lundi 7 mai 2012

LES CRIMES DE SNOWTOWN (Snowtown). Prix du Jury au festival d'Adélaïde.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
de Justin Kurzel. 2011. Australie. 2H00. Avec Daniel Henshall, Lucas Pittaway, Craig Coyne, Richard Green, Louise Harris, Anthony Groves, Brendan Rock, Frank Cwiertniak, Bob Adriaens, Bryan Sellars.

Sortie salles France: 28 Décembre 2011. Australie: 19 Mai 2011

Récompenses: Prix du Jury au festival du film d'Adélaïde
Prix FIPRESCI au Festival de Cannes 2011 pour Justin Kurzel

FILMOGRAPHIE: Justin Kurzel est un réalisateur et scénariste australien.
2005: Blue Tongue (court)
2011: Les Crimes de Snowtown
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D'après un fait divers notoire survenu entre 1992 et 1999, le réalisateur Justin Kurzel nous retrace avec Les crimes de Snowtown la dérive meurtrière d'un serial-killer, John Bunting. Avec l'aide de complices, il commit une douzaine de meurtres dans une banlieue désoeuvrée de l'Australie par simple esprit de vengeance et d'homophobie. Dans une contrée du nord d'Adelaïde en Australie, Jamie et ses frères vivent de manière précaire avec leur mère divorcée. Molesté d'attouchements sexuels par l'un de leur voisin, les trois frères se réfugient dans le mutisme, faute d'humiliation contrariée. Mais un jour débarque John Bunting, un homme à l'apparence affable et accueillant, épris d'affection pour leur mère. Jamie voit en lui le père idéal qu'il n'a jamais pu connaître. 
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Dans l'ambiance blafarde d'une contrée isolée du nord de l'Australie, Les Crimes de Snowtown nous relate le triste quotidien d'une famille désoeuvrée laminée par le chômage et la fréquentation miteuse d'une population marginale. A travers le désespoir toujours plus abrupt d'un adolescent introverti sexuellement abusé, le réalisateur souhaite mettre en exergue sa déchéance morale par la faute d'un conjoint faussement indulgent. Verdeur d'un hyper réalisme proche du documentaire et terne photographie plongent nos protagonistes incultes dans la grisaille de leur commune insalubre. Cette tragédie sordide côtoyant le marasme auprès du spectateur incommodé par tant de haine relate une dégénérescence mentale d'un jeune garçon timorée. Un souffre-douleur solitaire et fragile, livré à la paternité d'un sociopathe adepte de torture barbare. De manière jusqu'au-boutiste, nous allons suivre son implication au meurtre par la volonté drastique d'un justicier expéditif, déversant sa haine sur les handicapés, drogués et homos. Sa vocation essentielle: nettoyer l'agglomération des quidams pervertis par la pédophilie, l'alcool ou la drogue, tout en stigmatisant une profonde aversion pour les homosexuels.
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Par sa condition sociale infortunée et l'absence de tous repères moraux et affectifs (en dehors de la bonhomie aigrie de sa mère taciturne), Jamie va peu à peu se laisser happer par la folie meurtrière d'un exterminateur et ses complices décérébrés. Un insurgé habité par son intolérance, dictant sa loi réactionnaire pour restaurer une justice laxiste. Au départ réfractaire d'être le témoin malgré lui d'actes de tortures et de meurtres infligés sur les victimes molestées, l'adolescent finira néanmoins par accepter cet endoctrinement en mettant fin aux douleurs d'un supplicié moribond (la séquence insoutenable de sadisme est d'un réalisme si viscéral qu'elle provoque successivement malaise et nausée). Avec l'interprétation exceptionnelle de comédiens amateurs (Daniel Henshall et Lucas Pittaway sont époustouflants de déshumanisation déchue dans leur complicité antinomique), le film de Justin Kurzel nous éprouve implacablement jusqu'à l'asphyxie par son atmosphère irrespirable d'une misère humaine laissée pour compte. Ce sentiment d'abandon, d'injustice et de désoeuvrement soumis à la précarité de citoyens incultes, la banalité de leur quotidien morne et désenchanté vont finalement mener certains individus au meurtre crapuleux régit par une idéologiste fasciste. La lourdeur du score ténébreux d'Emilio Kauderer décuplant une rythmique de pulsations angoissées doit également beaucoup à l'intensité monolithique de cette besogne mortuaire.
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Toute société à les crimes qu'elle mérite
D'un naturalisme rugueux, viscéralement cafardeux et noyé d'amertume par l'abdication d'une misère sociale livrée à elle même, Les Crimes de Snowtown est un drame sordide dont il est difficile de s'en extraire. L'histoire vraie et poisseuse d'un cas de serial-killer utilisant de manière perfide une doctrine vindicative pour avilir l'innocence d'un rejeton désorienté. La verdeur putassière et l'impact émotionnel qui émanent du désoeuvrement immoral de nos protagonistes nous laissent dans l'obscurité sitôt le générique bouclé. Un classique à en devenir pour ce premier essai dont la maîtrise acérée de la mise en scène laisse pantois !
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La Sentence de la juridiction
Le 20 Mai 1999, la police découvre des cadavres dans des barils, dans une banque désaffectée à Snowtown. Deux autres corps sont retrouvés enterrés dans un jardin.
Le 21 Mai 1999, plusieurs personnes sont arrêtées. Robert Wagner plaide coupable de trois meurtres. Il est reconnu coupable de dix. Mark Haydon est coupable d'avoir été complice de sept meurtres.
Le pire tueur en série d'Australie, John Bunting, coupable de onze meurtres et condamné à perpétuité. Le 6 Septembre 2001, Elisabeth Harvey meurt d'un cancer. Elle n'a jamais été condamnée pour sa participation au meurtre de Ray Davies. Jamies Vlassakis plaide coupable de quatre meurtres. Il est condamné à vie, dont 26 ans incompressibles. Ayant témoigné contre ses co-accusés, il purge sa peine sous un faux nom dans un lieu secret. En 2025, les autorités décideront s'il doit être relâché ou non. Il aura 45 ans.
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Un grand merci à Cinemovies.fr
07.05.12
Bruno Matéï

vendredi 4 mai 2012

L'INVASION DES ARAIGNEES GEANTES ( The Giant Spider Invasion)


                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site movi.ca

de Bill Rebane. 1975. U.S.A. 1h27. Avec Robert Easton, Leslie Parrish, Steve Brodie, Barbara Hale

