vendredi 16 octobre 2020

Le Samouraï

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jean-Pierre Melville. 1967. France/Italie. 1h45. Avec Alain Delon, François Périer, Nathalie Delon, Cathy Rosier, Jacques Leroy, Michel Boisrond, Robert Favart.

Sortie salles France: 25 Octobre 1967

FILMOGRAPHIE: Jean-Pierre Melville, né Jean-Pierre Grumbach le 20 octobre 1917 à Paris et mort le 2 août 1973 à Paris, est un réalisateur et scénariste français. 1946 : Vingt-quatre heures de la vie d'un clown (court-métrage). 1947 : Le Silence de la mer. 1950 : Les Enfants terribles. 1953 : Quand tu liras cette lettre. 1955 : Bob le flambeur. 1959 : Deux hommes dans Manhattan. 1961 : Léon Morin, prêtre. 1962 : Le Doulos. 1963 : L'Aîné des Ferchaux. 1966 : Le Deuxième Souffle. 1967 : Le Samouraï. 1969 : L'Armée des ombres. 1970 : Le Cercle rouge. 1972 : Un flic.


Il n'y a pas de plus profonde solitude que celle du samouraï si ce n'est celle du tigre dans la jungle, peut-être...
Grand classique du polar français natif des années 60, Le Samouraï fait finalement office d'oeuvre atypique à travers le personnage iconique d'Alain Delon en tueur à gage taciturne, placide et impassible, et ce derrière une apparence ténue si je me réfère à son imper et son chapeau imberbes. Car illuminant l'écran de sa présence d'ange démonial, Delon y dresse le profil d'un anti-héros énigmatique à travers sa solitude aphone (il vit dans un appart terne et blafard avec comme unique compagnon un volatile encagé) et son soudain revirement sentimental pour une afro pianiste l'ayant disculpé d'un meurtre quelques instants plus tôt à la suite d'un interrogatoire policier. Ainsi, l'intrigue d'apparence classique (un tueur à gages est contraint de se venger de son organisation après y avoir été trahi, quand bien même la police en filature est sur le point de l'alpaguer une ultime fois) est transcendée par la rigueur de la mise en scène de Melville

Maître incontesté du polar français structurant un schéma narratif finalement impromptu quant à la relation équivoque qu'amorce le samouraï avec la pianiste afro. Histoire d'amour impossible à travers une fascination féminine pour la figure du Mal que symbolise Delon en tueur cupide, le Samouraï déconcerte par son final fortuit Spoil ! quant aux ultimes motivations de celui-ci prêt à se sacrifier pour un amour déchu. Fin du Spoil. Outre l'attrait magnétique de sa mise en scène épurée prenant son temps à planter ses divers décors et l'évolution indécise de ses personnages se coursant incessamment; Le Samouraï vaut également pour la substantialité de son casting regroupant François Périer en commissaire acharné (et ce sans expression ou gestuelle outrée), la tendre et douce Nathalie Delon en maîtresse prévenante, et surtout Cathy Rosier en pianiste éprise d'ambivalence face à la posture indicible du tueur l'ayant épargné au moment de son contrat criminel. Toute la puissance de l'intrigue émanant de ce duo torturé, tant fasciné l'un pour l'autre, mais incapable de se concerter de par leur actions illégales et contradictions bâties sur le mensonge, le simulacre, le non-dit et la mort. Le Samouraï étant victime de sa condition meurtrière alors que la pianiste happée dans une dimension contraire à sa morale tentera de s'y raviser. 

Chef-d'oeuvre du film noir à la fois opaque et incandescent sublimé par sa distribution dépouillée  admirablement dirigée, Le Samouraï préserve son pouvoir indécrottable de fascination. Tant auprès du monstre sacré Alain Delon déambulant dans chaque séquence à l'instar d'un ange maudit que de sa mise en scène nuancée cristallisant un univers crépusculaire où le sentiment de déréliction s'y opère de façon pesante. 

*Bruno

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire