mardi 11 septembre 2012

BULLHEAD (Rundskop)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site movies.tvguide.com

de Michael R. Roskam. 2011. Belgique. 2h08. Avec Matthias Schoenaerts, Jeroen Perceval, Jeanne Dandoy, Barbara Sarafian, Tibo Vandenborre, Frank Lammers, Sam Louwyck, Robin Valvekens, Baudoin Wolwertz.

Sortie salles France: 22 Février 2012. Belgique: 2 Février 2011

Récompenses: Prix du Meilleur premier film à FanTasia, 2011
Prix du Jury et du Public au Festival du film policier de Beaune, 2011
Propeler Motovuna au Festival du film de Motovun, 2011
Meilleur Film aux Prix du film Flamand, 2011
Prix André-Cavens de l'Union de la critique de cinéma (UCC), 2011
Magritte du cinéma du meilleur scénario et du meilleur film flamand en co-production, 2011

FILMOGRAPHIE: Michael R. Roskam (de son vrai nom Michaël Reynders) est un réalisateur et scénariste belge, né en 1972 à Saint Trond. 
2011: Bullhead


Lardé de récompenses dans son pays d'origine, Bullhead fait presque figure d'oeuvre inclassable dans sa structure narrative affilié au polar et au drame social, son ambiance cafardeuse, son humour parfois cocasse (les réparties verbales des 2 garagistes fort en gueule) et sa dimension humaine sur le déclin. Pour une première réalisation, Michael R. Roskam frappe fort et nous envoie un uppercut en pleine face dans son acuité émotionnelle à fleur de peau toujours plus abrupte ! Habité par l'interprétation transie de Matthias Schoenaerts, toute l'intrigue admirablement écrite repose sur ses robustes épaules et nous entraîne dans l'introspection mentale d'un homme profondément frustré car molesté par un trauma infantile.


A Limbourg, Jackie, fils de fermier corrompu, complote depuis toujours un trafic d'hormones auprès de la mafia pour sa viande bovine. Mais le meurtre inopiné d'un flic va contraindre la police à surveiller ses activités ainsi que celles de ses complices dont un ami d'enfance, Diederick. Compromis à un lourd secret lié à leur adolescence, les deux acolytes vont renouer avec le poids de cette réminiscence .


Avec la photo aigre d'un climat blafard, Bullhead empreinte la voie du polar moite pour décrire avec densité le drame humain d'une homme introverti car esseulé depuis le drame de son enfance. Parfois épris d'une violence incontrôlée par la prise addictive de ces stéroïdes mais aussi victimisé par son refoulement sexuel, Jacky est enfoui dans un mutisme nihiliste. Avec l'arrivée d'un ami qu'il n'avait pas revu depuis longtemps et d'une police en filature, son passé va refaire surface et lui remémorer une grave agression aux séquelles irréversibles. Dès lors, au gré de flash-back habilement insérés dans le cheminement hasardeux, une descente aux enfers latente nous ait confronté à travers le profil d'un homme livré à lui même car trop longtemps abdiqué par son entourage et sa famille. 
Il faut louer la dextérité limpide que Michael R. Roskam a su retranscrire à narrer un script en chute libre où les principaux protagonistes recèlent une dimension humaine chargée de remord ou de dépit. Avec la maîtrise inspirée d'une mise en scène autonome et une efficience haletante, Bullhead nous isole dans les vestiges d'un homme littéralement écrasé par la tare de la frustration et la morosité de son environnement animalier. Dans ce rôle torturé, Matthias Schoenaerts fait preuve d'un charisme animal impressionnant dans sa carrure robuste et ces furieux accès de violence extériorisés par une conscience martyrisée. Mais c'est aussi et surtout sa dimension humaine discréditée, sa désillusion de ne pouvoir concrétiser une vie de postérité qui interpelle le spectateur avec une empathie sensitive toujours plus inconfortable. ATTENTION SPOILER !!! D'ailleurs, le point d'orgue redouté, d'une intensité dramatique quasi insoutenable dans sa romance déchue nous arrache les larmes de l'amertume et nous ébranle viscéralement jusqu'au marasme, faute d'un nihilisme désespéré. FIN DU SPOILER


Comme un chien enragé
Fascinant par son réalisme âpre, ombrageux pour son cheminement indécis, voir parfois même déroutant dans ses sautes d'humour intermittentes, cet ovni venu de Wallonne implique le spectateur d'une façon si intime qu'il déséquilibre la maîtrise de nos sentiments. Sous couvert de polar austère, Bullhead est surtout une chronique déshumanisée d'un paysan meurtri, envoûté par l'interprétation magistrale de Matthias Schoenaerts . La déliquescence mentale d'un malfaiteur éperdument amoureux mais incapable de pouvoir transcender son handicap. Le rapport d'un viol irréparable en dépit d'un mutisme rural, l'impuissance inévitable d'un taureau au coeur flagellé. Déchirant jusqu'au malaise surmené. 

Dédicace à Daniel Aprin et Christophe Cosyns
11.09.12
Bruno Matéï



jeudi 6 septembre 2012

RUNNING MAN (The Running Man)


de Paul Michael Glaser. 1987. U.S.A. 1h40. Avec Arnold Schwarzenegger, Maria Conchita Alonso, Yaphet Kotto, Jim Brown, Jesse Ventura, Erland van Lidth, Marvin J. McIntyre, Gus Rethwisch.

Sortie salles France: 16 Mars 1988. U.S: 13 Novembre 1987

FILMOGRAPHIE: Paul Michael Glaser est un acteur et réalisateur américain, né le 25 Mars 1943 à Cambridge, Massachusetts.
1986: Le Mal par le Mal. 1987: Running Man. 1992: Le Feu sur la Glace. 1994: The air up there
1998: Kazaam


D'après un roman de Stephen King mais déjà adapté par l'écrivain Robert Sheckley en 1958, Running Man est le remake débridé de l'excellent brûlot le Prix du Danger d'Yves Boisset. Conçu sous le moule du film d'action et d'anticipation, avec, en tête d'affiche, l'une de ses plus grandes stars des années 80 (Arnorld Schwarzenneger), cette série B réjouissante joue à fond la carte du divertissement dans un esprit décomplexé de bande dessinée. Le look excentrique des antagonistes pourchassant sans répit Ben Richard et ses acolytes, accoutrés eux aussi de combinaisons futuristes en pijama criard, ainsi que le design high-tech d'une émission de télé-réalité éclairée par des néons flashys, mettent bien en évidence l'aspect dérisoire d'un jeu télévisé tributaire d'un voyeurisme vénal. 2019. Dans une société despotiste, un programme TV diffusé 24 heures sur 24 retransmet la course contre la mort d'ex taulards pourchassés par une horde de guerriers sanguinaires. Ben Richards, ancien flic injustement condamné pour une série de crimes qu'il n'a pas commis est recruté dans l'émission "Running Man" avec l'aide de deux anciens camarades de prison. Au sein d'un itinéraire semé d'embûches, les trois fugitifs vont tenter par tous les moyens de sortir vivants de ce traquenard auquel des millions de spectateurs sont rivés devant leur poste pour ovationner le spectacle barbare.


