mardi 31 mars 2020

Vivarium. Grand Prix Nouveau Genre, l'Etrange Festival.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.fr

de Lorcan Finnegan. 2019. Irlande/Belgique/Danemark. 1h38. Avec mogen Poots, Jesse Eisenberg, Jonathan Aris, Danielle Ryan, Olga Wehrly.

Sortie salles France: 11 Mars 2020

FILMOGRAPHIE: 2019: Vivarium.  2016: Without Name


Conçu comme un épisode longiligne de la 4è Dimension, Vivarium demeure une expérience cauchemardesque proprement inusitée. Car que l'on adhère ou qu'on le rejette en bloc, faute d'un climat austère aussi pesant qu'irrespirable au gré d'une intrigue nonsensique irrésolue, Lorcan Finnegan parvient à nous déstabiliser en crescendo en y invoquant un malaise tangible davantage terrifiant. Dans la mesure où son climat lourdement anxiogène émane des réactions sentencieuses des victimes en proie à une impuissance morale davantage cafardeuse. Et ce au fil de leur routine plombante dénuée d'appui amical (aucun voisin à proximité, jusqu'au bout de l'horizon !) et des réactions versatiles de leur hôte apatride qu'ils sont contraints d'éduquer en guise de fonction parentale. Le pitch, satire caustique sur la famille modèle, nous illustrant la claustration quotidienne d'un jeune couple pris au piège dans leur nouvelle demeure après l'avoir visité en compagnie d'un agent immobilier. Perdu au coeur d'une bourgade aphone où les nuages semblent se figer dans le ciel de manière similaire, ils tentent de se recréer un semblant de vie au sein de leur nouveau lieu de résidence destitué de chaleur humaine. Quand bien même dehors, la faune, la flore et la météo n'ont plus lieu d'être ! Mais au fil de leur solitude, on leur dépose un matin sur le trottoir un nouveau-né qu'ils décident d'adopter dans leur instinct maternel.


Or, cet étranger surgit de nulle part s'apparente à une sorte de mutant difficilement domptable lors de ses crises de caprices littéralement criardes. Pendant ce temps, Tom, le concubin, creuse un trou dans le jardin afin de trouver une éventuelle issue de secours d'après l'écho de certaines voix inaudibles. Voilà donc en résumé ce qui vous attend dans cet indéfinissable Vivarium que l'on redoute avec une étrange fascination malsaine eu égard de l'évolution morale de ces protagonistes mis à rude épreuve dans leur enjeu de survie. Car dénués de raisonnement face à leur ubuesque condition de déréliction, ils doivent en prime se coltiner un rejeton détestable qu'ils sont contraints de chouchouter dans leur cocon domestique. Ainsi donc, de par la puissance de certaines images lestement cauchemardesques, Vivarium créé un véritable malaise horrifique sans l'ombre d'une outrance sanguine. Tant auprès du décorum champêtre étrangement stéréotypé (quel silence assourdissant !), du foyer domestique en carton pâte comportant une TV 16/9 aux émissions cryptées, que des réactions impassibles du rejeton sans vergogne quant à son idéologie mortifère. On peut d'ailleurs y voir à travers cette expérimentation existentielle désagréablement flippante, une réflexion contre la maltraitance à travers les valeurs de la résilience et de la patience ici destinées à perdurer jusqu'au trépas. Quand bien même le sentiment omniprésent d'incommunicabilité qu'ils endurent au péril de leur propre vie tend à prouver que nous ne sommes pas conçus pour se confiner dans une solitude suicidaire.


Attention, bad-trip métaphysique dont on ne sort pas indemne, à privilégier de préférence accompagné afin que le spleen y soit moins prononcé !

*Bruno

Récompenses: L'Étrange Festival 2019 : Grand Prix Nouveau Genre
Festival international du film de Catalogne 2019 : Prix de la meilleure actrice pour Imogen Poots

vendredi 27 mars 2020

Le Diamant du Nil

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Jewel of the Nile" de Lewis Teague. 1985. U.S.A. 1h46. Avec Michael Douglas, Kathleen Turner, Danny DeVito, Spýros Fokás, Avner Eisenberg.

Sortie salles France: 2 Avril 1986. U.S: 11 Décembre 1985

FILMOGRAPHIE: Lewis Teague (né le 8 mars 1938 à Brooklyn, New-York, Etats-Unis) est un réalisateur, monteur, acteur et directeur de la photographie américain. 1974: Dirty O'Neil. 1979: The Lady in red. 1980: L'Incroyable Alligator. 1982: Philadelphia Security (Fighting Back). 1983: Cujo. 1985: Cat's Eye. 1985: Le Diamant du Nil. 1989: Collision Course. 1990: Navy Seals: les meilleurs. 1991: Wedlock. 2010: Charlotta-TS.


A la poursuite d'un nouveau diamant, en dromadaire ! 
Trop occupé à la conception de Retour vers le Futur, Robert Zemeckis cède sa place à l'habile Lewis Teague (l'Incroyable Alligator, Cat's Eye et surtout l'ébouriffant Cujo) au poste d'une séquelle dispensable mais jamais ennuyeuse. Le Diamant du Nil constituant un plaisir coupable aux confins du nanar de par sa moisson de clichés tributaires d'une narration sans surprises et de son humour particulièrement infantile. L'intrigue rachitique opposant un jeu de cache-cache entre gentils et méchants afin de s'approprier un joyau au coeur du Nil. Agréablement dépaysant à travers les vastes contrées du Maroc et de l'Afrique (émaillées de panoramas vertigineux !), Le Diamant du Nil fleure bon l'aventure familiale sous l'impulsion du couple Michael Douglas / Kathleen Turner aussi expansif et étincelant que lors de leurs précédentes tribulations.


