mercredi 15 juin 2011

SOURCE CODE


de Duncan Jones. 2011. U.S.A/France. 1h33. Avec Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan, Vera Farmiga, Jeffrey Wright, Michael Arden, Cas Anvar, Russell Peters, Brent Skagfor.

Sortie en salles en France le 20 Avril 2011.

FILMOGRAPHIE: Duncan Zowie Jones est un réalisateur anglais né le 30 Mai 1971. Il est le fils du chanteur David Bowie.
2002: Whistle (court-métrage)
2009: Moon
2011: Source Code

                           

Après l'excellent Moon, film de science-fiction intimiste qui traitait avec pudeur de la condition humaine et sa conscience équivoque, le néophyte Duncan Jones réalise deux ans plus tard un projet moins personnel et ambitieux avec Source Code. Une honnête série B agréablement troussée privilégiée par une amusante idée spatio-temporelle auquel le héros doit revivre incessamment un épisode du passé pour appréhender un terroriste poseur de bombes.

Colter Stevens est un soldat américain qui était en mission de reconnaissance en Afghanistan. Subitement, il se retrouve dans un train, assis juste en face d'une séduisante jeune inconnue qui semble intimement le reconnaître. Dans huit minutes précises, le train va exploser par l'effet d'une bombe placée à l'intérieur d'un des compartiments par un dangereux terroriste. Au moment du violent impact, le soldat se retrouve soudainement embrigadé dans une forme de caisson robuste autour d'une assemblée de scientifiques observant ses faits et gestes. En effet, Colter doit retourner dans le passé durant un laps de temps écourté à 8 minutes pour retrouver l'identité du fameux terroriste.

                          

En prenant comme point de départ l'idée attrayante du voyage temporel auquel un homme est contraint de retourner continuellement dans le passé pour tenter d'obstruer un dangereux criminel, Source Code joue à fond la carte de la série B ludique du samedi soir.
Dominé par l'excellent Jake Gyllenhaal (Donnie Darko, Jarhead, Zodiac, Brothers) et la très craquante Michelle Monaghan (la mort dans la peau, gone baby gone, l'Oeil du Mal, Somewhere), leur complicité attachante permet de garder en suspens une intrigue relativement efficace, un brin déroutante mais finalement peu surprenante. En effet, ces successions de va et vient entre présent (l'instant des prises de conscience d'un homme dubitatif cloîtré dans un caisson expérimental et ses scientifiques observant leur cobaye) et passé (la trajectoire du train en route et ses voyageurs envoyés vers une mort certaine) pour tenter de retrouver l'identité présumé d'un terroriste azimuté a un peu trop tendance à vaguement se répéter sans nous faire parvenir de véritables indices novateurs ou coups de théâtre prodigieux.
C'est avec la révélation d'un attentat de plus grande envergure que l'intrigue est classiquement relancée sans toutefois se rénover, faute d'un script manquant d'ampleur et d'originalité audacieuse.

                          

Pourtant, ce nouveau procédé scientifique révolutionnaire ingénieusement improbable pose matière à réflexion sur l'exploitation de l'être humain et le sens du sacrifice qui en émane pour offrir sa vie contre celle de millions d'innocents mais le scénario aurait mérité à être un peu mieux élaboré et substantiel dans sa ligne directive.
Son final à rallonge permet toutefois de rehausser l'intensité des enjeux dans la gestion de l'action alerte grâce à un revirement scénaristique poignant, laissant place à une séquence poétique véritablement émouvante et réussie.

Hormis la structure académique d'un scénario aux ficelles balisées et ses quelques facilités requises décrédibilisant parfois certains moments clefs, Source Code est une sympathique série B menée bon train et emmenée par un duo de comédiens tout à fait convaincants. L'amusante idée de départ saugrenue, l'efficacité honorable des situations haletantes et son final échevelé permettent de ne pas quitter le film sur un ton de déception probant.
Par ailleurs, il établit en sous texte social une certaine réflexion sur la violation de la dignité humaine et sa manipulation identitaire galvaudée. Dans une société futuriste tributaire d'un protocole sans vergogne alloué de méthodes technologiques incongrues, dont le but est d'enrayer le fléau mondial du terrorisme de grande ampleur.

