mardi 11 septembre 2012

BULLHEAD (Rundskop)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site movies.tvguide.com

de Michael R. Roskam. 2011. Belgique. 2h08. Avec Matthias Schoenaerts, Jeroen Perceval, Jeanne Dandoy, Barbara Sarafian, Tibo Vandenborre, Frank Lammers, Sam Louwyck, Robin Valvekens, Baudoin Wolwertz.

Sortie salles France: 22 Février 2012. Belgique: 2 Février 2011

Récompenses: Prix du Meilleur premier film à FanTasia, 2011
Prix du Jury et du Public au Festival du film policier de Beaune, 2011
Propeler Motovuna au Festival du film de Motovun, 2011
Meilleur Film aux Prix du film Flamand, 2011
Prix André-Cavens de l'Union de la critique de cinéma (UCC), 2011
Magritte du cinéma du meilleur scénario et du meilleur film flamand en co-production, 2011

FILMOGRAPHIE: Michael R. Roskam (de son vrai nom Michaël Reynders) est un réalisateur et scénariste belge, né en 1972 à Saint Trond. 
2011: Bullhead


Lardé de récompenses dans son pays d'origine, Bullhead fait presque figure d'oeuvre inclassable dans sa structure narrative affilié au polar et au drame social, son ambiance cafardeuse, son humour parfois cocasse (les réparties verbales des 2 garagistes fort en gueule) et sa dimension humaine sur le déclin. Pour une première réalisation, Michael R. Roskam frappe fort et nous envoie un uppercut en pleine face dans son acuité émotionnelle à fleur de peau toujours plus abrupte ! Habité par l'interprétation transie de Matthias Schoenaerts, toute l'intrigue admirablement écrite repose sur ses robustes épaules et nous entraîne dans l'introspection mentale d'un homme profondément frustré car molesté par un trauma infantile.


A Limbourg, Jackie, fils de fermier corrompu, complote depuis toujours un trafic d'hormones auprès de la mafia pour sa viande bovine. Mais le meurtre inopiné d'un flic va contraindre la police à surveiller ses activités ainsi que celles de ses complices dont un ami d'enfance, Diederick. Compromis à un lourd secret lié à leur adolescence, les deux acolytes vont renouer avec le poids de cette réminiscence .


Avec la photo aigre d'un climat blafard, Bullhead empreinte la voie du polar moite pour décrire avec densité le drame humain d'une homme introverti car esseulé depuis le drame de son enfance. Parfois épris d'une violence incontrôlée par la prise addictive de ces stéroïdes mais aussi victimisé par son refoulement sexuel, Jacky est enfoui dans un mutisme nihiliste. Avec l'arrivée d'un ami qu'il n'avait pas revu depuis longtemps et d'une police en filature, son passé va refaire surface et lui remémorer une grave agression aux séquelles irréversibles. Dès lors, au gré de flash-back habilement insérés dans le cheminement hasardeux, une descente aux enfers latente nous ait confronté à travers le profil d'un homme livré à lui même car trop longtemps abdiqué par son entourage et sa famille. 
Il faut louer la dextérité limpide que Michael R. Roskam a su retranscrire à narrer un script en chute libre où les principaux protagonistes recèlent une dimension humaine chargée de remord ou de dépit. Avec la maîtrise inspirée d'une mise en scène autonome et une efficience haletante, Bullhead nous isole dans les vestiges d'un homme littéralement écrasé par la tare de la frustration et la morosité de son environnement animalier. Dans ce rôle torturé, Matthias Schoenaerts fait preuve d'un charisme animal impressionnant dans sa carrure robuste et ces furieux accès de violence extériorisés par une conscience martyrisée. Mais c'est aussi et surtout sa dimension humaine discréditée, sa désillusion de ne pouvoir concrétiser une vie de postérité qui interpelle le spectateur avec une empathie sensitive toujours plus inconfortable. ATTENTION SPOILER !!! D'ailleurs, le point d'orgue redouté, d'une intensité dramatique quasi insoutenable dans sa romance déchue nous arrache les larmes de l'amertume et nous ébranle viscéralement jusqu'au marasme, faute d'un nihilisme désespéré. FIN DU SPOILER


