mardi 10 avril 2012

Mondwest (Westworld)

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site www.cinemovies.fr

de Michael Chrichton. 1973. U.S.A. 1h29. Avec Yul Brynner, Richard Benjamin, James Brolin, Norman Bartold, Alan Oppenheimer, Victoria Shaw, Dick Van Patten, Linda Gaye Scott, Steve Franken.

Sortie salles France: 27 Février 1974. U.S: 21 Novembre 1973

FILMOGRAPHIE (source Wikipedia): Michael Chrichton est un écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 23 Octobre 1942, décédé le 4 Novembre 2008 à Los Angeles.
1972: Pursuit (télé-film inédit en France). 1973: Mondwest. 1978: Morts Suspectes. 1979: La Grande Attaque du Train d'or. 1981: Looker. 1984: Runaway, l'évadé du futur. 1989: Preuve à l'appui (Physical Evidence).
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Premier long-métrage du célèbre écrivain Michael Crichton, Mondwest est le précurseur de bon nombre de blockbusters ricains dont Génération ProteusTerminator, Hardware, Robocop et Blade Runner en seront les dignes représentants. Récit d'anticipation dénonçant les dérives du progrès technologique, ce western hybride décuple son caractère inquiétant en la présence hiératique de l'illustre Yul Brynner. Le pitchEn villégiature, deux notables découvrent l'incroyable attraction de Delos, un univers fantasmatique scindé en trois époques. Le monde médiéval, le Far-West et l'empire Romain sont reconstitués sous l'effigie d'une scénographie criante de vérité avec l'appui d'experts scientifiques pour façonner des humanoïdes plus vrais que nature. Alors que tout semblait réuni pour combler le dépaysement de nos touristes rupins, les robots figurants adoptent subitement un comportement vindicatif échappant au contrôle de leurs créateurs !
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Qui n'a pas fantasmé séjourner dans une époque vétuste de notre patrimoine historique afin d'explorer la quotidienneté d'un univers aussi exotique qu'obsolète ! Mondwest constitue l'utopie (cinégénique) de nos désirs ludiques les plus saugrenus. Ainsi, pour divertir l'homme avide de sensations nouvelles et d'expériences exaltantes, Michael Chrichton conçoit un parc d'attraction révolutionnaire lorsque des vacanciers fortunés vont pouvoir côtoyer et cohabiter parmi la présence singulière de robots d'apparence humaine. Dans des décors criants de vérité pour parfaire son univers antique et travestir nombre de péripéties homériques afin de contenter le touriste avide d'action et rebondissements (bagarres de saloon, évasion de prison, duels au pistolet et luxure avec tapineuses), Mondwest se savoure telle une friandise acidulée au fil d'un cheminement cauchemardesque. Par conséquent, nos deux protagonistes machistes ont pu concrétiser leur rêve de gosse en endossant les rôles de cowboys insolents sombrant dans la marginalité criminelle depuis la provocation d'un antagoniste toujours plus arrogant. C'est dans la peau de cet androïde opiniâtre que Yul Brynner crève l'écran dans sa posture aussi monolithique que frigide, car déterminé à persécuter ses adversaires et annihiler toute présence humaine planquée dans les recoins de Delos.
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Au préalable, le réalisateur mis en avant le caractère ludique d'une telle situation lorsque nos touristes peuvent à loisir concrétiser leurs fantasmes les plus récréatifs. Parmi la provocation hostile d'humanoïdes conçus pour émoustiller nos capricieux héros, Crichton dépeint la peur instinctive de l'homme lorsqu'il est opposé à une situation de danger létal. Ces robots plus vrais que nature engendrant la confusion chez nos protagonistes désorientés par ce semblant de vie au sein d'une topographie historique bluffante de vérité ! Sous l'impulsion de leur orgueil, nos deux héros convaincus de leur prépondérance vont finalement se laisser influencer par leurs instincts les plus primaires en se fondant dans la peau de criminels mégalos d'autant plus avides de liberté. C'est à ce moment propice que les robots préalablement asservis par notre autorité décident de perpétrer leurs exactions depuis la défaillance inexpliquée de leur technologie. Alors que tout semblait édénique afin de combler les attentes extravagantes de nos estivants, nos androïdes erratiques se lancent alors dans une impitoyable chasse à l'homme. Et ce, jusqu'à ce qu'un Terminator azimuté redouble de subterfuge et d'autonomie afin d'éradiquer l'ultime survivant !

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Un monde où rien ne peut aller de tarvers
A la fois terriblement dépaysant et jouissif, mais également malsain, Mondwest se décline en bande-dessinée vitriolée de par ses péripéties incongrues si bien que le spectateur complice peut laisser libre court à son imaginaire baroudeur. Qui plus est, par l'entremise du cinéma d'anticipation, ce western baroque présage en sous-texte les dangers de nos technologies innovantes sous influence d'une société de consommation privilégiant nos élites. Transcendé de la prestance magnétique de Yul Brynner, Mondwest provoque donc un enthousiasme caustique quant au portrait pessimiste d'un futur discrédité par la révolution d'une technologique faillible. Autrement dit, la perfection n'est pas pour demain...
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Un grand merci à  www.cinemovies.fr 
10.04.12
Bruno Matéï

                                               

lundi 9 avril 2012

LIVIDE

Photo empruntée sur Google, appartenant au site critique-film.fr   
d'Alexandre Bustillo et Julien Maury. 2011. France. 1h28. Avec Loïc Berthezene, Serge Cabon, Chloé Coulloud, Béatrice Dalle, Catherine Jacob, Jérémy Kapone, Chloé Marcq, Félix Moati, Marie-Claude Pietragalla.

Sortie salles France: 7 Décembre 2011

FILMOGRAPHIE (Info Wikipedia): Alexandre Bustillo est un réalisateur et scénariste Français, né le 10 Août 1975 à Saint-cloud.
Julien Maury est un réalisateur et scénariste français.
2007: A l'Intérieur
2011: Livide
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Avertissement ! Cet hommage concerne l'avis subjectif d'un puriste amateur, amoureux de cinéma de genre, en toute indépendance. Il ne s'agit pas d'un plagiat. Toute analogie avec une critique d'un site spécifique ne serait que pure coïncidence.