Sortie salles U.S: 01 Octobre 1975            

FILMOGRAPHIE (info wikipedia): Bill rebane est un réalisateur, producteur, scénariste, auteur américain, né le 8 février 1937 à Riga en Lettonie.
1965: Monster A Go-go. 1974: Invasion from inner Earth. 1975: l'Invasion des Araignées Géantes. 1975: Croaked: Frog Monster from hell. 1978: The Alpha Incident. 1979: The Capture of Bigfoot
1983: The Demons of Ludlow. 1984: The Game. 1987: Twister's revenge ! Blood Harvest


En pleine vogue du film de terreur catastrophiste initié par Spielberg avec les Dents de la mer, un tâcheron adepte du mini budget et du film de monstres prend le risque la même année (et à 4 mois d'intervalle de la sortie du 1er Blockbuster de l'histoire !) de réaliser une série Z mettant en vedette des arachnides extra-terrestres !!! Avec l'attirail risible de trucages aussi bricolés que nos anciennes productions des années 50, l'invasion des Araignées Géantes s'embourbe dans un grotesque hilarant à daigner nous terrifier autour de monstres articulés ! Une météorite s'écrase près d'une contrée bucolique des Etats-Unis. Des cocons s'extraient de la crevasse et libèrent des araignées d'une origine inconnue. En prime, des diamants sont également retrouvés à l'intérieur des coquilles. Quelques instants après l'incident, un couple de fermiers découvre que leur bétail a été horriblement mutilé. Pendant ce temps, des scientifiques tentent de découvrir l'origine de cette météorite. 


Amateurs d'authentiques nanars du samedi soir, ne ratez pas ce fleuron Bisseux se vautrant spontanément dans la nullité avec une bonhomie irrésistible. Le scénario cité plus haut est une aberration du 3è type à lui seul tant il semble avoir été écrit sous substance psychotrope. Et la mise en scène aseptisée constitue un florilège de maladresses et de non-sens impayable ! Mais la palme du ridicule émane de nos charmantes arachnides réalisées avec les moyens séculaires des années 50, et d'une galerie de protagonistes décervelés cabotinant sans complexe. Que ce soit les rednecks alcoolos ou érotomanes, le couple de chercheurs extrapolant sur des divagations scientifiques, le prédicateur loquace présageant à n'en plus finir l'apocalypse ou encore le shériff déconcerté à l'idée de savoir qu'une araignée de 15 mètres de haut sème la terreur dans sa région. D'ailleurs, au fameux point d'orgue d'une panique urbaine, notre représentant de l'ordre nous exclamera une boutade dont seules les séries Z sont capable de transgresser ! Pour preuve, s'adressant ironiquement par transmetteur CB à son collègue scientifique, il déclare: "Vous avez vu le film Les Dents de la mer ? Ce requin par comparaison c'est un poisson rouge !"


Pourtant, la première partie laborieuse illustrant deux chercheurs s'évertuant à trouver une solution rationnelle à la catastrophe a de quoi ennuyer pour laisser craindre le pire. Mais les vicissitudes suivantes imparties à des protagonistes crétins insuffle un climat extravagant relativement débridé. Le réalisateur s'attardant aux batifolages de métayers occupant leur temps à flâner, boire ou copuler lorsqu'il ne s'agit pas de revendre des diamants ou planquer des cadavres mutilés dans leurs champs. Pendant ce temps d'inactivité, l'invasion prend peu à peu une tournure davantage alarmiste si bien que nos araignées se faufilent dans les demeures champêtres pour agresser leurs occupantes dénudées. Au départ de taille ordinaire, ces dernières venues d'une galaxie si lointaine vont atteindre une dimension gargantuesque pour déchirer les cloisons des maisons et appréhender les quidams blottis à l'intérieur ! Paradoxalement, et pour renforcer l'horreur des situations, les effets chocs font preuve d'une violence sanguine gentiment effrontée quand bien même les moments de panique s'accumulent à une cadence régulière pour aboutir au fameux point d'orgue catastrophiste (façon Jaws !). En effet, une gigantesque araignée (articulée par câble et accrochée sur une voiture camouflée afin de simuler ses rapides déplacements) va foutre le zouc dans un parc d'attraction en accourant vers des centaines de bambins affolés ! La séquence hilarante, mise en scène avec nervosité, constituant un moment de défouloir halluciné !


Avec sa musique monocorde multipliant les sonorités spatiales, ses personnages nigauds à la trogne d'ahuri, ses dialogues saugrenus et ses araignées géantes occultant d'improbables diamants, l'Invasion des Araignées Géantes transcende une forme de nanar cartoonesque à inscrire dans les annales du "Craignos monster" !

Dédicace à l'antredubisetdel'exploitation
Un grand merci à movi.ca
04.05.12.
Bruno Dussart

jeudi 3 mai 2012

LE MASQUE DU DEMON (La maschera del demonio)

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Intemporel.com

de Mario Bava. 1960. Italie. 1h23. Avec Barbara Steele, John Richardson, Andrea Checchi, Ivo Garrani, Arturo Dominici, Enrico Olivieri, Antonio Pierfederici, Tino Bianchi, Clara Bindi.

Sortie salles France: 29 Mars 1961. U.S: 15 Février 1961
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FILMOGRAPHIE:  Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie).
Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo.
1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte1947 : Legenda sinfonica1947 : Anfiteatro Flavio1949 : Variazioni sinfoniche1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire  , 1972 : Quante volte... quella notte1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).

