mardi 19 juin 2012

LOS ANGELES 2013

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Sortie salles France: 13 Novembre 1996. U.S: 9 Août 1996

de John Carpenter. 1996. U.S.A. 1h41. Avec Kurt Russel, A.J Langer, Steve Buscemi, Georges Corraface, Stacy Keach, Michelle Forbes, Pam Grier, Jeff Imada, Cliff Robertson, Valeria Golino, Peter Fonda.

FILMOGRAPHIEJohn Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 : The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires. 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward
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Le pitch: Snake Plissken est une nouvelle fois contraint de servir son pays dans une cité anarchique de Los-Angeles afin de retrouver une mallette ayant pour objet d'enrayer la planète.  
Nouvel échec commercial et critique pour Big John, Los Angeles 2013 est la suite (remake ?) tant fantasmée par les millions de fans du notoire New-York 1997Bande dessinée échevelée par son action épique, ces personnages hauts en couleur et ces décors décharnés mis en exergue sous un climat crépusculaire, notre anti-héros renoue aujourd'hui avec une mission suicide toujours aussi palpitante. Ces nouvelles vicissitudes remplies de dérision s'avérant un plaisir de cinéma comme on en voit trop peu dans le domaine du divertissement adulte. Et même si les FX de synthèse grossiers et désuets font preuve d'une maladresse évidente (faute d'une société en débâcle lors de la post-production), l'univers polychrome dépeint par Carpenter s'y prête plutôt bien pour grossir l'ambiance délurée d'une cité effrontée.
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Le pitch reprend à peu près la même ossature narrative que son prédécesseur, sans doute afin de mieux souligner l'itinéraire routinier d'un baroudeur fatigué de servir un état despotique régi par un président fasciste. On sent que cette fois-ci, John Carpenter a souhaité privilégier l'action homérique très influencée par l'univers de la BD et du cartoon Bis plutôt que de mettre en valeur une atmosphère opaque en décrépitude. Pour autant, son climat nocturne reste toujours bel et bien présent mais l'angoisse ombrageuse ressentie durant le premier volet est éludée au profit d'un univers bariolé et d'un humour railleur. Et à ce niveau, Carpenter s'en donne à coeur joie pour brimer Snake Plissken assujetti à prendre les risques les plus saugrenus. Car ici notre borgne frondeur risque sa vie après avoir été séquestré par un chirurgien vitriolé adepte de la greffe esthétique, joué une partie de basket-ball pour relayer le jeu de cirque romain, pratiqué le surf (avec l'aide du vétéran soixante-huitard Peter Fonda !) pour rattraper un bad guy arrogant, circulé en moto pour courser ses rivaux lors d'une chevauchée futuriste, ou encore s'envolé en delta plane (sous l'influence de la reine noire Pam Grier !) afin de dérober une mallette et sauver sa peau.
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Avec l'appui de comparses tous plus sournois et mesquins les uns des autres (Steve Buscemi, génial d'hypocrisie en guide badin ou encore la fille anarchiste du président en potiche versatile), la mission périlleuse de Snake constitue une déroute pour la sauvegarde d'une Amérique libre. Que ce soit sur l'île de Los Angeles, lieu de déportation des marginaux tributaires d'un leader extrémiste ou dans l'autre camp régi par un président mandaté à vie, l'émancipation n'a plus aucun mérite si bien que la violence, l'intolérance et la criminalité se sont emparées de nos mentalités. La corruption s'est donc infiltrée à travers nos doctrines et le monde court davantage à sa perte par l'entremise de Snake Plissken ! Car aujourd'hui, notre cow-boy revanchard, plus que jamais désillusionné d'être le bouc émissaire d'un état prédestiné à la prohibition, décide d'éteindre la lumière afin d'annihiler l'humanité toute entière ! No futur !