Ca ne va pas faire plaisir à mon ami Bruno mais avec toute l'indulgence du monde, j'ai trouvé Livide pesant et ennuyeux. Fautes à une interprétation peu crédible et une structure narrative redondante (45 minutes pour illustrer de façon ombrageuse un cambriolage rébarbatif). Hormis une esthétique soignée découlant de certaines séquences d'une beauté macabre formelle et de la bonne intention des réalisateurs, Livide se morfond dans un cheminement ambitieux mais vain en tentant d'affilier le conte onirique et l'horreur grand-guignolesque (le délire final agrémenté d'Fx irréprochables tourne à vide par la cause d'un script maigrelet et de personnages jamais investis). A contrario, la séquence ultime se part d'un éclat gracile dans sa poésie féerique et la musique accordait aussi une tonalité appropriée ! 



Un grand merci à critique-film.fr
Bruno Matéï
09.04.12



jeudi 5 avril 2012

LES LOUBARDES (SWITCHBLADE SISTERS)

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmonpaper.com

de Jack Hill. 1975. U.S.A. 1h30. Avec Robbie Lee, Joanne Nail, Monica Gayle, Asher Brauner, Chase Newhart, Marlene Clark, Kitty Bruce, Janice Karman, Don Stark, Don Marino.

FILMOGRAPHIE (info wikipedia): Jack Hill est un réalisateur et scénariste américain, né le 28 Janvier 1933 à Los Angeles.
1959: The Wasp Woman. 1960: The Host. 1963: l'Halluciné. 1966: Mondo Keyhole. Blood Bath. 1968: Spider Baby. 1969: Pit Stop. 1970: Je suis une groupie. 1971: The big doll house. 1972: The bird bird cage. 1973: Coffy la panthère noire de Harlem. 1974: Foxy Brown. The Swinging Cheerleaders. 1975: Les Loubardes. 1982: Sorceress.
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Spécialiste du WIP et de la Blaxploitation, le vétéran Jack Hill réalise en 1975 un film d'action féministe dont les anti-héros se révèlent des lascardes effrontées, adeptes du maniement du couteau et des armes à feu. Pure bande dessinée décomplexée pour adultes, les Loubardes s'institue nanar fun volontairement primaire si bien que nos garçonnes opiniâtres crèvent l'écran dans leur conviction belliqueuse ! La guerre des clans fait rage entre une bande de garçons, les Silver Deb et un gang de filles, les Dagger Debs, dont leur nouvelle recrue, Maggie va venir s'interposer et semer la zizanie. Par la faute d'une duperie et d'une rancune compromise par Lace, la nouvelle égérie du groupe féministe se résout à enrôler une troupe de belligérantes afros pour combattre le clan des Silver Deb.
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Ca débute comme un WIP jalonné de combats de catch entre gardiennes et prisonnières coincées en interne de leur cellule et ça se termine par un règlement de compte sanglant où la cité urbaine, livrée à feu et à sang, est le cadre d'une guérilla sans merci entre bandes rivales ! Une forme de Justicier de New-York avant-gardiste avec l'armada de véhicule blindé, explosions dantesques et coups de mitraillettes pétaradants décimant trois antagonistes à la seconde ! La narration ultra simpliste n'est qu'un prétexte à étaler à intervalle régulier nombre d'affrontements frénétiques entre une bande de filles délurées et des machistes orgueilleux contrariés par leur insolence dissolue. Néanmoins, l'intrigue se focalise surtout sur la relation amicale puis tendue exercée par Lace et la nouvelle recrue, Maggie, experte en art de combattre l'adversaire au couteau ou à main nue. Par la cause perfide d'une comparse insidieuse et la mort du compagnon de Lace (chef des Silver Deb), Maggie va devoir s'opposer à l'autorité de son amie, déterminée à daigner l'assassiner. En prime, elle est contrainte de s'allier avec une troupe de femmes rebelles d'origine africaine pour combattre les mâles sévèrement brimés. Jack Hill, en habile faiseur d'action gentiment débridée nous façonne avec dérision une bisserie ultra caricaturale, transcendée par la prestance impertinente de comédiennes viriles pourvues de réparties corrosives !
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Fun, jouissif, coloré, terriblement niais et crétin, ce plaisir coupable ne laisse pas un instant de répit au spectateur embarqué dans une rixe où les femmes farouches ont le monopole de l'allégeance et les hommes violeurs sont réduits à des brutes antipathiques. On sera par contre surpris de la violence plus rigoureuse du final fortuit dans un combat exécuté à l'arme blanche par nos deux rivales indignées. Un affrontement particulièrement cru et sanglant résultant avec ironie vers une morale frondeuse dans son pied de nez gouailleur asséné aux forces de l'ordre. Pour tout amateur de nanar cartoonesque dédié au plaisir ludique de l'action échevelée, les Loubardes est un petit classique vintage rythmé au son de la Soul et du Funk.
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Dédicace à l'Antre du bis et de l'exploitation et un grand merci à Filmonpaper.com
Bruno Matéï
05.04.12



lundi 2 avril 2012

Billy the Kid vs Dracula


de William Beaudine. 1966. U.S.A. 1h13. Avec John Carradine, Chuck Courtney, Melinda Plowman, Virginia Christine, Walter Janovitz.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: William Beaudine est un acteur et réalisateur américain, né le 15 Janvier 1892 à New-York, décédé d'insuffisance rénale le 18 Mars 1970 à Canoga Park, en Californie. Il est surtout réputé pour ses films muets. 1960: Les 10 Audacieux. 1963: Lassie's Great Adventure. 1966: Jesse James contre Frankenstein. 1966: Billy the Kid versus Dracula. 1974: The Green Hornet. 1976: Fury of the Dragon. 