Conjuguant romance cucul avec parfois une involontaire tonalité hilarante (compensée de la complémentarité si charmante du couple susnommé), aventures frétillantes et action explosive (l'anthologique escapade en avion grugé par nos héros semant la pagaille sur terre car privés d'ailes pour décoller) au gré d'une inlassable traque oscillant visites touristiques, danses ethniques et rencontres patibulaires, le Diamant du Nil est sauvé par l'énergie communicative des comédiens épatants de sincérité. Quand bien même Lewis Teague se charge d'emballer correctement son divertissement de par sa volonté payante du travail soigné esquivé de prétention. A l'instar du dynamisme du montage, de sa photo solaire, des décors naturels parfaitement exploités et de ses effets spéciaux réussis parvenant à nous évader au gré de poursuites et explosions en règle. On peut enfin compter sur l'intervention subsidiaire de Danny DeVito pour renchérir dans la comédie à travers sa fonction de trublion empoté, et ce même s'il s'avère moins convaincant que lors de ses stratégies de pacotille à traquer le diamant vert. Un bon divertissement donc étonnamment plaisant et guilleret (tube de Billy Océan à l'appui en guise d'adieu romantique) eu égard de son emballage narratif hélas prévisible (si on excepte un rebondissement original quant à l'identité du fameux joyaux !). Et pour preuve, j'en étais ce soir au 3è visionnage avec ce similaire plaisir impubère.


*Bruno
3èx 

Ci-joint la chronique du 1er volet : http://brunomatei.blogspot.com/…/a-la-poursuite-du-diamant-…

jeudi 26 mars 2020

Chez moi

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Hogar" de Àlex Pastor et David Pastor. 2020. Espagne. 1h43. Avec Javier Gutiérrez, Mario Casas, Bruna Cusí, Ruth Díaz

Diffusé sur Netflix le 25 Mars 2020

FILMOGRAPHIE: David Pastor est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol né le 25 Juillet  1978 à Barcelone. Alex Pastor est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol né le 13  Mars à Barcelone. 2009: Infectés. 2013: Les Derniers Jours. 2020: Chez moi.


                                                     Portrait craché d'une famille modèle. 

Thriller hispanique aux confins de l'horreur sociale, Chez moi demeure un bon divertissement assez bien soutenu au gré de rebondissements dramatiques en chute libre. Le pitch: en mal de prospérité, un pubard au chômage décide de changer de vie en opérant un plan machiavélique auprès d'une famille bourgeoise résidant à son ancien appartement. Intrigue efficace au suspense psychologique progressivement vigoureux, Chez moi doit beaucoup de son intensité dramatique grâce à la présence de Javier Gutiérrez littéralement habité par son rôle de sociopathe dénué de vergogne. Perfide, délétère, insidieux, obséquieux, l'acteur insuffle une expression infaillible à travers l'impassibilité de son regard à la fois glacial et faussement séducteur eu égard de son instinct stratagème à manipuler à sa guise son entourage amical et familial. Ainsi, si l'intrigue parvient à retenir notre attention de par le magnétisme malsain de notre antagoniste (et ce jusqu'au final audacieusement amoral qui risque de déplaire à une frange du public), on aurait tant daigné omettre les facilités et certaines invraisemblances disséminées à bâtons rompus.


A l'instar du vibreur cellulaire de Javier confiné dans l'appartement face au témoignage auditif (pas si alerte) de la nouvelle résidente, du sort du jardinier pédo, de l'alibi de la bombe lacrymogène que l'épouse appliquera pour s'y défendre, et de l'intrusion précipitée de Javier dans la salle de cours face aux témoignages interloqués de l'enseignant et de son épouse (à la posture équivoque ?!). Les frères Pastor abusant donc de ses grossières ficelles un tantinet capillotractées quant aux ruses de Javier anticipant bien trop à la perfection sa machiavélique mise en scène pour agripper ses proies dans sa toile d'araignée. Le développement de l'intrigue (mal structurée) pâtissant d'un manque de crédibilité quant au réalisme des situations forts de café. Pour autant, à travers sa satire caustique de la société de consommation (faisant écho à l'excellent Beau-père de Ruben), Chez moi reste ludique et néanmoins captivant, rehaussé en intermittence de séquences chocs d'une âpre cruauté avec ce désagréable sentiment d'impuissance de ne pouvoir prêter main forte à la victime moribonde.


Dédicace à Seb Lake
*Bruno

mardi 24 mars 2020

La Plateforme

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Galder Gaztelu-Urrutia. 2019. Espagne. 1h35. Avec Ivan Massagué, Zorion Eguileor, Emilio Buale, Antonia San Juan, Alexandra Masangkay.

Diffusé sur Netflix  le 20 Mars 2020

FILMOGRAPHIEGalder Gaztelu-Urrutia est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol. 2019: La Plateforme.


Accouplez la Grande Bouffe et Cube à une pincée de Cannibal Holocaust et vous obtenez ce sommet d'horreur émétique que constitue La Plateforme. Une production Netflix redoutablement couillue quant à son contenu littéralement dégueulbif tant et si bien que le malaise viscéral ne nous quitte d'un iota 1h30 durant. Sa progression narrative demeurant si éprouvante que nous espérerions une conclusion salvatrice afin de s'extirper de cet enfer socialement arbitraire et asphyxiant. Le pitch en quelques mots: des prisonniers confinés par 2 dans leur géôle tentent de survivre en se nourrissant de plats déjà entamés par d'autres détenus. Une plateforme constituée de victuailles déclinant à chaque niveau afin de subvenir aux besoins de chacun. Au coeur de cet enfer carcéral dénué de vergogne, un prisonnier tentera d'y survivre coûte que coûte au fil de rencontres dépravées ne comptant que sur leur ego. De par son climat fétide à la fois épouvantablement glauque et poisseux, et son vérisme d'une âpre verdeur, La Plateforme distille un malaise viscéral permanent au fil des tentatives de survie de prisonniers réduits à l'état bestial dans leur rapacité de ne compter que sur leur égoïsme pour rester en vie.


Chacun étant obnubilé par l'emprise de la faim au fil d'une quotidienneté grisonnante dénuée d'étincelle d'humanité. Profondément dérangeant au sein d'un huis-clos blafard suintant la sueur, le sang et la nourriture avariée, La Plateforme provoque de plein fouet le spectateur emporté dans un cauchemar culinaire sans issue de secours. Le message du film nous illustrant un tableau pathétique de la nature humaine contrainte de se nourrir de la chair de son voisin faute de son instinct de survie. Et donc, l'intrigue a beau empiler les questions sans réponses et expédier un épilogue aussi abscons qu'équivoque (ce qui renforce toutefois son pouvoir de fascination), La Plateforme laisse des traces dans l'encéphale de par son imagerie écoeurante allouée à la bestialité de l'homme réduit à l'état animal dans un contexte carcéral inéquitable. Ceux résidant aux plus haut niveau ayant beaucoup plus de chances de se sustenter dans des conditions plus saines et quantitatives, alors que ceux du bas n'y auront la plupart du temps que les miettes laissées par leurs homologues.