Bien entendu, son pitch préfigurant l'ascension de notre télé-réalité est ici un prétexte pour proposer un film d'action particulièrement bien troussé et à la mécanique d'efficacité indéniable. Toutefois, son ton sarcastique met en évidence la dérision d'un show tv inspiré des jeux de cirque de la Rome antique, alors que tous les citoyens lobotomisés par une propagande fasciste sont devenus de parfaits abrutis. Hormis son côté ludique diablement jouissif, mené à un rythme alerte, une certaine réflexion sur les dérives du sensationnalisme et le contrôle des masses populaires est néanmoins mise en exergue. Au sous-texte social, Paul Michael Glaser dénonce donc les exactions d'une télé spectacle avide de voyeurisme et la prohibition d'une société dictatoriale endoctrinant son peuple par le pouvoir des médias. Avec ses trépidantes séquences de courses-poursuites, sa panoplie de personnages grotesques, le charme latino de Maria Conchita Alonso et le cabotinage viril de Schwarzenegger (cigare au bec façon Commando !), Running Man s'avère un gros défouloir assumé ne se prenant jamais au sérieux. Mais la palme de l'hilarité en revient à la verve de ces dialogues et l'accoutrement de ces nouveaux guerriers aux pseudos saugrenus, endossés de déguisements futuristes comparables à des sapins de noël ! Que ce soit Buzzsaw, le vicking à la tronçonneuse, Subzero, le sumo adepte du hockey sur glace, Dynamo, le rondouillard garni d'ampoules électriques ou encore Fireball, le black power pourvu d'un lance-flamme !


Formidablement jouissif, bourré de dérision et complètement désinhibé dans sa violence cartoonesque, Running Man est en l'occurrence une petite perle du cinéma d'action encore plus attrayante qu'à l'époque de sa sortie. Car aujourd'hui son côté rétro est d'autant plus contrasté qu'il évoque de manière métaphorique l'aspect grand-guignolesque de nos émissions de télé-réalité. En prime, la qualité de ses effets-spéciaux (l'accès des joueurs par l'entrée vertigineuse du tunnel) est encore étonnamment concluante. 

06.09.12. 3èx
Bruno Matéï



Apport technique du Blu-ray: 7/10

mercredi 5 septembre 2012

BLANCHE NEIGE ET LE CHASSEUR (Snow White and the Huntsman)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site hnmovies.com

de Rupert Sanders. 2012. U.S.A. 2h07. Avec Kristen Stewart, Chris Hemsworth, Charlize Theron, Ian McShane, Sam Clafin, Nick Frost, Eddie Izzard, Bob Hoskins, Toby Jones, Eddie Marsan, Stephen Graham.

Sortie salles France: 13 Juin 2012. U.S: 01 Juin 2012


FILMOGRAPHIE: Rupert Sanders est un réalisateur anglais, né le 15 Janvier 1971 à Westminster.

2010: The Low Dweller
2012: Blanche Neige et le Chasseur


Le célèbre conte de Grimm revu et corrigé par un réalisateur néophyte, avec en tête d'affiche, la midinette de la saga docile Twilight, j'ai nommé Kristen Stewart ! C'est dire si ce blockbuster visant un public familial avait de quoi laisser dubitatif l'amateur d'aventures romanesques et d'héroic fantasy. Pourtant, à la vue de sa bande annonce privilégiant la scénographie d'un environnement naturel formel, quelques batailles homériques et la qualité inventive d'effets spéciaux prodigieux, on pouvait présager un bon spectacle ludique potentiellement attractif. A l'arrivée, cette réactualisation ténébreuse de Blanche Neige et les 7 nains réussit haut la main à enchanter son public de 10 à 77 ans ! D'un esthétisme raffiné dans ses décors naturels dantesques et transcendé par une photographie flamboyante, le célèbre conte des Frères Grimm se pare en l'occurrence d'un éclat nouveau pour cette relecture beaucoup plus sombre, voir même parfois horrifique si on le compare au chef-d'oeuvre de Walt Disney. Tout en respectant le matériau d'origine, Rupert Sanders prend soin de nous immerger dans un univers onirique où le merveilleux et l'effroi se télescopent pour mettre en lumière la lutte sempiternelle du Bien contre le Mal.



Afin de préserver son éternelle jeunesse, la reine maléfique Ravenna est contrainte de retrouver la princesse Blanche Neige, à peine échappée du cachot de son château, pour lui arracher son coeur. Réfugiée dans la forêt des ténèbres, Blanche va croiser sur sa route un valeureux chasseur puis septs nains débrouillards. Sur cette route semée d'embûches, ils vont devoir faire face à des rencontres hostiles ou pacifistes avec certaines créatures singulières. Mais leur alliance va surtout converger à l'offensive d'épiques affrontements afin de repousser l'armée hostile et annihiler la Reine. 

Féérie, fantasy, aventures, action et fantastique sont les ingrédients habilement dosés d'un conte notoire destiné à émerveiller sans l'outrance de la fioriture. Si l'amateur se révèle facilement impliqué et conquis, c'est grâce à la densité des personnages vaillants et l'intégrité d'un metteur en scène renouant avec les émotions d'antan. Car en éludant la trilogie du Seigneur des Anneaux et quelques autres charmantes fantaisies du type Narnia, il faut remonter aux années 80 pour retrouver ce sentiment noble de l'émerveillement avec des oeuvres picturales comme Legend, Labyrinth, Dark Crystal, l'Histoire sans Fin, Ladyhawke, voir peut-être aussi à moindre mesure, Willow.


