mardi 13 septembre 2011

Opera. Uncut Version (1h47).


de Dario Argento. 1987. Italie. 1h47. Avec Cristina Marsillach, Ian Charleson, Urbano Barberini, Daria Nicolodi, Coralina Cataldi Tassoni, Antonella Vitale, William McNamara, Barbara Cupisti.

Sortie salles France: 8 Octobre 1989. Italie: 19 Décembre 1987

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


Deux ans après l'onirisme limpide du splendide Phenomena, Dario Argento renoue en 1987 avec le Neo Giallo depuis Ténèbres pour l'inventivité des meurtres explicites ainsi que la virtuosité d'expérimentations formellement alambiquées. Echec public et critique lors de sa discrète sortie puisque directement passé par la case Dvd chez nous (en dépit d'une discrète projo salles), l'étrange Opera  s'avère d'une flamboyance esthétique à damner à saint. Surtout après l'avoir redécouvert en format HD grâce à l'éditeur Le Chat qui Fume si bien que nous avons affaire ici à un tout autre métrage de par son format scope et sa version intégrale (en privilégiant selon moi le doublage italien avec l'intervention d'Argento en voix-off à 2 reprises vers le final). Le pitchAvant la représentation de Macbeth de Verdi, une diva est incidemment renversée par une voiture. Betty, jeune cantatrice timorée, est appelée à la remplacer pour endosser son rôle majeur. Mais durant le spectacle, un incident technique a lieu au troisième étage de l'amphithéâtre. Quelques instants après la représentation, un homme retrouvé mort est découvert sur les lieux de l'accident. C'est le début d'une série de meurtres sanglants perpétrés par un mystérieux tueur face au témoignage candide de la jeune Betty prise en otage à observer sans relâche ces crimes sauvages. Ainsi donc, Opéra amorce son spectacle épuré dans la demeure circulaire d'un luxueux amphithéâtre auquel une novice cantatrice y interprète le rôle d'une diva dans Macbeth. La réalisation résolument inspirée d'Argento s'appropriant de l'espace de façon aussi bien fluide qu'acrobatique lors de ses amples mouvements de caméra tributaires du plan séquence vertigineux ! Le concert appuyé d'une voix aigue et scandé de la partition classique de Verdi demeure d'une élégance affinée au moment même où un meurtre liminaire aura lieu, avec en toile de fond un décor baroque crépusculaire où planent de véritables corbeaux !


Par conséquent, Argento prouve avec cet épatant prologue qu'il n'a rien perdu de sa rigueur formelle et de son inventivité pour y gérer un univers flamboyant sous le mode liturgique du crime toléré par un monomane. Et pour ajouter une certaine ambiguïté à l'intrigue détonante, ce dernier exploitera à bon escient le témoignage de corbeaux impliqué dans l'action ainsi qu'une curieuse séquence de rêve fantasmé par l'héroïne lors de ses réminiscences. Et donc, à travers ce songe obscur, diverses tortures y sont perpétrées sur une femme soumise (elle est allongée sur un lit) par un individu masqué. Ces exactions sadiques causées sur elle étant établies du point de vue voyeuriste d'une femme complice et d'une fillette outrageusement prise en otage. Passé ce suspicieux cauchemar torturé, le second meurtre sera commis dans un appartement auquel Betty et un amant de passage y sont confinés. Tout le génie créatif de l'art criminel d'Argento explose à nouveau lors de cette séquence anthologique au cours duquel notre protagoniste est contrainte de contempler un crime face à ces yeux écarquillés. Pour cause, par un ingénieux système délétère, le criminel aura apposé deux rangées d'aiguilles sur du ruban adhésif afin de les plaquer sous chaque oeil exorbité de l'héroïne entravée. De manière à ce que ses paupières ne puissent jamais s'obstruer au risque d'écorcher ses pupilles prises en otage par les aiguilles filiformes. Au passage, le second meurtre asséné au couteau sur le compagnon de Betty est sans doute le passage le plus brutal et sanglant du film. Argento utilisant à nouveau toute sa maestria technique pour impressionner avec une cruauté fertile son abominable homicide occasionné par un tueur machiavéliquement pervers (le couteau acéré pénétrant dans la gorge du témoin pour ressortir ensuite par la cavité buccale au travers de sa dentition !). Spectacle morbide assuré en bonne et due forme donc, qui plus est d'une singularité à toute épreuve ! 


Quelques instants plus tard, un autre crime cinglant aura bien lieu lorsqu'une balle de revolver transpercera l'oeil d'une victime cloîtrée sur l'orifice d'une serrure de porte ! Toutes ses séquences mises en scène avec un art consommé du brio technique demeurant ébouriffantes et jamais gratuites au sein d'une intrigue équivoque peu à peu intelligible. Captivant et déroutant d'après l'ambition expérimentale d'Argento tentant de se renouveler à travers un argument sado-maso de psycho-killer redoutable, Opera nous entraine dans un tourbillon de séquences vertigineuses où la misogynie est à nouveau abordée avec un brin d'originalité pour les étroits rapports du tueur et de la victime. Ainsi, de par sa fulgurance formelle omniprésente (superbe photo opaque à l'appui), Opéra trouble, inquiète, magnétise, dérange, séduit de par sa poésie épurée d'images morbides en constante mutabilité. C'est d'ailleurs sans nul doute l'une des oeuvres les plus maîtrisées du maître d'un point de vue technique sachant qu'il demeure ici en roue libre à exploiter sa caméra de toutes les manières alambiquées possibles et inimaginables. La musique hybride alternant le classique occidental de Verdi et la violence hard-rock renforçant l'aspect déroutant de l'entreprise, à l'instar de son onirisme féérique intervenant subitement lors de l'épilogue et faisant écho au splendide Phenomena (en tenant compte notamment de la beauté ténue de l'actrice soudainement candide passés les éclairs cuisants de sauvagerie !). Et ce de manière crédible, en accord avec le dénouement de l'intrigue criminelle. Enfin, l'idée incongrue de plonger l'univers emphatique de l'opéra au sein d'un psycho-killer franc-tireur converge au spectacle vu nulle part ailleurs. Tant et si bien qu'Opera semble aujourd'hui encore plus percutant et fascinant qu'autrefois de par sa densité émotionnelle aussi diaphane qu'attirante que l'actrice principale (décriée à l'époque) renforce à travers son jeu de fragilité virginale. C'est dire si à l'époque il était en avance sur son temps pour proposer à son public fétichiste un spectacle innovant dénué d'artifices grossiers ou éculés et encore moins de prétention auteurisante (même s'il s'agit bien d'un véritable film d'auteur !). Argento, intègre, motivant et passionné, prouvant une ultime fois son amour pour un cinéma d'horreur créatif, réelle expérience d'une beauté morbide sans égale à vivre en communauté de fans.  


Ouvre les Yeux.
Opera est donc peut-être le dernier grand film du maestro à redécouvrir fissa dans sa version HD immaculée tant il semble renaître sous un jour plus neuf, ouvert et radieux. Pour se faire, nous ne remercierons jamais assez la contribution passionnelle du Chat qui fume.
  
*Eric Binford
09.07.21. 5èx
13.09.11.   


                                         

lundi 12 septembre 2011

ALIEN 3. Version Longue 2h25.


de David Fincher. 1992. U.S.A. 2h25. Avec Sigourney Weaver, Charles S. Dutton, Paul McGann, Brian Glover, Ralph Brown, Daniel Webb, Christopher John Fields, Holt McCallany.

