mercredi 2 novembre 2011

POUPOUPIDOU


de Gérald Hustache Mathieu. 2010. France. 1h42. Avec Jean-Paul Rouve, Sophie Quinton, Guillaume Gouix, Olivier Rabourdin, Clara Ponsof, Arsinee Khanjian, Eric Ruf, Lyes Salem, Joséphine de Meaux, Ken Samuels.

Sortie en salles en France le 12 Janvier 2011

FILMOGRAPHIE: Gérald Hustache Mathieu est un réalisateur français né en 1968 dans la ville d'Echirolles, en Isère dans la banlieue sud de Grenoble.
1996: J'ai horreur de l'amour (assistant réalisation). 2001: Peau de Vache (court). 2003: La Chatte Andalouse (moyen métrage). 2006: Avril. 2011: Poupoupidou


Après un premier film remarqué pour sa poésie libertaire, Gérald Hustache Mathieu entreprend avec Poupoupidou (titre énigmatique un peu peu réducteur), un polar insolite et décalé façonné dans le moule de la comédie atypique. Illuminée par la fonction pétillante de Sophie Quinton, cette ovni gracieux enchante subtilement le spectateur par son aura fantasmagorique. Un écrivain en panne d'inspiration découvre sur une route enneigée le cadavre d'une blonde surnommée Candice Lecoeur. Intrigué par ce potentiel suicide, il va tenter de remonter le passé pour découvrir la vérité sur cette égérie de Franche Comté grâce à son journal personnel. Peu à peu, il se rend compte que d'étranges similitudes avec la vie notoire de Marilyn est agréée avec celle de Candice. Pour renouer avec l'ambition de sa profession, il profite également de cette étrange enquête pour entamer la rédaction de son nouveau roman. 



Avec la structure désincarnée et impondérable d'un scénario aussi insolite, difficile de rester inflexible face à un film aussi étrange, lyrique et enivrant. A partir d'un argument policier orthodoxe, l'intrigue foisonnante va rapidement s'acheminer vers un itinéraire excentrique remplie de situations cocasses, attendrissantes ou graves, compromises avec des personnages sournois, indécis, distraits et rêveurs, en quête de gloire ou de reconnaissance. Formellement, Poupoupidou flirte incessamment avec l'onirisme enchanteur dans un parti pris baroque (variante de nuances polychromes picturales) et avec la pétulance d'une jeune blonde avide de rencontrer l'amour mais persuadée d'être la réincarnation de Marilyn Monroe. Gérald Hustache Mathieu oscille les genres avec une aisance fulgurante et nous narre avec fantaisir une idylle impossible entre deux êtres que tout sépare malencontreusement. En résulte une perpétuelle puissance émotionnelle sous-jacente dans les investigations utopistes d'un écrivain passionné par les états d'âme fébriles d'une star trop vite élevée au rang d'égérie jusqu'au fameux climax révélateur d'une rédemption déchirante.


Pour l'interprétation, Jean Paul Rouve surprend avec sobriété dans un rôle à contre-emploi de romancier contrarié mais subitement inspiré par un fait divers macabre simulé en suicide. Modérément touchant et discrètement amoureux d'une femme subitement balayée par la mort, il reconstruit peu à peu le puzzle écorné de sa nouvelle Marilyn pour finalement découvrir un semblant de relation interposée. Sans fioriture, Sophie Quinton irradie l'écran de sa physionomie lascive pour émailler les campagnes publicitaires auquel elle doit user de sa suavité pour convaincre la société de consommation. Et en particulier la gente masculine fascinée par ses formes charnelles et son pouvoir érotique sensiblement aguichant. Sa présence féminine d'une beauté épurée hors norme insuffle au fil du récit une aura irrationnelle délicatement souple et envoûtante. Le spectateur rendu transi n'étant pas prêt d'oublier le talent de cette actrice néophyte au potentiel naturel !


Lestement mis en scène dans une chimère romanesque inimitable, Poupoupidou est un poème en demi-teinte. Aussi frais, éthéré, drôle, angélique et passionné que lugubre, nonchalant, touchant et tragique dans le rêve insoluble que se partagent David et Candice. Par l'hypocrisie, la cupidité des hommes et la providence d'un hasard inéquitable, leur frêle destin s'édifie en conte désenchanté inscrit dans l'élégie. La désillusion fatale de deux êtres candides séparés par la mort mais dont leur liaison sous-jacente va finalement se convertir au travers d'une lettre de compassion. Poupoupidou étant finalement l'histoire fragile d'une princesse incomprise par qui la célébrité orgueilleuse aura tout détruit. On s'extrait de l'esprit de Candice bouleversé et hanté par sa stature de nouvelle Marilyn destinée à répéter sa légende brocardée.

Dédicace à Damval Dulac.
02.11.11
Bruno Matéï



mardi 1 novembre 2011

Bad Boy Bubby. Prix Spécial du Jury à Venise 1993.


de Rolf De Heer. 1993. Australie/italie. 1h52. Avec Nicholas Hope, Claire Benito, Ralph Cotterill, Carmel Johnson, Syd Brisbane, Nikki Price, Norman Kaye, Paul Philpot, Peter Monaghan, Natalie Carr.

Sortie en salles en France le 1 novembre 1995. U.S: 26 Avril 2005

FILMOGRAPHIE: Rolf De Heer est un réalisateur, producteur, scénariste et compositeur australien d'origine néerlandaise, né le 4 Mai 1951 à Heemskerk (Pays-Bas). 1984: Sur les ailes du tigre. 1988: Encounter at Raven's Gate. 1991: Dingo. 1993: Bad Boy Bubby. 1996: La Chambre Tranquille. 1997: Epsilon. 1999: Dance me to My Song. 2001: Le Vieux qui lisait des romans d'amour. 2002: The Tracker. 2003: Le Projet d'Alexandra. 2006: 10 canoës, 150 lances et 3 épouses.


En 1995 sort dans une quasi indifférence un long métrage australien d'un réalisateur d'origine néerlandaise. Inondé de récompenses dans divers festivals internationaux, Bad Boy Bubby va rapidement gagner au fil du bouche à oreille un statut d'ovni hybride, dérangeant, beau et sordide à la fois, auquel l'humanisme candide de son protagoniste ébranla son public féru d'anticonformisme. 
Le PitchBubby est un homme de 35 ans vivant reclus comme un animal dans son foyer familial parmi l'autorité d'une mégère incestueuse. Emprisonné, maltraité et rendu esclave, il est acculé à y rester cloîtré en compagnie d'un chat de gouttière. Un jour, jalousé des retrouvailles inespérées avec son père alcoolique, il décide de se rebeller et franchir les extérieurs industriels de sa bâtisse.


Eprouvant, profondément malsain et dérangeant, la première demi-heure de Bad Boy Bubby rivalise de déviance à travers son environnement restreint d'un foyer insalubre, là où quelques cafards jonchent le sol parmi la présence d'un chat séquestré dans une cage. Quant à la mère de Bubby, tortionnaire  perverse ventripotente, elle abuse sexuellement de son rejeton inculte en lui imposant la journée de rester assis sur une chaise durant ses absences prolongées. Parfois même, elle lui pratique l'étouffement en lui bouchant la bouche et le nez de manière somme toute tranquille ! Pour sortir de sa baraque, elle se déplace en ville à l'aide d'un masque à gaz afin de feindre à son fils que la vie urbaine est empoisonnée à proximité des bâtiments industriels. Abruti par une existence sans compassion, sans amour et surtout sans notion de Bien et de Mal, Bubby perdure son ennui alors que son seul loisir est d'asphyxier un chat domestique en guise de curiosité morbide. Sur ce point, ces séquences dérangeantes extrêmement crues et choquantes sont d'un réalisme épeurant au point de s'interroger s'il s'agit d'un véritable chat volontairement maltraité afin de mieux nous ébranler ! C'est avec l'arrivée inopinée de son père alcoolique que Bubby décide de s'extérioriser en adoptant son attitude de débauche sexuelle auprès de sa mère. Spoil ! Ainsi, après les avoir étouffé durant leur sommeil par vengeance, Bubby découvre enfin le nouveau monde urbain tant redouté ! Fin du Spoil.


Par conséquent, après nous avoir fait vivre dans un souci documentaire (comparable au climat ombrageux et dépressif de Eraserhead de Lynch) le sordide quotidien d'un homme réduit à l'état primitif, le réalisateur nous dirige lentement vers sa quête initiatique. Il d'agit donc d'illustrer le profil d'un quidam arriéré (comparable au monstre de Frankenstein de par son ignorance et sa pudeur déficiente) rencontrant au hasard des rues la jungle de marginaux, d'intégristes, d'artistes bénévoles et de handicapés dystrophiés. Durant ce parcours d'un homme autrefois refoulé et molesté, Rolf De Heer filme donc de façon corrosive le portrait poignant d'un être esseulé perdu au milieu d'une cité urbaine où les citadins occupent leur temps à chercher un intérêt métaphysique à leur existence. A la manière d'un poème illustrant de manière décalée l'absurdité de l'existence humaine, Bad Boy Bubby se décline en magnifique récit initiatique vers le chemin de la raison et de la rédemption. En fustigeant la religion responsable du fondamentalisme, le film est également un hymne à la liberté la plus autonome ainsi qu'à l'épanouissement de l'amour. Dans celui du clochard fasciné par les merveilles du monde, Nicholas Hope époustoufle par son jeu naturel d'un regard empli d'innocence. Durant son cheminement fantasque, il cristallise donc un message de tolérance pour le droit à la différence, une fraternité pour la condition des exclus et aussi une quête identitaire pour l'accomplissement de sa postérité.


Choquant, déstabilisant, glauque, voir malsain lors de sa première partie effrontée, le film de Rolf De Heer adopte une mise en scène singulière inscrite dans la crudité pour y dépeindre avec sensibilité un univers aliénant et débauché. Caustique, désincarné, débridé, poétique, drôle et profondément bouleversant, de par l'interprétation fébrile d'un acteur au jeu infantile, Bad Boy Bubby est un ovni anti-conformiste transcendant le portrait d'un homme chrysalide car découvrant peu à peu les nouveaux repères de son existence. Un chef-d'oeuvre dédié aux laissés pour compte, aux marginaux et aux athées ainsi qu'une déclaration d'amour à la banalité de notre existence inscrite dans le moment présent. 

Dédicace à Isabelle et Eugène Rocton, et Philippe Blanc.
*Bruno Matéï
01.11.11.

Récompenses: Prix Spécial du Jury à la Mostra de Venise en 1993.
Prix du Meilleur Réalisateurmeilleur scénariomeilleur montage et meilleur acteur pour Nicholas Hope lors des Australian Film Institute Awards en 1994.
Prix du Meilleur Film, Meilleur Acteur, Meilleure Mise en scène au Festival du film de Seattle en 1994.
Prix du Public, Prix RFM, Prix des Etudiants, Prix Spécial du Jury au Festival d'action et d'Aventures de Valenciennes en 1995.
Prix Très Spécial à Paris en 1995

Rolf De Heer



lundi 31 octobre 2011

2019, Après la chute de New-York / 2019 - Dopo la caduta di New York / 2019, After the fall of New-York


de Sergio Martino. 1983. Italie. 1h36. Avec Michael Sopkiw, Valentine Monnier, Anna Kanakis, George Eastman, Roman Geer, Vincent Scalondro, Haruhiko Yamanouchi, Edmund Purdom, Louis Ecclesia.

Sortie salles France: 11 Janvier 1984.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


En 1981 se bousculent dans les salles Mad Max 2 et New-York 1997, deux oeuvres charnières de la science-fiction post-apo. Ainsi, nos voisins transalpins vont promptement exploiter le filon afin de surenchérir une frénésie homérique inspirée de la bande dessinée et du western spaghetti. Deux ans après les modèles de Miller et Carpenter le réalisateur Sergio Martino (responsable de quelques classiques parmi lesquels Torso, la Queue du Scorpion, Mannaja ou encore le Continent des Hommes poissons) s'entreprend donc de livrer sa version belliqueuse du post-nuke. Or, d'autres cinéastes cupides vont notamment dévoiler leur avatar au travers de productions à maigre budget aussi improbables que le Gladiateur du futur, les Guerriers du Bronx ou les Nouveaux Barbares pour citer les plus illustres. 
Synopsis: En 2019, notre monde est ravagé par une apocalypse nucléaire causant la stérilité des dernières femmes. Les Euraks, une armée téméraire infiltrée dans les zones à risques est déployée pour prendre en chasse les quelques survivants irradiés afin de les étudier pour une éventuelle reproduction de l'humanité. Un président américain exilé en Alaska fait appel au mercenaire Parsifal pour tenter de retrouver la dernière femme fertile. Pour ce faire, il s'épaule de deux briscards aussi pugnaces afin d'amorcer leur mission à haut risque dans les vestiges New-yorkais !


Erigé sous le moule de la série Z (involontairement) pittoresque, faute d'un budget en berne et d'acteurs chauvins à la trogne risible, 2019, après la chute de New-York peut sans conteste se targuer d'être le meilleur ersatz rital de ces classiques susnommés. Car grâce à l'habileté honorable d'un petit maître du Bis à la carrière loin d'être négligeable, cette bisserie intrépide transcende ses flagrants défauts de par la fertilité des séquences d'action aux péripéties particulièrement pétulantes. A travers la posture gogo de ces héros en mal de reconnaissance, 2019 après la chute de New-York puise son charme auprès de son décorum décharné de carton pâte et via ses figures grotesques irrésistiblement attachantes. Tant auprès des figurants à la gueule tuméfiée d'une radiation nucléaire, du braconnier chinois adepte du fouet, de l'homme singe à l'épiderme volumineux (inénarrable George Eastman en Sinbad déficient !), du borgne humanoïde affublé d'un lasso métallique relié par trois billes d'acier, du preux mercenaire apte à se sacrifier pour contre-carrer l'ennemi, du valeureux nabot prêt à s'éventrer pour sauvegarder la vie de ses pairs que d'une femme esclave chérissant le coeur du héros mad-maxien.


Dès le préambule, une aura mélancolique plane sur l'horizon diaphane du New-York azur sur un air musical de trompettiste. Sergio Martino soignant son univers aride d'apocalypse parmi l'appui d'une voix-off monocorde nous énonçant brièvement la situation alarmiste d'une cause radioactive. Après une mémorable course poursuite (auto-tamponneuse) véhiculée par des gladiateurs sur leurs bolides blindés, la trame reprend ensuite le canevas de New-York 1997 si bien qu'un héros anarchiste, bellâtre mais inexpressif, est contraint de parfaire une mission sous la houlette d'un chef d'état sournois. Grâce à la bonhomie de nos mercenaires à la fois rétrogrades et extravagants (le nain sauteur Kirke est devenu chez certains amateurs une icône impayable dans sa fonction amiteuse), à son action en roue libre inspirée de la BD destroy et au dynamisme du montage, l'aventure dystopique redouble de générosité lors des rencontres aléatoires avec des belligérants en instance de survie. Quelques séquences gores typiquement italiennes à travers leur audace racoleuse vont également animer certaines péripéties instaurées sous le dédale d'égouts new-yorkais. Ainsi, si l'aventure échevelée s'avère tant jubilatoire pour le fan de délire pour rire, c'est aussi grâce à la drôlerie (involontaire) des réparties énoncées avec un sérieux infaillible. Enfin, le côté tapageur de sa bande-son stridente (à l'instar du bruitage des armes à feu et des coups de poing fracassants typiques chez le ciné rital !) est saturé du score entraînant des frères Guido et Maurizio De Angelis particulièrement inspirés à dynamiser les confrontations bellicistes à perdre haleine.    


Les nains aussi ont commencé petit !
Efficacement troussé et nerveusement mis en scène sous le pivot d'une "pochette-surprise" narrative, 2019... idéalise le pur divertissement décomplexé. Un miracle de ringardise palliant ses moyens précaires de par son savoir-faire aussi inspiré qu'avisé et l'attachante complicité des comédiens cabotins se prêtant au jeu autoritaire avec une fois inébranlable. Sans prétention (malgré les apparences du plagiat), loufoque, débridé et généreux en diable auprès de ses portraits hauts en couleur de marginaux décadents déambulant au sein d'une scénographie rutilante (notamment l'exploitation de ses décors urbains envoûtants)2019, après la chute de New-York demeure le meilleur succédané de Mad-Max derrière son irrésistible facture Z typiquement latine. Reste une question improbable en guise de conclusion identitaire : "Est-ce une faute grave d'être un nain ?!"

* Bruno
01.01.19. 7èx
31.10.11.

Sergio Martino

jeudi 27 octobre 2011

La Nuit des Masques / Halloween. Grand Prix de la Critique à Avoriaz 1979.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site boxofficestory.com

"Halloween" de John Carpenter. 1978. U.S.A. 1h31. Avec Donald Pleasance, Jamie Lee Curtis, Nancy Kyes, P.J. Soles, Charles Cyphers, Kyle Richards, Brian Andrews, John Michael Graham, Nancy Stephens, Arthur Malet.

Sortie salles France le 14 Mars 1979 (Int - 18 ans). U.S: 25 Octobre 1978.

FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 :The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible, 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward


Après ses 1ers essais Dark Star (74) et Assaut (76), le jeune réalisateur John Carpenter est postulé par les producteurs indépendants Irwin Yablans et Moustapha Akkad pour travailler un scénario basé sur un psychopathe s'en prenant aux babysitters d'une bourgade des Etats-Unis. D'abord intitulé The Babysitter Murders, John Carpenter et sa petite amie de l'époque, Debra Hill, confectionnent leur script mais décident d'en modifier le titre pour le rapprocher à la fête d'Halloween, période de la toussaint où se déroule l'action du film. Avec un faible budget de 325 000 dollars et un tournage de 21 jours débuté au printemps 1978 sous le soleil de Californie, Halloween remporte un joli succès au box-office par simple effet de bouche à oreille. Même si les critiques de l'époque ne sont pas tendres avec ce petit métrage horrifique d'un metteur en scène méconnu, Halloween engendre finalement plus de 176 000 000 dollars (dont 47 000 000 rien qu'aux Etats-Unis) à travers le monde. Il devient alors le film indépendant le plus rentable de l'histoire du cinéma. En France, le film totalise au box-office le maigre score de 283 934 entrées. C'est au fil des années que ce chef-d'oeuvre indétrônable va gagner sa célèbre notoriété de classique immuable. Haddonfield, Illinois, 1963. Durant une nuit d'Halloween et pendant l'absence de ses parents, le jeune Michael Myers assassine sa soeur Judith. Quelques heures plus tard, les parents rentrés d'une soirée festive aperçoivent au seuil de la maison leur fils affublé d'un déguisement et d'un couteau de cuisine ensanglanté. 15 ans plus tard, un autre soir d'Halloween, le tueur juvénile emprisonné dans un asile psychiatrique parvient à s'évader pour rejoindre sa ville et accomplir de nouveaux méfaits. Le Dr Loomis, obsédé à l'idée de le capturer, se rend sur les lieux mêmes du sinistre évènement commis à Haddonfield. Pendant ce temps, de jeunes babysitters préparent les festivités d'Halloween. 
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En 1978, à l'orée d'une carrière notoire, le jeune John Carpenter (alors âgé de 30 ans) révolutionne le cinéma d'horreur moderne et va littéralement transcender le genre codifié du slasher entamé 4 ans au préalable avec Black Christmas de Bob Clark. Avec peu de moyens, un maigre script et la présence de comédiens inconnus (en dehors de Donald Pleasance), le metteur en scène s'implique de façon méthodique à suggérer la présence fantomatique d'un tueur accoutré d'un masque et jouant à cache-cache avec des babysitters pour distiller la peur. De cette trame linéaire, Halloween puise sa puissance émotionnelle et son angoisse anxiogène par la genèse d'une ambiance ombrageuse au pouvoir hypnotique. La musique entêtante, quasi omniprésente, s'imprégnant considérablement de son univers nocturne auquel Michael Myers est devenu le maître des lieux. Sa silhouette spectrale à peine dévoilée, son ombre maléfique effleurant les murs, la raideur de sa posture inquiétante planent dans chaque recoin des pavillons environnants. Une présence hostile sous-jacente pouvant s'éclipser à n'importe quelle pièce de notre foyer sécurisant. Avec le décor paisible d'une bourgade des Etats-Unis épargnée de parents, John Carpenter façonne un climat anxiogène autour de trois jeunes babysitters fricotant avec leur petit ami de passage. Seule, la ravissante Laurie, demi-soeur adoptée par la famille Strode, occupe son célibat et son ennui auprès de la garde de deux bambins fascinés par la fête d'Halloween. A ce sujet, cette fameuse fête religieuse celte originaire des îles Britanniques va également participer au caractère mystique mais aussi caustique (par l'omniprésence emblématique de citrouilles confectionnées par les bambins) de l'entité diabolique. Un croque-mitaine redouté enfoui dans nos peurs enfantines, une entité maléfique symbolisée par Michael Myers, fantôme impassible au regard neutre, à la posture rigide et machinale.


En l'occurrence, l'ambition horrifique de John Carpenter n'est pas de nous foutre la trouille avec nombre d'effets sanguinolents que Vendredi 13 et consorts iront complaisamment exploiter deux ans plus tard. A contrario, pas une once d'hémoglobine à l'horizon, pas d'effets de sursaut de polichinelle mais une subtile mise en attente de la peur, un suspense diffus afin de mieux décupler une angoisse tangible, suintante dans l'atmosphère. C'est à dire jouer lestement avec les nerfs du spectateur en retardant au maximum l'effet meurtrier si redouté. Et quand la mort sans visage frappe, elle se révèle brusquement inopinée, brutale et sans fioriture. Niveau distribution, l'intelligence de Carpenter est aussi d'avoir su exploiter de jeunes actrices au comportement raisonné et logique, jamais puériles donc afin d'exacerber chaque situation de danger. Quand bien même la novice Jamie Lee Curtis  immortalise son rôle de babysitter tourmentée et traquée avec un naturel frugale dans l'art d'exprimer ses angoisses terrifiées. Enfin, le jeu paranoïaque de Donald Pleasance fait à chaque fois illusion dans celui du docteur anachronique fouinant le quartier tel un détective malhabile.


The Babysitter Murders
Voilà ce que symbolise à mon sens l'horreur moderne d'Halloween, chef-d'oeuvre du psycho-killer éludé d'esbroufe car entièrement façonné pour jouer avec nos peurs infantiles (le fantôme imperceptible tapi dans l'ombre de n'importe quel recoin !) et utilisant l'effet de suggestion pour mieux contrecarrer son maigre budget. La puissance de la mise en scène géométrique, son tempo musical métronomique et sa grande efficacité auront réussi à immortaliser l'emblème du boogeyman, Michael Myers.

*Bruno
Dédicace à Gérald Giacomini.
14.10.22
27.10.11


mercredi 26 octobre 2011

X Men, le Commencement / X Men: First class


de Matthew Vaughn. 2011. U.S.A. 2h11. Avec James McAvoy, Michael Fassbender, Rose Byrne, Nicholas Hoult, Jennifer Lawrence, January Jones, Kevin Bacon, Zoe Kravitz, Oliver Platt, Jason Flemyng.

Sortie en salles en France le 01 Juin 2011. U.S: 03 Juin 2011

FILMOGRAPHIE: Matthew Vaughn est un réalisateur, producteur et scénariste anglais, né le 7 Mars 1971 à Londres.
2004: Layer Cake.
2007: Stardust, le mystère de l'Etoile
2010: Kick-Ass
2011: X Men: First Class


Préquelle de la trilogie des X Men après deux essais concluants concoctés par Brian Singer et un raté discrédité par Brett Ratner, Matthew Vaughn s'implique à transcender les personnages créés par Stan Lee et Jack Kirby, juste après nous avoir prodigué un bain de jouvence désinhibé avec l'équipée subversive de Kick-AssCharles Xavier et Erik Lenshere sont des mutants doués de pouvoirs surhumains depuis leur plus jeune âge. Ils vont devoir s'allier avec d'autres individus tout aussi exceptionnels pour créer la ligue des X mens afin de s'opposer à Sebastian Shaw, un médecin également doté de pouvoirs paranormaux et leader d'un trio de mutants mais délibéré à provoquer une 3è guerre mondiale entre la Russie et les Etats-Unis à l'aide de missiles nucléaires dissimulés à Cuba. Une lutte sans merci s'engage entre les deux clans rivaux au péril du devenir de l'humanité. 