Comme un chien enragé
Fascinant par son réalisme âpre, ombrageux pour son cheminement indécis, voir parfois même déroutant dans ses sautes d'humour intermittentes, cet ovni venu de Wallonne implique le spectateur d'une façon si intime qu'il déséquilibre la maîtrise de nos sentiments. Sous couvert de polar austère, Bullhead est surtout une chronique déshumanisée d'un paysan meurtri, envoûté par l'interprétation magistrale de Matthias Schoenaerts . La déliquescence mentale d'un malfaiteur éperdument amoureux mais incapable de pouvoir transcender son handicap. Le rapport d'un viol irréparable en dépit d'un mutisme rural, l'impuissance inévitable d'un taureau au coeur flagellé. Déchirant jusqu'au malaise surmené. 

Dédicace à Daniel Aprin et Christophe Cosyns
11.09.12
Bruno Matéï



jeudi 6 septembre 2012

RUNNING MAN (The Running Man)


de Paul Michael Glaser. 1987. U.S.A. 1h40. Avec Arnold Schwarzenegger, Maria Conchita Alonso, Yaphet Kotto, Jim Brown, Jesse Ventura, Erland van Lidth, Marvin J. McIntyre, Gus Rethwisch.

Sortie salles France: 16 Mars 1988. U.S: 13 Novembre 1987

FILMOGRAPHIE: Paul Michael Glaser est un acteur et réalisateur américain, né le 25 Mars 1943 à Cambridge, Massachusetts.
1986: Le Mal par le Mal. 1987: Running Man. 1992: Le Feu sur la Glace. 1994: The air up there
1998: Kazaam


D'après un roman de Stephen King mais déjà adapté par l'écrivain Robert Sheckley en 1958, Running Man est le remake débridé de l'excellent brûlot le Prix du Danger d'Yves Boisset. Conçu sous le moule du film d'action et d'anticipation, avec, en tête d'affiche, l'une de ses plus grandes stars des années 80 (Arnorld Schwarzenneger), cette série B réjouissante joue à fond la carte du divertissement dans un esprit décomplexé de bande dessinée. Le look excentrique des antagonistes pourchassant sans répit Ben Richard et ses acolytes, accoutrés eux aussi de combinaisons futuristes en pijama criard, ainsi que le design high-tech d'une émission de télé-réalité éclairée par des néons flashys, mettent bien en évidence l'aspect dérisoire d'un jeu télévisé tributaire d'un voyeurisme vénal. 2019. Dans une société despotiste, un programme TV diffusé 24 heures sur 24 retransmet la course contre la mort d'ex taulards pourchassés par une horde de guerriers sanguinaires. Ben Richards, ancien flic injustement condamné pour une série de crimes qu'il n'a pas commis est recruté dans l'émission "Running Man" avec l'aide de deux anciens camarades de prison. Au sein d'un itinéraire semé d'embûches, les trois fugitifs vont tenter par tous les moyens de sortir vivants de ce traquenard auquel des millions de spectateurs sont rivés devant leur poste pour ovationner le spectacle barbare.