                        
15.06.11
Bruno Matéï.


mardi 14 juin 2011

La Main du Cauchemar / The Hand

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinedweller.com

de Oliver Stone. 1981. U.S.A. 1h48. Avec Michael Caine, Andrea Marcovicci, Bruce McGill, Annie McEnroe, Viveca Lindfors.

Sortie en salles U.S. le 24 Avril 1981.

FILMOGRAPHIE: Oliver Stone (William Oliver Stone) est un réalisateur, scénariste et producteur américain né  le 15 septembre 1946 à New-York. 1974: La Reine du Mal, 1981: La Main du Cauchemar, 1986: Salvador, Platoon, 1987: Wall Street, 1988: Talk Radio, 1989: Né un 4 Juillet, 1991: Les Doors, 1991: JFK, 1993: Entre ciel et Terre, 1994: Tueurs Nés, 1995: Nixon, 1997: U-turn, 1999: l'Enfer du Dimanche, 2003: Comandante (Doc), 2003: Persona non grata, 2004: Looking for Fidel (télé-film), 2004: Alexandre, 2006: World Trade Center, 2008: W.: l'Impossible Président, 2009: Soul of the Border, 2010: Wall Street: l'argent ne dort jamais.

                                       

Sept après son curieux premier essai horrifique, Seizure, le néophyte Oliver Stone réalise et co-scénarise La Main du Cauchemar, d'après d'un roman de Marc Brandell (auteur influencé par Les Mains d'Orlac de l'écrivain français Maurice Renard (1921). Cette série B méconnue, version modernisée de La Bête aux cinq doigts de Robert Florey (1946) était initialement prévue pour John Voight en second rôle et Christopher Walken que Michael Caine remplace avec une vigueur schizophrénique. A la suite d'un terrible accident de voiture, le dessinateur Jonathan Lansdale se retrouve amputé de la main droite après que celle-ci eut été arrachée par la remorque d'un camion. Egarée aux abords d'un champ, Jonathan est depuis obsédé par la disparition inexpliquée de sa pogne. Sa relation conjugale conflictuelle le contraint de s'exiler quelques semaines dans une demeure isolée à San Francisco. Peu à peu, il est est sujet à de récurrentes amnésies quand bien même sa conscience le pervertie vers la schizophrénie. 

                                    

Sorti à l'époque des vidéos-clubs des années 80 dans la catégorie "inédits vidéo" de Warner Home Vidéo, La Main du Cauchemar constitue une excellente série B sortant du lot traditionnel des films d'horreur concoctés pour effrayer son public juvénile en toute simplicité. Le film débute rapidement par le fameux point d'orgue d'une séquence gore percutante adroitement réalisée dans un montage avisé. Ce moment clef spectaculaire réussit à impressionner par son réalisme et la magie des maquillages du grand Carlo Rambaldi. Passé cet évènement horrifico-tragique d'un homme sauvagement amputé de la main, Oliver Stone recourt à la tempérance pour distiller un climat d'inquiétude sous l'impulsion d'un suspense lattent. Après une bonne demi-heure classiquement éprouvée et après que le héros se soit accoutré d'une main amovible en métal, l'intrigue distille un suspense progressif lorsque celui-ci est contraint de se séparer de sa famille pour s'isoler dans une maison champêtre. C'est dans la région de San Francisco que Jonathan réussit à trouver un poste d'enseignant dans une université spécialisée pour l'art du dessin. Dans cet établissement, il fait la rencontre d'une séduisante élève, aguicheuse et dévergondée. Régulièrement épris d'hallucinations horrifiques et souffrant d'amnésie, celui-ci déchu de ses fonctions de dessinateur va peu à peu sombrer dans une folie schizophrène irréversible ! Rendu fou de jalousie par l'infidélité d'une femme lassée de son adultère, sa hantise de ne pouvoir récupérer sa poigne va rapidement le mener vers une rage meurtrière incontrôlée.

