jeudi 26 novembre 2020

Christmas Evil

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"You Better Watch Out" de Lewis Jackson. 1980. U.S.A. 1h34. Avec : Brandon Maggart, Jeffrey Demunn, Dianne Hull, Andy Fenwick, Brian Neville.

Sortie salles U.S: Novembre 1980.

FILMOGRAPHIE: Lewis Jackson est un réalisateur, scénariste et acteur américain. 1980: Christmas Evil. 1974: The Transformation: A Sandwich of Nightmares. 1970: The Deviates.


Parce que 30 ans plus tôt, au soir du réveillon, il fut traumatisé d'épier en cachette un père noel (en faite son père) pratiquer des attouchements sexuels sur sa mère, Harry l'introverti décide en cette nouvelle période de Noël de rendre ses lettres de noblesse à cette fête catholique corrompue par le consumérisme. Précurseur de la fameuse série des Silent Night, deadly night, Lewis Jackson réalise quatre ans au préalable cette curieuse série B horrifique à l'ambiance particulièrement étrange si bien que certains fans lui vouent aujourd'hui un véritable culte (John Waters le considère comme le meilleur film de Noel jamais réalisé ! Rien que ça). Ainsi donc, de par son ton caustique davantage ostensible,  Christmas Evil se décline en attrayante curiosité sans chercher à concourir au gore festif ou à la terreur (autant prévenir les amateurs). Il prime donc, surtout lors de sa seconde partie plus vigoureuse, sur des idées inventives fortuites (les villageois pourchassant en pleine rue le père-noël à l'aide de leurs torches - clin d'oeil intempestif à Frankenstein -, l'incroyable épilogue avec ce camion planant dans le ciel en lieu et place du traditionnel traineau), sur une ambiance lourde et pesante saturée d'une partition ombrageuse. Et ce afin d'y dresser de manière documentée (façon Maniac ou Henry en mode beaucoup moins glauque et sordide) le portrait pathétique d'un solitaire brimé par ses confrères mais désireux de prendre sa revanche sur la magie de Noël suite à son trauma infantile. Si bien que de son point de vue torturé, cette cantique traditionnelle célébrant la naissance de Jésus s'y retrouve désacralisée par la société de consommation dénuée de vergogne. 


Satire vitriolée non dénuée de quelques incohérences (la tentative d'étouffement du père de famille dans son lit alors que sa femme comateuse n'éveillera pas un sourcil), Christmas Evil ne manque pas d'attiser une attention davantage magnétique au fil d'un cheminement alerte. De par ses situations saugrenues (le père-noel tentant vainement de pénétrer en interne d'une cheminée pour y déposer les cadeaux au chevet du sapin) et séquences parodiques à l'imagination tantôt cocasse (l'impensable auditoire des père-noël contraints d'exclamer de façon élogieuse un "Merry Christmas" poussif aux agents de police), Christmas Evil tire son épingle du jeu en détournant les codes du film familial. On peut d'ailleurs également relever cette séquence incongrue d'une salle de réveillon bondée d'invités lorsque notre père noël convaincu de sa devise avertira aux enfants attentifs qu'il leur fera subir des choses horribles si l'année prochaine ils ne remplissent par leur devoir docile. Quand bien même les parents médusés par sa tirade ne sauront s'il faut en rire ou s'inquiéter avant que celui-ci ne libère un rire aussi railleur que libérateur. Enfin, une autre séquence à la fois dérangeante et débridée ne manque pas non plus de piment lorsque des enfants tenteront de protéger celui-ci d'un père de famille armé d'un couteau après avoir reconnu le tueur derrière sa panoplie ! Pour endosser le profil inquiétant du tueur, l'acteur Brandon Maggart demeure plutôt persuasif à travers la neutralité de son regard à la fois évasif et songeur de par ses états d'âme torturés noyés d'hallucinations cauchemardesque. Un portrait fragile qui ne manque pas d'une certaine empathie (comme le prouve son épilogue exutoire) quant à sa morale candide si bien qu'il ne demandait qu'à chérir et à prémunir les chérubins de l'influence licencieuse de leurs parents asservis par le goût du lucre. 


En dépit d'une mise en place un brin laborieuse et d'une réalisation tantôt soignée (notamment à travers les détails pléthoriques de la célébration féérique de Noël), tantôt maladroite (son montage superficiel laisse à désirer), Christmas Evil demeure une étonnante curiosité sous le pilier d'une horreur premier degré injectée de sarcasme. A découvrir. 

*Bruno
26.11.20
29.11.10.

L'anecdote subsidiaire: le film aurait été saisi et confisqué au Royaume-Uni en vertu de l'article 3 de 
l'Obscene Publications Act 1959 lors de l'affluence de la Vhs

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