Autant dire qu'un véritable souffle romanesque, épique et poétique plane sur sur les épaules de nos héros engagés dans une flamboyante odyssée émaillée de bravoures et d'imprévus ! Et pour crédibiliser au possible cette aventure fantasmagorique, chaque comédien charismatique réussit à donner chair à leur personnage héroïque ou méprisable. Avec originalité pour confectionner des effets spéciaux en CGI bluffant de réalisme, certaines séquences se révèlent magnifiques ou impressionnantes dans leur aptitude à créer la demi-teinte d'un univers hybride. Que ce soit le refuge obscur de la forêt des ténèbres, le raffinement édénique du sanctuaire, le combat saisissant avec un troll géant ou les métamorphoses maléfiques de la reine ainsi que son miroir déformant.

Dans le rôle délétère de la Reine noire, Charlize Theron livre une fois encore une performance innée dans sa faculté à exprimer les tourments obsessionnels d'une femme hantée par sa beauté physique. Mais aussi la déchéance galvaudée d'une fille préalablement soutirée à sa mère, pour être plus tard envahie d'une rancoeur vindicative vouée au mal absolu ! Kristen Stewart nous avait déjà prouvé qu'elle pouvait être une comédienne persuasive dans Welcome to the Riley ou Speak. En l'occurrence, sans transcender ses rôles les plus saillants, elle incarne avec fragilité la beauté suave d'une Blanche Neige attendrissante, également pourvue d'une bravoure courageuse à daigner mettre un terme aux agissements nihilistes de sa rivale vénale. Enfin, Sam Clafin et surtout Chris Hemsworth (en chasseur viril !) incarnent avec sobriété le profil belliqueux de guerriers délibérés à protéger leur princesse contre les forces du Mal.


Visuellement splendide, d'une féerie teintée d'horreur dans ses élans poétiques singuliers et agrémenté de batailles homériques, Blanche Neige et le Chasseur élude la mièvrerie redoutée dans le moule aseptisé du produit familial. Avec une certaine audace, il se réapproprie même des rôles majeurs impartis aux stéréotypes en leur privilégiant une personnalité plus névrosé ou farouche. Ce qui permet aussi de préconiser la dimension humaine et les enjeux dramatiques impartis à chaque personnage préoccupé. Alors que l'épilogue teinté d'ironie sous-jacente se prend un main plaisir à contourner le traditionnel happy-end idyllique imposé dans le conte de Grimm
Pour parachever, un excellent spectacle haut en couleurs réalisé avec modestie et dominé par la présence ensorcelante de Charlize Theron. Et rares sont les films où l'on se surprend à éprouver un soupçon d'empathie (la larme à l'oeil !) envers le coeur ruiné d'une mécréante. 

05.09.12
Bruno Matéï

lundi 3 septembre 2012

THE REVENANT


Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviescreenplay.info 
de D. Kerry Prior. 2009. U.S.A. 1h53. Avec David Anders, Chris Wilde, Annie Abbott, Senyo Amoaku, , Anne Arles, Jeff Rector, Amy Correa, Louise Griffiths, , Cathy Shim.

Sorte salles U.S: 26 Septembre 2009

FILMOGRAPHIE: D. Kerry Prior est un réalisateur, scénariste et producteur américain
1996: Roadkill
2009: The Revenant


Inédit en salles dans l'hexagone (comme le fut antécédemment sa première réalisation, Roadkill), The Revenant est une comédie horrifique à l'aura quelque peu insolite dans son cheminement narratif aléatoire et son final à tiroirs. Interprété par un tandem attachant (David Anders/Chris Wilde), le pitch impromptu suit les vicissitudes de ces deux amis de longues dates, Joey et Bart, contraints de sombrer dans la justice meurtrière depuis que l'un d'eux est devenu un mort-vivant. Le film suit donc leurs errances nocturnes à travers la ville new-yorkaise pour la quête de sang frais afin de préserver la nouvelle existence dégénérative de Bart. Avec un certain code de conduite morale, ils décident de s'en prendre uniquement à la vie marginale de criminels, braqueurs, trafiquants de drogues et autres flics ripoux pour rassasier l'appétit vampirique de notre revenant. Si le film réussit à gagner rapidement la sympathie du spectateur, c'est grâce à la complicité amicale de nos deux lurons embarqués dans des situations aussi réalistes que farfelues et un concours de circonstances assez inopinées. En effet, on ne sait jamais où le scénario souhaite nous mener pour trouver une issue favorable aux exactions de nos héros et la réalisation distille parfois une certaine ambiance  hermétique pour les états d'âme contrariés de Bart.


C'est la vraisemblance du caractère saugrenu de la damnation impartie à Bart qui permet au spectateur de s'y impliquer naturellement, le réalisateur dosant habilement l'austérité de sa dimension psychologique et la cocasserie qui émane de l'attitude déconcertée des protagonistes. Par son côté décomplexé et délirant, on peut aussi penser à la bonhomie pittoresque de certaines séries B des années 80 réalisées sans prétention comme le sympathique Flic ou Zombie. Emaillé de dialogues ciselés, d'action sanglante, de gags débridés (l'utilisation inédite du gode électrique) et de rupture de ton dans sa dernière partie légèrement déroutante, The Revenant inspire une affection et emporte notre adhésion pour un alliage de comédie horrifique agréablement troussée. Il en résulte une série B avenante non exempte de petites maladresses (l'attitude subitement hostile de certaines protagonistes est trop vite expédiée) mais pourvue d'une personnalité à livrer un divertissement finalement inaccoutumé.


Un inédit décalé à découvrir qui aurait mérité à être reconnu malgré son succès dans divers festivals.

03.09.12
Bruno Matéï


jeudi 30 août 2012

AVENGERS (The Avengers)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site gameforceone.be 

de Joss Whedon. 2012. U.S.A. 2h23. Avec Robert Downey Jr, Samuel L. Jackson, Chris Hemsworth, Chris Evans, Jeremy Renner, Mark Ruffalo, Scarlett Johansson, Tom Hiddleston, Cobie Smulders.

Sortie salles France: 25 Avril 2012. U.S: 4 Mai 2012

FILMOGRAPHIE: Joss Whedon est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 23 Juin 1964 à New-York.
2005: Serenity
2012: Avengers
2012: Much Ado About Nothing


TOUT CA POUR CA ???


