lundi 12 octobre 2020

Le Bison Blanc

                                                 
                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site wild-wild-western.over-blog.com

"The White Buffalo" de Jack Lee Thompson. 1977. U.S.A. 1h37. Avec Charles Buchinsky (Charles Bronson), Kim Novak, Jack Warden, Will Sampson, Clint Walker. 

Sortie salles France: 24 Août 1977

BIOJack Lee Thomson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada). Avec 47 longs-métrages, le cinéaste aborda tous les genres avec plus ou moins de bonheur dont certains sont qualifiés de chefs-d'oeuvre. Pour ses titres les plus notoires, on peut citer Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, la Conquête de la planète des singes, la Bataille de la Planète des singes, le Bison Blanc, l'Empire du Grec, Monsieur St-Yves, Passeur d'hommes et Happy Birthday (son unique incursion dans le slasher). Il signera en outre une illustre série de films d'action particulièrement violents, le "vigilante movie" parmi son acteur fétiche Charles Bronson (Le Justicier de Minuit, l'Enfer de la Violence, la Loi de Murphy, le Justicier braque les dealers, le Messager de la mort et Kinjite, sujets tabous).


Dans le Dakota, un cow-boy solitaire, véritable légende de son vivant, tente de traquer un bison blanc de taille démesurée en compagnie de deux acolytes. Dans la veine de Moby Dick et de Jaws sorti deux ans plus tôt, le vétéran Jack Lee Thompson surprend agréablement de par son parti-pris d'y communier les genres, entre western classique et fantastique épique sous le pilier d'un monstre animalier. Si bien que le périple de nos héros chevronnés s'apparente à une traque de longue haleine à travers une contrée indienne dangereusement inhospitalière. Celle d'une chasse au monstre érigée en exorcisme rédempteur d'après les cauchemars nocturnes de Wild Bill Hickok puisque faisant office de prémonitions. Après deux violentes échauffourées dans un saloon empestant la fumée et le whisky parmi ces cow-boys avinés, Hickok retrouve un acolyte de longue date qui lui avouera l'existence véritable du monstre en question. Et ce avant de rencontrer sur leur itinéraire un étrange sioux solitaire délibéré lui aussi à faire la peau au monstre. Ainsi, derrière ce western hybride efficacement transplanté dans le cadre du genre fantastique, Jack Lee Thompson s'intéresse sobrement aux relations humaines entre nos trois témoins pourchassant la bête dans des panoramas majestueux. Une vétuste histoire d'amitié qui finira pour autant par se consumer pour en aborder une autre beaucoup plus saine et fraternelle à travers la thématique du racisme que symbolisait le vieux Charlie Zane. Les relations épineuses entre Hickok et ce vieux briscard obtus nous improvisant un conflit de génération où le plus jeune s'avère ici plus ouvert, censé et tolérant, et donc moins anachronique que son ascendant. C'est lors de cette dissension morale que notre héros se laissera finalement séduire par un étranger érudit et humaniste à travers sa culture indienne ritualisée. 


Jack Lee Thompson abordant leurs relations à travers un rythme très soutenu; notamment parmi l'intervention d'une autre tribu hostile à l'étranger indien. Atmosphérique, tant solaire (les scènes de jours) que crépusculaire (les séquences de nuit avec ces éclairages bleutés), les décors naturels faisant notamment office de second-rôle au sein d'une action bicéphale (celle provenant de la menace d'indiens et de cowboys au moment où un bison blanc rode à proximité). Quand bien même le final dantesque, franchement spectaculaire, renoue (de manière plus intense) avec l'action cinglante du prologue lors d'un affrontement terrifiant entre le bison et nos aventuriers. Cette séquence superbement mise en scène nous saisit de vigueur face à la présence disproportionnée de cette créature surgit des enfers. Sans nul doute le moment le plus marquant du film faisant office de cerise sur le gâteau. En dehors d'aimables apparitions bien connues des amateurs (John Carradine lors d'une apparition à la dérobée, Stuart Whitman en alcoolo insidieux, Kim Novak en maîtresse prévenante), l'immense Charles Bronson crève l'écran de son charisme magnétique absolument infaillible. Un regard félin à la fois placide, posé et tranquillement menaçant derrière sa paire de lunette noire ovale. Un look moderniste en fusion avec l'action débridée du récit efficacement charpenté. On retrouve enfin en second-rôle le regretté Will Sampson (Vol au dessus d'un nid de coucou) dans celui de l'indien revanchard à la stature imposante. Un être arrogant et hostile mais rattrapé par sa sagesse de l'âme et du respect des valeurs à travers son éthique de tolérance et de pacifisme.


Solide western anti raciste émaillé de furieux règlements de compte sous l'impulsion de légendes de l'Ouest résolument charismatiques (Jack Warden n'est pas non plus en reste en vieil acariâtre raciste)le Bison Blanc parvient louablement à exercer une fascination prégnante en la présence de la créature modestement exploitée sans fard. Tant et si bien qu'il se dégage de cette excellente surprise une ambiance d'étrangeté délicieusement malaisante, aussi modeste soit le budget de la production s'évertuant à donner chair à l'animal avec un savoir-faire artisanal. A revoir. 

*Bruno
12.10.20. 3èx
14.09.10. 229 v

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