mercredi 20 juillet 2011

LIMITLESS


de Neil Burger. 2011. U.S.A. 1h45. Avec Abbie Cornish, Andrew Howard, Anna Friel, Bradley Cooper, Johnny Whitworth, Robert De Niro, Robert John Burke, Tomas Arana.

Sortie en salles US: 18 Mars 2011, France: 8 Juin 2011.

FILMOGRAPHIE: Neil Burger est un réalisateur et scénariste, né en 1964 dans le Connecticut.
2002: Interview with the Assassin
2006: L'Illusionniste
2008: The Lucky Ones
2011: Limitless

                              

Hommage subjectif d'un puriste amateur (high-tech).
Trois ans après le méconnu The Lucky Ones, sympathique road movie émouvant et attachant, Neil Burger s'inspire d'un roman d'Alan Glynn, The Dark Fields, publié en 2001, pour façonner son nouveau long-métrage traitant de la réussite professionnelle par l'entremise d'une drogue synthétique atypique.

Eddie Mora est un jeune écrivain sur le déclin, faute d'une ambition desservie par son caractère ombrageux et d'une idylle fuyante. Après la rencontre fortuite avec son ex beau-frère, celui-ci lui offre gracieusement un comprimé, le NZT, une drogue surpuissante capable de décupler de 20% de l'utilisation de notre cerveau à 100 % pour combler nos facultés intellectuelles.
Rapidement, Eddie devient omniscient, loquace, érudit, apprend à une vitesse furtive et accède enfin à la notoriété en exerçant diverses stratégies spéculatives afin de devenir un leader sur le marché de la finance à Wall Street. Son rival, Carl Van Loon, un puissant homme d'affaire inflexible reste fasciné par l'intelligence hors normes du jeune écrivain. Mais une bande de tueurs attirés pas les effets prodigieux du NZT reste à ses trousses alors que des effets secondaires ne vont pas tarder à se manifester pour le sujet devenu fatalement addict.

                           

D'une idée de départ passionnante et savoureusement utopique, Limitless mise plus sur la forme d'un  thriller high-tech aux effets techniques clinquants et imaginatifs plutôt que le fond dénué d'ambition conceptuelle. Comme ce plan séquence virtuose entièrement tourné en CGI en guise de générique introductif. Une maîtrise bluffante que Neil Burger va régulièrement exploiter à bon (voir mauvais !) escient pour enjôler et accentuer les effets visuels fantasmatiques de la drogue décuplant notre intelligence à sa quintessence.
La première partie du film nous illustrant l'ascension d'un nouveau prodige de la finance, via l'entremise d'une drogue dépendante, amuse et fascine le spectateur, s'imaginant lui même dans cette situation héroïque où tout serait alors envisageable et imaginable afin d'exaucer ses ambitions personnelles pour devenir nanti. La thématique de l'accoutumance à la drogue illusoire peut-être facilement comparée à un produit illicite substantiel et notoire, la cocaïne. Une drogue chic et bon genre que le milieu indocile de la bourgeoisie et du showbizz connaissent bien pour mieux chiader leur potentiel artistique au détriment de la peur et la timidité. Mais à quel prix ?
Après que notre héros ait pris conscience du danger létal du NZT par ses crises de dépendances, son entourage tributaire de ses dons intellectuels va rapidement le rappeler à la raison pour lui permettre de continuer sur sa lancée révolutionnaire et ainsi façonner leur ambitieux projet.
Alors qu'un puissant homme d'affaire va progressivement s'affilier avec Eddie, des tueurs sont déterminés à le faire chanter pour s'accaparer et produire ce nouveau remède miracle en quantité illimitée. Contraint de ne pouvoirs endiguer sa prise quotidienne de NZT beaucoup trop fructueuse pour son quotient intellectuel, sa nouvelle devise sera d'affronter et combattre ses criminels tout en essayant de devancer son supérieur, le puissant Carl Van Loon. Voilà pour le scénario classiquement convenu juste avant un point d'orgue déroutant (équivoque ?) assez audacieux.

                            

La nouvelle star montante Bradley Cooper doit énormément au caractère sympathique et ludique du film qui en découle. Sa prestance spontanée, son regard bleu scintillant d'esprit lucide et sa personnalité incisive pleine d'aplomb renforcent largement le côté attachant et haletant de ses exactions professionnelles insensées. Notre monstre sacré Robert De Niro apporte pour sa part une discrète et sobre contribution dans celui du magnat fortuné difficilement domptable dans les négociations financières. Modeste et mesuré, l'acteur notable ne fait que transparaître un personnage fascinant et téméraire.

                         

Hormis un scénario mal exploité qui ne fait que survoler une idée astucieuse, Limitless est un bon divertissement agréablement mené, même si la seconde partie révèle bien peu de surprises avant son épilogue cynique inopinément amoral. La présence magnétique de l'excellent Bradley Cooper, le score musical en connivence avec l'ambiance high-tech hallucinogène et la forme esthétique exploitée de façon inventive permettent d'apprécier un spectacle ludique gentiment naïf.

Dédicace à Caroline Masson.
21.07.11.
Bruno Matéï.
                         

mercredi 13 juillet 2011

De sang froid (The Boys Next Door)

                                          

de Peneloppe Spheeris. 1984. U.S.A. 1h30. Avec Maxwell Caulfield, Charlie Sheen, Patti d'Arbanville, Hank Garrett, C Dancer Paul, Richard Pachorek, Lesa Lee, Kenneth Cortland.

Sortie en France le 27 Mai 1987 avec mention: Interdit au moins de 18 ans.

FILMOGRAPHIE: Penelope Spheeris est une réalisatrice, scénariste, actrice, productrice, directrice de la photographie et monteuse américaine née le 2 Décembre 1945 à La Nuovelle-Orléans, Louisiane (U.S.A). Penelope Spheeris est la cousine du réalisateur gréco-français Costa-Gavras. 1968: Uncle Tom's Fairy Tales, 1972: I don't know, 1981: The Decline of western civilization, 1984: Suburbia, 1985: De Sang Froid, 1986: Hollywood Vice Squad, 1987: Dudes, 1988: The Decline of western civilization 2, 1990: Thunder and Mud, 1991: UFO Abductions (TV), Prison Stories: women on the inside (TV), 1992: Wayne's World, 1993: Danger Theatre, 1993: Les Allumés de Beverly Hills, 1994: Les Chenapans, 1996: Black Sheep, 1998: The Decline of western civilization 3, The Thing in Bob's Garage, Applewood 911 (TV), Supersens, 1999: Hollywierd, 2000: Dear Doughboy (TV), 2001: Posers, We Sold our souls for Rock'n roll, 2003: The Crooked E: The Unshredded Truth About Enron (TV), 2005: The Kid and I.

                                      

Réalisatrice prolifique de télé-films bon marché et de comédies bonnard (Wayne's World), Penelope Spherris fut signataire en 84 d'une série B glauque et subversive illustrant le portrait sordide de deux jeunes marginaux en chute libre dans leur cheminement meurtrier dénué de mobile. Le pitchRoy et Bo sont deux jeunes adolescents oisifs et paumés, en quête de liberté et d'évasion. Un jour, ils décident de quitter leur contrée pour passer un week-end à Los Angeles. Sous l'influence de Roy, ils se laissent embarquer dans une série de crimes licencieux.

                                     

Dès le générique liminaire inscrit sur fond noir, des portraits d'archive monochrome se succèdent afin d'authentifier le profil iconique d'illustres serial-killers. Sa bande-son musicale bourdonnante instaurant un sentiment anxiogène face aux crimes énoncés par deux voix-off ombrageuses. L'intrigue se focalise ensuite sur deux jeunes marginaux batifolant à dessiner l'empreinte d'un cadavre sur le sol d'une cour de lycée. Après les cours scolaires routiniers, une soirée festive est organisée par des étudiants quand bien même nos deux acolytes s'ennuient ferme et décident de plier bagage pour Los Angeles afin d'escompter une virée festive. Après une violente rixe avec un pompiste tabassé à mort, l'esprit dérangé de Roy va rapidement s'envenimer dans son désir indocile de passer à l'acte criminel. Tandis que Bo semble éprouver un plaisir surestimé à se croire supérieur devant l'autorité belliqueuse de son camarade. Durant leur séjour nocturne, une nouvelle bagarre impromptue est sur le point d'aboutir dans un bar gay. C'est après cet incident mineur que Roy va enfin pouvoir laisser libre cours à ses pulsions morbides pour envisager d'assassiner un homosexuel qui les aura naïvement entraîné dans son appartement. Du côté des forces de l'ordre, l'enquête policière piétine mais parvient néanmoins à rassembler quelques indices fiables, faute des maladresses laissées sur les lieux du crimes par les adolescents.

                                      

A travers une sombre atmosphère davantage horrifique et oppressante, Peneloppe Spheeris dépeint le portrait pathétique et terrifiant de deux délinquants juvéniles, évoluant dans une cité urbaine où la violence quotidienne demeure monnaie courante. Si la narration efficacement conduite n'évoque aucune surprise (en dehors du final cathartique), la manière crue dont la réalisatrice dépeint les exactions de nos criminels renvoie facilement aux ambiances malsaines et poisseuses des plus grands films notoires traitant du même thème. Les scènes chocs percutantes, particulièrement brutales s'avèrent d'autant plus dérangeantes qu'elles mettent en appui l'état d'esprit décervelé de nos protagonistes fascinés par la violence gratuite. Une manière putassière et immorale d'extérioriser leur haine et leur infériorité intellectuelle. Niveau cast, Maxwell Caulfield se révèle plutôt inquiétant et sournoisement cynique sous l'impulsion d'un regard sadique lattent, puis monolithique lorsqu'il se livre à ses penchants meurtriers d'une violence incontrôlée. En jeune ado inculte et infantile (sa fascination puérile face à la diffusion TV d'un manga animé préfigure l'esprit niais d'un enfant de 5 ans), Charlie Sheen livre une sobre prestance pour caractériser un gamin inconséquent finalement dépassé par les évènements morbides que son camarade perfide influence.

                                          

D'un magnétisme perturbant auprès de son atmosphère délétère dénuée de complexe, De Sang Froid créait malaise et fascination pour ce portrait réaliste d'une jeunesse désoeuvrée, métaphore d'une société urbaine désaxée où homophobie et racisme restent ancrés dans cette génération rebelle. La qualité de l'interprétation, sa violence radicale et la solide conduite du récit nous entraînant (de force) dans une spirale criminelle dénuée de mobile. D'où l'intensité de son malaise davantage prégnant au fil d'un récit immoral dépeint sans complaisance ni effet de manche. 

13.07.11.      3.
* Bruno

mardi 5 juillet 2011

FASTER


de George Tillman Jr. 2010. U.S.A. 1h38. Avec Dwayne Johnson, Billy Bob Thornton, Carla Gugino, Maggie Grace, Moon Bloodgood et Oliver Jackson-Cohen.

Sortie en salles en France le 2 mars 2011.

FILMOGRAPHIEGeorge Tillman est un réalisateur, producteur et scénariste né le 26 Janvier 1969 à Milwaukee, Wisconsin, U.S.A.
1994: Scenes for the soul, 1997: Soul Food, 2000: les Chemins de la dignité, 2009: Notorious B.I.G.

                           

Hommage subjectif d'un puriste amateur.
Le réalisateur modeste George Tillman Jr s'engage ici dans la voie du revenge movie pour illustrer une surprenante série B hargneuse à la violence sanguine, beaucoup moins superficielle et négligeable que la plupart des produits formatés pour ados turbulents. Alors que sa thématique sur la vengeance prêche intelligemment pour une repentance christianiste.

Après avoir purgé une peine de 10 ans d'emprisonnement pour une implication dans un braquage à main armé, James Cullen, dit le Driver, est fermement décidé à venger les responsables de la mort de son frère, sauvagement égorgé. Mais un inspecteur de police junkie sur le déclin et un tueur à gage méthodique sont lancés à sa trousse pour tenter de l'endiguer.

                         

A l'instar des films d'action des années 80 filmés sans prétention avec un sens de l'efficacité roublard dédié au spectaculaire pétaradant, Faster fait sacrément plaisir à voir dans le tableau orthodoxe des produits mercantiles. Il réussit sans peine à se démarquer de ses futiles concurrents facilement reconnaissables dans une abrutissante mise en forme arbitraire dénuée de fond.
Et en terme d'efficacité, Faster ne pouvait pas proposer autre chose de plus jouissif et enthousiasmant.
Si le scénario est indubitablement construit sur un canevas archi convenu, sa structure mise en place avec dextérité, l'émotion inopinée qu'il véhicule par le biais de personnages déshumanisés en quête d'exutoire et l'action incessante qui en découle nous permettent de savourer un revenge movie brutal jamais niais ou lénifiant.
Le réalisateur n'épargne toutefois pas quelques tics clippesques et artifices redondants comme certains effets de ralenti trop présents dans son premier acte. Quelques clichés sont également coutumiers au genre prescrit (le préambule dans la prison, la blonde éprise de passion amoureuse pour son tueur bellâtre, obtus d'accomplir un dernier contrat, le flic drogué voulant se racheter une conduite) mais la succession de péripéties habilement emballées réussissent sans difficulté à transcender son caractère au préalable académique.
C'est notamment la densité d'une galerie de personnages rebelles et marginaux évoluant dans une prise de conscience octroyée à la repentance qui séduit le public. Alors que l'antagoniste caractérisé par le tueur à gage arriviste semble être finalement le plus à plaindre dans son état d'esprit véreux par la quête autonome d'une victoire orgueilleuse.
La vengeance sauvage de Driver est implacable, sans concession et refus de compromis. Mais sa besogne d'exterminer implacablement chaque responsable de la mort de son frère va intelligemment le mener vers une voie cathartique par l'entremise d'une éthique religieuse.
On sera d'autant plus surpris par son final totalement impondérable culminant son point d'orgue dans un coup de théâtre délétère que personne n'aura vu arriver !

                         

Habitué aux rôles conventionnels de dur à cuire traditionnellement inexpressif,  Dwayne Johnson (The Rock) réussit enfin à se détacher des conformités pour livrer une poignante composition dans son personnage marginalisé d'anti-héros militant pour la cause de son frère. Inflexible, impassible et austère dans son impressionnante carrure de baroudeur athlétique, il s'impose frugalement à apporter une vraie dimension humaine dans sa quête de vengeance expéditive laissant augurer dans son cheminement sinistré une potentielle rédemption.

Passé inaperçu et peu valorisé par son titre sommaire lors de sa sortie, Faster est une excellente surprise vouée à distraire son spectateur dans une sincérité inespérée, car renvoyant à certains classiques (ou plaisirs coupables) des années 80 bien connus des amateurs virils (cobra, commando, Double Détente, Le Contrat, Tango et Cash, Punisher et même Terminator). Ultra violent, spectaculaire, parfois tendu et rondement mené sur une BO pop-rock endiablée, ce B movie rend honneur au genre bourrin privilégié par la caractérisation de ses personnages d'une certaine épaisseur psychologique. Tandis que sa réflexion sur la revendication vindicative allouée à une morale repentie délivre favorablement un message pacifiste inscrit sur la tolérance.

                         


05.07.11
Bruno Matéï.

dimanche 3 juillet 2011

NEVER LET ME GO

   

de Mark Romanek. 2010. Angleterre/U.S.A. 1h43. Avec Keira Knightley, Carey Mulligan, Andrew Garfield, Charlotte Rampling, Nathalie Richard, Sally Hawkins, Andrea Riseborough, Charlie Rowe, Ella Purnell.

Sortie en salles en France le 2 Mars 2011.

FILMOGRAPHIE: Mark Romanek est un réalisateur américain principalement connu pour ses clips vidéos. Il a travaillé avec : Red Hot Chili Peppers, Nine Inch Nails, Linkin Park, Michael Jackson, Janet Jackson, No Doubt, Beck, Johnny Cash, Jay-Z, Madonna, R.E.M, Lenny Kravitz.  
1985: Static,
2002: Photo Obsession,
2010: Never let me go,
2011: Locke and Key (télé-film).

Après Photo Obsession, un drame psychologique diaphane sur l'indifférence déguisé en thriller angoissant et dominé par la sobre interprétation de Robin Williams, Mark Romanek adapte avec Never let me go un roman de Kazuo Ishiguro, scénarisé par Alex Garland (28 jours plus tard).
Depuis l’enfance, Kathy, Ruth et Tommy sont les pensionnaires d’une école en apparence idyllique, une institution coupée du monde où seuls comptent leur éducation et leur bien-être. Devenus jeunes adultes, leur vie bascule : ils découvrent un inquiétant secret qui va bouleverser jusqu’à leurs amours, leur amitié, leur perception de tout ce qu’ils ont vécu jusqu’à présent.Adapté d'un roman de Kazuo Ishiguro.









Kathy, Tommy et Ruth ont passé leur enfance à Hailsham, une école anglaise idyllique tenue à l'écart du monde. Alors qu'ils découvrent qu'ils ne sont que des clones dont l'unique existence est basée sur le don d'organes, ils vont être confrontés à l'amour, la jalousie et la trahison...




Adapté d'un roman de Kazuo Ishiguro, scénarisé par Alex Garland (28 jours plus tard) et transcendé par la somptueuse photo de Adam Kimmel

vendredi 1 juillet 2011

J'AURAI TA PEAU (I, the Jury)

                   

de Richard T. Heffron. 1982. U.S.A. 1h55. Avec Geoffrey Lewis, Armand Assante, Barbara Carrera, Laurene Landon, Alan King, Paul Sorvino, Judson Earney Scott, Barry Snider, Julia Barr, Jessica James.
                                                            
Sortie salle en France le 4 mai 1983. Sortie US: le 9 Octobre 1982.

FILMOGRAPHIE: Richard T. Heffron est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain né le 6 Octobre 1930 à Chicago, décédé le 27 août 2007 à Seattle.
1971: Prenez mon nom, ma femme, mon héritage (TV), 1972: Fillmore, Banacek (série TV), 1973: Toma (TV), Outrage (TV), 1974: The Morning After (TV), The Rockford Files (TV), Newman's Law, The California Kid (TV), Locusts (TV), 1975: The Honorable Sam Houston (TV), I will Fight no more Forever (TV), Death Scream (TV), 1976: Trackdown, Les Rescapés du Futur, 1977: Young Joe, the Forgotten Kennedy (TV), 1978: See How She Runs (TV), 1978: True Grit (TV), 1980: Rumeurs de Guerre (TV), Foolin' Around, 1981: A Whale for the Killing (TV), 1982: J'aurai ta peau, 1983: Le Crime dans le sang (TV), 1984: V, la bataille finale (série TV), Anatomy of an Illness (TV), The Mystic Warrior (TV), 1985: Nord et Sud (Série TV), 1986: Samaritain: The Mitch Snyder Story (TV), 1987: Reconnue coupable (TV), Coupable d'Innocence (TV), Napoléon and Joséphine: A love story (série TV), 1988: Broken Angel (TV), Pancho Barnes (TV), 1989: La Révolution Française (seconde partie: Les Années Terribles), 1991: Target (TV), 1995: Une petite ville bien tranquille (TV), 1996: Daniel Steel: un si grand amour (TV), Le Baron série TV).

                           

Hommage subjectif d'un puriste amateur.
Réalisateur prolifique de télé-films et séries TV lucratives, Richard T. Heffron est appelé à adapter en 1982 un célèbre roman de Michael Spillane (I'am the Jury publié en 1947), largement réactualisé sous la plume du grand Larry Cohen. C'est d'ailleurs le notoire créateur des Envahisseurs qui devait à l'origine réaliser ce projet inspiré d'un James Bond pour adultes. Viré après une semaine de tournage par les producteurs, le modeste Richard T. Heffron est alors enrôlé pour mettre en scène l'intégralité de ce polar contemporain, J'aurai ta peau.
Pour les nostalgiques de l'époque, le film fut particulièrement encensé par la célèbre revue Starfix, créé par Christophe Gans et fut notamment estampillé comme le "Choc du mois" lors de sa sortie officielle en salles françaises !

Mike Hammer apprend la mort de son meilleur ami, ancien vétéran du Vietnam retrouvé mystérieusement assassiné dans sa demeure. Épaulé par sa fidèle secrétaire blonde et pulpeuse, son enquête va le mener auprès d'un établissement thérapeutique aux méthodes très particulières, érigé par une charmante directrice, Charlotte Bennett, mais tributaire des agissements sans vergogne de la C.I.A.

                            

Avec J'aurai ta peau, on peut dire que le personnage du célèbre détective privé incarné par Mike Hammer est sacrément dépoussiéré en 1982 sous la houlette d'un réalisateur sans génie particulier.
Pourtant, ce polar parfois brutal conjuguant habilement le sexe et la violence avec une évidente efficacité s'en tire honorablement tant son récit orthodoxe peu innovant mais agréablement mené nous tient en haleine jusqu'au générique de fin.
Ce qui séduit de prime abord dans cette version adulte d'une enquête adulée d'un détective vétuste, c'est cette ambiance sulfureuse qui en émane. Dans un concentré d'érotisme charnel plutôt couillu et d'une certaine violence explicite parfois spectaculaire, J'aurai ta peau réussit sans peine à séduire et captiver son public embarqué dans un univers mafieux impliquant un drôle d'établissement médical aux méthodes thérapeutiques particulièrement lubriques. D'ailleurs, durant certaines scènes polissonnes illustrant avec sensualité le déroulement de la psychothérapie, le film joue harmonieusement avec ce climat sexuel effronté affichant une galerie de donzelles affriolantes s'exhibant langoureusement dans l'atmosphère fiévreuse de décors flamboyants. A ce titre, il y a une superbe séquence érotique révélant intégralement l'anatomie corporelle de la plantureuse comédienne Barbara Carrerra batifolant avec notre héros conquis, réunis communément dans une chambre à coucher incandescente.
A d'autres moments d'une tonalité âpre plus tendue, le polar sulfureux vire carrément au thriller horrifique dans le profil psychotique établi envers un tueur de jeunes femmes aguicheuses. Un psychopathe obsédé par une gente spécifique puisque ses victimes sont acculées de s'accoutrer d'une perruque de couleur rousse à apposer sur la tête, obligées de conjurer verbalement qu'elles idolâtrent leur tortionnaire par les mots laconiques: "je t'aime", juste avant de trépasser sauvagement poignardée !

                          

Armand Assante (frère de Sylvester Stallone) se tire honorablement d'un rôle aussi factuel, célébré en 1958 par l'acteur Darren McGavin pour la première série TV portant le fameux homonyme du détective privé, ou encore dans celle des années 80, idolâtrée par l'illustre Stacy Keach. Facilement à l'aise et charismatique dans sa posture expéditive ou son influence sensiblement lubrique allouée à la luxure pour la gente féminine, il sait utiliser avec vigueur indocile et esprit finaud ses atouts pour appréhender ses rivaux délétères et affabulateurs. La très attrayante Laurene Landon (Maniac Cop) endosse avec une aimable conviction le rôle d'une secrétaire libertaire instinctivement sexy et attendrie pour son amant alors que la sublime Barbara Carrera envoûte et diabolise imparablement l'écran de ses talents perfides d'odieuse conspiratrice.

Rythmé, sexy, violent et nerveux, ce polar hot agréablement mené réussit haut la main à dévergonder une icône du petit écran rendue un peu trop docile dans son conformisme engagé. Et cela même si certains clichés pesants et un final extravagant dans ses péripéties débridées bondissantes sont à deux doigts de sombrer dans le ridicule.
Scandé par une partition musicale adéquate de Bill Conti, J'aurai ta peau saura largement séduire tous les amoureux de polars brut qui n'ont pas froid aux yeux, d'autant plus que l'inventivité des dialogues abondent en dérision sarcastique. 

                         

Note: Pour l'anecdote subsidiaire, c'est Clint Eastwood qui devait à l'origine endosser le rôle de Mike Hammer !

01.07.11
Bruno Matéï.

                                          

mercredi 29 juin 2011

C'est ma vie aprèstout / Whose Life Is It Anyway ?


de John Badham. 1981. U.S.A. 1h55. Avec Richard Dreyfuss, John Cassaveres, Christine Lahti, Bob Balaban, Kenneth Mc Millan, Kaki Hunter, Thomas Carter, Alba Oms, Janet Eilbert, Kathryn Grody. 

Sortie US le 2 Décembre 1981.

FILMOGRAPHIEJohn Badham est un réalisateur et producteur britannique, né le 25 Aout 1939 à Luton en Angleterre. 1976: Bingo, 1977: La Fièvre du Samedi soir, 1979: Dracula, 1981: C'est ma vie après tout, 1983: Tonnerre de feu, Wargames, 1985: Le Prix de l'exploit, 1986: Short Circuit, 1987: Etroite Surveillance, 1990: Comme un oiseau sur la branche. 1991: La Manière Forte. 1992: Nom de code: Nina. 1993: Indiscrétion Assurée. 1994: Drop Zone. 1995: Meurtre en suspens. 1997: Incognito. 1998: Road Movie.