                                      

Avec l'utilisation graphique d'une main mortifère pernicieuse se faufilant dans les recoins pour se préparer à offenser ses victimes, La Main du Cauchemar utilise cet argument fantastique débridé notamment pour matérialiser les visions délirantes d'un homme tributaire de sa folie mentale. Pour rendre captivante cette sombre histoire angoissante, Oliver Stone se focalise précisément sur la caractérisation psychologique du dessinateur incapable de discerner la part du cauchemar et de la réalité. Grâce à la prestance sardonique de Michael Caïne, endossant le rôle pathétique d'un homme assailli de visions macabres, le film parvient à intriguer et captiver sans jamais avoir recours à la facilité et l'outrance gore. Tour à tour irascible, ombrageux, haineux, violent mais aussi anémique, attendrissant (les rapports fragiles avec sa fille), charmeur et compatissant (sa gestation amoureuse avec une étudiante déboussolée), il réussit admirablement à provoquer une inquiétante fascination dans sa palette d'émotions diaphanes. Il tend même à évoquer dans une moindre mesure une certaine empathie dans sa fonction de victime psychotique malgré lui vouée à une haine vindicative.

                                     

Débutant sa trame avec un rythme langoureux auprès de la sobre mise en place de l'intrigue, La Main du Cauchemar réussit ensuite honorablement à tirer son épingle du jeu dans un habile dosage de tension sous jacente, d'inquiétude latente et de suspense diffus. Reposant entièrement sur les épaules d'un immense acteur totalement inspiré par son personnage bicéphale, cette petite perle menée avec savoir-faire rend honneur au genre horrifique et peut même se targuer de figurer au palmarès des meilleures séries B (oubliées) des années 80.

14.06.11.   4.
Bruno Matéï.

lundi 13 juin 2011

LES INSECTES DE FEU (Bug). Licorne d'Or et Prix du Public au Rex à Paris 1975.

                                             

de Jeannot Szwarc. 1975. U.S.A. 1h40. Avec Bradford Dillman, Joanna Miles, Richard Gilliand, Jamie Smith Jackson, Alan Fudge, Jesse Vint, Patricia McCormack, Brendan Dillon.

FILMOGRAPHIE: Jeannot Szwarc est un réalisateur français, né le 21 Novembre 1939 à Paris.
1973: Columbo: adorable mais dangereuse, 1975: les Insectes de Feu, 1978: Les Dents de la mer 2, 1980: Quelque part dans le temps, 1983: Enigma, 1984: Supergirl, 1985: Santa Claus, 1994: La Vengeance d'une Blonde, 1996: Hercule et Sherlock, 1997: Les Soeurs Soleil.

Récompenses:
Prix des meilleurs effets spéciaux pour Phil Cory, lors du Festival du film de Catalogne en 1976.
Prix du Public et Licorne d'Or au Rex à Paris en 1975.

                                   
A l'aube d'une riche carrière éclectique, le français Jeannot Szwarc réalise en 1975 une série B horrifique matinée de science-fiction et de catastrophe surnaturelle. Produit et co-scénarisé par William Castle, en collaboration avec la Paramount depuis le prodigieux succès de Rosemary's BabyLes Insectes de Feu est également tiré d'un roman de Thomas Page: The Hephaestus Plaguepublié en 1973Un séisme ravage une région bucolique des Etats-Unis libérant par l'occasion d'étranges insectes capables d'incendier la nature environnante au contact de leur abdomen. Peu à peu, d'étranges incidents surviennent auprès des citadins d'une bourgade, les arthropodes agressant leurs victimes au contact du feu. Un professeur en université retranché chez lui décide de les étudier afin de tenter de les exterminer. Multi récompensé dans divers festivals, Les Insectes de Feu est tout à fait représentatif d'une époque notable dans lequel il fut conçu. En effet, son sujet traité avec le plus grand sérieux exploite des séquences horrifiques proprement terrifiantes et remarquablement efficaces par leur impact aussi inédit que spectaculaire. En l'occurrence, les victimes pourchassées par les blattes tentent désespérément de fuir la menace du feu si bien que ces insectes sont capables d'incendier nos corps au contact de leur estomac. Les citadins se transformant en torches humaines après que l'insecte soit parvenu à produire de la chaleur combustive.