Brouet rubigineux
Tableau sordide d'une société aristocrate fustigeant les laissés pour compte de la manière la plus obscène, indécente et immorale, La Plateforme laisse en état de choc moral (et viscéral) à travers son ultra violence tranchée où l'homme s'avère le pire ennemi de son semblable de par l'inégalité des classes sociales. 
Pour public averti.  

lundi 23 mars 2020

The Invisible Man

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Leigh Whannell. 2020. U.S.A. 2h04. Avec Elisabeth Moss, Aldis Hodge, Storm Reid, Harriet Dyer, Michael Dorman

Sortie salles France: 26 Février 2020

FILMOGRAPHIE: Leigh Whannell est un producteur de cinéma, un réalisateur, scénariste et acteur né le 17 janvier 1977 à Melbourne en Australie. 2015 : Insidious : Chapitre 3. 2018 : Upgrade. 2020 : Invisible Man.


Après nous avoir agréablement surpris avec Upgrade, Leigjh Whannell remet le couvert avec son troisième métrage, The Invisible Man. Variation à la fois moderne et horrifique du célèbre roman H. G. Wells, cette série B du samedi soir se taille une jolie carrure de divertissement échevelé eu égard de ses séquences chocs redoutablement efficaces ne débordant jamais sur la surenchère. Et ce en dépit de certaines facilités (son épilogue un chouilla équivoque potentiellement discutable) ou de questions restées sans réponses (comment le tueur a t'il simulé son suicide ?). Le récit se livrant à l'éprouvant jeu du chat et de la souris lorsqu'un pervers narcissique décide de faire vivre un véritable enfer à son ex après que celle-ci s'échappa du foyer conjugal. Ne cessant d'alterner angoisse, tension et suspense au fil d'un cheminement narratif imprévisible, The Invisible Man demeure un redoutable survival parano sous l'impulsion d'Elisabeth Moss (The Handmaid's Tale) reprenant son rôle de victime soumise avec cette similaire pugnacité morale et physique. 


Celle-ci se fondant dans le corps de Cécilia à l'aide d'une force d'expression résolument teigneuse eu égard de ses cruelles vicissitudes que le tueur cultive à l'aide de stratégies offensives terriblement insidieuses. Car si The Invisible Man s'avère aussi plaisant et palpitant, il le doit notamment au réalisme de ses effets numériques auquel nous n'y voyons que du feu et à ses situations de claustration lorsque la victime appréhende la menace invisible avec un fébrile espoir de survie. Le réalisateur relançant l'action horrifique dans des directions dramatiques davantage alertes au gré de rebondissements retors que l'on ne voit pas arriver. Ainsi, de par sa structure narrative rondement menée, The Invisible Man constitue un excellent thriller parano tirant parti de son concept surréaliste à travers une confrontation psychologique de longue haleine. Tant si bien que l'héroïne éplorée davantage malmenée devra également prouver son innocence auprès de la police et de son entourage (familial et amical) afin de lui éviter la camisole. On peut enfin souligner le soin de sa bande-son d'un flegme parfois si anxiogène et ses sonorités vrombissantes musicalement stylées. 


*Bruno

samedi 21 mars 2020

Les Misérables. César du Meilleur Film, 2020.

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ladj Ly. 2019. France. 1h42. Avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Zonga, Issa Perica, Al-Hassan Ly

Sortie salles France: 20 Novembre 2019

FILMOGRAPHIELadj Ly est un réalisateur et scénariste français né le 3 janvier 1978 au Mali. 2019: Les Misérables.


"Mes amis, retenez bien ceci, 
il n'y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes. 
Il n'y a que de mauvais cultivateurs."      Victor Hugo. Les Misérables. 

S'il n'est pas le choc annoncé et qu'il n'atteint que parfois le niveau émotionnel de La Haine lors d'occasions très tendues, Les Misérables reste une oeuvre aussi forte que grave à travers la fracture entre flics et jeunes des cités où les notions de Bien et de Mal volent en éclat pour des enjeux de survie, d'indépendance et d'autorité. Dénonçant l'abus de pouvoir chez certains policiers contraints de se tailler une carrure de Rambo afin de s'y faire respecter, Ladj Ly tente de résonner nos consciences à travers une peinture urbaine en perdition où chacun s'adonne à des menaces et provocations à couteaux tirés. Mais la puissance dramatique du récit émane surtout du point de vue des ados désoeuvrés ne pouvant même plus compter sur leurs aînés pour trouver un quelconque appui lorsque la police tente de négocier avec ces derniers un odieux chantage afin de sauver leur tête. Filmé à l'instar d'un documentaire de Zone Interdite (avec toutefois des plans aériens stylisés surplombant les immeubles), les Misérables ne peut laisser indifférent à travers son constat social anti-manichéen, tant et si bien que chaque camp ne compte que sur leur propre code (im)moral pour emporter la mise et maintenir leur autorité.


Là où le bas blesse, c'est au niveau de sa réalisation perfectible (il s'agit d'une 1ère oeuvre) et surtout de l'interprétation de certains comédiens amateurs dictant leur texte avec une élocution souvent théâtrale. Un défaut hélas récurrent dans la production française, et donc une nouvelle fois préjudiciable quant à la progression du récit désamorçant par moments la montée en puissance de la tension ou la véracité des affrontements psychologiques. Alors que d'autres rôles majeurs font preuve d'un aplomb autrement naturel ou d'une force d'expression de sûreté, quand bien même certaines gueules patibulaires impressionnent par leur nature à la fois sauvage et impassible. Pour autant, et grâce à son final belliqueux d'une violence pathétique, les Misérables laisse en mémoire un cri de haine et de révolte contre ses laissés-pour-compte en culotte courte se livrant à des actes de rébellion davantage inconsidérés de par leur condition de déréliction. Cette guerre de clans entre flics et banlieusards s'adonnant au jeu de pouvoir infructueux quant aux conséquences dramatiques de leur déchaînement de haine aussi suicidaire que désespérée. Toute communication s'avère donc rompue, faute des valeurs proscrites du Bien et du Mal destituées de leur propre signification. Le degré d'ultra violence s'élevant toujours un peu plus au fil d'une quotidienneté routinière démunie d'injustice.