Sortie en salles en France le 26 Aout 1992. U.S.A: 22 Mai 1992.

FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962, à Denver dans le colorado des Etats-Unis.
1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac
2008: l'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network.


Pour une première réalisation d'un nouveau jeune talent, David Fincher entreprend un coup de maître avec Alien 3. Un troisième opus d'une illustre saga immortalisée par la présence virile de Sigourney Weaver et surtout de son antagoniste belliqueux, l'alien venu d'une lointaine galaxie. Ambiance religieuse et angoisse diffuse sont confinées autour d'un pénitencier échoué sur la planète Fiorina 161 ! A la suite du déclenchement d'un incendie survenu dans le vaisseau qui la dirigeait vers la terre, Ripley est éjectée à bord de sa capsule sur la planète Fiorina 161. Echouée au bord d'une plage, celle-ci est sauvée et ramenée par un surveillant tributaire d'un gigantesque pénitencier réunissant une vingtaine de détenus. Dans l'enceinte de la prison, les prisonniers acceptent mal la présence d'une jeune femme qui pourrait leur remémorer des instincts pervers ou meurtriers. Tandis qu'une mort accidentelle d'un des leur camarade vient d'être découvert, Ripley s'inquiète de la potentielle présence d'un nouvel alien.


Au préalable, il y a eu deux chefs-d'oeuvre antinomiques dans la manière d'aborder leur sujet, de par la personnalité de cinéastes aux ambitions divergentes (l'un étant modestement investi par la suggestion de l'angoisse tandis que l'autre valorisera son potentiel dans l'action belliqueuse). Et ce troisième opus ambitieux de surprendre une fois encore à pouvoir se renouveler dans la sobriété d'un suspense savamment mis en place, une psychologie consciencieuse des personnages et une dernière demi heure fertile en péripéties échevelées. Ce qui frappe au premier abord, c'est l'univers ocre, étouffant et rubigineux dépeint avec souci d'authenticité pour retranscrire le plus fidèlement la vie nonchalante de dangereux détenus résidant en communauté dans un pénitencier caverneux (les longs couloirs sont un véritable dédale de doute et subterfuge pour nos protagonistes quand une créature s'y est infiltrée). Le caractère religieux établi par une hiérarchie fondamentaliste afin de mieux reconvertir dans la foi ces condamnés apporte une touche d'originalité particulièrement mystique, voir aussi gothique. Et d'y confronter dans cette terne demeure la venue inhospitalière de Ripley accompagnée de l'inévitable Alien. La cohésion de cette assemblée véreuse va se dissoudre chez nos rebelles apeurés et semer une panique incontrôlée lorsque l'Alien, plus délétère que jamais, décimera un à un ses occupants. Après avoir sympathisé avec le médecin Clemens, Ripley est contrainte de se dégarnir le crane, faute d'une épidémie de poux mais aussi et surtout afin de ne pas réveiller les instincts sexuels des mâles fascinés par sa beauté charnelle. Les rapports insidieux entre cette unique survivante et ses rebelles ne vont pas tarder à ranimer leur libido quand trois d'entre eux vont tenter de la violer. Sauvée par leur leader prêchant machinalement la parole de Dieu, Ripley se réconforte néanmoins auprès de la loyauté de son médecin, non dénué de sentiments amoureux. Mais cet individu également condamné par un passé ambigu s'avère plutôt inquiet de devoir subir l'autopsie d'une fillette retrouvée morte en interne du vaisseau l'USS Sulaco, sous la recommandation de Ripley. Alors que le spectateur s'imagine que l'Alien aurait potentiellement réussi à s'infiltrer dans le corps de ce petit cadavre, la menace palpable est autrement plus perfide et aléatoire quand il s'agit de s'approvisionner d'un nouveau corps létal ramené à l'intérieur de la colonie.


David Fincher accorde dans les 2/3 de son récit âpre et tendu une importance substantielle à la psychologie ombrageuse de ses personnages marginaux. Des violeurs présumés, des meurtriers sans vergogne rattachés à l'éthique des évangiles tandis qu'une héroïne désemparée, trahie par ses supérieurs, envisage de se porter en sacrifice pour sauver l'humanité, faute de son enfantement investi par la créature. En effet, et pour relancer l'intrigue, le réalisateur a la bonne idée de féconder le propre corps contaminé de Ripley. C'est cette densité dramatique, cet enjeu capital pour la survie de l'humanité qui vont permettre de redoubler d'intensité les péripéties coordonnées par notre héroïne plus engagée que jamais. Ce qui permet notablement (et sans outrance spectaculaire) de converger à une dernière partie rigoureuse car trépidante dans les inlassables courses poursuites octroyées aux protagonistes contre l'alien belliqueux réfugié dans les étroits couloirs du pénitencier. Un point d'orgue mémorablement mis en scène, haletant et spectaculaire, auquel l'action efficace est vouée à sa continuité narrative. Une succession de va et vient sont soumis aux protagonistes courageusement engagés dans les souterrains afin de tenter de sceller les sas de portes et d'évacuer la créature vers une fonderie de plomb. Pour parachever ces affrontements dantesques, son épilogue particulièrement poignant offre un intimiste moment d'émotion dans la tache ardente de notre héroïne acculée à se suicider par la faute de ses supérieurs véreux, désireux de capturer une espèce extra-terrestre pour concevoir une arme biologique révolutionnaire.


Le jour de la pénitence.
La force psychologique de l'intrigue dédiée à l'humanité aigrie de ses personnages en quête de rédemption et son esthétisme gothique sont des éléments capitaux pour Fincher de se réapproprier de l'icône du bestiaire fantastique au pouvoir de fascination hypnotique. La cohérence de son scénario alloué au suspense lattent et la maîtrise de sa mise en scène confinant à sublimer cette grandiose épopée d'un souffle épique désenchanté. Tandis que Sigourney Weaver, endossée d'une figure christique, telle la Jeanne d'Arc des temps futuristes, n'aura jamais été aussi empathique et valeureuse dans sa requête salvatrice du devenir de l'humanité.

12.09.1. 3
Bruno Matéï

Les critiques des autres opus:
Alien, le Huitième Passager: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/04/alien-le-huitieme-passager.html
Aliens, le retour: http://brunomatei.blogspot.fr/…/aliens-le-retour-aliens.html
Alien, la Résurrection: http://brunomatei.blogspot.com/2011/08/alien-la-resurrection.html
NOTE (INFO WILKIPEDIA). Cet épisode contient également le mystère (ou incohérence ?) de la saga Alien : la provenance de l'œuf au début du film. Un sujet qui passionne les fans. Certains disent que c'est la Reine qui l'a pondu à la fin d' Aliens, le Retour mais comment celle-ci peut-elle pondre sans son abdomen pondeur ? D'autres disent que c'est Bishop qui l'aurait embarqué et caché dans le Sulaco pendant l'absence de Ripley (partie sauver Newt). N'oublions pas que la mission de base de Bishop était de ramener un spécimen, Bishop est un androïde et il est conçu pour ça. Certaines scènes du précédent volet le montrent clairement. De même dans ce 3e épisode où il éconduit du mieux qu'il peut les questions de Ripley en lui faisant croire qu'il a mal (depuis quand un androïde a mal ?). N'oublions surtout pas que l'on entend un œuf s'ouvrir tout à la fin du générique d'Aliens, le Retour... ce qui indiquerait que James Cameron avait laissé un indice pour cette suite.

