mardi 12 juin 2012

ATOMIC CYBORG (Vendetta dal futuro)

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Sergio Martino (Martin Dolman). 1985. Italie. 1h34. Avec Daniel Greene, John Saxon, George Eastman, Claudio Cassinelli, Janet Agren.

Sortie salles France: 26 Mars 1986

FILMOGRAPHIESergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1985: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.

.
Deux ans après son fleuron post-apo 2019, Après la chute de New-York, Sergio Martino récidive à piller gentiment les succès notoires outre-atlantique pour amorcer Atomic Cyborg. Ce succédané transalpin de Terminator préfigure notamment avec deux ans d'avance le chef-d'oeuvre de Verhoven, Robocop (pour la quête identitaire du robot asservi par son créateur arriviste)A titre d'anecdote, le film fut en outre endeuillé par la disparition de l'acteur Claudio Cassinelli (Peter Hallo), décédé sur le tournage dans un accident d'hélicoptère. Avec cette tragédie impondérable, Sergio Martino fut contraint de modifier l'agencement de son final explosif. Après avoir épargné la vie d'un militant écologiste, Paco Queruak, cyborg humain programmé pour tuer, est contraint de s'exiler dans sa contrée natale pour fuir l'entrepreneur Turner ainsi que les autorités de l'état. Dans un motel, il fait la rencontre de Linda, une jeune serveuse avec qui il décide d'entretenir une relation amoureuse. Mais des agents du FBI ainsi que les hommes de main de Turner sont lancés à ses trousses. 
.
.
Classique bisseux des eighties, Atomic Cyborg peut sans conteste se targuer de figurer au palmarès des réussites les plus ludiques dans le domaine des ersatz des années 80. Western futuriste prenant pour cadre les contrées montagneuses de l'Arizona, cette série Z plutôt vigoureuse rivalise de péripéties débridées et de trognes délurées pour divertir les fans de nanar impayable. En dépit d'un premier quart-d'heure peu attractif et plutôt bavard, le film de Sergio Martino attise rapidement la sympathie dans son intégrité à daigner offrir au public un généreux spectacle d'action conçu sans prétention. La trame puérile et fantaisiste se résume à des confrontations musclées entre un cyborg vindicatif, destitué de sa véritable identité par la faute d'un perfide entrepreneur, délibéré à se défendre contre ses supérieurs ainsi que les autorités de l'état. De prime abord, après avoir sympathisé avec une jeune serveuse dans un motel reclus, Paco va devoir se mesurer à une bande de camionneurs, partisans musclés du bras de fer concurrentiel. Alors qu'un de leur leader influent (l'inénarrable Georges Eastman en traître cabotin !) va tout mettre en oeuvre pour le circonscrire. Comme d'habitude dans ce genre de zèderie, la maladresse des dialogues infantiles est exprimée avec un sérieux inébranlable par des comédiens au physique grotesque.


Et dans le rôle du Terminator mexicain, Daniel Greene endosse la carrure d'un héros intrépide aussi austère qu'apathique dans sa physionomie de catcheur docile. Rien que pour sa présence figée, le film est absolument incontournable et doit beaucoup au caractère pittoresque de ces déconvenues musclées avec des gros bras autoritaires ou des tueurs flegmatiques. Sa rixe hilarante avec une androïde sexy est d'ailleurs un revirement fortuit d'offensive cinglante dans les échanges de tirs et les corps à corps chorégraphiés en mode kung-fu ! Justement, le savoir-faire technique des séquences d'action et la conception efficiente de certains effets-spéciaux (la tête arrachée de la blonde humanoïde, le bras déchiqueté de Paco façon "Terminator" ou encore le coeur extirpé des entrailles de Turner) ajoute un impact attractif à ces péripéties homériques. Alors que le score de Claudio Simonetti véhicule honorablement un certain charme naïf dans sa rythmique mélancolique pour scander les mésaventures du justicier robotisé.