La même année que son inénarrable Jesse James contre Frankenstein, William Beaudine, spécialiste du cinémat muet (une centaine de titres à son effigie !), s'empare du mythe vampirique pour nous évoquer en l'occurrence la confrontation entre le célèbre bandit Billy the Kid et l'indéfectible Dracula, incarné ici par le vétéran John Carradine. Le PitchDans l'Ouest américain, Dracula a trouvé sa nouvelle proie auprès d'une ravissante fermière, propriétaire d'un ranch. Mais Billy The Kid, ancien bandit aujourd'hui reconverti dans la bienséance entend bien protéger sa dulcinée des griffes de l'intrépide chauve-souris ! Amateurs de séries Z impayables d'une niaiserie hallucinée, ce film est pour vous tant il procure durant son bref cheminement (1h13 !) moult situations risibles transcendées de la prestance cabotine d'interprètes désespérément persuasifs. Si bien qu'après avoir commis l'insensé Jesse James contre Frankenstein, William Beaudine s'intéresse au cas notable du vampire orgueilleux affublé de longues canines. Notre bon vieux Dracula parcourant aujourd'hui l'Ouest américain en y infligeant sur son chemin quelques morsures furtives à certains quidams imprudents. Ainsi, après avoir semé le désordre dans un camp indien, le prince des ténèbres s'installe dans la ville la plus proche après avoir entrevu le portrait d'une ravissante jeune blonde docile, propriétaire d'un ranch. Eperdument amoureux, il décide donc en guise d'alliance maritale d'en faire sa prochaine damnation et de l'isoler vers le refuge ténébreux d'une mine désaffectée afin d'y reposer en tranquillité.


La cocasserie de cette zèderie à la banalité accablante émane du soin apporté à la retranscription virile du western par des moyens techniques précaires néanmoins privilégiée de la photogénie de décors naturels bucoliques. Le caractère attachant des personnages, tous plus crétins les uns des autres (Billy le Kid est génialement altruiste dans sa posture loyale de cow-boy valeureux mais inculte et peu adroit !), les situations farfelues émanant de l'esprit bon enfant de protagonistes trouillards et l'interprétation saugrenue du génial John Carradine concourent de rendre l'aventure bougrement attractive pour tout amateur de délire infantile. Bourré d'incohérences et de non sens durant sa structure narrative sporadique, on se plait à suivre les vicissitudes de cette famille de paysans persécutés par un vampire particulièrement imbus ! Par conséquent, à l'instar d'un cartoon vintage au charme suranné, nous nous plaisons de suivre cette pantalonnade où tous les protagonistes davantage contrariés s'évertuent à s'inquiéter de la présence hostile du tyran mégalo. Car ici, Dracula en aristocrate dédaigneux se prétend tout permis pour s'approprier la propriété d'un ranch en créant la duperie et favoriser ainsi son ambition de vampiriser une godiche empotée. D'autant plus qu'il use régulièrement de façon finaude à se métamorphoser en chauve-souris (de pacotille) pour ainsi mieux éclipser sa présence sournoise face à ces adversaires. Qui plus est, le personnage de Billy le Kid doit aussi beaucoup au charme désuet qui émane de l'entreprise tant le comédien rivalise de naïveté et de bonhomie (il ne connaît pas la signification du mot "vampire" faute de n'avoir pu côtoyer les établissements scolaires !) à daigner combattre son antagoniste roublard.


En Dracula notoire, John Carradine se révèle impérial de ridicule tant il cabotine en diable pour tenter de nous terrifier par sa présence famélique, exacerbée d'un regard ahuri de yeux exorbitées ! Son tempérament vaniteux et sa désinvolture arrogante donnant lieu à des situations improbables irrésistibles d'ineptie. Il faut d'ailleurs le voir tenter imposer sa loi et sa ferme autorité face au désarroi de pauvres paysans, convaincus de son origine maléfique mais incapable de s'y mesurer par peur d'être mordus.

Con comme la lune mais sympathiquement chatouillant et visuellement dépaysant, Billy The Kid vs Dracula est un divertissement décomplexé à conseiller à l'inconditionnel de zéderie au charme rétro infaillible. Une curiosité davantage truculente décuplant ainsi de nos jours notre ferveur à découvrir un vaudeville foutraque pris entre deux genres académiques (western / épouvante). Une cocasserie aimablement séculaire avoisinant le looney-tunes de fond de classe. 

Dédicace à l'Antredubisetdel'exploitation
03.04.12
Bruno 



vendredi 30 mars 2012

LES LYONNAIS


d'Olivier Marchal. 2011. France. 1h42. Avec Gérard Lanvin, Tchéky Karyo, Daniel Duval, Dimitri Storoge, Patrick Catalifo, François Levantal, Francis Renaud, Lionnel Astier, Valeria Cavalli.

Sortie salles France: 30 Novembre 2011

FILMOGRAPHIE: Olivier Marchal est un acteur et réalisateur français, né le 14 Novembre 1958 à Talence (Gironde). Il est en outre le créateur des séries télévisées: Flics et Braquo.
2002: Gangsters
2004: Quai des Orfevres
2008: MR 73
2011: Les Lyonnais
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D'après l'oeuvre d'Edmond Vidal, ex membre du gang des lyonnais, Olivier Marchal s'inspire de son illustre autobiographie pour nous livrer avec Les Lyonnais un polar âpre et désenchanté. Une sombre fresque illustrant le portrait renfrogné de deux gangsters déchus, rattrapés par la frénésie d'un passé tendancieux. Edmond Vidal, ancien gangster à la retraite va renouer avec son passé galvaudé pour épauler son meilleur ami, Serge, récemment appréhendé par la police. Après une sanglante évasion, Edmond va se retrouver mêlé au chantage d'une bande de tueurs inflexibles, déterminés à retrouver son acolyte. En même temps, la police est plus que jamais circonspecte aux faites et gestes des deux repris de justice bien connus des services durant les années 70.
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Mis en scène avec le brio d'une virtuosité technique factuelle, le quatrième long-métrage d'Olivier Marchal est un polar tendu et brutal, noyé dans l'amertume du profil galvaudé de deux gangsters notoires, victimes de leur exactions sanguinaires perpétrées à une époque dissidente.
Durant leur jeunesse, à cause d'un simple vol de cageot de cerise, Edmond et serge vont être amenés à écoper une peine inéquitable de 6 mois ferme dans un établissement pénitentiaire. Cette sévère injustice sera le vecteur moteur pour les deux jeunes délinquants à se laisser appréhender par le grand banditisme après avoir endigué leur initiateur dans la région lyonnaise des années 70. En l'occurrence, Edmond est un sexagénaire coulant des jours ternes parmi la morosité d'une épouse distante, communément tiraillés par le remord d'une période révolue. Quand à Serge, il reste un gangster toujours en activité car n'ayant jamais abdiqué ses instincts délétères pour défier l'antagoniste et l'autorité répréhensible de la justice.


