mardi 30 juin 2020

Marathon Killer

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Courage" de Robert L. Rosen. 1984. U.S.A. 1h30. Avec Ronny Cox, Art Hindle, M. Emmet Walsh, Tim Maier, Lois Chiles.

Sortie salles France: ?. U.S: 16 Novembre 1984

FILMOGRAPHIE: Robert L. Rosen est un réalisateur, acteur et producteur américain né le 7 Janvier 1937 à Palm Springs, Californie. 1984: Marathon Killer.


Inédit en salles chez nous mais édité en Vhs, Marathon Killer ne manqua pas d'interpeller le videophile des années 80 attisé par sa jaquette prometteuse suggérant un film d'horreur plutôt réaliste. Tout du moins chez les friands de série B d'exploitation surfant sur la vague du survival brut de décoffrage, ou plus précisément de la chasse à l'homme initiée par un certain Zaroff. En ce sens que l'intrigue assez originale va nous dépeindre l'épreuve de force d'un trio de marathoniens pris à parti avec une unité militaire partie en mission de survie en plein désert du Nouveau Mexique. Spoil ! Or, après qu'ils eurent accidentellement tués l'un des joggeurs lors d'une violente rixe, ils se décident à les traquer pour les tuer sous l'impulsion de leur leader mégalo. Fin du Spoil. Réalisé par le néophyte Robert L. Rosen si bien qu'il s'agit de son unique métrage, Marathon Killer demeure un sympathique survival aussi perfectible et maladroit soit-il. Car si la gestion d'acteurs laisse à désirer (principalement auprès des militaires en herbe parfois peu convaincants dans leur posture patibulaire et leurs actions infructueuses) et que le montage demeure tantôt anarchique, Marathon Killer gagne en efficacité oppressante à travers sa pléthore de poursuites endiablées que nos survivants ne cessent d'arpenter pour leur enjeu de survie.


Qui plus est, nous sommes surpris de constater à travers son concept d'exploitation alimentaire la densité humaine qui se dégage des états d'âme de nos héros réfractaires de prime abord à tuer leur prochain afin de pouvoir rester en vie. Mais s'efforçant solidairement de survivre pour accéder à la ligne d'arrivée, entre désespoir désenchanté et pugnacité rebelle, ils vont donc apprendre à s'affirmer en faisant preuve de perspicacité, d'héroïsme et de bravoure audacieuse. C'est donc une initiation à l'auto-justice que nous suggère Robert L. Rosen à travers leur inévitable légitime défense de dernier ressort. Ainsi, en suivant scrupuleusement leur marathon chaotique sous un écrasant soleil, on reste notamment surpris de l'intensité dramatique de certains rebondissements d'une cruauté aride (tant auprès de la 1ère partie que de l'épilogue salvateur). On peut toutefois regretter le manque de réalisme de certains corps à corps, sachant notamment que nos héros parviennent un peu trop facilement à exterminer leurs assaillants. C'est un tantinet dommageable pour autant pardonnable tant on s'identifie pleinement à leur humanisme fébrile puisque se résignant à rester en vie avec une hargne indéfectible. On peut enfin saluer l'attrait quelque peu envoûtant de sa partition au synthé quasi omniprésente durant tout le parcours du combattant si bien que Marathon Killer ne manque pas de charme atmosphérique à travers sa scénographie aussi vaste et dépaysante qu'inhospitalière.


A découvrir avec réel intérêt donc car cette série B injustement sombrée dans l'oubli mériterait à être plus connue. 

*Bruno
2èx

lundi 29 juin 2020

M.A.L

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Deep Star Six" de Sean S. Cunningham. 1989. U.S.A. 1h39. Avec Greg Evigan, Nancy Everhard, Cindy Pickett, Miguel Ferrer

Sortie salles France: 31 Mai 1989

FILMOGRAPHIE: Sean Sexton Cunningham est un réalisateur, producteur et scénariste américain. Né en 1941 à New York. 1970 : Art of Marriage. 1971 : L'Amour à deux. 1973 : Case of the Full Moon Murders. 1978 : Manny's Orphans. 1978 : Here Come the Tigers. 1980 : Vendredi 13. 1982 : A Stranger Is Watching. 1983 : La fièvre du printemps. 1985 : Représailles. 1989 : MAL : Mutant aquatique en liberté. 2001 : XCU: Extreme Close Up. 2002 : Invasion finale (TV). 2006 : Trapped Ashes.


Sorti la même année que son cousin Leviathan, M.A.L est un ersatz mineur d'Alien et d'Abyss que Sean S. Cunningham exploite avec une relative efficacité. Car si on déplore son manque d'action et d'angoisse oppressante au sein de ce huis-clos maritime (attendez 1 bonne heure pour voir apparaître le monstre), l'intrigue cousue de fil blanc demeure un agréable divertissement à travers ses moult clichés éculés et ses personnages stéréotypés. Mention spéciale à Miguel Ferrer en trouillard empoté en proie à une psychose dégénérative. D'ailleurs, afin de relancer l'action vers une direction davantage en porte-à-faux, Sean S. Cunningham compte sur l'hypocrisie de celui-ci multipliant les bourdes et les coups bas pour s'en sortir vivant. Ainsi, si on anticipe fréquemment les incidents techniques de l'équipage et les altercations du monstre (pas trop mal fichu en dépit de son absence de vélocité) au sein d'une plateforme nucléaire, l'aspect semi-parodique de certaines situations retient l'attention d'un oeil amusé. Tant auprès de nos attachants personnages d'une vaillance héroïque souvent suicidaire que du charme innocent de la réalisation singeant ces classiques précités avec un modeste savoir-faire. Un sympathique divertissement donc, aussi dispensable soit-il, à privilégier à la génération 80, même si on est en droit d'y préférer le beaucoup plus fun et palpitant, Leviathan.


Ci-joint la chronique de Leviathanhttp://brunomatei.blogspot.com/2019/03/leviathan-prix-des-effets-speciaux.html

*Bruno
3èx

vendredi 26 juin 2020

Le Monstre qui vient de l'Espace / The Incredible Melting Man

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de William Sachs. 1977. U.S.A. 1h26. Avec Alex Rebar, Burr DeBenning, Myron Healey, Michael Alldredge, Ann Sweeny, Lisle Wilson, Jonathan Demme.

Sortie salles France: 18 Mars 1981. U.S: 9 Décembre 1977

FILMOGRAPHIE: William Sachs est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 16 Octobre 1942 à New-York. 1971: South of Hell Mountain. 1974: There is no 13. 1976: Secrets of the Gods (documentaire). 1977: Le Monstre qui vient de l'espace. 1978: The Force Beyond (documentaire). 1979: Van Nuys Blvd. 1980: Galaxina. 1985: Hot Chili. 1991: The Last Hour. 1992: Judgement. 2002: Spooky House.


