samedi 29 février 2020

Wind Chill

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Gregory Jacobs. 2007. U.S.A/Angleterre. 1h31. Avec Emily Blunt, Ashton Holmes, Chelan Simmons, Martin Donovan, Ned Bellamy.

Sortie uniquement en Dvd en France: 30 Janvier 2008. U.S: 27 Avril 2007

FILMOGRAPHIEGregoy Jacobs est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2020: Untitled Tom Papa comedy special (Téléfilm). 2015: Magic Mike XXL. 2007: Wind Chill. 2004:  Criminal.


Un pur film d'ambiance méprisé et oublié. 
Limogé de nos salles obscures dans nos contrées alors qu'Outre-Atlantique il se voit réduit à une sortie limitée, Wind Chill débarque sous support Dvd neuf mois après sa sortie timorée. Nos distributeurs français ayant été probablement frileux de son potentiel commercial eu égard de son rythme faiblard et de son absence de gore ne misant donc que sur son ambiance horrifique particulièrement réfrigérante. Mais c'est justement à travers cette atmosphère d'étrangeté sous-jacente, ce sentiment d'insécurité palpable que Wind Child parvient à captiver pour s'extirper du produit lambda sous l'impulsion d'un attachant duo d'acteurs d'un humanisme à la fois sobrement fébrile et désemparé. La charmante Emily Blunt, douce, caractérielle, déterminée mais aussi chétive, et Ashton Holmes, dragueur empoté mais dévoué, se partageant la réplique avec une belle conviction, et ce jusqu'à l'émergence d'une brutale intensité dramatique. Si bien que l'on se familiarise dès le départ à leurs scènes de ménage qu'il se provoquent en huis-clos. A savoir, se renvoyer la faute de l'accident au moment même où celle-ci suspecte son chauffeur d'avoir pris un raccourci pour l'enjeu d'un plan cul.


Wind Child nous narrant à l'aide d'une économie de moyens la nuit de cauchemar de ce couple confiné dans l'habitacle de leur véhicule à la suite d'un accident avec un étrange chauffard. Filmé entièrement de nuit dès que ceux-ci se retrouvent perdus au coeur d'un sentier bucolique enneigé, Wind Child invoque une immersion constante en y provoquant en intermittence un surnaturel à la fois interlope et feutré, de par la présence d'ectoplasmes déambulant à proximité d'un cimetière. Et si l'intrigue bizarroïde (son argument surnaturel récursif), bâclée (les motivations expéditives des prêtres d'un étonnant charisme ténébreux !) et inachevée (un shérif serial-killer s'en prend aux touristes du coin en provoquant des accidents routiers) nous fait songer à un épisode grandeur nature de la 4è Dimension, notamment dans son parti-pris d'y télescoper réalité et cauchemar, elle ne manque pas de nous envoûter avec un humanisme empathique (renforcé du jeu mélancolique d'Emily Blunt). Ajoutez enfin à ce cruel enjeu de survie un sentiment d'isolement et d'inconfort tangibles, tant auprès du décorum forestier (qui plus est fouetté d'un blizzard !) que de la menace invisible rodant aux alentours. Quand bien même quelques fantômes s'y matérialisent pour se railler de leurs proies au gré d'hallucinations (et ce en dépit de 2 effets numériques plutôt foirés).


Purement atmosphérique dans un format scope joliment photographié de teintes désaturées, Wind Child mérite franchement le détour pour qui raffole les (purs) films d'ambiance. Et ce dans le cadre intègre de la série B intimiste adepte de la suggestion et de l'angoisse étouffée (au grand dam d'une narration inachevée). Une tentative ratée certes, pour autant magnétique, un brin mélancolique (quel joli score élégiaque !), attachante et sincère. A découvrir.  

*Bruno
2èx

vendredi 28 février 2020

Urban Legend

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jamie Blanks. 1999. U.S.A. 1h39. Avec Jared Leto, Alicia Witt, Rebecca Gayheart, Tara Reid, Michael Rosenbaum, Loretta Devine

Sortie salles France: 17 Mars 1999

FILMOGRAPHIE: Jamie Blanks est un réalisateur et compositeur australien. 1998 : Urban Legend
2000 : Mortelle Saint-Valentin. 2007 : Storm Warning ou Insane. 2009 : Long Weekend. 2010 : Needle.


On ne va pas se leurrer ! Si vous abordez Urban Legend au 1er degré, il s'agit d'un produit de consommation standard surfant sur la vague Scream et Souviens toi l'été dernier à travers son florilège de clichés pachydermiques et de persos stéréotypés s'auto-parodiant. Cette série B modestement emballée (bien que son montage laisse à désirer - ce qui renforce aujourd'hui son charme désuet -) s'avère donc parfaitement dispensable, pour ne pas dire inutile (comme le soulignaient les critiques de l'époque). Pour autant, si vous êtes aptes à prendre le recul du second degré afin de le visionner tel un plaisir coupable, Urban Legend s'avère à la fois bonnard et franchement ludique. Tant auprès de son rythme cinétique fertile en mises à mort cruelles (le prélude s'avère d'ailleurs savoureux dans sa stratégie meurtrière en trompe l'oeil, même si téléphonée !), de son orchestration musicale éminemment stridente et de ses protagonistes juvéniles tentant de fuir le tueur avec une maladresse souvent (involontairement) hilarante. Tant et si bien que chaque comédien adopte leur rôle sobrement probablement afin de concurrencer la nouvelle référence des années 90 ayant revitaliser le sous-genre, Scream de Craven.


D'ailleurs, et pour parachever dans le délire folingue, on s'émoustille en sus des expressions désaxées du fameux tueur à capuche se raillant de ses ultimes victimes lors d'un final trinaire digne d'un cartoon de Tex Avery. Ainsi, Jamie Blanks parvient donc à jongler avec les clichés du psycho-killer avec une efficacité sarcastique (notamment auprès des postures décomplexées des ados), de par son (involontaire) dérision irriguant chaque situation de stress ou de terreur. Les meurtres inspirés de légendes urbaines intervenant comme de coutume tous les quarts d'heure entre 2 jumps-scare infructueux (avouons le !). Quand bien même ses fameuses allusions aux faux coupables nous divertissent tout autant dans leur volonté dérisoire de nous faire croire qu'un tel ou un tel demeure le véritable meurtrier. Quant à l'issue du dénouement grotesque, il s'avère tant capillotracté que l'on ri une ultime fois de bonne grâce face à ces argument éculés. Les infaillibles de psycho-killer connaissant tant les ficelles qu'il ne parviendront pas à retenir leur sérieux face aux mobiles de l'assassin en proie à une vendetta psychotique tirée par le chignon. Et je ne vous raconte pas l'intarissable cliffhanger de dernier ressort faisant office de pittoresque clin d'oeil afin de laisser le spectateur sur un sentiment de stupeur "bon enfant" !