Entre passé et présent de flash-backs incessants, Olivier Marchal nous illustre avec lyrisme leur dérive autonome compromise par l'avilissement du Mal. Traversé d'éclairs de violence d'une verdeur cinglante mais jamais putassière et jalonné de plages intimistes inscrites dans la fraternité de l'amitié et la cohésion familiale, Les Lyonnais transcende la caractérisation bafouée de ces deux malfrats contraints de payer un lourd tribut. En parrain acariâtre, Gérard Lanvin assume avec sobriété un rôle majeur de gangster rongé par l'aigreur d'un passé vénal. Mais un homme déchu profondément meurtri par la soudaine révélation d'une intolérable trahison parce qu'entièrement subordonné à la loyauté de l'amitié. Sa posture rigide exacerbée par un regard austère noyé de rancoeur illumine son cheminement funeste, en attendant l'exutoire potentiel d'une repentance indécise. Son acolyte de toujours est campé par l'excellent Tchéky Karyo, malfaiteur tout aussi réputé, flegmatique mais implacable dans ses élans meurtriers impondérables. Un complice distant par son esprit taciturne quand il est contraint d'avouer à son comparse pour quelle véritable motivation il s'est retrouvé à fréquenter les cellules de prison.


Hormis le caractère prévisible de l'achèvement de nos deux protagonistes, Les Lyonnais est un excellent polar entièrement dédié au caractère fébrile de mafieux contrariés par l'intégrité désavouée de l'amitié. Superbement mis en scène, vigoureux dans sa narration indécise traversée  de brusques accès de violence et endossé par une galerie de trognes burinées plus vraies que nature, l'odyssée noire de Marchal renoue avec la désillusion flamboyante des grandes sagas mafieuses. 

30.03.12
Bruno Matéï

L'avis de mon ami Mathias Chaput

Réalisé avec un grand sens de la rigueur (aussi bien scénaristique que dans la restitution des décors ou des costumes), exempt d’anachronisme et violent comme un « film d’hommes », « Les Lyonnais » est un métrage exemplaire qui tient particulièrement bien la route !
Lanvin est impérial, il a un rôle taillé pour lui et sa personnalité de fonceur…
Karyo ne déroge pas à la règle dans son personnage d’enflure intégrale et même si vieillissant il s’en sort avec les honneurs !
La faune de la pègre lyonnaise comporte tous les stéréotypes surtout vers les années 70 (avec les filles soumises à leurs gangsters de maris, les caïds qui n’hésitent pas à frapper ou à flinguer fort, les casses et « braquo » -braquages- à pléthore, et la police le plus souvent dépassée –malgré une « rafle » dans un campement de gitans particulièrement millimétrée et efficace, et qui entrainera un procès fleuve !)…
Les gangsters ne reculent devant rien pour faire aboutir leurs desseins illégaux et font preuve d’une imagination hors normes et sans le moindre remords !
S’en prenant à des enfants ou des animaux, essayant par tous les moyens à faire régner leur diktat de corruption et de domination, et quiconque se mettra devant leur chemin, se verra froidement abattu !
Certains passages sont extrêmement violents et Marchal prend le parti pris pour une complaisance à minima, malgré un entêtement sidérant dans la tension et le stress (notamment lors des fuites de Momon et de sa femme, constamment harcelés !).

Film d’un grand professionnalisme et aux moyens ultra conséquents, « Les Lyonnais » s’entiche non seulement d’un scénar bien rôdé mais d’une restitution magistrale d’un domaine assez méconnu et peu exploité dans le cinéma hexagonal, pour au final projeter le spectateur sur un pan de la délinquance qui s’étale de 1970  à nos jours, le tout avec un talent indéniable !
Du très bon boulot pour un des meilleurs polars de ces dernières années, tous genres confondus !
Marchal frappe fort et l’impact de son œuvre trouve ici son aboutissement via peut être son chef d’œuvre !
A voir absolument pour la qualité du travail réalisé et pour son plaisir si on est adepte des polars français, un métrage qui fera date !

Note : 8.5/10


mercredi 28 mars 2012

U-TURN


d'Oliver Stone. 1997. U.S.A. 2h04. Avec Sean Penn, Nick Nolte, Jennifer Lopez, Powers Boothe, Claire Danes, Joaquim Phoenix, John Voight, Billy Bob Thornton, Abraham Benrubi, Richard Rutowski.

Sortie salles France: 14 Janvier 1998. U.S: 3 Octobre 1997

FILMOGRAPHIE: Oliver Stone (William Oliver Stone) est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 15 septembre 1946 à New-York.
1974: La Reine du Mal, 1981: La Main du Cauchemar, 1986: Salvador, Platoon, 1987: Wall Street, 1988: Talk Radio, 1989: Né un 4 Juillet, 1991: Les Doors, 1991: JFK, 1993: Entre ciel et Terre, 1994: Tueurs Nés, 1995: Nixon, 1997: U-turn, 1999: l'Enfer du Dimanche, 2003: Comandante (Doc), 2003: Persona non grata, 2004: Looking for Fidel (télé-film), 2004: Alexandre, 2006: World Trade Center, 2008: W.: l'Impossible Président, 2009: Soul of the Border, 2010: Wall Street: l'argent ne dort jamais. 2012. Savages.