LA VERSION ALTERNATIVE et ses différences avec le MONTAGE CINEMA.
La version alternative de 2003 disponible sur l'édition spéciale en DVD et BLU-RAY diffère sur de nombreux points par rapport à la version sortie en 1992. Par exemple, dans la version cinéma, le xénomorphe sort d'un chien alors que dans l'édition spéciale, il sort d'un boeuf mort. On voit brièvement le Superfacehugger, une version évoluée de la créature qui pond des œufs dans leur victime (ici un boeuf). On y voit l'apparition complète du background des prisonniers, les fameux chromosomes double Y. On apprend entre autres que la prison est fermée depuis plusieurs années, mais qu'ayant trouvé un équilibre dans le travail minier, ceux-ci ont été autorisés par la « Compagnie » à continuer leurs occupations ici. On en apprend ainsi beaucoup plus sur l'histoire du docteur Clemens. La fin, elle aussi, est différente. Si dans l'édition de 1992, on voit la reine Alien sortir du corps de Ripley quand celle-ci se suicide, il n'en est rien dans l'édition alternative.
A noter, qu'il n'y a pour l'heure aucune version "director's cut". En effet, David Fincher étant brouillé avec les producteurs qui ont remonté son film sans son accord, n'a toujours pas voulu y retoucher...

                                         

vendredi 9 septembre 2011

THE HOLE (After The Hole). Prix "Spécial police" à Cognac 2001.


de Nick Hamm. 2001. Angleterre. 1h42. Avec Thora Birch, Keira Knightley, Desmond Harrington, Laurence Fox, Daniel Brocklebank.

Prix "Spécial police" au festival du film policier à Cognac en 2011

Sortie en salles en France le 20 Juin 2001. Angleterre: 20 Avril 2001.

FILMOGRAPHIE: Nick Hamm est un réalisateur et producteur né en 1957 à Belfast, en Irlande du Nord.1989: The Bottom Line (doc).1990: The Bill (série TV, 2 épisodes). 1991: The harmfulness of Tobacco. Out of the Blue (télé-film). 1992: Soldier Soldier (série TV, 3 épisodes). 1993: Micky Love (télé-film). Briefest Encounter (télé-film). Dancing Queen (télé-film). 1998: Martha, Frank, Daniel et Lawrence. Talk of Angels. 2001: The Hole2004: Godsend, expérience interdite. 2011: Killing Bono


Réalisateur british peu connu en France, hormis son grotesque Godsend sorti en 2004, Nick Hamm avait réalisé 3 ans au préalable un thriller choc sortant des sentiers battus, malgré son affiche branchée. D'après le roman After the Hole de Guy Burt paru en 1993, The Hole constitue un cauchemar opaque et glaçant auquel la dextérité d'un scénario tortueux nous entraîne dans le dédale d'une idylle impitoyable. Deux couples d'amis, étudiants dans une université anglaise, décident de flâner trois jours à l'intérieur d'un bunker désaffecté. Un prétexte pour Liz, éperdument amoureuse de Mickael, de se retrouver en intimité dans ce lieu clos barricadé. En effet, nos quatre étudiants vont se retrouver enfermés durant 18 jours alors que cette dernière, seule survivante d'une hécatombe, va réussir à s'échapper du blockhaus. Une psychologue va tenter de découvrir l'horrible vérité par l'entremise de cette rescapée traumatisée.


Récompensé à Cognac la même année que sa sortie officielle, The Hole mérite amplement cette louange tant il retranscrit avec intelligence et réalisme sordide un suspense finaud beaucoup plus subtil qu'il n'y parait. En prenant comme point de départ une banale réunion festive de quatre lycéens décidés à s'enfermer trois jours durant dans un bunker, l'intrigue épouse le point de vue de l'unique survivante pour ses confidences auprès d'une psychologue. Dès le départ, nous sommes sur le qui-vive, dubitatif, perplexe de la version des faits rapportés par une jeune fille préalablement amoureuse d'un coureur de jupon frigide. Durant la première partie, nous ne savons même pas s'il y aurait un potentiel autre survivant, de manière à mieux semer la confusion et le doute sur le cheminement de l'intrigue. Ce n'est qu'un peu plus tard quand la police dépêchée sur les lieux laisse sous entendre que Liz aurait été l'unique rescapée d'un charnier improbable. Reste donc à savoir de quelle manière sont décédés ces amis, quel en était le mobile et surtout le tueur présumé ! C'est ce que Liz va finalement décider d'avouer à Philippa Horwood en reconstituant de manière chronologique la trajectoire de leurs vicissitudes durant ses 18 jours de cauchemar.


L'atmosphère étouffante émanant de ce lieu clos ténébreux réussit facilement à incommoder le spectateur observant méticuleusement ses protagonistes piégés en interne du bunker. D'autant plus que la construction narrative, davantage pernicieuse et incertaine dans les faits rapportés par Liz, souhaite mieux nous immerger dans un perfide jeu de massacre sur fond d'amour déchu. Ainsi donc, l'efficacité du récit nous piège dans le refuge caverneux d'un huis clos particulièrement glauque et éprouvant si bien qu'au fil des jours escomptés, la destinée chétive de nos protagonistes s'avère de plus en plus abrupt et implacable. La soif, la faim, l'insalubrité, l'hygiène et la fatigue vont petit à petit les étreindre vers une irréversible agonie. La caractérisation de nos personnages, tous remarquables de conviction à travers leur personnalité bien définie, doit beaucoup à la force émotionnelle qui en émane. Chaque profil psychologique de prime abord jovial se retrouve facilement accablé par la dégénérescence physique, la peur de trépasser et le désir désespéré d'escompter désespérément une issue de secours. Cette humanité moribonde et révoltée éprouve et dérange le spectateur alors que le cheminement de l'énigme va peu à peu dévoiler son horrible vérité. A moins que tout ceci n'était que l'immense leurre d'un esprit machiavélique ! Spoiler ! A ce titre, je ne manquerais pas de souligner l'incroyable prestance de Thora Birch (American Beauty), terrifiante de machiavélisme pour les exactions accidentelles décrites, sans oublier la facture sournoise du fameux dénouement. Fin du Spoiler.


Rythmé d'un ombrageux score monocorde, formidablement endossé par des comédiens d'une saillante densité psychologique (en passant, Keira Knightley - Domino, Pirates des Caraîbes - n'a jamais été aussi sexy et effrontée que dans ce rôle d'aguicheuse provocante), The Hole est un thriller d'une remarquable intensité à travers un suspense imbibé de cynisme. L'atmosphère glauque et suffocante qui en découle et l'incroyable cruauté assénée aux victimes nous acheminant vers une cinglante conclusion particulièrement incongrue. 

A (re)découvrir d'urgence !

09.09.11.   2
Bruno Matéï

jeudi 8 septembre 2011

ATTACK THE BLOCK


de Joe Cornish. 2011. Angleterre. 1H28. Avec Nick Frost, Jodie Whittaker, Luke Treadaway, Joey Ansah, John Boyega, Flaminia Cinque, Chris Wilson, Terry Notary, Paige Meade, Adam Leese, Lee Long.
Sortie en salles en France le 20 Juillet 2011

FILMOGRAPHIE: Joseph Murray "Joe" Cornish est un humouriste, présentateur télé et radio, réalisateur, scénariste et acteur anglais, né le 20 Décembre 1968. Il forme avec son ami de longue dâte le duo impayable Adam et Joe.
2011: Attack the Block.