                                   

Réalisateur éclectique notoire, John Badham livre en 1983 son oeuvre la plus bouleversante auprès du thème délicat de l'euthanasie alors que de nos jours il est hélas injustement oublié des cinéphiles aguerris. Or, sous l'impulsion d'un acteur aussi notable que Richard Dreyfuss ne s'apitoyant nullement sur son sort infortuné, C'est ma vie après tout éprouve le spectateur pour suivre le cheminement désespéré d'un patient paraplégique décidé à rompre définitivement avec la solitude de sa condition infirme. Et ce sans émotion programmée afin de nous prendre vulgairement en otage auprès de son thème aussi facilement tire-larme que des cinéastes sans crupules ont trop souvent tendance à cultiver.  Le PitchKen Harrison est un quadra épris de passion pour son métier de sculpteur, farouchement amoureux de son épouse. Un matin, en empruntant la route, il percute incidemment de plein fouet un poids lourd engagé sur la droite d'un carrefour. Transporté d'urgence à l'hôpital, John se retrouve paralysé de tous ses membres, à l'exception de l'usage de sa tête et de ses facultés cognitives.

                                       

Œuvre magistrale d'une fragilité humaine emplie d'humilité, C'est ma vie après tout nous conte avec une acuité implacable le destin galvaudé de ce sculpteur condamné à la paralysie. Si bien qu'après avoir sombré 30 jours dans le coma, Ken prend conscience que sa vie autrefois fougueuse et épanouie est aujourd'hui rompue à jamais. En l'occurrence, après avoir avoué à sa partenaire son désir de rompre leur union maritale, Ken se résigne à mourir de son plein gré. Epaulé du personnel médical, chacun d'eux tentera éperdument de le convaincre à renoncer à l'euthanasie. Ainsi, en conjuguant (intense) émotion, tendresse, humour et intelligence John Badham évoque  les thèmes de l'euthanasie et de la dépression par le biais de cet infirme saint d'esprit toutefois résolu à s'y sacrifier. Mais est-il néanmoins moralement apte à envisager de mourir afin de dissoudre sa souffrance morale ? Le cinéaste dénonçant également l'attitude du corps médical lorsque ces derniers tentent d'apaiser la souffrance morale du malade par le biais de drogues de substitution, quand bien même le système consulaire devra juger s'il faut autoriser ou non la volonté personnelle du malade voué à en finir. Sans l'ombre du pathos donc, en privilégiant une verve exubérante, Richard Dreyfus insuffle une dimension humaine extravertie dans celui du paraplégique obtus féru de blagues salaces auprès du corps infirmier à son chevet. Son parcours du combattant à daigner mourir plutôt que de renouer avec la vie bouleverse durement le spectateur témoin malgré lui de sa désillusion existentielle alors que l'on espère (par voie de rédemption) un chouilla d'espoir pour sa destinée sinistrosée.

                                        

Sublimé de la prestance à la fois fragile et spontanée de Richard Dreyfuss vibrant d'expressivité angoissée et désespérée dans une posture lunaire sciemment antinomique et d'une poignée de seconds rôles très attachants dans leur posture empathique jamais outrée (John Cassavetes, Christine Lahti, Bob Balaban, Kenneth Mc Millan, Kaki Hunter ), C'est ma vie après tout constitue un témoignage bouleversant sur le respect du patient d'accepter son choix personnel de poursuivre ou pas sa condition estropiée. Il y émane un grand moment de cinéma aussi tendre, fringant et douloureux que profondément pessimiste de par la rigueur de son élégie teintée de désillusion. 

Dédicace à Luke Mars.
29 Juin 2011. 3

lundi 27 juin 2011

TRUE GRIT


de Joel et Ethan Cohen. 2010. U.S.A. 1h50. Avec Jeff Bridges, Matt Damon, Josh Brolin, Barry Pepper, Hailee Steinfeld.

Sortie en salles en France le 23 Février 2011.

FILMOGRAPHIE: Joel Coen (né le 29 novembre 1954) et Ethan Coen (né le 21 Septembre 1957) sont deux frères réalisateurs, scénaristes, monteurs, acteurs et producteurs américains.
1984: Sang pour Sang, 1987: Arizona Junior, 1990: Miller's Crossing, 1991: Barton Fink, 1994: Le Grand Saut, 1996: Fargo, 1998: The Big Lebowski, 2000: O'Brother, 2001: The Barber, 2003: Intolérable Cruauté, 2004: Ladykillers, 2006: Paris, je t'aime (tuileries), 2007: No country for old men, Chacun son cinéma (sktech: world cinema), 2008: Burn After Reading, 2009: A Serious Man, 2010: True Grit.

                          

Hommage subjectif d'un puriste amateur.
Réalisateurs prolifiques de génie, un nouveau film concocté par les frères Cohen est toujours un évènement en soi et True Grit ne faillit pas à la règle ! Cette fois-ci, nos inséparables compères touchent-à-tout entreprennent la voie des grands espaces et des cow-boys téméraires légendaires pour imager un authentique western à l'ancienne, exalté et passionné !