*Bruno

Récompenses
Festival de Cannes 2019 :
Prix du Jury26
Prix Vulcain de l'artiste technicien : Flora Volpelière pour le montage et Julien Poupard pour la lumière et le cadre27
Prix de l'AFCAE : Mention spéciale28
Festival du cinéma américain de Deauville 2019 : Prix d'Ornano-Valenti29,30
Prix du cinéma européen 2019 : Discovery of the Year - Prix FIPRESCI
Durban International Film Festival 2019 :
Prix du meilleur film
Prix du meilleur scénario
Goyas 2020 : Meilleur film européen
Prix Lumières de la presse internationale 2020 :
Meilleur film
Meilleur scénario
Meilleur espoir masculin pour Alexis Manenti
César 2020 :
César du public
César du meilleur film
César du meilleur espoir masculin pour Alexis Manenti
César du meilleur montage

Box Office France : 2 009 992 entrées

vendredi 20 mars 2020

Ex Machina

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alex Garland. 2015. Angleterre. 1h48. Avec Oscar Isaac, Alicia Vikander, Domhnall Gleeson, Corey Johnson, Deborah Rosan

Sortie salles France: 27 Mai 2015

FILMOGRAPHIEAlex Garland est un romancier, scénariste et réalisateur britannique né le 26 mai 1970 à Londres. 2014 : Ex machina. 2017 : Annihilation. 2020 : Devs (série télévisée).


Excellent thriller d'anticipation réalisé par le néophyte Alex Garland, Ex Machina aborde le thème de l'intelligence artificielle avec pudeur et réalisme eu égard de l'androïde criant d'expressivité innocente (Alicia Vikander bluffante de naturel diaphane !), notamment grâce à des effets numériques irréprochables. Ainsi, rien que pour sa trouble présence d'une beauté féminine épurée, le film s'alloue d'un climat irréel imprégné de douceur et de mystère diffus sous l'impulsion d'une partition lancinante lestement contradictoire. Jeu de manipulation d'une cruauté inattendue au fil d'un récit à suspense davantage oppressant, Ex Machina doit beaucoup de son magnétisme auprès de la sobriété de ses interprètes et de sa mise en scène envoûtante assez stylisée. Alex Garland prenant son temps à nous caractériser la relation équivoque d'un trio conjugal (si j'ose dire) qu'endossent son créateur Nathan, le jeune programmeur Caleb et l'androïde Ava communément cloisonnés dans une demeure high-tech où tout échappatoire semble perdue d'avance. Quand bien même une domestique dénommée Kyolo partage leur intimité avec un mutisme déstabilisant de par sa condition cruellement soumise.


L'intérêt de l'intrigue résidant dans l'amitié progressive de Nathan et d'Ava apprenant à se connaître lors d'entretiens personnels que Nathan observe scrupuleusement derrière ses caméras de surveillance. Caleb  ayant été désigné par Nathan afin d'étudier une semaine durant le comportement de celle-ci afin de lui soumettre si elle s'alloue d'une conscience. Mais au fil de leur aparté, Ava le met en garde quant aux véritables intentions de son créateur particulièrement impérieux et condescendant auprès de ses créations révolutionnaires. Métaphore sur l'esclavagisme du point de vue d'un être artificiel avide d'émancipation et d'indépendance (on songe inévitablement aux réplicants de Blade Runner, à Androïde ou encore à Terminator en mode feutré), Ex Machina s'alloue d'un climat onirique aussi tendre que sensuel à travers les sentiments d'Ava éprise d'affection pour Caleb mais pour autant contrariée à l'idée de perdurer une existence esseulée dans sa prison high-tech. Alex Garland finissant par laisser planer le doute quant aux profils de ces personnages se manipulant mutuellement pour des enjeux d'orgueil et de liberté, avec à la clef un potentiel mobile de vengeance que chaque être humain imprime secrètement en lui.


Vénéneuse liaison dangereuse entre un trio perfide impliqué dans une expérience humaine où les enjeux de survie et d'héroïsme se confrontent à l'amour interdit; Ex Machina nous questionne sur les dangers de l'intelligence artificielle apte à transcender son créateur par le biais d'une conscience aussi ambivalente que l'homme.  

*Bruno

jeudi 19 mars 2020

Super 8

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de J.J Abrams. 2011. U.S.A. 1h52. Avec Joel Courtney, Elle Fanning, Kyle Chandler, Ryan Lee, Zach Mills, Riley Griffiths, Gabriel Basso, Joel McKinnon Miller, Ron Eldard, Amanda Michalka.

Sortie en salles en France le 3 Août 2011. U.S: 10 Juin 2011.

FILMOGRAPHIE: J.J Abrams est un réalisateur, producteur, compositeur, acteur et scénariste américain pour le cinéma et la télévision, né le 27 Juin 1966 à New-york. Il est en outre le créateur des séries TV, Lost, Alias, Felicity, Fringe, Undercovers, Alcatraz et Obb Jobs. 2006: Mission Impossible 3. 2009: Star Trek. 2011: Super 8. en cours: Star Trek 2.