Plus les choses changent et plus elles restent les mêmes
Pamphlet contre nos sociétés totalitaires, Los Angeles 2013 est un pied de nez aux stratégies politiques véreuses dénuées de toute morale. Jouissif, délirant et inventif en diable de par ses péripéties fertiles, et baignant dans un univers d'apocalypse aussi crépusculaire que bigarrée, les nouvelles mésaventures de Snake constitue un (généreux) divertissement décomplexé où le cynisme social finit par cultiver le chaos. L'audace ironique de son célèbre épilogue dévoilant notamment derrière son message nihiliste l'amertume d'un cinéaste au bord du gouffre car désabusé de sa propre condition existentielle. A réhabiliter d'urgence !

19.06.12. 3èx
Bruno Matéï


lundi 18 juin 2012

Obsession

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviescreenshots.blogspot.com

de Brian De Palma. 1976. U.S.A. 1h38. Avec Cliff Robertson, Geneviève Bujold, John Lithgow, Sylvia Kuumba Williams, Wanda Blackman, J. Patrick McNamara, Stanley J. Reyes, Nick Kreiger.

Sortie salles en France: 18 Janvier 1977. U.S: 1er Août 1976

FILMOGRAPHIEBrian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis. 1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted.


Hommage à Sueurs Froides d'Alfred Hitchcock, Obsession est une errance romantique avec la mort. A travers l'argument d'un banal kidnapping ayant mal tourné, Brian De Palma nous transcende une incroyable machination doublé de romance particulièrement élégiaque. Le pitchaprès la disparition de sa femme et de sa fille, rongé par le remord et la culpabilité de n'avoir pu les sauver lors d'un kidnapping, un riche  entrepreneur séjourne 16 ans en Italie pour se remémorer leur première rencontre édénique. C'est dans la bâtisse d'une église qu'il fait connaissance de Sandra Portinari, le parfait sosie de son ancienne défunte ! Obsédé par la trouble beauté de la jeune femme, Michael Courtland la courtise et réussit par l'inviter à déjeuner. Au fil de leurs rendez-vous, une liaison amoureuse se lie entre eux. Mais Sandra semble elle aussi peu à peu éprise de fascination pour la disparition d'Elizabeth Courtland. Thriller vertigineux si fragile de par son ambiance romantique ensorcelante et sa montée en puissance du suspense au fil d'un cheminement davantage ombrageux, Obsession insuffle une irrésistible ambiance ésotérique. Poème mélancolique sur l'amour galvaudé et la perte de l'être aimé, cette oeuvre infiniment prude nous dépeint de prime abord l'impossible deuil d'un veuf taciturne incapable de se pardonner un choix tranché au point d'enchaîner comme conséquence la mort soudaine de sa famille.


Quant à la seconde partie, beaucoup plus inquiétante et fébrile auprès des tourments amoureux des amants, elle nous transfigure un implacable suspense Hitchcockien dont l'issue culmine vers une bouleversante alliance rédemptrice. Scandé de la puissante mélodie orchestrale de Bernard Herrman, aussi suave que suspicieuse,  Obsession nous entraîne dans la contrée touristique de Florence en compagnie de deux amants avides de retrouver un amour éperdu. Mis en scène de manière épurée et baignant dans un lyrisme diaphane parmi ses couleurs sépia voluptueuses, le suspense audacieux savamment instillé est en outre habité par l'interprétation des amants d'infortune. Dans celui du promoteur cossu, Cliff Robertson livre une interprétation poignante de par sa présence placide, taiseuse, réservée, timorée, d'autant plus noyé de chagrin et de culpabilité d'avoir ôté la vie de son épouse. Dans un double rôle équivoque, Geneviève Bujold transmet avec clémence et charme docile le personnage en demi-teinte d'une femme tourmentée d'un passé traumatique. Enfin, l'excellent John Lithgow se joue un malin plaisir à se fondre dans le corps d'un homme d'affaire perfide uniquement appâté par le gain. Sa gouaille orgueilleuse et ses ambitions cupides émanant d'un opportunisme couard à daigner déprécier sa victime. En somme le parfait salopard. 


