1952 : Duel dans la forêt. 1952 : Les Bannis de la Sierra. 1952 : La Dernière Flèche. 1953 : Meurtre à bord. 1954 : Dans les bas-fonds de Chicago. 1955 : Les Survivants de l'infini. 1955 : El Tigre. 1956 : Flight to Hong Kong. 1957 : Death in Small Doses. 1958 : War of the Planets. 1958 : Fort Massacre. 1959 : Le Shérif aux mains rouges. 1959 : Le Cirque fantastique. 1959 : Tarzan, l'homme singe. 1961 : King of the Roaring 20's - The Story of Arnold Rothstein. 1961 : Tonnerre apache. 1961 : The George Raft Story.


                                                           Une chronique de Gand-Alf

Film de chevet de Joe Dante (qu'il citera généreusement dans son attachant Explorers), This Island Earth est une adaptation du roman de Raymond F. Jones mise en scène par Joseph Newman, paraît-il aidé par un Jack Arnold non-crédité au générique.

Sans bénéficier de l'aura d'un Forbidden Planet, This Island Earth marque pourtant l'histoire de la science-fiction au cinéma, proposant peut-être pour la première fois sur grand écran une vision spectaculaire du space opera. Bénéficiant d'un travail sans précédent sur les maquettes et les matte paintings, le film impressionne encore aujourd'hui, ses séquences spatiales s'avérant incroyables pour l'époque.

S'éloignant de l'anti-communisme primaire qui planait alors dans l'air, This Island Earth propose au contraire un récit bien plus intéressant que la simple menace extérieure, faisant même preuve d'un discours étonnamment nuancé. Dommage dès lors que le film de Joseph Newman souffre d'un rythme en demie teinte, mettant bien trop de temps à démarrer et souffrant (comme beaucoup de productions de cette période) d'une tendance au bavardage.

Reste que malgré ses longueurs et son kitsch inévitable (mais loin d'être rebutant), This Island Earth est une date importante dans le cinéma de science-fiction, ouvrant la porte à une poignée de longs-métrages qui sauront développer davantage ses expérimentations pour le plus grand bonheur des amateurs.

Gand-Alf 


                                                       Une chronique de Barbaltrouk

This Island Earth est un film sympathique mais qui possède malheureusement des défauts faisant ombre à ses grandes qualités. Le scénario est plus complexe qu'il n'y parait, l'histoire évoluant grandement durant tout le film. Cependant cela est entaché par des longueurs et un traitement pas toujours favorable... Par exemple la fin du film aurait pu être grandiose mais le développement du peuple des Metaluniens est baclé alors que c'est ce qu'on attend depuis le début...

Et c'est rageant car Exeter et les siens sont vraiment bien traités durant tout le film, par leurs motivations par exemple, avant d’être gâchés dans le dernier quart d'heure... Et c'est d'autant plus dommage que les effets spéciaux sont vraiment très réussis, prenant même parfois le pas sur l'intrigue. Certains protagonistes servent aussi plus de faire valoir et d’œil pour le spectateur, sans que cela dérange forcement. Le héros du film c'est bien Exeter, et le parallèle avec le capitaine Némo saute aux yeux.

En résumé This Island Earth est un film honorable mais qui aurait pu être vraiment très bon si il n'était pas gâché par certaines longueur et surtout un immense sentiment de "tout ça pour ça...?"

Barlbatrouk

vendredi 22 novembre 2019

Once upon a time... in Hollywood

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Quentin Tarantino. 2019. 2h41. Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Emile Hirsch, Margaret Qualley, Timothy Olyphant, Julia Butters, Austin Butler, Dakota Fanning, Bruce Dern, Mike Moh, Luke Perry, Damian Lewis, Al Pacino, Kurt Russel.

Sortie salles France: 19 Août 2019. U.S: 26 Juillet 2019

FILMOGRAPHIE: Quentin Tarantino est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 27 mars 1963 à Knoxville dans le Tennessee, aux États-Unis. Reservoir Dogs (1992). Pulp Fiction (1994). Jackie Brown (1997). Kill Bill: Vol. 1 (2003). Kill Bill: Vol. 2 (2004). Boulevard de la mort (2007). Inglourious Basterds (2009). Django Unchained (2012). Les Huit Salopards (2015). Once Upon a Time... in Hollywood.


