lundi 28 février 2011

HARPOON (REYKJAVIK WHALE WATCHING MASSACRE)



de Júlíus Kemp. 2010. Islande. 1H25. Avec Pihla Viitala, Nae, Terence Anderson, Miranda Hennessy, Gunnar Hansen.

En 2 mots:
Un sympathique slasher qui ne restera pas dans les annales mais qui est suffisament bien troussé, rythmé et sanglant pour y trouver son compte de spectateur égayé du samedi soir.

KABOOM

                                                     (avis subjectif d'un puriste amateur)


de Gregg Araki. 2010. U.S.A/FRANCE. 1H26. Avec Thomas Dekker, Haley Bennett, Chris Zylka, Roxane Mesquida, Juno Temple, Andy Fischer-Price, Nicole LaLiberte, Jason Olive, James Duval, Brennan Mejia...

Date de Sortie: France, 06 octobre 2010

FILMOGRAPHIE: Gregg Araki est un réalisateur, scénariste, monteur, producteur de cinéma et directeur de la photographie américain, né le 17 décembre 1959 à Los Angeles (États-Unis).
1987:Three Bewildered People in the Night, 1989:The Long Weekend (O'Despair), 1992: The Living End, 1993: Totally F***ed Up, 1995: The Doom Generation, 1997: Nowhere, 1999: Splendeur (Splendor), 2004: Mysterious Skin, 2007: Smiley Face, 2010: Kaboom.

En 2 mots:
Désolé, j'adore le cinéaste et sa poésie débridée dépeignant comme personne une jeunesse déboussolée mais là pour le coup je n'ai pas accroché.
Et les histoires gays au cinéma, ça me laisse indifférent.

Mon point positif: des dialogues croquignolets proprement jubilatoires !



A.I (Inteligence Artificielle)

                                  

de Steven Spielberg. 2001. U.S.A. 2H26. Avec Haley Joel Osment, Frances O'Connor, Sam Robards, Jake Thomas, Jude Law, William Hurt, Ken Leung, Clark Gregg, Kevin Sussman, Tom Gallop, Eugene Osment...

Date de Sortie:  France. 24 octobre 2001   U.S.A. 29 juin 2001

FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).
1971: Duel , 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 19411981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always,  1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report,  Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 

                

2001, L'ODYSSEE DE LA VIE.
Trois ans après son inoubliable expérience sensorielle sur les horreurs de la seconde guerre mondiale octroyées à l'introspection viscérale des combattants au front du débarquement de Normandie dans Il faut sauver le soldat Ryan, Steven Spielberg revient en 2001 à la science-fiction intimiste inscrite dans la pudeur. Un délicat et émouvant conte de fée moderne sur la nature fragile de l'existence et la quête éternelle de l'amour, tributaire de notre condition de vie terrestre.

Au milieu du 21è siècle, la quasi totalité de la terre a été inondée par la fonte des calottes glaciaires dû à l'effet de serre.
La civilisation est obligée de vivre dans des villes flottantes et ne doit enfanter qu'un seul enfant par foyer, sauf si les individus désirent adopter un androïde en guise de second rejeton.
Après maintes expérimentations scientifiques sur la technologie mécatronique, un savant ambitieux a réussi à créer un nouveau prototype d'androïde ayant la faculté d'acquérir des sentiments humains !
Monica et Henry Swinton qui viennent de perdre leur fille (avant d'être cryogénisée) décident d'adopter ce nouveau modèle robotique aussi vrai que nature qu'un enfant structuré de chair et d'os.
Ce garçon nommé David désire plus que tout au monde éprouver de l'amour pour ses nouveaux parents et trouver une raison équitable à donner un sens à sa nouvelle vie. Mais à la suite d'incidents majeurs tendancieux, les parents adoptifs décident de se débarrasser de David.

                   

Sous-estimé à sa sortie, voir conspué par une majorité de la critique bien pensante, A.I est un bouleversant drame humaniste d'une sensibilité clairsemée, véritable hymne à l'existence terrestre par le biais d'un androïde chétif capable d'éprouver des émotions humaines.
A travers l'exploration futuriste d'un nouveau monde déprécié de civilité par une population illégitime dans sa moralité présomptueuse, Steven Spielberg nous narre le parcours flexible de David, nouvel automate technologique voué à apprivoiser la magie de la vie terrestre dans ses émotions décuplées par le pouvoir de l'amour maternel.
Adopté par une famille d'un statut social aisé pour être ensuite lâchement dénigré et furtivement abandonné dans la nature par la cause illégitime d'accidents répétés ayant involontairement mis en danger la vie de leur propre fils bonimenteur, David va découvrir de manière craintive un monde hostile dérangé par la peur d'une technologie en constante mutation, davantage expansive et révolutionnaire.
En compagnie d'un androïde livré racolage sexuel (superbement incarné par Jude Law) et d'un ours en peluche doué de vie artificielle (nombre de scènes révélant sa présence ludique mettent en émoi le spectateur désorienté et troublé !), le jeune garçon va tenter de survivre dans un monde obscur qu'il ne connait pas et délibérément reconquérir l'absence d'une mère déchue de son rôle pédagogique et protecteur.

                  

Le jeune surdoué Haley Joel Osment était inné pour interpréter le rôle majeur de cet androïde néophyte débarquant sur terre avec stupeur, tel un extra-terrestre égaré au milieu d'une civilisation xénophobe et orgueilleuse. Des êtres humains égoïstes et lâches de leur intolérance à approuver, accepter la cohabitation de ces robots ludiques hébétés, tributaires de leur défaillance technique et leur condition d'esclave soumis quand ils sont rejetés par la société. Des humanoïdes manipulés contre leur gré par notre ambition condescendante à s'octroyer le droit de les subtiliser dans des nouveaux jeux de cirque primaires mais des êtres angoissés, préoccupés et inquiets car humanisés par leur conscience frivolement révoltée quand ils se voient contraints au sacrifice face à une population dévergondée, avide de spectacle barbare.
A travers l'expression de son intense regard illuminé par l'intensité de ces yeux bleus, Haley Joel Osment dégage beaucoup d'empathie, d'émotion fébrile véhiculée par sa quête suprême de bienséance et d'amour auprès d'une mère qui l'a lâchement abandonné. Dès lors, son destin est de retrouver coûte que coûte la sagesse enchanteresse d'une fée bleue. Un personnage fictif qu'il aura lu avec contemplation à travers le célèbre conte Pinocchio qui voyait la transformation exaucée d'un pantin de bois en véritable enfant de chair et de sang. David, obsédé à l'idée que cette histoire pourrait également lui accorder cette faveur s'acharne à retrouver sa mère pour qu'elle puisse enfin lui accorder sa reconnaissance et son affection cathartique. 

                

Le final mélancolique qui voit le petit David embarquer dans un engin volant substitué pour rejoindre la ville engloutie de Manhattan se révèle l'un des moments les plus intenses et émouvants dans sa quête désespérée de retrouver la fée prodige salvatrice afin d'accomplir son rêve de toujours.
Mais il aura fallu attendre 2000 ans d'un monde inerte devenu sinistré pour que l'enfant artificiel acquiert son voeux exaucé le temps d'une mémorable journée romantique en compagnie de sa mère chérissant.
ATTENTION SPOILER !!!
La dernière séquence qui voit le garçonnet amoureux s'assoupir dans un lit pour l'éternité aux côtés de sa maman inerte se révèle déchirant de poésie ingénue. Alors qu'assis au bord du lit, un ours en peluche robotisé qui aura permis de telles retrouvailles inespérées observe docilement l'amour fusionné de ces deux êtres renoués dans les cimes de l'au-dela. FIN DU SPOILER.