Liens d'amour et de mort 
D'un romantisme lyrique absolu à travers une mélancolie pudibonde, Obsession se décline en voyage envoûtant où les songes du passé remontent à la surface afin de divulguer un secret éhonté. Car à travers l'improbable destinée de cet amant assujetti à sa passion amoureuse, Brian De Palma nous façonne finalement un magnifique profil d'amour paternel après nous avoir cruellement piégé au sein d'une conspiration sournoise. Illuminé de la chorale entêtante de Bernard Herrmann et transi d'émoi passionnel auprès du couple Robertson / Bujold, l'obscure obsession confine à la mélopée éperdue. Un chef-d'oeuvre de hantise mortifère imprégnée de romantisme obsédant. Et puis quelle mise en scène circonspecte ! 

Bruno
13.01.23. 5èx
19.06.12. 

                                      

jeudi 14 juin 2012

HELEN

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
de Sandra Nettelbeck. 2009. U.S.A. 1h40. Avec Ashley Judd, Goran Visnjic, Lauren Lee Smith, Alexia Fast, Alberta Watson, David Nykl, David Hewlett, Ali Liebert.

Sortie salles France: 30 Juillet 2010. U.S: 2009

FILMOGRAPHIE: Sandra Nettelbeck est une scénariste, réalisatrice, monteuse et actrice allemande, née le 4 avril 1966 à Hambourg (Allemagne).
1994: A Certain Grace
1995: Unbestandig und Kul (télé-film)
1998: Mammamia (télé-film)
2001: Chère Martha
2004: Sergeant Pepper
2009: Helen


Helen est une professeur de musique menant une existence paisible avec son mari David et sa fille Julie. Un jour, elle rechute dans une grave dépression qui la contraint de se faire hospitaliser. Sa famille tente malgré tout d'apporter soutien et amour pour essayer de la sortir de son mutisme nihiliste.  
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Portrait chétif d'une femme dépressive sous l'oeil contemplatif d'une réalisatrice vouée à la pudeur, réfractaire au pathos ou au racolage lacrymal. Epaulé par l'interprétation bouleversante de Ashley Judd et d'une poignée de comédiens persuasifs, Helen est une dérive élégiaque sur une pathologie neurotique, la dépression.
Réalisé avec délicatesse pour aborder prudemment un sujet aussi grave, ce drame austère nous entraîne vers une poignante dérive déshumanisée d'une femme livrée à ses propres tourments sans que la cellule familiale ne puisse la prémunir. Professeur de musique studieuse mariée à un brillant avocat mais divorcée d'un ancien mari avec qui elle eut sa fille Julie, helen est une femme fragile aux antécédents déjà suicidaires. Incapable de pouvoir surmonter la tare toujours plus rude de sa maladie, elle est contrainte de se faire interner en institut spécialisé. Alors que le mari contrarié et sa fille vulnérable tentent vainement de la ramener à la raison, Helen trouve refuge vers l'amitié d'une de ses élèves de cours, Mathilda, réciproquement atteinte de la même affliction. Isolées du monde, livrées à elles-mêmes et cloîtrées dans un appartement ténu, elles tentent avec toute leur complexité psychologique de sortir d'une existence cafardeuse noyée d'aigreur.


Le film, rigoureux par son climat démoralisant en chute libre, décrit avec beaucoup de vérité humaine la terrible difficulté intrinsèque qu'une personne accablée doit transcender pour s'extirper d'un fardeau inexorable. Ce sentiment de tristesse jusqu'au-boutiste, cette incapacité psychologique pour le sujet mis à épreuve à pouvoir s'extraire de sa dépression psychiatrique sont retranscrits avec une acuité émotionnelle à fleur de peau. D'autant plus que le cocon familial, démuni et désuni par l'incompréhension se morfond finalement dans une fatale solitude, faute de pouvoir privilégier une convalescence par la rédemption amoureuse.
La réalisatrice dresse également en second lieu la désillusion bouleversée d'une amitié candide entre deux femmes atteintes du même mal. Leur combat commun confiné dans la solitude miséreuse d'un appartement oppressant nous place dans une situation anxiogène davantage fébrile pour leur destin à venir. Si Helen semble revenir à la raison après l'opération d'une séance d'ECT (un traitement thérapeutique d'électro-choc), son amie Mathilda est rongée par la culpabilité d'un évènement traumatique fortuit et d'une solitude toujours plus opprimante. Leur dignité amicale et l'extrême fragilité qui émane de leur moralité malmenée nous plonge tête baissée dans un désarroi toujours plus implacable avant son épilogue en demi-teinte.