Conventionnel et crétin mais efficace et aussi attendrissant qu'hilarant, Atomic Cyborg est un classique bisseux de la zèderie ritale en pleine ascension du plagiat post-apo. La présence estimable de vétérans de seconde zone (George Eastman, John Saxon et surtout Daniel Greene !) et la vigueur de la mise en scène privilégiant l'action échevelée concourent de nous offrir un plaisir coupable encore plus pittoresque qu'à l'époque de sa sortie ! 
.
A Claudio Cassinelli
Dédicace à Ciné-bis-art
12.06.12
Bruno Matéï

GORE GORE GIRLS


En dépit de 3 scènes gores gratinées et de 3 nichons folichons, le délire de Lewis est une farce soporifique d'une rare vacuité. Même pas drôle.

11.06.12
Bruno Matéï

jeudi 7 juin 2012

LES 5000 DOIGTS DU DR T (The 5000 Fingers of Dr T)

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site filesdrop.com

de Roy Rowland. 1953. U.S.A. 1h28. Avec Peter Lind Hayes, Mary Healy, Hans Conried, Tommy Rettig, John Heasley, Noel Cravat.

Sortie salles France: 30 Juillet 1954. U.S: 1 Juillet 1953

FILMOGRAPHIE (Wikipedia): Roy Rowland est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 31 Décembre 1910 à New-York, décédé le 29 Juin 1995 à Orange (Californie). 1943: A Stranger in Town. l'Ange perdu. 1945: Our Vines have tender Grapes. 1946: Boy's Ranch. 1947: Mac Coy aux poings d'or. l'Heure du pardon. 1949: La Scène du Crime. 1950: Le Convoi Maudit. Les Heures Tendres. 1951: Un Fou au Volant. 1952: Les Clairons sonnent la charge. Les 5000 Doigts du Dr T. 1953: Commérages. Le Voleur de Minuit. 1954: Sur la trace du crime. Témoin de ce meurtre. 1955: L'Aventure Fantastique. La Fille de l'Amiral. 1956: Viva Las Vegas. Passé perdu. 1957: Calomnie. Terreur dans la Vallée. 1958: Arrivederci Roma. 1963: Solo pour une blonde. 1965: Sie nannten ihn Gringo. 1966: Surcouf, le tigre des 7 mers.


Le pitch: Bart, un jeune apprenti musicien s'endort sur le clavier de son piano à cause de la discipline drastique de son professeur, le Dr Terwiliker. Parmi 500 enfants kidnappés, il se retrouve entraîné dans le monde irréel du Dr T pour interpréter communément un concerto musical. 
D'après un récit de Theodore Geisel, célèbre écrivain pour littérature infantile (le Grinch), Les 5000 Doigts du Dr T fut un cinglant échec commercial lors de sa sortie officielle. On peut comprendre que le film ait déçu le public traditionnel, peu habitué à fréquenter un spectacle hybride alternant la comédie musicale, la féerie et le fantastique cauchemardesque. Véritable ovni excentrique projetant les fantasmes utopiques d'un jeune garçon asservi par son professeur mélomane, Les 5000 Doigts du Dr T émerveille à travers son imaginaire désinhibé. Car exaspéré du travail intensif qu'il doit entreprendre pour satisfaire son professeur de piano, le petit Bart se retrouve plongé dans un rêve insensé afin de se dépêtrer des griffes du Dr T. Madame Collins et leur fidèle plombier étant également embrigadés dans la forteresse labyrinthique. Ainsi, l'ambition de ce professeur déluré est de daigner réunir 500 enfants autour d'un gigantesque piano pour y interpréter un concerto 24 heures sur 24, 365 jours annuels durant !


Autant dire que la trame débridée demeure une perpétuelle fantaisie sardonique si bien que l'antagoniste pernicieux s'en donne à coeur joie afin de brimer ses écoliers ! Visuellement splendide de par son technicolor clinquant, et inquiétant pour l'expressionnisme de ses décors baroques, l'aventure trépidante de ce gamin endeuillé d'une mort paternelle s'avère un enchantement atypique. Emaillé de péripéties fantaisistes (la course en patin à roulette, la tentative de vol de la clef, la chute dans le souterrain des esclaves) et de rencontres saugrenues (les deux hommes à barbe, les musiciens prisonniers, les geôliers de cachot), les 5000 Doigts du Dr T est une invitation au rêve pour y dénoncer toute forme d'autorité despotique lorsqu'un bambin y est destitué d'absence parentale. Les numéros musicaux harmonieusement chantonnés et dansés se coordonnant pour mettre en exergue un environnement échevelé généré par l'entreprise du sardonique Dr T. L'acteur Hans Conried s'autorisant un malin plaisir masochiste à incarner un musicien adepte de sorcellerie, particulièrement railleur et indocile de par ses ambitions mégalos. On pense aussi parfois à l'univers de Tim Burton pour l'accoutrement vestimentaire des protagonistes, ses idées démentielles (la potion magique qui absorbe l'audition, la chute dans le vide de Bart amortie par son simple tee-shirt) ainsi que la verve macabre émanant de certaines claustrations (le père du Dr T prisonnier en interne d'un immense tambourin ou encore le cachot biscornu auquel Bart et le plombier y sont embrigadés !).

.
Inventif en diable, espiègle, coloré et totalement débridé, les 5000 Doigts du Dr T constitue une merveille de féerie et d'insolence. Hymne à la chimère de par la candeur d'un enfant endeuillé, quête initiatique pour le droit à sa reconnaissance, cette fantaisie musicale véhicule un pouvoir d'évasion renouant avec nos songes les plus fous et affranchis.

*Bruno
07.06.12. 2èx


mercredi 6 juin 2012

THE SECRET LIFE OF WORDS (La Vida secreta de las palabras). Meilleur film GOYAS 2005.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site cartelespeliculas.com   
d'Isabel Coixet. 2006. Espagne/U.S.A. 1h52. Avec Sarah Polley, Tim Robbins, Javier Camara, Eddie Marsan, Steven Mackintosh, Julie Christie, Danny Cunningham, Emmanuel Idowu, Dean Lennox Kelly, Daniel Mays.

Sortie salles France: 19 Avril 2006. U.S: 15 Décembre 2006

Récompenses: Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario aux GOYAS 2005

FILMOGRAPHIE: Isabel Coixet est une réalisatrice, scénariste et productrice espagnole, née le 9 avril 1960 à Barcelone.
1989: Demasiado viejo para morir joven
1996: Des choses que je ne t'ai jamais dites
1998: XII Premios Goya (TV). L'Heure des nuages.
2003: Ma vie sans moi
2005: The Secret Life of Words
2008: Lovers
2009: Map of the Sounds of Tokyo
.
.
Sur une plate-forme pétrolière, une jeune infirmière est enrôlée pour soigner un grand brûlé. Entre les deux inconnus, une complicité amicale va se nouer et dévoiler leur secret les plus inavouables. 
.

A travers le portrait de deux êtres laminés par la honte et la culpabilité, la réalisatrice Isabel Coixet nous illustre avec pudeur leur amitié naissante pour finalement nous acheminer vers une réminiscence traumatisante. Hanna, infirmière mutique, introvertie et taciturne, se morfond dans une solitude aigrie devant ses camarades de travail, réfractaires à son attitude impassible. Déléguée par son patron durant un mois sur une plate-forme pétrolière, elle y fait la connaissance de Josef. Un homme gravement brûlé par la cause d'un incendie industriel, faute d'avoir tenter de porter secours à son meilleur ami. Allongé sur un lit, affaibli par ses diverses plaies et contusions, Josef est également atteint de cécité le temps de deux semaines de convalescence. C'est par l'intermédiaire de cette infirmière timorée et mystérieuse, recrutée pour le soigner de ses blessures, que Josef va peu à peu tenter d'instaurer une complicité amicale.


