vendredi 25 septembre 2020

Le Diable, tout le temps

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Devil All The Time" de Antonio Campos. 2020. U.S.A. 2h19. Avec Tom Holland, Eliza Scanlen, Mia Wasikowska, Robert Pattinson, Sebastian Stan.

Diffusé sur Netflix le 16 Septembre 2020

FILMOGRAPHIEAntonio Campos est un producteur, scénariste et réalisateur américain d'origine brésilienne né en 1983 à New-York. 2002 : I Pandora (court). 2005 : Buy It Now (court). 2007 : The Last 15 (court). 2008 : Afterschool. 2012 : Simon Killer. 2016 : Christine. 2020 : Le Diable, tout le temps. 

           "Que l'on s'efforce d'être pleinement humain et il n'y aura plus de place pour le mal."

Film choc s'il en est, de par sa (grande) violence erratique et son climat malsain perméable où plane la présence du diable au coeur d'une bourgade champêtre faussement tranquille, le Diable, tout le temps ne nous laisse pas indemne à travers sa descente aux enfers ramifiée, dénuée de rédemption. Quasi irracontable, le récit ultra noir s'articule autour des agissements sans vergogne d'une poignée d'antagonistes habités par le vice lors d'un incessant chassé-croisé, et ce avant leur rencontre aléatoire. Le tout dépeint à travers divers époques, notamment afin de scruter l'évolution des personnages, en particulier le jeune Arvin éduqué par un père rigoriste psycho-rigide, catalyseur du destin galvaudé de son chérubin. Arvin demeurant le personnage le plus anti-manichéen dans sa position binaire de victime / coupable (et vice-versa). Ainsi donc, à travers les thèmes du faux-semblant, du traumatisme (celui de la de la guerre ou d'une enfance martyr), du fanatisme religieux (notamment auprès de l'intervention d'un prêcheur en second acte), de l'auto-justice (une purification par le sang) et de la déchéance morale de par ces exactions crapuleuses dénuées de raison et de pitié, Le Diable, tout le temps insuffle un climat méphitique aussi irrespirable que reptilien eu égard de son réalisme à biaiser la réalité des faits lors d'un concours de circonstances infortunées. 

Car derrière le vernis de la banalité se tapi parfois la plus effroyable des révélations. Les victimes, fragiles et démunies, sombrant dans le piège d'un jeu de dupe et de manipulation face à l'imposture du Mal le plus fourbe. Des personnages obsédés par l'idée de la mort, du sacrifice et de la résurrection au nom d'une cause divine ou personnelle (le couple de serial-killers perpétue la mort pour se croire libre et ainsi vaincre leur peur du trépas). Or, à travers cette série d'homicides inéquitables étalés sur des décennies, Arvin aura décidé en dernier ressort d'y perpétrer sa vengeance personnelle, faute de l'éducation catholique d'un père obscurantiste lui ayant inculqué dès son jeune âge la loi du talion de la manière la plus agressive, vicieuse et retorse. Ces personnages communément véreux ayant comme point commun de se connaître, de s'aborder ou de s'entrevoir grâce à l'influence du Mal qu'ils cultivent en eux-mêmes depuis leur enfance. Et ce derrière la réflexion d'une cause ou d'une démission parentale émanant d'une idéologie démiurge au sein d'une Amérique profonde ultra pratiquante (ils ne vivent que par Dieu pour la plupart d'entre eux). 


Messe Noire. 
De par son climat austère dénué de tendresse et de quiétude, Le diable, tout le temps pèse lourd sur notre moral pour tenter "d'affectionner" un récit aussi morbide dénué d'espoir. Tant et si bien que son final en suspens inopinément poignant laisse en mémoire le destin interrogateur d'un ange exterminateur potentiellement acquitté par une cause divine ou (inversement) châtié selon la position  (spirituelle ou athée) du spectateur. En tout état de cause, le Diable, tout le temps est à réserver à un public préparé, tant et si bien qu'il demeure délicat d'estimer un requiem aussi nihiliste sur la déchéance humaine depuis leur perte d'innocence. 

*Bruno

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