Les séquences chocs qui en émanent sont particulièrement violentes et réalistes lorsque les victimes accourent tous azimut dans l'intensité de l'affolement. La fascination répulsive exercée sur ses diaboliques invertébrés, délibérés à dominer le monde, réussit à nous convaincre de leur dangerosité grâce à de sobres effets-spéciaux efficacement conçus. Repoussants par leur aspect viscéral, ces blattes crèvent l'écran avec un réalisme inégalé sachant que l'auteur se refuse à désamorcer l'horreur des situations par une dérision macabre. Qui plus est, Jeannot Szwarc utilise habilement son savoir-faire technique par l'entremise d'une partition musicale quasi expérimentale, une photographie solaire aux teintes ocres et de nombreux zooms auscultant l'anatomie de ces blattes dévoreuses de résidu alcalin (la cendre !) La seconde partie beaucoup plus sobre et documenté cultive un huis-clos étouffant au sein des agissements scientifiques d'un biologiste obsédé à l'idée d'exterminer les cafards depuis que sa femme eut été l'une des victimes. Sous le principe du reportage animalier, ce second acte réussit à inquiéter et captiver par une succession d'épreuves scientifiques qu'effectue ce dernier afin d'enrayer cette race d'asthropodes hérités de la préhistoire ! Terré dans l'insalubrité de sa demeure et perdant peu à peu tous repères avec la réalité, James Parmiter joue aux apprentis sorciers au péril de sa vie. Spoiler!!! Ce qui nous converge à sa conclusion terrifiante de cynisme pour la prescience d'une éventuelle apocalypse inscrite dans le nihilisme Fin du Spoiler.

                                      

Efficacement mené et éminemment fascinant pour l'aspect réaliste d'une menace animale littéralement photogénique, Les Insectes de Feu constitue une oeuvre charnière de l'épouvante des Seventies. Son sujet alarmiste imparti à la peur écolo nous illustrant à nouveau que l'homme orgueilleux, obsédé à l'idée de dompter une mutation biologique se révèle au terme impuissant et désarmé par son égocentrisme. Sa solide distribution (Bradford Dillman très investi dans son rôle scrupuleux de savant fou), les séquences chocs qui ponctuent l'intrigue et l'inquiétant score dissonant acheminent cette oeuvre insolite au rang de classique du genre. 

13.06.11
B-D

vendredi 10 juin 2011

THE COLD ROOM. Prix Spécial du Jury à Avoriaz 1985.


de James Dearden. 1984. Angleterre/Allemagne. 1h35. Avec Georges Segal, Amanda Pays, Renée Soutendjik, Warren Clarke.

FILMOGRAPHIE: James Dearden est un réalisateur et scénariste britannique né le 14 septembre 1949 à Londres. 1977: The Contraception, 1978: Panic, 1980: Diversion, 1984: The Cold Room, 1987: Liaison Fatale (scénariste), 1988: l'île de Pascali, 1991: Un baiser avant de mourir, 1999: Trader.

                                                              

Par le scénariste du thriller Liaison Fatale, James Dearden réalise en 1984 son meilleur film, The Cold Room, justement récompensé à Avoriaz du Prix Spécial du Jury. Hallucinations, voyage temporel, réincarnation, folie s'entrecroisent dans une intrigue à l'atmosphère lourde et irréelle, d'où plane le spectre du nazisme. En relation conflictuelle avec son paternel, la jeune Carla décide malgré tout de partir quelques jours en sa compagnie dans la région de Berlin-Est. Dès leur arrivée, ils prennent une chambre d'hôtel gérée par une vieille dame du nom de Frau Hoffman. Peu à peu, Carla est sujette à d'étranges visions comme ce boucher patibulaire armé d'un long couteau en face d'une échoppe. Bientôt, la jeune fille découvre une pièce secrète en interne de son armoire de chambre.

                                                     

Voilà une bien étrange curiosité jamais diffusée à la télévision et toujours inédite en dvd. Son prix mérité à Avoriaz n'aura même pas eu l'opportunité d'être reconnu au plus grand nombre d'amateurs de fantastique éthéré. Car toute la force de The Cold Room réside dans une troublant structure narrative laissant planer le doute quand à l'imagination foisonnante d'une jeune fille instable et insolente, perdant peu à peu le contrôle avec son existence affective. Après avoir découvert derrière l'armoire de sa chambre une pièce condamnée, jalonnée de crocs de boucher fixés sur les murs, Carla constate qu'un homme prénommé Erich s'y est réfugié depuis deux semaines afin d'échapper aux forces de l'ordre. Chaque jour, elle décide de lui ramener des vivres alimentaires alors qu'une relation amoureuse commence à s'échanger entre eux. Rapidement, Erich qui est en fait un insurgé d'origine juive lui demande de rechercher l'un de ses amis pour pouvoir s'approprier de fausses pièces d'identité et quitter illégalement le pays. Le nouvel univers dans lequel notre héroïne semble évoluer s'altère toujours un peu plus chaque jour pour converger vers un voyage temporel en pleine période meurtrie de nazisme.