Responsable du sympathique space-opéra (pour rire) GalaxinaLe Monstre qui vient de l'espace doit une partie de sa réputation culte à l'attrait grand-guignolesque de sa rutilante jaquette que nombre de cinéphiles se sont empressés de louer au vidéo du coin. En prime, afin de rameuter le chaland et influencer son atout racoleur, la mention "interdit au moins de 18 ans" fut rajoutée en bas de l'affiche ! Une aberration somme toute lucrative si bien que le réalisateur abuse le plus souvent du hors-champs pour l'effet gore escompté. Le pitchA la suite d'une expédition spatiale près de Saturne, l'unique survivant Steve West revient parmi les siens dans un état de putréfaction. Fortement irradié et mutilé, il est soigné dans le centre hospitalier du médecin Ted Nelson. A son réveil, Steve se regarde dans le miroir pour découvrir avec stupeur son visage recouvert d'un bandage ! Pris de panique, il retire le pansement et découvre son faciès tuméfié truffé de pustules ! En désespoir de cause, il décide de s'évader de l'hôpital mais provoquera durant son désespérant périple une vague de crimes sauvages ! Observer les exactions erratiques d'un monstre à tête de rhubarbe déambulant dans la campagne et à proximité de domiciles afin d'y persécuter ses proies s'avère plaisamment facétieux de par l'aspect involontairement parodique de sa mise en scène aussi bricolée qu'attentionnée. Qui plus est, la cocasserie permanente des dialogues puérils, l'apparence putrescente du monstre se liquéfiant au fil de ses déplacements et la galerie de protagonistes à la fois empotés et inconséquents (le couple en étreinte, le trio d'enfants fumeurs, les rapports discordants entre le médecin et le général castrateur, les beaux-parents retraités ou encore le voyeurisme salace du photographe auprès de son model !) parviennent à nous enjailler dans leur surjeu dépouillé.


Et ce hormis un cheminement narratif redondant n'accordant nulle surprise à travers cette traque poussive (on aurait pu d'ailleurs raccourcir la bobine de 15 minutes). Mais grâce à l'aspect auto-parodique des situations de stress, de suspense langoureux et d'altercation horrifique, Le Monstre qui vient de l'Espace divertit modestement sans jamais se prendre la tête. Quand bien même le final décrivant l'ultime course du monstre à tête de pizza au sein d'un entrepôt industriel ne manque toujours pas de fantaisies sous l'impulsion de flics décervelés à la gâchette facile. Enfin, il faut souligner la qualité artisanale des maquillages cracras de Rick Barker préfigurant les outrances cartoonesques du cultissime Street Trash et du monstre à balais de Toxic Avenger tant notre créature irradiée s'avère aussi impressionnante que grotesque à travers sa condition gluante faussement terrifiante. D'ailleurs, avec une naïveté toujours aussi bonnard, le réalisateur tentera même de provoquer un regain d'empathie auprès de son humanisme désespéré (aussi déficient soit-il), tant et si bien qu'en étant réduit à l'état de charpie, on observe son agonie de manière pour autant perplexe. Surtout qu'il venait préalablement de secourir le médecin d'une mort certaine en guise de souvenir amical. On s'étonnera également du sort tragique de ce dernier pour une raison probable de dramaturgie appuyée. Autant dire que les ruptures de ton qui empiètent l'intrigue nous donnent un peu le tournis à conjuguer les contradictions d'humour et d'horreur avec une attachante maladresse. L'exemple le plus flagrant du comique assumé se situant auprès du couple de retraités conviés à souper chez leur fille au moment d'emprunter une route bucolique patibulaire.


Pour les nostalgiques de l'époque, Le Monstre qui vient de l'espace demeure un sympathique nanar à travers son hommage ubuesque aux films de monstres des années 50 dénonçant en filigrane les effets dévastateurs de la radioactivité sur l'homme faute de projets mégalos de conquêtes spatiales (!?).  

*Bruno
26.06.20. 4èx
03.08.13. 93 v

jeudi 25 juin 2020

Cul et Chemise

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Io sto con gli ippopotami" de d'Italo Zingarelli. 1979. Italie. 1h48. Avec Terence Hill, Bud Spencer, Joe Bugner, May Dlamini, Dawn Jürgens, Malcolm Kirk.

Sortie salles France: 5 Décembre 1979

FILMOGRAPHIE: Italo Zingarelli est un producteur et réalisateur italien de cinéma, né le 15 janvier 1930 à Lugo di Vicenza en Vénétie, décédé le 29 avril 2000 à Rome. 1969 : Cinq hommes armés. 1970 : Une prostituée au service du public et en règle avec la loi. 1979 : Cul et chemise.


Qu'il est bon de revisionner cette comédie familiale sous l'impulsion du duo fripon Terence Hill / Bud Spencer. Les "Laurel et Hardy" contemporains de souche italienne. Car l'intrigue dégingandée a beau raser les murs (quoique son message écolo en faveur de la cause animale ne passe pas inaperçu), Terence Hill et son acolyte Bud Spencer sauvent le film de la vacuité de par leur fringance endiablée d'y compiler une moisson de baffes et coups de poing toutes les 10 minutes. Tant et si bien qu'il s'avère impossible de s'ennuyer au sein de ce fracas d'actions en règle même si la plupart des situations risibles, pour ne pas dire ridicules ou surréalistes (la scène du repas, celle du tribunal ou encore du casino) ne font guère preuve de vraisemblance. Et c'est tant mieux car il se dégage de ce joyeux bordel zédifiant une liberté de ton désinvolte qu'on ne retrouve guère aujourd'hui sur nos écrans formatés adeptes de l'ultra conservatisme.


Ainsi donc, on a également beau étriller le classicisme de sa réalisation anodine (Italo Zingarelli possède d'ailleurs à son actif 3 uniques longs-métrages), le spectacle dépaysant (une scénographie Africaine peuplée de figurants accorts et d'animaux sauvages) vaut son pesant de péripéties burlesques de par ses bastonnades inventives que Hill et Spencer transcendent avec une spontanéité galvanisante. Anti-dépresseur par excellence donc, Cul et Chemise demeure un excellent divertissement puisant son charme dans sa simplicité bonnard que le duo cultive avec un naturel décomplexé. Con comme la lune certes à travers ses récurrents règlements de compte entre bons et méchants (quelles gueules cartoonesques !), mais débordant d'inventivité, de bonne humeur et de gags si outranciers qu'on cède à l'hilarité, Cul et Chemise n'a pas pris une ride de par son inépuisable ressort comique en roue libre.