Bien entendu, son pitch préfigurant l'ascension de notre télé-réalité est ici un prétexte pour proposer un film d'action particulièrement bien troussé et à la mécanique d'efficacité indéniable. Toutefois, son ton sarcastique met en évidence la dérision d'un show tv inspiré des jeux de cirque de la Rome antique, alors que tous les citoyens lobotomisés par une propagande fasciste sont devenus de parfaits abrutis. Hormis son côté ludique diablement jouissif, mené à un rythme alerte, une certaine réflexion sur les dérives du sensationnalisme et le contrôle des masses populaires est néanmoins mise en exergue. Au sous-texte social, Paul Michael Glaser dénonce donc les exactions d'une télé spectacle avide de voyeurisme et la prohibition d'une société dictatoriale endoctrinant son peuple par le pouvoir des médias. Avec ses trépidantes séquences de courses-poursuites, sa panoplie de personnages grotesques, le charme latino de Maria Conchita Alonso et le cabotinage viril de Schwarzenegger (cigare au bec façon Commando !), Running Man s'avère un gros défouloir assumé ne se prenant jamais au sérieux. Mais la palme de l'hilarité en revient à la verve de ces dialogues et l'accoutrement de ces nouveaux guerriers aux pseudos saugrenus, endossés de déguisements futuristes comparables à des sapins de noël ! Que ce soit Buzzsaw, le vicking à la tronçonneuse, Subzero, le sumo adepte du hockey sur glace, Dynamo, le rondouillard garni d'ampoules électriques ou encore Fireball, le black power pourvu d'un lance-flamme !


Formidablement jouissif, bourré de dérision et complètement désinhibé dans sa violence cartoonesque, Running Man est en l'occurrence une petite perle du cinéma d'action encore plus attrayante qu'à l'époque de sa sortie. Car aujourd'hui son côté rétro est d'autant plus contrasté qu'il évoque de manière métaphorique l'aspect grand-guignolesque de nos émissions de télé-réalité. En prime, la qualité de ses effets-spéciaux (l'accès des joueurs par l'entrée vertigineuse du tunnel) est encore étonnamment concluante. 

06.09.12. 3èx
Bruno Matéï



Apport technique du Blu-ray: 7/10

mercredi 5 septembre 2012

BLANCHE NEIGE ET LE CHASSEUR (Snow White and the Huntsman)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site hnmovies.com

de Rupert Sanders. 2012. U.S.A. 2h07. Avec Kristen Stewart, Chris Hemsworth, Charlize Theron, Ian McShane, Sam Clafin, Nick Frost, Eddie Izzard, Bob Hoskins, Toby Jones, Eddie Marsan, Stephen Graham.

Sortie salles France: 13 Juin 2012. U.S: 01 Juin 2012


FILMOGRAPHIE: Rupert Sanders est un réalisateur anglais, né le 15 Janvier 1971 à Westminster.

2010: The Low Dweller
2012: Blanche Neige et le Chasseur


Le célèbre conte de Grimm revu et corrigé par un réalisateur néophyte, avec en tête d'affiche, la midinette de la saga docile Twilight, j'ai nommé Kristen Stewart ! C'est dire si ce blockbuster visant un public familial avait de quoi laisser dubitatif l'amateur d'aventures romanesques et d'héroic fantasy. Pourtant, à la vue de sa bande annonce privilégiant la scénographie d'un environnement naturel formel, quelques batailles homériques et la qualité inventive d'effets spéciaux prodigieux, on pouvait présager un bon spectacle ludique potentiellement attractif. A l'arrivée, cette réactualisation ténébreuse de Blanche Neige et les 7 nains réussit haut la main à enchanter son public de 10 à 77 ans ! D'un esthétisme raffiné dans ses décors naturels dantesques et transcendé par une photographie flamboyante, le célèbre conte des Frères Grimm se pare en l'occurrence d'un éclat nouveau pour cette relecture beaucoup plus sombre, voir même parfois horrifique si on le compare au chef-d'oeuvre de Walt Disney. Tout en respectant le matériau d'origine, Rupert Sanders prend soin de nous immerger dans un univers onirique où le merveilleux et l'effroi se télescopent pour mettre en lumière la lutte sempiternelle du Bien contre le Mal.



Afin de préserver son éternelle jeunesse, la reine maléfique Ravenna est contrainte de retrouver la princesse Blanche Neige, à peine échappée du cachot de son château, pour lui arracher son coeur. Réfugiée dans la forêt des ténèbres, Blanche va croiser sur sa route un valeureux chasseur puis septs nains débrouillards. Sur cette route semée d'embûches, ils vont devoir faire face à des rencontres hostiles ou pacifistes avec certaines créatures singulières. Mais leur alliance va surtout converger à l'offensive d'épiques affrontements afin de repousser l'armée hostile et annihiler la Reine. 