Co-scénariste de la nouvelle réalisation de Spielberg, Les Aventures de Tintin, le secret de la Licorne, le prolifique et touche à tout Joe Cornish entame pour son premier métrage un divertissement survitaminé dans la lignée du club des cinq version banlieusarde. Un alliage détonnant de science-fiction, d'action et d'horreur en compagnie d'une bande de lascards brittish retranchés dans leur immeuble pour se protéger contre une invasion d'aliens belliqueux. Dans une banlieue de Londres, une jeune femme à pied rentre dans son quartier lorsqu'une bande de délinquants juvéniles décident de la racketter. Au même moment, une boule de feu venue du ciel s'écrase sur le toit d'une voiture pour libérer une créature extra-terrestre. La jeune femme apeurée profite de cet évènement soudain pour prendre la fuite. Le leader du groupe s'approche à son tour de la présence hostile enfouie dans le véhicule quand elle décide de l'attaquer. Il réussit à la poignarder mais la chose mortellement blessée se dirige en direction de leur immeuble. La bande décide alors de le prendre en chasse tandis qu'une véritable invasion extra-terrestre est sur le point d'envahir Londres.

Alors que vient de sortir récemment sur les écrans Super 8, l'Angleterre nous refourgue une version indocile et belliqueuse imparti au portrait de délinquants cloîtrés dans leur HLM pour se protéger contre une armée d'aliens enragés. Le prologue inquiétant débute tel un vigilante movie réaliste et surprend par son austérité lors de cette violente altercation nocturne entre un groupe de jeunes rackettant une jeune femme démunie (on imaginerait presque un instant sortir de l'ombre un clone de Charles Bronson venir rendre justice). La gravité de la situation élude le moindre écart humoristique et on se demande même si la victime ne vas pas trépasser quand le leader décide de la menacer avec l'aide d'un poignard. Mais un revirement inopiné va complètement chambouler ce cliché pour fugacement nous entraîner dans une cuisante chasse au monstre. La maîtrise de la réalisation épaulée d'un montage dynamique nous permet de nous immerger dans une course poursuite horrifique aussi déroutante et débridée que vigoureuse et captivante. De prime abord, nous pouvons êtres déconcertés par la caractérisation des adolescents antipathiques suite à l'agression commise contre une innocente quidam. Mais au fur et à mesure du danger davantage délétère de cette menace extra-terrestre, les personnages héroïques et fougueux réussissent finalement à emporter l'adhésion dans leur courage et leur hargne à sauvegarder leur vie et celle de leur victime antérieure. Sachant ainsi que l'héroïne violentée du début du film réside dans le même immeuble que ces assaillants. Ils vont donc s'imputer une cohésion mutuelle sachant que celle-ci est une infirmière novice apte à soigner leurs blessures. Au fur et à mesure du récit rondement mené par des actions virevoltantes et d'une omniprésente bande son Rap, ces jeunes désoeuvrés livrés à leur propre loi vont peu à peu s'humaniser. En particulier le leader surnommé Moïse, davantage reconnaissant de l'aide fraternelle de la jeune femme jusqu'à ce qu'il envisage de lui rendre une bague en argent qu'il eut préalablement dérobé.


Le réalisateur en profite d'ailleurs un court instant en filigrane sociale, entre deux scènes d'action échevelées, le malaise de cette génération rebelle systématiquement appréhendée par les forces de l'ordre pour un motif injustifié. Quand bien même Moise suggère à ses camarades sur un ton ironique tacite qu'après le fléau de la drogue et de la prolifération des armes à feu, les flicards auront décidé d'envoyer des extra-terrestres pour mieux les entretuer et ainsi enrayer plus furtivement les immigrés des bas quartiers londoniens. Même si le scénario ne brille pas pour son originalité et se révèle sans surprise, ce huis-clos est suffisamment habile et calibré pour rendre l'aventure épique et jouissive. D'autant plus que certaines séquences chocs se laissent parfois guider par une violence graphique déployant quelques effusions de gore, tandis que l'apparence opaque des monstres aux poils, contrastant avec le vert fluo de leur mâchoire acérées impriment une physionomie délirante (sortes de Critters en plus agressifs et pernicieux). Autant dire que sous ses apparences de production familiale estampillée Amblin EntertainmentAttack The Block ne cible pas tous les publics, particulièrement  les - de 12 ans !


LA HORDE + LE GANG DES BMX + CRITTERS = ATTACK THE BLOCK !Scandé d'une bande son hip hop tonitruante et nerveusement emballé dans un montage virtuose, Attack the Block est un divertissement aussi inattendu qu'insolent pour son portrait subversif émis à une poignée de lascards au courage inflexible. Même s'il peut dérouter au premier abord, de par le caractère rigide de ses interprètes précités, la succession de péripéties diablement frénétiques, l'efficacité des enjeux encourus sous le moule du survival ludique emportent facilement l'adhésion.

08.09.11
Bruno Dussart

mercredi 7 septembre 2011

MES MEILLEURES AMIES (Bridesmaids)


de Paul Feig. 2011. U.S.A. 2h05. Avec Kristen Wiig, Maya Rudolph, Rose Byrne, Melissa McCarthy, Ellie Kemper, Wendi McLendon-Covey, Chris O'Dowd, Jon Hamm, Michael Hitchcock, Kali Hawk.

Sortie en salles en France le 10 Aout 2011. U.S: 13 Mai 2011

FILMOGRAPHIE: Paul Feig est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain né le 17 Septembre 1962 à Royal Oak, Michigan. 
1997: Life Sold Separately
2001: Les Années campus (série TV)
2003: I am David
2011: Mes Meilleures amies demoiselles d'honneur
Bridget Jones 3


Une célibataire endurcie cumule les rencontres d'un soir en attendant l'éventuel coup de foudre qui pourrait un jour frapper son destin. Alors que sa meilleur amie est sur le point de se marier, Annie est sélectionnée pour être la demoiselle d'honneur. Avec l'aide de ses amies, celles-ci confectionnent les préparatifs d'une soirée idyllique exceptionnelle.

Ne vous fiez pas au titre hexagonal et à l'affiche édulcorée aux teintes rose bonbon, Mes Meilleures Amies est une comédie caustique complètement débridée et franchement décalée. Sous prétexte d'une trame balisée archi rebattue (les préparatifs d'un mariage nanti), ce divertissement politiquement incorrect est un prétexte à étaler à intervalle régulier une succession de situations toutes plus acerbes les unes que les autres. Comme ce remue méninge dans une boutique luxueuse par nos donzelles venues essayer diverses robes de mariée. En effet, après avoir préalablement déjeuné dans un restaurant brésilien, nos charmantes comparses vont être prise de nausée subite pour se diriger incessamment vers les wc alors que l'une d'elle, incapable de se retenir, va devoir déféquer dans l'évier ! Il y a aussi cette scène de panique à bord d'un avion causée par une Annie terrifiée à l'idée de voir l'avion s'écraser. Sa rivale jalousée va donc lui administrer en guise de calmant un cocktail frelaté à base de somnifères et de whisky fugacement ingurgité ! Annie, totalement enivrée et dévergondée va se livrer à un numéro démesuré pour semer une véritable zizanie à l'intérieur de l'avion ! Des séquences délirantes de cet acabit, cette comédie inhabituelle en regorge d'autres tout aussi impromptues et irrésistibles.