*Bruno
2èx

mercredi 24 juin 2020

La Petite soeur du Diable

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Suor Omicidi / Killer Nun" de Giulio Berruti. 1978. Italie. 1h29. Avec Joe Dallensendro, Anita Ekberg, Alida Valli.

Sortie salles Italie: 10 Mai 1979. France: ?.

FILMOGRAPHIE: Giulio Berruti est un réalisateur et scénariste Italien né le 28 Avril 1937. 1976: Noi siam come le lucciole. 1979: La Petite soeur du Diable.


Que voici un Nunsploitation bougrement attachant à travers son cocktail vitriolé de saphisme, de nécrophilie, de luxure et d'homicides parfois incongrues. A l'instar de ses aiguilles filmées en gros plan transperçants à divers endroits du visage une victime sclérosée ! D'ailleurs, l'Angleterre rigoriste s'avéra si offensée que le film figura dans la liste de leurs "Video Nasties" ! Mais au-delà de son concept d'exploitation dosant efficacement fesses et gores auprès d'un institut psychiatrique en rut; La Petite soeur du Diable s'avère beaucoup plus intéressant qu'il ne le laisse paraître de par son intrigue sinueuse insufflant un suspense perméable jusqu'à l'épilogue révélateur aussi fortuit que dérangeant. Le récit émaillé de situations tordues s'adonnant au thriller horrifique à travers son énigme d'y démasquer le véritable assassin. Quand bien même le cinéaste, seulement responsable de deux longs-métrages (quel dommage au vu de son savoir-faire horrifique !), nous eut averti d'un message liminaire afin de prétendre que son récit fut inspiré d'une histoire vraie. Etonnamment bien joué pour une prod indépendante aussi low-cost, tant auprès des rôles majeurs que secondaires (notamment cette figuration inquiétante de patients revanchards que n'aurait renié Francis Leroy à travers sa Nuit de la Mort), la Petite soeur du diable est également scandé du charisme démonial de la troublante Anita Ekberg sous l'impulsion de son regard azur à la fois perçant et souffreteux.


Dans la mesure où celle-ci parvient à nous susciter un soupçon d'empathie dans sa fonction miséreuse de nonne aussi névrosée que dépressive de par son accoutumance à la morphine depuis une opération du cerveau. En proie à la perte identitaire et à une solitude davantage contraignante, Soeur Gertrude finit donc par s'adonner à l'émancipation sexuelle. Tant auprès de la proposition saphique d'une nouvelle soeur juvénile que d'un quidam aguiché par ses formes plantureuses à base de jarretelles. Les séquences d'étreintes et de déshabillage (à forte poitrine) parvenant la plupart du temps à éluder la gratuité de par le portrait torturé de cette carmélite sexuellement refoulée mais aujourd'hui encline à mettre en exergue ses fantasmes en lieu et place de désarroi moral. Il faut dire que tout l'institut (patients / médecins) la soupçonnent d'un oeil médisant depuis une série de meurtres inexpliqués. Au-delà de cette surprenante ambiance malsaine au sein d'une hiérarchie religieuse où la plupart de la clientèle pâtie d'un désoeuvrement à la fois sexuel et sentimental, La Petite soeur du Diable fascine irrémédiablement de par son esthétisme nacré où le macabre se conjugue avec l'érotisme le plus scabreux ou effronté !


Une vraie perle horrifique typiquement latine à découvrir d'urgence pour les amateurs de curiosité déviante à la psychologie (étonnamment) étoffée si bien que La Petite soeur du Diable se libère sans rougir du produit (faussement) alimentaire. 

*Bruno

mardi 23 juin 2020

Snake Eyes

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinememorial.com

"Dangerous Game" d'Abel Ferrara. 1993. U.S.A. 1h49. Avec Harvey Keitel, Madonna, James Russo, Victor Argo, Nancy Ferrara.

Sortie salles France: 13 Octobre 1993. U.S: 19 Novembre 1993

FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Welcome to New-York. 2014: Pasolini.


"Je ne connais pas d'autre événement qui cause autant de douleur et de destruction, et qui est aussi peu compréhensible, que la fin de l'amour."
Film choc s'il en est, Snake Eyes constitue une expérience de cinéma à rude épreuve si bien que la frontière entre fiction et réalité demeure toujours plus exigue de par son extrême réalisme d'une intensité dramatique à couper au rasoir. Et ce quitte à bousculer les repères du spectateur littéralement troublé par l'improvisation des acteurs se livrant à une déchéance psychologique d'une violence capiteuse. Car à travers l'immersion d'un tournage chaotique illustrant la confrontation morale entre un couple en perdition (l'amant désire poursuivre ses excès tous azimuts alors que sa compagne en voie de sagesse spirituelle souhaite s'en libérer), Abel Ferrara exploite la mise en abyme afin d'exorciser la propre situation véreuse d'un metteur en scène hanté de culpabilité. Ou tout du moins le résigner par le truchement de ce reflet de miroir à avouer enfin sa responsabilité et ses fautes à son épouse dénuée de suspicion à son égard. Celui-ci cumulant depuis son mariage sexe, drogue et alcool qu'il côtoie lors des tournages ou lors des soirées mondaines. Dirigé de main de maître par un Abel Ferrara toujours aussi torturé par le remord et la quête de rédemption à travers l'image divine, Snake Eyes nous laisse en état de malaise prégnant sitôt le générique bouclé.


Tant et si bien que les acteurs résolument habités par leur rôle schizo nous transmettent leurs émotions névralgiques avec une vérité (ac)crue de par la volonté psycho-rigide de Ferrara de les pousser dans leurs derniers retranchements, au risque de flirter avec la démence. Si bien que l'on peut d'ailleurs craindre le pire quant à l'ambiguïté de l'épilogue suggérant une mort en direct, via le snuf-movie, quand bien même nous venions d'assister à une oeuvre indépendante à la fois personnelle et confidentielle ! C'est donc un tableau dérisoire des coulisses du cinéma que nous assène sans concession Abel Ferrara, son envers du décor vitriolé à travers cette faune d'acteurs corrompus par leur confort et la célébrité, quitte à se laisser dériver à une descente aux enfers irréversible. Quand bien mêmes les cinéastes en quête insatiable de perfectionnisme et de soif de réalisme exploitent leurs acteurs avec soupçon de sado-masochisme. Outre l'époustouflant jeu viscéral de James Russo en amant borderline à la cime de la démence, et la force (faussement) tranquille d'Harvey Keitel en cinéaste notoire en proie à l'opprobre, on reste sidéré par l'authenticité névrosée de Madonna en victime soumise accablée de fragilité et de rébellion auprès de ses deux partenaires livrés à un machisme aussi perfide que couard. Chacun d'eux s'échangeant sans se l'avouer le corps de l'actrice dans une volonté vulgairement lubrique !