Hommage semi-parodique aux psycho-killers des années 80; Urban Legend s'avère franchement ludique et facétieux à travers son pot-pourri de références horrifiques que le puriste s'amuse à comptabiliser avec un plaisir (coupable) de cinéphile. A moins de le rejeter en bloc et préférer revoir une 10è fois le parangon du genre: Halloween de Carpenter ! A vous de choisir votre camp et d'opérer le bon choix ^^

*Bruno
2èx

jeudi 27 février 2020

Les Valeurs de la Famille Addams

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Addams Family Values" de Barry Sonnenfeld. 1993. U.S.A. 1h34. Avec Anjelica Huston, Raúl Juliá, Christopher Lloyd, Christina Ricci, Jimmy Workman, Carol Kane, Joan Cusack.

Sortie salles France: 22 Décembre 1993

FILMOGRAPHIEBarry Sonnenfeld est un réalisateur, acteur, producteur et directeur de la photographie américain né le 1er avril 1953 à New York (États-Unis). 1991 : La Famille Addams. 1993 : Les Valeurs de la famille Addams. 1993 : Le Concierge du Bradbury. 1995 : Get Shorty. 1997 : Men in Black. 1999 : Wild Wild West. 2002 : Big trouble. 2002 : Men in Black 2. 2006 : Camping Car. 2012 : Men in Black 3. 2016 : Ma vie de chat.


Si Barry Sonnenfeld a déçu nombre de fans avec son 1er long La Famille Adams, sa séquelle réalisée 2 ans plus tard contredit à point nommé la formulation de la "suite ratée" de par son inventivité en roue libre et l'extravagance des acteurs s'en donnant à coeur joie dans les provocations macabres. Car véritable pied de nez au politiquement correct et à Walt Disney, tout en rendant un hommage caustique au génocide indien (l'anthologique pièce de théâtre face aux parents déconfits !), les Valeurs de la Famille Adams s'avère terriblement généreux à travers sa profusion de gags insolents qu'enchaînent chaque membre de la famille Addams avec sérieux inébranlable. Mention spéciale à Christina Ricci dans le rôle impassible de Mercredi délibérée à dynamiter les convenances au sein d'un camp de vacances dirigé par 2 moniteurs aussi benêts qu'ultra conservateurs.


L'intrigue oscillant les tribulations de Mercredi et de Pugsley tentant de s'adapter auprès d'une communauté de scouts grégaires, avec les stratégies sans vergogne de la veuve noire Debbie Jellinsky (Joan Cusack, exquise de diableries perverses en duchesse pimpante !) ayant tissé sa toile dans le coeur de Fétide. S'ensuit donc à rythme métronome une avalanche de gags gouailleurs où les coups les plus cyniques et les plus couards s'affrontent la vedette quant aux postures soumises de Mercredi, Pugsley, Fétide et du nouveau né Puberté que Mercredi a bien du mal à tolérer en guise de filiation. Quant aux décors gothiques fréquemment crépusculaires (tant internes qu'externes), ils se prêtent à merveille aux us et coutumes des Addams baignant dans l'indépendance la plus marginale à coup d'effets spéciaux parfaitement exploités si bien qu'ils ne sombrent jamais dans l'inanité. Une récréation bougrement pétulante donc, vent de fraîcheur roboratif contre les pisse-froids bien-pensants.

*Bruno
2èx

mercredi 26 février 2020

A l'Est d'Eden. Golden Globe du Meilleur film dramatique, 1956.

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Amazon.fr

"East of Eden" d'Elia Kazan. 1955. U.S.A. 1h56. Avec James Dean, Julie Harris, Raymond Massey, Richard Davalos, Burl Ives, Jo Van Fleet

Sortie salles France: 26 Octobre 1965

FILMOGRAPHIE: Elia Kazanjoglous, dit Elia Kazan est un réalisateur, metteur en scène de théâtre et écrivain américain d'origine grecque, né le 7 septembre 1909, décédé le 28 septembre 2003. 1940 : It's Up to You (documentaire). 1945 : Le Lys de Brooklyn. 1947 : Le Maître de la prairie. 1947 : Boomerang ! 1947 : Le Mur invisible. 1949 : L'Héritage de la chair. 1950 : Panique dans la rue. 1951: Un tramway nommé Désir. 1952 : Viva Zapata! 1953 : Man on a Tightrope. 1954 : Sur les quais. 1955 : À l'est d'Eden. 1956 : Baby Doll. 1957 : Un homme dans la foule. 1960 : Le Fleuve sauvage. 1961 : La Fièvre dans le sang. 1963 : America, America. 1969 : L'Arrangement. 1972 : Les Visiteurs. 1976 : Le Dernier Nabab.


“Le cinéma distille parfois une essence hermétique, et le propre de la magie, c'est qu'on ne peut l'expliquer.”
Chef-d'oeuvre d'Elia Kazan immortalisé par la présence démiurge de James Dean (alors qu'il s'agit de son 1er vrai rôle à l'écran !), A l'Est d'Eden perdure son pouvoir de fascination de par sa puissance dramatique littéralement épurée. Tant auprès du jeu des acteurs bouleversants d'humanité candide que de la mise en scène alambiquée de l'auteur se chargeant de poétiser une douloureuse rivalité familiale parmi la fulgurance de superbes éclairages et d'un rutilant technicolor. Nombre d'images faisant office de tableau pictural ou de jardin d'Eden à travers sa nature florissante, et ce sans se prêter au jeu d'une gratuité infructueuse. Les acteurs et les décors (naturels ou domestiques) se confondant dans le cadre avec une aisance alchimique irréelle (notamment pour rendre compte des états d'âmes des protagonistes sur l'instant présent). Prenant donc pour thème la famille dysfonctionnelle d'après le divorce d'un couple ayant rompu toute communication, A l'Est d'Eden retrace l'introspection morale du jeune Cal s'efforçant de retrouver sa mère au moment d'attirer l'attention de son père en guise d'amour et de considération. Ce dernier étant beaucoup plus sensible à la réussite de son fils Aaron qui plus est entouré d'une fiancée aussi compréhensive que vertueuse. Toute l'intrigue se focalisant sur le parcours épineux de Cal partagé entre sa quête maternelle, son mal être existentiel (davantage ingérable) et son désir de rédemption dans sa condition aussi maudite qu'infortunée. Son entourage ne cessant de discréditer sa farouche solitude faute de sa nature aussi taciturne que frondeuse.