Féérie, fantasy, aventures, action et fantastique sont les ingrédients habilement dosés d'un conte notoire destiné à émerveiller sans l'outrance de la fioriture. Si l'amateur se révèle facilement impliqué et conquis, c'est grâce à la densité des personnages vaillants et l'intégrité d'un metteur en scène renouant avec les émotions d'antan. Car en éludant la trilogie du Seigneur des Anneaux et quelques autres charmantes fantaisies du type Narnia, il faut remonter aux années 80 pour retrouver ce sentiment noble de l'émerveillement avec des oeuvres picturales comme Legend, Labyrinth, Dark Crystal, l'Histoire sans Fin, Ladyhawke, voir peut-être aussi à moindre mesure, Willow.


Autant dire qu'un véritable souffle romanesque, épique et poétique plane sur sur les épaules de nos héros engagés dans une flamboyante odyssée émaillée de bravoures et d'imprévus ! Et pour crédibiliser au possible cette aventure fantasmagorique, chaque comédien charismatique réussit à donner chair à leur personnage héroïque ou méprisable. Avec originalité pour confectionner des effets spéciaux en CGI bluffant de réalisme, certaines séquences se révèlent magnifiques ou impressionnantes dans leur aptitude à créer la demi-teinte d'un univers hybride. Que ce soit le refuge obscur de la forêt des ténèbres, le raffinement édénique du sanctuaire, le combat saisissant avec un troll géant ou les métamorphoses maléfiques de la reine ainsi que son miroir déformant.

Dans le rôle délétère de la Reine noire, Charlize Theron livre une fois encore une performance innée dans sa faculté à exprimer les tourments obsessionnels d'une femme hantée par sa beauté physique. Mais aussi la déchéance galvaudée d'une fille préalablement soutirée à sa mère, pour être plus tard envahie d'une rancoeur vindicative vouée au mal absolu ! Kristen Stewart nous avait déjà prouvé qu'elle pouvait être une comédienne persuasive dans Welcome to the Riley ou Speak. En l'occurrence, sans transcender ses rôles les plus saillants, elle incarne avec fragilité la beauté suave d'une Blanche Neige attendrissante, également pourvue d'une bravoure courageuse à daigner mettre un terme aux agissements nihilistes de sa rivale vénale. Enfin, Sam Clafin et surtout Chris Hemsworth (en chasseur viril !) incarnent avec sobriété le profil belliqueux de guerriers délibérés à protéger leur princesse contre les forces du Mal.


Visuellement splendide, d'une féerie teintée d'horreur dans ses élans poétiques singuliers et agrémenté de batailles homériques, Blanche Neige et le Chasseur élude la mièvrerie redoutée dans le moule aseptisé du produit familial. Avec une certaine audace, il se réapproprie même des rôles majeurs impartis aux stéréotypes en leur privilégiant une personnalité plus névrosé ou farouche. Ce qui permet aussi de préconiser la dimension humaine et les enjeux dramatiques impartis à chaque personnage préoccupé. Alors que l'épilogue teinté d'ironie sous-jacente se prend un main plaisir à contourner le traditionnel happy-end idyllique imposé dans le conte de Grimm
Pour parachever, un excellent spectacle haut en couleurs réalisé avec modestie et dominé par la présence ensorcelante de Charlize Theron. Et rares sont les films où l'on se surprend à éprouver un soupçon d'empathie (la larme à l'oeil !) envers le coeur ruiné d'une mécréante. 

05.09.12
Bruno Matéï

lundi 3 septembre 2012

THE REVENANT


Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviescreenplay.info 
de D. Kerry Prior. 2009. U.S.A. 1h53. Avec David Anders, Chris Wilde, Annie Abbott, Senyo Amoaku, , Anne Arles, Jeff Rector, Amy Correa, Louise Griffiths, , Cathy Shim.

