vendredi 18 mars 2011

LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS (el ataque de los muertos sin ojos) Uncut.

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

de Amando De Ossorio. 1973. Espagne. 1H35. Avec Tony Kendall, Fernando Sancho, Esperanza Roy, Frank Brana, Lone Fleming, Juan Cazalilla, Maria Nuria, José Canalejas, Ramon Lillo, José Thelman, Loli Tovar.
FILMOGRAPHIE: Amando de Ossorio (6 avril 1918 – 13 janvier 2001) est un réalisateur espagnol spécialisé dans le film d'horreur et connu plus particulièrement pour sa tétralogie dite « des Templiers ».
1956 : La Bandera negra (The Black Flag) ,1964 : La Tumba del pistolero,1966 : Massacre à Hudson River, 1967 : Pasto de fieras, 1967 : La Niña del patio,1967 : Arquitectura hacia el futuro, 1968 : Escuela de enfermeras, 1969 : Malenka, 1971 : La Révolte des morts-vivants , 1973 : La Noche de los brujos, 1973 : Le Retour des morts-vivants , 1974 : The Loreley's Grasp, 1974 : Le Monde des morts-vivants, 1975 : La Chevauchée des morts-vivants, 1975 : La Endemoniada,1976 : Las Alimañas (The Animals), classé S (= X en Espagne),1980 : Pasión prohibida (Forbidden Passion), classé S (-18 de ans) en Espagne, -18 puis reclassé -16 en France, 1984 : Hydra, le monstre des profondeurs.

                                             

Second volet de la célèbre saga des templiers créé par Amando De Ossorio, le Retour des morts-vivants est une forme de séquelle conventionnelle, à situer entre un épisode de Salut les musclés (sans la présence de Hilguegue bande de coquins !) et La Nuit des Morts-vivants. Alors qu'une fête au village de Bouzano bat son plein, nos templiers revanchards reviennent à nouveau d'entre les morts pour trucider tous les invités à coups d'épées pourfendeuses. Mais un groupe de survivants plus chanceux que les autres a réussi à trouver refuge dans une église prise d'assaut par nos zombies. En attendant que l'aube matinale revienne prendre ses droits sur l'emprise du surnaturel. Je ne vais pas m'attarder longuement sur cette pseudo suite à la Révolte des morts-vivants tant l'entreprise bricolée est dénuée d'une quelconque inspiration sachant que cette mascarade gentiment niaise sent sérieusement le réchauffé dans son impression déjà vu. Et ce n'est pas l'interprétation surjouée des comédiens qui va permettre de rehausser l'ensemble ! Pourtant, une attention esthétique est accordée à la photographie joliment saturée, notamment deux, trois images d'aube matinale à l'ambiance macabro poétique. Il y a aussi certains effets involontairement cocasses ou hilarants qui retiennent par moments intermittents l'attention, comme ce joyeux luron contraint de réanimer l'armée de morts-vivants alors qu'en guise de remerciement il se verra malencontreusement piétiner par les sabots de chevaux échevelés. La manière dont il se fera plus tard décapité vaudra également son pesant d'humour sardonique. Il y a aussi cette séquence mesquine avec nos héros se posant la question s'il faut venir en aide à une fillette égarée dans la nature, prise à partie au milieu des templiers, alors que sa maman décervelée se fera bêtement éventrer à coup d'épée après avoir tenté en dernier ressort de la sauver. Quelques effets gores typiquement latins dans leur graphisme morbide font également leur petit effet (du moins, dans la version Uncut !). Eventrations, main ou tête tranchée et seins percés égayent notre esprit voyeuriste dans leur tonalité cracra complaisamment étalée en zoom, de manière à bien insister sur les plaies ouvertes déversant des giclées de sirop de grenadine. Enfin, sachez qu'au niveau de la narration, l'intrigue se divise en deux parties. L'une s'oriente sur l'esprit familial d'une fête estivale célébrant dans leur village l'anniversaire des templiers avant le massacre annoncé. Tandis que l'autre privilégie un groupe de survivants enfermés dans le huis-clos d'une petite église rapidement assaillie par nos zombies rancuniers. S'ensuit une succession de tentatives d'évasions perpétrées par nos rescapés, sachant que l'esprit de solidarité leur sera rarement acquis et que chacun devra personnellement compter sur son égocentrisme pour tenter de s'échapper de cet endroit barricadé.