Estomaquant de vérisme ardu à point tel de confondre la technicité du reportage, Snake Eyes se décline donc en cinéma vérité brut de décoffrage de par son extrême animosité morale. Tant et si bien qu'il reste réservé à un public averti du fait de l'extrême violence des rapports conjugaux emportés dans une spirale de réprimandes dénuées d'échappatoire. Extrêmement noir, dérangeant et éprouvant, un tableau terrifiant, asphyxiant, méphitique sur l'envers du cinéma glamour dénué d'union maritale. 

*Bruno
4èx  

vendredi 19 juin 2020

Live Like a Cop, Die Like a Man

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Uomini si nasce poliziotti si muore" de Ruggero Deodato. 1976. Italie. 1h38. Avec Marc Porel, Ray Lovelock, Adolfo Celi, Franco Citti, Silvia Dionisio, Marino Masé, Renato Salvatori, Sofia Dionisio.

Sortie salles France: ?. Italie: 11 Mars 1976

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Ruggero Deodato est un réalisateur italien, né le 7 Mai 1939.
1976: Live Like a Cop, Die Like a Man. 1977: Le Dernier monde Cannibale. 1979: SOS Concorde. 1980: Cannibal Holocaust. 1980: La Maison au fond du parc. 1983: Les Prédateurs du Futur. 1985: Amazonia, la jungle blanche. 1987: Les Barbarians. 1987: Body Count. 1988: Le Tueur de la pleine lune. 1993: The Washing Machine.


Précédé d'une réputation de polar ultra violent, Live Like a Cop, Die Like a Man accuse hélas le poids des années de par son réalisme peu convaincant auprès de scènes chocs volontairement outrées. Notamment auprès de la couleur terne ou autrement saturée du sang ne trouvant jamais la juste colorimétrie pour mieux offenser le spectateur. C'est fort dommageable sachant que Ruggero Deodato pousse souvent le bouchon assez loin dans son refus de concession réfractaire au hors-champ comme on en a coutume d'en voir dans le genre policier standard. Qui plus est, l'intrigue timidement efficace ne passionne guère en dépit de la posture décomplexée du duo de flics réacs s'autorisant tout et n'importe quoi à alpaguer leurs malfrats de la façon la plus cynique et sournoise. A l'instar de leur partie de jambes en l'air perpétrée avec la soeur d'un dangereux criminel. Pour autant, de par son ambiance bizarroïde dénuée de moralité et le punch de certaines scènes d'actions (notamment cette étonnante course-poursuite urbaine filmée sans autorisation lors du préambule),  Live Like a Cop, Die Like a Man divertira les amateurs de poliziotteschi sous l'impulsion du duo Marc Porel / Ray Lovelock parfaitement à l'aise dans leur complémentarité fougueuse dénuée de scrupule. Ainsi, à travers son cocktail sarcastique de violence en roue libre y émane une série B politiquement incorrecte infaisable de nos jours.


*Bruno

Synopsis: En ces années de plomb, la vie suit son cours normal à Rome. Un vol à la tire dégénère et une femme, coincée par la lanière de son sac, est trainée sur plusieurs mètres jusqu’à ce que sa tête croise malencontreusement un lampadaire. Cinq frangins essayent de dévaliser un fourgon blindé. Une honnête citoyenne est prise en otage chez elle par trois cinglés… La routine. Pour essayer malgré tout d’y remédier, la police s’est dotée d’une “force spéciale” aux méthodes radicales. Au départ composée de trois hommes, cette unité se réduit bientôt à un binôme : les inséparables Fred et Tony (Marc Porel et Ray Lovelock). Le responsable de cette réduction d’effectif n’est autre que le parrain Roberto “Bibi” Pasqualini (Renato Silvestri), tête de turc de la force spéciale.

jeudi 18 juin 2020

Black Snake Moan

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Craig Brewer. 2006. U.S.A. 1h55. Avec Samuel L. Jackson, Christina Ricci, Justin Timberlake, S. Epatha Merkerson, John Cothran Jr., David Banner.

Sortie salles France: 30 Mai 2007. U.S: 9 Décembre 2006

FILMOGRAPHIECraig Brewer est un réalisateur et scénariste américain, né le 6 décembre 1971 en Virginie. 2000 : The Poor and Hungry. 2005 : Hustle et Flow. 2007 : Black Snake Moan. 2011 : Footloose. 2019 : Dolemite Is My Name. 2020 : Coming 2 America.


"Toi et moi on sera toujours là quand il le faut pour croire en l'autre."
Passé inaperçu en 2006 en dépit de sa rutilante affiche aussi clinquante que délibérément racoleuse, Black Snake Moan était trop atypique pour s'attirer les faveurs du grand public. Car véritable film culte à la trajectoire aussi tentaculaire que reptilienne (notamment à travers son poème musical sur la tentation du Mal), Black Snake Moan aborde les thèmes sulfureux de la nymphomanie, de l'abus sexuel et de l'anxiété (la plus préjudiciable) avec une originalité couillue. Imaginez un afro américain en berne sentimental s'unifiant avec une jeune nympho incontrôlable afin de dépasser leur faille d'une colère autodestructrice pour l'enjeu de l'amour. Qui plus est, de manière hétérodoxe, celui-ci très porté sur sa foi, osera enchaîner sa victime préalablement violée afin de l'abstenir de la luxure. Tout un programme punitif drastique donc, et ce sans le contentement de la victime démunie ! Sur le papier, on se demande bien si cette trame à la fois décalée, violente et (limite) ubuesque dénonçant en filigrane la posture rigoriste du dévot tiendra la route 1h55 durant. Mais c'est sans compter sur le talent très inspiré de Craig Brewer si bien qu'il parvient à nous parfaire une splendide étreinte amicale doublée d'une bouleversante romance aussi épurée que torturée. Dans la mesure où le compagnon de la nympho tentera également d'opérer un travail sur lui même en dernier ressort afin de réprimer ses crises d'angoisse et enfin parvenir à l'équilibre de sa liaison amoureuse. Son anxiété pathologique émanant de sa suspicion (inconsciente) pour la réputation putassière de sa muse réduite à l'objet sexuel.