L'ENFANT MIROIR.
Soutenu par l'affinée partition musicale de John Williams orchestrée toute en discrétion et de l'incroyable prestance instinctive de Haley Joel Osment, A.I est un magnifique poème désenchanté, profondément trouble et vulnérable dans son acuité de sensibilité dédiée à la faculté des sentiments. Un florilège d'émotions humanisées déversées dans une valeur désillusionnée pour ce monde définitivement corrompu à l'intolérance.
Désenchanté, inquiétant, voir pessimiste parce que notre terre est résolue à l'apocalypse ATTENTION SPOILER !!! (tandis que l'enfant réconforté de sa présence maternelle meurt pour rejoindre parmi elle ses rêves escomptés) FIN DU SPOILER, A.I bouleverse, intrigue et nous questionne sur notre rapport au phénomène miraculeux de notre existence subjective liée aux cinq sens accordés.
En effleurant l'idée récurrente du thème scientifique que la technologie futuriste pourrait un jour nous asservir et dominer, A.I dépeint avant tout l'histoire d'un enfant inculte esseulé, désorienté de sa situation précaire mais curieux et ébloui par la magie de la réalité existentielle, totalement voué à enlacer l'amour éperdu de sa mère fuyante.
A.I serait alors simplement un immense cri de douleur pour l'enfance martyrisée de son absence parentale.

Dédicace à Alexandre Poncet.

27.02.11. 2

THE HORSEMAN

(avis subjectif d'un puriste amateur)



de Steven Kastrissios. 2008. Australie. 1H38. Avec Peter Marshall, Caroline Marohasy, Brad McMurray, Jack Henry, Evert McQueen, Christopher Sommers.

BIOGRAPHIE: Steven Kastrissios est un réalisateur et scénariste australien. The Horseman est son premier long-métrage.


FOLIE MEURTRIERE.
Dans la lignée des Vigilantes movie et autres Justiciers dans la Ville célébrés par Charles Bronson, The Horseman empreinte cette voie du film de vengeance avec un souci de réalisme mis en exergue dans une crudité brut de décoffrage !
L'ambiance antipathique, structurée sans aucune fioriture est vouée à un affrontement ultra violent, rugueux, malsain, baignant continuellement dans une atmosphère poisseuse. Une mise en image blafarde accentuée par une photo monochrome désaturée et renforcer ainsi la nuance rouge du sang s'évacuant des plaies tuméfiées.

Parce que sa fille fugueuse aura succombé à une overdose après avoir tourné dans un film pornographique underground, son père, Christian ne va pas supporter la mort subite de sa propre chair et décide contre toute morale d'entamer une vengeance implacable sans foi ni loi dans un déchainement de violence virant à l'hécatombe.


Ce qui surprend irrémédiablement à la vu de ce nouvel électrochoc extrêmement austère et lugubre vient de son côté réaliste, filmé à la manière d'un reportage, en accentuant les réactions anxiogènes des personnages par un emploi récurrent de gros plans filmés sur les visages ensanglantés suintant la sueur froide.
De manière machinale, le spectateur est entrainé dans la descente aux enfers d'un père rendu fou furieux du décès de sa fille pour commettre une série de crimes d'une sauvagerie inouïe. Des meurtres commis le plus souvent à l'arme blanche (batte de base-ball, couteau, marteau, massue, barre de fer, etc...) ciblant chaque protagoniste plus ou moins impliqué et/ou coupable d'avoir laissé entrainer une fille paumée sur un tournage X.

Peter Marshall dans le rôle du père vindicatif à la trogne aigrie presque banale incarne avec une froide détermination dénuée de raison un personnage haineux inondé de désespoir pour son inconsolable douleur d'avoir perdu sa fille dans des conditions sordides et inhumaines. Et cela, même si l'on ne saura jamais ce qui est véritablement arrivé en ce jour fatidique alors qu'elle semblait avoir voulu participer de son plein gré à un tournage X (selon la version similaire de chaque témoin et acteur du film underground).
Le cheminement de Christian est d'autant plus hasardeux et risqué dans sa démarche de folie meurtrière qu'il ne saura jamais pour quelle raison sa propre fille ait pu accepter un telle proposition, même si elle fut volontairement droguée avant d'avoir tourné des scènes prescrites dans la violence et le sexe. 
Jusqu'au moment où Christian, fatigué de toute cette violence animale décide de laisser la vie sauve à un père de famille. En l'occurrence, il se soumet de poser les armes et partir vers une région indéterminée en compagnie d'une jeune adolescente avec qui il s'est pris d'affection. Sans se douter que les derniers responsables de la mort de sa défunte sont fermement décidés à faire payer son bain de sang commis en leur défaveur.


La qualité éloquente du douloureux The Horseman c'est qu'il ne perd jamais de vue le profil psychologique de son personnage principal, d'abord alimenté par la soif de vengeance pour ensuite s'en détacher et finir par s'en débarrasser.
Toute la narration est soumise à une succession de scènes ultra violentes qui ne prêtent cependant pas à la complaisance, aussi brutales et insupportables soient-elles.
L'extrême sobriété de la mise en scène refuse le caractère spectaculaire, le côté jouissif d'une histoire de vengeance où le héros sans peur se retrouve volontairement seul contre tous.
Il est donc dommage que son final haletant cède parfois à quelques facilités et conventions académiques dans les exactions commises entre les protagonistes. Il emprunte de petites ficelles balisées comme la clef des menottes offerte en derniers recours, en guise de survie où le fait que le père, héroïque, maintenu par quatre molosses réussira in extremis à se dégager de ses ravisseurs. La dernière séquence finale s'accommode à une tension livrée au suspense conventionnel (à savoir lequel des deux hommes réussira à sortir vainqueur de leur affrontement sauvage et sanglant). Un final tout à fait haletant et rondement mené mais un peu en retrait de tout ce qui nous avait été présenté auparavant.


A VIF.
The Horseman est un film choc qui laisse des plaies dans sa radicalité d'une mise en scène livrée au caractère réaliste de ce qu'il nous narre sans effet de style (en dehors d'un final hardcore un peu too much et orthodoxe à mon goût).
L'inverse d'un spectacle fun et jouissif qui ne prête pas à se distraire ou fantasmer d'une bonne histoire de vengeance où le héros viril décide de flinguer avec vigueur (et complicité du spectateur) tous les méchants cabotineurs.
Ce petit film venu d'Australie ne propose donc pas la soupe habituelle et ne souhaite pas plaire au spectateur avide de sensations fortes concoctées pour rendre un spectacle excitant de violence jouissive.  
The Horseman n'exprime pas de fougue et se révèle plutôt le genre de film où l'on quitte la salle sans dire un mot à son voisin. Il tire sa force dans son dévouement exhaustif au réalisme, à l'extrême, au radical, à la violence abrupte et amplifie le caractère authentique d'une vengeance sale et déguelasse. Pour livrer avec rigueur le portrait poignant et pathétique d'un homme brisé par la mort de sa fille. Un quidam n'ayant plus rien à perdre, aveuglé par l'opacité de la vengeance pour finir en derniers recours par se rétracter et fuir vers un no man's land. Un semblant de vie pour tenter d'oublier la haine et peut-être se reconstruire, avec l'aide empathique d'une nouvelle remplaçante, aimante et compatissante.

09.12.10

RAMMBOCK (siege of the dead)

(avis subjectif d'un puriste amateur)



de Marvin Kren. 2010. Allemagne. 1H04. Avec Michael Fuith, Theo Trebs, Steffen Münster, Jörn Hentschel, Brigitte Kren, Sebastian Achilles, Emily Cox.

BIOGRAPHIE: Né en 1980 à Vienne (Autriche), Marvin Kren a travaillé depuis les dix dernières années comme assistant réalisateur, cadreur et producteur. Il a étudié l’économie européenne et la gestion des affaires à Vienne et de 2006 à 2008 il suit des études de metteur en scène à l’école des medias de Hamburg. Il a réalisé des nombreux court-métrages, comme Love is Hard as Walls, des documentaires et des séries. Rammbock est son premier long métrage.


Dans la mouvance actuelle des films d'infectés tels que Rec, la Horde ou The Crazies, Rammbock, production allemande de courte durée (1H04) tire son épingle du jeu par son refus du spectaculaire outrancier grâce à une narration orientée vers la caractérisation de ses personnages humains. Des anti-héros combattants pour leur survie dans un immeuble encerclé par une menace meurtrière.