Pour conclure, bien que le rythme soit plus vigoureux et violent que son prédécesseur, le Retour des Morts-Vivants est un ersatz qui ne laissera pas un souvenir impérissable, car se révélant au bout du compte rapidement rébarbatif à cause de sa fâcheuse impression de déjà vu. Alors que les défaveurs du temps n'auront même pas permis de lui accorder un charme désuet dans sa nostalgie escomptée (à deux, trois scènes près). A voir éventuellement comme curiosité, en priorité pour ceux n'ayant jamais tenté le premier volet.

Bruno Matéï    
18.03.11


mercredi 16 mars 2011

Cauchemars à Daytona Beach / Nightmare


de Romano Scavolini. 1981. U.S.A. 1h37. Avec Sharon Smith, Baird Stafford, CJ Cooke, Mik Cribben, Kathleen Ferguson.

Sortie salles France: 9 Juin 1982 (ou 23 Février 1983)

FILMOGRAPHIE: Romano Scavolini est un réalisateur italien né le 17 JuiN 1940.
2007 Two Families, 2005 L'apocalisse delle scimmie, 2004 Le ultime ore del Che (documentary), 1988 Dog Tags, 1981 Cauchemars à Daytona Beach, 1980 Savage Hunt, 1973 Servo suo, 1973 Cuore, 1972 Exorcisme tragique - Les monstres se mettent à table, 1969 Entonce, 1969 L'amore breve, 1968 La prova generale, 1966 A mosca cieca


Romano Scavolini est un réalisateur méconnu du public français, exception faite avec cette série B que l'amateur des années 80 s'était empressé de louer au vidéo-club, particulièrement attiré par l'ébauche du faciès ensanglanté illustré sur la jaquette ! Une oeuvre scabreuse surgie de nulle part car dépassant les frontières de la bienséance, au point d'en être bannie des écrans anglais et de rejoindre la liste des "video- nasty" invoquée par leur censure ! Suite à son internement en asile psychiatrique, un patient est relâché dans la nature après lui avoir prescrit un nouveau traitement médical. L'addiction à sa folie meurtrière ne tarde pas à se manifester... Dès le préambule cinglant, nous sommes frappés d'horreur face à un cauchemar éveillé ! Dans une chambre opaque, un homme en suée convulse sur son lit, faute d'un sommeil perturbé. Subitement réveillé d'un fantasme délirant, il ouvre les yeux pour empoigner violemment ses draps et apercevoir au bout du lit la vision ensanglantée d'une tête tranchée ! La caméra scrutant de manière furtive et régulière le regard noir de la dame décapitée afin de mettre en évidence l'inertie de son expression ! Hurlements acharnés de l'individu face à cette macabre mise en scène qu'une partition musicale vrombissante va accentuer pour nous éreinter les oreilles ! Mais ce prologue démarré en trombe n'était qu'un leurre, le songe cauchemardesque du patient Georges Tatum plongé dans sa folie interne !


La scène suivante nous révélant ensuite que nous sommes dans l'enceinte d'un centre psychiatrique parmi sa présence en camisole. Place ensuite à ces errances nocturnes après sa liberté surveillée sous contrôle médical. Au coeur de la ville de Daytona, le réalisateur s'attarde à fignoler une ambiance glauque à travers les recoins de peeps-show et de bars malfamés grouillant de pèlerins peu recommandables. C'est dans cet univers suffoquant et malsain que Georges Tatum souhaite d'abord s'y réconforter. Mais rapidement, ses pulsions meurtrières vont le rappeler à sa folie pour perpétrer un meurtre des plus crapuleux !!! A l'italienne s'il vous plaît, de par la natalité du réalisateur et par l'aspect graphique de l'égorgement rappelant les dérives complaisantes d'un d'Amato ou Fulci. Afin de crédibiliser la crudité du crime, les maquillages incisifs ont été soigneusement agrémentés par le spécialiste en la matière, Mr Ed French ! En intermittence d'un fondu au noir, le réalisateur nous mémorise le décompte journalier des errances du tueur jusqu'à l'ultime carnage escompté. Une manière expectative d'appréhender l'horreur et donc de suggérer une certaine tension.