Electrisant l'écran à chacune de ses constantes apparitions, James Dean possède cette rare sensualité d'y charmer son public grâce à sa présence naturelle d'une confondante discrétion. Terriblement chétif, un tantinet timoré, indécis, hésitant et souvent empoté lors de ses manifestations désespérées à gagner la confiance de son père, James Dean émeut sans fard au gré d'une expression sentencieuse inscrite dans une simplicité somme toute naturelle. Quand bien même Julie Harris lui partage la réplique avec une noble humanité à fleur de peau à travers sa sollicitude davantage grandissante de soutenir son beau-frère peu à peu épris de sentiments pour elle. Ce triangle amoureux que se disputent Cal, Aaron et Abra, Elian Kazan le retranscrit avec autant d'élégance que de simplicité épurée. De par la douceur de sa mélodie classique caressant chaque image et la sincérité des sentiments qu'extériorisent chaque acteur à travers leur charisme saillant. Car il faut bien souligner qu'A l'Est d'Eden transpire la magie du cinéma de par ses rutilantes couleurs qu'on ne retrouve plus sur écran de nos jours, le charme de ses acteurs touchés par une indicible grâce, la puissance de son histoire universelle (les rapports conflictuels entre enfants et parents et la jalousie que peut générer la fratrie) et l'intégrité du réalisateur caractérisant ses personnages à la fois meurtris et torturés avec une fine attention psychologique. L'intérêt du fil narratif résidant dans la progression morale de Cal, jeune ado pétri de belles valeurs mais incessamment incompris auprès d'un patriarche influent, égoïste, orgueilleux et rigoriste, et qui lors d'un concours de circonstances dramatiques tentera de se réconcilier auprès de lui mais aussi de son frère. Les rôles fraternels ayant été inversés en cours de route pour un enjeu conjugal.


Foncez donc revoir A l'Est d'Eden à l'infini car les chefs-d'oeuvre de ce calibre rétro sont éternels, comme l'exacerbe à chaque battement de cil l'éphèbe James Dean nous chavirant le coeur avec son désarmant naturel. 

*Bruno
3èx

Récompenses:
Golden Globe, Meilleur film Dramatique, 1956.
Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Jo Van Fleet lors de la 28e cérémonie des Oscars.

mardi 25 février 2020

The Nightingale. Prix Spécial du Jury, Mostra de Venise.

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jennifer Kent. 2018. Australie. 2h12. Avec Sam Claflin, Damon Herriman, Aisling Franciosi,
Charlie Shotwell, Ewen Leslie, Sam Smith.

Sortie salles Australie: 13 Octobre 2018. Italie (Mostra de Venise): 8 Septembre 2018

FILMOGRAPHIEJennifer Kent est une actrice, scénariste et réalisatrice australienne née à Brisbane en Australie. 2005 : Monstre (court métrage). 2014 : Mister Babadook. 2018 : The Nightingale.


"La meilleure façon de se venger d'un ennemi est de ne pas lui ressembler"
Pour son second long métrage, Jennifer Kent nous prouve que Mister Badadook n'était pas un accident, tant et si bien qu'avec The Nightingale elle s'avère autrement ambitieuse à transcender le sous-genre du Rape and Revenge avec une maturité insoupçonnée. Car les quelques séquences chocs qui émaillent l'intrigue ont beau flirter avec l'insoutenable (viols en réunion, bébé et enfant assassinés face caméra, exaction sordide auprès d'un violeur, ad nauseam), Jennifer Kent s'extirpe de la complaisance de par son parti-pris d'y exprimer un réalisme cru afin de mieux dénoncer les conséquences du châtiment punitif. Notamment eu égard de la victime éplorée s'efforçant de traquer ses tortionnaires avec une appréhension et un désarroi davantage prégnants. Aisling Franciosi portant le film à bout de bras avec une force d'expression à la fois fébrile et chétive au fil de son périple sévèrement hostile (la guerre éclatant tous azimuts lors de ses pérégrinations). Dénuée de fard et impeccablement dirigée, celle-ci parvient à susciter une bouleversante empathie lors de son périple meurtrier beaucoup plus imprévisible que prévu si je me réfère à sa remise en question sentencieuse. Et c'est bien là la grande force de The Nightingale lorsque la victime blasée de ses actes crapuleux décide à mi-parcours de rebrousser chemin pour s'obscurcir dans la nuit.


Outre l'impact émotionnel que l'actrice suscite à travers son tempérament bipolaire, Baykali Ganambarr lui partage la vedette avec une émotion souvent contenue de par sa virilité primitive et les cruelles épreuves de son passé comparables au vécu de sa partenaire Clare. A eux deux, ils forment un tandem névralgique inusité de par leur différence de culture et leur fragilité humaine teintée d'amour, de rédemption mais aussi d'amertume. De par leur appui commun à unir leurs forces pour l'enjeu d'une auto-justice, c'est également l'occasion pour la réalisatrice de nous transfigurer une magnifique histoire d'amitié et de tolérance que le couple infortuné uniformise dans leur condition d'exclusion. Quant au rôle du "méchant", ou plus précisément de l'engeance, c'est bien connu: "Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film !". Cette tagline empruntée à Hitchock ne déroge donc pas à la règle si bien que l'acteur Sam Claflin immortalise de son empreinte délétère le rôle d'un officier sans vergogne se vautrant dans le viol et le meurtre avec une impassibilité exécrable. Et ce en dépit de son physique bellâtre imprimé d'orgueil impérieux et de condescendance. On peut d'ailleurs noter qu'à travers la haine qu'il nous attise nous attendions impatiemment sa déroute promise, et ce avant de nous remettre sur le droit chemin de la morale, faute des exactions putassières de Clare subitement consciente de s'être adonnée à une ultra-violence préjudiciable. 


Récit initiatique à la sagesse et à la rédemption sous couvert d'une intelligente réflexion sur la perte de l'innocence, manifeste anti-raciste quant à la condition soumise des aborigènes victimes de la purge coloniale des britanniques en 1825, The Nightingale constitue une éprouvante descente aux enfers que Jennifer Kent inscrit sur pellicule de sa personnalité frondeuse. Dénué de partition musicale et tourné en 1.37 à travers une fastueuse flore naturelle, celle-ci honore le drame naturaliste sous couvert d'un Rape and Revenge âpre et tendu mais onirique (tant crépusculaire que limpide) et profondément humaniste quant à la valeur de son intensité dramatique. 