Vendu comme un vibrant hommage aux productions Amblin Entertainment natives des années 80 et à la féerie candide de Spielberg (ici co-producteur) ou encore de Joe DanteSuper 8 demeure un divertissement familial inespéré pour la génération 80 ayant été bercée par les classiques E.TExplorersles GooniesStand by MeGremlins et consorts. Le pitchOhio, 1979. Alors qu'un groupe d'adolescents réuni à proximité d'une rame de chemin de fer poursuit le tournage de leur court-métrage en format super 8, un gigantesque incident ferroviaire leur est témoin. Dans un mouvement de panique précipité, ils réussissent malgré tout à filmer la séquence dantesque dans son intégralité lorsqu'une voiture entre en collision avec le train de marchandise. Depuis cet incident cinglant, d'étranges disparitions de citadins et d'appareils électroniques se produisent dans la contrée bucolique. Mais par l'entremise de leur court-métrage, les enfants y feront une stupéfiante découverte ! A travers une superbe photo saturée et du décor si rassurant d'une bourgade champêtre,  Super 8 débute sa trame à l'instar d'une prod Spielberg quant à sa scénographie cinégénique radiographiant de jeunes cinéphiles passionnés par le cinéma de genre. Instinctivement, le préambule au délicieux parfum rétro renoue donc avec nos souvenirs infantiles à travers un vibrant hommage au film de monstres et aux invasions extra-terrestres. Le crash ultra spectaculaire du convoi ferroviaire nous étant déployé face aux yeux ébaubis de nos héros en culotte courte férus de rêves, d'aventures et d'évasion.


Le hasard leur offrant sur un plateau la plus improbable des découvertes à venir ! Cette séquence d'anthologie chorégraphiée sous toutes les coutures s'alloue d'ailleurs d'un réalisme infaillible à travers l'utilisation judicieuse de ses effets numériques (on n'y voit donc que du feu !) parvenant à imposer leur crédibilité jusqu'au final en apothéose. Outre son attrait spectaculaire fertile en rebondissements davantage épiques, Super 8 puise principalement son charme à travers la caractérisation scrupuleusement humaine de ces ados candides transformés pour le coup en aventuriers en herbe. Ainsi, tous les clichés inhérents aux productions des années 80 (l'enfant meurtri d'un deuil familial, les rapports parentaux conflictuels, la romance indécise et timorée entre les 2 héros, la conspiration militaire et le gouvernement mégalo avide de découverte scientifique afin d'y embrigader un cobaye extra terrestre) s'avèrent efficacement exploités sans céder au vulgaire plagiat (comme ont pu le souligner certains critiques renfrognés). Et donc, de manière aussi fluide que naturelle, l'émotion distillée au compte goutte au fil narratif s'avère payante quant aux expressions curieuses, hésitantes ou contrariées de ces ados photogéniques. Notamment si je me réfère prioritairement à l'étonnante alchimie entre Joe et Alice épris de tendresse l'un pour l'autre (à l'instar de cette drague implicite lorsque cette dernière s'improvise "zombie" pour la confection de leur court d'épouvante). J.J Abrams faisant évoluer ses personnages (juvéniles mais aussi adultes) auprès d'un récit initiatique où suspense, action, science-fiction et romance convergent vers la rédemption et la maturité d'après les thèmes de l'acceptation du deuil et du conflit paternel (tant auprès de Joe que d'Alice partagés entre leur révolte interne et leur motivation de réconciliation).


Hommage plein de poésie (l'incroyable scène du médaillon particulièrement symbolique !) à notre adolescence fébrile marquée par un cinéma féerique profondément humaniste, Super 8 demeure une belle invitation au rêve dans sa palette d'émotions à la fois tendres, romantiques et dramatiques qu'une poignée d'ados (si semblables à nous !) parviennent à ranimer sans effet de manche.  

*Bruno
19.03.20
25.10.11

mercredi 18 mars 2020

Color out of space

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Richard Stanley. 2019. U.S.A. 1h50. Avec Nicolas Cage, Q'orianka Kilcher, Joely Richardson, Tommy Chong, Madeleine Arthur, Brendan Meyer.

Sortie salles France: ?. U.S: 24 Janvier 2020

FILMOGRAPHIE: Richard Stanley est un cinéaste sud-africain né à Fish Hoek le 22 novembre 1966. 1991 : Hardware. 1992 : Le Souffle du démon. 2012 : The Theatre Bizarre (segment "The Mother Of Toads"). 2019 : Color Out of Space.


"La peur est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité."
Cinéaste sud-africain révélé à l'orée des années 90 auprès des singuliers Hardware et Le Souffle du Démon; Richard Stanley refait subitement surface avec son 3è long, Color out of Space d'après une nouvelle de H. P. Lovecraft (La Couleur tombée du ciel éditée en 1927). Et on peut avouer sans rougir que le bonhomme nous revient plus roboratif que jamais à travers son anticipation horrifique littéralement hypnotique (doux euphémisme si j'ose dire !). Tant et si bien qu'il réinvente le genre hybride avec une maestria terriblement inspirée eu égard de l'angoisse puis de la terreur exponentielle saisissant le spectateur au fil des vicissitudes d'une paisible famille en proie au plus indicible des cauchemars. Car isolé dans leur vaste demeure au coeur d'une paisible forêt, la famille Gardner voit sa vie bouleverser lorsqu'une météorite de couleur rose (!?) s'écrase sur leur terrain en pleine nuit étoilée (l'onirisme, crépusculaire puis étrangement féerique, régnera en maître durant tout le métrage !). Si bien que peu à peu, d'étranges incidents inexpliqués vont intenter à leur tranquillité au moment même où le temps semble se distordre afin de les désorienter. Ainsi donc, ils feront face à leurs démons intimement infiltrés en eux, de par la lâcheté de l'entité à la fois délétère et goulue. Chacun d'eux épousant un comportement à la fois irascible, ambigu et imprévisible au point d'y scarifier leur corps ou de se laisser muter par la "chose".


Digne des meilleures prods des années 80 auquel Color out of Space y voue une véritable affectation (il s'agit donc bien ici d'horreur "à l'ancienne"), tant auprès de ses références (The Thing, Poltergeist  - pour la caractérisation de la famille assez décomplexée et de leurs incidents surnaturels subtilement instillés en 1er acte - , Creepshow, From Beyond et même E.T) que dans sa manière raffinée de suggérer l'étrange sans trop en dévoiler (ou alors si peu), Richard Stanley s'alloue d'une implacable structure narrative pour tourmenter le spectateur impliqué dans un maelstrom d'images cauchemardesques inusitées. Car on a beau se remémorer certaines des meilleures séquences chocs de nos classiques précités, Color out of Space existe par lui même dans sa ferme détermination de nous foutre les pétoches de manière aussi bien insidieuse que perfide. Et ce parmi le témoignage de protagonistes habités par la peur de l'inexplicable. Car en y saturant l'image de fulgurances esthétisantes proche des effets hallucinogènes d'un psychotrope chimique (l'acide ou le LSD), Color out of space enivre nos sens, triture nos nerfs avec une démesure irréfragable. Tant et si bien qu'au fil des évènements dramatiques davantage éprouvants (nous ne sommes pas prêts d'oublier Spoil ! le sort escarpé réservé à l'épouse et au fils cadet ! fin du Spoil), le spectateur subit un malaise méphitique sous l'impulsion de visions cauchemardesques faisant office de bad trip pailleté ! Les protagonistes s'efforçant de repousser ces forces visuelles avec une appréhension davantage dépressive, de manière à nous impliquer dans leur désarroi expressif comme si nous faisions partis de leur famille. C'est dire si le récit cauchemardesque, davantage pesant et orageux, joue avec nos nerfs, nos peurs et nos émotions de par sa saisissante alchimie d'y confondre fiction et vérisme au point d'y omettre sa nature cinégénique.