Le cheminement indécis de Tatum prend ensuite une trajectoire plus posée lorsqu'il décide de surveiller les faits et gestes d'une famille ordinaire, hormis l'attitude mesquine d'un garçonnet adepte de blagues morbides. Quand bien même un nouveau meurtre (réalisé hors champ cette fois-ci !) va être découvert par la police non loin de la demeure. Cette seconde partie se déroule de manière traditionnelle mais reste assez prenante, notamment grâce à l'ossature de son ambiance lourde quasi documentée. Enfin, pour parachever, l'ultime point d'orgue culmine vers un bain de sang putassier à jamais gravé dans nos mémoires ! Un florilège de séquences gores au paroxysme de l'indécence et d'un réalisme toujours aussi acéré ! Afin d'amplifier le malaise, l'atmosphère fétide qui en découle est notamment exacerbée des râles moribonds que les victimes profèrent durant le supplice de l'arme plantée dans leur chair. Spoiler !!! Quand bien même l'épilogue caustique en rajoute une louche dans l'indisposition face à l'apparition d'un bambin au rictus mesquin ! Fin du  Spoiler. Si on peut regretter un certain manque de rythme auprès du cheminement langoureux des allées et venus du tueur, sa prestation laconique ne laisse pas indifférent ! Incarné par l'inconnu Baird Stafford, l'acteur réussit véritablement à imposer une stature ombrageuse par son faciès patibulaire avant d'extérioriser une posture erratique parmi ses crises d'angoisse épileptique (écume aux lèvres à l'appui !) et ses pulsions de démence incontrôlée !


Il torture, il tue, il souille !
Avec l'appui d'une mélodie entêtante, d'une bande-son dissonante et d'une distribution méconnue quasi improvisée, Cauchemar à Daytona Beach est aujourd'hui reconnu comme un classique (marginal) du psycho-killer des années 80. Un docu-fiction regorgeant de déviance car réellement impressionnant dans son alliage d'ambiance mortifère quasi indicible et d'effets gores complaisants. Hormis sa narration prévisible, le film de Romano Scavolini constitue un pavé dans la marre de l'horreur underground. Une descente aux enfers où la transgression n'a pas de tabous pour nous marteler d'images cauchemardesques autour d'une amnésie infantile à jamais souillée (image inoubliable du rejeton ensanglanté fixant hagardement son reflet dans le miroir, une hache à la main !).

Warning !!! En france, le Dvd édité par Neo Publishing est sortie dans une version entièrement censurée ! Seule, la Vhs d'époque publiée par Sunset Video est rigoureusement intégrale.
Pour les inconditionnels, il est également possible de se rabattre sur le Zone 1 outre-Atlantique certifié uncut ou sur quelques blogs spécifiques.

01.07.16. 5èx
19.01.10. (850 v)

BM


                                         

LES DISPARUS (APARECIDOS)

                                      

de Paco Cabezas. 2007. 1H46. Espagne/Argentine. Avec Ruth Diaz, Javier Pereira, Pablo Cedron, Hector Bidonde, Luciano Caceres, Damaso conde, Isabela Ritto.

L'ARGUMENT: Malena et Pablo, une soeur et un frère qui voyagent en Argentine, découvrent un journal intime qui décrit des crimes commis vingt ans auparavant. Cette même nuit, une famille est assassinée selon les détails du journal. Malena et Pablo tentent de faire la part entre le réel et l’imaginaire...

                                                 