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X men, le commencement débute sa trame de manière cafardeuse dans son atmosphère belliqueuse nous rappelant la triste époque de l'Allemagne nazie. Ce superbe préambule acerbe s'emploie à nous dépeindre de manière réaliste le profil déchu du jeune garçon Erick Lenshere, contraint par son pouvoir mental de déplacer une pièce de monnaie apposée sur un bureau, mais témoin de l'assassinat de sa mère décrété par l'ignoble Dr Schmidt, faute de n'avoir pu cristalliser devant ce tortionnaire son talent surnaturel. Cette séquence dramatique déployant de manière démonstrative et en guise vindicative les fameux pouvoirs octroyés à Erick nous immerge dans son esprit offensé par le deuil familial et sa capacité physique à annihiler la matière par la force d'une pensée uniquement furieuse.
C'est ensuite quelques années plus tard, en 1962, que l'on retrouve notre héros dans la peau d'un traqueur de nazi, plus déterminé que jamais à retrouver les traces de son meurtrier orgueilleux. Au même moment, il va faire la rencontre du télépathe Charles Xavier, déjà affilié avec une jeune mutante du nom de Raven, rencontrée par effraction dans sa cuisine. Au fil de leur cheminement et de leur compromis, ils vont également s'affilier avec de jeunes recrus doués de phénomènes tout aussi improbables pour faire face à la coalition de Shaw et ses disciples arrogants. Des mutants engagés dans une éthique nihiliste pour entamer l'avènement d'une troisième guerre mondiale par l'entremise de missiles nucléaires déployés entre les Etats-Unis et l'URSS. Leur cynique ambition est alors résolue à décimer la démographie humaine pour devenir les maîtres d'un nouveau monde érigé par les Homo superior (nom scientifique des mutants dans l'univers des Marvel Comics).


Dans une mise en scène assidue d'une impressionnante virtuosité technique et formelle pour l'élaboration d'FX prodigieux et d'une architecture épurée, émaillée de décors classieux, Matthew Vaughn réussit personnellement à s'approprier de l'univers des X men pour les renouveler dans une mise en forme adulte d'une tempérante conviction. En dehors d'une intrigue rondement menée ne laissant que peu de répit au spectateur facilement immergé dans l'aventure trépidante, sa réussite prégnante et surtout privilégiée par la densité humaine de ses protagonistes, superbement dessinés et à la personnalité distincte parfois équivoque pour certains d'entre eux. Si tous les interprètes se révèlent parfaitement probants dans leur prestance héroïque dévoilant communément des pouvoirs surnaturels fascinants et singuliers (l'entrainement physique est un ludique exemple de leur persévérance tour à tour décuplée), l'importance substantielle des personnages clefs est largement exacerbée par deux acteurs remarquables au charisme dépouillé. La présence mature de James McAvoy dans celui de Xavier, leader télépathe diplomate enrôlé dans une doctrine pacifiste et de Michael Fassbender, Erick, le vengeur inflexible déprécié par ses états d'âmes rancuniers, davantage corrompu par sa devise meurtrière, participent pour beaucoup au caractère convaincant des enjeux encourus et à leurs exactions coordonnées pour se mesurer face à Sébastian Shaw. C'est Kevin Bacon qui s'alloue d'endosser un être mégalomane et opportuniste avide de pouvoir et notoriété. Il excelle dans son talent inné à composer un personnage délétère déployant ses funèbres ambitions grâce à sa faculté d'absorber sans vergogne l'énergie de ses antagonistes.


Sous ses travers de film d'action spectaculaire tributaire d'une narration remarquablement structurée en déployant intelligemment quelques inventifs moments d'anthologie tous plus cinglants les uns que les autres, X men, le Commencement tend à susciter une certaine réflexion sous le profil galvaudé d'Erick. Sur sa rancune engagée dans la vengeance froide et la quête du pouvoir sournoisement influencé vers l'alchimie du Mal. Sur la dualité universelle du choix inhérent de notre voie interne scindée entre le Bien et le Mal, à l'image métaphorique du syndrome de Jekyll et HydePar le personnage de Henry McCoy / Le Fauve reniant ses origines et sa difformité, c'est aussi un message de tolérance pour le droit à la différence et l'acceptation de soi, sur la faculté de pouvoir refréner ses doutes et ses craintes qui nous est illustré afin de mieux s'affirmer dans une société égoïste et conformiste. Scandé de façon subtilement épique d'un score musical intense fignolé par Henry Jackman, X men, le Commencement est un spectacle grandiose teinté de lyrisme dans sa densité psychologique qui rend honneur et sacralise le mythe souverain du super-héros répudié. 

Dédicace à Luke Mars (spécialiste de l'esprit Marvel Comics. Voir ci-dessous).
http://darkdeadlydreamer.blogspot.com/2011/10/x-men-first-class-de-matthew-vaughn.html

26.10.11
Bruno Matéï


vendredi 21 octobre 2011

Territoires. Prix du Meilleur Thriller, BIFF 2010.


de Olivier Abbou. 2010. France/Canada. 1h35. Avec Roc LaFortune, Sean Devine, Nicole Leroux, Cristina Rosato, Michael Mando, Alex Weiner, Stephen Shellen, Tim Rozon.

Sortie en salles en France le 8 Juin 2011. 

FILMOGRAPHIE: Olivier Abbou est un réalisateur et scénariste français, né le 21 Mars 1973 à Colmar. 1997: Un jour de plus. 1999: Clin d'oeil. 2000: Le Tombeur. 2003: Manon. 2007: Madame Hollywood (série TV). 2010: Territoires. 2011: Yes, we can ! (télé-film).