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Deux ans après dépeint le portrait politique du président Richard Nixon, Oliver Stone emprunte le roman de John Ridley (Stray Dogs) pour nous livrer avec U-Turn un thriller décalé, caricature acide d'une Amérique profonde. Un looser solitaire se réfugie vers la contrée désertique de Superior pour fuir l'hostilité d'une bande de mafieux à qui il dû une forte somme d'argent. En attendant que sa voiture en panne croupisse chez un garagiste arrogant, il fait la connaissance de la sensuelle Grace, une femme indienne tributaire d'un mari violent et alcoolique. Cumulant la poisse au fil de ses rencontres impromptues et sans le moindre sou, Bobby sera confronté à un odieux marché financier lorsque Grace lui proposera de se débarrasser de son époux. Thriller aride mis en exergue sous un climat solaire écrasant, U Turn est un jubilatoire jeu de massacre savamment orchestré par un Oliver Stone plus gouailleur que jamais ! A l'instar d'After Hours de Martin ScorceseU-Turn nous décrit avec une verve caustique les vicissitudes d'un marginal besogneux confronté aux citadins les plus excentriques au sein du bled paumé de Superior, non loin de Las Vegas. Après avoir tenté d'échapper aux menaces d'un leader mafieux et à la suite d'une panne de voiture aléatoire, Bobby se retrouve embrigadé dans une bourgade clairsemée où la population inculte semble gagner par l'aberration. C'est d'abord son garagiste, arrogant et obtus qui le contraint de s'attarder plusieurs jours dans cette contrée désertique.
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Sur place, il fait ensuite les rencontres fortuites d'un vieil indien logicien atteint de cécité et d'un jeune couple ahuri dont l'amant irascible s'envenime à déclencher les rixes pour honorer sa potiche effrontée. En prime, après avoir côtoyé l'amabilité du shérif de la contrée, Bobby tombe sous le charme de Grace avant de s'apercevoir que la belle est asservie par un mari tyrannique, Jake. Séduit par la beauté sulfureuse de cette jeune indienne, Bobby va rapidement faire face au compromis d'une transaction machiavélique suggérée par les deux amants désunis. Avec un scénario habilement structuré multipliant les rebondissements perfides et les rencontres saugrenues de badauds susceptibles, Oliver Stone rivalise de mesquinerie à nous transfigurer une galerie de personnages tous plus désinvoltes et calamiteux les uns des autres. Hommage débridé au film noir enduit de vitriol, U-Turn demeure une odyssée tragico burlesque auprès d'un paumé incapable d'épingler l'amour, faute de sa déloyauté individualiste. En établissant également le portrait équivoque d'une femme molestée, avilie par la gente masculine, Oliver Stone nous dépeint sa vengeance méthodique et hautement sournoise. Sa haine inaltérable d'avoir été livrée à la débauche sexuelle d'un odieux personnage impliqué dans l'inceste, quand bien même ces multiples amants nappés de rancoeur, de jalousie et d'orgueil n'auront de cesse de se combattre afin d'obtenir un gain de cause lucratif.
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Dans la peau d'un looser invétéré, Sean Penn doit beaucoup au caractère ludique de cette hystérie collective de par sa prestance versatile tributaire d'infortune tant il accumule les calamités à un rythme frénétique. Dans celui du mari licencieux imbibé d'alcool, Nick Nolte impressionne à travers son cynisme d'époux torturé par ses agissements indécents. Dans le rôle de l'aguicheuse insidieuse, Jennifer Lopez s'en sort honorablement et réussit à s'imposer avec sobriété en veuve noire irréductible. L'unique victime martyrisée auquel on finit par éprouver une certaine empathie après avoir découvert son sombre passé infantile. Les autres seconds-rôles, quasi méconnaissables dans une posture excentrique (John Voight, Billy Bob Thornton, Claire Dance, Joaquim Phoenix, Powers Boothe), s'en donnent également à coeur joie dans la fourberie et l'arrogance pour laisser libre court à des inepties fébriles.
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Méchamment drôle de par son sarcasme récursif, violemment cruel et cauchemardesque, U-Turn est un jubilatoire jeu de massacre sur le machisme primaire et les effets pervers du dépit sentimental. Une farce corrosive déployant avec un humour semi parodique l'hypocrisie du rapport amoureux  naviguant entre allégeance et possessivité. Et à travers ces protagonistes stimulés par l'instinct du désir sexuel de nous livrer des numéros d'acteurs impayables !

*Bruno28.03.12.

vendredi 23 mars 2012

Les Tueurs fous / Le Sexe de la Violence (Lonely Killers / Quando il pensiero diventa crimine)


de Boris Szulzinger. 1972. France/Belgique. 1h14. Avec Dominique Rollin, Roland Maden, Georges Aminel, Christian Barbier, Patricia Cornelis, Georges Aubert, Marc Audier, Marc De Georgi, Jean Droze, Daniel Dury, Franz Gouvy.

FILMOGRAPHIE: Boris Szulzinger est un réalisateur et producteur belge.
1969: Nathalie après l'amour (pseudo: Michael B. Sanders). 1972: Les tueurs fous. 1975: Tarzoon, la Honte de la jungle (co-réalisé avec Picha). 1980: Mama Dracula


Boris Szulzinger serait resté un cinéaste belge méconnu s'il n'eut co-réalisé le film d'animation égrillard, Tarzoon, la Honte de la jungle d'autant plus que sa carrière énumère uniquement quatre longs-métrages. Ainsi donc, en 1972 sort dans l'indifférence générale une oeuvre choc retraçant le fait divers sordide d'un duo de malfrats perpétrant d'horribles méfaits meurtriers dans la contrée de Bruxelles. Les tueurs fous, également connu sous le titre Le Sexe de la Violence, se décline en petite bande déviante fort peu connue du public mais à découvrir d'urgence tant elle retrace avec réalisme glaçant l'équipée sanglante d'un tandem marginal englué dans leur médiocrité. Le pitchDeux jeunes délinquants prennent les armes pour abattre n'importe quel individu frayant leur chemin. En totale insouciance et dans une quête libertaire immorale, Dominique et Roland fuient leur ennui en perpétrant leur sale besogne entre deux rencontres impromptues avec des citadins besogneux.  


Dans la lignée des portraits abrupts de serial-killer tristement notoires, filmé à l'instar d'un reportage, Les Tueurs Fous nous retrace froidement le parcours meurtrier de deux marginaux profondément esseulés et incapables d'assumer leur homosexualité. Le film débutant sur les chapeaux de roue avec un meurtre gratuit perpétré par nos compères hilares d'avoir persécuté un quidam en mobylette juste avant de s'empresser de l'abattre à coups de carabine. Cette scène dérangeante annonce immédiatement la couleur de leur premier délit à travers les agglomérations nocturnes ou pluvieuses d'une contrée bruxelloise blafarde. Ainsi, sans moralité et en totale négligence, ils décident du jour au lendemain de commettre une série de crimes aléatoires en assassinant froidement des quidams. La suite de leurs vicissitudes se résumant à fréquenter les bars gay animés de spectacles travelos, écumer les honnêtes gens pour subvenir à leur finance, amorcer des rencontres impromptues d'un soir avec des paumés solitaires ou encore tenter d'éveiller l'amitié avec un homo introverti.