Une expérience monstrueuse, une fascination répulsive avec la peur. 
Tour à tour angoissant, anxiogène et dépressif, de par la tournure des évènements toujours plus effrayants, Color out of Space parvient à relever la gageure de réinventer la peur, répulsive, viscérale, organique, cérébrale, avec un brio technique factuel. Tant auprès de sa première partie où tout ou presque y est lestement suggéré, que de son second acte autrement mortifère, hallucinogène et ténébreux faisant exploser une palette de couleurs sensuelles infiniment insidieuses. Déjà culte si j'ose dire, Color out of Space risque bien d'inspirer d'autres cinéastes, intègres ou margoulins, afin d'exploiter une nouvelle peur à l'écran sous la mainmise du monstre sacré H. P. Lovecraft.

*Bruno

Récompense: Film School Rejects' Fall Awards 2019 : Mention honorable pour Nicolas Cage

Ci-joint l'avis du journaliste Jean-Marc Micciche:
Séance découverte avec Color out of space....dieu que ça fait du bien de voir un vrai monsters movie aussi déjanté visuellement que puissament anxiogène....à l'issue du film, Color balaie tous les monsters movies de ces derniers années (même les plus chouettes genre Life, Underwater), carrément le meilleur film du genre depuis le tétanisant The Mist....Mieux que la première version du livre (aka The farm pour les plus anciens, très chouette), Color échappe pour le coup à une interprétation clair du récit...non pas que le film à la vague récente du post Horror, trés expérimental et parfois hermétique, Color est un vraie série b de SF horrifique comme on pouvait en voir dans les années 80 (cf les Xtro, The kindred, et autres Mutants / Forbidden World) à ceci prés que le film est entièrement remodelé par le regard allumé de Richard Stanley, aussi trash que pouvait être Hardware et aussi goro mystique que l'oublié le Souffle du démon....du coup la nature du 'Mal' échappe à toute interprétation direct et claires tant le réal parvient avec beaucoup de force à décrire le basculement d'une espace (géographique, familiale) qui plonge l'horreur le plus impalpable, le plus indéfinissable...Bref un grand film pas forcément du niveau de The thing, La mouche ou Alien, mais vraiment pas très loin...on regrettera pour la forme que la réal ne l'a pas réalisé le film dans les années 80 à l'époque où les grands génies du makeup up se bousculait. Imaginez ce que Rob Bottin, Stant Winston, Chris Wallas aurait pu accomplir avec un tel sujet (attention içi les efx reste performant et d'une grande force graphique). On peut aussi regretter que la carrière en dent de çi du réal, car à ne pas douter on a surement louper à émergence d'une grand cinéaste de genre..pour le reste, le film te marque durablement et laisse ton cerveau tourner à plein régime pour saisir ce qu'on a vu...

Bien placé pour être dans mon top 1 de l'année....

mardi 17 mars 2020

De si gentils petits monstres / The Children

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me

de Max Kalmanowicz. 1980. U.S.A. 1h35. Avec Gil rogers, martin shakar, gale garnett, Clara Evans, Jephta Evans, Julie Carrier, Sarah Albright, Nathanael Albright.

Sortie salles France: 24 Août 1983.

FILMOGRAPHIE:  The Children est le premier film de Max Kalmanowicz, réalisateur américain qui s'illustrera une seconde et dernière fois avec Dreams Come True, un film d'aventures datant de 1984 et distribué par la firme Troma.


Nous revenons de l'école... une chose terrifiante est arrivée ! Nous sommes devenus de... De si gentils petits... Monstres !
Sur un air connu de "l'enfant maléfique" (Le Village des Damnées, les Révoltés de l'an 2000, l'Autre, l'Exorciste, la MalédictionThe Children, Esther, etc...), De si gentils petits Monstres (dénomination plus ironique que son homologue ricain) fit les beaux jours des vidéophiles des années 80 fascinés par sa flamboyante jaquette imprimant dans le centre du cadre, et sur fond rouge, 3 visages de bambins au rictus diablotin. Et ce sans omettre l'accroche de sa tagline à l'humour aussi sardonique relevée plus haut ! Le pitchDans la bourgade de Ravensback, un car scolaire transportant des enfants passe sous un épais nuage jaune. Après son passage, l'autocar garé à proximité d'un cimetière est épargné de ses occupants. Au même moment, une maman inquiète part à la recherche de son enfant quand tout à coup elle entend une voix enfantine faisant écho au cimetière avoisinant. Arrivé au lieu dit, elle tombe sur le cadavre du chauffeur, retrouvé calciné près d'une tombe. Un bambin se rapproche alors d'elle, les bras tendus vers sa direction. Mais au moment de l'enlacer, elle se met à brûler aux contacts des mains vitriolées. Plaisir coupable bisseux comme il en pullulait lors des années 80, De si gentils petits monstres dégage un charme certain aussi mineur soit son contenu à la fois prévisible, frivole et bricolé. Le réalisateur empruntant l'efficace méthode du survival à suspense lorsqu'un flic et un paisible citadin unissent leurs forces pour retrouver les enfants disparus après l'abandon de leur car scolaire. Et ce avant de bifurquer vers le traditionnel huis-clos cauchemardesque lorsque ces derniers tentent de repousser la menace (avec une violence étonnamment tranchée !) au sein du foyer domestique de l'un d'eux.