"Le cinéma, ses églises du délire !"
Sonné, estomaqué, secoué, traumatisé, bouleversé, en perte de repères sitôt le générique bouclé, à l'instar du jeu déjanté d'un Brad Pitt sous acide incapable de contenir son sérieux face à une situation surgie de nulle part. Tels sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit face au nouvel évènement estampillé Tarantino. Tarantino, ce génie cinéphile pur et dur déclarant ici une nouvelle fois sa flamme au cinéma et à sa suprême essence. Mais attention, pas n'importe lequel, non ! Celui du cinéma(scope) de papa à son plus noble essor, celui authentique des cinémas de quartier (où l'on prône les artisans Sergio Corbucci ou Antonio Margheriti !), celui de la Dernière séance (avec ces westerns de série B en double programme), celui du cinéma rétro transcendé de têtes d'affiches iconiques. A l'instar de la caricature de leurs rutilants posters esquissés de personnages et décors flamboyants afin de susciter au spectateur le goût de l'envie, le désir de s'évader. Celui d'une aventure tant promise donc. Des années 50 à la fulgurante décennie 70, Tarantino pratique une mise en abyme jubilatoire à travers le destin plein de mélancolie d'un ancien acteur des années 50 tentant de se redorer une nouvelle image au travers de westerns spaghettis instaurés au prémisse des Seventies. Epaulé de sa doublure cascadeur Cliff avec qui il entretient une relation amicale indéfectible, Rick Dalton accepte donc de se reconvertir dans ces nouveaux westerns à contre-emploi, quand bien même Charles Manson et ses disciples hippies sont sur le point d'assassiner Sharon Tate. Pratiquant l'uchronie comme il l'exerça plus tôt si brillamment avec Inglorious BastardsQuentin Tarantino  réinvente une nouvelle fois l'histoire lors de sa seconde partie au gré d'une tension à son paroxysme (pour ne pas dire insoutenable si bien que l'on en sort littéralement lessivé, du moins auprès de mon jugement de valeur). C'est dire si ce dernier joue avec nos nerfs tel le marionnettiste alchimiste maniant à la perfection ses ficelles pour donner chair à l'illusion !


Pour cela, il mise sur l'expectative du carnage escompté en alternant les (déambulations urbaines et) va et vient de Rick et Cliff se saoulant (au terme) jusqu'à plus soif dans leur cocon domestique afin de clôturer leur collaboration professionnelle, avec la stratégie planifiée d'un quatuor de drogués influençables délibérés à parfaire l'irréparable (tuer des porcs qu'ils diront, de préférence les plus nantis !). Ainsi, en distillant un infernal suspense autour du sort de Rick et Cliff avec celui de la douce Sharon Tate, indépendamment confinés dans leur villa rupin, Tarantino vient de parfaire un scénario aussi bien imprévisible que résolument dinguo (si bien qu'il flirte carrément avec le cartoon sardonique !). Et ce en pratiquant fréquemment la mise en abyme à travers les agissements de ces personnages se fondant dans l'aventure fictive pour y rejoindre un fait réel d'une ultra violence cinglante ! (les âmes les plus sensibles auront assurément le souffle coupé - ce qui était mon cas - de par l'hallucinante maestria que Tarantino cultive pour susciter l'appréhension la plus sournoise, voire même la terreur la plus suffocante). Scandé d'un montage ultra fluide et d'une charpente narrative à la fois irréprochable et doucement captivante (on prend ici son temps - sans nullement ennuyer -  à planter un univers Hollywoodien afin d'y faire évoluer des comédiens de seconde zone en remise en question), Tarantino est parvenu une fois de plus à nous conter (avec sa maîtrise infaillible) une VERITABLE histoire (de cinéma) imprégnée d'humanité, de folie, d'humour (notamment toutes ses séquences cocasses avec le chien de Cliff), de tendresse et surtout de nostalgie (celui d'un 7è art aujourd'hui révolu) et de tendre poésie. Ainsi, quelle conclusion sobrement émouvante/affectueuse à travers une réinvention de l'histoire en happy-end, Spoil ! dans la mesure d'y restituer la vie auprès de l'être disparu ! fin du Spoil


Transi d'émoi à la sortie de la projo, tant auprès de sa longue descente aux enfers faisant office d'anthologie horrifique (comptez 1 heure de modèle de mise en scène lors de son acte 2 suggérant en filigrane une réflexion sur l'influence de la violence au cinéma) que du déclin d'un acteur de série B terriblement attachant et d'autant plus brillant (professionnellement parlant), Once upon a time... in Hollywood demeure probablement l'une des plus belles déclarations d'amour au cinéma "vintage" à l'orée des années 70 (en sus d'un sublime hommage aux séries TV policières en ascension). Fameux point d'orgue pour y bouleverser lors d'un parti-pris vériste les codes du paysage cinématographique. Pour parachever, comment ne pas évoquer un mot sur les prestances intuitives de Leonardo Di Caprio (quelle fragilité émotive dans son regard déchu !) et de Brad Pitt (quelle force tranquille dans sa posture décontracte !) formant un tandem singulier propice à se tailler une place auprès des légendes du cinéma rétro qu'ils (ré)interprètent avec une complicité pleine de dérision. Quant à la sublime et sexy Margot Robbie, rien que pour sa présence émotive confinée dans une salle de cinéma, car observant son propre personnage face écran; son sourire d'enfant à la fois fripon et enchanté (notamment pour y observer derrière les sièges les sentiments des spectateurs) me restera un poignant souvenir quant à l'amour inextinguible que Tarantino porte pour les acteurs de cinéma. 

*Bruno

jeudi 21 novembre 2019

Barbarella

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

"Barbarella: Queen of the Galaxy" de Roger Vadim. 1968. France/Italie. 1h38. Avec Jane Fonda, John Phillip Law, Anita Pallenberg, Milo O'Shea, Marcel Marceau, Claude Dauphin, Serge Marquand, David Hemmings, Ugo Tognazzi, Véronique Vendell.