Alors que Michael vient d'arriver à Berlin pour rencontrer sa petite amie Gabi et tenter une éventuelle réconciliation, un mystérieux virus transforme les êtres humains en monstres atteints d'une folie meurtrière incontrôlée.
En l'absence de Gabi, Michael va se lier d'amitié avec un jeune plombier qui était venu réparer la tuyauterie dans l'appartement de celle-ci. Ensemble ils vont essayer d'échapper à la menace extérieure davantage pernicieuse qui essaie d'investir le portail de l'immeuble.

D'une trame convenue rebattue que l'on connait par coeur, Rammbock, petite production indépendante au budget restreint attise fugacement la sympathie et l'attention grâce en priorité à l'attachement accordé aux deux protagonistes principaux. Un duo formé par Michael, un homme désabusé à la recherche de son amour éperdue et le jeune Harper, un garçon solitaire débrouillard et courageux, bientôt en phase d'accorder une potentielle idylle amoureuse.
Deux personnages lambdas trouvant refuge dans un appartement barricadé que le réalisateur Marvin Kren filme avec humilité et empathie dans leurs tourments intérieurs, gangrénés par leur cause personnelle et l'odeur de la mort davantage exsangue d'une menace contagieuse. 


Son aspect visuel froid et clinique est accentué par une photographie délavée pour authentifier l'ambiance d'apocalypse futilement et efficacement décrite. Grâce aussi à l'emploi adroit de quelques plans brefs de désolation où l'on voit apparaitre des trombes de fumée s'évacuant au dessus de la ville. Tandis qu'au travers des infos retransmises, des  dépêches télévisuellles alarmistes sont narrées de manière aggravée. Et la radio n'est pas non plus en reste pour entendre inlassablement un spot publicitaire tournant en boucle afin d'avertir chaque citoyen.
Le sens du réalisme d'une ambiance anxiogène consolidée dans le quotidien morose d'une banlieue allemande avec ses quidams assiégés adhère la foi du spectateur auquel il s'identifie facilement face à ses personnages crédibilisés.
Tandis qu'au gré des rencontres impromptues, traversées de quelques attaques violentes des infectés (non dénuées de gore dans un arrache de gore hyper réaliste en tout début de métrage), nos protagonistes déconcertés vont tenter de s'unifier, trouver le moyen le plus perspicace de sortir de l'immeuble et rejoindre un bateau pour regagner l'océan se trouvant à proximité de la région.


ATTENTION SPOILER !!!
Mais il faudra pour cela envisager de manière suicidaire de tenter à traverser une ville grouillante de vermines sanguinaires et l'idée de l'appareil photo faisant office d'élément salvateur pourrait prêter à sourire chez certains spectateurs. Pourtant, cette ruse inédite destinée à aveugler la rétine des infectés se révèle plutôt bien pensée et convaincante.
Ces quelques surprises qui parsèment le récit sont plutôt bien amenées et se révèlent crédibles dans l'évolution de l'intrigue pour décrire également en filigrane une histoire d'amour désespérée aboutissant à un final poétiquement morbide.
Par petites touches intimistes, Marvin Kren nous narre donc le cheminement de Michael, désespéré à l'idée de s'octroyer une seconde chance pour sa rupture sentimentale imposée. Alors qu'il rencontrera de manière paradoxale le destin précipité, salvateur d'un couple anodin qui ira s'unir malencontreusement jusque dans la mort.
C'est ce sens sacrificiel de l'amour cathartique que l'on retrouvera à la toute fin du métrage, qui touche l'émotion impliquée du spectateur avant que n'éclot une potentielle romance entre deux jeunes novices rescapés de l'enfer.
FIN DU SPOILER.


Parsemé d'un sens discret de l'humour caustique, Rammbock n'invente rien et n'est pas censé révolutionner le genre mais il se révèle une production mineure plutôt bien bricolée, efficacement menée et convaincante dans son énième huis-clos assiégé par des fous-furieux sanguinaires. Et cela en dépit de sa courte durée.
Par son traitement humain établi en faveur de ses personnages, il vaudra nettement mieux que les produits sevrés aux actions clippesques et au gore racoleur, tendance The Crazies ou du DTV coutumier bas de plafond.

Dédicace à François Most.

13.12.10.

M. Night Shyamalan Presents: DEVIL (The Night Chronicles: Devil)

(avis subjectif d'un puriste amateur)



de John Erick Dowdle et Drew Dowdle. 2010. U.S.A. 1H20. Avec Chris Messina, Logan Marshall-Green, Jenny O'Hara, Bojana Novakovic, Bokeem Woodbine, Geoffrey Arend, Jacob Vargas, Matt Craven, Joshua Peace...

Sortie en salles en France le 26 Janvier 2011.

FILMOGRAPHIE: John Erick Dowdle est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
Son frère Drew Dowdle l'épaulera pour s'octroyer la réalisation du remake américain Quarantaine ainsi que Devil. 
  • 1996 : Full Moon Rising
  • 2005 : The Dry Spell
  • 2007 : The Poughkeepsie Tapes
  • 2008 : Quarantine
  • 2011 : The Night Chronicles: Devil


OUT OF ORDER.
Devil est le premier d'une série de films intitulée Night Chronicles. Ces longs-métrages auront la particularité d'être tous écrits et produits par le réalisateur M. Night Shyamalan (en perte de vitesse depuis pas mal d'années). 

A la manière d'un épisode ludique de la célèbre série de Rod Serling, La 4è Dimension, Devil tire son effet attractif par sa trame résumable en une ligne : un groupe de 5 personnes se retrouve enfermé dans un ascenseur alors qu'une présence meurtrière indocile semble s'acharner sur chacun d'entre eux. 


Cette série B fleurant bon le divertissement décomplexé du samedi soir mise tout son potentiel et ses effets frissonnants dans un sens de l'efficacité éprouvée à travers une histoire diabolique mettant en vedette le Diable en personne.
Par le fait du hasard, cinq personnes réunies dans l'ascenseur d'un immeuble high-tech vont devoir s'opposer et se confronter parce que l'un d'eux a (peut-être) décidé de supprimer chacun des intervenants.
L'habileté de ce jeu de massacre attrayant et débridé vient du fait que nous ne voyons jamais les agressions violemment commises en leur défaveur puisque les attaques répétées de manière intermittente se dérouleront dans le noir le plus opaque !
Cette idée pernicieuse est formidablement bien gérée et attise le danger d'une manière si perverse et insidieuse.
Ce qui accentue le sentiment anxiogène et l'angoisse perceptible de chacun de nos protagonistes, retrouvés prisonniers dans l'étroitesse d'une cabine d'ascenseur trafiquée ! Ajoutez à cela une ambiance quelque peu suffocante en cohésion avec les sens du spectateur.


Nous sommes bien conscients au fur et à mesure de la structure du récit que le responsable des crimes violemment perpétrés vient du Diable en personne (d'où le titre en anglais). Mais le fait que la police dubitative, assistant impuissante aux évènements diffusés en direct devant un écran de télévision et que les otages davantage paniqués s'accusent mutuellement du potentiel meurtrier présumé nous amène à penser que le coupable pourrait bien être parmi eux.

On déplorera que l'interprétation (bien que crédible) soit si stéréotypée et que chaque intervenant manque singulièrement de profondeur. Car cette petite série B bien troussée et techniquement soignée qui postule d'un argument délirant sait créer une certaine tension angoissée, un suspense futilement constant et des séquences spectaculaires qui n'épargnent pas la violence des impacts subis.
Le final cathartique avec sa morale bienfaisante sur la dualité indissociable du Bien et du Mal, fera pouffer de rire certains spectateurs criant au nanar alors que d'autres adhèreront à sa docile naïveté partant d'un bon sens.