Sorte salles U.S: 26 Septembre 2009

FILMOGRAPHIE: D. Kerry Prior est un réalisateur, scénariste et producteur américain
1996: Roadkill
2009: The Revenant


Inédit en salles dans l'hexagone (comme le fut antécédemment sa première réalisation, Roadkill), The Revenant est une comédie horrifique à l'aura quelque peu insolite dans son cheminement narratif aléatoire et son final à tiroirs. Interprété par un tandem attachant (David Anders/Chris Wilde), le pitch impromptu suit les vicissitudes de ces deux amis de longues dates, Joey et Bart, contraints de sombrer dans la justice meurtrière depuis que l'un d'eux est devenu un mort-vivant. Le film suit donc leurs errances nocturnes à travers la ville new-yorkaise pour la quête de sang frais afin de préserver la nouvelle existence dégénérative de Bart. Avec un certain code de conduite morale, ils décident de s'en prendre uniquement à la vie marginale de criminels, braqueurs, trafiquants de drogues et autres flics ripoux pour rassasier l'appétit vampirique de notre revenant. Si le film réussit à gagner rapidement la sympathie du spectateur, c'est grâce à la complicité amicale de nos deux lurons embarqués dans des situations aussi réalistes que farfelues et un concours de circonstances assez inopinées. En effet, on ne sait jamais où le scénario souhaite nous mener pour trouver une issue favorable aux exactions de nos héros et la réalisation distille parfois une certaine ambiance  hermétique pour les états d'âme contrariés de Bart.


C'est la vraisemblance du caractère saugrenu de la damnation impartie à Bart qui permet au spectateur de s'y impliquer naturellement, le réalisateur dosant habilement l'austérité de sa dimension psychologique et la cocasserie qui émane de l'attitude déconcertée des protagonistes. Par son côté décomplexé et délirant, on peut aussi penser à la bonhomie pittoresque de certaines séries B des années 80 réalisées sans prétention comme le sympathique Flic ou Zombie. Emaillé de dialogues ciselés, d'action sanglante, de gags débridés (l'utilisation inédite du gode électrique) et de rupture de ton dans sa dernière partie légèrement déroutante, The Revenant inspire une affection et emporte notre adhésion pour un alliage de comédie horrifique agréablement troussée. Il en résulte une série B avenante non exempte de petites maladresses (l'attitude subitement hostile de certaines protagonistes est trop vite expédiée) mais pourvue d'une personnalité à livrer un divertissement finalement inaccoutumé.


Un inédit décalé à découvrir qui aurait mérité à être reconnu malgré son succès dans divers festivals.

03.09.12
Bruno Matéï


jeudi 30 août 2012

AVENGERS (The Avengers)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site gameforceone.be 

de Joss Whedon. 2012. U.S.A. 2h23. Avec Robert Downey Jr, Samuel L. Jackson, Chris Hemsworth, Chris Evans, Jeremy Renner, Mark Ruffalo, Scarlett Johansson, Tom Hiddleston, Cobie Smulders.

Sortie salles France: 25 Avril 2012. U.S: 4 Mai 2012

FILMOGRAPHIE: Joss Whedon est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 23 Juin 1964 à New-York.
2005: Serenity
2012: Avengers
2012: Much Ado About Nothing


TOUT CA POUR CA ???


Lorsque la sécurité et l'équilibre de la planète sont menacés par un ennemi d'un genre nouveau, Nick Fury, le directeur du SHIELD, l'agence internationale du maintien de la paix, réunit une équipe pour empêcher le monde de basculer dans le chaos. Partout sur Terre, le recrutement des nouveaux héros dont le monde a besoin commence…


mercredi 29 août 2012

AFFREUX, SALES ET MECHANTS (Brutti, sporchi e cattivi). Prix de la mise en scène à Cannes.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

de Ettore Scola. 1976. Italie. 1h49. Avec Nino Manfredi, Maria Luisa Santella, Francesco Anniballi, Maria Bosco, Giselda Castrini, Alfredo D'Ippolito, Giancarlo Fanelli, Marina Fasoli.