Lorsque la sécurité et l'équilibre de la planète sont menacés par un ennemi d'un genre nouveau, Nick Fury, le directeur du SHIELD, l'agence internationale du maintien de la paix, réunit une équipe pour empêcher le monde de basculer dans le chaos. Partout sur Terre, le recrutement des nouveaux héros dont le monde a besoin commence…


mercredi 29 août 2012

AFFREUX, SALES ET MECHANTS (Brutti, sporchi e cattivi). Prix de la mise en scène à Cannes.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

de Ettore Scola. 1976. Italie. 1h49. Avec Nino Manfredi, Maria Luisa Santella, Francesco Anniballi, Maria Bosco, Giselda Castrini, Alfredo D'Ippolito, Giancarlo Fanelli, Marina Fasoli.

Sortie salles France: 15 Décembre 1976

Récompense: Prix de la Mise en scène à Cannes, 1976.

FILMOGRAPHIE: Ettore Scola est un réalisateur et scénariste italien, né le 10 Mai 1931 à Trevico, province d'Avellino en Campanie.
1964: Parlons Femmes. 1965: Belfagor le Magnifique. 1968: Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? 1969: Le Commissaire Pepe. 1970: Drame de la Jalousie. 1972: La Plus belle soirée de ma vie. 1973: Voyage dans le Fiat-Nam. 1974: Nous nous sommes tant aimés. 1976: Affreux, sales et méchants. 1977: Bonsoir Mesdames et Messieurs. 1977: Une Journée Particulière. 1978: Les Nouveaux Monstres. 1980: La Terrasse. 1981: Passion d'Amour. 1982: La Nuit de Varennes. 1983: Le Bal. 1985: Macaroni. 1987: La Famille. 1988: Splendor. 1989: Quelle heure est-il ? 1990: Le Voyage du Capitaine Fracasse. 1993: Mario, Maria, Mario. 1995: Le Roman d'un jeune homme pauvre. 1998: Le Dîner. 2001: Concurrence Déloyale. 2003: Gente di Roma.


Comédie cynique d'une cruauté inouie, Affreux, sales et méchants est le portrait au vitriol d'une famille précaire logeant parmi l'insalubrité d'un bidonville romain. Giacinto est le patriarche sexagénaire d'une famille nombreuse entassée dans le même taudis. Propriétaire d'un butin louable, il est contraint de planquer son argent à des endroits divers du baraquement pour éviter qu'un membre de sa famille ne vienne lui soutirer. Après avoir fait connaissance avec une inconnue aguicheuse, il décide de l'inviter dans son foyer malgré le refus de son épouse et la réticence de sa communauté. De plus en plus déprécié, Giacinto va se retrouver compromis à un ignoble traquenard de la part des siens. Peinture glauque et sordide d'une banlieue défavorisée, Ettore Scola nous illustre le portrait éhonté d'une famille insidieuse plongée dans une misère humaine en chute libre. Viol, prostitution, marché noir, vandalisme, inceste sont les besognes quotidiennes des laissés pour compte contraints de se livrer aux actes les plus frauduleux pour tenter de survivre dans leur milieu blafard.


En mettant en exergue le traitement infligé aux défavorisés victimisés par le chômage, et leur déshumanisation  émanant de leur condition sociale, le réalisateur empreinte la voie de l'humour noir pour mieux dénoncer les thèmes de l'exclusion et de la marginalisation. A travers la caricature burlesque d'une famille toujours plus mesquine et immorale à daigner s'entretuer, Ettore Scola nous transcende un jeu de massacre familial d'un cynisme exubérant. Certaines scènes d'anthologie restent d'ailleurs en travers de la gorge comme ce repas estival conditionné à une farce macabre, le rêve édénique de Giacinto fantasmant une existence prospère, ou encore le conflit chaotique de deux familles se disputant la part d'une propriété. Pour parachever et afin de laisser son spectateur sur une aigreur douloureuse, le film se clôt par une dernière image incestueuse d'une amertume poignante. Spoiler ! Une séquence cafardeuse décrivant le témoignage d'une gamine de 14 ans en grossesse s'approchant d'une pompe à eau afin de remplir ses jerricans. Plan fixe sur sa posture austère d'une mine impassible par sa condition déshéritée ! Tandis qu'une mélodie maussade laisse défiler le générique de fin, avec, en arrière plan, ce bout de terrain désolé contrastant avec l'horizon d'une urbanisation florissante ! Inoubliable ! Fin du spoiler. Entre rire grinçant et drame social, Affreux, Sales et Méchants rend donc hommage à ces infortunés de la vie sans jamais leur dénigrer une empathie pour leur esprit de cohésion.


Une vie moins ordinaire
Cruellement drôle et touchant par sa misère humaine en perdition, odieux pour l'immoralité des actes familiaux, Affreux, sales et méchants est un chef-d'oeuvre de la comédie italienne d'une puissance pittoresque terriblement grinçante. L'interprétation satirique de Nino Manfredi en patriarche intarissable et la galerie de personnages médiocres aux trognes burinées renforcent son cachet d'authenticité d'une détresse discréditée. Difficile de sortir indemne d'une telle débauche misanthrope tristement actuelle...

29.08.12. 3èx
Bruno Matéï


mardi 28 août 2012

L'ESPRIT DE LA RUCHE (El Espiritu de la colmena)


Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

de Victor Erice. 1973. Espagne. 1h38. Avec Fernando Fernan Gomez, Teresa Gimpera, Ana Torrent, Isabel Telleria, Ketty de la Camara, Estanis Gonzalez, José Villasante, Juan Margallo, Laly Soldevila.

Sortie Salles France: 5 Janvier 1977. U.S: 23 Septembre 1976. Espagne: 8 Octobre 1973.

FILMOGRAPHIE: Victor Erice est un réalisateur et scénariste espagnol, né le 30 Juin 1940 à Karrantza, dans la province de Biscaye (Espagne).
1973: l'Esprit de la Ruche
1983: El Sur
1992: Le Songe de la Lumière


Espagne, 1940 ; peu après la fin de la guerre civile. Un cinéma itinérant projette Frankenstein dans un petit village perdu du plateau castillan. Les enfants sont fascinés par le monstre et, parmi eux, la petite Ana, 8 ans, se pose mille et une questions sur ce personnage terrifiant. Sa grande soeur, Isabel, a beau lui expliquer que ce n'est qu'un "truc" de cinéma, elle prétend pourtant avoir rencontré l'esprit de Frankenstein rôdant non loin du village.