Ainsi, de par son concept incongru (des enfants se mettant subitement à occire leurs parents après le passage d'un nuage radioactif) émaillé d'astuces saugrenues (les fameux ongles noirs sur leurs doigts, la manière insensée de les exterminer en leur tranchant les mains, son épilogue sarcastique présageant une redite), De si gentils petits monstres s'avère plaisamment bonnard. Tant auprès de ses péripéties horrifiques fertiles en visions grand-guignolesques (l'état décrépit des victimes comparables à des steacks saignants) que de la sympathie des acteurs de seconde zone multipliant les expressions d'appréhension, de stupeur et de terreur avec un attachant surjeu. Plusieurs séquences risibles flirtant avec l'humour involontaire, à l'instar de ses 2 rednecks venus prêter main forte à un adjoint policier en se raillant grivoisement de la petite amie de ce dernier. Qui plus est, les FX artisanaux parviennent à créer leur petit effet de fascination lorsque les victimes se voient consumées par l'épais nuage d'acide, leur chair noire et sanguine craquelant de toutes parts après y avoir enlacée leurs chérubins. Outre l'aspect ludique de ses scènes chocs parfois même envoûtantes et un chouilla angoissantes (de par la posture inquiétante des bambins déambulant la nuit à l'instar de zombies affectueux), De si gentils petits monstres est notamment soutenu du score d'Harry Manfredini aux sonorités semblables au futur Vendredi 13 tourné cette même année. Pour un peu, on penserait entrevoir par moments Jason en personne derrière un fourré si bien que la majeure partie de l'action se déroule dans un cadre bucolique ensoleillé !


Atomic College (priez le ciel de ne jamais les rencontrer !)
Attachante série B de Samedi soir de par son ambiance (un tantinet) malsaine émanant de la posture inquiétante d'impassibles marmots, De si gentils petits monstres demeure un agréable divertissement macabre sous couvert d'une inlassable traque assez alerte (si on fait fi de sautes de rythme poussif à l'issue de l'ultime quart d'heure). Ainsi, la génération 80 éprouvera peut-être encore plus de plaisir aujourd'hui, nostalgie aidant d'une époque révolue.  

*Bruno
17.03.20
27.01.11. 359 v
4èx

lundi 16 mars 2020

Le monde, la chair et le diable

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The World, The Flesh and the Devil" de  Ranald MacDougall. 1959. U.S.A. 1h35. Avec Harry Belafonte, Inger Stevens, Mel Ferrer

Sortie salles France: ? U.S: 1er Mai 1959

FILMOGRAPHIERanald MacDougall est un scénariste, réalisateur et producteur américain né le 10 mars 1915 à Schenectady, New York, décédé le 12 décembre 1973 à Los Angeles. 1955 : Une femme diabolique . 1957 : Man on Fire. 1959 : Le Monde, la chair et le diable. 1960 : Les Rats de caves. 1961 : Volupté. 1970 : Cockeyed Cowboys of Calico County. 


Un classique de la science-fiction post-apo uniquement bâti sur la confrontation psychologique entre 3 survivants partagés entre l'isolement, la solitude, le racisme et la rage de survie. Deux hommes: un blanc, un noir se disputant l'autorité à conquérir le coeur d'une jeune femme. L'intrigue démontrant au fil de leur évolution morale que l'homme, égotiste, est finalement contraint d'avoir recours à la guerre pour imposer ses idées et tenter de remporter le pouvoir. Parfaitement servi par un trio d'acteurs aux sentiments sobrement bipolaires, le Monde, la chair et le diable est notamment renforcé par son réalisme urbain quant au climat feutré d'un New-York monochrome épargné de cidatins. 

*Bruno

jeudi 12 mars 2020

La Belle Epoque. César du Meilleur Scénario.

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Nicolas Bedos. 2019. France. 1h55. Avec Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Doria Tillier, Fanny Ardant, Pierre Arditi, Denis Podalydès, Michaël Cohen, Jeanne Arènes.

Sortie salles France: 6 Novembre 2019

FILMOGRAPHIENicolas Bedos est un dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, acteur et humoriste français, né le 21 avril 1979 à Neuilly-sur-Seine. 2017: Monsieur et Madame Adelman. 2019: La Belle Époque. 2021: OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire.


Prenez bien soin de tous vos souvenirs car vous ne pourrez pas les revivre.
Feu d'artifices d'émotions hybrides à travers sa mosaïque de tendresse, de romance, d'humour, de mélancolie et de gravité, La Belle Epoque est une bulle de champagne se dégustant avec délectation eu égard de l'incroyable brio de Nicolas Bedos jouant l'alchimiste par le biais de la mise en abyme. Tant et si bien que fiction et réalité ne cessent de s'entrecroiser avec parfois le sentiment trouble de ne plus pouvoir distinguer le vrai du faux. Les acteurs se confondant aux vrais personnages avec une conviction à la fois fougueuse et expansive de manière à crédibiliser leur univers programmé, truffé d'artifices et de figurants costumés. Brillant à tous niveaux, tant auprès des dialogues ciselés émaillés de calembours, de sa mise en scène constamment inventive réinventant à elle seul le cinéma le plus vibrant, de ses sonorités et refrains rétros, du jeu criant de vérité des acteurs bouleversants d'élégie sentimentale (mention spéciale à l'incroyable numéro final de Fanny Ardant - plus belle que jamais - transperçant l'écran de par ses expressions aussi bien fébriles que subtilement meurtries), que de l'originalité du scénario (César non usurpé) en dépit du concept improbable. Ainsi donc, grâce à l'intelligence de Nicolas Bedos maniant comme jamais une palette d'émotions contradictoires JAMAIS PROGRAMMES (si bien que nos larmes coulent de manière naturelle sans pouvoir les retenir); La Belle Epoque nous fait basculer dans une nouvelle dimension.