Dédicace à Cid Orlandu

*Bruno

Récompenses:
Mostra de Venise 2018 :
Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir pour Baykali Ganambarr
Prix spécial du jury pour Jennifer Kent

lundi 24 février 2020

The Machinist

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Brad Anderson. 2004. U.S.A/Espagne. 1h42. Avec Christian Bale, Jennifer Jason Leigh, Aitana Sanchez-Gijon, John Sharian, Michael Ironside, Lawrence Gilliard.

Sortie salles France: 19 Janvier 2005. U.S: 18 Janvier 2004

FILMOGRAPHIEBrad Anderson est un réalisateur né en 1964 à Madison (Connecticut) aux États-Unis. Il est également scénariste et monteur. 1995 : Frankenstein's Planet Monster's! 1996 : The Darien Gap. 1999 : Et plus si affinités. 2001 : Session 9. 2001 : Happy Accidents. 2005 : The Machinist. 2008 : Transsibérien. 2010 : L'Empire des Ombres. 2013 : The Call. 2014 : Hysteria. 2018: Opération Beyrouth. 2019 : La Fracture.


Drame psychologique transplanté dans le cadre du thriller, The Machinist relate la lente folie paranoïde d'un ouvrier solitaire souffrant d'insomnie. Ayant perdu 28 kilos pour son rôle famélique, Christian Bale porte le film sur ses frêles épaules dans sa fonction contrariée de victime persécutée par un étrange mastard à lunettes noires. Eclairé d'une photo désaturée afin de contraster avec les états d'âmes torturés de Trevor ayant comme seules compagnies amiteuses une prostituée au grand coeur et une serveuse de snack, The Machinist plonge le spectateur dans sa psyché nébuleuse au gré d'un climat malsain toujours plus saillant. Brad Anderson parvenant à distiller un climat ombrageux perméable autour de ce personnage réellement empathique quant à l'injustice de sa condition morale et ses valeurs d'amabilité, d'amitié et de considération, particulièrement auprès de la gente féminine. Quand bien même, les confrères de son entreprise ne cessent de le brimer et de le discréditer, notamment faute d'un grave incident professionnel que Trevor intenta auprès de l'un d'eux.


Bercé d'une partition hitchcockienne de Roque Baños si bien que l'ombre de Bernard Herrman plane sur l'intrigue, The Machinist empreinte également certaines références à Lynch et à Polanski pour tenir lieu de la moralité en berne de Trevor persuadé d'être la victime d'un complot à grande échelle. Bien évidemment, le spectateur démystifie progressivement le côté irrationnel des situations émanant de l'esprit dérangé de Trevor victime de ses insomnies (il n'a pas dormi depuis 1 an avouera t-il à la prostituée) au point de lui traduire diverses hallucinations. Pour autant, et sans dévoiler son étonnant dénouement moins morbide et brutal qu'escompté (mais autrement plus grave quant à l'intensité dramatique de l'enjeu humain), Brad Anderson exploite un scénario plus subtil qu'il n'y parait au point de reconsidérer le profil de Trevor rongé Spoil ! par la culpabilité, la honte et le remord fin du Spoil. Ainsi, de par ce rebondissement aussi inopiné que résolument censé, un nouveau niveau de lecture s'offre à nous afin de nous permettre de mieux saisir les tenants et aboutissants moraux de Trevor Spoil ! occultant un odieux secret Fin du Spoil.


De par son climat malsain lestement envoûtant (au point d'y instiller un malaise moral) et le soin de sa mise en scène dépouillée observant les agissements interlopes d'une victime paranoïaque à deux doigts de la démence, The Machinist s'avère (finalement) un vrai thriller à suspense doublé d'un drame psychologique poignant que Christian Bale rehausse à l'aide d'un humanisme subtilement décent. 

*Bruno
2èx

vendredi 21 février 2020

Golden Glove

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Der Goldene Handschuh" de Fatih Akın. 2019. France/Allemagne. 1h50. Avec Jonas Dassler, Margarethe Tiesel, Katja Studt, Dirk Böhling, Hark Bohm

Sortie salles France: 26 Juin 2019 (Int - 16 ans). Allemagne: 21 Février 2019 

FILMOGRAPHIE: Fatih Akın est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur allemand d'origine turque, né le 25 août 1973 à Hambourg en Allemagne. 1998 : L'Engrenage. 2000 : Julie en juillet. 2001 : Denk ich an Deutschland - Wir haben vergessen zurückzukehren (documentaire). 2002 : Solino. 2004 : Head-On. 2005 : Crossing the Bridge - The Sound of Istanbul (documentaire). 2007 : De l'autre côté. 2009 : Soul Kitchen. 2012 : Polluting Paradise (documentaire). 2014 : The Cut. 2016 : Tschick. 2017 : In the Fade. 2019 : Golden Glove.


"Coeurs fragiles, s'abstenir !" Une tagline que les fans d'horreur ont pu lire des centaines de fois sur les affiches racoleuses en guise d'alibi mercantile. Sauf qu'en l'occurrence, une seule envie nous titille l'esprit à l'issue de la projo ! Prendre une douche afin de se purger des saillies d'immondices que le réalisateur vient de nous projeter 1h50 durant ! Ainsi donc, âmes sensibles (dans le sens viscéral j'entends !), vous voilà prévenus ! Tant et si bien que je viens personnellement d'assister au portrait de serial-killer le plus cradingue, insalubre et miséreux du genre horrifique (Maniac ou encore Henry n'ont qu'à bien s'tenir !). Car tiré de l'histoire vraie du tueur en série Fritz Honka ayant sévi à l'orée des années 70 en y assassinant 4 prostituées, Golden Glove demeure une éprouvante descente aux enfers dans les bas fonds des caniveaux et cuvettes de chiottes les plus dégueulbifs ! Putassier, effronté, débauché, (un chouilla) porno (masturbation épileptique face écran), émétique, hardcore, glauque, sordide et surtout crapoteux, de par son ambiance ultra malsaine oscillant taudis exigu et bar à poivrots suintant communément pisse, sueur, sperme et sang, Golden Glove  confine au malaise viscéral "ad nauseum". Si bien que Fatih Akin (déjà responsable du tétanisant mais autrement bouleversant Head-On !) n'y va pas par quatre chemin pour nous confronter au drame social le plus cru et fuligineux.