Premier long-métrage de Paco Cabezas, également scénariste et déjà acteur de diverses séries TV, voir de la récente comédie franchouillarde "Camping 2" de Fabien Onteniente, "Les Disparus" mélange les genres en narrant une enquête troublante et passionnante ancrée dans le pur fantastique pour affronter de manière réaliste l'horreur humaine sur fond de génocide politique.
Un frère et une soeur vont être amené à élucider la mystérieuse disparition d'une mère et de sa fille après que le mari fut sauvagement assassiné dans un hotel. Aidé d'un journal de bord et des fantomes du massacre de cette famille, Malena et Pablo oseront à peine imaginer quelle abominable vérité se cache derrière cette énigme sordide jamais résolue !
A la manière du "6è sens" ou de "l'orphelinat" pour l'emploi maternel et fraternel de fantomes aidants, "Les Disparus" se propose à la manière d'une enquête policière, confuse et quelque peu maladroite de prime abord mais qui va rapidement installer un suspense et une tension distillée avec assez de savoir-faire grâce à une trame complexe mais passionnante et réalisée de manière assez judicieuse pour l'emploi renouvelé d'apparitions fantomatiques ancrées dans notre réalité ou tout du moins à travers celle des 2 héros du film, en quête éternelle de la vérité et de la véracité d'un journal décrivant multiples rebondissements dramatiques et horribles méfaits à diverses horaires de cadran d'une montre et endroits précis fatidiques dans une région reculée naturellement photographiée de l'Argentine.
La force scénaristique de Paco Cabezas est également de dénoncer à travers une énigme fantastique un sujet politique, fasciste qui a eu cours en Argentine durant les années 1976-1986, une dictature militaire qui a entrainé une éradication systématique des opposants au régime (les desaparecidos), qui ont été plus de 30000. Des milliers d'êtres humains torturés, nettoyés, lapidés, expérimentés au nom de la haine et du pouvoir totalitaire rappelant aussi les pires atrocités commanditées par Hitler dans les divers camps de concentration créés en sa faveur durant la seconde guerre mondiale. "Les Disparus" renvoit une dête chère à l'humanité à travers ses fantomes emprisonnés sur eux-mêmes au plus profond de leur âme souillée devant l'horreur crapuleuse des dictatures, l'épouvantable supplice que des milliers d'innocents ont dû subir durant des journées interminables. Et si la dernière partie est assez éprouvante et crue dans ces quelques séquences de tortures infligées c'est pour mieux nous rendre conscience de l'agonie et de la souffrance de ces victimes commises durant le 20è siècle.
Paco Cabezas nous emmene donc à travers cette histoire parfois émouvante de fantomes errants sur un terrain boueux d'une triste actualité, sur un ignoble fait divers honteusement trafiqué et camouflé par les pouvoirs publics et les forces de l'ordre. Une histoire douloureuse d'autant plus sensible car fragilisé par l'amour fraternel, l'union familiale d'un frère et d'une soeur déterminés à résoudre ensemble deux disparitions pour les remettre au grand jour et responsabiliser, condamner, voir tuer le coupable présumé.
Malgré quelques légères incohérences et certaines facilités de ficelles éprouvées (la fille qui se délivre facilement de ses menottes où les victimes s'échappant par le trou d'une cave alors que le meurtrier cherchera bêtement à sortir par le grillage !), "Les Disparus" intrigue, interpelle et tient en haleine au fur et à mesure de la progression du récit davantage intense dans un suspense enthousiasmant mené avec entrain et le final superbement touchant, relevé d'images poétiques lacrymales dans sa pâle tonalité, émeut avec son constat alarmiste renoué grâce au moment de vérité et sa délivrance libertaire qui s'ensuit. .
Un discours final optimiste, idéalisé et emprunt de naiveté pouvant prêter à sourire pour souhaiter de nous convaincre de ne pas recommettre les erreurs et les horreurs du passé et vivre de manière plus pacifiste, harmonieuse pour le prochain siècle à venir et à subir. Evènement décrit de manière caustique car à l'aube du 11 Septembre 2001 !
Une bonne surprise intelligente venue à nouveau du pays de l'Espagne qui manque de maitrise dans sa réalisation mais se révèle pleine de bonnes intentions sans jamais nous indifférer devant la force d'un sujet aussi brulant, authentique, douloureux et humaniste.

                                               

01/06/10.

FRAGMENTS (WINGED CREATURES)

                                

de Rowan Woods. 2009. 1H37. US.A. Avec Forest Whitaker, Kate Beckinsale, Guy Pearce, Dakota Fanning, Jennifer Hudson, Jackie Earle Haley, Jeanne Tripplehorn, Embeth Davidtz...

L'ARGUMENT: Un groupe de personnes ont été témoins d'un acte meurtrier et suicidaire dans un fast food. Leur vie, leur destin va basculer à tout jamais...