Sortie salles France: 25 Octobre 1968. U.S: 10 Octobre 1968

FILMOGRAPHIERoger Vadim est un réalisateur, scénariste, comédien, romancier et poète français, né le 26 Janvier 1928 à Paris, décédé le 11 Février 2000. 1956: Et Dieu créa la femme. 1957: Sait-on jamais... 1958: Les Bijoutiers du clair de lune. 1959: Les Liaisons Dangereuses 1960. 1960: Et mourir de plaisir. 1961: La Bride sur le cou. 1962: Les 7 Pêchers capitaux. 1962: Le Repos du Guerrier. 1963: Le Vice et la Vertu. 1963: Château en Suède. 1964: Le Ronde. 1966: La Curée. 1968: Histoires Extraordinaires (sketch: Metzengerstein). 1968: Barbarella. 1971: Si tu crois Fillette. 1972: Hellé. (la Femme en grec). 1973: Don Juan 73. 1974: La Jeune fille assassinée. 1976: Une Femme Fidèle. 1980: Jeux Erotiques de Nuit. 1982: The Hot Touch. 1983: Surprise Party.


"Elle n'est pas de ce monde !"
Production improbable compromise entre Dino De Laurentiis et Roger Vadim (célèbre réalisateur de Et Dieu créa la Femme), Barbarella est une aberration filmique tirée de la célèbre bande-dessinée homonyme de Jean-Claude Forest. Co-produit entre la France et l'Italie, ce space opera criard et festoyant de par ses décors hallucinés, son érotisme gentiment lubrique et ces Fx ringards, s'alloue d'un casting hétéroclite aussi improbable que son compère Flash Gordon. Si bien que l'on y croise Marcel Marceau, Claude Dauphin, David Hemmings, Ugo Tognazzi et surtout la célèbre pin-up Jane Fonda transperçant l'écran à chaque plan de sa charnalité sexy. C'est d'ailleurs principalement grâce à sa présence sensuelle de blonde iconique au haut pouvoir de sex-appeal que le film de Vadim fait office de curiosité saugrenue, suscitant notamment un charme rétro souvent irrésistible. Le pitchEn l'an 40 000, Barbarella est enrôlée par le président de la Terre pour retrouver Durand Durand, un nucléariste en possession d'une arme destructrice, le Positron. Sur la planète Lithion, la guerrière des étoiles rencontrera une civilisation amorphe au sein d'une population asservie par les agissements totalitaires de la reine noire et de Durand Durand. Ainsi donc, à travers sa combinaison de comédie potache, d'érotisme soft et de science-fiction dégingandée, Roger Vadim nous concocte un divertissement débridé où le scénario risible et l'extravagance lourdingue des personnages accouchent d'un nanar foutraque, à consommer avec prudence selon l'humeur du jour pour les plus exigeants. Vous voilà donc prévenu !


Ainsi, de par sa narration agréablement simpliste et surtout l'attrait pittoresque de certaines inventions surgies de nulle part (le dispositif masochiste de la machine à mourir de plaisir ou les effets corporels de la pilule de l'amour, les envolées aériennes de l'ange Pygar, la rencontre avec une tribu d'enfants sardoniques, les poupées aux dents acérées) Barbarella se décline en spectacle frétillant pour peu que l'on soit indulgent à sa topographie narrative déstructurée. L'intérêt du spectacle psychédélique résidant dans les rencontres impromptues que notre charmante héroïne établira afin de retrouver la trace de Durand Durand. Car fréquemment molestée par ses rivaux de tous bords (une reine noire, un savant masochiste, des oiseaux agressifs et même les poupées patibulaires susnommées - il fallait oser ! -) ou sujette aux avances sexuelles (corporelles ou virtuelles), Barbarella est à la merci de ses ennemis avant de se confronter à ses alliées (les insurgés contestataires). Qui plus est, jalonné d'éparses batailles spatiales préfigurant celles de la série TV San Ku Kaï (si j'ose dire), l'aventure sidérale dépayse en diable sous l'impulsion d'une partition musicale tantôt dissonante, tantôt pop. Tout un programme décalé donc, quand bien même la flamboyance de ses décors de carton pâte, l'omniprésence de la divine Jane Fonda (parfaitement à l'aise en vaillante amazone arborant une tenue distincte tous les quart d'heure !) et le ton débridé de certaines situations déconcertantes transfigurent une série B kitch génialement ringarde que Roger Vadim nous imprime sans complexe.


Ridicule auprès des pince sans rire, follement pittoresque (même si parfois involontaire) auprès des fans de space opera surgis d'un esprit nonsensique, Barbarella demeure une production hybride à situer entre le nanar décomplexé et la série B généreusement foldingue. A (re)découvrir au second degré donc, à condition d'y être préparé, selon votre humeur journalière.   

*Bruno
21.11.19. 3èx
10.12.12. 93 v

mercredi 20 novembre 2019

Kinjite sujets tabous

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Kinjite: Forbidden Subjects" de Jack Lee Thompson. 1989. 1h37. Avec Charles Bronson, Perry Lopez, Juan Fernández, James Pax, Peggy Lipton, Sy Richardson, Bill McKinney.