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En 1960, alors que les succès de la Hammer sont au firmament (2 ans au préalable sortait sur les écrans Le Cauchemar de Dracula), un directeur de la photographie s'entreprend de concurrencer la célèbre firme anglaise avec un long-métrage réalisé en noir et blanc, tiré d'un conte russe de Nicolas Gogol (Vij). Le masque du Démon est également l'occasion de révéler au grand public une jeune débutante du nom de Barbara Steele. 50 ans plus tard, ce chef-d'oeuvre du gothique transalpin reste le plus beau film en noir et blanc jamais photographié ! Au 17è siècle, alors qu'une sorcière et son amant sont condamnés au bûcher, celle-ci jure de se venger. Deux siècles plus tard, par la faute d'un médecin et de son adjoint, les revenants s'exhument de leur tombe pour importuner les héritiers de la famille Vadja. 
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Dans une atmosphère typiquement latine par son goût prononcé pour la sensualité morbide, Le Masque du Démon constitue la quintessence du cinéma d'épouvante. Un génie de la photographie réalise pour la première fois de sa carrière un long-métrage horrifique inspiré d'un conte russe. Dans un florilège d'images flamboyantes alternant esthétisme charnel et baroque ténébreux, Le Masque du Démon se contemple comme un superbe livret d'images un soir d'hiver de pleine lune. Dès la séquence d'ouverture, le ton est donné ! Sous une nuit automnale chargée de brume où des arbrisseaux faméliques sont dénudés de verdure, des bourreaux encapuchonnés préparent leur rituel pour supplicier deux amants accusé de vampirisme. Attachés contre un pylône, leur visage sera transpercé d'un masque de bronze orné de pointes. L'ambiance macabro-onirique qui émane de l'atmosphère crépusculaire et le soin du cadrage accordé à ces images picturales relèvent de l'art gothique ! La suite n'est qu'un florilège d'images dantesques conçues pour entraîner le spectateur dans un cauchemar chargé de références au mythe vampirique. Chaque péripétie encourue par nos protagonistes semble avoir été façonnée pour nous garder en mémoire de saisissantes plages d'onirisme. Que ce soit la découverte de la chapelle décharnée par deux visiteurs égarés, la première apparition de Katia accompagnée de deux dobermans, la promenade à travers bois d'une fillette intimidée par le bruit d'un bosquet, ou encore la résurrection de la sorcière dans une crypte archaïque. Tout n'est ici qu'effervescence, splendeur, apparat au sein d'une horreur séculaire.
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Passées ces plages de poésie rutilante et après l'exhumation des amants d'outre-tombe, la narration linéaire se focalise sur un chassé croisé entre les morts et les vivants, réfugiés dans un château rempli de chausses-trappes. Un à un, les membres de la famille Vadja vont être persécutés ou possédés par l'esprit maléfique d'Asa et Igor. Tandis que l'assistant du Dr Kruvajan, secrètement amoureux de Katia (sosie d'Asa), va tout mettre en oeuvre pour tenter de la sauver. Impossible d'occulter la prestance magnétique de l'égérie de l'horreur vintage, Barbara Steele ! D'une beauté ténébreuse dans sa physionomie sensuelle et son regard perçant aux yeux noirs, la reine du mal crève l'écran dans sa posture de sorcière délétère. Mais l'actrice se paye également le luxe de nous envoûter de manière suave en endossant le second rôle de la princesse Katia, victime asservie par sa propre descendance ! Divine et opaque à en mourir ! Parfois audacieux dans certains effets chocs graphiques, Mario Bava n'hésite pas provoquer pour transgresser une horreur poético-morbide. A l'instar du cadavre découvert au bord de la rivière, du visage putréfié d'Igor s'exhumant de sa tombe, de la résurrection corporelle d'Asa où des insectes jaillissent de ses orbites, du crapaud sautillant dans la boue ou encore de l'immolation du prince Vajda. Il y a également un trucage fort adroit à souligner lorsque Katia se retrouve possédée par le corps d'Asa, son visage enlaidi se mettant brusquement à vieillir sous nos yeux. Un procédé ingénieux fondé sur un jeu de lumières colorées (déjà expérimenté sur Dr Jekyll et Mr Hyde de Rouben Mamoulian), uniquement réalisable dans une photographie en noir et blanc !

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Les Amants d'outre-tombe
Sans jamais imiter ses illustres modèles de la firme anglaise, Mario Bava nous livre ici sa touche personnelle du mythe vampirique avec une fulgurance macabre à damner un saint ! Car d'une beauté sépulcrale ensorcelante, Le Masque du Démon ne ressemble finalement à rien de connu. Il reste l'œuvre d'un cinéaste expérimental n'hésitant par à prôner une photo monochrome au moment même où la Hammer Film continuait de faire jaillir ses couleurs avec flamboyance !

Un grand merci à Intemporel.com
03.05.12.
Bruno Matéï


mercredi 2 mai 2012

FRAGILE (Fragiles). Prix du Jury à Gérardmer, 2006

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site forum.plan-sequence.com

de Jaume Balaguero. 2005. Espagne. 1h41. Avec Calista Flockhart, Elena Anaya, Yasmin Murphy, Gemma Jones, Richard Roxburgh, Colin McFarlane, Michael Pennington, Daniel Ortiz.

Sortie salles Espagne: 14 Octobre 2005. France: 14 Avril 2006

Récompenses: Meilleure Photographie et Meilleur Montage au Festival du film de Barcelone, 2006
Meilleurs effets spéciaux au Prix annuel de l'Académie Goya, 2006.
Prix du Jury, Prix du Jury Jeunes, Prix du Public l'Est Républicain, Prix 13è Rue à Gérardmer, 2006

FILMOGRAPHIEJaume Balaguero est un réalisateur et scénariste espagnol d'origine catalane, né le 2 Novembre 1968 à Lérida.
1999: La Secte sans Nom. 2002: Darkness. 2005: Fragile. 2006: A Louer (moyen métrage). 2007: REC (co-réalisé avec Paco Plaza). 2009: REC 2 (co-réalisé avec Paco Plaza). 2011: Malveillance.


Trois ans après Darkness, hommage nihiliste au Shining de Kubrick, Jaume Balaguero s'entreprend avec Fragile de nous conter une délicate ghost story sur fond de maltraitance infantile. Ovationné à Gérardmer à sa sortie, ce conte macabre s'enrichit en prime d'une intensité émotionnelle en crescendo dans un final faste et bouleversant. Après un grave accident ayant causé la mort d'un enfant, une infirmière renoue avec sa profession en acceptant un poste de nuit dans hôpital. Sur place, parmi la communauté d'enfants malades, elle fait la rencontre de Maggie, une fillette introvertie atteinte de  mucoviscidose. Celle-ci va lui confier qu'une étrange personne du nom de Charlotte les importune durant leur nuit de sommeil. 
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Prenant pour cadre feutré l'ambiance inquiétante d'un centre hospitalier, Fragile nous relate une sombre histoire d'enfants molestés par une présence diabolique. Une infirmière affable, Amy, va tenter de découvrir la vérité par l'entremise de Maggie, une fillette gravement malade et terrifiée par la menace invisible d'une "présence mécanique" ! Prénommée Charlotte, ce fantôme errant semble daigner embrigader les enfants au sein de l'hôpital en leur fracturant violemment l'ossature corporelle. D'autant plus que chaque patient doit prochainement être transféré vers une autre clinique, faute de délabrement industriel. Après diverses recherches, Amy va découvrir la vérité d'un secret éhonté, occulté depuis plus de 40 ans par l'administration hospitalière. Un fait divers sordide lié à l'asservissement d'une enfance martyrisée. Avec sensibilité prude et un humanisme fébrile, Jaume Balaguero nous dépeint la relation maternelle d'une infirmière particulièrement attentive au sort précaire d'enfants malades. Déjà fustigée par un évènement antécédent ayant coûté la vie à un enfant contre sa négligence, Amy redouble d'attention et d'amour à daigner préserver chaque vie infantile. Durant une large majorité du métrage, le réalisateur va s'attacher à compromettre la rationalité de son héroïne, davantage impliquée dans une suite d'incidents inexpliqués. Ayant pour seul témoignage la parole candide de Maggie, l'infirmière va donc mener une véritable investigation autour de l'établissement pour connaître le véritable mobile de ces sombres évènements. Avec une émotion vulnérable portant atteinte au sort candide de l'enfance estropiée, Fragile accorde beaucoup d'intérêt psychologique au traitement anxiogène de ces personnages. Renforcé d'une narration intelligente réfutant l'esbroufe grand-guignolesque, le réalisateur souhaite de prime abord nous attendrir sans fioriture vers une délicate ghost story aussi angoissante que poignante.