                   

"Fragments" est la 3è réalisation du méconnu Rowan Woods après "The Boys" et "Little Fish". Honteusement inédit chez nous en salles, ce drame psychologique intense et bouleversant retrace les destins croisés de cinq personnages lourdement commotionnés et secoués après qu'une sanglante fusillade ait éclaté dans la convivialité et sérénité d'un Fast-Food. Après cette tragédie soudaine sans aucun mobile nous allons suivre la difficulté de réadaptation à la vie sociale autour de cinq personnes qui étaient présentes durant ce drame sanglant. De simples citoyens honnetes et respectables peu à peu consumés par l'idée dérangeante de l'expérience avec la mort saisie en estocade, le but inavouable de notre raison d'être, du sens de notre existence quand un être cher se retrouve blotti et glacial dans un cerceuil six pieds sous terre.
Une jeune mère seule, désespérée et affolée commencera à délaisser son bébé, un adolescent réservé et fragile, se renfermera sur lui même après qu'il ait eu l'expérience du revolver du meurtrier dirigé sur sa tempe, une jeune fille traumatisée du décès de son père mort sous ses yeux dans le restaurant se plongera aveuglement dans un fanatisme religieux, un médecin ira droguer volontairement sa femme et un homme divaguant condamné par le cancer ira se réfugier dans les jeux de casino.
Rowan Woods nous délivre avec réalisme et sensibilité un portrait de personnages blessés rendus à fleur de peau où un simple fait divers morbide aura fait basculer leur vie à tout jamais. "Fragments" traite du choc émotionnel post-traumatique, des conséquences psychologiques irrémédiables qui s'ensuivent quand un drame brutal d'une telle violence se transforme en véritable tragédie sous les yeux de ces innocents témoins.

                    

Selon la force de caractère et de mentalité de chacun, le tempérament et leur personnalité, nous allons suivre le temps des premiers jours de réadaptation le douloureux chemin tortueux de ces cinqs protagonistes livrés à eux-même, même si un psychologue de renom viendra les prendre en charge à la suite du drame pour cet évènement aussi soudain auquel ils n'auraient jamais penser subir.
Chacun à sa manière va tenter de retrouver une vie convenable et normale en s'extériorisant, tenter de se rattacher, s'épanouir à une idée autre sortie du psyché, une envie déraisonnée comme droguer celle que l'on aime pour ensuite recevoir l'affection désirée après l'avoir guéri, adopter une foi comme la religion catholique, opter pour un loisir comme s'épanouir dans les jeux d'argent, embraser la luxure pour renouer avec un plaisir et une forme d'ultime jouissance physique. Tandis que le jeune garçon faible et perturbé témoin de tant de haine et du fait de son jeune âge retournera sur les lieux du drame pour tenter une dernière fois de comprendre ce qui est véritablement arrivé à ce moment précis.
Durant tout le film des nombreux flash-back de la scène du massacre vont nous revenir et nous accorder successivement un élément nouveau qui prouvera plus amplement le choc traumatique auquel nos cinqs protagonistes auront dû faire face jusqu'au final bouleversant en apothéose. Une délivrance d'une belle force émotionnelle formidablement renforcée par des comédiens tous interprétés avec conviction et l'émotion exacerbée qu'il nous renvoit nous touche et nous émeut sans ineptie ni effet gratuit.
L'immense et trop rare Forrest Whitaker ainsi que la jeune Dakota Fanning (Man on Fire, Trouble Jeu, La Guerre des Mondes) crèvent littéralement l'écran dans leur rôle respectif de victimes profondément tourmentées et dérangées, au bord du néant.
"Fragments" est un drame social riche en émotion et de dignité humaine, un témoignage bouleversant au plus près des sentiments qui ne cède jamais à la grandiloquence ou à la larme facile. Il touche juste et humblement emporté par des acteurs tous remarquables dans une mise en scène délicate, toute en retenue, sans effet tapageur.

                   

03/06/10

LE CONVOI DE LA PEUR (Sorcerer)

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site hexdimension.com

de William Friedkin. 1977. 2h01. U.S.A. Avec Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal, Amidou, Ramon Bieri, Peter Capell, Karl John, Frederick Ledebur, Chico Martinez.