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"Pour moi, la vie c'est apprendre à mourir, c'est ce que la hache représente. Il faut savoir trancher les liens qui nous retiennent à la vie avant que la mort nous y oblige."
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Récompensé à Bruxelles mais passé inaperçu lors de sa discrète sortie en salles, le premier long-métrage du français Olivier Abbou est un électro-choc comme on en endure rarement dans l'hexagone. Car effroyablement dérangeant, âpre et oppressant, cette descente aux enfers jusqu'au-boutiste stigmatise les pratiques barbares d'une Amérique paranoïaque et xénophobe, adepte de la torture pour déprécier ses présumés coupables du terrorisme post 11 Septembre. Le pitchAprès avoir assisté à un mariage familial au Canada, un groupe d'amis s'engage dans une route forestière des Etats-Unis pour rejoindre leur bercail. Au milieu d'un sentier, deux douaniers en service leur décrète de stopper leur véhicule pour présenter leur papier. Les cinq individus d'origine étrangère sont rapidement accusés de terrorisme et vont vivre la plus cauchemardesque des situations faite d'humiliations et de sévices corporels. Au premier abord, Territoires a tout du traditionnel tortur'porn agencé au survival lorsque cinq modestes citadins se retrouvent séquestrés, humiliés et torturés par deux bouseux, anciens soldats de la guerre du Golfe ayant exercer des interrogatoires drastiques sur des prisonniers islamistes du camp de Guatanamo. Ce qui frappe d'emblée à la vue de ce shocker très éprouvant, c'est son réalisme insupportable émanant de situations toutes plus humiliantes les unes que les autres, ainsi que la qualité indéniable du casting tout en sobriété.
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En prime, pour une première réalisation, Olivier Abbou s'alloue d'une étonnante maîtrise technique de par le maniement d'une caméra plongée au coeur d'une forêt clairsemée. La photographie désaturée et blafarde au grain prononcé va également alimenter son sentiment anxiogène et suffocant proche du malaise pour saisir le spectateur. De manière inspiré et rigoureuse, le réalisateur illustre donc avec verdeur le calvaire quotidien d'une poignée d'innocents en situation de claustration. Constamment interrogés par deux tyrans extrémistes, les humiliations récurrentes de tortures physiques mais surtout psychologiques infligées sur eux nous entraînent au coeur d'un enfer bien réel. Car à travers ce kidnapping d'aimables quidams, faute de leur physique basané, Olivier Abbou établit un parallèle avec les conditions de vie de prisonniers islamistes accusés de terrorisme et envoyés dans le camp de Guantanamo. Une base navale du sud-ouest de Cuba justifiée par le président George W. Bush où des sévices barbares leur ont été administrés par des soldats américains vindicatifs, orduriers, pour ne pas dire cyniques. Si bien que leurs aveux forcés furent souvent confessés sous la contrainte d'une violence aussi sordide qu'intolérable. Ainsi, à travers le portrait dérisoire de ces deux rednecks esseulés au fin fond d'une Amérique profonde,  l'écho d'un climat insécuritaire de tout un pays effrayé par sa paranoïa collective s'y avère tacite après que les attentats du 11 septembre frappèrent de plein fouet leur activité économique.


C'est en priorité ce sous-texte politique implacable qui exacerbe le réalisme brutal de sa narration. Un drame frigide où l'horreur inhumaine déploie toute son arrogance et sa rancune à daigner asséner sa haine raciale sur des quidams de nationalité étrangère accoutrées d'une combinaison orange. Ainsi donc, ce huis-clos de terreur infatigable nous place dans une situation si inconfortable qu'elle semble nous infliger viscéralement la même souffrance psychologique tolérée aux victimes. Quand bien même la dernière demi-heure s'octroie d'un revirement inopiné auprès de l'intrusion d'un détective privé addicte à la drogue dure suite au décès de sa fille. L'ambiance diaphane s'avère subitement plus étrange et insolite à travers ce nouveau protagoniste indemnisé pour retrouver nos héros réduits à l'état animal. Spoiler !!! Sur fond de philosophie indienne, la destinée de nos protagonistes semble tracé dans un irrémédiable no man's land et l'épilogue rebutant risque sévèrement d'en déconcerter plus d'un tant il nous laisse amèrement sur le bas côté de la chaussée. Fin du Spoil
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Martyrs.
Solidement interprété sans fioriture, réalisé avec intelligence et d'un épouvantable nihilisme, Territoires demeure un suspense péniblement oppressant de par son intensité abrupte, autant qu'un drame désespéré d'une efficacité implacable. Sa conclusion réfutant le potentiel happy end salvateur  enfonçant un peu plus le clou dans les cimes du pessimisme si bien que le spectateur y laissera des séquelles morales sitôt le générique de fin ! Oeuvre choc remarquable d'humilité empathique pour les suspects présumés, Territoires transcende le genre horrifique avec un réalisme proche du documentaire.

Récompense: Prix du Meilleur Thriller au BIFF de Bruxelles en 2010.

21.10.11
Bruno 

Note (info wilkipedia):
Le camp de Guantanamo se trouve sur la base navale de la baie de guantanamo dans le sud-est de Cuba. Dans ce centre de détention militaire de haute sécurité, sont détenues des personnes qualifiées de "combattant illégal", capturées par l'armée américaine dans les différentes opérations qu'elle mène à l'étranger (Afghanistan, Irak, etc.) contre des millitants et "terroristes islamistes". Le choix de ce centre situé à Cuba sur une base militaire américaine a été justifié par le président George W. Bush afin de fonder juridiquement la décision de refuser de soumettre les détenus au système judiciaire fédéral américain, prenant appui sur l'extra-territorialité de la base.

Le 16 nomvembre 2008, Barack Obama, alors président-élu, a confirmé son intention de fermer le camp. Mais cette fermeture pose en particulier des problèmes de nature juridique comme le fait que des aveux ont été obtenus "sous contrainte", créant ainsi un vice de procédure, ce qui pourrait conduire la justice américaine à libérer des condamnés, dont au moins un, Khalid Cheikh Mohammed, a été jugé responsable des attentats du 11 septembre 2001. Le 22 Janvier 2009, Obama a signé un décret présidentiel ordonnant la fermeture du camp dans un délai d'un an. La prison de heute sécurité de la petite ville de Thomson dans l'Illinois, construite en 2001, mais dont les 2800 cellules ne sont pas toutes remplies, va être achetée par l'Etat fédéral. De nombreuses difficultés, tant politiques qu'administratives et juridiques, entravent la réalisation de la fermeture du camp de Guantanamo qui compte toujours 176 prisonniers en août 2010.



jeudi 20 octobre 2011

HELLRAISER 2: LES ECORCHES (Hellbound: Hellraiser 2). Version Non Censurée.