Emaillé de tubes de Blues davantage entraînants (le concert au pub dégage une énergie galvanisante à travers une foule transie de déhanchement !), Black Snake Moan est enfin illuminé du duo impromptu Samuel L. Jackson (en père attentionné de substitution) / Christina Ricci (en betty boop au sex-appeal infiniment torride - et ce sans fard ! -). Ces derniers crevant littéralement l'écran à travers leur attractive complémentarité davantage soumise à la doctrine de la sagesse, de la modération et du self-control. Et si lors de sa première partie décomplexée le thème de la nymphomanie était traité de manière aussi provocatrice que débridée (notamment à l'aide d'un réalisme parfois cru !), Craig Brewer y peaufine ensuite la caractérisation humaine de l'esclave féminine asservie d'un passé traumatique on ne peut plus éprouvant. L'intrigue gagnant donc en densité psychologique, au moment même où le jeune Ronnie revient faire surface après y avoir exercé son service militaire. On peut d'ailleurs également compter sur la sobriété étonnamment naturelle de Justin Timberlake en amant en herbe inscrit dans la réserve, l'indécision et la timidité derrière son masque de faux rebelle féru de force d'esprit et de caractère. Ainsi, à travers son manque d'aplomb et d'autorité, Craig Brewer y opère à nouveau un bouleversant portrait d'amant torturé en voie de rédemption amoureuse. Le message de Black Snake Moan demeurant avant tout un poème mélomane sur l'amour le plus candide à travers ce trio impromptu amoché par l'infortune, l'infidélité et la démission parentale (notamment pour les rapports discordants entre la mère et sa fille lors d'une confidence aussi cruelle que violente).


"Cette lumière que j'ai en moi je vais la laisser briller." 
Un chant d'amour résolument incandescent à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire du cinéma indépendant. A ne rater pour rien au monde, notamment afin de réparer son injustice commerciale.  

*Bruno
2èx

mercredi 17 juin 2020

Bluebird

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"A Bluebird in My Heart" de Jérémie Guez. 2018. Belgique/france. 1h29. Avec Roland Møller, Lola Le Lann, Veerle Baetens, Lubna Azabal

Sortie France, Vod: 16 Juin 2020. Festival de Sundance: 10 Mars 2018

FILMOGRAPHIEJérémie Guez est un écrivain auteur de romans policiers, scénariste et réalisateur français, né le 17 mai 1988. 2018 : Bluebird. 2020 : The Sound of Philadelphia.


"L'amour paternel est peut-être le sentiment le plus élevé du don."
Production Franco-belge réalisée par le néophyte Jérémie Guez, Bluebird rend hommage au polar du samedi soir sous couvert d'une série B aussi efficace que charmante. Si bien que l'on a beau connaître l'intrigue par coeur à travers ses clichés éculés, Jérémie Guez parvient à les transcender de par la sincérité indéfectible de ces attachants personnages et d'une mise en scène carrée dénuée de fioriture. Chaque plan faisant preuve d'un esthétisme cinégénique à travers un tableau urbain aussi flegme et restreint qu'inscrit dans la réserve. Car au-delà de quelques rares scènes d'action militants pour la vendetta, Bluebird bénéficie d'une atmosphère langoureuse agréablement perméable. Ces séquences intimistes inscrites dans la banalité d'un quotidien morose insufflant un doucereux climat feutré sous l'impulsion d'une mélodie aussi discrète qu'envoûtante. Le réalisateur prend donc son temps à nous dépeindre son univers blafard auquel y évolue une poignée de protagonistes à l'humanisme torturé.


Tant auprès de la mère escomptant scrupuleusement ses prochaines retrouvailles avec son époux taulard, de sa fille paumée fragilisée par l'absence paternelle, que de l'étranger (Danny) en semi-liberté qu'elles accueillent en guise de travail au noir avant de s'unifier. Et bien que l'on se surprenne de la dramaturgie cinglante de l'épicentre narratif (pourquoi tant de haine nonsensique ?), Bluebird continue de captiver de par les agissements en porte-à-faux du taulard au grand coeur que Roland Møller campe avec un charisme viril grisonnant. Celui-ci suscitant des expressions de pudeur et de modestie d'être aimablement accueilli par une famille démunie escomptant la rédemption. Outre la sobriété placide de l'actrice Veerle Baetens lui partageant la vedette entre soupçon de méfiance puis de clémence, on reste impressionné par le naturel spontané de l'étonnante Lola Le Lann en junkie fantasque en quête désespérée d'amour et de tendresse. Ainsi, à travers ses nouveaux rapports avec Danny en père de substitution, on ne peut s'empêcher de songer à Léon de Luc Besson à travers leur chaude complicité amicale de se prémunir contre un danger davantage létal.


Pour l'amour d'un père déchu. 
Perfectible assurément (n'oublions pas qu'il s'agit d'un 1er métrage) et parfois un tantinet moins convaincant lors des règlements de compte aussi concis que timorés, Bluebird gagne néanmoins le coeur du spectateur à travers l'humanisme chétif de ces marginaux au grand coeur évoluant dans un cadre urbain imprégné d'onirisme désenchanté. Une imagerie harmonieuse assortie d'une partition délicatement capiteuse. Ainsi, et sous sa discrète allure de conte existentiel, l'émotion des personnages perce jusqu'au bouleversant point d'orgue d'une limpide retrouvaille aussi fortuite qu'escomptée. 

*Bruno

mardi 16 juin 2020

Waves

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Trey Edward Shults. 2020. U.S.A. 2h16. Avec Kelvin Harrison Jr., Lucas Hedges, Taylor Russell, Alexa Demie, Sterling K. Brown.

Sortie salles France: 29 Janvier 2020. U.S: 17 Janvier 2020

FILMOGRAPHIETrey Edward Shults, plus connu sous le nom de Trey Shults, est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1988 à Houston, aux États-Unis. 2016 : Krisha. 2017 : It Comes at Night. 2019 : Waves.


"Demander pardon n'est pas adressée à quelqu'un, c'est une demande à soi-même. Trouver cette souplesse où l'on peut demander pardon, c'est voir clairement ce qui nous limite."
Uppercut émotionnel d'une intensité dramatique à fleur de peau, Waves nous laisse dans un état de flottement mélancolique sitôt le générique écoulé. Car traitant des thèmes délicats du deuil, de l'avortement, des rapports amoureux discordants, du pardon, de l'expiation et de la cohésion familiale, Waves n'y va pas par 4 chemins pour nous bouleverser avec un réalisme aussi onirique qu'expérimental. Tant auprès du parti-pris du réalisateur d'opter pour différents formats d'écran (16/9, 4/3, 1.85) d'après une trajectoire d'initiation morale, que de sa nature solaire exaltante auquel le vent y caresse tantôt certains visages atones désireux d'évasion. Le format 4/3 (le plus redouté) insufflant un climat de claustration depuis l'épicentre tragique de l'intrigue d'une cruauté si inouïe qu'on n'ose croire à la véracité des faits exposés. Comme si, à l'instar de la douleur intrinsèque du coupable dénué de repères, nous nous exposions intimement à son cauchemar moral dénué d'échappatoire. C'est dire si l'identification du spectateur bat à plein régime lorsqu'il s'agit de nous exposer une vibrante et authentique romance à travers une intimité soudainement orageuse lorsqu'on se délite pour un enjeu d'avortement.