Avec le charme gracile et la drôlerie incisive de la pétillante actrice Kristen Wiig (également co-scénariste du film), cette folle équipée de trentenaires féministes pleines d'aisance et d'aplomb nous emportent dans un festival de gags inopinés et subversifs. La verve des dialogues parfois crus (voirs vulgaires diront les âmes prudes) et l'absurdité de leur vicissitude nous déconcertent par leur franchise désinhibée. Comme cette séquence hilarante où Annie exerçant sa profession d'une vendeuse (défaitiste)  dans une boutique de diamants va volontairement provoquer une blondinette de 15 ans dans une succession de réparties verbales aussi cinglantes que véhémentes. Ou encore l'accueil improvisé du jeune couple d'asiatiques sur le point de se marier, venu chercher une bague de fiançailles mais littéralement démoralisé par les conseils pessimistes d'Annie philosophant sur la confiance et la fidélité du couple.
Il est par contre dommageable que le final s'égare dans les ficelles mielleuses du genre pour malencontreusement aseptiser son esprit désinvolte, (Annie trouvera finalement l'homme de sa vie et sa meilleure amie aura le plus beau des mariages) avant qu'une dernière note hilarante ne vienne nous réconcilier avec le ton effronté de l'aventure échevelée.


Souvent drôle, trash, décomplexé, voir parfois hilarant, Mes Meilleures Amies est une excellente comédie sortant des sentiers battus. Dominé par la fraîcheur et la spontanéité d'un duo d'actrices déchaînées, cette farce débridée trouve son originalité dans l'audace insolente des gags incongrus (où  parfois la grossièreté n'épargne pas la scatologie). Paul Feig illustre également avec réalisme aigri un portrait incisif sur l'émancipation de la femme évoluant dans une société en perte de repère. Le profil établi envers la caractérisation irrésistible de son héroïne démontre également à quel point la solitude inflexible du célibat et la quête identitaire peut profondément éprouver l'être esseulé. Alors que l'amitié solidaire reste l'une des valeurs essentielles quand l'amour conjugal reste encore une denrée rare. Hormis un final paradoxalement orthodoxe et conformiste dans sa romance édulcorée, Mes Meilleures Amies détonne et surprend par sa vigueur sarcastique.
Ames prudes, s'abstenir !

A Jill Clayburgh, décédée en Novembre 2010.



07.09.11
Bruno Matéï

mardi 6 septembre 2011

LA CORDE RAIDE (Tightrope)


de Richard Tuggle. 1984. U.S.A. 1h54. Avec Clint Eastwood, Geneviève Bujold, Dan Hedaya, Alison Eastwood, Jennifer Beck, Marco St. John, Rebecca Perle, Regina Richardson, Wes Block.

Sortie en salles en France le 16 Janvier 1985. U.S: 17 Octobre 1984

FILMOGRAPHIE: Richard Tuggle est un réalisateur et scénariste américain.
1984: La Corde Raide. 1986: Out of Bounds


Première réalisation de Richard Tuggle, scénariste de l'Evadé d'Alcatraz (1979),la Corde Raide est un thriller plutôt audacieux dans sa description glauque et sordide du milieu nocturne des peep-shows et boites échangistes de la Nouvelle Orléans. Paradoxalement, à l'époque de sa sortie, une fausse rumeur persistait à ce que Clint Eastwood eut supervisé la réalisation du film. Afin d'authentifier la relation paternelle d'Amanda avec son père (endossé par l'inspecteur Block/Clint Eastwood), le réalisateur fit appel à la propre fille de l'acteur, Alison Eastwood afin de mieux souligner leur rapport affectif suite à un divorce conjugal. Un maniaque sexuel commet une série de crimes par strangulation dans les bas-fonds de la Nouvelle Orléans. L'inspecteur Block, profondément affecté par le récent divorce de sa femme enquête dans le milieu de la prostitution à la recherche du moindre indice. Mais le tueur semble vouloir l'incriminer en dissimulant des preuves que Block a laissé sur certaines de ses clientes après avoir eu une brève relation sexuelle. 


En 1984, le néophyte Richard Tuggle nous façonne un thriller particulièrement trouble et austère dans sa description vénéneuse de l'univers de la prostitution et de ces dérives SM. Sans jamais céder à une quelconque complaisance putassière, l'ambiance crépusculaire de la Corde Raide entraîne le spectateur vers une vertigineuse descente aux enfers aussi trouble que malsaine. C'est de prime abord le portrait établi envers l'inspecteur Block qui permet de transgresser les conventions du traditionnel flic conformiste. En effet, celui-ci éprouve un besoin équivoque de coucher avec ses partenaires indociles après leur interrogatoire. Des prostituées tributaires d'une déviance sexuelle alors qu'un mystérieux maniaque, préalablement fonctionnaire de police, sévit pour assouvir ses pulsions mais aussi incriminer cet éminent inspecteur. Eprouvé par son récent divorce conjugal, Wes Block réside indépendamment dans sa demeure parmi ses deux enfants et ses animaux de compagnie. La relation attendrie avec sa fille aînée donne lieu à plusieurs séquences touchantes d'une étonnante justesse pour l'empathie échangée entre l'adolescente et son père. Mais sévèrement dépité de son échec sentimental, Block craint une potentielle nouvelle liaison amoureuse avec cette militante féministe. L'état torturé de ce dernier va monter d'un cran lorsqu'une nuit de fantasme il s'imagine étrangler sa nouvelle compagne !


Ce scénario aussi pervers que couillu de la part d'une prod d'Hollywood nous ébranle avec un raffinement inscrit dans la suggestion. On peut d'ailleurs par moment songer à Cruising de Friedkin, voir aussi Basic Instinct pour le portrait immoral imparti au héros attiré par le Mal alors que son ambiance de thriller noir flirte parfois avec l'horreur crapuleuse (la femme de ménage découverte dans la machine à laver, la condition soumise de la fille aînée de Block). Le point d'orgue cinglant va d'ailleurs monter d'un cran l'intensité d'un enjeu alarmiste quant au sort réservé à la compagne de Block. Un final haletant et violent ne lésinant pas sur les confrontations musclées ! Le vétéran Clint Eastwood endosse avec habile ambiguïté le personnage interlope du flic en proie à ses démons intérieurs du fait de sa douloureuse séparation maritale. Un être faillible, parano et névrosé, car tourmenté par la persuasion d'un tueur perfide fermement délibéré à l'influencer au Mal. Alison Eastwood campe avec naturel une ado autonome prémunissant quotidiennement la garde de sa petite soeur tout en se réservant une tendresse poignante auprès de son paternel souvent absent du foyer domestique.


Baignant dans une superbe photographie transcendant l'environnement nocturne dans lequel nos protagonistes évoluent et réalisé avec une sobre maîtrise réfutant l'action redondante, La Corde Raide constitue un fascinant voyage urbain jusqu'au tréfonds de la nuit. Un film noir impeccablement structuré, de par l'efficacité de son suspense ciselé et surtout l'étude des caractères entretenue entre le maniaque impassible et le flic faillible en doute avec sa propre identité ! En conclusion, un des thrillers les plus pervers et audacieux des années 80.

06.09.11.    3
BM

lundi 5 septembre 2011

VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ? (Fright Night). Prix Dario Argento à Avoriaz 1986.


de Tom Holland. 1985. U.S.A. 1h42. Avec Chris Sarandon, William Ragsdale, Amanda Bearse, Roddy Mc Dowall, Stephen Geoffreys, Jonathan Stark, Dorothy Fielding, Art Evans, Stewart Stern, Irina Irvine.

Récompense: Prix Dario Argento au festival du film fantastique d'Avoriaz, 1986.