Un film étonnant, proprement insolite dans sa manière d'extérioriser la candeur de l'enfance, récit initiatique sur l'éveil de la cruauté et l'opacité de la mort. L'esprit de la ruche est une introspection délicate sur les travers de l'ignorance avec le portrait sensible d'Anna. Fille cadette fascinée par le mythe de Frankenstein, juste après que son village eut l'opportunité de diffuser sur toile géante le chef-d'oeuvre de James Whales. Depuis la fin de la projection, Anna est tourmentée à l'idée de connaître la véritable motivation qui ait pu poussé le monstre à noyer une innocente gamine mais aussi pourquoi la population s'est ensuite acharnée à l'immoler ! En perte de repères, raillée par une soeur confrontée au désir macabre, désintéressée par un père taciturne et une mère fuyante, Ana semble daigner s'écarter du monde des vivants pour se réfugier dans son univers fantasmagorique. Là où plane l'ombre de la mort d'un déserteur fusillé ainsi que l'esprit spirituel de la créature engendrée par le Dr Frankenstein. 


Avec son ambiance feutrée et désincarnée valorisant des décors clairsemés de paysages mornes, son rythme lymphatique et sa mise en scène contemplative éludée de fioritures, l'Esprit de la Ruche risque de rebuter plus d'un spectateur non averti ! Pourtant, il s'agit d'une belle élégie sur la solitude de l'enfance quand les parents introvertis ont décidé de démissionner à la suite du régime franquiste. Illuminé par la présence d'Ana Torrent, avec ses yeux noirs remplis de stupeur et de désir d'apprentissage, le réalisateur Victor Erice nous décrit de manière toute personnelle un regard tendre et délicat sur l'enfance à son éclosion. La nouvelle destinée d'une môme attendrie en quête d'amour parentale, partagée entre doutes, peurs et questionnements existentiels. 

Dédicace à Atreyu de m'avoir privilégié cette précieuse découverte.
28.08.12
Bruno Matéï



lundi 27 août 2012

Sain-Ange

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

de Pascal Laugier. 2004. France. 1h38. Avec Virginie Ledoyen, Lou Doillon, Catriona MacColl, Dorina Lazar, Virginie Darmon, Jérôme Soufflet, Marie Herry, Eric Prat, Marin Chouquet, Christophe Lemaire.

Sortie salles France: 23 Juin 2004

FILMOGRAPHIE: Pascal Laugier est un réalisateur Français né le 16 Octobre 1971.
Courts-Métrages: 1993: Tête de Citrouille. 2001: 4è sous-sol. Longs-métrages: 2004: Saint Ange. 2008: Martyrs. 2012 : The Secret (The Tall Man). 2018 : Ghostland. 


J'avais fort apprécié au 1er visionnage mais aujourd'hui je reste dubitatif sur l'intérêt de cette hantise infantile plutôt décousue, voir absconse. Reste une ambiance étrange parfois séduisante, une photo blafarde absolument magnifique valorisant ses décors gothiques et le charme de Virginie Ledoyen  (parfois dans son plus simple appareil). Au final, c'est plein de bonnes intentions mais maladroit dans la conduite du récit dégingandé, si bien que le suspense beaucoup trop latent captive rarement et que la psychologie torturée de l'héroïne (son refus de la maternité) reste en suspens. Sympathique avec clémence mais dispensable pour le genre. 

Le pitch: Anna, est chargée de nettoyer Saint Ange, un orphelinat désaffecté. Judith, la seule enfant encore présente, est enfermée dans ses souvenirs. Petit à petit, Anna entend des pas, des rires, des voix. Elle en est convaincue: quelque part dans la maison, il y a des enfants…



vendredi 17 août 2012

La Cabane dans les Bois / The Cabin in the Woods

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site flicksandbits.com

de Drew Goddard. 2012. U.S.A. 1h35. Avec Richard Jenkins, Bradley Whitford, Jesse Williams, Chris Hemsworth, Fran Kranz, Kristen Connolly, Anna Hutchison, Brian White, Amy Acker, Jodelle Ferland.

Sortie salles France: 2 Mai 2012. U.S: 13 Avril 2012

FILMOGRAPHIE: Drew Goddard est un réalisateur et scénariste américain, né le 26 Février 1975 à Los Alamos, Nouveau-mexique.
2012: La Cabane dans les Bois


Pour une première réalisation, Drew Goddard s'est entrepris de renouveler le concept du "ouh, fait moi peur !" en se jouant du spectateur avec une dérision sarcastique qui pourrait peut-être rebuter de prime abord. Pochette surprise brassant tous les clichés du genre avec pas mal d'astuces et de surprises plutôt réjouissantes, autant qu'hommage et déclaration d'amour au genre horrifique et au bestiaire iconique, La Cabane dans les Bois est une série B conçue pour surprendre, s'esbaudir, dérouter, dynamiter les codes du genre au sein d'un feu d'artifice sanglant. Variation habile de plusieurs thèmes éculés condensés en un scénario halluciné (euphémisme), la première partie ressasse donc sciemment moult stéréotypes sous forme de clins d'oeil amusés parmi cette bande de 5 vacanciers partis en week-end pour séjourner dans une cabane au fond des bois. Argument directement calqué sur le modèle du genre, Evil-Dead, La Cabane dans les Bois réussit pourtant à se réapproprier de ses situations conventionnelles de par la lucarne de la TV réalité avec soupçon de jeu-vidéo. La panoplie traditionnelle de protagonistes juvéniles, effrontés, insouciants ne manquant nullement à l'appel. La vierge, la pute, l'idiot de service, le jeune étudiant introverti et le sportif athlétique se confrontant malgré eux à une sanglante nuit digne d'un canular de Creepshow. Tandis qu'au même moment, dans un vaste bunker industriel, des agents et boursiers affublés de costard-cravate scrutent leurs faits et gestes à travers leurs écrans de contrôle d'ordinateur. Qui sont-t'ils ? Dans quel endroit sont-ils logés ? A quel jeu participe les occupants de la cabane et quel en est le véritable motif ?