Mais pour autant débordant de tendresse à travers ces lumineux regards à la fois démunis et sentencieux des victimes tentant de transcender leur fêlure morale avec une résilience fébrile, Waves milite pour l'espoir et l'optimisme lorsque l'on tente de s'y reconstruire grâce à l'unique valeur de l'amour. Et si le présumé coupable empli de culpabilité s'avoue vaincu dans son opiniâtre détermination d'y expier sa faute au péril de sa vie, les membres familiaux vont tenter de renouer leurs liens (autrefois soudés) à travers la communication, le pardon, le réconfort et la confiance. Même auprès des plus préjudiciables (pour ne pas dire des plus impardonnables) lorsque, en fin de vie, un père est sur le point de déclarer sa flamme à son propre fils qu'il a maltraité durant toute son adolescence. C'est dire si Waves table sur la rédemption, la fraternité et l'humanisme le plus candide afin d'y évacuer haine et colère que tout être extériorise faute d'un sentiment d'injustice inéquitable. Quant au cast plutôt méconnu, on reste ébloui par leur performance dramatique de par leur évidente sobriété de ne pas s'entacher de misérabilisme ou de sinistrose que l'intrigue ne cesse pourtant d'irriguer à travers les esprits torturés pleins de désagrément. Ainsi, à travers l'éternel conflit parents / enfants, Waves brille de 1000 feux pour nous exposer avec une sensibilité écorchée vive un fulgurant poème d'amour universel à travers ces rapports humains inscrits dans la réserve et le mutisme (notamment faute des préjugés de réseaux sociaux réprobateurs), mais en quête ultime d'une main secourable.


Une expérience de cinéma onirique et épurée parvenant à exorciser nos démons à travers un vortex d'émotions capiteuses de par la dichotomie d'y opposer sentiments de tendresse et d'amour après la colère et la cruauté. Déchirant car d'une infinie tristesse, mais aussi beau à en chialer.

*Bruno

lundi 15 juin 2020

La Nuit des Sangsues / Extra Sangsues

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"Extra sangsues / Night of the Creep" de Fred Dekker. 1985. U.S.A. 1h30. Avec Tom Atkins, Jason Lively, Steve Marshal, Jill Whitlow, Wally Taylor

Sortie salles France: 2 Mars 1987. U.S: 22 Août 1986

FILMOGRAPHIEFred Dekker est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain, né le 9 avril 1959 à San Francisco. 1986 : Extra Sangsues. 1987 : The Monster Squad. 1990 : Les Contes de la crypte - Saison 2, épisode 6. 1993 : RoboCop 3.


Une sympathique série B des années 80, aussi éculée soit son intrigue et classique soit sa réalisation. Le réalisateur palliant ses carences par l'originalité de son concept singulier, hommage aux films de monstres des années 50. Pour cause, des extra-terrestres investissent les corps des humains sous l'apparence de sangsues, et ce avant de les transformer en zombies. Outre la bonhomie des interprètes juvéniles volontairement naïfs, on a plaisir à retrouver Tom Atkins en flic revanchard ainsi que Dick Miller en armurier de la police. Dispensable et mineur certes, mais on passe un agréable moment de par son charme rétro gentiment horrifique.

*Bruno
2èx

vendredi 12 juin 2020

Saïgon, l'enfer pour 2 flics

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Off Limits" de Christopher Crowe. 1988. U.S.A. 1h38. Avec Willem Dafoe, Gregory Hines, Fred Ward, Amanda Pays, Lim Kay Tong, Scott Glenn.

Sortie salles France: 25 Mai 1988. U.S: 11 Mars 1988

FILMOGRAPHIEChristopher Crowe est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 1er Août 1948. 1985: Droit de vengeance (télé-film). 1988: Saïgon, l'enfer pour 2 flics. 1992: Steel Justice (télé-film). 1992: Intimes Confessions.


Résolument oublié de nos jours et très peu diffusé à la TV (si je ne m'abuse car n'ayant plus le câble depuis des siècles), Saïgon, l'enfer pour 2 flics demeure une excellente série B sous couvert de thriller à suspense avec, en toile de fond, la guerre du Vietnam. 2 flics ricains de la recherche criminelle doivent faire face à un tueur en série ayant froidement abattu 6 jeunes mamans vietnamiennes. Or, selon divers témoignages, un officier américain haut placé en serait le coupable. Buck et son acolyte Albany vont donc tenter de résoudre cette sordide affaire avec l'appui d'une carmélite. Dirigé par le méconnu Christophe Crowe nanti d'une filmo rachitique (voir ci-dessus), Saïgon l'enfer pour 2 flics s'avère franchement efficace de par l'investigation houleuse de 2 policiers embarqués dans une cité urbaine où règnent corruption, prostitution, guerre et chaos. Tant auprès du peuple vietnamien avide de haine et de revanche que de certains officiers ricains en concertation avec des sicaires afin d'ébruiter l'affaire criminelle teintée de sadomasochisme. Au-delà de l'enquête assez captivante car nous tenant en haleine jusqu'à la révélation (inopinée) du coupable (je n'ai personnellement rien vu v'nir !), Saïgon... s'enrichit d'une scénographie résolument singulière et dépaysante à travers le guide touristique de Buck et d'Albany plongeant tête baissée dans les bas-fonds de la plus grande ville du Vietnam.


Christophe Crowe s'efforçant d'y soigner son cadre exotique auprès d'un climat d'insécurité permanent. Tant auprès de la foule contrariée en proie au désordre et à la sédition que des exactions morbides perpétrées dans des chambres tamisés suintant la sueur, le sperme et le sang. Ainsi, baignant dans un climat malsain lestement perméable, Saïgon... s'imprègne d'une odeur nauséabonde au fil du reptilien parcours du duo policier ballotté tous azimuts auprès d'ennemis à la fois invisibles et réputés. Niveau cast, on retrouve avec plaisir Willem Dafoe parfaitement à sa place en jeune loup pugnace et résilient car résigné à boucler fissa cette sinistre affaire d'homicide lubrique. Quand bien même son sympathique partenaire Gregory Hines s'alloue parfois d'une posture un chouilla outrée, voire même extravagante lors de ses excès de zèle décontractées, rebelles, héroïques ou erratiques (son match de basket ball qu'il mime en guise de léger trauma un soir d'évasion). Et bien qu'il s'avère tout de même attachant en afro américain prêtant aimablement main forte à son comparse, sa présence un brin surjouée par moments décrédibilise le réalisme de certaines situations un chouilla clichées.