Sortie en salles en France le 29 Janvier 1986. U.S: 2 Aout 1985

FILMOGRAPHIE: Tom Holland est un réalisateur et scénariste américain né le 11 Juillet 1943.
1985: Vampire, vous avez dit vampire. 1987: Beauté Fatale. 1988: Jeu d'Enfant. 1989: l'Enfant génial (The Wizard). 1993: Meurtre par intérim. 1996: La Peau sur les Os.


Première réalisation de Tom Holland, Vampire, vous avez dit Vampire s'est taillé un joli succès public et critique lors de sa sortie en 1985. Avec un budget de 9,5 millions de dollars et l'innovation d'effets-spéciaux (sous l'édifice de la Boss Film Corporation de Richard Edlund), le film en récolta 25 pour devenir rapidement un classique de la comédie fantastique. Le pitch: L'adolescent Charley Brewster s'aperçoit un soir que ses nouveaux voisins sont des vampires ! Après avoir averti en vain les autorités, il part rencontrer avec deux de ses amis le présentateur d'un show TV sur le vampirisme pour tenter de déjouer ces imposteurs. Au milieu des années 80, une nouvelle mode commence à affluer dans le paysage horrifique pour tenter de redorer un sang neuf au genre. Allier l'horreur et la comédie sans toutefois vulgairement s'en railler, tout du moins chez les réussites les plus probantes (Ré-animator, Street Trash, From BeyondBad TasteElmerEvil-Dead 2). Vampire, vous avez dit Vampire  fait donc également parti de ses réussites de par sa synergie humour/frisson, et ce à travers un pitch loufoque qu'entraîne la tendre complicité de personnages solidaires. L'idée de départ du jeune ado, fermement convaincu que son nouveau voisin est un véritable vampire, demeure fort savoureuse dans sa tentative désespérée de convaincre ses proches qu'un suceur de sang s'est infiltré dans sa banlieue tranquille.


Si bien que durant la nuit, ce vampire prénommé Jerry Dandridge va provoquer la curiosité de son jeune voisin pour le menacer de ne pas divulguer son identité aux citadins. La complicité attachante des jeunes comédiens au tempérament fougueux contribue grandement au charme de cette série B iconisée par un invité de marque, Peter Vincent ! Ce sexagénaire sur le déclin demeurant un présentateur télé sclérosé, faute d'une émission vantant les classiques du cinéma d'épouvante, et en particulier les suceurs de sang. Ainsi, avec son aide, Charley va tenter de le convaincre que ses voisins de palier sont d'authentiques goules de l'enfer. Mais fiction et réalité sont deux univers antinomiques et Peter Vincent lui rappellera que les suceurs de sang n'existent que dans la chimère des salles obscures et du folklore populaire. Spoiler ! Mais après avoir négocié une transaction dérisoire avec notre chasseur de vampire, nos héros s'invitent donc dans la demeure de Jerry Dandridge. Après quoi, ils lui solliciteront d'ingérer une eau bénite afin de savoir s'il est doué d'immortalité. Les réparties sarcastiques du dandy ténébreux adressées à ces hôtes s'avèrent irrésistibles de cocasserie, quand bien même Peter Vincent se rend finalement à l'évidence que Charley n'était en rien un affabulateur. Là encore, la truculence accordée à cette icône télévisuelle provoque le rire puisqu'il s'avère terrifié à l'idée d'être confronté à de véritables créatures assoiffées de sang ! Fin du Spoil.


Truffé de péripéties et de rebondissements, la seconde partie laisse place à une succession d'actions fertiles chez les stratégies de Charley et Peter tentant de décimer leurs rivaux confinés dans leur demeure gothique. Alors que l'originalité des effets-spéciaux va grandement participer à l'attrait homérique de l'entreprise (la décomposition de Ed en loup mortellement blessé pour revenir ensuite à une apparence humaine moribonde est saisissante, voire également empathique face au regard médusé de Peter !). Niveau cast, Chris Sarandon endosse avec un charisme séducteur infaillible le meilleur rôle de sa carrière tant sa posture hautaine et son arrogance subtilement railleuse s'avèrent jubilatoires. Rody Mc Dowall lui partage la vedette avec une tendre naïveté de par sa fonction de chasseur de vampires tour à tour pleutre et fourbe mais finalement d'une audace valeureuse auprès de son initiation héroïque. Quand à la séduisante Amanda Bearse, elle dégage une réelle charnalité lorsqu'elle se retrouve possédée par l'esprit du prince des ténèbres, à l'instar de sa danse torride échangée avec lui en boite de nuit. Epaulé d'un compagnon lunatique, William Ragsdale adopte la posture de l'ado amoureusement dévoué derrière le profil d'un investigateur pugnace lorsqu'il s'éprend de convaincre son entourage de l'existence des suceurs de sang. Enfin, son compagnon de route est campé par Stephen Geoffreys, tête à claque gouailleur lors de ses mesquineries de benêt à la fois irritant et effronté.


Scandé du score envoûtant de Brad Fiedel collant à merveille aux images, Vampire, vous avez dit Vampire trouve le juste équilibre entre la truculence d'une situation saugrenue (mon voisin est un vampire !) et l'horreur d'affrontements surnaturels impressionnants. Car en y confrontant l'épouvante du vampire gothique dans un contexte moderne où le personnage archaïque de Peter Vincent y côtoie la génération pubère, ce pur divertissement étonnamment fringant ne cesse d'amuser et séduire en respectant en bonne et due forme le genre. La qualité des FX artisanaux, l'originalité du pitch, son action toujours plus effrénée et surtout l'incroyable alchimie des comédiens infiniment attachants ont tout naturellement élever ce classique des eighties à la jeunesse éternelle. 

*Bruno
10/07/20
05.09.11.


                                         

samedi 3 septembre 2011

HYPNOSE (Stir of Echoes). Grand Prix au Festival de Gérardmer en 2000.

                         
de David Koepp. 1999. U.S.A. 1h40. Avec Kevin Bacon, Kathryn Erbe, Ileana Douglas, Liza Weil, Kevin Dunn, Conor O'Farrell, Jennifer Morrison, Zachary Davod Cope, Lusia Strus.

GRAND PRIX AU FESTIVAL DU FILM FANTASTIQUE DE GERARDMER EN 2000

Sortie en salles en France le 3 Mai 2000. U.S: 10 Septembre 1999.

FILMOGRAPHIE: David Koepp est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 9 Juin 1963 Pewaukee (Wisconsin, Etats-Unis). 1994: Suspicious (court-métrage). 1996: Réactions en Chaine. 1999: Hypnose. 2003: Suspense (télé-film). 2004: Fenêtre Secrète. 2008: Ghost Town. 2012: Premium Rush.

                                       

Sorti à la même période que le 6è Sens, ghost story à l'ancienne concoctée par M. Night Shyamalan, Hypnose fut malencontreusement occulté à tort, faute de son sujet similaire (un enfant communiquant avec les morts épaulé d'un adulte rationnel tentant de découvrir une vérité éclipsée) et du prodigieux succès planétaire porté sur les épaules du novice Haley Joel Osment mais aussi de Bruce Willis. Inspiré d'une nouvelle du célèbre écrivain Richard Matheson, il serait temps aujourd'hui de reconsidérer l'oeuvre digne de David Koepp, couronnée à juste titre du Grand Prix du Festival de Gérardmer en 2000. Tom Witzky mène une existence paisible à Chicago en compagnie de sa femme et son enfant. Au cours d'une soirée festive, il s'essaie sans conviction à tenter une séance d'hypnose improvisée par une amie railleuse. Depuis cette expérience, il est sujet à d'intenses visions hallucinatoires particulièrement imbitables et dérangeantes. Peu à peu, Tom va découvrir la vérité sur une affaire de disparition d'adolescente par l'entremise de ses visions fantomatiques. Hypnose est le genre de film que l'on redécouvre quelques années plus tard dans un état d'esprit distinct après l'avoir malencontreusement comparé au Sixième Sens. En l'occurence, nous sommes indéniablement frappés par la maîtrise de la mise en scène entamant d'entrée de jeu son canevas horrifique de par une séance d'hypnose hermétique. Une épreuve psychologique sensorielle portée au témoin incrédule, Tom Witzky, subissant un florilège d'images insolites consciencieusement structurées à travers une mise en forme baroque et inquiétante.