Sortie salles France: 26 Avril 1989

FILMOGRAPHIE (comprenant uniquement les productions des années 80): Jack Lee Thomson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada). 1980 : Cabo Blanco 1981 : Happy Birthday. 1981 : Code Red (TV). 1983 : Le Justicier de minuit. 1984 : L'Enfer de la violence. 1984 : L'Ambassadeur : Chantage en Israël. 1985 : Allan Quatermain et les Mines du roi Salomon. 1986 : La Loi de Murphy. 1986 : Le Temple d'or. 1987 : Le justicier braque les dealers. 1988 : Le Messager de la mort. 1989 : Kinjite, sujets tabous.


Ultime réalisation de Jack Lee Thompson épaulée de son acteur fétiche Charles Bronson, Kinjite Sujets Tabous reprend à peu près la même recette que ces prédécesseurs (le Justicier de Minuit, l'Enfer de la Violence, La Loi de Murphy) de par son concentré de sadisme et de violence mâtinés de sexe scabreux. Si bien qu'en l'occurrence, le cinéaste s'intéresse au tabou de la pédophilie à travers un réseau professionnel délibéré à kidnapper la fille d'un cadre japonais jouant les touristes afin d'oser mettre en pratique ses fantasmes. En somme l'arroseur arrosé si j'ose dire, dans la mesure où si celui-ci finit par se laisser dominer par ses fantasmes déviants lors d'attouchements sexuels sur une ado dans un bus scolaire (une séquence malsaine inévitablement dérangeante dans les échanges de regards et la perversité de son geste illégal), sa propre fille fera un peu plus tard les frais du réseau pédophile lors d'un jeu de cache-cache avec la police. Quand bien même l'agressée du car de ses odieux attouchements n'était autre que la fille du lieutenant Crowe dirigeant l'enquête sans jamais se douter de la culpabilité du japonais (et ce jusqu'au générique de fin !???)


D'ailleurs, on peut rappeler que ce dernier s'inspira en faite des agissements d'un pédophile ayant commis plus tôt un attouchement auprès d'une autre victime paradoxalement consentante et un peu plus âgée !!! ???). Or, le problème s'avère que cette trame très équivoque, d'autant plus prémâchée, est à peine survolée par un Jack Lee Thompson peu inspiré par ce qu'il filme. Notamment si je me réfère à son montage chaotique, à ses seconds rôles cabotins (le supérieur du lieutenant vaut son pesant de cacahuètes à travers son autorité condescendante !) et à un cheminement narratif sporadique ponctué de règlements de compte corporels génialement grotesques. Le cinéaste se refusant à s'attarder sur la psychologie paraphile du voyeur japonais au profit de l'investigation musclée de Crowe jouant les redresseurs de tort avec une idéologie douteuse. Tant auprès de son racisme auprès des japonais que d'une exaction punitive carrément criminelle, et ce même si accidentelle (l'un des malfrats atterrira au fond d'une piscine après avoir été éjecté du haut d'un immeuble, ses chaussures ayant glissé des mains de ses oppresseurs !.)


Plaisir coupable du samedi soir truffé de couacs narratifs et de failles techniques au sein d'un polar de série B imprégné de mauvais goût, Kinjite sujets tabous divertit sans ennuyer grâce à la trivialité de son concept couillu que Charles Bronson impose avec son charisme viril imperturbable. Un nanar décomplexé en somme heureusement saturé de séquences débridées/incongrues que la génération 80 pourrait à nouveau entériner avec autant de clémence qu'une pointe de nostalgie. En tout état de cause, ce genre de divertissement limite irresponsable serait irréalisable aujourd'hui, faute de notre censure ultra conservatrice. 

*Bruno
2èx 

mardi 19 novembre 2019

Extrême Préjudice

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Walter Hill. 1987. U.S.A. 1h45. Avec Nick Nolte, Powers Boothe, Michael Ironside, María Conchita Alonso, Rip Torn, Clancy Brown, William Forsythe.

Sortie salles France: ? U.S: 24 Avril 1987

FILMOGRAPHIE: Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis). 1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver,1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule,1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs,1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV). 2006 : Broken Trail. 2012 : Du plomb dans la tête. 2016 : Revenger.


Réalisé entre Croosroads et Double Détente, Walter Hill rend hommage en 1987 à la Horde Sauvage de Peckinpah et aux 12 Salopards d'Aldrich en y juxtaposant deux bandes rivales compromises par la félonie (tant amicale que professionnelle et sentimentale). Si bien qu'un redresseur de tort, seul contre tous, est déterminé à faire sombrer Cash Bailey, un caïd de la drogue, ancien acolyte de jeunesse ayant eu autrefois une liaison avec sa compagne actuelle. Mais pour corser l'affaire, une armée de mercenaires, anciens vétérans du Vietnam passés pour mort, a pour mission d'éradiquer ce même trafiquant sous l'égide de la CIA. Ajoutez enfin entre ces conflits machistes à la verve parfois grotesque un enjeu sentimental autour de la mexicaine Sarita que se disputeront le Texas Ranger Jack Benteen et Cash Bailey en pleine dissension morale. En dépit d'une moisson de clichés, d'un scénario prévisible (même s'il tente de surprendre lors du second acte avec l'intrusion de nos vétérans en mission) et de personnages stéréotypés que les critiques de l'époque n'auront pas manqué de fustiger (en sus de son échec commercial), Extrême Prejudice joue la carte du film d'action du samedi soir sous le pivot d'une série B efficacement menée à défaut d'y révolutionner le genre.