Par conséquent, ces badauds désoeuvrés sans lien de parenté n'ont aucune attache ni véritable ami, si ce n'est finalement de se laisser attendrir auprès d'un chat infirme découvert dans l'habitacle d'une voiture volée. C'est d'ailleurs durant leur périple leur seule empathie éprouvée pour un être vivant si bien qu'ils s'efforceront de l'inhumer, Une séquence cafardeuse provoquant un malaise tangible car particulièrement élégiaque de nous confronter subitement à la détresse de ces deux tueurs inflexibles. Leur prise de conscience soudainement révélée face caméra reflétant l'innocence de regards infantiles livrés à la solitude de leur vision morbide. En fuite à travers leur triste médiocrité, Dominique et Roland évacuent donc leur ennui et leur sexualité refoulée en assassinant les habitants du quartier car il n'eurent jamais l'aubaine de grandir pour être éduqués par des parents modèles.


Dérangeant, malsain et immersif de par son ambiance clinique d'un automne déprimant renforcé du jeu naturel des comédiens dans leur posture puérile, les Tueurs Fous constitue un constat terrifiant sur la marginalité des laissés-pour-compte. Sans complaisance ni voyeurisme, le film tire sa force psychologique par son réalisme sordide ancré dans une morosité prégnante et par cette effroyable défiance que n'importe quel individu congédié puisse un jour basculer dans la folie la plus couarde. Oubliez son homonyme racoleur (le Sexe de la Violence) et découvrez sans réserve cette pépite belge ancrée dans la désillusion.

Dédicace à Video Party Massacre
23.03.12
Bruno


lundi 19 mars 2012

Bellflower


de Evan Glodell. 2011. U.S.A. 1h46. Avec Evan Glodell, Jessie Wiseman, Tyler Dawson, Rebekah Brandes, Vincent Gradshaw, Zack Kraus, Keghan Hurst, Alexandra Boylan, Bradshaw Pruitt, Brian Thomas Evans.

Sortie salles France: 21 Mars 2012. U.S: 5 Août 2011

FILMOGRAPHIE: Evan Glodell est un réalisateur, acteur, monteur, producteur, directeur de la photographie, scénariste américain. 2005: La Forme à l'amour (Court-métrage. Co-directeur). 2011: Bellflower
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Avec un budget de 17 000 dollars, le néophyte Evan Glodell entreprend pour son premier long l'argument autobiographique d'une love story traitée de manière peu commune dans sa mise en scène hybride afin de mieux bousculer les attentes du spectateur. Le PitchDeux acolytes entreprennent de façonner un lance-flamme et un véhicule motorisé en guise d'ennui. Mais l'arrivée aléatoire d'une blonde aguicheuse compromet leurs ambitions pour faire sombrer l'un d'eux dans une déchéance suicidaire. Autant avertir de suite les amateurs d'esbroufe avides de pyrotechnie et donc séduits par son affiche prometteuse, Bellflower constitue l'antinomie du spectacle explosif conçu pour rassasier son public lambda. Si bien que cette production indépendante réalisée avec peu de moyens fait figure d'ovni intimiste dans sa douloureuse introspection d'un quidam noyé d'amertume suite à déboire amoureux. Traité de manière insolite auprès d'une réalisation anti conformiste oscillant les ruptures de ton, et formellement criard (saturation de teintes ocres et jaunes fluos), Evan Glodell nous oriente vers une fragile odyssée humaine sur fond d'éloignement existentiel. De prime abord, on se croit embarquer dans une comédie tendre et futile avec les flâneries récurrentes de deux amants communément épris d'amour. A l'instar d'un documentaire pris sur le vif, le réalisateur s'attachant à nous décrire avec humanité le destin aigri de ces deux comparses juvéniles en quête de reconnaissance.


Or, Woodrow et Aiden, chômeurs passionnés par la saga post-nuke de Mad-Max, en particulier du personnage asocial Humungus, fuient l'ennui de l'existence avec la construction d'un lance-flamme et d'une voiture vrombissante. En soirée festive, après une rencontre impromptue dans un bar, l'amour frappe à la porte de Woodrow. Depuis, l'homme ne jure que par la probité de son idylle naissante jusqu'au jour où toutes les meilleures choses ont une fin. Ainsi, durant une majeure partie du récit, on se demande alors où le réalisateur souhaite en venir avec cette idylle romanesque finalement mise en exergue sur le fiasco. Puis, de manière latente et avec l'originalité d'une mise en scène expérimentale, c'est le profil désemparé d'un quidam déchu trahi par l'adultère qui nous ait illustré dans une ambiance délétère davantage en chute libre. Et plus la déchéance déshumanisée de Woodrow se chemine vers la régression, plus le film s'aventure vers les sentiers ombrageux d'une errance nocturne vindicative. Il en ressort au final une oeuvre chétive, le sentiment peu commun d'avoir assister à une tragédie sentimentale profondément touchante à travers cette fuite désespérée. La quête existentielle de deux camarades fuyant la monotonie de leur réalité par l'utopie parce que songeurs d'horizons clairsemées.

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L'achèvement d'Humungus
A travers cette errance urbaine chancelante, le réalisateur Evan Glodell se réapproprie des conventions du genre pour transcender la love story éculée dans une mise en scène hétérodoxe. Avec une humanité vulnérable, Bellflower traite donc du deuil délicat, difficilement surmontable d'une rupture amoureuse, mais également des valeurs de l'amitié entre la fraternité de deux héros dépités et de leur quête autoritaire à retrouver une certaine virilité (d'où leur affection partagée avec le personnage redouté d'Humungus). L'intelligence et l'originalité de sa structure narrative, la bonhomie naturelle des personnages et l'esprit libertaire qui y émane en font une oeuvre forte où la rancoeur intrinsèque s'extériorise finalement parmi l'essence candide d'une rédemption. 

*Bruno
19.03.12

vendredi 16 mars 2012

LE MANNEQUIN DEFIGURE (Crescendo)


                                      

d'Alan Gibson. 1970. Angleterre. 1h30. Avec Stéfanie Powers, James Olson, Margaretta Scott, Jane Lapotaire, Joss Ackland, Kirsten Lindholm.