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de Tony Randel. 1988. U.S.A. 1h43. Avec Clare Higgins, Ashley Laurence, Kenneth Cranham, Imogen Boorman, Sean Chapman, William Hope, Doug Bradley, Barbie Wilde, Simon Bamford, Nicholas Vince.

Sortie en salles en France le 5 Juillet 1989. U.S.A: 23 Décembre 1988.

FILMOGRAPHIE: Tony Randel est un réalisateur, scénariste et monteur américain né le 29 Mai 1956. Il est parfois crédit sous le nom de Anthony Randel. 1985: Def-Con 4. 1988: Hellraiser 2. 1992: Inside Out 2. Amityville 1993. 1993: Ticks. 1995: North Star: la légende de Ken le Survivant. 1996: Confiance Aveugle. 1996: Morsures. 1998: Assignment Berlin. 2007: The Double Born.


Un an après le succès de Hellraiser, c'est au réalisateur novice Tony Randel de succéder à Clive Barker pour façonner la suite des aventures de Pinhead et ses acolytes. D'après un scénario de Peter Atkins, Kirsty, survivante du premier volet, est placée dans un institut psychiatrique géré par le Docteur Channard. Ce médecin fasciné par le monde occulte des ténèbres fait infliger à certains de ses sujets diverses tortures qu'ils pratiquent eux mêmes sur leur corps scarifié. Grâce au matelas ensanglanté sur lequel mourut Julia, un de ses patients est immolé pour pouvoir subvenir à sa renaissance. Après ses longues recherches sur l'origine du cube maléfique, Channard exploite une jeune fille autiste afin de pouvoir déchiffrer ses secrets. Pendant ce temps, Kirsty reçoit un message de l'au-delà lui sollicitant de sauver son père prisonnier de l'enfer. 


On ne peut pas dire que la carrière de Tony Randel soit un exemple de réussites probantes dans le domaine du cinéma de genre. Pourtant, en 1988, il réalise avec ce deuxième métrage sa plus ambitieuse réussite en s'appropriant de l'univers SM de Hellraiser. Une suite respectueuse dans le sens où elle reprend la continuité des tragiques évènements survenus au préalable ainsi que le cheminement évolutif des survivants. Cette fois, Kirsty (la fille de Franck), est soignée dans un centre psychiatrique suite à son traumatisme subi par la confrérie de Pinhead. Epaulée d'une jeune patiente autiste, elles vont s'allier pour faire face à la nouvelle menace des cénobites et se retrouver projetées dans un dédale de l'enfer. Le prologue illustrant le profil pervers d'un médecin obsédé par la souffrance et l'agonie nous permet d'assister à quelques moments glauques du plus répugnant effet. Des malades moribonds et paranos, faute de prises de drogues hallucinogènes, sont enfermés dans les geôles des sous-sols de l'institut pour s'infliger quotidiennement des tortures innommables. Mais le clou du spectacle déviant est sans conteste cette séquence maladive auquel un schizophrène se retrouve invité dans la demeure familiale de Channard. Par son influence perfide, le cobaye à demi-nu nous laisse transparaître un corps malingre lardé de plaies et contusions.


Souffrant de visions infernales de lombrics et asticots lui grignotant la chair, il se mutile à nouveau le torse en se lacérant des coups de rasoir. Une séquence viscérale d'une rare violence et d'une audace si malsaine que la censure de l'époque ne manquera pas de l'éclipser pour sa diffusion en salles (mais aussi plus tard en dvd dans notre pays hexagonal). Quand à la résurrection de Julia, cadavre décharné en proie à la renaissance corporelle, la poésie morbide qui y émane donne lieu à des moments de sensualité baroque lorsqu'elle décide de s'embaumer le corps de bandelettes à l'instar d'une momie.
La suite ambitieuse et épique est une exploration au cœur des enfers régi par Léviathan. Une bataille sans merci nous est donc livré entre Kirsty, Tiffany, les Cénobites et notre nouveau duo mégalo formé par Julia et Channard. Ces séquences irréelles parfois décousues permettent tout de même de déployer un florilège de séquences cauchemardesques à l'inventivité formelle (couloirs interminables et dédales sans destination abritant des créatures hideuses). De surcroît, nous en saurons un peu plus sur le passé du leader Pinhead ainsi que ces comparses autrefois humains. Et de manière couillu, le réalisateur n'hésitera pas à les malmener pour les destituer de leur omnipotence avec un rival aussi orgueilleux. Justement, l'aspect le plus ludique sera cette fois-ci établi au profit du praticien Channard, créature tentaculaire inspirée de l'univers de Lovecraft. Un mutant humain avide de consécration et de défiance pour se mesurer à la stature de Leviathan, monolithe souverain aux pouvoirs ésotériques impénétrables.


Spectacle baroque et débridé déployant avec une imagination fertile un univers aussi fantasmagorique que ténébreux, Hellraiser 2 peut se targuer d'être la meilleure suite d'une saga inégale toujours plus mercantile. Hormis l'aspect anarchique d'une narration redondante dans ces incessants va-et-vient entre l'au-delà et la terre, ce divertissement hardgore (du moins en version Uncut !) affiche une ambition horrifique encore plus extravagante et effrontée que son modèle.  

* Bruno
07.01.19. 3èx
20.10.11.   


lundi 17 octobre 2011

RED STATE

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de Kevin Smith. 2011. U.S.A. 1h28. Avec Michael Parks, Melissa Leo, John Goodman, Kyle Gallner, Stephen Root..
FILMOGRAPHIE: Kevin Smith est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 2 Août 1970 à Red Bank, dans le New-Jersey (Etats-Unis).
1994: Clerks, 1995: Les Glandeurs, 1997: Méprise Multiple, 1999: Dogma, 2001: Jay et Bob contre-attaquent. 2004: Père et Fille. 2006: Clercks 2. 2008: Zack et Miri font un porno. 2010: Top Cops. 2011: Red State.