Pour ce faire, il nous immerge de plein fouet dans la quotidienneté ordurière d'un loser décérébré tuant sa sinistre condition morose dans l'alcool et la baise. Il faut dire que notre serial-killer s'avère physiquement laid, puant, vérolé, antipathique, fourbe, irascible, ultra brutal, et ce en dépit de sa détresse à combler ses lacunes sentimentales dans des concertations lubriques. Et donc, de par son tableau impitoyable d'une misère humaine en déliquescence (parmi l'appui d'authentiques gueules de poivrots déjà condamnés à trépasser !), Golden Glove nous vrille et salit les yeux de par sa vigueur olfactive découlant des coïts et exactions criminelles que Fritz Honka enchaîne lors d'addictions incontrôlées (tant pour l'alcool et la baise que l'homicide le plus brutal). Mais éludant miraculeusement la complaisance auprès des séquences horrifiques sanglantes, Fatih Akin joue d'autant mieux avec notre voyeurisme et nos nerfs quant à l'ultra réalisme des situations orageuses et expressions sentencieuses (je tire mon chapeau à chaque acteur, jusqu'aux second-rôles et figurants du fond !). Des échanges de regards évasifs que s'échangent Fritz et ses proies sexuelles pataudes, faute de sa repoussante laideur. A l'instar des odeurs d'excréments et cadavres putréfiés qui pullulent dans son appartement. Parfois caustique auprès de cette faune de quidams avinés à la limite de l'aliénation dans leur condition toxico, Golden Glove est une expérience extrême avec la précarité la plus irrécupérable. Bref, tout le monde est au fond du trou, il n'y a plus qu'à y tirer la chasse !


Affreux, sale et méchant
Maelstrom d'images obscènes où gueulantes et verres brisés se mêlent au foutre et aux vomissures au sein d'un microcosme sociétal tristement loqueteux, Golden Glove provoque à l'extrême pour y marquer de son empreinte rubigineuse l'authentique profil d'un tueur esseulé victime de son ignorance déficiente. Inoubliable car sensoriel, traumatique, dérangeant et à la limite du soutenable (l'interminable scène de strangulation est la pire que j'ai vu au cinéma), que l'on adhère ou que l'on rejette en bloc ce pavé décadent. 

Ci-joint la chronique de Head-Onhttps://brunomatei.blogspot.com/2018/11/head-on-ours-dor-berlin-2004.html

Dédicace à Mylène Lam.
*Bruno

Biographie de Fritz Honka (Wikipedia) :

" De petite taille (1,65 m), Fritz Honka était extrêmement complexé. À cause de cela, il aimait uniquement les femmes plus petites que lui, et les préférait édentées à cause de ses peurs incontrôlables de mutilation lors des fellations. Il aimait solliciter des prostituées âgées du Reeperbahn à Hambourg. Il massacra au moins quatre d'entre elles dans sa petite chambre se situant dans le grenier d'un immeuble situé au 74 de la Zeißstraße, dans le quartier d'Ottensen), à Hambourg. Il conservait les corps dans son appartement, et, pour lutter contre les odeurs nauséabondes à la suite d'une plainte des voisins due aux odeurs pestilentielles qui se dégageaient de son appartement, il les aspergea d'eau de Cologne. En janvier 1975, les restes momifiés furent découverts par les pompiers à la suite d'un incendie provoqué par l'accumulation des vapeurs d'alcool stagnantes dans la pièce. Veilleur de nuit, Honka n'était pas présent au moment des faits, et fut arrêté chez lui à son retour. Pour sa défense, Honka indiqua qu'il avait tué ces femmes après qu'elles se furent moquées ouvertement de sa préférence pour les fellations plutôt que pour des rapports sexuels classiques. Il fut condamné à l'emprisonnement à perpétuité, le maximum prévu par la loi allemande, mais il fut en fait libéré de prison en 1993. Il passa ses dernières années sous le nom de Peter Jensen dans une maison de retraite.

Il est mort à l'hôpital de Langenhorn, à Hambourg le 19 octobre 1998."

jeudi 20 février 2020

Le 13è Guerrier. Meilleur film, Imagen Foundation Awards 2000.


Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The 13Th Warrior" de John Mc Tiernan. 1999. U.S.A. 1h42. Avec Antonio Banderas, Omar Sharif, Vladimir Kulich, Dennis Storhoi, Clive Russell, Daniel Southern.

Sortie salles France: 18 Août 1999

FILMOGRAPHIE: John McTiernan est un réalisateur et producteur américain, né le 8 janvier 1951 à Albany à New-York. 1986: Nomads. 1987: Predator. 1988: Piège de Cristal. 1990: A la Poursuite d'Octobre Rouge. 1992: Medicine Man. 1993: Last Action Hero. 1995: Une Journée en Enfer. 1999: Le 13è Guerrier. 1999: Thomas Crown. 2002: Rollerball. 2003: Basic.


Déprécié par la critique et boudé par le public (il rapporte dans le monde 61 millions de dollars pour un budget estimé à 160 !), le 13è Guerrier constitue la pièce maudite du grand John Mc Tiernan. Tant et si bien que selon mon jugement de valeur je me demande encore aujourd'hui ce qui a bien pu chagriner les renfrognés en dépit de son montage éminemment chaotique (le prélude - les présentations entre l'ambassadeur Ahmed Ibn Fahdlan et les vikings - est expédié en quelques secondes alors qu'il aurait fallu le développer en 10/15 minutes, l'expédition des guerriers dans la grotte pose ce même problème elliptique) que Michael Chrichton se réappropria depuis sa discorde avec le réalisateur. C'est également au producteur qu'incombe la responsabilité d'avoir modifié la partition musicale en post-production initialement prévue par Graeme Revell, si bien qu'il fit personnellement appel à Jerry Goldsmith. En tout état de cause, ce nouveau score orchestral se prête pourtant en harmonie au climat épique de l'aventure menée avec un savoir-faire vertigineux. On peut d'ailleurs parler de modèle d'efficacité au grand dam d'un pitch somme toute linéaire (attaques/ contre-attaques et vice versa entre vikings et cannibales) que Tiernan élabore sous le moule du pur divertissement mené sur rythme alerte. Alors oui, par moments, on a bien le sentiment que les pérégrinations de nos héros demeurent beaucoup trop furtives, notamment auprès de l'ébauche des offensives, si bien que la précipitation des évènements fait un peu tache en terme de structure narrative.


Mais pour autant, et avec une volonté (payante) d'y transcender le genre, Mc Tiernan parvient à nous scotcher et à retenir notre souffle lors d'une succession de batailles anthologiques dignes d'un Conan le Barbare, Excalibur ou encore Dar l'Invincible. Autant souligner que le spectacle homérique fait fréquemment preuve de barbarie de par le fracas des armes et ses corps à corps ensanglantés n'hésitant pas à s'éventrer ou à se décapiter au gré d'un souffle épique sensitif. Tant et si bien que les magnifiques décors naturels font office de personnages à part entière lors d'intempéries diluviennes ou embrumées que nos guerriers arpentent avec une bravoure impavide (notamment auprès du sens du sacrifice). Quand bien même Tiernan parvient admirablement à relancer l'action à travers un climat nocturne puis caverneux chargé d'onirisme crépusculaire en "ombre chinoise". Enfin, à moindre échelle, on peut peut-être reprocher le manque de charisme de certains vikings (un chouilla trop bellâtres) et le profil un brin bâclé d'Ahmed Ibn Fahdlan qu'Antonio Banderas impose avec un charisme félin gentiment séducteur à travers son initiation héroïque. Mais tant auprès de sa flamboyance formelle capiteuse que du réalisme des batailles soucieuses du moindre détail, le 13è Guerrier parvient à nous immerger dans l'action primitive avec un esprit jouissif débordant de générosité.