Sortie en salles le 24 Mars 1971

FILMOGRAPHIE: Alan Gibson est un réalisateur canadien, né le 28 avril 1938 à London, en Ontario (Canada), décédé le 5 juillet 1987 à Londres (Royaume-Uni).
1965: 199 Park Lane (série TV). 1966: A Separate Peace (télé-film). Eh, Joe ? (télé-film). 1968: Journey to Midnight. 1969: The English Boy (télé-film). 1970: Le Mannequin Défiguré. Goodbye Gemini. 1971: The Silver Collection (télé-film). 1972: Dracula 73. 1974: The Playboy of the Western World (télé-film). Dracula vit toujours à Londres. 1976: Dangerous Knowledge (télé-film). 1977: Checkered Flag or Crash. 1979: Churchill and the Generals (télé-film). 1980: The Two Faces of Evil (télé-film). 1982: Une femme nommée Golda (télé-film). 1982: Témoin à charge. 1984: Martin's Day. 1984: Helen Keller: The Miracle Continues (télé-film). 1987: The Charmer (série TV).

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Par celui qui aura tenté de moderniser à deux reprises le mythe du vampire des Carpathes avec deux nanars folichons, Dracula 73 (Christophe Lemaire en reste traumatisé !) et Dracula vit toujours à Londres, Alan Gibson avait préalablement réalisé en 1970 le meilleur film de sa carrière avec Le Mannequin Défiguré. Thriller horrifique au suspense Hitchcockien, cette petite série B admirablement orchestrée est à revoir sans modération grâce à la dextérité d'un scénario machiavélique et à ses personnages interlopes très attachants.
Susan Roberts est une jeune étudiante préparant une thèse sur le célèbre compositeur Henry Ryman. Invité chez la veuve du défunt dans une villa du Sud de la France, elle rencontre son fils paralytique, Georges, et entame une complicité. Mais l'attitude désinvolte d'une bonne à tout faire et d'un inquiétant geôlier vont contrarier l'invitée, d'autant plus que la mère semble avoir une emprise d'allégeance sur son fils. 


Film rare totalement sombré aujourd'hui dans l'oubli, Le Mannequin défiguré (pour une fois que le titre français transcende son homologue british !) est une véritable perle dans son genre horrifique produit par la fameuse firme Hammer Film ! Dans une ambiance ombrageuse palpable et un climat pervers étouffant, ce thriller diabolique doit son salut à une narration impeccablement structurée, rehaussée par le talent congru d'interprètes sur mesure. Sur un canevas Hitchcockien en diable, Le Mannequin Défiguré nous invite dans la villa bucolique d'une veuve et de son fils paralytique auquel une étudiante est invitée pour y rédiger une thèse sur le célèbre compositeur, Henry Ryman. Si parmi les témoins, la convivialité d'une ambiance amicale y est perceptible de prime abord, l'attitude insolente et arrogante d'une potiche de service et la présence clairsemée d'un étrange gardien vont rapidement interpeller la quiétude de Susan. D'autant plus que celle-ci va être confrontée aux violentes crises de spasmophilie endurées par Georges. Cet artiste préalablement promu à une riche carrière de pianiste aura eu la malchance de se retrouver en fauteuil roulant suite à un grave accident. Pour aggraver la fatalité, sa femme le quitta du jour au lendemain, faute de sa déficience physique inaltérable. Sujet à des cauchemars récurrents auquel il imagine son propre "double" assassiner sa femme, Georges semble assujetti par l'aguicheuse femme de ménage pour entamer communément une étrange relation masochiste. D'autant plus que pour mieux l'asservir à sa guise, Lilliane pratique un chantage alloué à la toxicité d'un psychotrope. Un soir, un horrible homicide va avoir lieu...


Voilà pour l'intrigue savamment planifiée avant que les enjeux interlopes prennent une tournure dramatique beaucoup plus délétère, voire schizophrène ! Par un savant dosage de suspense intense parfaitement coordonnée, scandé par le profil suspicieux de personnages aussi sournois que véreux, Le Mannequin Défiguré est un jouissif thriller baignant dans un cauchemar diffus et diaphane.
L'architecture gothique de la demeure érigée de manière arquée aux abords d'une piscine familiale agrémente favorablement son atmosphère insolite particulièrement moite et licencieuse. Comme son titre d'origine l'indique (Crescendo), la gravité des évènements va prendre une tournure plus sombre après le fameux meurtre perpétré par un tueur sans visage. Un piège machiavélique semble se refermer sur notre étudiante tributaire des agissements insidieux d'une sombre famille au passé galvaudé. Son point d'orgue révélateur se clôt sur une résolution inopinée alors que son rythme davantage haletant se culmine vers une succession de péripéties sardoniques.


Superbement campé par une galerie de comédiens complices s'en donnant à coeur joie dans l'autorité oppressive et mis en scène avec un savoir faire fripon dans l'intensité d'un suspense judicieux, Le Mannequin Défiguré est une petite perle du thriller à se procurer d'urgence. Rehaussé d'une atmosphère atypique dans le refuge affable d'un huis-clos feutré, cette production Hammer Film se pare en outre d'une certaine audace dans l'air du temps (les années 70) par sa violence âpre (le meurtre dans la piscine est particulièrement rigoureux) et son érotisme futilement polisson (Jane Lapotaire use et abuse de provocation impudique en gouvernante mesquine).
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Dédicace à Video Party Massacre
16.03.12
Bruno Mattéï.



jeudi 15 mars 2012

LE TERRITOIRE DES LOUPS (The Grey)



de Joe Carnahan. 2012. U.S.A. 1h57. Avec Liam Neeson, Dallas Roberts, Frank Grillo, Dermot Mulroney, Nonso Anozie, Joe Anderson, Ben Bray, James Badge Dale, Anne Openshaw, Peter Girges.