L'ANGE DU MAL.
Nonobstant le peu d'épaisseur attribué aux personnages campés malgré tout avec conviction, une voix-off risible bien pensante et un final tiré par les cheveux, Devil est une série B mineure sans surprise mais oh combien ludique, captivante et parfaitement efficace dans sa réalisation gérée avec savoir-faire (en exemple, la séquence générique est formidablement virtuose).
Un pur plaisir coupable de samedi soir jamais ennuyeux que certains pourront aussi savourer comme un (futur) nanar  débridé auquel son postulat de départ est à lui tout seul un défouloir sardonique.

13.12.10

dimanche 27 février 2011

KINATAY (massacre)

Prix de la mise en scène à Cannes 2009
(avis subjectif d'un puriste amateur)


de Brillante Mendoza. 2009. Philippines. 1H45. Avec Mercedes Cabral, Julio Diaz, Jhong Hilario, Maria Isabel Lopez, Coco Martin, Mark Meily, Lauren Novero, John Regala...

FILMOGRAPHIE: Brillante Mendoza, ou Brillante Ma. Mendoza, est un réalisateur philippin né le 30 juillet 1960 à San Fernando.
  • 2005 : Masahista
  • 2006 : Kaleldo
  • 2006 : Manoro
  • 2007 : Pantasya
  • 2007 : John John (Foster Child)
  • 2007 : Tirador
  • 2008 : Serbis
  • 2009 : Kinatay
  • 2009 : Lola


VIOL ET CHATIMENT.
Récompensé du Prix de la mise en scène à Cannes 2009, Kinatay est l'un des derniers films sulfureux de la croisette qui aura autant divisé les conquis que les perplexes face à cette descente aux enfers aussi sordide que tristement actuelle dans la retranscription "live" d'un fait divers crapuleux vouée à la bassesse humaine et l'avilissement.
Difficile alors de sortir indemne après une telle expérience inhumaine aussi insupportable que bestiale, au risque de vous hanter longtemps après le générique de fin.

Peping, un jeune étudiant en criminologie âgé de 27 ans va travailler le temps d'une soirée pour le compte d'un gang de Manille. Son activité primaire d'homme de service lui permettra de recevoir en échange une somme d'argent conséquente pour subvenir aux besoins de sa fiancée et celui de son fils. Mais cette nuit d'horreur va le marquer à jamais dans sa conscience souillée d'avoir été témoin malgré lui de l'immondice humaine.


Dans une mise en scène alerte ancrée au cinéma vérité, le réalisateur Brillante Mendoza nous invite de prime abord à une ballade touristique dans la localité de Manille située aux Philippines. C'est la vie conventionnelle du jeune Peping que nous allons suivre durant la première partie comme cette leçon pédagogique inculquée dans l'impertinence des élèves à l'école de police ou le fait plus harmonieux qu'il parte assister à l'union maritale d'une assemblée d'élus dans une salle festive bondée. Avant de finalement retrouver sa famille au gré d'un déjeuner amical dans le restaurant d'un flunch convivial.
Au dela de ces moments intimes et futiles, de nombreuses séquences prises sur le vif de la vie quotidienne des citadins locaux nous seront axées à l'aide d'une caméra mobile fixée sur l'épaule.
Ce n'est qu'à la nuit tombée que l'ambiance frivole, parmi la population massive d'une ville en ébullition, va doucement s'étioler pour nous faire pénétrer à l'intérieur d'un night club dépravé. Nous allons suivre après coup à la sortie de cet endroit putassier, quasiment en temps réel, la virée nocturne de Peping et cette bande de briscards crapuleux qui ont décidé de kidnapper une jeune droguée prostituée, incapable de payer leur somme sollicitée.
Furtivement désorienté et perturbé par la violence bestiale commise sur la victime par ces bourreaux, réunis dans l'étroitesse d'une voiture roulant en pleine agglomération nocturne, le jeune garçon contrarié et désarçonné va lentement perdre pied face à cette labeur continuelle.
Cette longue séquence déstabilisante inscrite dans la banalité d'un quotidien soudainement glauque et inquiétant nous entraine dans une errance opaque terriblement anxiogène. Durant plus de vingts minutes, nous allons suivre cet itinéraire routier morne et hasardeux vers une lointaine destination pour accéder à un point de chute irréversible.
C'est ici, dans la pièce aménagée d'un sous-sol décrépit d'une sombre demeure que le basculement dans l'horreur la plus hideuse va s'octroyer.


A l'aide d'une continuelle partition musicale blafarde et bourdonnante faisant intervenir divers bruitages stridents, lourds ou perçants, l'ambiance suffocante hautement malsaine va lentement nous étreindre jusqu'à ce que l'agression fatale et insoutenable nous achève de plein fouet.
Sans complaisance mais avec provocation et sens brutal du réalisme tangible, Brillante Mendoza dérange, provoque, perturbe, créé le malaise, voir l'écoeurement. Il traite de la violence ordurière sans aménager de concession libératrice, de la déchéance du Mal à l'état brut et surtout des conséquences psychologiques pour celui qui en sera malencontreusement témoin, impuissant d'agir et de pouvoir sauver la vie d'une prostituée condamnée.
C'est l'introspection pathétique de cet homme de 27 ans impliqué dans une agression putride, témoin apathique de l'image de  l'abomination, déchargé d'une quelconque audace ou d'un potentiel soutien envers la victime infligée.
Ce n'est qu'après l'horreur fustigée que le nouvel homme qui se regarde dans le miroir ne puisse reconnaitre le reflet de son innocence mais plutôt celui de percevoir la médiocrité de sa lâcheté ainsi que la peur craintive de sa propre identité . Une prise de conscience pervertie, à jamais souillée sans pouvoir accéder à une quelconque rédemption cathartique.


AUTONOMIE D'UN MASSACRE.
Interprété par le jeu naturel et dépouillé de comédiens convaincus, baignant dans une ambiance cauchemardesque d'une sévère rigidité, Kinatay est un film profondément malsain, trop éprouvant et nihiliste pour accéder à une certaine faveur ou une reconnaissance admise. Sa narration limpide, sans aucune surprise, mise en scène à la manière d'un reportage, en direct de la crudité des évènements consolidés dans l'immondice conclut sa devise dans la banalité du lendemain routinier. Pendant que la population éveillée débute sa journée matinale avant de découvrir un nouveau fait-divers macabre tristement actuel.
Un final abrupt sans morale pour notre héros corrompu, condamné à oublier ce dont il a été témoin, obliger de s'atteler à son devoir parental pour subvenir à sa tache familiale. Parce que le temps rotatif est infatigable et que l'humanité suspicieuse ou lamentée se noie dans l'égotisme personnel. Dans la banalité de l'existence manichéenne.
A réserver à un public adulte et averti.

17.12.10

LA TOUR INFERNALE (The Towering Inferno)

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de John Guillermin et Irwin Allen. 1974. 2h45. U.S.A. Avec Steve McQueen, Paul Newman, William Holden, Faye Dunaway, Fred Astaire, Susan Blakely, Richard Chamberlain, Jennifer Jones, O.J. Simpson, Robert Vaughn... 

Date de sortie U.S: Décembre 1974. France: 12 Mars 1975.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Guillermin est un réalisateur, producteur et scénariste britannique, né le 11 novembre 1925 à Londres (Royaume-Uni).
1959 : La Plus Grande Aventure de Tarzan , 1962 : Tarzan Goes to India, 1964 : Les Canons de Batasi, 1966 : Le Crépuscule des aigles , 1969 : Le Pont de Remagen, 1972 : Alerte à la bombe, 1973 : Shaft contre les trafiquants d'hommes , 1974 : La Tour infernale , 1976 : King Kong, 1978 : Mort sur le Nil, 1980 : Mr. Patman, 1984 : Sheena, reine de la jungle , 1986 : King Kong 2 , 1988 : Poursuite en Arizona (TV). Irwin Allen est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 12 juin 1916 à New York, et décédé le 2 novembre 1991 à Santa Monica, en Californie (États-Unis). Il est connu pour ses films catastrophe. 1960 : Le Monde perdu (The Lost World) 1961 : Le Sous-marin de l'apocalypse (Voyage to the Bottom of the Sea) 1962 : Cinq semaines en ballon (Five Weeks in a Balloon),1978 : L'Inévitable Catastrophe 1979 : Le Dernier Secret du Poseidon.