En 1870, dans l'Ouest américain, une jeune fille de 14 ans est déterminée à venger la mort de son père, lâchement abattu par un malfrat du nom de Tom Chaney. Elle décide d'engager un ancien marshall, Rooster Gogburn, pour retrouver l'assassin en fuite dans l'état indien. Mais durant leur voyage, un ranger, LaBoeuf, est également de la partie pour retrouver Chaney en guise d'une forte récompense. A eux trois, ils vont entamer un voyage semé d'embûches dans les plaines adjacentes et au détour d'un canyon.

                        

Le plaisir immédiat que l'on éprouve à la vue du nouveau métrage des Cohen vient de sa nature formelle à retranscrire l'authenticité d'un far-west criant de vérité ! Avec la beauté plastique d'une photographie épurée sublimant la plénitude de paysages champêtres et de trognes de cow-boys incroyablement charismatiques, True Grit nous renvoie à une époque sauvage où la justice individuelle était encore tolérée malgré l'évolution du système judiciaire mis en place. En prenant comme personnage principal une jeune fille de 14 ans affiliée à un marshall bedonnant et alcoolique avait de quoi rebuter s'il avait été réalisé par un vulgaire tâcheron. Mais cette aventure trépidante continuellement imprévisible et éludée de grandiloquence réinvente le western dans toute sa splendeur visuelle, son lyrisme exalté et son sens épique allié à la fougue et d'ardeur brutale.
Truffé de répliques cuisantes pleines d'humour et de dérision, ce voyage inopiné entrepris par un trio atypique nous fait partager leurs chevauchées intimes entre prises de risques virulentes et traquenards préjudiciables.
De manière totalement aléatoire, l'épilogue que nous dévoile cette longue épopée pleine de vigueur nous déchire les larmes par un acte héroïque humble et salvateur. ATTENTION SPOILER !!! C'est finalement l'incroyable destin esseulé d'une femme sauvée d'une mort certaine par un héros archaïque que True Grit nous dépeint avec une émotion proprement bouleversée. FIN DU SPOILER. Avec comme conclusion ironiquement spéculative que l'acte vindicatif aura une répercussion acerbe sur celle par qui la mort aura été perpétrée et que le temps irrémédiable nous file injustement entre les doigts.

                         

L'immense Jeff Bridges réalise une fois de plus une performance naturelle criante de vérité dans sa posture robuste d'un marshal vieillissant et alcoolo quelque peu bourru. Mais un briscard chevronné toujours apte à cibler sa proie avec une précision incisive dans ces armes à feu déployées. Matt Damon réussit à faire oublier l'acteur bellâtre auquel il est habituellement coutumier pour nous imposer un personnage conquérant au préalable obtus et inflexible mais finalement humble et loyal pour la reconnaissance qu'il éprouve auprès d'une adolescente motivée par le courage d'une quête de vengeance. C'est l'étonnante révélation du film, Hailee Steinfeld, qui s'attelle à endosser le rôle majeur d'une fillette audacieuse débordante de volonté et d'hardiesse dans son état d'esprit finaud et érudit. Mais les conséquences d'une vengeance tant escomptée, perpétrée de façon expéditive va à jamais changer sa destinée d'adolescente coupable d'un crime équitable du haut de ses 14 ans. Barry Pepper (3 enterrement, la 25è heure, la ligne verte) dans un court rôle presque méconnaissable est sidérant de prestance véreuse dans son physique disgracieux et volerait presque la vedette à l'étonnant Josh Brolin dans celui du gangster immoral prêt à exécuter de sang froid une gamine téméraire mais innocente.

                          

Mis en scène avec maîtrise et magnifiquement interprété par des comédiens à la trogne burinée , True Grit réinvente les codes du western classique avec un ton réaliste et une ambition respectueuse du genre dépoussiéré. Son histoire de prime abord conventionnelle réussit habilement à en détourner les conventions dans une succession d'évènements imprévisibles et d'une poignée de héros attrayants. Et cela avant que le final bouleversant nous dévoile sa véritable nature dans l'étrange destinée d'une femme d'exception, fustigée par l'acte de vengeance et liée à jamais par la gratitude d'une ancienne légende de l'histoire de l'ouest.

27.06.11
Bruno Matéï.