Avec la candeur d'une une mise en scène épurée exploitant la beauté naturelle de la mer et scrutant progressivement les états d'âme bafoués de nos deux protagonistes, The Secret Life of Words s'emprunt d'une poésie lancinante à travers leurs intimes confidences. La réalisatrice insufflant ici judicieusement le pouvoir de suggestion comme cet éloge culinaire dialogué par Josef pour tenter de désnihiber Annah d'un silence trop pesant. Mais quand les langues se familiarisent et se délient au fil de leur connivence, la douleur meurtrie, décrite de façon textuelle, nous glace le sang pour le souvenir d'une affliction.
A travers leur sombre confidence emplie de rancoeur et culpabilité, la réalisatrice porte finalement un témoignage accablant sur les victimes avilies par la barbarie inhumaine de la guerre. Les tortures et viols infligées sur les victimes les plus démunies nous sont mis en exergue par la suggestion des dialogues énoncés pas la victime. L'impact verbal de l'horreur décrite n'en n'est que plus abjecte, car jusqu'au-boutiste dans l'imaginaire vécu. Et la narration préalablement contenue dans un altruisme vertueux se transforme dès lors en tragédie humaine à la porté émotionnelle déchirante.
Par la densité humaine de ces deux interprètes principaux (Tim Robbins et Sarah Polley, époustouflants de vérité endolorie, se livrent corps et âme avec une pudeur à fleur de peau !), cette amitié naissante entre deux inconnus va finalement tenter de s'uniformiser vers une rédemption amoureuse.


Pour ne jamais oublier !
Dénonciation de la barbarie pour toutes les victimes asservies par le trauma de la guerre, The Secret Life of Words est un éloge périlleux à la vie. A travers l'amitié candide de deux êtres brisés par un drame incurable, Isabel Coixet en tire une leçon de tolérance sur l'aspiration au bonheur déchu par la grâce amoureuse. En résulte un conte bouleversant à la fantasmagorie sous-jacente (l'esprit spirituel d'une âme infantile plane sur le récit !), nous laissant dans une acuité émotionnelle emplie de fragilité et de prostration. Attention Spoiler ! Et cela juste avant l'ultime révélation fracassante d'une catharsis maternelle. Fin du spoiler. Inoubliable !
.
Dédicace à Jérome Roulon
07.06.12
Bruno Matéï
                                         

Vendredi Sanguinaire / Blutiger Freitag / Tueurs Professionnels / S.O.S Police

Photo empruntée sur Google, appartenant au site intemporel.com

de Rolf Olsen. 1972. Allemagne de l'Ouest / Italie. 1h30. Avec Raimund Harmstorf, Gila von Weitershausen, Daniela Giordano, Gianni Macchia.

Sortie Ciné le 11 Décembre 1974

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Rolf Olsen est un réalisateur, acteur et scénariste autrichien né le 26 Décembre 1919, décédé le 3 Avril 1998 à Starnberg. 1964: Le ranch de la Vengeance. La Chevauchée vers Santa Cruz. 1967: Les Violences de la Nuit. 1968: Le Médecin de Hambourg. 1969: Nuits Blanches à Hambourg. 1970: Hôtel du vice. 1972: Vendredi sanguinaire. 1976: Shocking Asia. 1979: Ekstase. 1988: Starke Zeiten


Un dangereux bandit s'échappe une nouvelle fois de prison au cours d'un transfert vers le palaos dejustice. Aidé de ses complices, il complote un dernier hold-up, histoire de prendre le large et de quitter l'Allemagne. 