Airport and co.
C'est en 1970 qu'est apparu l'âge d'or du genre catastrophe avec le film Airport de George Seaton
Deux ans plus tard, cette nouvelle mode dont l'intrigue se base sur la destruction matérielle d'une catastrophe naturelle ou technologique se consolide avec l'impressionnante Aventure du Poséidon de Ronald NeameUn film phare pour un genre qui allait s'imposer durant toute la décennie 70 et ainsi entraîner une ribambelle d'ersatz. C'est alors qu'en 1974 naquit la Tour Infernale, au moment où sort un autre projet tout aussi extravagant, Tremblement de Terre de Mark Robson.

Rappel des faits.
En 1972, l'énorme succès de l'Aventure du Poséidon motive le producteur Irwin Allen à rempiler deux ans plus tard avec un projet encore plus ambitieux et spectaculaire pour le genre prisé du film catastrophe. Il sollicite le scénariste Stirling Silliphant de s'approprier les droits de deux romans inspirés de la construction du World Trade Center (The Tower  de Richard Martin et The glass inferno de Thomas N. Scortia et Frank M. Robinson) et de les fusionner. Pour s'allouer d’un budget exorbitant, Irwin Allen réussit à avoir l'accord du studio Fox mais aussi celui de la Warner pour accéder à la coquette somme de 14 millions de dollars. Alors que les deux studios refusent qu'il réalise indépendamment ce projet démesuré, il confie donc la co-réalisation à un metteur en scène anglais expérimenté, John Guillermin ayant pour tache de travailler avec les acteurs, tandis qu'Allen s'impliquera personnellement des séquences d'action. Ce dernier aurait alors réalisé 55% des plans de la Tour Infernale.


Piège de Cristal.
A San Francisco, durant l'inauguration du plus grand gratte-ciel du monde, de nombreux invités se retrouvent piégés au 135è étage alors qu'un incendie déclaré au niveau 81 va lentement se propager et investir chaque gradin de la tour de verre. Avec sa durée audacieuse de 2h45, La Tour Infernale propose un spectacle à couper le souffle pour l'intensité des rebondissements alertes épaulés de prouesses techniques d'un réalisme toujours bluffant ! Dans un savant dosage de suspense sournois (la menace du feu s'empare du sous-sol de l'immeuble dès les premières minutes !) et de revirements homériques (l'ascenseur extérieur risquant de sombrer dans le vide, les explosions intempestives chez quelques appartements, les tentatives d'évasion de survivants avec le siège surmonté d'une poulie pour accéder au gratte-ciel voisin, et le point d'orgue de la dernière chance confiné en haute altitude), John Guillermin ne s'éternise pas (de prime abord !) à caractériser ces personnages souvent stéréotypés dans ce type de production, car préférant entrer dans le vif du sujet parmi la menace du brasier ! Pourvu de trucages exemplaires n'ayant pas pris une ride dans leur terrifiant impact réaliste, le récit tendu et dramatique exacerbe son acuité chez la dimension humaine des protagonistes. Des quidams sévèrement assujettis à la progression délétère d'un incendie dantesque fustigeant leur tour de verre haute de 550 mètres. Servi par deux acteurs virils qui iront jusqu'à façonner leurs propres cascades physiques, Paul Newman et Steve Mc Queen incarnent communément des sauveteurs luttant avec sagacité la menace du feu pouvant infiltrer n'importe quelle cloison de l'immeuble (les escaliers, portes, chambres et ascenseurs s'avérant un perpétuel traquenard en guise d'échappatoire !). Un combat belliqueux aussi interminable qu'haletant dont la dimension désenchantée culmine lors des derniers retranchements (point d'orgue ultra spectaculaire dont Piège de Cristal reprendra le concept catastrophiste avec succès).


Ce qui ébranle et surprend encore aujourd'hui découle de son âpreté horrifique et du caractère dramatique des situations. Tel ce couple d'amants plongés dans le désarroi car embrigadés dans leur appartement et donc totalement impuissants face à l'embrasement du lieu clos, alors que le mari tentera vainement un sacrifice de dernier ressort ! Ou celle, toute aussi radicale et inopinée, d'une sexagénaire coincée dans la cage d'un ascenseur externe prêt à se détacher pour sombrer dans le vide (quand bien même un hélicoptère tentera de les récupérer à l'aide d'un câble suspendu !). Toute la narration est donc dédiée à l'angoisse tangible de nos protagonistes soumis à une situation de claustration toujours plus abrupte. Le cheminement dramatique, intense et captivant, n'exploitant jamais l'esbroufe pour nous épater, chaque séquence charpentée demeurant au service de l'intrigue et des efforts de survie des victimes. Enfin, et avec humilité, La Tour Infernale se permet également de rendre hommage à ces sapeurs-pompiers combattant le feu sans répit avec un sens de l'héroïsme stoïque.


Inferno
Pourvu d'une partition épique de John Williams, d'un scénario implacable dans sa dramaturgie inflexible (n'importe quel protagoniste peut trépasser à tous moments !), La Tour Infernale reste 40 ans après sa sortie un chef-d'oeuvre inoxydable, le mastodonte du genre resté inégalé à ce jour. En saluant notamment le charisme des stars notoires jusqu'aux seconds rôles (William Holden en magnat borné, l'émouvant Fred Astaire en dandy amoureux et le détestable Richard Chamberlain dans celui du gendre orgueilleux par qui l'erreur humaine fut irréversible). Enfin, par la symbolique de cette tour de verre, on peut aussi prêter une analogie au spectre des attentats commis un tragique 11 septembre 2001. 

Note: Avec plus de 116 millions de dollars glanés aux States (pour une mise de 14 millions) et une première place annuelle au box-office français de 1975 (avec 4 466 376 entrées), La tour infernale a confirmé les espoirs placés dans un genre appelé à sombrer rapidement dans les abysses de la médiocrité.

Dédicace à Céline Blackwidow
Bruno Matéï
20.12.10. 3èx

RECOMPENSES:
  • Oscars 1975 :
    • Oscar de la meilleure photographie
    • Oscar du meilleur montage
    • Oscar de la meilleure chanson : Al Kasha et Joel Hirschhorn pour We May Never Love Like This Again.
  • Golden Globes 1975 :
    • Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle pour Fred Astaire.
    • Golden Globe de la révélation féminine de l'année pour Susan Flannery.
  • BAFTA Awards 1976 :
    • British Academy Film Award de la meilleure musique de film
    • British Academy Film Award du meilleur acteur dans un rôle secondaire pour Fred Astaire
  • Kinema Junpo Awards 1976 : Prix du meilleur film étranger
       
         

BLANCHE NEIGE, LE PRINCE NOIR ET LES 7 NAINS (I Sette Nani Alla Riscossa)

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site arcadesdirect.fr

de Paolo William Tamburella. 1951. Italie. 1h28. Avec Rossana Podestà, Roberto Risco, Georges Marchal, Mario Mastrantonio, Salvatore Furnari, Francesco Gatto, Ulisse Lorenzelli, Giovanni Solinas, Arturo Tosi, Domenico Tosi, Ave Ninchi.

FILMOGRAPHIE: Paolo William Tamburella est un réalisateur, scénariste et producteur Italien. Il n'aurait tourné que 3 longs-métrages avant de mourir prématurément. 1946 Sciuscia (Producteur). 1950 Vogliamoci bene ! (réalisateur, scénariste et producteur). 1950 Sambo (réalisateur et scénariste). 1951 Blanche neige, le prince noir et les 7 nains (producteur, scénariste et réalisateur).