                                                         

Sous le joug d'une atmosphère inquiétante, The Cold Room entretient un climat ambivalent en alternant l'époque des années 40 et celle des années 80. Par son ambiance feutrée assez glauque, ce troublant drame fantastique cultive un univers dépressif sous le témoignage d'une sombre période de l'histoire. A travers cet épisode liberticide compromettant l'idylle des deux amants soumis à la haine et la xénophobie, James Dearden transcende son histoire à suspense par le biais d'un cauchemar éveillé. Rêves, hallucinations, réincarnation, folie s'entrecroisant à travers deux temporalités contradictoires jusqu'à ce que l'une prenne l'emprise sur l'autre. Comédienne méconnue d'un naturel magnétique, Amanda Pays (sosie de Natassia Kinski), insuffle élégance charnelle et fraîcheur innocente dans celle d'une investigatrice à la psychologie tourmentée. Par sa présence trouble mais déterminée, le film gagne en sensibilité, notamment en abordant le thème de la métempsychose.

                                                     

Série B malencontreusement condamnée à l'oubli, The Cold Room constitue pourtant un excellent suspense fantastique, sobre et envoûtant, dont l'histoire captivante remémore en sous texte le spectre du nazisme. Son atmosphère moite et lugubre, renforcée d'une photographie désaturée nous confinant vers un fascinant drame schizo sous l'impulsion fragile d'Amanda Pays

10.06.11

OTAGES EN SURSIS (Fight For Your Life). Video Nasties !


de Robert Endelson. 1977. U.S.A. 1h23. Avec William Sanderson, Robert Judd, Reginald Bythewood.

FILMOGRAPHIE: Robert Endelson est un réalisateur et producteur américain né en 1947.
1973: Filthiest Show in Town
1977: Fight for Your Life

Hommage subjectif d'un puriste amateur.
Otages en Sursis est également listé dans la rubrique des fameux "vidéos nasties" créé en 1984 par l'Angleterre puritaine. 74 films sont ainsi jugés trop violents, décadents ou sanglants pour être cachetés "nasty" et bannis de leurs vidéos-clubs.













4 truands en cavale... Ils sont désabusés, hargneux, sadiques et ont décidé de se venger de la société sans plus attendre. 4 bêtes sauvages en liberté... Et un long parcours de violence gratuite et brutale vers le cul-de-sac de la mort : un paisible pavillon de banlieue. La confrontation est prête ! D'un côté, la police silencieuse et à l'affût, le revolver au poing... De l'autre, une famille tranquille prise en otage mais qui va se révéler en
un atroce retournement de situation l'arme d'une justice impitoyable...

mercredi 8 juin 2011

L'ETRANGLEUR DE RILLINGTON PLACE (10 Rillington Place)


de Richard Fleischer. 1971. Angleterre. 1h51. Avec John Hurt, Richard Attenborough, Judy Geeson, Pat Heywood, Isobel Black.

Sortie U.S.A: 10 février 1971.

FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn,  et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles.
1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieux sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.

                                  

Trois après son chef-d'oeuvre novateur (split screen à l'appui !) inspiré des méfaits du célèbre Etrangleur de Boston, Richard Fleischer récidive en 1971 avec un nouveau saisissant portrait, l'Etrangleur de Rillington Place d'après le livre de Ludovic Kennedy. Comme pour son précédant thriller, le récit est également inspiré d'une histoire vraie retraçant ici les exactions de John Reginald Halliday Christie. Un tueur en série britannique ayant sévi dans les années 1940 et 1950 puis arrêté, jugé et pendu pour meurtre en 1953. Un texte introductif nous précise d'ailleurs qu'une partie des dialogues du film s'appuie sur des documents officiels. Londres, 1944, dans l'avenue de Rillington Place. Réginald Christie, agent de police, se fait passer pour un médecin afin de soigner une femme malade. En guise de confiance, il réussit à l'inviter dans son vieil appartement pour la violer et l'étrangler. Cinq ans plus tard, un couple et leur bébé emménagent dans l'immeuble du tueur. Alors que la jeune mère attend un second enfant, une violente dispute éclate à propos de son futur accouchement. Christie leur propose alors son assistance pour pratiquer un avortement illégal.