Sortie salles France: 15 Novembre 1978. U.S: 24 Juin 1977

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés aux Oscars d'Hollywood.
1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.


Echec commercial cinglant lors de sa sortie (alors que Star Wars monopolise les écrans !), Le Convoi de la Peur est une oeuvre maudite d'autant plus invisible sur nos chaines TV et banni du support numérique, jusqu'à ce qu'un Blu-ray édité chez Warner l'exhume enfin de sa torpeur. Remake du Salaire de la Peur de Clouzot, le film de Friedkin se donne les moyens d'envergure pour réaliser un récit d'aventures haletant tourné aux quatre coins du monde (Nouveau-Mexique, République Dominicaine, New-Jersey, Jérusalem, Mexico et Paris). Epaulé du score envoûtant de Tangerine Dream offrant aux images une dimension quasi mystique, Le Convoi de la Peur résume l'odyssée cauchemardesque de quatre escrocs transportant de la nitroglycérine à bord de deux camions afin de stopper un incendie de pétrole. Pour cela, il doivent traverser une jungle impénétrable où embûches et intempéries vont décupler leur calvaire. Richement rémunérés, les hommes vont donc tenter de braver l'impossible et user de bravoure afin de pouvoir regagner leur liberté. Car exilés en Amérique du Sud depuis leur ennui avec la justice, ils n'avaient pas d'autre choix que d'accepter cette mission suicide.


Richement documenté et réaliste, autant sa première partie privilégiant la mise en place des personnages puis leur fameux point de rencontre régi dans une raffinerie, que son deuxième acte illustrant leur périple insensé en pleine cambrousse, Le Convoi de la Peur structure une ligne de conduite planifiée et soucieuse du détail. Un travail géométrique que le réalisateur affine et maîtrise afin de mieux s'immerger dans les angoisses de nos personnages (la manière crispée dont ils livrent bataille contre les forces de la nature nous laisse les mains moites !) et authentifier une scénographie étrangement hostile (la jungle naturaliste transmet un souffle épique lors de son déchaînement climatique !). A l'instar de la traversée du pont, séquence virtuose aussi intense que visuellement éprouvante (déluge pluvial à l'appui !) que nos anti-héros vont tenter de parcourir avec stoïcité désespérée ! Ce voyage au bout de l'enfer, le réalisateur le filme au plus près de leurs névroses car communément impliqués dans une épreuve de force où la folie n'est pas loin de les rattraper. Confrontés à des situations toujours aussi risquées, c'est donc ici une question de dépassement de soi, de retour à l'instinct primitif et du refus de rebrousser chemin afin de remporter un juteux butin. Cette traversée impossible dans un enfer vert redoutablement pernicieux (Victor Manzon / Bruno Cremer soudainement pris à parti avec les branches d'arbres qui enrobent son camion !) peut notamment s'illustrer comme une fable sur l'aliénation quand l'homme use de ses capacités au-delà de la logique (tel un spectre livide, Jackie Scanion / Roy Scheider est finalement hanté de visions d'horreur et ressort traumatisé de son expérience !).


Superbement réalisé et esthétiquement fascinant (Friedkin ausculte la jungle à la manière d'un dédale malfaisant), le Convoi de la Peur est un cauchemar interne. Une fascinante plongée de l'âme humaine au coeur d'un environnement indomptable pour ces fantômes gagnés par le surpassement mais rattrapés par leur délit. 
             
Note Wikipedia: William Friedkin souhaitait initialement confier le rôle principal à Steve McQueen. Ce dernier était d'accord pour endosser le rôle, à la seule condition que sa femme, Ali MacGraw, se voit confier un des rôles principaux. Le cinéaste refusa et Steve McQueen quitta le projet. Par la suite, William Friedkin a annoncé avoir regretté de ne pas avoir accepté les conditions.

Dédicace à Daniel Aprin, Jean-François Dupuy et clin d'oeil au ciné-club de l'antre ! 
12.05.14. 3èx
07/06/10.
Bruno Matéï





THE NIGHT STRANGLER (La Nuit de l'Etrangleur)

                                 

de Dan Curtis. 1973. U.S.A. 1H30. Avec Richard Anderson; Scott Brady, John Carradine, Wally Cox, Margaret Hamilton, Simon Oakland, Jo Ann Pflug, Darren McGavin.