Les 7 nains se déchaînent ! 
En bonne et due forme, l'éditeur Artus films nous a déterré de l'oubli une curiosité transalpine totalement méconnue du public et des critiques, un conte de fée sorti de nulle part remis au goût du jour à travers le célèbre personnage de Blanche Neige. Une mixture incongrue d'aventures, de féérie, de science-fiction et de cape et d'épée ! Faut-il le voir pour le croire ? Alors que le prince aimant doit partir au front rejoindre sa troupe prise en embuscade, Blanche Neige se fait enlever par le sinistre Prince Noir. Au même moment, au fin fond d'une forêt, 7 nains endormis dans leur chaumière apprennent cette mauvaise nouvelle par la prescience d'un rêve commun. Dès lors, ils décident de partir à sa recherche pour une aventure semée d'embûches et d'imprudences.

Découvrir pour la première fois Blanche Neige, le prince noir et les 7 nains plus de soixante ans après sa sortie s'avère une curiosité insensée dont seuls les italiens ont le secret. A travers un pitch décousu et prémâché (sept nains complètement crétins partis à la recherche de Blanche Neige, prise au piège entre les griffes du méchant prince noir) Paolo William Tamburella en extirpe un ovni pétulant. Le plaisir coupable que l'on éprouve durant cette folle aventure résidant dans les agissements tous plus saugrenus et farfelus de nos fameux nains, persuadés d'épater la galerie avec une bonne foi incommensurable. A travers des situations improbables dénuées de raison, ces sept petits personnages téméraires vont accumuler les pires pitreries pour amuser et faire rire son public prioritairement acquis pour les enfants. Il faut le voir pour le croire car certaines scènes digne d'un Mattei des Rats de Manhattan (souvenez vous, la noiraude enfarinée qui s'exclamait à vive voix: chui toute blanche euh !!! chui dev'nue toute blanche euh !!!!!) sont d'une idiotie si déconcertante qu'elle provoque finalement l'attachement, l'amusement, voir le rire involontaire chez les invétérés du Bis pour rire. A titre d'exemple, la séquence illustrant nos valeureux nains délibérés à emprisonner deux individus de grande taille (sortis d'un âge préhistorique !) avec l'aide d'une simple ficelle provoque un fou-rire incontrôlé ! A travers un jeu improvisé, ils vont tenter de convaincre les hommes des cavernes qu'ils s'amusent de bon coeur avec leur bout de cordelette pour les entremêler du creux de leurs mains. Un casse-tête chinois sans queue ni tête auquel nos deux abrutis des cavernes vont eux aussi daigner y participer pour pouvoir délayer les mains des nabots. Alors qu'au terme, le duo se retrouvera enlacé et emprisonné par la mince cordelette tendue autour de leur corps par nos p'tits compagnons rusés.

Paradoxalement, à certains passages du récit, la mise en scène subitement plus inspirée nous fignole une séquence féérique particulièrement réussie et réellement fantasque auquel le spectateur éprouve un vrai sentiment d'évasion. En effet, nos sept nains partis à la recherche de Blanche Neige décident de faire une pause pour s'endormir sur la verdure apaisante d'une forêt enchantée. Tandis qu'à peine endormis, ils vont subitement être aspirés sous terre et se retrouver dans un monde englouti où de charmantes sirènes sensuelles vont les accueillir avec empathie ! Avec des effets cheaps futiles mais efficaces, les décors fantasmagoriques vont tirer admirablement leur épingle du jeu pour nous adhérer à cette scénographie aquatique grâce à sa mise en scène assidue et inventive. La suite se condense à un chassé croisé entre nos héros attardés et des méchants guerriers réunis dans la tour d'un château aux pouvoirs surnaturels. Puisque à la fin, on apprendra que les pouvoirs du prince noir sont régis par un mécanisme futuriste digne d'un laboratoire dantesque hérité de Frankenstein et Metropolis réunis ! Oui vous avez bien lu ! On notera aussi le décor réussi et baroque de l'entrée du château à travers son architecture exubérante pour laisser place à un monument horrifique symbolisant un terrifiant monstre volatile.

Fourre tout dégingandé mais assumé et réalisé avec une sincérité indéfectible, Blanche Neige, le prince noir et les 7 nains est une bisserie saugrenue unique en son genre chez les férus de bisserie Z. Son alliage cocasse d'aventures, de féérie et de science-fiction, et surtout l'abattage de nos valeureux nains engendrent un spectacle familial à la fois plaisant et oh combien extravagant. Sans oublier le charme docile de la discrète mais courtoise Blanche Neige, amoureuse comme il se doit de son prince vaillant. Pour les spectateurs non cinéphages, réfractaires au charme du nanar puéril, ils seront sans doute atterrés d'avoir assisté à un spectacle aussi risible, d'autant plus infidèle pour célébrer le conte homonyme des frères Grimm.

25 . 12 . 10 .
Bruno Matéï

Anthropophagous / Anthropophagus / The Grim Reaper

         

de Joe d'Amato. Italie. 1980. 1h35. Avec Tisa Farrow, Saverio Vallone, Serena Grandi, Margaret Donnelly, Mark Bodin, Bob Larsen, Rubina Rey, Simone Baker, Mark Logan, George Eastman, Zora Kerova...

Sortie salle France: 20 janvier 1982Etats-Unis:  23 octobre 1981

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien. 1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980: Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981: Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.


D'Amato Ketchup, le Heinz Spaghetti !
En 1979, Joe D’Amato créé sa propre société, Filmirage, et se lance dans la production d’un métrage à faible budget, Anthropophagous, tourné en 16mm avant que l’image ne soit gonflée en 35 pour son exploitation ciné. Pour l'élaboration du script, il se partage la paternité avec son acteur premier, George Eastman (de son vrai nom Luigi Montefiori). Le film arrive en France le 20 Janvier 1982, soit deux ans après sa sortie italienne, provoquant autant la stupeur chez le spectateur qu'un tollé d'injures de la part des critiques bigotes. Son exploitation lucrative en Vhs renforcera notamment son aura de scandale, à l'instar de son homologue transalpin, Cannibal Holocaust ! Le pitchDébarqués sur un archipel, un groupe de jeunes touristes ont fort à faire avec un dangereux maniaque adepte du cannibalisme !  Réputé pour être l'un des films les plus choquants des années 80, Anthropophagous doit essentiellement sa réputation hardcore grâce à deux séquences particulièrement incongrues. L'arrachage d'un foetus humain du ventre de sa mère que l'anthropophage dévore à pleine dent, et l'éventration de ce dernier, perforé à coup de pioche, abrégeant ainsi ses souffrances en se mastiquant les intestins ! Du délire à l'état pur pour le plus grand plaisir des fans de péloche faisandée ! D'où la fameuse tagline de l'époque: "l'homme qui se mange lui-même !


Ainsi, avec des moyens réduits, un pitch linéaire et la présence (attachante) de comédiens au jeu limité (même si Georges Eastman et Tisa Farrow s'avèrent plus convaincants !), Joe D'Amato mise donc ses espoirs sur une ambiance funèbre prédominante au gré de décors peu rassurants. A l'image de ces foyers blafards renfermant parfois des cadavres décrépis derrière une chambre secrète, d'une forêt clairsemée dénuée de toute vie animale, d'une nécropole nocturne ou encore de cette cave duquel une aveugle s'est blottie au fond d'un tonneau. Quand bien même le repère du tueur s'instaure sous un monument en ruine, sous-sol nécrosé abritant un charnier d'ossements humains et corps putréfiés. Afin de renforcer ce climat funèbre, la partition musicale dissonante, alternant sons électroniques et concert d'orgue, insuffle bien ce sentiment d'inquiétude malaisant qui environne les alentours de l'île. On peut donc surligner qu'au niveau de l'atmosphère anxiogène, D'Amato ne laisse pas indifférent, quand bien même l'attrait minimaliste et grotesque de l'intrigue y accentue son attrait volontiers ludique. En gros, six touristes jouent à cache-cache avec un demeuré cannibale dans les foyers mutiques de l'archipel avant de pouvoir trouver refuge dans sa propre maison logée par sa soeur. Puis en guise de flash-back explicatif, le réalisateur nous divulguera un bref aperçu des circonstances tragiques qui eurent entraîné cet individu vers la folie.