Une sympathique bisserie d'exploitation surestimée à mes yeux. J'attendais quand même beaucoup plus de hargne de la part des gangsters contestataires !



mardi 5 juin 2012

Autopsie d'un crime (The Burning Bed)

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site bambootrading.com

Télé-film de Robert Greenwald. 1984. U.S.A. 1h40. Avec Farrah Fawcett, Paul Le Mat, Richard masur, Grace Zabriskie, Penelope Milford, Christa Denton, James T. Callahan, Gary Grubbs, David Friedman.
.
FILMOGRAPHIE: Robert Greenwald est un réalisateur et producteur de cinéma et de télévision, né le 28 Août 1945 à New-York. 1977: Sharon: Portrait of a mistress. 1978: Katie: portrait of a centerfold. 1979: Flatbed Annie and Sweetiepie: Lady Truckers. 1980: Xanadu. 1982: In the Custody of Strangers. 1984: Autopsie d'un Crime. 1986: Shattered Spirits. 1987: On Fire. 1988: Sweet Hearts Dance. L'amour a 4 temps. 1990: Forgotten Prisoners. 1993: Hear no Evil. 1995: Les Tourments du Destin. 1997: Breaking Up. 1999: The Living Winess. 2000: Steal This Movie.


Succès télévisuel public et critique lors de sa diffusion dans les années 80, Autopsie d'un crime ébranla nombre de spectateurs émus de l'étonnante prestance de Farrah Fawcett en victime asservie par un mari tyrannique. Et ce à travers un réalisme brutal peu courant dans la paysage télévisuel si bien que son intensité dramatique demeure davantage éprouvante sous l'impulsion de l'actrice au sommet de sa carrière. Lardé de récompenses dans divers festivals, ce télé-film aujourd'hui oublié reste un témoignage fort et bouleversant sur le traitement des femmes battues tributaires d'une impériosité machiste dénuée de morale. Le PitchLe 9 mars 1977, Francine Hughes quitte son foyer conjugal avec ses trois enfants après avoir incendié sa demeure alors que son mari s'y trouvait à l'intérieur. Appréhendée par la police, elle est assignée au tribunal pour meurtre avec préméditation. Devant son avocat et le jury, elle explique son calvaire interminable au cours duquel son mari alcoolique lui fit subir un véritable enfer plusieurs années durant. De par la prestance docile de la charmante Farrah Fawcett et de son thème racoleur ciblant prioritairement les ménagères de - de 50 ans, on était en droit de craindre le pire. Pourtant, cette oeuvre de fiction spécialement conçue pour la TV surprend beaucoup de par l'intégrité d'une mise en scène allouée à la cause des femmes battues, mais aussi à la prestance d'une illustre actrice de série TV, ici dans un tout premier rôle dramatique. Et en dépit de sa facture télévisuelle et de certaines facilités requises (le procès judiciaire est un peu trop raccourci), Autopsie d'un crime évite admirablement la facilité du voyeurisme et de la complaisance.


Par conséquent, lors d'une chronologie déclinante, Robert Greenwald nous dépeint ici le fait divers d'une femme abusée et violentée par son mari alcoolique. Comment peut-on en arriver à commettre l'irréparable lorsque l'existence conjugale d'une femme soumise est vouée à la terreur de trépasser sous les coups de l'époux aviné ? Alors que Francine est derrière les barreaux d'une geôle pour avoir provoquer la mort de son conjoint, nous allons suivre par l'entremise du témoignage de son avocat, les vicissitudes de son passé martyr. Et ce de sa première idylle avec son amant (insidieux) jusqu'à la tragédie imposée en désespoir de cause. Tandis que le tribunal tentera de défricher si le meurtre était prémédité ou s'il s'agissait d'une légitime défense ! Transcendé de la bouleversante prestance de Farrah Fawcett en victime démunie au visage tuméfié, Autopsie d'un crime souhaite mettre en lumière les failles du système judiciaire lorsqu'une femme battue tente désespérément d'envoyer devant un tribunal son mari pour tentative de meurtre. Sans esbroufe, le récit implacable nous décrit le quotidien d'une femme affable et fidèle, loyalement amoureuse de son conjoint et de ses trois chérubins. Quand bien même au fil des ans, son existence épanouie va vite se transformer en véritable enfer par la cause d'un époux déséquilibré d'une accoutumance à l'alcool. Après avoir rompu avec courage les liens du mariage civil, Francine Hughes est contrainte de subir les menaces consécutives d'un machiste mégalo délibéré à récupérer ses enfants par intimidation et par la même occasion reconquérir sa conjointe.