                                    

A trois ans d'intervalle (1968-1971), Richard Fleischer réalise deux coups de maîtres avec ces portraits de serial-killers notoires. Pour celui qui nous intéresse aujourd'hui, l'Etrangleur de Rillington Place nous invite à une descente aux enfers autour d'un couple de prolétaires en situation précaire ! Dès le prologue, d'une violence psychologique cinglante dans sa crudité imposée, nous sommes avertis du profil psychologique d'un agent de police prochainement en retraite. Réginald Christie est un aimable citoyen vivant reclus dans son modeste appartement parmi la discrétion de son épouse, mais auquel sa pathologie laisse finalement s'exprimer des pulsions morbides et sexuelles lorsqu'il s'envisage d'étrangler des femmes. C'est avec l'arrivée d'un jeune couple, multipliant les prises de bec conjugales, que l'intrigue se ressert pour les embrigader dans le huis-clos asphyxiant d'un immeuble insalubre (photo désaturée à l'appui !). De prime abord, la courtoisie et la générosité de Christie inspirent une assurance immédiate envers ces nouveaux résidents aux faibles revenus. Et rapidement, ceux-ci vont se retrouver embarqués dans une machiavélique imposture perpétrée par le plus mesquin des détraqués.

                                

La suite des évènements impliquant une affaire d'homicide conjugal éprouve le spectateur dans une horreur psychologique sans aucune échappatoire. Avec intensité, Richard Fleisher dépeint le calvaire émotionnel d'un père de famille désoeuvré, totalement asservi par un tueur méthodique redoutablement finaud. Le spectateur impuissant exprimant une indéniable empathie pour la victime réduite ici à l'objet de soumission. Dans le rôle du tueur, Richard Attenborough incarne le rôle de sa vie pour mettre en exergue un psychopathe placide auquel ses instincts morbides extériorisent une perversité compulsive. C'est avec l'aide d'une cordelette convenablement rangée dans une petite armoire qu'il exerce ces horribles méfaits après avoir gazé ces pauvres victimes. Son physique quelconque de sexagénaire bedonnant au crane dégarni et aux lunettes rondes laisse néanmoins distiller un sentiment inquiétant de malaise latent. John Hurt lui partage la vedette avec une émotion poignante pour endosser celui du père de famille illettré et inculte, noyé dans le chagrin et le désespoir. Un ouvrier médiocre et une proie facilement manipulable Spoiler !!! au point de devenir auprès de la justice le coupable présumé des crimes intentés. Fin du Spoiler

                          

Avec son réalisme blafard et son climat de malaise tangible, L'Etrangleur de Rillington Place se rapproche du genre horrifique et nous place dans la position inconfortable de témoin voyeuriste dans ce jeu de manipulation compromis au fait-divers morbide. Sa mise en scène acérée, l'ambiance de claustration qui en émane et le jeu exceptionnel des comédiens nous acheminent à l'un des plus glaçants portraits de serial-killer vus au cinéma ! Pour parachever, le réalisateur en profite d'égratigner le système judiciaire afin de mettre en exergue une réflexion sur la peine capitale. 

08.06.11
Bruno Matéï

lundi 6 juin 2011

THE HOLE


Photo empruntée sur Google, appartenant au site heyuguys.co.uk

de Joe Dante. 2009. U.S.A. 1h32. Avec Chris Massoglia, Nathan Gamble, Haley Bennett, Teri Polo, Merritt Patterson, Chelsea Ricketts, Quinn Lord, Peter Shinkoda...