Sortie salles France: 29 Février 2012. U.S: 27 Janvier 2012

FILMOGRAPHIE: Joe Carnahan est un réalisateur, scénariste, monteur et producteur américain, né le 9 Mai 1969.
1998: Blood and Bullets. 2002: Narc. 2006: Faceless (télé-film). 2007: Mise à prix. 2010: l'Agence tous Risques. 2012: Le Territoire des Loups

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Une fois de plus dans la mêlée. Dans le dernier et plus grand combat de ma vie. Vivre et mourir aujourd'hui. Vivre... et mourir... aujourd'hui.
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Joe Carnahan nous avait préalablement épaté avec son polar moite Narc puis l'excellent caméléon Mise à Prix, pour ensuite nous décevoir avec un blockbuster policé, l'Agence tous Risques. En l'occurrence, il nous revient avec un survival aussi acéré que le tranchant d'une lame, Le Territoire des loups. Et il faudra remonter au mythique Délivrance de John Boorman pour retrouver une telle intensité et un souffle si désespéré pour la sombre destinée d'une poignée de survivants confrontés aux monstres tapis dans l'obscurité, au sein des décors enneigées d'une nature hostile. Un avion transportant des ouvriers d'une compagnie pétrolière s'écrase dans les montagnes du Grand Nord. Un groupe de survivants va devoir se soumette à l'autorité de John Ottway, un solitaire nihiliste profondément marqué par la mort de sa femme. Rapidement, une horde de loups voraces vont venir défier les intrus alors que John va tenter de sauvegarder son équipe par sa pratique professionnelle à déjouer l'instinct du carnassier. 
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La mosaïque du survival horrifique, de l'aventure, du suspense et de l'action échevelée nous ait habilement agencée pour nous illustrer sans fioriture une odyssée humaine désenchanté au réalisme imparable. A travers les montagnes rocailleuses et enneigées du Grand Nord, Joe Carnahan nous entraîne au milieu d'un enfer terrestre avec l'intrusion d'une poignée d'êtres humains survivants d'un crash aérien, fugacement confrontés à la sauvagerie d'une meute de loups. Le film annonce la couleur blafarde dès son préambule défaitiste avec la tentative de suicide de notre expert en chasse, un braconnier de loups employé à préserver la vie de foreurs d'une compagnie pétrolière. John Ottway est un veuf accablé par le chagrin de son épouse, toujours plus dépité par la nature délétère de l'homme. Il décide de rejoindre sa défunte à un moment opportun avant de se raviser, suite aux hurlements plaintifs d'un loup entendu dans la forêt adjacente. Le lendemain, après avoir embarqué dans l'avion parmi son équipe pour rejoindre l'Alaska, l'engin s'écrase en pleine nature déshéritée. Le réalisme de cette catastrophe nous ébranle sans prévenir par sa brutalité aride. Filmé en interne de l'appareil incontrôlé, la panique générale allouée aux voyageurs crispés sur leur siège nous saisit d'une terreur sourde. Un vacarme d'apocalypse où leurs cris de frayeurs s'entremêlent avec le bruit assourdissant des moteurs en flamme et de taules déchiquetées. Dès le prélude, Joe Carnahan va insister à nous décrire sa vision hyper réaliste et dérangée de l'agonie humaine lorsque l'un des survivants sévèrement mutilé va être confronté à sa pire labeur, sa propre mort en direct devant le témoignage de ses compagnons démunis. Ce sentiment morbide de la peur de trépasser, cette affres de rejoindre un ailleurs anonyme vont planer durant toute le récit sur le psyché désarmé de nos survivants. Une poignée d'homme à caractère bien distinct, confrontés au froid glacial d'une contrée inconnue et sauvage, à la famine et la fatigue de l'épuisement. Mais surtout des êtres humains faillibles par leur sentiment d'orgueil, de vanité ou d'arrogance (l'inattention, l'imprudence, la phobie et leur conflit d'égo les mèneront fatalement au déclin). Des quidams perplexes de leur destinée, rapidement accablés par le désespoir car gagnés par la peur envahissante de trépasser. Durant ce périple improvisé, chaque protagoniste va être mêlé à sa propre idéologie, une remise en question individuelle et spirituelle sur le sens de leur propre destinée. Par cette terreur instinctive de trépasser dans un avenir proche au milieu d'une écologie menaçante et par cette crainte primitive d'être violenté par le loup, nos derniers rescapés vont devoir se mesurer à leur courage et leur bravoure pour tenter de s'extraire d'un calvaire toujours plus sinistré.


Cette atmosphère mortifère est parfaitement rendue par l'immensité de l'environnement naturel, par ces tempêtes de neige fluctuantes au vent ardent fouettant les visages burinés de nos héros davantage exténués. Tandis que dans l'obscurité, la présence nuisible souvent latente des loups ne fera qu'accentuer ce sentiment d'insécurité prégnant auprès de nos témoins et surtout leur frayeur sensitive de craindre d'être dévorés par les maîtres des lieux. Il faut d'ailleurs insister sur la physionomie de ces fauves enragés, impressionnant de robustesse dans leur présence iconique, particulièrement terrorisants dans les attaques sournoises violemment perpétrées sur leurs proies humaines. Et personnellement, de mémoire de spectateur, je n'avais pas ressenti une angoisse aussi diffuse devant une hostilité animale depuis les lycanthropes du Loup-Garou de Londres (son préambule auquel les 2 héros s'étaient égarés dans la campagne nocturne des landes !) ou encore Hurlements (l'agression de Terry Fisher dans la cabane). Dans un rôle viril de meneur de groupe intarissable, Liam Neeson crève l'écran par sa stature imposante, sa pugnacité chevronnée à livrer un combat sans merci contre l'ennemi invisible. Mais aussi et surtout sa dimension humaine accablée par la perte d'un être cher et par son éthique à accepter ou stigmatiser sa foi mystique. L'épilogue bouleversant et équivoque ne manquera pas de suggérer un dernier acte de bravoure, un baroud d'honneur pour cet homme livré à sa seule raison.


Rédemption
Spectaculaire, intense, terrifiant, désespéré et implacable, Le Territoire des Loups est un survival âpre d'une acuité émotionnelle vulnérable autant qu'un drame humain d'une densité bouleversante dans les enjeux aléatoires. La rigueur de sa mise en scène transcendant la beauté sauvage de ces montagnes enneigées, l'interprétation mise à nue des comédiens, son caractère funèbre octroyé au thème spirituel du sens de la vie nous acheminent au grand moment de cinéma. Notamment cette montée progressive d'un suspense rigoureux où chaque survivant appréhende et aménage sa propre mort. 

14.03.12
Bruno Matéï