Sa dernière partie haletante et oppressante, car laissant libre court à une terreur cinglante (l'apparence spectrale glace le sang !) rivalise de coups de théâtre inopinés, de péripéties virulentes avant de nous précipiter vers une sublime rédemption philanthrope. C'est son point d'orgue poétique célébrant un magnifique hommage au baiser salvateur d'un illustre film d'animation, la Belle au bois dormant, qui achemine Fragile au rang d'oeuvre solennelle. Si la petite comédienne Yasmin Murphy se révèle surprenante de naturel dans le rôle d'une infirme incurable, Calista Flockhart décuple un pouvoir émotionnel dans celle d'une infirmière délibérée à transcender son passé galvaudé. Une héroïne pugnace entièrement dévouée à préserver la vie des bambins tourmentés, parfois physiquement maltraités (notre spectre brime à sa guise vindicative les os fracturés de certains enfants !).


Fantôme d'amour
Baignant dans un climat d'inquiétude et d'angoisse latente, Fragile est une magnifique ghost story ancrée dans l'humanité de ses personnages caressant une foi spirituelle. Renforcé par la conviction d'une narration ombrageuse à la tension grandissante, ce poème sur l'amour infini provoque autant d'appréhension que d'émotion gracile pour l'innocence sacrifiée. 
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Un grand merci à forum.plan-sequence.com
02.05.12




lundi 30 avril 2012

MALVEILLANCE (Mientras duermes, Sleep Tight)

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

de Jaume Balaguero. 2011. Espagne. 1h42. Avec Luis Tosar, Marta Etura, Alberto San Juan, Iris Almeida, Petra Martinez, Carlos Lasarte, Pep Tosar, Margarita Roset, Oriol Genis, Amparo Fernandez.

Sortie salles France: 28 Décembre 2011. U.S: 23 Septembre 2011. Espagne: 14 Octobre 2011

FILMOGRAPHIE: Jaume Balaguero est un réalisateur et scénariste espagnol d'origine catalane, né le 2 Novembre 1968 à Lérida.
1999: La Secte sans Nom. 2002: Darkness. 2005: Fragile. 2006: A Louer (moyen métrage). 2007: REC (co-réalisé avec Paco Plaza). 2009: REC 2 (co-réalisé avec Paco Plaza). 2011: Malveillance.

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Après sa quadrilogie Rec, Jaume Balaguero revient en solo pour nous convier à un suspense hitchcockien dans la tradition respectueuse du genre. Ambiance angoissante sous-jacente, gestion minutieuse d'un suspense implacable, densité narrative et portrait incisif d'un tueur abordable sont agencés pour nous engendrer un thriller studieux. Un gardien d'immeuble dépité d'une existence morne comble son ennui en molestant ses locataires par rancoeur vindicative. Secrètement épris d'affection pour la jeune Clara, César décide de planifier une combine machiavélique pour parfaire son désir.  
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Dans le huis-clos d'un immeuble serein, Malveillance nous illustre la solitude d'un gardien aigri incapable d'accéder au bonheur, faute de l'intransigeance d'une société déloyale. Pour apporter un sens à la miséricorde de son destin, il occupe son temps à perpétrer des actes frauduleux envers les citadins prospères qu'il côtoie aimablement. Et cela en dépit de l'arrogance d'une gamine effrontée, opérant sur lui le chantage d'une extorsion d'argent sous la menace de révéler au grand jour des infos compromettantes. Mais depuis quelques jours, César se focalise sur l'une de ses folichonnes locataires pour l'asservir durant ses nuits de sommeil. En effet, chaque soir, il s'insinue sous le lit de sa victime, attendant avec un flegme impassible qu'elle puisse s'endormir pour la droguer contre son gré grâce à une drogue anesthésiante. César semble donc délibéré à daigner détruire la vie de cette séduisante célibataire. Mais l'arrogance d'une fillette un peu trop curieuse et la nouvelle idylle de Clara entamée avec un amant circonspect vont compromettre ses ambitions.
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Dans une ambiance lourde et subtilement inquiétante, Jaume Balaguero nous concocte un oppressant suspense autour d'un personnage austère bâti sur son caractère particulièrement insidieux. L'habileté du scénario remarquablement élaboré émane de cette attitude couarde d'un tueur infortuné perpétrant des exactions délétères afin de se justifier un but existentiel. Un script efficient puisant sa force par cette confrontation inhabituelle entre la victime, persécutée dans son sommeil par un tortionnaire combinard. C'est ce sentiment d'impuissance pour le spectateur d'assister au calvaire récursif d'une victime immolée contre son gré qui exacerbe un suspense haletant en constante ascension. En prime, le réalisateur nous dépeint le portrait subversif d'un tueur contestataire. Un gardien d'immeuble dépressif mais lucide d'un monde terni par l'égocentrisme, l'affabulation et la cupidité. Pour interpréter ce personnage psychologiquement renfrogné, Luis Tosar se révèle parfait de fourberie mesquine dans la peau d'un tueur impassible. Il faut le voir se recueillir dans une chambre d'hôpital auprès de sa mère mourante pour lui débiter sans faillir ses confessions intimes liées à une rancoeur misogyne. Spoiler ! Profondément dépité d'une civilisation irréductible, sa déroute le mènera par ailleurs jusqu'au suicide rédempteur, avant de pouvoir se raviser in extremis grâce au retour précipité de Clara Fin du Spoiler. La force du personnage découle donc de ses états d'âme lamentés et de son affliction à ne pouvoir s'accepter soi même. On se surprend alors à éprouver une certaine compassion pour sa solitude meurtrie, cette défaite intrinsèque à n'avoir pu s'insérer dans une société égotiste..