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Kevin Smith, trublion habitué aux comédies noires décalées, nous propose ici un brutal revirement de ton avec Red State. Un drame réaliste et rigoureux, véritable réquisitoire contre le fanatisme religieux englué dans une société américaine sournoise. Pour élaborer le profil de son antagoniste principal, Smith s'est inspiré du véritable révérend Phelps, fondateur de l'église baptiste de Westboro et homophobe réputé pour sa haine réactionnaire. Par le biais d'internet, un trio d'adolescents prend rendez vous avec une quadragénaire résidant dans une caravane aux abords d'un terrain forestier. Sur place, après avoir bu de la bière frelatée, ces derniers sont appréhendés pour être emprisonnés en interne d'une église régie par le père Cooper. Un intégriste réfractaire aux homosexuels et à la luxure, prônant une justice expéditive envers quelques innocents kidnappés par ces disciples. Mais cette fois, rien ne se déroulera comme prévu.
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Vendu comme un film d'horreur néophyte, Red State n'est en rien le divertissement primaire concocté pour nous donner notre lot de sueurs froides dans un scénario canonique. Réalisé avec brio dans son réalisme incisif épaulé d'une caméra mobile agressive dans les moments les plus alarmistes, la narration charpentée stigmatise avec verdeur le fondamentalisme d'une secte religieuse édifiée par le pasteur Cooper. Un sexagénaire intégriste et homophobe inculquant à ses adorateurs que ces pêcheurs doivent être éradiqués de la terre. Le prologue débute comme un classique teen-movie auquel trois jeunes lurons vont décider de passer du bon temps avec une femme mature adepte de l'échangisme. Ce canevas balisé va cependant brusquement virer de ton quand nos héros vont se retrouver piégés par la mégère d'une paroisse catholique. Ce qui interpelle à la vue de ce pamphlet anti-religieux, c'est sa froideur austère, son réalisme rugueux octroyé à la caractérisation de personnages antipathiques et d'une violence expéditive souvent insupportable parce qu'elle fustige l'innocence vouée au sacrifice. D'ailleurs, le premier meurtre perpétré à l'intérieur du huis-clos pastoral se révèle le plus pénible dans son acuité, quand bien même la foule convaincue de leurs méfaits laisse transparaître une satisfaction malsaine dans leur idéologie anti-gay. Spoil ! La suite du récit évite intelligemment la redite des conventions avec cette potentielle cavale de deux des héros et du blocus policier. Red State se transforme alors subitement en film de siège survitaminé auquel des forces de l'ordre enrôlées par un supérieur pugnace vont encercler et prendre d'assaut nos intégristes martyrs. Fin du Spoil.


Les séquences d'action filmées caméra à l'épaule ou en vue subjective offrant de beaux moments de bravoure accentuées par une bande-son clinglante afin d'exacerber l'impact stridant du carnage. Les rivaux en proie à la peur et la panique mais inévitablement stoïques se lancent dès lors dans un ultime baroud-d'honneur. Pas de héros dans ce récit âpre et brutal évalué sans compromis mais un sentiment désabusé de défaite sociale pour les deux camps rivaux se battant au nom de la fierté et d'une idéologie fasciste. Sachant que les flics eux mêmes vont dévoir employer le subterfuge pour se débarrasser d'une bavure impardonnable. Dans celui du prédicateur prêchant la piété avec éthique despotique, Michael Parks s'avère terrifiant de cynisme. John Goodman en impose tout autant pour son personnage de leader policier, convaincu de braver sa déontologie professionnelle afin de sortir vainqueur d'un terrorisme religieux. La séduisante et gracile Melissa Leo insuffle une poignante empathie dans celle d'une mère repentie, osant bafouer sa doctrine conservatrice pour la sauvegarde de sa postérité infantile.


Avec sa mise en scène âpre et studieuse et la sobriété dérangée des interprètes, Red State redouble d'efficacité pour illustrer avec vigueur un pamphlet édifiant sur les pratiques extrémistes d'adorateurs de Dieu. Son point d'orgue explosif ne manque pas non plus de dérision caustique par son revirement divin !

17.10.11
Bruno Matéï

vendredi 14 octobre 2011

THE TREE OF LIFE. Palme d'Or Cannes 2011.

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de Terrence Malick. 2010. U.S.A. 2h18. Avec Brad Pitt, Sean Penn, Jessica Chastain, Hunter McCracken, Joanna Going, Fiona Shaw, Laramie Eppler, Tye Sheridan, Jessica Fuselier, Nicolas Gonda, Will Wallace. 

Sortie en salles en France le 17 Mai 2011. U.S: 8 Juillet 2011.

FILMOGRAPHIE: Terrence Mallick est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 30 Novembre 1943 à Ottawa (Illinois).
1973: La Ballade Sauvage.
1978: Les Moissons du Ciel
1998: La Ligne Rouge
2005: Le Nouveau Monde
2011: The Tree of Life

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La Palme d'Or 2011 est vraiment, vraiment rebutante !
J'ai fini par endiguer le film au bout d'1H30 (sur 2H20) tant il s'étire inlassablement dans son ambiance religieuse et nonchalante pour illustrer son thème métaphysique sur le sens de la vie terrestre. Les images fastes, limpides, immaculées, sont magnifiques, la mise en scène expérimentale use et abuse du maniement d''une caméra toujours en mouvement (un parti pris qui m'a beaucoup irrité) et les comédiens sont quelques peu déroutants, comme envoûtés par ce qu'ils ressentent et traversent. Au final, j'ai eu l'impression que l'émotion ne perçait jamais. C'est fort dommage.

A revoir peut-être car j'ai comme l'impression que ce trip existentiel est aussi réussi que raté.

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Jack grandit entre un père autoritaire et une mère aimante, qui lui donne foi en la vie. La naissance de ses deux frères l'oblige bientôt à partager cet amour inconditionnel, alors qu'il affronte l'individualisme forcené d'un père obsédé par la réussite de ses enfants. Jusqu'au jour où un tragique événement vient troubler cet équilibre précaire...