                                             

Cette séquence percutante et concise frappe par son aura insolite, son caractère palpable et surtout elle rend l'expérience d'autant plus persuasive qu'elle est remarquablement exacerbée par l'interprétation habitée de Kevin Bacon. Un rôle à la mesure de son talent endossant avec une belle vigueur un père de famille sans histoires, équilibré et amoureux de sa dulcinée mais bientôt intrigué par le comportement de son bambin communiquant discrètement avec un personnage invisible et surtout de son expérience d'hypnose altérant sa propre réalité avec l'intrusion cinglante d'images d'avertissement. Le travail fourni sur la bande-son occupe également une place considérable afin de provoquer un sentiment d'anxiété chez le spectateur intrigué, mais c'est surtout le suspense remarquablement ciselé autour d'une histoire d'enlèvement d'adolescente qui rend Hypnose continuellement passionnant. La subtilité suggestive allouée au scénario remarquablement construit permet au spectateur de s'impliquer de manière attentive dans cette ghost story offusquant une famille au bord de la déliquescence. L'étude psychologique des personnages en prise avec leur conflit conjugal crédibilise naturellement leur rapport orageux auprès de situations jamais bêtifiantes ou conventionnelles. Une relation aussi communément compassionnelle même si la lente progression dans le folie du père de famille rendu inflexible et intransigeant ne fera qu'amplifier se sentiment de marasme incontrôlé.

                                            

Quand à sa conclusion à tiroirs, Hypnose se permet après son point d'orgue frénétique une dernière note émouvante dans sa poésie cathartique, suivie l'instant d'après d'un inquiétant moment ombrageux octroyé à l'enfant installé à l'arrière d'un véhicule mené par ses parents en route vers une contrée indéterminée. Un garçonnet victimisé par l'emprise des morts et donc irrité par l'écho machinal de murmures spirituels invoqués de façon insolente. Outre l'interprétation solide de Kevin Bacon, parfait de sobriété à travers son personnage assidu de paternel obsédé à l'idée de découvrir l'ultime vérité, on est aussi fasciné par la trogne inquiétante de l'innocence du bambin qu'incarne David Cope, surprenant de naturel diaphane de par ses expressions raisonnées pour un si jeune âge. Quand bien même les charmantes Kathryn Erbe et Ileana Douglas composent avec aplomb des femmes affirmées et délibérées.

                                     

Superbement conté, interprété sans fioriture et méthodiquement construit autour d'un implacable suspense, Hypnose se décline en film fantastique humble pour y honorer la maturité du spectateur. L'intelligence de sa réalisation menée avec dextérité car réfutant l'artillerie d'effets grand-guignolesques propose à contrario des séquences tantôt angoissantes (les séances d'hypnose, les flashs carmins imposés par le psyché troublé de Tom, la baby-sitter déconcertée de la conversation entendue à travers le moniteur de surveillance par l'enfant à Samantha) ou terrifiantes (l'avertissement funèbre du voisin de palier en guise de prémonition, le simulacre du rapt de Jake, le coup de folie suicidaire de l'adolescent, la découverte du cadavre décharné dans la cave, le viol subi par Samantha). Des séquences adroites  mises en exergue sur la véracité d'un quotidien fustigé. On pense d'ailleurs parfois au magnifique l'Enfant du Diable auquel il renvoie d'étranges similitudes de par sa narration appuyée sur l'empathie d'une mort innocente et d'un homme avide de cette abominable découverte. Un clin d'oeil implicite est également attribué au fabuleux Dead Zone de David Cronenberg sans toutefois tenter de le plagier vulgairement. Hormis un épilogue quelque peu prévisible mais haletant et fertile en péripéties perfides, Hypnose demeure l'un des métrages les plus convaincants des années 90 auprès du thème de la hantise.

03.09.11.
Bruno Matéï          

                                         

jeudi 1 septembre 2011

DESTINATION FINALE 5 (Final Destination 5)

                                            

de Steven Quale. 2011. U.S.A. 1h26. Avec P.J Byrne, Nicholas d'Agosto, Tony Todd, Jacqueline MacInnes Wood, Emma Bell, David Koechner, Courtney B. Vance, Ellen Wroe, Miles Fisher, Tanya Hubbard.
Sortie en salles en France le 31 Aout 2011. U.S: 26 Aout 2011.

FILMOGRAPHIE: Steven Quale est réalisateur américain de cinéma. Il a travaillé en tant que deuxième réalisateur sur d'énormes productions comme Titanic et Avatar, pour les effets visuels sur ce dernier. 2000: Darkness (court). 2002: Superfire, l'enfer des Flammes (télé-film). 2006: Alien of the Deep (doc). 2011: Destination Finale 5

                                     

5è volet d'une franchise lucrative spécialement ciblée pour les adolescents, Destination Finale 5 ne déroge pas à la règle de la redite sans une once d'originalité et offre au spectateur ce qu'il était venu chercher. C'est à dire un agréable divertissement du samedi soir auquel la grande faucheuse dévoile encore tout son potentiel pour commettre les pires mises à mort afin de se réapproprier de la vie de huit survivants juvéniles. A bord d'un autobus, un jeune garçon, Sam et ses 8 employés de papier pressage se dirigent vers leur cession de formation en circulant sur un pont en chantier. Mais une terrible prémonition lui présage l'effondrement du viaduc causant ainsi la mort de ses camarades et de plusieurs quidams piégés sur l'affaissement de la voie en réparation. Réveillé de son cauchemar, Sam demande à son équipe de quitter au plus vite le car car craignant que sa prémonition ne devienne réalité. Nos huit survivants vont réussir in extremis à déjouer les plans de la mort, mais bientôt ils vont une nouvelle fois devoir faire face avec l'horreur vindicative.

                                    

On ne change pas une recette qui gagne et Destination Finale 5 débute dans la bonne tradition son attraction sardonique avec la mise en chantier d'une séquence accidentelle d'anthologie située sur la longitude d'un pont séparant un cours d'eau. Les corps humains brutalement violentés sont éjectés d'un saut dans le vide quand ils ne sont pas simplement déchiquetés, transpercés ou broyés par toutes formes de projectiles en acier trempée voltigeant de toutes parts. Cette impressionnante séquence incisive et échevelée dans son caractère hautement spectaculaire se permet en prime de belles effusions de sang dans l'inventivité des meurtres déployés. La suite balisée, sans une once de surprise empreinte le même canevas que ses précédents volets, dans la lignée d'un conventionnel Vendredi 13 (ou plus récemment Saw). Le tueur au masque de hockey étant remplacé ici par l'entité de la mort en personne. La recette reste autant inchangée ! C'est à dire aligner toutes les 10 à 15 minutes, une mort (accidentelle) effroyablement sardonique, inventive, morbide et particulièrement caustique. Ceux qui s'attendent à un éventuel renouveau de la franchise risquent donc d'être bien déçus comme il était traditionnellement acquis avec les deux antécédents opus.