Ainsi, avec une dose d'ironie et d'épisme spécialement terrifiants, le 1er acte nous refait le coup classique du survival horrifique auquel 5 vacanciers devront se défendre contre des forces démoniales au coeur d'une forêt de tous les dangers. Et si nous sommes bien évidemment en terrain connu, la vigueur de la mise en scène réussit adroitement à éviter l'ennui en nous procurant frissons, violence et cruauté inopiné (!) auprès de ces courses poursuites fertiles en déconvenues. L'ambiance bucolique crépusculaire ainsi que ses décors montagneux pârvenant notamment à nous immerger au sein d'une nuit de terreur cinglante dont certains éléments saugrenus vont subitement nous interpeller ! (par ex la muraille invisible). En prime, l'aspect fortuit que nos protagonistes sont préalablement pris au piège des exactions meurtrières provoquées par une sombre entreprise renforcent ce concept anti-conformiste, véritablement tranché pour sa rigueur morale sans pitié aucune. Si bien qu'il faut bien souligner que les protagonistes ne sont ici nullement réduit à des ados écervelés tant nous nous inquiétons de leur sort sans pouvoir anticiper s'ils réchapperont à la mort la plus brutale et sournoise. Et sur ce point émotionnel, l'implication du spectateur fonctionne à point nommé si bien que l'on espère à chaque fois que l'un d'eux en sortira vainqueur (hormis un faible espoir toujours plus factuel) de par leur héroïsme acharné de dernier ressort. Quant à la seconde partie impartie à une ultime demi-heure révélatrice, elle relance l'action tous azimuts en dénonçant de façon oh combien tonitruante et débridée l'envers du décor d'y laisser place à une révélation digne d'un épisode vrillé de la quatrième dimension. Qui plus est, jalonné de clins d'oeil aux classiques notoires du cinéma d'horreur et de fantastique (mais aussi du jeu vidéo) parmi lesquels Hellraiser, Ca, Silent Hill, Resident Evil, etc... La Cabane dans les Bois nous plonge à corps perdu dans un univers toujours plus déluré ou gore, humour, violence et folie sont en totale symbiose. Et ce jusqu'à l'ultime rebondissement faisant intervenir (en forme de clin d'oeil) une actrice notoire discourir alors que la dernière image génialement fascinante se résigne au refus du happy-end passée une concertation génialement caustique d'après leur commune désillusion. 


Vous pensez déjà connaître la fin ? 
Ludique, frissonnant, débridé, insolent, inventif, déjanté (en mode pagaille visuelle - davantage - intrépide), La Cabane dans les Bois mène la danse de la fantaisie horrifiante avec une efficacité et une originalité démesurée. Diablement rythmé, méchamment drôle et parfois même teinté de désespoir dans sa dramaturgie amplifié d'un score subtilement mélancolique faisant écho à The Descent, ce pastiche anti puritain, réfractaire à une horreur mainstream consumériste, demeure une récréation de tous les diables sous l'impulsion de jeunes acteurs franchement convaincants dans leur fonction humaniste à la fois torturée, affligée, pugnace, censée. Enfin, à travers ce divertissement retors pétri d'amour pour le genre on peut aussi y voir une méditation sur notre rapport charnel/masochiste/voyeuriste à l'horreur cinématographique perdurant depuis l'antiquité pour nous maintenir dans un confort moral apaisant en y exorcisant nos peurs et notre haine que tout un chacun refoule. Une très bonne surprise donc dont l'ultime demi-heure qualitative, substantielle, folingue, adopte une ampleur insoupçonnée.

28.03.24. 2èx. 4K vo
17.08.12



jeudi 16 août 2012

The Secret / The Tallman

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site omnimysterynews.com

de Pascal Laugier. 2012. U.S.A/France. 1h45. Avec Jessica Biel, Jodelle Ferland, Stephen McHattie, Jakob Davies, William B. Davis, Samantha Ferris, Katherine Ramdeen, Kyle Harrison Breitkopf, Teach Grant.

Sortie salles France: 5 Septembre 2012

FILMOGRAPHIE: Pascal Laugier est un réalisateur Français né le 16 Octobre 1971.
Courts-Métrages: 1993: Tête de Citrouille. 2001: 4è sous-sol
Longs-métrages: 2004: Saint Ange. 2008: Martyrs. 2012: The Tall Man


Quatre ans après le traumatisant Martyrs, Pascal Laugier nous revient des Etats-Unis pour sa nouvelle production franco-canadienne avec The Tall Man, retitré chez nous The Secret !
A partir d'une histoire de rapt d'enfants kidnappés en interne d'une contrée bucolique, The Secret s'apparente de prime abord à un conte fantastique hérité d'une nouvelle de Stephen King. Par ces décors montagneux feutrés et sa légende urbaine invoquée par une population précaire, le récit nous oriente vers un cauchemar horrifique avec son ogre sorti des bois venu ravir les enfants d'un quartier malfamé. Julia, infirmière endeuillée par la mort de son mari, tente tant bien que mal de survivre dans cette ville déclinante ou alcool et chômage font partis du morne quotidien de citadins défaitistes. Après avoir sauver la vie d'un bébé à l'accouchement impromptu d'une marginale, Julia va se retrouver confrontée à son tour au mystérieux ravisseur d'enfants. Un soir, alors qu'une de ses amies est retrouvée ligotée dans sa maison, le petit David va disparaître sous l'oppression d'une silhouette noire. C'est à partir de cet enlèvement fortuit que le film peut démarrer pour nous entraîner au coeur d'une course poursuite effrénée à travers un itinéraire forestier. Là où l'imprévisible et la stupeur vont être habilement détournés d'une situation rebattue. Par son caractère haletant, son réalisme acerbe et son intensité cuisante, The Secret nous ébranle par ses péripéties non convenues. Passé cet incident affolant fertile en rebondissements, la narration va subitement prendre une tournure différente quand les rôles attribués vont soudainement s'inverser et suspecter chaque protagoniste interlope.