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Son bonheur, c'est votre malheur
Mis en scène sans esbroufe car privilégiant un climat ombrageux dans la conduite narrative d'un script machiavélique, Malveillance est un thriller à suspense beaucoup plus finaud qu'il n'y parait. Pour s'en convaincre, il faudra attendre l'immoralité d'un épilogue audacieux pour comprendre les tenants et aboutissants d'un tueur miséricordieux acheminé vers une quête salvatrice du bonheur. La sobriété des comédiens, renforcée par le portrait cynique du criminel et les multiples rebondissements qui émaillent l'intrigue sont autant d'atouts solides pour tenir en haleine l'amateur de suspense cérébral. 

30.04.12
Bruno Matéï

vendredi 27 avril 2012

Chronicle

                                                     Photo empruntée à Google, appartenant au site Allocine.fr

de Josh Trank. 2012. U.S.A. 1h29 (version longue). Avec Dane DeHaan, Alex Russell, Michael B. Jordan, Michael Kelly, Ashley Hinshaw, Anna Wood, Rudi Malcolm, Luke Tyler, Armand Aucamp.

Sortie salles France: 22 février 2012. U.S: 3 Février 2012

FILMOGRAPHIE: Josh Trank est un réalisateur, scénariste, monteur, acteur, producteur américain, né le 19 Février 1985 à Los Angeles, Californie. 2012: Chronicle
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           Avertissement ! Il est préférable de visionner le film avant de lire ce qui va suivre.

Empruntant le concept en vogue du Found footage avec une efficacité perpétuelle, Josh Trank, cinéaste novice puisqu'il s'agit de son 1er long, exploite avec autant d'intelligence que d'originalité la thématique du super-héros afin de nous alerter sur le malaise existentiel d'une jeunesse pro real TV avide de reconnaissance populaire. Le PitchTrois lycéens se découvrent des super-pouvoirs après avoir été en contact avec une matière insolite confinée dans une grotte. Si au départ leur don surhumain est un jeu de distraction pour épater ou brimer leurs camarades, l'un des trois acolytes se laisse peu à peu influencer par une folie autodestructrice.  


Chronicle prend pour thème ludique le mythe du super-héros à travers la quotidienneté d'adolescents en quête identitaire. Cela débute par des blagues de potaches, tel le fait de retrousser à distance les jupes des filles, faire flotter dans les airs un ours en peluche ou encore déplacer la voiture d'un parking à un autre emplacement. C'est ensuite qu'intervient le premier incident commis par Andrew, le plus fragile du trio, faute d'un père alcoolique abusif. Sur une aire d'autoroute, après avoir été contrarié par un conducteur empressé, Andrew lui causera volontairement un accident en le faisant dévier de sa trajectoire. C'est à cet instant précis que le trio prend soudainement conscience du danger létal que peut causer leur pouvoir potentiellement destructeur. Ce qui n'empêchera pas Steve de réussir quelques instants plus tard l'exploit de se maintenir dans les airs jusqu'à entreprendre de voler, tel Superman, en amont des nuages. Nos comparses stimulés par le rêve et l'évasion élaboreront ensuite quelques numéros prodiges lors d'un spectacle de magie afin d'épater et gagner la popularité du public. Quand bien même Andrew escompte enfin son premier rapport sexuel avec une jeune courtisane lors d'une rave party, et ce avant de se heurter à l'abus d'alcool.


C'est donc du côté du profil complexé d'Andrew que la narration amorce une tournure beaucoup plus radicale et alarmiste. Faute d'une relation parentale tempétueuse, d'une mère mourante et surtout d'un père condescendant, le rejeton profitera de ses facultés télékinésiques pour extérioriser sa haine punitive en provoquant des actes violents de vandalisme puis blesser son entourage. De son mal-être existentiel et névrosé en quête de reconnaissance affective, le réalisateur y extrait une réflexion sur l'avilissement du pouvoir le plus souverain. De par son sentiment mégalo de se prétendre indestructible, son aptitude à pouvoir contrôler et régir son entourage par sa volonté cérébrale émane sa suprématie d'annihiler la terre ! Ainsi, à travers une violence visuelle ultra homérique, la colère préalablement introvertie d'Andrew  explose littéralement lors d'un fracas de destruction urbaine massive ! Et niveau pyrotechnie, les séquences apocalyptiques de dévastation métropolitaine sont transfigurées d'FX inventifs soumis à la psychologie torturée de l'anti-héros, alors que les fans du genre se remémoreront facilement le manga culte Akira de Katsuhiro Ōtomo.


L'Enfant Cauchemar
Original et fun par son traitement ultra réaliste, puis davantage inquiétant et anxiogène au fil d'un récit à la progression dramatique implacable oscillant malaise et terreur, Chronicle détonne par son vérisme documenté d'une intensité borderline (de par ses sentiments dichotomiques de réjouissance et d'appréhension que le spectateur ressent face à un pouvoir aussi absolu). La prestance spontanée des comédiens d'autant plus inconnus et la mise en scène ambitieuse déployant des séquences hallucinées de destruction massive nous acheminant à la cacophonie la plus cauchemardesque. Enfin, sa réflexion sur la solitude d'une jeunesse virtuelle ("j'ai décidé de tout filmer", dixit le héros en préambule !) obnubilé par le pouvoir de l'image et la célébrité nous laisse un goût aigre dans la bouche. 