Bref, foncez revoir le 13è Guerrier, car sur le plan strictement ludique, il s'agit d'une des plus grandioses aventures belliqueuses que l'on ai savouré à l'écran

*Bruno
3èx

Récompenses:
ALMA Awards 2000 : meilleur acteur pour Antonio Banderas18
Imagen Foundation Awards 2000 : meilleur film

mercredi 19 février 2020

Max et les maximonstres

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Where the Wild Things Are" de Spike Jones. 2009. U.S.A. 1h41. Avec Max Records, Pepita Emmerichs, Max Pfeifer, Madeleine Greaves, Joshua Jay

Sortie salles France: 16 Décembre 2009. U.S: 16 Octobre 2009

FILMOGRAPHIE: Adam Spiegel, dit Spike Jonze est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur, américain né le 22 octobre 1969 à Rockville (Maryland). 1999 : Dans la peau de John Malkovich. 2003 : Adaptation. 2009 : Max et les Maximonstres. 2013 : Her.


"De la magie à l'état brut, en y laissant des plumes et des séquelles sur nos propres failles caractérielles."
Spectacle enchanteur d'une tendresse émotionnelle davantage bouleversante, Max et les Maximonstres ne peut laisser indifférent le spectateur empathique, aussi difficile d'accès soit son contenu (de prime abord) singulier. Tout du moins lors de sa première partie lorsque Max aborde et batifole avec les monstres en s'y proclamant roi afin de se venger de son statut de souffre-douleur auprès des camarades de sa bourgade. Complexe et déconcertant, de par les états d'âmes de Max et des Monstres se disputant l'autorité avec parfois des humeurs versatiles et démonstrations de force un tantinet brutales, Max et les Maximonstres n'est clairement pas destiné aux enfants de - 10 ans. Ce qui ne l'empêche pas d'y cultiver un hymne à l'amour pour les valeurs familiales à travers l'introspection morale d'un gamin avide de respect, d'amitié, de reconnaissance et surtout de compassion. Et ce avec une subtile intelligence à la fois dense et si profonde si bien qu'il faut impérativement revisionner le film afin de radiographier les comportements instables de ces personnages en proie à une réflexion existentielle oecuménique. Sa grande force cérébrale résidant dans notre propre remise en question comportementale à réviser notre jugement sur tel ou tel personnage familier ou amical que l'on côtoie au sein de notre propre quotidienneté.


Magnifiquement campé par le jeune Max Records d'une force d'expression naturelle sensorielle (on a l'impression que les pores de sa peau sont en constant éveil); Spike Jonze le dirige sans effet de manche dans son refus de l'estampiller tête à claque en dépit de sa rébellion irascible. Notamment si je me réfère à sa révolte contre sa mère (admirablement incarnée par Catherine Keener de par son humanisme maternel mêlé d'amour, d'empathie et de contrariété). Récit initiatique donc pour l'acceptation de soi afin de tolérer l'autre en opérant un travail moral sur nos propres failles caractérielles, Max et les Maximonstres aborde le thème si délicat de l'enfance avec une originalité et une insolence qui laisse pantois. A l'instar de cette attachante galerie de monstres hors normes confectionnées en numérique et animatronic dans leur costume disproportionné. Tant et si bien que l'on se prend d'affection pour eux sans jamais se rendre compte à quel moment propice ils sont parvenus à nous faire vibrer d'émotions à travers leur innocence ambivalente. Des monstres infantiles tentant de cohabiter ensemble sous la mainmise d'un faux roi en proie à une brutale prise de conscience.


Conte philosophique sur la nature humaine (notre part monstrueuse) et la fragilité de l'enfance en crise identitaire que Spike Zone imprime sur pellicule de sa personnalité auteurisante, Max et les Maximonstres ébranle nos émotions avec une intensité dramatique que l'on ne voit jamais arriver. Tant et si bien que l'on sort de la projo psychologiquement transformé, même si l'enfant tapi en chacun de nous continue de nous triturer les méninges d'après l'itinéraire sinueux de Max sujet au difficile cap du "vivre ensemble". 
A revoir absolument ! (j'insiste). 

*Bruno
2èx

mardi 18 février 2020

Le Baiser de la Tarantule

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site lupanarsvisions.blogspot.com

"Kiss of the Tarentula" de Chris Munger. 1976. 1h24. Avec Ernesto Macias, Suzanna Ling, Herman Wallner, Patricia Landon, Beverly Eddins, Jay Scott.

Sortie salles France: 28 Février 1980

FILMOGRAPHIE: Chris Munger est un réalisateur et producteur américain. 1978: La légende d'Adams et de l'ours Benjamin (TV Series) (1 episode) - The Quest. 1976 Le baiser de la tarentule.  1974 Black Starlet. 1970 The Year of the Communes (Documentaire).


Sombré dans l'oubli depuis sa discrète exploitation Vhs chez nous, le Baiser de la Tarantule demeure une curiosité poussive, faute d'une réalisation bâclée, d'un jeu d'acteur inexpressif (même si on a connu pire dans une Zèderie italienne) et d'une intrigue prémâchée influencée par Carrie sorti la même année. Reste un prologue (faussement) prometteur (les brimades de la mère de Susan et la mort qui s'ensuit), une scène horrifique bonnard (bien que la gestuelle outrée des interprètes collapsés effleure le ridicule au sein du cadre exigu de leur véhicule) et une ambiance funeste parfois perméable (la morgue) contrastant avec la beauté angélique de la timorée Susan. Une ange exterminatrice peu convaincante dans sa folie homicide d'exploiter sa passion des tarantules (bien qu'il s'agisse à l'écran de véritables mygales rampant sur leurs victimes avec un réalisme factuel) afin de venir à bout de ses gouailleurs.

Remerciement à Lupanarsvisions pour leur superbe version HD.