En provocateur sans vergogne, Joe D'Amato n'éprouve donc aucun complexe à illustrer vulgairement des effets chocs, simples mais efficaces, en abusant de zooms pour insister sur les chairs mutilées. Mais son film, aussi sanglant soit-il par moments, n'est pas non plus un étalage de gore métronome, le réalisateur misant plutôt sur l'étrangeté de son climat solaire (toute l'action se déroulant quasiment de jour !) et la notion latente du suspense auquel nous participons avec plaisir masochiste. A l'instar des rares apparitions du tueur endossé par Georges Eastman, rôle taillé sur mesure pour sa stature plutôt  imposante. Ainsi, de par son visage lépreux suant l'odeur fétide et ces accès expressifs de folie cannibale, sa présence monstrueuse ne passe pas inaperçue en évoquant d'ailleurs l'ogre des bois que l'on aime se narrer autour d'un feu ou lors des contes de fée.


L'homme qui se mange lui même !!!
Aussi bricolé et maladroit, Anthropophagous séduit bougrement de par son ton irrévérencieux et surtout l'agencement d'un climat ombrageux distillant une fascination des plus macabres. La présence terrifiante de George Eastman, l'ambiance putride de ces décors touristiques, son score envoûtant et ses effets gores décadents concourent de transcender un produit Z en perle de déviance typiquement latine. En l'état, une fort plaisante bisserie low-cost comme seuls ces italiens dévoyés avaient le secret, si bien que de nos jours "ultra conservateurs" aucun réalisateur n'oserait suggérer pareil méfait déviant chez un producteur lambda. 
                                 
*Bruno
27.12.10
14.07.14
Octobre 2022. 4èx

La critique de Mathias Chaput:
Partant du gimmick culotté de "l'homme qui se mange lui même" (!) qui servira d'accroche au film et garant d'un immense succès suscité par la curiosité coupable des spectateurs, "Anthropophagous", outre un scénario qui tient à peu près la route, reste un monument dans le genre, déclinant effets gore nauséeux et atmosphère terrifiante !

George Eastman, de par son charisme, y est pour beaucoup dans la réussite du métrage, dont il a également écrit le scénario...

D'amato se fait plaisir et NOUS fait plaisir, le bougre se lâche, nous gratifiant de passages délirants et anxiogènes (la nuit de l'orage, la caverne du cannibale, les sous sols de la maison...) mais n'oublie jamais de prendre conscience du risque de l'impact que son film peut avoir...

Re(con)stituant une angoisse qui va crescendo, il met habilement en exergue des idées qui feront date (le miroir qui se brise, renfermant derrière lui une mini mausolée), l'exploitation de l'aura de l'archipel, comme un piège sournois qui enferme les pauvres gens ainsi que le spectateur, un microcosme glaçant et ultime où gravitent les "petites souris" avec le "chat", prédateur qui finira par les manger !

"Anthropophagous" est une gigantesque partie de cache-cache avec comme point d'orgue une issue salvatrice extrêmement gorasse, presque minimaliste !

Doté de trouvailles graphiques plus perverses et imaginatives les unes que les autres (le plan légendaire d'arrachage de foetus, fallait être fou pour oser un truc pareil !), se suivant avec attention et bénéficiant de rebondissements assez bienvenus dans son déroulement, "Anthropophagous" est un des piliers dans l'oeuvre de D'Amato et dans la continuité du cinéma gore italien, le bougre récidivant un an plus tard avec son "Rosso sangue" et allant encore plus loin dans le gore, celui ci étant un peu les prémices de son style...

Réservé à une poignée d'aficionados et pas du tout grand public, "Anthropophagous" ravira les cinéphages friands d'horreur déviante, les autres passeront leur chemin !

Le travail de BACH films sur le dvd est remarquable et les bonus avec l'immense Christophe Lemaire sont un pur régal !

Calibré pour une soirée pizza entre potes, "Anthropophagous" a le mérite de terrifier et de divertir en même temps, ce qui est louable !

Ne boudons pas notre plaisir et savourons ce film mythique !

Note : 8/10

DREAM HOME (Wai dor lei ah yut ho)

(avis subjectif d'un puriste amateur)



de Pang Ho-Cheung. 2010. Hong-Kong. 1H36. Avec Eason Chan, Michelle Ye, Josie Ho, Norman Chu, Anthony Wong, Kwok Cheu-Sang, Hee Ching Paw.

Sortie française: courant 2011.

FILMOGRAPHIE: Pang Ho-Cheung est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur Hongkongais né en 1973.
2001: You Shoot, I Shoot
2003: Men Suddenly in Black
2004: Beyond Our Ken
2005: A.V.
2006: Isabella
2007: Exodus
2007: Trivial Matters
2010: Love in a Puff
2010: Dream Home

    CATEGORIE 3.
    Retour en fanfare chez nos Hongkongais pour l'horreur hardgore (mais ludique) avec un métrage dans la droite lignée des fameux Catégories 3 (interdit au moins de 18 ans). Autant avertir d'emblée les curieux qu'il s'agit encore d'un de ces métrages extrêmes baignant dans l'immoralité et la violence crue comme seul les asiatiques effrontés ont le secret.

    A travers une trame horrifique vindicative et punitive alignant en intermittence une succession de meurtres d'un réalisme sidérant mais heureusement volontairement dénaturée par un humour acide exutoire, Dream Home décrit le calvaire financier qu'une jeune fille, Cheng Lai-sheung, doit traverser pour pouvoir s'approprier une demeure de luxe.
    Parce que durant son enfance, elle pouvait admirer le paysage radieux du quartier Victoria de Hong-Kong depuis sa fenêtre d'appartement familial, Cheng Lai-sheung s'était jurée de posséder un logement semblable situé en bord de mer. Mais comme la ville est en perpétuelle évolution industrielle et que l'urbanisation envahissante a délaissé l'écologie contre la beauté harmonieuse de la nature, le rêve de notre héroïne sera une éprouvante labeur, surtout que le marché de l'immobilier davantage en inflation ne cesse de progresser. De ce fait, Cheng entreprend deux emplois successifs pour pouvoir concrétiser son rêve et son père, gravement malade, pourrait lui laisser une somme conséquente en guise d'assurance vie. Mais l'attente insupportable des prêts immobiliers va sérieusement contraindre la jeune fille de se lancer dans le meurtre expéditif auprès des habitants de l'immeuble. De sorte à dissuader les futurs acquéreurs pour sélectionner un des appartements.


    Le film démarre brutalement avec un meurtre d'anthologie par strangulation mis en scène avec une virtuosité que n'aurait pas renié Dario Argento (le magnifique pré-générique qui juxtapose une succession de building high-tech n'est pas non plus en reste !). La caméra agile multipliant les angles de prise de vue et les cadrages alambiqués incessants dans une parfaite fluidité.
    Le calvaire moribond que va subir cet agent de sécurité lapidé est long, viscéral et désespérément vain dans ses tentatives de se raccrocher au fil de sa vie. L'homme essayant de se délier à l'aide d'un cutter pour tenter de sectionner le cordon acéré autour de son cou. Sauf qu'à force de vouloir ciseler la cordelette à l'aveuglette dans un état d'affolement incontrôlé, c'est sa gorge qu'il atteindra par petites coupures successives lui entaillant la peau, jusqu'à ce qu'il périsse étouffé dans sa mare de sang.

    La suite immuable tient ses promesses en variant continuellement une série de meurtres inventifs, soigneusement concoctés et sacrément impressionnants dans des FX hyper réalistes et perfectibles sans toutefois verser dans l'insoutenable nauséeux.
    C'est son savant dosage de cynisme sarcastique qui va dédramatiser chaque situation extrême, redoutée pourtant avec appréhension, puisque chaque meurtre envisagé se révèle ultra sanglant, violent et sans concession admise.
    Cette farce grotesque au ton incongru entamée dans un climat déroutant séduit les amateurs d'horreur brute avec en prime l'intelligence de dénoncer un message social tout à fait actuel sur la spéculation immobilière, davantage intransigeante et perfide envers le citoyen lambda tributaire du "toujours travailler plus" (l'héroïne pratiquant 2 emplois succincts).
    Seul bémol cependant envers quelques flashs-back un peu rébarbatifs, volontairement déstructurés à propos de l'enfance de notre jeune héroïne. Des va et vient désordonnés un peu trop appuyés et insistants jusqu'à semer la confusion dans l'esprit du spectateur futilement désorienté.
    Tandis que le final extravagant, Tarantinesque dans son absurdité sanguinaire commise en défaveur de ses témoins indirects va se concrétiser dans un bain de sang débridé, (in)volontairement déraisonné !