La force psychologique du film de Laugier est indubitablement impartie à la densité d'un scénario formidablement construit, l'humanité affligée de notre héroïne et son thème d'actualité confronté à la maltraitrance infantile. Si la narration hermétique ne cesse de nous torturer les méninges à savoir qui est ce mystérieux ravisseur et que sont devenus les enfants, la manière dont les questions nous sont interrogées distille avec anxiété un suspense en ascension. D'autant plus que notre infirmière sévèrement fustigée (incarnée par l'excellente Jessica Biel, toute en retenue et sobriété !) ne cesse de provoquer l'interpellation face à son comportement équivoque. Sans jouer la carte de la facilité et de la chute fortuite conçue pour épater le spectateur ahuri (oubliez donc l'accroche publicitaire faisant allusion au 6è sens !), la résolution de l'énigme est d'autant plus limpide et bouleversante qu'elle ne cherche jamais à surprendre dans l'unique but de nous ébranler. A contrario, son thème social subordonné à l'inégalité des classes provoque émoi et colère face à l'irresponsabilité politique de laisser croupir les enfants issues des souches miséreuses.


Les Enfants du Silence
Conte horrifique obscur doublé d'un drame psychologique bouleversant, The Secret renoue avec la substantialité d'un scénario singulier et de l'humanité dépréciée de ses personnages. Réflexion sur la responsabilité parentale, le viol de l'identité et le traitement infligé aux nouvelles générations sans repères, le film de Pascal Laugier est un cri d'alarme à l'innocence bafouée. Sa conclusion amère et hésitante nous suggérant que l'amour maternel reste une valeur inhérente pour entretenir l'espoir d'une postérité incertaine. 

*Bruno
16.08.12



mercredi 15 août 2012

Les Dents de la Mer (Jaws)

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

de Steven Spielberg. 1977. U.S.A. 2h04. Avec Roy Scheider, Robert Shaw, Richard Dreyfuss, Lorraine Gary, Murray Hamilton, Carl Gottlieb, Jeffrey Kramer, Susan Backlinie, Jonathan Filley, Chris Rebello.

Sortie salles France: 1er Janvier 1976. U.S: 20 Juin 1975

FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis). 1971: Duel , 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, Cheval de Guerre.


Premier blockbuster de l'histoire du cinéma et troisième long-métrage d'un jeune metteur en scène surdoué, les Dents de la mer créa dès sa sortie un véritable vent de panique auprès des baigneurs qui désertèrent en masse les plages du monde entier. C'est dire si l'impact émotionnel du film fut considérable de par sa diabolique habileté à susciter l'effroi face aux mâchoires acérés d'un requin surdimensionné. D'après le célèbre roman de Peter Benchley, les Dents de la Mer est notamment un immense succès commercial et critique à travers le globe. Même si à contrario, il influencera la machinerie hollywoodienne à confectionner des produits à grand spectacle misant sur l'esbroufe au grand dam des personnages et du scénario. Dès la séquence d'ouverture, terrifiante d'intensité à travers son réalisme à la fois cinglant et impitoyable, Steven Spielberg provoque sans répit l'horreur pure d'une situation dramatique auprès d'une nageuse furtivement agressée par un requin ! La jeune fille nageant en toute quiétude se retrouvant subitement ballottée de gauche à droite par une force invisible venue du fond de l'océan. Alors qu'elle tente de se débattre désespérément, ses hurlements d'effroi s'étranglent avec l'eau salée au moment où le squale décide de l'entraîner au fond de l'eau pour la dévorer ! 


Cette séquence d'anthologie terriblement brutale est d'autant plus efficiente que Spielberg mise sur le pouvoir de suggestion en ne dévoilant jamais l'apparence du monstre marin et encore moins une goutte de sang ! Ainsi, cette règle d'occulter la présence hostile de l'immense requin blanc sera respectée une bonne heure durant afin d'attiser l'expectative, latente et oppressante, transcendée d'une mise en scène assidue, pour ne pas dire millimétrée. Par conséquent, en prenant soin d'y caractériser la contrariété des protagonistes plongés dans le dépit de devoir autoriser ou interdire une station balnéaire, faute de découvertes macabres, Spielberg distille une inquiétude tangible face à la menace sous-jacente du requin aux aguets ! Sans céder à une quelconque outrance spectaculaire, les deux scènes de paniques perpétrées aux abords de la plage s'avèrent des moments d'affolement d'une perversité insidieuse. Car si de prime abord on redoute la crainte du squale pouvant à tous moments s'extraire de l'eau afin d'happer un nageur lambda, Spielberg utilise aussi le sarcasme lorsque deux marmots ont décidé de se railler des adultes en leur jouant un subterfuge.  


Après cette mise en condition de l'angoisse diffuse et de la terreur cinglante (Spielberg ose même tolérer la mort innocente d'un enfant ! ), la seconde partie beaucoup plus échevelée et haletante s'oriente vers l'odyssée maritime de trois pêcheurs de requins engagés dans une lutte sans merci contre l'animal. Entre une beuverie impromptue et quelques chamailleries caractérielles octroyées entre le scientifique et le chasseur expert, les trois hommes vont se confronter à leur pire cauchemar face à la menace toujours plus belliqueuse du requin increvable ! (c'est peu de le dire !). Les séquences homériques se succédant à un rythme davantage fertile jusqu'à ce que le monstre réussit à réduire en lambeaux la carcasse du bateau trop étroit. Là encore, l'intensité des séquences d'action savamment coordonnées dans la vigueur d'un montage géométrique implique émotionnellement le spectateur, complètement immergé dans les enjeux alarmistes de nos héros démunis se battant avec acharnement contre l'animal. Telle cette séquence aquatique suffocante où l'un des protagonistes se retrouve piégé en interne d'une cage d'acier pendant que le requin essaie à maintes reprises de l'appréhender en défonçant hargneusement les barreaux ! Avec une maîtrise technique imparable et des Fx bluffants de réalisme, Spielberg réalise une véritable prouesse technique à daigner authentifier la menace du monstre, toujours plus agressif et furtif lorsqu'il décide de s'élancer sans réserve vers ses victimes hébétées ! Pour mettre en exergue la bravoure anxiogène de ces combattants de la mer, Roy Scheider suscite le jeu contracté d'un commissaire intègre mais inhibé d'une terreur infantile (la peur de l'eau). Néanmoins c'est en héros vaillant qu'il sortira vainqueur lors de sa dernière bataille esseulée contre le requin blanc. En chasseur de squale intarissable, Robert Shaw s'alloue du rôle le plus viril dans sa conviction opiniâtre à provoquer sans répit l'animal, et ce avec orgueil et une arrogance un peu trop appuyée Spoil ! quant à sa destinée morbide Fin du Spoil. Enfin, Richard Dreyfuss incarne avec perspicacité un scientifique océanographique particulièrement lucide. Ses brimades échangées avec le capitaine pour un conflit de classes sociales donne lieu à de cocasses moments de réparties avant de retourner affronter le monstre sans répit. 


