jeudi 16 avril 2020

Play

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Anthony Marciano. 2019. France/Belgique. 1h47. Avec Max Boublil, Alice Isaaz, Malik Zidi, Arthur Périer, Noémie Lvovsky, Alain Chabat, Camille Lou.

Sortie salles France: 1er Janvier 2020

FILMOGRAPHIEAnthony Marciano est un réalisateur et scénariste français né le 30 novembre 1979. 2013 : Les Gamins. 2015 : Robin des bois, la véritable histoire. 2019 : Play.


"Les amitiés de l'adolescence, rien ne peut en effacer complètement la trace dans notre coeur. Ce que nous avons de meilleur, nous le devons à la pureté et à la grandeur des sentiments qu'elles nous ont fait éprouver."

Ode à l'adolescence, à l'amour, à la loyauté de la camaraderie, à la pop culture et aux loisirs, en somme à la simplicité de la vie tout court, Play est une bulle de bonheur ancrée en chacun de nous. Un feu d'artifice d'expressions humaines plus vraies que nature et sans prises de tête (ou alors en intermittence) de par le parti-pris d'Anthony Marciona d'exploiter le Found Footage avec un degré d'authenticité détonnant. A tel point que nous nous demandions s'il ne s'agit pas des mêmes acteurs au fil de leurs divers parcours existentiels, à les voir grandir 1h47 durant, de l'enfance à l'âge adulte ! Franchement bluffant de réalisme documenté (en mode 4/3 puis 16/9) agrémenté du souci du détail nostalgique ! (objets, ameublements, musiques, posters, victuailles, pubs, films y sont tendrement exposés en arrière plan afin de leur rendre hommage avec une sobre humilité). Un parti-pris couillu donc eu égard du genre décrié beaucoup moins présent sur nos écrans ces derniers temps (ce qui lui valu d'ailleurs un échec commercial). Car retraçant le parcours personnel du jeune Max de l'âge de 13 à 33 ans par le biais de son camescope Vhs, Play demeure l'album souvenirs de la génération 80 / 90. C'est dire si le spectateur s'identifie comme jamais à travers ces tranches de vie insouciantes, flânant et s'extasiant au sein de soirées festoyantes où alcool et drogue n'en n'ont que faire de la convenance. Tant auprès du cap illusionnel / féerique de notre adolescence (fructueusement indépendante et un brin marginale) qu'à l'âge un peu plus mature de la vie de couple. Tout du moins pour qui est parvenu à préserver son âme d'enfant afin de ne pas céder au mode de vie renfrogné du citoyen lambda tributaire de son carcan professionnel. C'est en tous cas la raison d'être de Max dévorant sa quotidienneté ludique (et ensuite professionnelle) à pleines dents au grand dam de ses déceptions sentimentales.


Car outre de nous imprimer avec une émotion à la fois prude, intègre et fulgurante (quelle BO éclectique tantôt lyrique, tantôt électrisante !) nos plus beaux souvenirs fraternels, Anthony Marciano relate en filigrane une bouleversante histoire d'amour à travers les thèmes de la timidité, du refoulement et de l'appréhension. D'ailleurs, à travers ce périple de longue haleine que Max arpente sous l'oeil de sa caméra subjective, nombre de spectateurs pourraient probablement à terme se remettre en question afin d'oser braver leur complexité pour déclarer leur flamme à l'être aimé. D'une fougue et d'une allégresse expansives au fil de mini clips oscillant les soirées euphorisantes avec d'autres autrement plus graves (le deuil familial) ou historiques (la coupe du monde 98, le passage à l'an 2000), Play nous concerne tous car il nous replonge dans nos propres souvenirs intimes restés enfouis dans un coin de l'encéphale. Et ce en interne du plus beau voyage dans le temps ! Si bien que Anthony Marciano ranime l'étincelle du bonheur à travers la nostalgie du temps passé. Et ce sans se complaire dans l'émotion programmée du cliché infructueux. Ainsi donc, de contempler au gré de notre nouveau regard (d'ado) ces 4 z'amis opérer les 400 coups (à l'instar du Péril Jeune des soixante huitards), nous donne furieusement envie de recontacter nos vieilles connaissances afin de tenter de les remettre sur le chemin de l'insouciance. Car au bout du compte, et sous l'impulsion de son acuité émotionnelle aussi prude que candide, Play nous prodigue le plaisir de l'instant présent après avoir pris conscience (du point de vue moral de Max) que notre vie passe aussi vite qu'un battement de cil.


La Machine a explorer le temps. 
Anti-dépresseur aussi euphorisant que sensiblement mélancolique, Play est une limpide invitation à la fête et à la ferveur. Entre chaleur humaine, éclats de rire (j'ai omis de préciser que l'on est partagé entre sourire de gosse et fous-rires communicatifs 1h47 durant !) et aspiration sentimentale. A condition de rester positif et de croire en soi à travers nos rencontres impromptues. Et puis ce final exutoire en apesanteur vous déchirera les larmes de félicité sous l'impulsion de 2 tubes anthologiques ! 

*Bruno

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