* Bruno
27.04.12
11.09.23


jeudi 26 avril 2012

Les Machines du Diable / The Losers


de Jack Starrett. 1970. U.S.A. 1h35. Avec Fran Dinh Hy, Vic Diaz, Paraluman, Lillian Margarejo, Ana Corita, John Garwood, Paul Koslo, Eugène Cornelius, Houston Savage, Adam Roarke, Bernie Hamilton, William Smith.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE (IMDB): Jack Starrett est un réalisateur américain, né le 2 Novembre 1936 au Texas, décédé le 27 Mars 1989, en Californie. 1969: La Cavale Infernale. 1970: Les Machines du Diable. Le Dernier des Apaches. 1972: Slaughter. 1973: Dynamite Jones. 1974: The Gravy Train. 1975: Course contre l'Enfer. 1976: La Vengeance aux Tripes. Hollywood Man. 1977: Justice Sauvage, chapitre final. 1982: Kiss My Grits


Réalisé 3 ans avant les accords de paix de Paris de 1973 qui permis à l'armée des Etats-Unis de se retirer du conflit vietnamien, Les Machines du Diable est une production sacrément couillue, pour ne pas dire incongrue. Car il fallait oser entreprendre un projet de film de guerre aussi débridé alors que les soldats américains étaient partis au front. D'autant plus que cette première défaite de l'histoire des Etats-Unis impliqua plus de 3,5 millions de jeunes américains entre 1965 et 1972 et traumatisa toute une génération ! Un escadron de Bikers sont recrutés en pleine guerre du Vietnam avec pour ordre de mission de récupérer un technocrate, retenu prisonnier dans un camp de vietcongs.
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Par le réalisateur de Dynamite Jones et de l'excellent road movie sataniste Course contre l'enfer (de loin son meilleur film !), Les Machines du Diables est un film de guerre aberrant tirant son originalité dans la caractérisation de marginaux affiliés à la culture hippie. Imaginez une seconde le concept ! En pleine guerre du Vietnam, un groupe de Hells Angels se retrouvent enrôler pour libérer un technocrate de la CIA, retenu en otage dans un camp cambodgien ! Ces panoplies de grandes gueules marginales ont en outre rappliqué avec leur grosse pétoire cylindrée pour s'en aller sauver l'autre gus en costard dans le fin fond d'une jungle asiatique ! Sur le papier, ça donne l'impression de se retrouver face à une BD live, sorte d'ascendant indirect des aventures du colonel James Braddock (Portés Disparus) accouplé avec l'équipée motorisée de Max le fou ! Seulement voilà, durant une bonne partie du récit, nos hippies libertaires passent leur temps à sa bourrer la gueule dans les bars malfamés, s'envoyer en l'air avec des putes juvéniles et provoquer des bagarres de rue avec des agitateurs récalcitrants. Tandis que d'autres renouent avec leur ancienne copine asiatique rencontrée avant la guerre pour flâner sous les palmiers. Il faut donc quand même avouer qu'à part deux, trois scènes ludiques et son prologue pétaradant, les Machines du Diable peine à trouver son rythme plutôt rébarbatif.


Néanmoins, ce nanar émaillé de trognes sympathiques (Bernie Hamilton, le capitaine Dobey de la série TV Starsky et Hutch, ainsi que William Smith, l'immonde Falconnetti de la série Le Riche et le Pauvre !) rattrape ses plages d'ennui par une dernière partie littéralement hallucinée ! Pour preuve, nos 5 bikers envoyés en mission de sauvetage débutent enfin leur intervention après avoir trafiqué leur bécane (de marque japonaise Yamaha !!!) en véritable engins futuristes sortis tout droit de Mad-Max 2 !!! Du délire à l'état pur ! D'autant plus que l'action spectaculaire et les explosions en tous genres sont exécutées avec compétence (revalorisées par moments en slow motion pour agrémenter les chorégraphies). Le point d'orgue risible vaut également son pesant de cacahuètes quand nos motards retenus à leur tour prisonniers parmi l'otage américain décident de s'évader de leur cabane de bambou. Et de quelle manière ! Après avoir fortement abusé de Marijuana, nos irréductibles mal rasés, rendus complètement hilares sous l'effet de la drogue, réussissent (avec facilité déconcertante !) à se libérer de leur tanière en supprimant un à un les geôliers disposés autour de la hutte. ATTENTION SPOILER ! Mais leur déroute se clos dans un bain de sang inéquitable quand nos patriotes sont pris à parti avec les vietcongs repliés en masse, mais aussi l'armée américaine réfutant de leur porter assistance ! FIN DU SPOILER


Longuet et pesant mais rattrapé par une dernière partie proprement hallucinée, Les Machines du Diable est un nanar amical finalement fréquentable. On peut même le considérer comme le précurseur de la saga Portés Disparus, Rambo ainsi que Mad-Max 2 dans son alliage hétéroclite des genres. Cette plaisanterie insensée laisse surtout en mémoire le profil improbable de ses Bikers d'apocalypse ainsi que quelques généreuses scènes d'action, jouissives et trépidantes, où les impacts de balle font voler en éclat les chairs déchiquetées en slow-motion ! (pour rappel, le film était interdit au moins de 18 ans à l'époque !)
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Dédicace à Videopartymassacre et Daniel Aprin
26.04.12
Bruno Matéï

mercredi 25 avril 2012

DETACHMENT

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site atthecinema.net

de Tony Kaye. 2011. U.S.A. 1h37. Avec Adrian Brody, Sam Gayle, Bryan Cranston, Lucy Liu, James Caan, Blythe Danner, Renée Felice Smith, Marcia Gay Harden, William Petersen, Tim Blake Nelson.

Sortie salles France: 01 Février 2012

FILMOGRAPHIE: Tony Kayle est un réalisateur, directeur de photo et producteur anglais, né en 1952. 1998: American History X
2011: Detachment
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"Jamais je ne me suis senti si profondément en un seul et même moment aussi... détaché de moi-même et tellement présent au monde" Albert Camus

Depuis 1998, nous étions restés sans nouvelle de Tony Kayle, réalisateur du percutant American History X. Une oeuvre choc d'une grande puissance dramatique sondant les rouages du parti de l'extrême droite à travers l'engagement d'un jeune militant (magistralement interprété par Edward Norton). En l'occurrence, le réalisateur sort de son mutisme pour nous asséner un nouvel uppercut. Une production indépendante sortie dans l'indifférence (en dépit de ses récompenses à Deauville et Valenciennes) démontrant avec une noirceur implacable l'impuissance du milieu scolaire à endoctriner une jeunesse caractérielle au bord de la faillite. Henry Barthes est un professeur remplaçant. Il est assigné pendant 3 semaines dans un lycée difficile de la banlieue new-yorkaise. Lui qui s'efforce de toujours prendre ses distances va voir sa vie bouleversée par son passage dans cet établissement.