Elle fut la première...
En empruntant le schéma du film catastrophe agencé à l'horreur, l'aventure et le grand spectacle, les Dents de la mer constitue une véritable leçon de mise en scène transcendée du score tonitruant de John Williams. Une manière judicieuse, inégalable, d'avoir su combiner densité des personnages, scénario singulier (quelle idée de génie de nous confronter à la phobie du requin auprès d'une station balnéaire !), intensité dramatique et suggestion de l'effroi. Quand à la photogénie ombrageuse de l'animal quasi indestructible, il demeure l'un des monstres les plus pugnaces, pernicieux et impressionnants du cinéma de genre. 

Apport technique du Blu-ray 4K: 10/10. Totale redécouverte.

*Eric Binford
23.07.21. 6èx
15.08.12. 

mardi 14 août 2012

Sang pour Sang / Blood Simple. Grand Prix du Jury, Sundance 85.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Fan-de-cinema.com

de Joel et Ethan cohen. 1984. U.S.A. 1h37. Avec John Getz, Frances McDormand, Dan Hedaya, M. Emmet Walsh, Samm-Art Williams, Deborah Neumann, Raquel Gavia, Van Brooks, Senor Marco, William Creamer.

Sortie salles France: 3 Juillet 1985. U.S: 18 Janvier 1985. Director's cut: France: 19 Juillet 2000. U.S: 2 Juin 2000.

FILMOGRAPHIE: Joel Coen (né le 29 novembre 1954) et Ethan Coen (né le 21 Septembre 1957) sont deux frères réalisateurs, scénaristes, monteurs, acteurs et producteurs américains.
1984: Sang pour Sang, 1987: Arizona Junior, 1990: Miller's Crossing, 1991: Barton Fink, 1994: Le Grand Saut, 1996: Fargo, 1998: The Big Lebowski, 2000: O'Brother, 2001: The Barber, 2003: Intolérable Cruauté, 2004: Ladykillers, 2006: Paris, je t'aime (tuileries), 2007: No country for old men, Chacun son cinéma (sktech: world cinema), 2008: Burn After Reading, 2009: A Serious Man, 2010: True Grit.


                 Tuer quelqu'un est très dur, très douloureux, et très... très long (Alfred Hitchcock)

Cette illustre citation énoncée par le maître du suspense Alfred Hitchcock constitue le pivot de Sang pour Sang, première réalisation des frères Cohen multi récompensée dans divers festivals. Hommage au film noir sur le déclin au début des années 80, cette immense farce sardonique est un concentré de suspense au vitriol jalonné de déconvenues impromptues ! SynopsisMarty, tenancier, se résigne à payer un détective véreux pour se débarrasser de sa femme infidèle ainsi que son amant. Mais rien ne se déroulera comme prévu. 


Pour une première réalisation au budget minimaliste, les frères Cohen élaborent un véritable coup de maître pour leur dextérité à renouveler des codes du genre. Car à partir d'un canevas éculé exploité dans divers classiques du genre, nos deux complices se réapproprient du concept criminel agencé autour de l'adultère à travers un savant dosage d'humour noir et de réalisme acerbe. Un couple d'amants indécis se retrouve confronté au subterfuge meurtrier d'un détective véreux payé par le mari jaloux. Déterminé à faire liquider les amants infidèles, Marty est pris au piège du tueur à gage trop cupide pour duper un à un le trio corrompu. Superbement photographié au sein de la contrée bucolique d'un Texas crépusculaire et transcendé du score envoûtant de Carter Burwell, Sang pour Sang est un inépuisable jeu de massacre. Une farce macabre à la limite de la parodie (la rancune du mari imbécile n'en finit plus d'être brocardée jusqu'au point de non retour) où chaque adversaire antipathique exprime une austérité sournoise à contrecarrer son allié. Pour cause, les réalisateurs prennent malin plaisir à nous caractériser le profil peu recommandable de personnages autonomistes, couards et contrariés dans leur désir de se dépêtrer d'un cadavre encombrant. La preuve éloquente du briquet et la complicité indirecte de l'amant y seront les éléments déclencheurs de vicissitudes interminables entre le détective avide de retrouver son objet, et ce prétendant, persuadé que sa maîtresse s'avère l'unique responsable du meurtre de l'époux.


S'ensuit une multitude de déconvenues à hauts risques auprès du trio maudit par le biais d'inversion des rôles si bien que le premier responsable de cette machination criminelle en sera châtié pour trépasser de manière aussi apathique qu'insupportable (d'où la tagline de l'affiche empruntée à Hitchcock!). Ce retournement de situation abrupt permettant de relancer l'intrigue sur une série de situations génialement grotesques où chacun des antagonistes ne saura plus où donner de la tête à déceler qui tire les ficelles du traquenard criminel. Parmi cette rupture de ton alternant humour noir corrosif et réalisme macabre, les frères Cohen en cristallisent un bijou de film noir d'une diabolique inventivité. Comme en témoigne le simulacre d'un piège mortel intenté à l'un des antagonistes (sa main poignardée sur le rebord d'une fenêtre et sa tentative de s'y extraire par le biais de son arme à feu et de la force de sa poignée).


Fort du charisme irrésistible de trognes gouailleuses, contrariées et taiseuses, Sang pour Sang constitue une farce macabre à la dérision insolente au sein de l'atmosphère opaque d'une nature en clair obscur. Un véritable modèle de film noir, étonnamment brutal et sanglant, mais d'une cocasserie incongrue à travers sa suite de déboires amorcées par ces pieds nickelés empotés. On peut même sans rougir  y prôner le chef-d'oeuvre du genre tant ce 1er essai demeure aussi ensorcelant que jubilatoire. 

*Bruno
21.01.24. 4èx. Vostfr
14.08.12. 

Récompenses: Grand Prix du Jury à Sundance, 1985.
Prix de la Critique à Cognac, 1985
Prix du Public à Fantasporto, 1986