Sortie salles France: 15 Décembre 1976

Récompense: Prix de la Mise en scène à Cannes, 1976.

FILMOGRAPHIE: Ettore Scola est un réalisateur et scénariste italien, né le 10 Mai 1931 à Trevico, province d'Avellino en Campanie.
1964: Parlons Femmes. 1965: Belfagor le Magnifique. 1968: Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? 1969: Le Commissaire Pepe. 1970: Drame de la Jalousie. 1972: La Plus belle soirée de ma vie. 1973: Voyage dans le Fiat-Nam. 1974: Nous nous sommes tant aimés. 1976: Affreux, sales et méchants. 1977: Bonsoir Mesdames et Messieurs. 1977: Une Journée Particulière. 1978: Les Nouveaux Monstres. 1980: La Terrasse. 1981: Passion d'Amour. 1982: La Nuit de Varennes. 1983: Le Bal. 1985: Macaroni. 1987: La Famille. 1988: Splendor. 1989: Quelle heure est-il ? 1990: Le Voyage du Capitaine Fracasse. 1993: Mario, Maria, Mario. 1995: Le Roman d'un jeune homme pauvre. 1998: Le Dîner. 2001: Concurrence Déloyale. 2003: Gente di Roma.


Comédie cynique d'une cruauté inouie, Affreux, sales et méchants est le portrait au vitriol d'une famille précaire logeant parmi l'insalubrité d'un bidonville romain. Giacinto est le patriarche sexagénaire d'une famille nombreuse entassée dans le même taudis. Propriétaire d'un butin louable, il est contraint de planquer son argent à des endroits divers du baraquement pour éviter qu'un membre de sa famille ne vienne lui soutirer. Après avoir fait connaissance avec une inconnue aguicheuse, il décide de l'inviter dans son foyer malgré le refus de son épouse et la réticence de sa communauté. De plus en plus déprécié, Giacinto va se retrouver compromis à un ignoble traquenard de la part des siens. Peinture glauque et sordide d'une banlieue défavorisée, Ettore Scola nous illustre le portrait éhonté d'une famille insidieuse plongée dans une misère humaine en chute libre. Viol, prostitution, marché noir, vandalisme, inceste sont les besognes quotidiennes des laissés pour compte contraints de se livrer aux actes les plus frauduleux pour tenter de survivre dans leur milieu blafard.


En mettant en exergue le traitement infligé aux défavorisés victimisés par le chômage, et leur déshumanisation  émanant de leur condition sociale, le réalisateur empreinte la voie de l'humour noir pour mieux dénoncer les thèmes de l'exclusion et de la marginalisation. A travers la caricature burlesque d'une famille toujours plus mesquine et immorale à daigner s'entretuer, Ettore Scola nous transcende un jeu de massacre familial d'un cynisme exubérant. Certaines scènes d'anthologie restent d'ailleurs en travers de la gorge comme ce repas estival conditionné à une farce macabre, le rêve édénique de Giacinto fantasmant une existence prospère, ou encore le conflit chaotique de deux familles se disputant la part d'une propriété. Pour parachever et afin de laisser son spectateur sur une aigreur douloureuse, le film se clôt par une dernière image incestueuse d'une amertume poignante. Spoiler ! Une séquence cafardeuse décrivant le témoignage d'une gamine de 14 ans en grossesse s'approchant d'une pompe à eau afin de remplir ses jerricans. Plan fixe sur sa posture austère d'une mine impassible par sa condition déshéritée ! Tandis qu'une mélodie maussade laisse défiler le générique de fin, avec, en arrière plan, ce bout de terrain désolé contrastant avec l'horizon d'une urbanisation florissante ! Inoubliable ! Fin du spoiler. Entre rire grinçant et drame social, Affreux, Sales et Méchants rend donc hommage à ces infortunés de la vie sans jamais leur dénigrer une empathie pour leur esprit de cohésion.