Une société confinée dans le dénigrement peut-elle avancer ?
13 ans après American History XTony Kayle nous retrace avec Detachment le cheminement désabusé d'un professeur de lycée prêchant les valeurs d'humanisme dans la spéculation. Mis en scène avec un âpre réalisme proche du documentaire, ce constat impitoyable de l'échec scolaire nous éprouve durement de son climat blafard hautement dépressif. Un prof remplaçant parvient à prodiguer une certaine discipline à ces élèves chahuteurs d'un lycée difficile. Mais son passé galvaudé, entaché par le suicide de sa mère, l'état pathologique de son grand-père sur le déclin, puis la rencontre impromptue d'une jeune prostituée, vont peu à peu l'éprouver lors de sa remise en question existentielle. Avec une sensibilité écorchée et un humanisme empli de désespoir, Tony Kayle nous livre ici un tableau élégiaque d'une jeunesse discréditée de tous repères. Par la faute d'une démission parentale égocentrique rejetant leur responsabilité sur des professeurs tout aussi perdus et désemparés, la jeunesse new-yorkaise se morfond dans une déchéance en roue libre. Bien que ce professeur altruiste finisse par gagner la confiance de ses élèves perfectibles par la tolérance et l'érudition, le climat social en dégénérescence d'une société individualiste et l'inconfiance d'une population désengagée finiront par ternir les aspirations personnelles. Même si au bout du chemin, la rédemption d'une prostituée semble être la consolation d'un homme névrosé confronté à la cécité d'une société au bord du marasme. Dans un rôle chétif empli d'humanité affaissée, Adrian Brody se délivre corps et âme ! Il livre avec pudeur une essentielle conviction spirituelle dans sa quête d'inculquer à ses élèves l'importance d'être guidé. Le soutien d'un éducateur aidant à comprendre la complexité du monde dans lequel nous vivons. Notre nécessité de nous défendre et nous battre contre la lassitude dans un processus de réflexion. Apprendre à lire, à stimuler notre imagination, à cultiver notre propre conscience, notre propre système de croyances. Le besoin inhérent de ces compétences pour préserver nos esprits.


"C'était une glace au coeur". "Un naufrage". "Un malaise du coeur".
Surchargé en émotion par un pessimisme foudroyant de nihilisme, Detachment ne pourra faire l'unanimité dans sa détresse inconsolable fustigeant le genre humain. Pourtant, il s'agit d'un drame éloquent qui interpelle et prend aux tripes dans son cri d'alarme asséné au malaise de la nouvelle génération mais aussi aux adultes dévalués. Avec la prestance dépouillée de protagonistes à la fragilité humaine fléchissante, Tony Kaye nous illustre dans leur vérité humaine la lutte intrinsèque que chaque individu doit combattre pour éclipser sa colère, ses injustices et renouer avec notre raison d'être. Detachment est alors une réflexion sur la foi, une quête identitaire (la plupart des gens jouent le rôle de ce qu'ils croient être) sur ce que nous sommes capables d'extérioriser quand une personne lambda vous a acquise sa confiance, notamment l'importance que vous pouvez administrer aux yeux des autres. Ames sensibles et dépressifs, je vous prie néanmoins de vous abstenir car il est impossible de sortir indemne d'un tel fardeau discriminatoire pour énoncer l'avilissement civil. Un tourbillon d'émotions aussi ardues nous acheminant inévitablement au malaise ontologique !


Note: Hormis une critique globale relativement dubitative, Detachment a récolté quatre prix !
Prix de la révélation Cartier et Prix de la critique Internationale au Festival de Deauville 2011, ainsi que le Grand Prix et le Prix du Public au Festival de Valenciennes 2011.

Un grand merci à atthecinema.net
25.04.12
Bruno Matéï


lundi 23 avril 2012

FRAYEURS (La Paura / Paura nella città dei morti viventi / City of the Living-Dead)

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site paperblog.fr

de Lucio Fulci. 1980. Italie. 1h32. Christopher George, Catriona MacColl, Carlo De Mejo, Antonella Interlenghi, Giovanni Lombardo Radice, Daniela Doria, Fabrizio Jovine, Luca Venantini.

Sortie salles France: 10 Décembre 1980. U.S: Mai 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 :L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio,1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


"Seuls les morts connaissent la mort. Les vivants en ignorent tout. Ils ne font qu'imaginer." 
Un an après l'Enfer des zombies, Lucio Fulci continue d'apporter sa touche singulière avec Frayeurs, second volet d'une quadrilogie érigée sur le mythe du zombie latin. Véritable poème putride où les morts tourmentent les vivants par l'entremise de la peur, cette clef de voûte du cinéma transalpin insuffle un sentiment perpétuel de peur tangible au point d'obséder son spectateur. D'ailleurs, le public du festival du Rex ne s'y est pas trompé si bien qu'il lui attribua personnellement son Grand Prix à Paris ! A Dunwich, le père Thomas se pend dans un cimetière. Depuis ce suicide improbable, un climat de peur s'empare des habitants convaincus que les morts se relèvent de leur tombe pour venir les persécuter. Une médium, un journaliste, un psychiatre et l'une des ses patientes décident de retrouver sa tombe avant la veillée de la toussaint et avant que les morts ne s'emparent de notre monde. 


En 1979, l'Enfer des Zombies avait déjà conquis le public du monde entier grâce à sa disparité  d'horreur exotique et de gore subversif. Un an plus tard, Lucio Fulci transcende son ambition de provoquer l'effroi chez nous avec Frayeurs. Sa pièce maîtresse indéfectible souvent collationnée avec l'Au-delà, l'autre chef-d'oeuvre pictural imputé au destin maudit d'un peintre immolé ! La trame toujours aussi simpliste reste quasi inchangée ! Un quatuor d'acolytes se réunissent pour enrayer la menace toujours plus hostile de morts-vivants en ascension. Ces derniers s'exhumant de leur tombe par la faute du suicide blasphématoire du prêtre mécréant. Nos protagonistes sont donc contraints de retrouver son caveau pour pouvoir refermer la porte de l'enfer avant l'aube de la toussaint. Un script linéaire vite emballé, prétexte à un florilège d'évènements sanglants estomaquants et surtout conçu pour distiller une ambiance de peur qui va littéralement plaqué le spectateur à son fauteuil. Son incroyable efficience émane du talent inné de son réalisateur à façonner un véritable climat de trouille à l'aura d'onirisme macabre ! A l'instar d'un cauchemar éveillé, nous assistons donc à une succession d'épisodes cinglants conçus pour nous prouver l'existence de morts exhumés de l'au-delà. Sous l'autorité d'un prêtre reniant sa foi, ces charognes de l'enfer se destinent à revenir sur terre pour déverser leur immondice. Et à la manière d'ectoplasmes, ils se jouent notamment de leur présence immatérielle afin d'apparaître et disparaître à leur gré !