*Bruno

lundi 17 février 2020

Slice

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Cheun" de Kongkiat Khomsiri. 2009. 1h40. Avec  Arak Amornsupasiri, Sonthaya Chitmanee, Jessica Pasaphan

Sortie salles Thaïlande: 22 Octobre 2009

FILMOGRAPHIE: Kongkiat Khomsiri est un réalisateur et scénariste thaïlandais. 2018: Khun Phaen Begins. 2016 Khun Phan. 2016/III Take Me Home. 2012 Antapal. 2011 Lud 4 lud. 2009 Slice. 2008 Long khong 2. 2007 Boxers. 2005 Long khong. 2003 Khunsuk (co-director - as Gonggiat Komsiri).


Inédit en salles chez nous, Slice est une production thaïlandaise hybride dans son mélange des genres. Romance, thriller, horreur et drame se chevauchant efficacement au fil d'une trajectoire narrative davantage escarpée eu égard de son rebondissement de dernier acte aussi traumatisant que bouleversant. L'intrigue décrivant, sous une photo surexposée, les exactions barbares d'un mystérieux tueur en série entièrement vêtu de rouge que le taulard Taï tentera de coincer dans un délai furtif de 15 jours. Auquel cas il retrouvera sa liberté après avoir purgé sa peine pour bavure policière. Au-delà des nombreuses scènes-chocs qui interfèrent durant le récit imprévisible, Kongkiat Khomsiri alterne, via le flash-back, avec la relation amicale du flic et du tueur lors de leur enfance marginale. Sorte de Stand by me vitriolé à travers sa peinture rurale d'une bande d'ados rebelles batifolant dans les prairies en y brimant parfois le jeune Noi vulgairement taxé de tapette. Jouant sur l'ambiguïté de l'homosexualité refoulée de Tai que Noï tente d'apprivoiser par amour, Slice dérange en oscillant l'empathie pour le sort de ce dernier.


Car souffre-douleur d'un père abusif aviné et de camarades goguenards n'hésitant pas à le maltraiter sexuellement, celui-ci compte sur l'amitié naissante de son nouvel acolyte afin d'oublier son statut d'objet esseulé. Kongkiat Khomsiri invoquant une grande brutalité, tant auprès des scènes gores graphiques (parfois à la limite du soutenable) que le tueur perpétue en guise de vendetta que des sévices sexuels que Noi endure pour tenir compte d'assouvissement pervers. D'autant plus rigide et rugueux quant à la caractérisation morale de ce dernier en proie aux châtiments corporels et à une insupportable injustice, Slice n'est clairement pas une partie de plaisir à travers sa palette de sentiments contradictoires que le cinéaste s'amuse à manipuler en réfutant les conventions. Car autant psycho-killer à suspense qu'histoire d'amour vertigineuse, Slice y extrait un cocktail épicé d'oeuvre choc provocatrice sous l'impulsion d'une dramaturgie davantage prononcée. L'intensité psychologique émanant des rapports amicaux conflictuels entre Taï et Noi se rapprochant mutuellement au fil de leurs vicissitudes, et ce avant de se séparer lors d'un concours de circonstances à la fois précaires et sordides (la prostitution des mineurs).


Glauque, malsain, baroque et sordide, tant auprès de sa violence tranchée que des châtiments intentés sur l'ado torturé, Slice triture nos émotions à l'aide d'une vibrante humanité pour la romance insoluble entre deux amants martyrisés par leurs souvenirs d'enfance véreuse et putassière. Dénué d'espoir et de rédemption au gré d'une dramaturgie reptilienne, Slice traite donc des thèmes de la maltraitance, de l'homophobie et de l'exploitation sexuelle des mineurs avec un éprouvant réalisme cauchemardesque. Difficile d'en sortir indemne, en y versant lors d'une mélancolique étreinte de douloureuses larmes d'amertume. 

*Bruno

samedi 15 février 2020

Au Nom de la terre

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Édouard Bergeon. 2019. France. 1h43. Avec Guillaume Canet, Veerle Baetens, Anthony Bajon, Rufus, Samir Guesmi.

Sortie salles France: 25 Septembre 2019

FILMOGRAPHIEÉdouard Bergeon est un journaliste et réalisateur français, né le 29 septembre 1982. 2019: Au nom de la Terre.


Uppercut émotionnel que l'on perçoit de plein fouet sous l'oeil consciencieux d'Edouard Bergeon décrivant avec souci de réalisme documenté le calvaire insurmontable de son (propre) père suicidé à la suite d'une moisson de dettes, Au nom de la terre laisse en état de choc traumatique. Car autopsiant à l'aide d'un humanisme névralgique ce profil d'un métayer contraint de céder au modernisme technologique afin de sustenter sa ferme animalière et entretenir sa famille, Au nom de la Terre sonne tel un cri d'alarme contre ces agriculteurs minés par un désespoir impitoyablement plombant. Et ce au péril de leur vie précaire si bien qu'en France 1 agriculteur se suicide chaque jour apprendra t'on en guise de conclusion escarpée. Foudroyant d'intensité dramatique au fil du cheminement déliquescent de Christian en proie à une dépression galopante, Au nom de la Terre demeure un terrible fardeau pour le spectateur assistant à la lente agonie morale de cet agriculteur allant jusqu'à discréditer sa profession face au témoignage positif de son fils, témoin malgré d'un échec professionnel lié à la déveine, l'injustice (mais aussi à la dissension paternelle quant à l'intolérance du père anachronique de Christian). Outre la sobriété de la mise en scène réfutant tout cliché et misérabilisme en dépit d'une sinistrose extrêmement éprouvante pour nous, le jeu viscéral des acteurs nous magnétise l'esprit avec une trouble persuasion.


Eu égard des forces d'expressions à la fois démunies et pugnaces de Christian et des membres de sa famille tentant mutuellement de se relever avec une détermination "bipolaire". C'est le cas de le souligner si bien que sa maladie morale semble effleurer les esprits torturés de ces derniers tentant malgré tout de redresser la tête afin de ne pas sombrer à leur tour dans la tourmente d'un pessimisme ingérable ! Guillaume Canet, dont il s'agit probablement de son meilleur rôle; endossant ce paysan des temps modernes avec une déchéance morale difficilement supportable quant à l'ultra réalisme de ses expressions faciales, qu'elles soient irascibles ou défaitistes. Quand bien même Rufus (bien trop rare à l'écran ses dernières décennies !) se fond dans le corps du patriarche "donneur de leçon" avec une verve orgueilleuse terriblement condescendante. Le choc des générations émanant de leur différente perception du travail professionnel au sein d'une époque trop évoluée où la rentabilité prime au mépris du facteur humain. Quant à l'actrice et chanteuse belge Veerle Baetens (révélée par l'inoubliable Alabama Monroe), elle se taille une carrure d'épouse protectrice avec un humanisme fébrile timorée de crainte de voir son époux sombrer dans une forme de démence. Enfin, récompensé du Valois du Meilleur Acteur, Anthony Bajon y incarne le fils aîné avec pudeur et loyauté très impressionnantes, quand bien même ces éclairs de rage, d'impuissance et de colère face à l'agonie de son père nous laisse KO d'émotions brutes de décoffrage.