Une vie moins ordinaire
Cruellement drôle et touchant par sa misère humaine en perdition, odieux pour l'immoralité des actes familiaux, Affreux, sales et méchants est un chef-d'oeuvre de la comédie italienne d'une puissance pittoresque terriblement grinçante. L'interprétation satirique de Nino Manfredi en patriarche intarissable et la galerie de personnages médiocres aux trognes burinées renforcent son cachet d'authenticité d'une détresse discréditée. Difficile de sortir indemne d'une telle débauche misanthrope tristement actuelle...

29.08.12. 3èx
Bruno Matéï


mardi 28 août 2012

L'ESPRIT DE LA RUCHE (El Espiritu de la colmena)


Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

de Victor Erice. 1973. Espagne. 1h38. Avec Fernando Fernan Gomez, Teresa Gimpera, Ana Torrent, Isabel Telleria, Ketty de la Camara, Estanis Gonzalez, José Villasante, Juan Margallo, Laly Soldevila.

Sortie Salles France: 5 Janvier 1977. U.S: 23 Septembre 1976. Espagne: 8 Octobre 1973.

FILMOGRAPHIE: Victor Erice est un réalisateur et scénariste espagnol, né le 30 Juin 1940 à Karrantza, dans la province de Biscaye (Espagne).
1973: l'Esprit de la Ruche
1983: El Sur
1992: Le Songe de la Lumière


Espagne, 1940 ; peu après la fin de la guerre civile. Un cinéma itinérant projette Frankenstein dans un petit village perdu du plateau castillan. Les enfants sont fascinés par le monstre et, parmi eux, la petite Ana, 8 ans, se pose mille et une questions sur ce personnage terrifiant. Sa grande soeur, Isabel, a beau lui expliquer que ce n'est qu'un "truc" de cinéma, elle prétend pourtant avoir rencontré l'esprit de Frankenstein rôdant non loin du village.


Un film étonnant, proprement insolite dans sa manière d'extérioriser la candeur de l'enfance, récit initiatique sur l'éveil de la cruauté et l'opacité de la mort. L'esprit de la ruche est une introspection délicate sur les travers de l'ignorance avec le portrait sensible d'Anna. Fille cadette fascinée par le mythe de Frankenstein, juste après que son village eut l'opportunité de diffuser sur toile géante le chef-d'oeuvre de James Whales. Depuis la fin de la projection, Anna est tourmentée à l'idée de connaître la véritable motivation qui ait pu poussé le monstre à noyer une innocente gamine mais aussi pourquoi la population s'est ensuite acharnée à l'immoler ! En perte de repères, raillée par une soeur confrontée au désir macabre, désintéressée par un père taciturne et une mère fuyante, Ana semble daigner s'écarter du monde des vivants pour se réfugier dans son univers fantasmagorique. Là où plane l'ombre de la mort d'un déserteur fusillé ainsi que l'esprit spirituel de la créature engendrée par le Dr Frankenstein. 


Avec son ambiance feutrée et désincarnée valorisant des décors clairsemés de paysages mornes, son rythme lymphatique et sa mise en scène contemplative éludée de fioritures, l'Esprit de la Ruche risque de rebuter plus d'un spectateur non averti ! Pourtant, il s'agit d'une belle élégie sur la solitude de l'enfance quand les parents introvertis ont décidé de démissionner à la suite du régime franquiste. Illuminé par la présence d'Ana Torrent, avec ses yeux noirs remplis de stupeur et de désir d'apprentissage, le réalisateur Victor Erice nous décrit de manière toute personnelle un regard tendre et délicat sur l'enfance à son éclosion. La nouvelle destinée d'une môme attendrie en quête d'amour parentale, partagée entre doutes, peurs et questionnements existentiels. 

Dédicace à Atreyu de m'avoir privilégié cette précieuse découverte.
28.08.12
Bruno Matéï