L'atmosphère mortifère qui émane de la réalisation assidue de Fulci nous immerge totalement de son pouvoir d'étrangeté. Et à ce niveau, le poète du macabre nous élabore un florilège d'images horrifiantes ancrées dans un morbide révulsif (les apparitions saisissantes d'Emilie, du prêtre et de la grand-mère, la pluie d'asticots déversés sur nos héros, ou encore le lyrisme du point d'orgue confiné dans les souterrains d'un caveau azur). Les scènes gores concoctées par l'artisan Gianetto De Rossi (la femme pleurant des larmes de sang puis dégobillant ses viscères par la bouche, ou l'illettré trépané à la perceuse) nous éprouvent par leur impact réaliste aussi incisif qu'innovant. Parmi la fidélité d'une équipe de techniciens factuels, il est impossible d'occulter l'incroyable partition funèbre de Fabio Frizzi. Mélodie brutale et percutante, parfois même chorégraphiée afin de scander ces séquences flamboyantes (le ballet final régi sous la grotte des damnés), sans compter l'utilisation judicieuse d'une bande son ombrageuse exacerbant les râles agonisants de lépreux anémiques. Des postures latentes camouflées derrière le grincement de portes et placards poussiéreux !
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Danse Macabre
Faisant preuve d'ambition à travers sa fulgurance macabre et redoublant de virtuosité, d'audaces et d'inventivité (notamment cette séquence de claustration qu'une victime éprouve en interne de son cercueil) à extérioriser la prédominance de la peur, Frayeurs nous frappe de plein fouet par son atmosphère morbide en crescendo. A la manière d'un ballet spectral, les fantômes insidieux imaginés par Fulci envahissant la terre pour propager mort et désolation et d'y contaminer les vivants étourdis de leur emprise. Pour parachever, s'il y avait un conseil à préconiser au spectateur afin de mieux savourer son essence de terreur, ce serait de le (re)voir seul la nuit avec le volume de votre ampli majoré ! Frayeur garantie !

Bruno Dussart
Dédicace à Mr Fabio Frizzi et Masonna Maruosa Matsumoto
Un grand merci à Paperblog.fr
23.04.12.

Récompense: Grand Prix du Public au festival du film fantastique du Rex à Paris, 1980.

A lire également, l'excellente critique chroniquée par Leatherfacehttp://deadstillalive.canalblog.com/archives/2011/09/25/22136386.html


vendredi 20 avril 2012

THE WIZARD OF GORE

                                                 
                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinedb.avcesar.com

d'Herschell Gordon Lewis. 1970. U.S.A. 1h35. Avec Ray Sager, Judy Cler, Wayne Ratay, Phil Laurenson, Jim Rau.

FILMOGRAPHIE: Herschell Gordon Lewis est un réalisateur, scénariste, producteur, directeur de photographie, acteur et compositeur américain, né le 15 Juin 1926 à Pittsburgh, Pennsylvanie (Etats-Unis).
1963: Blood Feast. 1964: 2000 Maniacs. 1965: Monster a go-go. 1965: Color me blood red. 1967: A taste of blood. 1970: The Wizard of Gore. 1972: The gore gore girls. 2002: Blood Feast 2.

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En 1970, le pape du gore nous concocte un énième film gore dégueulbif, juste après quelques illustres friandises restées dans les annales du genre (Blood Feast et surtout 2000 Maniacs, son délire sudiste le plus drôle et original). The Wizard of gore ne déroge pas à la règle ! C'est amateuriste, grand-guignolesque, débridé et fatalement redondant ! Pour les amateurs de tripaille faisandée, cette curiosité vintage ne manque pas de charme dans son florilège de provocations incongrues. Montag, un magicien venu de nulle part réalise devant un public médusé des tours de prestige particulièrement sanglants. Il démontre tout son talent artistique à torturer en direct un spectateur désigné après l'avoir hypnotisé. Quelques instants après chaque représentation, les jeunes femmes préalablement sélectionnées sont retrouvées assassinées dans les mêmes circonstances. Une journaliste et son amant vont tenter de percer le mystère de ce prestidigitateur. 


Décors minimalistes, acteurs dérisoires, photo ocre délavée, scénario grotesque et surtout gore festif autopsié en gros plan ! Nous sommes bien en présence d'une pellicule obsolète mise en scène par notre ancêtre du gore, toujours plus motivé à nous balancer à la face nombre de scènes-chocs ultra sanglantes. Enucléation d'un oeil, corps coupé à la tronçonneuse ou écrasé par une presse, estomac éviscéré, empalement d'épée au fond de la gorge, tête tranchée à la guillotine, pieu enfoncé dans la tempe ! Des FX cheaps filmés en plan zoom, à grands renfort d'organes démembrés, comme tout bon film de cannibales ou zèderies ritales estampillés d'Amato Ketchup ! Le scénario improbable mais farfelu est un prétexte à aligner de façon récurrente nombre de mises à mort perpétrées par un mage souhaitant altérer réalité et fiction dans des tours de passe-passe singuliers. Paradoxalement, sitôt le numéro de torture exécuté, les personnes préalablement mutilées mais bel et bien vivantes sont retrouvées assassinées sous le même mode opératoire. Une journaliste et son compagnon dubitatif vont tenter de lever le voile sur le mystère de cette vague de crime et convier ce magicien orgueilleux dans une émission de télé ! Et on peut dire que l'épilogue halluciné vaut son pesant de délire métaphysique sur notre perception de la réalité et le sens illusoire de la fiction ! A croire que Lewis et toute son équipe ont du abuser de substance psychotrope pour rallonger un final décousu totalement irraisonné !


The Wizard of gore est donc un petit classique du gore risible, assez ludique et croquignolet pour tout amateur de curiosité datée. Le caractère clairsemé du script saugrenu, l'aimable sympathie des protagonistes incultes et surtout la galerie insolente des scènes chocs vomitives concourent à égayer cette plaisanterie au mauvais goût assumé. En prime, le cabotinage disproportionné de notre meurtrier azimuté, affublé d'un costume noir d'aristocrate valorise un charme désuet dans ses ambitions autocrates.

Un grand merci à cinedb.avcesar.com
20.04.12
Bruno Matéï