Première oeuvre salutaire d'Edouard Bergeon tirant la sonnette d'alarme sur la crise agricole par le biais du fait-divers sinistré, Au nom de la Terre nous plonge (tête baissée) dans un cauchemar rural avec souci de réalisme vertigineux. Tant auprès du tact de sa réalisation étonnamment maîtrisée (notamment d'un aspect formel) que du jeu des acteurs sidérants de naturel cafardeux. Inévitablement bouleversant car d'une cruauté inouïe, d'autant plus que son manifeste agricole s'avère dénué de lueur d'espoir...

Dédicace à Thierry Savastano
*Bruno

Récompense: Festival du film francophone d'Angoulême 2019 : Valois du meilleur acteur pour Anthony Bajon

vendredi 14 février 2020

Intruders

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Juan Carlos Fresnadillo. 2011. U.S.A/Espagne/Angleterre. 1h40. Avec Clive Owen, Carice Van Houten, Daniel Brühl, Kerry Fox, Ella Purnell, Mark Wingett, Lolita Chakrabarti, Imogen Gray, Ella Hunt, Izan Corchero, Matthew Hodkin.

Sortie salles France le 11 Janvier 2012. U.S.A: 30 Mars 2012

FILMOGRAPHIE: Juan Carlos Fresnadillo est un réalisateur espagnol né le 5 décembre 1967 à Tenerife. 2001: Intacto. 2007: 28 Semaines plus tard. 2011: Intruders
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Après l'excellent Intacto (multi récompensé dans son pays ibérique) et l'apocalyptique 28 Semaines plus tard, l'espagnol Juan Carlos Fresnadillo s'attira les foudres des critiques défaitistes avec son troisième long-métrage, Intruders. Pourtant, ce bon suspense horrifique joue lestement avec les attentes du spectateur dans son alliage d'angoisse diffuse et de dramaturgie modérée. Le pitchDeux enfants que tout sépare dans leur pays distinct sont la proie d'un cauchemar récurrent devenu réalité ! Un mystérieux individu éludé de faciès persécute dans leur propre réalité leurs terreurs enfantines. L'un des pères de l'enfant, témoin de l'apparition hostile, va tenter d'appréhender le monstre sans visage, alors que la mère envisage le soutien de l'église catholique. A la vue de sa trame onirique établissant un rapport viscéral entre la victime sujette à fantasmer sur papier un oppresseur maléfique dans sa psyché névrosée, certains spectateurs pourront se remémorer le sympathique Lectures Diaboliques de Tibor Takacs. Ainsi, deux enfants de famille distincte, un garçon espagnol, Juan, et une fille anglaise, Mia, décrivent leur terreur enfantine dans un journal personnel. Confinés dans leur chambre, ils imaginent à l'écrit un sombre individu sans visage perpétrant des méfaits toujours plus pernicieux à leur égard. Cette peur intrinsèque communément établie entre les deux enfants s'avère si cinglante et terrifiante que le monstre tapi dans leur fantasme va véritablement s'extraire de leur névrose pour apparaître dans la propre réalité afin de les molester et les entraîner vers un "no mans land". Mais un soir, le père de Mia est subitement témoin de cette apparition funèbre sévèrement hostile. De son côté, la mère de Juan est également convaincue de cette présence perfide terriblement inquiétante avant de céder à la panique et réfuter l'improbable. De par ce script prometteur jalonné de séquences anxiogènes soigneusement crédibles, Intruders attise la curiosité, entretient le mystère lattent et expose des faits surnaturels de prime abord décousu.

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D'autant plus que le parallèle psychologique établi entre les enfants molestés et les parents déconcertés ne cesse de se télescoper pour mieux entretenir le doute chez le spectateur perplexe. De par son ambiance crépusculaire confinée dans le foyer rassurant d'une chambre tamisée, le réalisateur Juan Carlos Fresnadillo nous remémore nos terreurs les plus obscures avec le fameux monstre blotti dans notre placard. Avec une efficience probante et la conviction mesurée de comédiens au réactions censées (Clive Owen, parfait de maturité empathique en père débonnaire), ce cauchemar onirique envoûte le spectateur embarqué dans une énigme au suspense grandissant. La force du récit résultant du tourment psychologique invoqué aux enfants, tributaires de leur cauchemar inhérent puis de l'impuissance des parents, incapables de tolérer de prime abord une situation irrationnelle (tout du moins chez les mères des 2 enfants). D'ailleurs, le fil narratif compromettra à un moment crucial l'un des membres parentaux lors d'une thématique psychanalytique afin de tenter de justifier une agression imbitable commise envers l'un des enfants. Alors que Susanna, catholique invétérée, sollicite la consultation d'un prêtre confirmé pour sauver son fils de ses terreurs nocturnes, John fait appel au forces de l'ordre et équipe simultanément son foyer familial d'alarme et de vidéo surveillance pour anticiper un éventuel nouvel affront. Spoil ! Si bien que le rapport conflictuel entretenu avec sa femme dubitative amène donc celle-ci à consulter d'éminents psychologues pour contredire son mari qu'il s'agit d'une hallucination collective (une folie à deux de par les liens très affectueux que se partagent le père et sa fille). Fin du Spoil. Ce sentiment d'impuissance, l'amour paternel éprouvé par le père démuni, les deux enfants asservis par une entité impassible, nourrissent l'intrigue sous l'impulsion d'un humanisme chétif teinté de désespoir. Et si le final un brin bâclé peut paraître orthodoxe, Intruders emporte néanmoins l'adhésion grâce à la sobriété de sa mise en scène et au jeu des acteurs sans fard. Pour parachever, le réalisateur fait finalement appel à une réflexion sur la maîtrise de soi, faute de notre conscience bafouée par l'affres afin de canaliser nos émotions les plus perturbantes.
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Angoissant, inquiétant et interprété avec une densité fragile (notamment pour la prestance des gamins épatants de vulnérabilité dépouillée), Intruders demeure un bon suspense horrifique au rythme sans faille. Métaphore sur la peur indissociable de nos névroses les plus sombres, ce conte contemporain peut également se concevoir en exorcisme afin de se libérer de nos terreurs les plus répréhensibles.

*Bruno
14.02.20
03.04.12. 261 v