Son instinct maternel de daigner choyer ses enfants auprès d'elle convaincra finalement Francine à renouer avec son ex-époux, au péril de sa vie.  Avec un réalisme d'une brutalité parfois rigide (certaines scènes d'humiliation ou de maltraitance sont d'une dureté impitoyable), le film met en exergue  l'impuissance d'une femme battue réduite à combattre seule l'autorité orgueilleuse d'un alcoolique incurable. Le récit rigoureux démontrant à quel point une femme terrorisée, mais néanmoins vaillante d'avoir osé braver le pacte du mariage, puisse difficilement fuir un homme voué à la supplicier. Alors qu'en désespoir de cause, la victime se résout à perpétrer l'irréparable, car n'ayant trouvé aucun appui du côté de la police ou des pouvoirs publics. Si Autopsie d'un crime émeut et bouleverse lors de sa progression dramatique (des aveux cruciaux de la victime à sa délibération au procès), il le doit à l'interprétation déchirante de Farrah Fawcett (j'insiste !). En femme chétive armée de patience et de résilience, son parcours interminable de femme molestée nous provoque une vibrante empathie. L'actrice digne de conviction évitant admirablement l'écueil du pathos auquel son personnage aurait pu facilement se morfondre. Son regard accablé d'amertume morale et son physique strié par les coups laissant transparaître un jeu dépouillé, renforcé d'humilité fragile.


En dépit de son aspect télévisuel, Autopsie d'un Crime tire son épingle du jeu pour livrer un témoignage fort et éloquent sur la détresse des femmes battues, démunies de ne pouvoir convaincre l'autorité de l'état. Passé son épilogue salvateur, nous préservons pourtant en mémoire le calvaire sordide d'une femme traumatisée d'une idylle véreuse. Solitude, isolement, perte de confiance en soi, honte, Autopsie d'un crime démontrant que les femmes violentées se retrouvent souvent dans une posture de repli, de doute et de souffrance, au péril de leur vie...
.
A Farrah...
Un grand merci à film dvd vhs v3

* Bruno05.06.12

Récompenses: Emmy Award 1985 du Meilleur Réalisateur Robert Greenwald, Meilleure Actrice pour Farrah Fawcett, Meilleur Acteur pour Richard Masur, Meilleur scénario pour Rose Leiman Goldemberg.
Golden Globe 1985, Meilleur Acteur pour Paul Le Mat, Meilleure Actrice pour Farrah Fawcett, Meilleur télé-film.


vendredi 1 juin 2012

ALUCARDA (Alucarda, la hija de las tinieblas)

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site grotesqueinfestation.blogspot.com

de Juan Lopez Moctezuma. 1975. Mexique. 1h20. Avec Tina Romero, Claudio Brook, Lili Garza, Tina French, David Silva, Susana Kamini.

Sortie le 26 Janvier 1978

FILMOGRAPHIE: Juan Lopez Moctezuma est un acteur, scénariste et réalisateur mexicain, né en 1932 et  décédé le 2 Août 1995 à Mexico.
1973: The Mansion of Madness. 1975: Mary, Mary, Bloody Mary. 1977: Alucarda. 1987: Le Tueur
1994: El Alimento del Miedo.
.
.
Le pitch: A sa naissance, Alucarda est adoptée par les nonnes d'un couvent sous les ordres de sa mère moribonde. Plusieurs années ont passé et la jeune fille fait la rencontre de Justine, une orpheline venue s'exiler dans le monastère. Ensemble, elles se lient d'une tendre amitié mais un jour elles libèrent une force démoniaque dans un cercueil. Depuis, les jeunes candides semblent tributaires de l'allégeance du diable.  
.