Car si on a largement connu plus inspiré Walter Hill passé maître dans l'art du gunfight tonitruant (48 heures, les Guerriers de la Nuit, Sans Retour, Driver), Extrême Prejudice ne manque pas de charme, d'ultra violence chorégraphique et de charisme à travers ses gueules d'acteurs viriles bien connues de la génération 80. Et ce même si la plupart des seconds couteaux roulent des mécaniques à l'aide de réparties ironiques aujourd'hui obsolètes. En tout état de cause, Nick Nolte parvient sobrement à rehausser le niveau dans le rôle du shérif impassible à la moralité psycho-rigide. Sa posture hiératique ainsi que ses petits yeux bleus perçants affichant à l'écran une présence impérieuse assez prédominante. Quant à Powers Boothe, s'il livre une prestation moins intense que son homologue, il s'avère pour autant d'une élégance charismatique dans celui d'un trafiquant présomptueux jouant le leader snobinard (costard blanc poussiéreux à l'appui) à l'aide d'un cabotinage outrancier si je me reporte à ses réparties caustiques.


Western moderne traversé d'éclairs de violences résolument impressionnants, Extrême Prejudice se décline en honorable série B d'action sous l'impulsion d'une poignée d'acteurs zélés dénués de complexes à se fondre dans des situations périlleuses suicidaires. A l'instar de son carnage final apocalyptique, hommage évident au baroud d'honneur de la horde sauvage lors d'un règlement de compte anthologique saturé du montage ultra dynamique. 

*Bruno
19.11.19. 4èx
04.02.11. 91 v

lundi 18 novembre 2019

Le Zombie venu d'ailleurs

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site bubblegeek.eklablog.com

"Prey" de Norman J. Warren. 1977. Angleterre. 1h25. Avec Barry Strokes, Sally Faulkner, Glory Annen, Sandy Chinney, Eddie Stacey.

FILMOGRAPHIE: Norman J. Warren est un réalisateur, producteur, scénariste et monteur anglais, né le 25 Juin 1942 à Londres. 1962: The Dock Brief (troisième assistant réalisateur). 1965: Fragment. 1966: La Nuit des Généraux (troisième assistant réalisateur). 1967: Sailor from Gibraltar (troisième assistant réalisateur). 1967: Her Private Hell. 1968: Loving Feeling. 1976: L'Esclave de Satan. 1977: Le Zombie venu d'ailleurs. 1979: Outer Touch. 1979: La Terreur des Morts-vivants. 1981: Inseminoid. 1984: Warbirds Air Display. 1985: Person to Person. 1986: Gunpowder. 1987: Réveillon Sanglant. 1992: Meath School. 1993: Buzz.


Avec Inseminoïd et l'Esclave de SatanLe Zombie venu d'ailleurs fait parti des réussites modestes de Norman J. Warren. Un artisan bisseux adepte des produits d'exploitation particulièrement déviants dans sa conjugaison de gore craspec et de sexe sulfureux. Sous le titre fallacieux mais ironique du Zombie venu d'ailleurs (j'imagine la perplexité des spectateurs français lors de sa projo officielle !) se cache Prey (Proie). Un titre mieux approprié quant au scénario se focalisant sur la mission secrète d'un E.T à forme humaine en quête de protéines ! Véritable ovni dans le genre SF, Norman J. Warren livre sans doute son film le plus étrange de par son argument narratif illustrant l'intimité quotidienne de deux lesbiennes prises à partie avec un étranger. Ainsi, c'est aux abords de la forêt adjacente qu'elles rencontrent notre inquiétant visiteur venu de l'espace. Sous l'influence de Jessica et malgré la réticence de Joséphine, elles décident de le loger au sein de leur demeure champêtre. Cette trame quelconque dénuée de surprises nous condense donc durant 1h25 une scène de ménage à 3 alors que la dominatrice Joséphine éprouve toujours plus un penchant de haine et de jalousie face à l'intrusion du mâle. L'inquiétude se fait grandissante lorsque, dans les bois, des lapins sont retrouvés déchiquetés ! De son côté, notre extra-terrestre continue d'observer la posture de ces misandres alors qu'un beau soir, elle lui organisent une petite fête en le déguisant en femme ! Faute d'une jalousie possessive et d'une rancune masculine, la tension monte d'un échelon entre celles-ci jusqu'au drame inéluctable qui se dessine lentement !