Enrichi de quelques scènes d'action, de gunfights sanglants et d'explosions belliqueuses, Saïgon, l'enfer pour 2 flics est le prototype factuel de la série B du samedi soir de par son savoir-faire d'y façonner une efficiente énigme méphitique. Et ce en y dénonçant en filigrane la corruption de l'armée américaine usant de prépondérance et d'intimidation en plein conflit vietnamien. Vivement recommandé pour les amateurs de rareté intègre. 

*Bruno

jeudi 11 juin 2020

The Lodge

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Veronika Franz et Severin Fiala. 2019. U.S.A/Angleterre. 1h48. Avec Riley Keough, Lola Reid, Jaeden Martell, Lia McHugh, Richard Armitage.

Sortie uniquement en Dvd en France: 16 Avril 2020. Salles U.S: 7 Février 2020 

FILMOGRAPHIE: Severin Fiala est un réalisateur, scénariste, acteur producteur autrichien. Veronika Franz est une réalisatrice et scénariste autrichienne. 2014: Goodnight Mommy. 2019: The Lodge.


Remarqué par leur premier long Goodnight Mommy (primé dans divers festivals), le duo Fiala /  Franz récidive à exploiter l'horreur psychologique au mépris d'un grand-guignol racoleur comme on a trop coutume d'en consommer sur nos écrans. Il s'agit donc louablement d'une horreur 1er degré à travers son ambiance d'étrangeté feutrée confiné dans le huis-clos réfrigérant d'un chalet patibulaire semblable à l'hôtel overlook de Shining d'une manière éthérée. Quand bien même sa formidable bande-son dissonante, son thème délicat du deuil (mâtiné de surnaturel) ainsi que les plans serrés sur les regards équivoques nous évoqueront le phénomène Hérédité d'Ari Aster. Les cinéastes parvenant à instaurer avec maîtrise (tout du moins durant la 1ère heure) à un malaise diffus en ne cessant de distiller doute et interrogation auprès des protagonistes interlopes. Dans la mesure où nous ne savions jamais sur quel pied danser à suspecter l'éventuelle hostilité des enfants en berne ou de leur belle-mère fragilement perturbée à la suite de son expérience traumatisante au sein d'une secte. Au-delà de certaines ficelles un tantinet tirées par les cheveux (l'époux cédant un peu trop facilement à accepter l'emménagement de sa compagne parmi ses enfants), The Lodge séduit et captive sans démonstration de force opportuniste si bien qu'il mise principalement sur la psychologie torturée de ses personnages vulnérables.


Et ce en y faisant notamment intervenir de manière assez retorse le surnaturel afin de brouiller les pistes d'une intrigue somme toute psychologique afin de mieux instiller le malaise. Mais là où le bas blesse découle des 40 dernières minutes tournant un tantinet en rond lorsque la belle-mère et les enfants sont en proie à l'incompréhension la plus nébuleuse eu égard des évènements obscurs qui intentent à leur tranquillité. Tant auprès d'éventuelles hallucinations (collectives ?) que de la découverte macabre d'un corps dans la neige. Faute d'un rythme languissant un brin poussif désamorçant son suspense ciselé, The Lodge se perd donc en cours de route avant de nous ébranler avec un épilogue littéralement glaçant car dénué de concession (attention à la gueule de bois !). Et à ce niveau on peut saluer l'audace des auteurs à aller jusqu'au bout de leur propos quitte à y rebuter le spectateur friand de happy-end rédempteur. Qui plus est, les comédiens communément exposés à des forces d'expression démunies, contrariées et délétères nous transmettent sans fard leur malaise moral face à une (cruelle) descente au enfers où la religion s'y traduit de manière perfide.


A découvrir donc de par ses excellentes intentions souvent fructueuses, même si perfectibles (sa dernière partie), au point peut-être d'y privilégier leur 1er essai Goodnight Mommy.

*Bruno

Ci-joint la chronique de leur 1er métrage: http://brunomatei.blogspot.com/2015/07/goodnight-mommy-prix-du-jury-syfy-prix.html

mercredi 10 juin 2020

Les Dents de la Mer 3

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Jaws 3D" de Joe Alves. 1983. U.S.A. 1h38. Avec Dennis Quaid, Bess Armstrong, Simon MacCorkindale, Louis Gossett Jr., John Putch.

Sortie salles France: 21 Décembre 1983. U.S: 22 Juillet 1983

FILMOGRAPHIE: Joseph M. Alves Jr., plus connu sous le pseudonyme de Joe Alves, est un directeur artistique, chef décorateur et réalisateur américain, né le 21 mai 1936 à San Leandro, Californie, États-Unis. 1983: Les Dents de la Mer 3.


Traînant une sinistre réputation de navet depuis sa sortie (alors qu'initialement il devait être une parodie), Les Dents de la Mer 3 demeure effectivement une suite aussi mauvaise qu'inutile. Pour autant, et en faisant preuve d'une grosse louche d'indulgence (notamment passées ses 45 premières minutes poussives), cette série B cheap demeure timidement plaisante à travers ses quelques séquences de panique et d'agressions du requin que Joe Alves filme parfois avec une certaine efficacité oppressante. Et ce en dépit d'FX souvent ratés, de séquences à suspense autrement infructueuses et d'un relief argentique terriblement obsolète. A noter part ailleurs une surprenante scène-choc filmée de l'intérieur du requin lorsque celui-ci mâchouille sa pauvre victime affolée de son triste sort !

*Bruno
3èx

Box-Office France: 1 158 873 entrées

mardi 9 juin 2020

Week-end Sauvage / Fin de Semaine Infernale.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Amazon.fr

"Death Week-end" de William Fruet. 1976. Canada. 1h29. Avec Brenda Vaccaro, Don Stroud, Chuck Shamata, Richard Ayres, Kyle Edwards, Don Granberry, Ed McNamara. Elen Yarish, Roselle Stone.

Sortie salles France: 5 Janvier 1977. U.S: 4 Mars 1977.