                                     

Pourtant, il faut malgré tout reconnaître que l'efficacité du récit est privilégié par l'abondance de ses scènes chocs cinglantes, formidablement façonnées avec un sens de dérision plutôt jouissif. L'acrobatie ardente de la jeune fille participant à un concours de gymnase, la potiche aux yeux azur s'adonnant à une chirurgie oculaire sous rayon laser ou encore le crash aérien font sans doute parties des séquences fortes les plus intenses et impressionnantes dans son alliage de suspense et d'horreur brute. Quand à la tâche aride et finale de ces uniques survivants essayant de sauver leur vie en provoquant la mort de celle d'autrui, ils rendent leurs vicissitudes plutôt cocasses car sournoisement véreuses. Louablement, son savoureux épilogue va aussi dévoiler une astucieuse idée fortuite, sorte de clin d'oeil complice accès sur la temporalité d'un évènement survenu dans le tout premier chapitre. Peut-être aussi une forme envisagée de bouquet final décisif afin de boucler la boucle, comme si un éventuel sixième volet ne pouvait se concrétiser par n'importe quel réalisateur lambda prêt à empocher les recettes escomptées. 

                                      

Inventif, rigolo et parfois jouissif, Destination Finale 5 répète à l'infini son traditionnel jeu de massacre à grand renforts d'effets chocs spectaculairement violents affiliés à un petit suspense habilement oppressant. Hormis la transparence des comédiens franchement ternes et la vacuité d'un scénario ultra répétitif, cette série B remplit honorablement son contrat d'aimable divertissement du samedi soir entre amis azimutés. En attendant l'inévitable 6è volet à contrario de sa conclusion antinomique...

01.09.11
Bruno Matéï

mercredi 31 août 2011

LES YEUX DE LA TERREUR. Prix Spécial du Jury à Avoriaz 1981.


"Night School / Terror Eyes" de Ken Hughes. 1981. U.S.A. 1h28. Avec Leonard Mann, Rachel Ward, Drew Snyder, Joseph R. Sicari, Ncholas Cairis, Karen MacDonald.

Sortie en France le 13 Mai 1981. U.S: 24 Avril 1981

FILMOGRAPHIE: Ken Hughes ou Kenneth Hughes est un réalisateur, scénariste, producteur et romancier né le 19 janvier 1922 à Liverpool, Royaume-Uni, décédé le 28 Avril 2991 à Los Angeles de la Maladie d'Alzheimer. 1955: Piège pour une canaille. Portrait d'une aventurière. Les Trafiquants de la nuit. 1964: l'Ange pervers. 1967: Casino Royale. Arrivederci Baby. 1969: Chitty, chitty, bang, bang. 1970: Cromwell. 1975: Aftie Darling. 1978: Sextette. 1981: Les Yeux de la Terreur


Pour son dernier film, le réalisateur de Casino Royale tire sa révérence en 1981 avec un psycho-killer vaguement inspiré de La Lame Infernale (classique du Giallo préfigurant l'accoutrement vestimentaire du tueur à moto). Les Yeux de la Terreur révèle en outre pour la première fois au public la plantureuse Rachel Ward, future star de la célèbre série  Les Oiseaux se cachent pour mourir. Auréolé d'une belle réputation à l'époque de sa sortie Vhs et précédé d'une critique estimable (notamment auprès de son Prix Spécial du Jury à Avoriaz), ce psycho-killer fort bien mené semble aujourd'hui déprécié chez certains sites internautes. Faute de ces amertumes tranchées, je me suis donc décidé à lui rendre hommage si bien qu'à mon sens subjectif Les Yeux de la Terreur fait parti des psycho-killers les plus attractifs des années 80. Le pitchA Boston, un mystérieux tueur accoutré d'un casque de moto et muni d'un sabre perpétue ses crimes en tranchant la tête de ses victimes selon un ancien rituel. Judd Austin, détective de renom épaulé de son adjoint tentent de mener cette enquête inhabituelle alors qu'un anthropologue volage en devient le principal suspect. Les nostalgiques des années 80 ayant été bercés durant leur adolescence par cette bobine horrifique n'ont guère oublié son prologue meurtrier des plus incisifs. Une institutrice et une écolière assises sur un tourniquet attendent la mère de cette dernière avant la fermeture de l'école. Après que la fillette eut rejoint sa maman et que le dernier employé eut quitté l'enceinte de l'école, l'éducatrice aperçoit un mystérieux individu à moto s'approchant placidement d'elle. Subitement, l'inconnu s'empresse de faire pivoter le manège, de manière à ce que la victime ne puisse s'en détacher. La plate-forme tournant toujours plus vite, l'individu masqué s'empresse alors de l'alpaguer pour la décapiter d'un coup de sabre !


Des séquences chocs de cet acabit, les Yeux de la Terreur en regorge d'autres aussi sauvages, sans toutefois jamais verser dans l'outrance gore que Ken Hughes réussit habilement à déjouer passé l'expectative du suspense ! Les apparitions spectrales du tueur dans sa noire défroque s'avérant également accentuées d'une bande son stridente afin d'exacerber le caractère spectaculaire de ses horribles méfaits ! Le scénario linéaire ne brille pas par sa substantialité et se révèle honnêtement peu surprenant quant à la révélation du meurtrier (le choix est uniquement établi en fonction d'un anthropologue infidèle et de sa maîtresse possessive). Mais le cinéaste parvient malgré tout à instaurer une réelle efficacité dans sa structure narrative, notamment auprès des motivations insolites du meurtrier Spoiler !!! militant pour l'émancipation féminine Fin du Spoil. Pour cause, ce criminel s'inspire d'un ancien rituel asiatique selon lequel des chasseurs de tête perpétrèrent la décapitation de leurs rivaux en guise d'omnipotence. Ils baignaient ensuite la tête du défunt sous l'eau afin de chasser les mauvais esprits et ainsi rendre la pureté de leur âme. Par le biais de cette mise à mort barbare, Ken Hughes y injecte habilement certains traits d'humour noir lorsque, par exemple, une tête tranchée dévalera lentement au fond d'un aquarium alors qu'une mamie horrifiée découvrira avec stupeur cette apparition crapoteuse. Il y a aussi ces deux maçons venus déguster une soupe de ragoût dans un snack bar alors que l'un d'eux s'apercevra avec dégoût qu'une mèche de cheveux s'est égarée dans son assiette. L'épilogue en rajoutera notamment une dernière louche dans la dérision avec le "potentiel" retour du tueur revenu d'outre-tombe !


Scandé du score lancinant de Brad Fiedel oscillant avec les accents tonitruants inversement frénétiques, Les Yeux de la Terreur conjugue suspense et estocades horrifiques autour des thèmes du rituel, du désir possessif et de l'émancipation féminine. Si ce psycho-killer bien ancré dans son époque s'avère si attachant et efficacement rythmé, il le doit aussi à la bonhomie du duo de flics badins ainsi qu'à la relation vénéneuse des amants en étreinte (dans une posture charnelle, Rachel Ward laisse en  mémoire une scène de douche anthologique !). D'ailleurs, et quitte à me répéter, les membres du jury d'Avoriaz  n'y étaient pas restés insensibles pour l'ovationner d'un trophée.

*Bruno
31.08.11. 6èx