Voilà en gros le résumé d'une intrigue aussi vaine que saugrenue, entre l'indécence d'une étreinte érotique un peu corsée et une exaction sanglante empruntée au cannibalisme ! Pour autant, aussi insensé soit-il, Le Zombie venu d'ailleurs réussit l'exploit de maintenir un intérêt constant face à ce drame conjugal où les crises d'hystérie s'emportent facilement ! De par l'ossature d'un climat malsain sous-jacent, d'une partition électronique dissonante et du jeu attachant (car si naïf) des comédiens amateurs,  Norman J. Warren parvient à insuffler une aura d'étrangeté prégnante au sein de cette dissension féministe. En prime, l'acteur inexpressif Barry Stroke réussit pleinement à nous intriguer à travers sa posture d'E.T aussi taciturne qu'impassible alors qu'il s'avère être un cannibale assoiffé de sang riche en protéines ! Qui plus est, sous sa troublante apparence humaine, le réalisateur nous dévoile lors de ses accès de démence une sorte de monstre hybride pourvu de canines animales alors que son nez semble substitué à une truffe de cabot ! (???). On appréciera aussi l'improbable épisode de la noyade filmée en slow motion expérimental lorsque nos deux héroïnes tentent d'extirper de l'eau l'alien en émoi ! Une séquence vaine incroyablement "autre" et incongrue appuyée d'une aura cauchemardesque !


Rencontre d'un certain type à éviter !
Hermétique, glauque, décalé et déroutant, Le Zombie venu d'ailleurs se décline en bisserie horrifique d'un autre âge, à l'époque insolente où l'Angleterre était capable de nous façonner des produits d'exploitation vains mais inexplicablement ensorcelants. Tant et si bien qu'il s'agit là de la marque de fabrique du vénérable Norman J. Warren, réalisateur scabreux et malhabile, mais véritable amoureux du genre en tant que franc-tireur. Un p'tit classique atypique donc à voir de préférence seul pour mieux se confronter à l'intimité du trio diabolique.

*Bruno
18.11.19. 4èx
12.11.13. 103 v

vendredi 15 novembre 2019

47 Meters Down: uncaged

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Johannes Roberts. 2019. U.S.A. 1h30. Avec Sophie Nélisse, Corinne Foxx, Brianne Tju, Sistine Stallone, Davi Santos.

Sortie salles U.S: 16 Août 2019

FILMOGRAPHIE: Johanne Roberts est un réalisateur, producteur, scénariste américain, né le 24 Mai 1976 à Cambridge. 2019: 47 Meters down: encaged. 2018 : The Strangers: Prey at Night. 2016: In the Deep/47 Meters down. 2016 The Door. 2012 Storage 24. 2011 Roadkill (TV Movie). 2010: F.  2005 Forest of the Damned. 2004 Darkhunters. 2004: Hellbreeder. 2002/II Alice. 2001: Sanitarium (Video).


Sans jamais atteindre le degré d'intensité claustro de son surprenant modèle (plutôt mésestimé si je ne m'abuse), 45 Meters down: encaged ne manque surement pas de peps à travers sa moisson de scènes d'action se renouvelant grâce à la disparité des décors et de ses personnages scindés en 2 clans. Ainsi, en dépit d'un évident manque de maîtrise dans la mise en scène (notamment auprès de sa première partie parfois redondante lors de la partie de cache-cache à travers les catacombes entre survivantes et squales), Johanne Roberts ne manque pas de trouvaille visuelle (et de sonorité musicale ombrageuse !) à travers son incroyable scénographie maritime abritant un temple maya. Il fallait d'ailleurs oser exploiter un décorum aussi baroque sans jamais sombrer dans le ridicule, notamment si je me réfère à l'ornement des statues de pierre. Réaliste, crépusculaire et vertigineux, de par les nombreuses attaques que nos plongeuses tentent de déjouer lors d'une course contre la montre en perdition, 47 Meters down... joue la carte de la série B du samedi soir avec une efficacité assez payante. 


Même si on peut déplorer les clichés usuels (la souffre-douleur en initiation d'affirmation) et les facilités auprès de situations dénuées de suspense (ou alors pas si escompté que prévu selon ma sensibilité subjective). Et ce en s'inspirant sans complexe de The Descent 2, de par l'aménagement de grottes labyrinthiques nanties de couloirs étrangement hostiles que de son action en roue libre dénuée de concession. Qui plus est, nanti d'une photogénie étonnamment spectrale, les requins affamés de chair humaine parviennent parfois (souvent ?) à provoquer leur effet de frousse. Tant auprès de ces jump-scares cinglants disséminés ici et là que de leur course effrénée à alpaguer leur victime avec une voracité véloce. Leurs apparitions toujours plus imposantes provoquant un malaise tangible à travers leur morphologie démoniale si j'ose dire. Johannes Robert relançant notamment l'action dans de multiples directions impromptues à travers un final à rallonge intensément interminable. Probablement les meilleures séquences, tout du moins les plus haletantes et oppressantes, si bien que le réalisateur cultive en prime une incroyable cruauté à tester l'endurance de ses ultimes rescapés en initiation de dépassement physique et mental.


Un bon divertissement donc, honorablement interprété par des comédiennes juvéniles de seconde zone aussi bien méconnues qu'attachantes, de par leur fragilité morale et leur posture désorientée à repousser la terreur dans une fonction de débutante crédule. D'où l'attrait gentiment magnétique à observer leur solidarité commune (à 1 ou 2 exceptions couardes) dans une compétition de survie cruellement indécise. Et ce sans pouvoir prophétiser la prochaine victime...

*Bruno

Pour rappel la chronique de son modèle: https://brunomatei.blogspot.com/2016/08/in-deep.html

jeudi 14 novembre 2019

Chinatown. Oscar du Meilleur Scénario.