    Michelle Ye qui incarne le rôle d'une meurtrière en demi-teinte dans sa quiétude mêlée d'inquiétude est totalement étonnante, singulière dans son physique neutre, sa personnalité trouble et austère, d'un calme confondant dans ces agissements meurtriers. Froide, inflexible et déterminée dans ses ambitions matérielles axées sur le confort et la tranquillité dans une société de consommation inéquitable.
    ATTENTION SPOILER !!!!!Une meurtrière d'autant plus ambivalente qu'elle ira jusqu'à délaisser son paternel agonisant pour volontairement le laisser périr dans ses derniers souffles suppliciés d'une chambre d'hôpital. Une manière indocile, plus furtive à pouvoir encaisser l'assurance vie garantie. FIN DU SPOILER.

    C.L.S CHERCHE APPARTEMENT.
    Dans une réalisation soigneusement ciselée variant les ruptures de ton, Dream Home se révèle un excellent divertissement horrifique, sardonique et extrême dont les nombreuses séquences chocs percutantes et rigides sont exécutées avec un sens spectaculaire jouissif expurgé d'un potentiel malaise rigoureux par son humour noir libérateur.
    Le scénario, loin de se réduire au canevas basique et orthodoxe du genre symptomatique se permet en sus de dénoncer l'abus de spéculation immobilière qui touche les pays du monde entier (comme il l'est spécifié à la toute fin du métrage). Une dérive quotidienne vécue à travers le destin baroque, immoral d'une jeune fille dépitée de son existence morne et désillusionnée, avide de renommée par le pouvoir capital.


    NOTE: Le film a été présenté avec succès lors de la 10ème édition du Festival International du Film Fantastique de Neuchatel (Suisse)

    28.12.10

    LE RENNE BLANC (Valkoinen peura)


    (avis subjectif d'un puriste amateur)

    Prix du film légendaire à Cannes.

    de Erik Blomberg. 1952. Finlande. 1H05. Avec Mirjami Kuosmanen, Kalervo Nissilä, Åke Lindman.

    FILMOGRAPHIE: Erik Blomberg (18 September 1913 – 12 October 1996) est un réalisateur, scénariste et producteur finlandais. Il a été marié à l'actrice Mirjami Kuosmanen qui incarne le rôle principal du Renne Blanc (également illustrée dans la co-scénarisation), son seul et unique long-métrage.


    LES OUBLIES DU FANTASTIQUE FINLANDAIS.
    L'éditeur Artus Films nous a une fois de plus déterré il y a peu une merveille du cinéma Fantastique Finlandais tirée d'une légende nordique. Un film particulièrement notoire dans son pays d'origine qui a été couronné en 1953 du Prix international du film légendaire du Festival de Cannes, décerné par Jean Cocteau.

    En Laponie, dans le cercle polaire, une jeune femme sorcière contre son gré épouse un jeune chasseur de renne. A cause des absences répétées de son époux, Pirita, délaissée, décide de rencontrer un sorcier pour retrouver un potentiel intérêt à sa vie esseulée.
    Elle conclut alors un pacte avec le Mal avec l'aide du sorcier et doit sacrifier un être vivant au Dieu de la pierre pour pouvoir bénéficier d'un pouvoir ensorcelant les hommes de la région. Mais cet accord du Mal se forgera en malédiction pour la jeune fille, incapable de se débarrasser d'un fardeau davantage contraignant et finalement fustigé.


    Le film débute par un court poème vaillamment conté et chantonné par une narratrice candide. C'est cette histoire insolite qui nous sera visuellement évoqué durant la totalité narrative axée sur une légende diabolique pour mettre en cause la perte identitaire d'une jeune fille avide d'affection, de pouvoir vampirique sur les hommes, contribué par ces charmes sensuels insoupçonnés.
    Pour une production Finlandaise datant de 1952, nous sommes en dépaysement total devant l'étendue clairsemée de leurs immenses plaines enneigées que l'on parcourt inlassablement à perte de vue ! Un florilège de décors naturalistes en accord avec la beauté limpide écologique. Un paysage ensorcelant d'une autre époque, un ailleurs inexploré irrésistiblement tangible, un environnement fantasque submergé de son manteau de neige qui illumine chaque toile de l'horizon, telle une féérie gracile pleine de candeur. Quelques chaumières emmitouflées par l'abondance de flocons blancs et légers où l'on peut discerner de l'étendue des collines nacrées la fumée bienveillante qui s'évacue des cheminées dans l'air frais du cercle polaire. Alors que des habitants familiers sont sur le point de fêter un traditionnel mariage rituel avant de partir chasser ces centaines de rennes dégourdis, chevauchant les routes désertes de présence humaine.
    Mais dans cette contemplation irréelle au fluide sensoriel il y a de sombres superstitions que l'on redoute chuchoter, craignant le pouvoir maudit du Dieu de pierre ou celle plus ample de la vallée de la mort.
    Pirita, jeune fille élégante, immature et insouciante se laissera facilement berner par le pouvoir d'une entité pernicieuse en lui sacrifiant un renne pour devenir elle-même cet animal vigoureux tant convoité. Dans un sentiment hautain de supériorité, elle prendra plaisir à se laisser courser par les habitants du quartier, intrigués par l'apparence monochrome de l'animal sauvage. Tandis que Pirita, renouée dans son corps de femme devant la stupeur déconcertée de l'homme qui l'aura finalement traqué, assassinera sa victime de manière sarcastique en l'égorgeant de ces dents lascives et incisives.
    Mais la supercherie désinvolte de la jeune sorcière possédée ne pourra éternellement satisfaire ses méfaits dédaigneux quand les hommes revanchards connaitront le moyen antique de détruire le renne blanc.


    C'est un conte baroque et inhabituel que nous retranscrit Erik Blomberg dans un mélange de fantastique teinté de vampirisme, de superstition, de sorcellerie et de merveilleux centré sur la beauté de la nature et de ceux qui y résident, en harmonie avec la danse des rennes omniprésents.
    La prestance inhabituelle des comédiens totalement inconnus chez nous, induite dans leur patrimoine d'une culture différente de la notre et l'ambiance étrange, irrésistiblement envoutante qui s'y dégage nous entraine dans un magnifique poème incandescent, amer et cruel. Une légende nordique traçant la convoitise d'une jeune sorcière niaise de ses désirs envers l'homme intrigué, angoissé par le mystère insondable de la femme charnelle et séductrice.

    PIRITA, LA SORCIERE.
    Réalisé dans un noir et blanc naturel et expressif mis en exergue pour l'immensité palpable de ces décors enneigés, Le Renne Blanc est un conte méconnu qui retrouve soixante ans plus tard une aura d'estime, de reconnaissance, de légitimité, via un éditeur couillu qui aura entrepris, par le support du dvd, à faire découvrir au public curieux une perle probante du Fantastique venue de l'étranger. Et cela, même si malheureusement, l'insuccès de sa cote de popularité en France ne sera toujours pas reconnue, alourdie de sa discrète campagne publicitaire.
    Mais l'essentiel est que cette merveille soit enfin disponible chez nous et que si parmi vous, en décuplant votre curiosité addictive, vous aurez un jour la chance de découvrir cet enchantement permanent, vous vous laisserez sans commune mesure happer par ce voyage étrangement merveilleux auquel les affres du temps ne pourront jamais annihiler son pouvoir diaphane.

    Dédicace à ARTUS FILMS que je ne remercierai jamais assez !

    30.12.10


    Le destin de Pirita représente les peurs, les angoisses, et les refoulements éternels de l’homme… (site web)