FILMOGRAPHIE: William Fruet est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né en 1933 à Lethbridge (Canada). 1972: Wedding in White. 1976: Week-end Sauvage. 1979: One of our Own (télé-film). Search and Destroy. 1980: Funeral Home. 1982: Trapped. 1983: Spasms. 1984: Bedroom Eyes. 1986: Brothers by choice. Killer Party. 1987: Blue Monkey. 2000: Dear America; A line in the Sand (télé-film).


Sorti en pleine mouvance des Vigilante movies et Rape and Revenge initiés par Les Chiens de Paille, La Chasse SanglanteUn justicier dans la ville et consorts, Week-end Sauvage (ou Fin de semaine infernale comme l'eut averti sa célèbre BA française !) fut lors des années 80 un hit Vhs. Car édité sous la bannière d'Hollywood Vidéo, ce titre phare réussit à rameuter le spectateur avide d'ultra violence et de frisson poisseux. Ainsi, cet efficace survival d'exploitation préserve toujours son charme (rétro) de par son ambiance malsaine symptomatique des Seventies et ses scènes chocs d'ultra violence (dont une gorasse !), quand bien même le duo inopportun formé par la charmante Brenda Vaccaro et le robuste Don Stroud nous reste en mémoire de par leur impossible union sentimentale. Le pitch: Un chirurgien dentiste, séducteur machiste et propriétaire d'une villa champêtre, invite le temps d'un week-end sa nouvelle conquête Diana, une jeune mannequin affermie. Sur leur chemin, alors qu'Harry lui laisse conduire sa chevrolet corvette, ils entament une course-poursuite avec une bande de voyous. Vexés d'avoir été la risée de la jeune conductrice beaucoup plus experte dans l'art de piloter le bolide, nos quatre lurons s'insurgent à retrouver leur trace pour se venger sans restriction. Réalisé dans un but lucratif afin d'émuler les classiques transgressifs précités, Week-end sauvage démarre sur les chapeaux de roue avec une course-poursuite sur bitume formidablement charpentée. Sur une route champêtre, quatre lascards décervelés décident de narguer un couple en corvette, mais la jeune conductrice particulièrement finaude réussit à les semer en provoquant l'humiliation du leader. Passée cette rixe échevelée, les deux amants arrivent au lieu dit et profitent de leur résidence fastueuse pour s'épanouir en toute tranquillité. Mais en conjuguant le profil détestable du nanti orgueilleux trop imbus de sa personne avec une mannequin érudite plutôt affirmée, leur rapport antinomique va vite déchanter pour couper court à l'éventuelle idylle. Mais alors que Diana est sur le point de quitter la demeure, nos quatre malfrats rancuniers investissent brusquement la villa pour foutre le zouc et faire payer à ces bourgeois leur insolence goguenarde.


L'intrigue linéaire, si prévisible, demeure donc un prétexte pour y déployer un déchaînement de violence amorcée par des marginaux faussement contestataires de par leur ignorance intellectuelle. Ainsi donc, ces rednekcs avinés sont résolus à dévaster la demeure du poltron corrompu par sa condition fortunée. Et si le cheminement narratif s'avère éculé, William Fruet fait preuve de savoir-faire pour la tension en crescendo et d'une certaine originalité quant aux rapports de forces troubles établis entre le bourreau et la victime féminine. A savoir le tempérament spontané d'une mannequin toute en force de caractère car tenant tête face à la déchéance d'un délinquant frustré. Paradoxalement, au moment ou celui-ci envisage de la violer, leur rapport équivoque nous interpelle subitement si bien qu'il semble épris d'un soupçon de sentiment amoureux pour sa proie. L'épilogue d'une intensité dramatique éprouvante nous rappellera d'ailleurs l'ambiguïté de leur relation lorsque l'héroïne vindicative se remémorera l'attitude sentencieuse (pour ne pas dire presque honteuse) de son bourreau au moment du viol. Ainsi, à travers une ode au féminisme et en y ridiculisant le matérialisme de la bourgeoisie; Week-end sauvage nous dévoile un joli portrait de femme vaillante et rebelle de par sa pugnacité à tenir tête à ses adversaires communément machistes, égrillards et dominateurs. Tant auprès du chirurgien dentiste englué dans son confort, sa vanité et ses caprices lubriques que de la rébellion des assaillants dépités par leur médiocrité. Surtout si je me réfère au leader impérieux le moins inconséquent de la bande pour autant diablement criminel lors de ses exactions gratuites. La dernière partie, à la fois intense, horrifique et haletante, culminant avec le combat pour la survie de la femme déterminée à retrouver sa liberté en se vengeant in extremis de ses oppresseurs.


"La vie est pleine de regrets, mais ça ne paie pas de regarder en arrière."
Classique oublié du Vigilante Movie (et/ou du Rape and Revenge) aussi insolent qu'efficace de par son rythme oppressant et son ambiance patibulaire au confins du malaise, Week-end Sauvage y préserve une violence épineuse parfois même cruelle ou horrifiante. A l'instar la mort "hors-champs" d'Harry et de l'égorgement graphique d'un des antagonistes en proie à l'agonie. D'ailleurs, lors de sa sortie, outre son interdiction au moins de 18 ans à travers le monde, le film choqua tant la censure britannique qu'il fut répertorié auprès des "vidéos nasties". Mais bien au-delà de ses séquences éprouvantes de vandalisme et de passages à tabac résolument gratuits (d'où l'aspect très dérangeant de sa réflexion sur la déchéance marginale la plus libertaire), Week-end Sauvage gagne finalement en dramaturgie cérébrale quant au portrait sulfureux imparti aux amants maudits (Brenda Vaccaro, Don Stroud marquent durablement les esprits à travers leur vénéneux charisme) qu'Ivan Reitman  impulse sous une partition élégiaque. 

*Bruno
09.06.20. 7èx
20.01.12. 288 v


Bande-annonce promo française
"C'était la fin de semaine de l'action de grâce, sauf pour Diane. Elle n'avait aucune raison de remercier le seigneur. Elle essayait juste de rester en vie. Tout a commencé par une agréable promenade en voiture dans la campagne. C'est alors que Diane fait une erreur. Ces garçons avaient envie de tout détruire. Mais le jour de l'action de grâce, ils ont décidé de détruire Diane. FIN DE SEMAINE INFERNALE ! La tension est si forte que vous avez envie de vous accrochez à quelqu'un. La tension est si insupportable que vous avez envie de crier. FIN DE SEMAINE INFERNALE. La tension est si terrifiante que vous resterez cloués à votre siège.
Après Le Justicier dans la Ville, les Chiens de Paille, maintenant Brenda Vacaro et Don Stroud dans un des films les plus violents que vous ayez vu. FIN DE SEMAINE INFERNALE. Ou la rage de survivre."