En pleine mouvance de démonologie issue de l'Exorciste de Friedkin, le mexicain Juan Lopez Moctezuma réalise deux ans plus tard un curieux film fantastique imprégné d'obscurantisme religieux. La première qualité de cette oeuvre étrange émane de sa nature singulière dans son alliage de culte spirituel, sorcellerie, superstitions et possession sataniste. Le réalisateur nous dépeignant ici une vision personnelle des affres de l'au-delà par l'entremise d'une communauté fondamentaliste. Justine et Alucarda sont deux jeunes filles abdiquées dès leur plus tendre enfance par leur famille. Elles se retrouvent embrigadées dans un couvent pour y vivre et subir une éducation drastique exposée aux valeurs de piété. Avides de liberté et d'épanouissement, elles décident un beau jour de partir en forêt pour y faire la rencontre d'étranges bohémiens. Elles pénètrent ensuite dans l'enceinte d'un bâtiment abandonné pour y libérer une force démoniaque inhumée dans un cercueil. C'est là qu'Alucarda va laisser libre court à son instinct libertaire, avouer son affection à son acolyte et se dévouer ensemble au satanisme en pactisant avec les forces du mal.


A travers ce canevas d'épouvante où le Mal s'empare de l'esprit de deux nonnes candides, le réalisateur y dénonce le fanatisme religieux lié aux superstitions séculaires au cours duquel un exorcisme moyenâgeux sera assujetti pour l'une d'entre elles. Juan Lopez Moctezuma insistant à mettre en exergue la propagande sectaire entreprise par l'église au cours des prières divines. Une doctrine inculquée auprès de nonnes terrifiées à l'idée que l'Enfer puisse les diaboliser si leur foi vertueuse en était souillée. Par la cause de cet endoctrinement et d'une existence fastidieuse, nos deux héroïnes vont finalement se réconforter auprès du démon pour y découvrir une forme d'autonomie frondeuse. Livrant leur nouvelle éthique sataniste aux autorités religieuses, Justine va d'abord devoir se confronter au jugement d'un exorcisme entrepris par ses supérieurs. Attention spoiler ! Les évènements ultérieurs vont ensuite nous amener vers une vengeance démoniaque entreprise par Justine, exhumée de sa tombe ! Tandis qu'un médecin avisé va tenter d'extraire Alucarda des forces du Mal, d'une manière plus pondérée que ses confrères anachronistes. Fin du spoiler. Émaillé de plages horrifiques laissant parfois libre court à une imagerie gore onirique, le film nous plonge dans un délire festif où l'emprise démoniaque fustige les fidèles de Dieu dans un apocalypse de feu. Certaines séquences de sensualité trouble ou de poésie morbide (l'exorcisme pratiqué sur Justine ainsi que son exhumation sanglante, le sabbat érotique dans la forêt ou encore le brasier final) faisant preuve d'imagination sans égale pour laisser dans l'esprit du spectateur une imagerie incandescente.

.
Les Forces du Mal
Visuellement étonnant pour son emprunt à un onirisme aussi bien macabre qu'insolite émanant d'un climat païen natif du Mexique (l'accoutrement vestimentaire des nonnes semblables à des momies obsolètes rajoutant notamment une aura indicible), Alucarda demeure une délirante fantasmagorie sur le totalitarisme religieux. La conviction des interprètes méconnus au charisme saillant rehaussant l'intensité émotionnelle des enjeux satanistes pour se laisser dériver vers une sarabande infernale à l'atmosphère chimérique. A ne pas rater !  

Dédicace à l'Univers Fantastique de la Science-Fiction
01.06.12
Bruno Matéï