L'ARGUMENT: Une vague de crimes inexpliqués terrorise les habitants d'une région des Etats-Unis mais un journaliste fouineur et trop curieux va tenter de démasquer le responsable méthodique de ces meurtres à énigme.

                    

Producteur, scénariste et réalisateur américain, créateur de la série "Dark Shadow" en 1966, spécialiste discret de l'épouvante à l'ancienne comme "La Fiancée du Vampire" (1970), les télé-films "la poupée de la terreur" (1975) et "la malédiction de la veuve noire" (1977) qui aura marqué toute une génération d'ados au début des années 80 ! Mais c'est surtout en 1976 qu'il nous livrera son chef-d'oeuvre définitif: l'inoubliable et terrifiant "Trauma" récompensé de plusieurs prix dans divers festivals.
"The Night Strangler" est également un télé-film pilote faisant suite à "the night stalker" et créant ainsi la série T.V "Kolchak, the night stalker", réunissant 20 épisodes de 60 minutes chacun produits entre 1974 et 1975.

Un journaliste désinvolte et excentrique détesté par tous ses collaborateurs ainsi que la police du quartier enquête sur une série de meurtres étranges et inexpliqués. Des jeunes filles sont retrouvées étranglées tous les 21 ans au nombre commun et précis totalisant 6 victimes à chaque tentative renouvellée. Leurs points similaires: les victimes sont vidées d'une petite partie de leur sang orienté vers le crane, laissant aussi des marques mortifaires étranges sur leur cou, sorte de résidus cadavériques en exergue sur la peau !
Le tueur entame ses méfaits durant 18 jours de traque meurtrière et son nombre précis et limité d'homicides débuta depuis 1889 ! L'assassin serait alors un vieillard impotent !?
Kolchak, journaliste obtu et farfelu sera déterminé à résoudre le plus rapidement possible cette enquête aux frontières de l'irréel, stopper à tous prix l'assassin juste avant qu'il ne puisse commettre son 6è et dernier meurtre pour ensuite disparaitre subitement mais réapparaitre à nouveau 21 ans plus tard !

D'une nouvelle de Richard Matheson, Dan Curtis en tire un film passionnant entre enquête policière amenagée façon "Mike Hammer", l'humour débridé en sus et épouvante gothique traitée de manière très habile car tout en suggestion où l'on ne connaitra le mobile et la véritable identité de l'assassin qu'aux 10 dernières minutes. Autant dire que le suspense savamment mis en scène fonctionne à plein régime !
Quand au final à effet de surprise, il est inattendu, macabre, fantasmagorique dans son atmosphère subitement irréelle en véritable tour de passe-passe pour un retour dans le passé remodelé avec en prime un clin d'oeil amusé au mythe du "Dr Jekyll et Mr Hyde" matiné d'un portrait de Dorian Gray !

                    

La grande réussite de "The Night Strangler" viendra donc en priorité à ce scénario solide et surprenant, riche en surprises, passionnant de bout en bout de par sa maitrise subtile à révéler succintement de manière concise et brève chaque élément de l'intrigue tour à tour tortueuse et fascinante. Une trame policière qui débute de manière académique avec ces victimes retrouvées étranglées mais qui va vite bifurquer vers les cimes du fantastique et de l'épouvante dans une thématique pour la quête de l'éternelle jeunesse.
Le mélange polar / fantastique fonctionne ici à merveille dans une chaude et sombre ambiance à travers ses ruelles glauques nappées de mystère et de brume nocturne qui pourrait rappeler les grandes heures de "Jack l'Eventreur".
L'interprétation générale est un vrai régal pour les amateurs de trognes connues et célèbres des années 70 en particulier vers ces séries TV populaires ou certains films connus comme Simon Oakland (le Général Thomas Moore dans la série américaine Les Têtes brûlées), richard anderson (l'inoubliable Oscar Goldman dans la série l"homme qui valait 3 milliards"), Scott Brady (le shériff de "gremlins", "le syndromme chinois", "johnny guitare"), l'immense John Carradine qu'on ne présente plus et enfin Darren McGavin (vu dans "Mike Hammer", "l'homme au bras d'or", "les naufragés de l'espace" et la série inédite chez nous: "Kolchak, the night stalker").
"The Night Strangler" pourrait évoquer à la nouvelle génération le film "Jeepers Creepers" dans sa chronique des meurtres évolutifs et ses nombreuses surprises inopinées mais il se définit aussi comme le possible précurseur d'une série culte intitulée "X-Files" pour l'enquête policière irrationnelle évoluant dans le pur fantastique et l'épouvante inhabituelle rendue crédible grâce à une narration formidablement structurée et imaginée.