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Amazon.com

de Roman Polanski. 1974. U.S.A. 2h11. Avec Jack Nicholson, Faye Dunaway, John Huston, Perry Lopez, Roman Polanski, John Hillerman, Darrell Zwerling, Diane Ladd.

Sortie salles France: 18 Décembre 1974. U.S: 20 Juin 1974

FILMOGRAPHIERoman Polanski, né Rajmund Roman Thierry Polański est un réalisateur, producteur et scénariste franco-polonais, également comédien, ainsi que metteur en scène de théâtre et d'opéra, né le 18 août 1933 dans le 12e arrondissement de Paris.  1962 : Le Couteau dans l'eau. 1965 : Répulsion. 1966 : Cul-de-sac. 1967 : Le Bal des vampires. 1968 : Rosemary’s Baby. 1971 : Macbeth. 1972 : Weekend of a Champion, coréalisé avec Frank Simon. 1972 : Quoi ? 1974: Chinatown. 1976 : Le Locataire. 1979 : Tess. 1986 : Pirates. 1988 : Frantic. 1992 : Lunes de fiel. 1994 : La Jeune Fille et la Mort. 1999 : La Neuvième Porte. 2002 : Le Pianiste. 2005 : Oliver Twist. 2010 : The Ghost Writer. 2011 : Carnage. 2013 : La Vénus à la fourrure. 2017 : D'après une histoire vraie. 2019: J'accuse.


Grand moment de cinéma mené de main de maître par Roman Polanski rendant ici hommage au film noir sous l'impulsion du duo incandescent Jack Nicholson / Faye Dunaway, Chinatown renoue avec le cinéma glamour des années 30 de manière aussi bien épurée qu'escarpée. Tant auprès de sa mise en scène perfectionniste (on peut d'ailleurs parler de "modèle" tant Polanski maîtrise le cadre sans vaciller), de sa charpente narrative (culminant vers une cinglante conclusion d'une radicalité dramatique traumatisante) que du jeu intuitif des acteurs éclaboussant l'écran de leur sobriété contrastée. Ainsi, à travers un suspense passionnant irrigué de corruption écolo autour d'un enjeu de pouvoir disproportionné (la construction d'un barrage hydraulique), Chinatown demeure une déclaration d'amour au film noir que Nicholson et Dunaway transcendent dans leur rapport feutré chargé de secrets. Dans la mesure où le détective Gittes se voit contraint de retrouver le (ou la) coupable de la mort de l'ingénieur en chef, Hollis Mulwray, qu'il se motive à résoudre après avoir été dupé par la requête d'un faux témoin. Quand bien même au fil de son épineuse investigation semée de rencontres inhospitalières, il n'aura de cesse de côtoyer menace et chantage avant d'y déjouer un secret inavouable auprès de la culpabilité éhonté d'une famille galvaudée d'amour interdit.


Ainsi, en opposant une motivation pécuniaire entre industriels véreux parmi Spoil ! la déviance sexuelle d'un riche homme d'affaire fin du Spoil (que Polanski suggère à travers l'intensité de mots timidement confessés en désespoir de cause), Chinatown adopte une ampleur davantage insoupçonnée sous l'impulsion de personnages interlopes tentant à tout prix d'étouffer l'esclandre. Photo sépia veloutée sous un rayon solaire aride (Los Angeles est en sécheresse à l'orée des années 30), direction d'acteurs hors-pair parmi des seconds-rôles saillants à travers leur fonction délétère dénuée de scrupule, partition musicale tantôt ombrageuse, tantôt langoureuse (signée Jerry Goldsmith svp !), Chinatown épouse autant une forme hypnotique qu'un fond substantiel à travers l'implication de rivalités couardes emmêlées dans une spirale de déconvenues, traîtrises et déveine. Et ce même si les forces de caractère contradictoires imparties à l'élégance magnétique de Nicholson et à la vénéneuse Faye Dunaway (bon Dieu cette prude présence emplie de contrariétés inavouables !) y sont pour beaucoup dans l'attrait envoûtant que suscite cette tragédie politico-familiale. Bref, Chinatown est un chef-d'oeuvre épuré, un vrai, que Polanski ose même transgresser jusqu'au bout de son propos, quitte à sévèrement contracter l'humeur du spectateur en guise d'adieu ! Le genre de proposition artistique que l'on ne rencontre qu'une seule fois par an sur la toile, approximativement parlant.


