mardi 14 juillet 2020

Lunes de Fiel

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

"Bitter Moon" de Roman Polanski. 1992. France/Angleterre/U.S.A. 2h19. Avec Hugh Grant, Kristin Scott Thomas, Emmanuelle Seigner, Peter Coyote, Luca Vellani.

Sortie salles France: 23 Septembre 1992

FILMOGRAPHIE: Roman Polanski est un réalisateur, producteur, comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra et scénariste franco-polonais américain. Il est né le 18 Août 1933 à Paris.
1962: Le Couteau dans l'eau. 1965: Répulsion. 1966: Cul de sac. 1967: Le Bal des Vampires. 1968: Rosemary's Baby. 1971: Macbeth. 1972: Week-end of a champion. 1972: Quoi ? 1974: Chinatown. 1976: Le Locataire. 1979: Tess. 1986: Pirates. 1988: Frantic. 1992: Lunes de fiel. 1994: La Jeune fille et la mort. 1999: La 9è porte. 2002: Le Pianiste. 2005: Oliver Twist. 2010: The Ghost Writer. 2011: Carnage. 2013: La Vénus à la fourrure. 2017 : D'après une histoire vraie. 2019 : J'accuse.


"Je ne connais pas d'autre événement qui cause autant de douleur et de destruction, et qui est aussi peu compréhensible, que la fin de l'amour."
Romance passionnelle érigée de la manière la plus provocatrice, cruelle et vrillée, Lunes de Fiel dérange de manière aussi personnelle qu'inhabituelle à travers sa palettes de sentiments contradictoires piqués à vif. Dans la mesure où les émotions humaines sont retranscrites avec un réalisme rugueux eu égard de la descente aux enfers de Mimi en proie à la domination de son époux devenu malgré lui masochiste pervers, faute de son incapacité à se débarrasser de cet amour éploré. Si bien que Roman Polanski maîtrise son sujet universel (les rapports de soumission/domination du couple et l'amour inégal que puisse échanger l'un des deux lors d'une quotidienneté triviale) sous l'impulsion d'un quatuor de comédiens totalement investis dans leur fonction félonne. Mais au-delà des présences magnétiques de Hugh Grant et de Kristin Scott Thomas en couple introverti à deux doigts de chavirer de par leur frustration sexuelle et d'épanouissement, et de Peter Coyote en amant abusif gagné par le mépris puis le remord, Mathilde Seigner explose littéralement l'écran à chacune de ses apparitions charnues.


Entre lascivité torride (quel fluide déhanchement lors de ses danses endiablées !), candeur éplorée puis vengeance opiniâtre de dernier ressort. Roman Polanski nous illustrant 2h20 durant le déclin d'un couple passionnel heurté par la lassitude faute de l'aboutissement de leurs fantasmes (leur soif d'absolu), et ce au mépris de leurs ardents sentiments d'autrefois. Ainsi, à travers leur extravagance démesurée à se crêper le chignon lors d'une succession d'humiliations fétides, Roman Polanski traite de leur ambiguïté morale amoureuse sous l'impulsion de règlements de compte autodestructeurs ("je t'aime, moi non plus", "suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis" au gré d'une vengeance commune). Chacun d'eux souffrant indépendamment à la mesure de leur sensibilité divergente, et ce en se confrontant à leur sadomasochisme avec une amertume (tacite) désespérée. Ce que nous confirmera la radicalité de l'épilogue d'une brutalité difficilement gérable, si bien que l'on quitte précipitamment Lunes de Fiel avec la gueule de bois.


Quelle bizarre folie que la romance en ce monde !
A travers les thèmes sempiternels du désir de séduction et de l'infidélité autour de la névrose du couple compromis par l'hypocrisie, la soumission et l'inanité de la vengeance; Roman Polanski  perturbe sans fard à travers son vérisme à la fois mélancolique et cauchemardesque quant à l'acrimonie de l'épouse réduite à une intolérable négligence. Tant et si bien que la complexité de cet amour passionnel peut parfois mener à la plus tragique des fatalités lorsque la culpabilité émane des 2 camps. Une oeuvre singulière envoûtante difficilement empathique, à réserver toutefois à un public préparé du fait de son intensité dramatique sporadique. 

*Bruno
2èx

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