Si bien que l'on s'immerge sans modération dans l'introspection vertigineuse de Daniel Auteuil tentant de retrouver son amour d'antan à un moment propice des années 70. Car comment peut-on oublier une première rencontre amoureuse destinée à perdurer au risque de s'effriter avec le temps ? Comment omettre chaque détail d'une situation mémorable conçue pour nous faire chavirer dans l'improvisation la plus totale ? Hymne à la vie et à l'amour imparfait puisque impossible à contrôler et à dompter, La Belle Epoque nous remémore nos propres souvenirs à travers le regret du temps révolu. Cette amertume de se contempler dans la glace pour y déceler de nouvelles rides, cette appréhension de ne plus pouvoir autant séduire au fil des années, cette nostalgie de se remémorer la beauté de nos jeunes conquêtes ivres d'émancipation, d'audaces et d'insolence. Voilà de quoi traite cette belle époque que chaque génération incarne en elle à travers le thème si délicat de la vieillesse que Nicolas Bedos illustre avec déférence et espièglerie afin de se dégager de l'ombre du pathos ou de l'émotion triviale. C'est dire si cette romcom tour à tour sémillante et enivrante nous balade d'un endroit à un autre avec une fulgurante émotion que les acteurs si impliqués expriment à travers une véracité extrêmement communicative. Ainsi, sans jamais vulgariser une nostalgie plombante (aucune époque ne sera meilleure qu'une autre semble finalement nous suggérer Bedos en dépit d'un modernisme technologique humainement préjudiciable), la Belle Epoque nous invite à ranimer notre motivation, à affronter ceux qui nous entourent. Dans la mesure d'y fréquenter les relations humaines les plus fructueuses, aussi imparfaites et différentes soient-elles, et ce avec attention et soupçon de tendresse au gré des différences caractérielles.


Le souvenir est le parfum de l'âme.
Histoire d'amour rocambolesque renouant avec la jeunesse d'esprit à travers son hymne aux souvenirs et au savoir-vivre, La Belle Epoque nous revigore pour nous ranimer le désir d'aimer et d'embrasser son prochain afin d'y transcender la fuite du temps. A moins qu'une inconnue d'un soir abordée au coin d'un bistrot ne nous bouleverse à jamais notre destin, pour le meilleur et pour le pire... Féerie de chaque instant, ce lumineux chant d'amour, d'espoir et de réconciliations nous transperce l'âme et le coeur avec une maîtrise irrationnelle confinant au génie. 

*Bruno

César 2020:
Meilleur scénario original : Nicolas Bedos
Meilleure actrice dans un second rôle : Fanny Ardant
Meilleurs décors : Stéphane Rozenbaum

mardi 10 mars 2020

1917

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Sam Mendes. 2019. U.S.A/Angleterre. 1h59. Avec George MacKay, Dean-Charles Chapman, Colin Firth, Andrew Scott, Mark Strong.

Sortie salles France: 15 Janvier 2020.

FILMOGRAPHIE: Samuel Alexander Mendes, dit Sam Mendes est un réalisateur et producteur de cinéma britannique, né le 1er août 1965 à Reading (Berkshire). 1999 : American Beauty. 2002 : Les Sentiers de la perdition. 2005 : Jarhead : La Fin de l'innocence. 2008 : Les Noces rebelles. 2009 : Away We Go. 2012 : Skyfall. 2015 : 007 Spectre. 2020: 1917.


"Nous sommes une civilisation qui sait faire la guerre, mais qui ne sait plus faire la paix."
Renouvelant les codes du film de guerre par le biais d'une mise en scène aussi originale que travaillée, 1917 tire parti de son brio technique afin de nous immerger dans la 1ère guerre comme si nous y étions. Tout du moins du point de vue subjectif du caporal William Schofield arpentant un parcours du combattant avec une vaillance suicidaire eu égard des hostilités allemandes qui interfèrent durant son vertigineux périple. A l'instar de son plongeon escarpé perpétré au fond d'une rivière sauvage, et ce à l'aube d'une nouvelle journée décisive quant à la sauvegarde de 1600 de ses compatriotes. Celui-ci étant chargé de retrouver le colonel Mackenzie afin d'annuler une attaque provoquée par les allemands. Par cette même occasion, et depuis la mort de son co-équipier, il s'est juré d'honorer ses ultimes souhaits en retrouvant la trace de son frère, le lieutenant Joseph Blake également de la parti pour attaquer les allemands. Récit d'aventures épiques donc par le biais d'un réalisme immersif si bien que Sam Mendes utilise les plans séquences parmi la diabolique habileté du temps réel, 1917 n'impose pas pour autant de surenchère homérique ou sanguine façon Il faut sauver le soldat Ryan.


Le cinéaste optant pour une mise en scène épurée à dénoncer sans brutalité explicite la folie de la guerre sous l'impulsion du caporal Schofiled; isolé de tous et à bout de souffle, mais délibéré à accomplir sa houleuse mission au péril de sa vie. D'un humanisme désespéré tantôt poignant, tantôt bouleversant au gré d'une intensité dramatique lestement instillée, 1917 dégage une prude émotion jamais ostentatoire. Tant auprès de celui-ci en état de résilience jusqu'à épuisement que de seconds-rôles accablés de fatigue et de fragilité quant au trama que peut imposer toutes barbaries belliqueuses. Sam Mendes conjuguant dans une harmonie technique géométrique le lyrisme, le réalisme morbide et l'onirisme crépusculaire pour imposer sa propre personnalité dénuée de redite ou de racolage. D'où ce sentiment persistant d'assister à un film de guerre à la fois intime et personnel, vibrant hommage à l'héroïsme des survivants tout en y dénonçant la haine que les plus hauts gradés provoquent auprès de leur escadron lors de bravoures suicidaires. Quant à la présence de George MacKay, il porte l'intrigue sur ses épaules à l'aide d'une force d'expression à la fois pugnace, fébrile et démunie eu égard de ses vicissitudes rencontrées avec l'ennemi (confiné tous azimuts) et d'un enjeu humain à grande échelle.


Une expérience de cinéma aussi prodigieuse que bouleversante. 

*Bruno

Récompenses:
Golden Globes 202029 : meilleur réalisateur et meilleur film dramatique
Prix des réalisateurs d'Hollywood 2020 (DGA Awards)30
BAFTA 2020 : meilleur film, meilleur film britannique, meilleur réalisateur, meilleurs décors, meilleure photographie, meilleurs effets visuels et meilleur son
Oscars 2020 : meilleure photographie, Meilleur mixage de son et meilleurs effets visuels
Satellite Awards 2020 : meilleure photographie