Ce télé-film méconnu chez nous est en tous cas un véritable bijou télévisuel se dégustant comme un bon cru que tout passionné puriste de vrai fantastique se doit de ne rater sous aucun prétexte !
Encore une belle preuve du talent indéniable de ce grand monsieur tout en modestie qu'était Dan Curtis.

                                            
                                             Darren McGavin

09/06/10.

LE MYSTERE ANDROMEDE (The Andromeda Strain)

                                   

de Robert Wise. U.S.A. 1971. 2H11. Arthur Hill, David Wayne, James Olson, Kate Reid, Paula Kelly, George Mitchell, Ramon Bieri, Peter Hobbs, Kermit Murdock, Richard O'Brien, Eric Christmas...

Date de Sortie: France, 19 avril 1972  U.S.A, 12 mars 1971

FILMOGRAPHIE: Robert Wise, né à Winchester (Indiana) le 10 septembre 1914 et mort à Los Angeles le 14 septembre 2005, est un réalisateur, producteur, metteur en scène et monteur américain.
1943 : La Malédiction des hommes-chats , 1944 : Guy de Maupassant; Mademoiselle Fifi 1945 : Le Récupérateur de cadavres,1945 : Un jeu de mort, 1946 : Cour criminelle, 1946 : Né pour tuer, 1948 : Mystère au Mexique, 1948 : Ciel rouge, 1949 : Nous avons gagné ce soir, 1950 : Les Rebelles de Fort Thorn, 1950 : Secrets de femmes ou Les Trois Secrets,1951 : La Maison sur la colline, 1951 : Le Jour où la Terre s'arrêta, 1952 : La Ville captive, 1952 : Something for the Birds, 1953 : Les Rats du désert, 1953 : Destination Gobi, 1953 : Mon Grand,1954 : La Tour des ambitieux, 1956 : Hélène de Troie, 1956 : La Loi de la prairie, 1956 : Marqué par la haine, 1957 : Ce peut être cette nuit, 1957 : Femmes coupables ,  1958 : L'Odyssée du sous-marin Nerka, 1958 : Je veux vivre ! , 1959 : Le Coup de l'escalier , 1961 : West Side Story, 1962 : Deux sur la balançoire , 1963 : La Maison du diable , 1965 : La Mélodie du bonheur ,1966 : La Canonnière du Yang-Tse , 1968 : Vedette !, 1971 : Le Mystère Andromède, 1973 : Deux personnes, 1975 : L'Odyssée du Hindenburg , 1977 : Audrey Rose, 1979 : Star Trek : Le Film, 1989 : Les Toits , 2000 : Une tempête en été (téléfilm).

Une partie du Nouveau-Mexique a été contaminé après le crash d'un satellite. Les scientifiques bataillent ferme afin de trouver l'origine du mal et d'y remédier au plus vite.

Les habitants d’une petite bourgade du fond de l’Arizona sont morts frappés d’un mal mystérieux, inconnu. Ils sont tous morts, sauf deux : un vieil alcoolique et un bébé. Quatre savants tentent de comprendre comment ces gens sont morts, pourquoi il y a deux survivants et quelle a été la cause du mal. Dans le cliquetis incessant des ordinateurs, sous la lumière irréelle des écrans où se projette ce que dévoilent les microscopes électroniques, trois hommes et une femme luttent pour percer le mystère de la « variété Andromède », ce micro-organisme ramené de l’espace par un satellite d’observation. Il s’agit d’une course contre la montre, car c’est la vie de l’espèce humaine toute entière qui, peut-être, est en jeu…