FILMOGRAPHIE: Joe Dante (né le 28 novembre 1946 à Middletown, New Jersey) est un critique, scénariste, monteur, producteur et réalisateur américain. Son plus grand succès populaire est, à ce jour, Gremlins (1984).
1966-1975 : The Movie Orgy 1976 : Hollywood Boulevard, co-réalisé avec Allan Arkush 1978 : Piranhas(Piranha),1981 : Hurlements (The Howling) 1983 : La Quatrième Dimension (Twiling Zone the Movie), troisième épisode, Its a Good Life 1984 : Gremlins 1985 : Explorers 1987 : Cheeseburger film sandwich (Amazon Women on the Moon), 5 sketches 1987 : L'Aventure intérieure(Innerspace)1989 : Les Banlieusards (The 'burbs) 1990 : Gremlins 2, la nouvelle génération (Gremlins 2 The New Batch) 1993 : Panic sur Florida Beach (Matinee) 1998 : Small Soldiers 2003 : Les Looney Tunes passent à l'action (Looney Tunes : Back in Action) 2006 : Trapped Ashes , premier segment,Wraparound. 2009 : The Hole.


Inédit en salles et toujours privé d'une sortie Dvd dans l'hexagone, The Hole est la dernière production de Joe Dante, véritable concentrée de nostalgie infantile dans l'introspection conflictuelle de jeunes ados confrontés à leurs affres les plus répréhensibles. 

Un mère et ses deux fils emménagent dans une nouvelle bourgade après avoir été asservis par un paternel violent et alcoolique. Séduits par leur charmante voisine juvénile, les deux frères l'invitent à visiter les lieux de leur demeure. Dans la cave, ils découvrent une étrange trappe scellée avant de libérer du fond du gouffre une entité surnaturelle où d'étranges évènements vont se produire. 


Baignant dans une atmosphère édénique au sein d'une banlieue ricaine où chaque citadin semble épanoui par leur vie insouciante, The Hole décrit avec candeur le portrait attachant de trois jeunes adolescents confrontés à une découverte extravagante ! Par ailleurs, l'attention accordée à cette bourgade champêtre rappelle instinctivement les climats sécurisants d'E.T, House ou encore Poltergeist lorsque les voisins affables sont toujours présents pour prêter main forte à leurs nouveaux locataires. En distillant avec parcimonie un climat d'inquiétude et d'étrangeté tangible, Joe Dante joue la carte de l'expectative et de la suggestion pour mieux nous captiver dans une trame fantastique héritée de la quatrième dimension. La première qualité inhérente du métrage est de nous présenter le profil d'adolescents dociles, de prime abord investigateurs et quelque peu naïfs dans leur démarche perplexe en âge instable. Tout le contraire donc de la clique traditionnelle de marmots têtes à claque toujours plus impudents et insolents à daigner amuser la galerie ! Tandis qu'au fil du récit davantage obscur et ombrageux, leurs peurs les plus délétères vont s'extérioriser et se matérialiser sous l'emprise d'un trou noir au mystère imperceptible. 


Par petites touches, The Hole va entretenir un climat d'angoisse persuasif avec l'entremise d'un clown de porcelaine, une fillette vacillante et un géant tortionnaire d'enfants ! Si le scénario n'apporte pas de surprises inopinées et se révèle somme toute classique, son efficacité probante ainsi que l'appréhension subtilement éprouvée - alliées à la complicité des ados empathiques - nous accordent un intérêt croissant dans leurs obscures mésaventures. D'ailleurs, Joe Dante n'hésite pas à exacerber certaines séquences horrifiques avec le juste équilibre de sobriété pour insuffler sans outrance un sentiment de malaise face aux apparitions cinglantes ou dérangeantes d'antagonistes hostiles (le clown mesquin, le fantôme errant et le géant intarissable !). Tandis que son point d'orgue cathartique, laissant libre court à une imagerie fantasmagorique, nous entraîne en interne d'une prison torturée où un fils préalablement martyrisé va devoir se confronter à sa terreur la plus ébranlante. Et nos trois héros de combattre individuellement les forces hermétiques afin de gagner la rédemption en bravant leurs terreurs les plus intrinsèques !


Récit initiatique sur les affres de nos frayeurs les plus intimidantes, métaphore horrifique au climat d'angoisse oppressant et au suspense intelligemment entretenu, The Hole renoue modestement avec le genre fantastique sans daigner transcender son thème éculé. L'humanité attachante des protagonistes juvéniles et la réalisation adroite de Joe Dante, toujours assidu à nous façonner un univers surnaturel immersif, renvoient au cinéma artisanal des eighties en combinant légèreté et horreur des situations. 

Dédicace à Gérald Giacomini et François Most
07.08.12. 2èx (25/11/10)
Bruno Matéï