*Bruno
2èx

Récompenses:
New York Film Critics Circle Awards 1974 : meilleur acteur pour Jack Nicholson (également récompensé pour La Dernière Corvée)
Oscars 1975 : meilleur scénario original pour Robert Towne
Golden Globes 1975 : meilleur réalisateur pour Roman Polanski, meilleur film dramatique, meilleur acteur dans un film dramatique pour Jack Nicholson, meilleur scénario pour Robert Towne
BAFTA Awards 1975 : meilleur acteur pour Jack Nicholson (également récompensé pour La Dernière Corvée), meilleur réalisateur pour Roman Polanski, meilleur scénario pour Robert Towne (également récompensé pour La Dernière Corvée)
Bodil 1975 : meilleur film non-européen
Prix Sant Jordi 1975 : meilleur film étranger
Prix Edgar-Allan-Poe 1975 : meilleur film
Writers Guild of America Awards 1975 : meilleur scénario dramatique original pour Robert Towne
Kansas City Film Critics Circle Awards 1975 : meilleur acteur pour Jack Nicholson, meilleur acteur dans un second rôle pour John Huston
Fotogramas de Plata 1975 : meilleur acteur étranger pour Jack Nicholson (également récompensé pour Cinq pièces faciles)
National Society of Film Critics Awards 1975 : meilleur acteur pour Jack Nicholson (également récompensé pour La Dernière Corvée)
1991 : entrée au National Film Registry
2000 : entrée au Hall of Fame de la Producers Guild of America



mercredi 13 novembre 2019

Je suis une Légende

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemachoc.canalblog.com

"The Last man on Earth/L'ultimo uomo della Terra" de Ubaldo Ragona et Sidney Salkow. 1964. U.S.A/Italie. 1h27. Avec Vincent Price, Franca Bettoia, Emma Danieli, Giacomo Rossi-Stuart

Sortie salles U.S 8 Mars 1964

FILMOGRAPHIE PARTIELLESidney Salkow est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 16 juin 1909 à New York (État de New York), mort le 18 octobre 2000 à Valley Village (en) (Californie). 1936 : Four Days' Wonder. 1937 : Behind the Mike. 1938 : Tempête sur le Bengale. 1939 : Fighting Thoroughbreds. 1939 : Woman Doctor. 1939 : Street of Missing Men. 1939 : The Zero Hour. 1940 : Girl from God's Country. 1941 : The Lone Wolf Takes a Chance. 1941 : Time Out for Rhythm. 1942 : The Adventures of Martin Eden. 1942 : Flight Lieutenant. 1943 : La Cité sans hommes. 1943 : The Boy from Stalingrad. 1946 : Faithful in My Fashion. 1947 : Millie's Daughter. 1947 : Bulldog Drummond at Bay. 1948 : Sword of the Avenger. 1949 : La Rivale dell'imperatrice. 1950 : La Femme traquée. 1952 : Une fille à bagarres. 1952 : Le Faucon d'or. 1952 : Le Trappeur des grands lacs. 1957 : Gun Duel in Durango. 1957 : Chicago Confidential. 1960 : The Big Night. 1963 : Trio de terreur. 1964 : The Long Rifle and the Tomahawk. 1964 : Je suis une légende. 1964 : The Quick Gun. 1964 : Blood on the Arrow. 1965 : Le Massacre des sioux. 1965 : The Murder Game.


Sympathique 1ère adaptation du roman de Matheson (bien que celui-ci renia le film), Je suis une Légende vaut surtout pour la présence intuitive du gentleman de l'épouvante Vincent Price et pour son ambiance de désolation assez réaliste, notamment sous le pilier de sa photo monochrome renforçant l'inquiétude d'un silence feutré. On aurait tout de même apprécié un peu plus de conviction lorsque le docteur Robert Morgan se débat contre les vampires / zombies et leur perforent le coeur si bien que ces derniers, atones, peinent à insuffler l'effroi attendu (à l'exception du retour de son épouse décatie, unique effet de surprise véritablement effrayant de par l'expression de son regard aliéné !). Sobrement réalisé, Je suis une Légende se suit donc sans ennui à travers la quotidienneté esseulée du dernier survivant de l'humanité immunisé contre un terrible virus ayant décimé toute la planète. La 1ère partie s'attachant à nous décrire sa routine à façonner des pieux en bois pour y exterminer les vampires durant le jour, et ce avant que ne débarque une moisson d'assaillants encerclant sa demeure dès le crépuscule. 


On apprécie également la dramaturgie escarpée d'un long flash-back nous détaillant un peu de quelle manière le virus s'est accaparé de la population (sans pouvoir intenter à la vie de Robert), notamment auprès de sa famille recroquevillée dans leur demeure en escomptant désespérément un vaccin qu'il  tentera d'expérimenter. La seconde partie, plus captivante à travers ses rapports humains plongés dans un climat d'amertume, se focalise sur la relation intime entre Robert et une rescapée aux intentions douteuses quant aux prochains rebondissements que Sidney Salkow exploite assez efficacement auprès de leur caractérisation à la fois amiteuse et parano. Quand bien même son final en demi-teinte étonne par sa brutale rupture de ton quant au sort précaire de notre héros en proie au lynchage de masse. D'ailleurs, à travers la caste des hommes en noir on apprécie d'autant plus son réquisitoire contre le fanatisme, l'intolérance et la paranoïa menant tout droit à l'erreur humaine dans leur refus d'approuver la différence. Enfin, à titre anecdotique, on imagine aisément que George A. Romero s'en est sans doute inspiré pour parfaire la Nuit des Morts-vivants sorti 4 ans plus tard, si bien que toutes les séquences nocturnes auquel les créatures s'agglutinent autour de la demeure anticipent le siège de la ferme du classique susnommé. A redécouvrir même si on est en droit de lui préférer les 2 versions suivantes tournées en couleurs avec beaucoup plus de peps.


* Bruno
13.11.19. 3èx
16.04.18.