Noyé de morosité et de nonchalance, Helen est le témoignage douloureux de deux femmes dépressives injustement destituées de l'aubaine existentielle. Mis en scène avec une sensibilité contractée pour illustrer la caractère trouble de la neurasthénie, cette introspection de la solitude est transcendée par l'interprétation sensitive d'une Ashley Judd transie d'affliction. On sort du film la boule au ventre par tant de tiraillement infligé aux malades ébranlés, même si la guérison est toujours une lueur d'espoir pour ceux qui ont encore l'endurance de persévérer. 
Dépressifs, s'abstenir !
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14.06.12
Bruno Matéï
                               

mercredi 13 juin 2012

LA NUIT DECHIREE (Sleepwalkers). Prix du Meilleur film à Fantafestival 1992.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood90.com  

de Mick Garris. 1992. U.S.A. 1h29. Avec Brian Krause, Madchen Amick, Alice Krige, Jim Haynie, Cindy Pickett, Ron Perlman, Lyman Ward, Dan Martin, Glenn Shadix, Cynthia Garris, Monty Bane, John Landis.

Sortie salles France: 19 Août 1992. U.S: 10 Avril 1992

FILMOGRAPHIE: Mick Garris est un acteur, producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 4 Décembre 1951 à Santa Monica, en Californie. 1988: Critters 2. 1990: Psychose 4. 1992: La Nuit Déchirée. 1994: Le Fléau (télé-film). 1997: Shining (télé-film). 1997: Quicksilver Highway (télé-film). 1998: l'Expérience Fatale (télé-film). 2001: Juge et Coupable (télé-film). 2004: Riding the Bullet. 2005: Chocolate (Masters of Horror, saison 1, Epis 5). 2006: Désolation. 2011: Sac d'Os.


"Somnanbule, n.m. Créature errante aux origines mi-humaines mi-féline. Vulnérable aux griffes du chat, elle se nourrit de l'énergie vitale de femmes vierges. Est à l'origine du mythe de la légende du vampire."  
ENCYCLOPEDIE CHILLICOATHE D'ARCANE KNOWLEDGE, PREMIERE EDITION, 1884

Charles et sa mère Mary Brady sont les derniers descendants des somnanbules, une race de créatures félines particulièrement voraces pour violenter des femmes vierges. Affamée et séquestrée par une meute de chats suspectant les alentours de leur demeure, Mary ordonne à son fils de lui ramener une jeune fille docile pour s'alimenter de chair humaine. Charles part à la rencontre d'une jeune serveuse de cinéma de quartier.


D'après un scénario de Stephen King (mais tiré d'une nouvelle jamais publiée), La Nuit Déchirée est le troisième film de Mick Garris, réalisateur inégal mais intègre dans sa prédilection pour le genre fantastique. Prolifique dans ses adaptations de King souvent recadrées pour la TV, ce cinéaste attachant réalise en 1992 son meilleur film en dépit d'un humour graveleux sans doute influencé par les délires sardoniques d'un certain Freddy Krueger. En prime, le scénario conventionnel et linéaire ne prétend pas révolutionner le genre hérité du mythe vampirique. Pourtant, il se dégage de cette série B attrayante un parfum de scandale chez le profil incestueux d'une mère et d'un fils communément amoureux. L'originalité de la Nuit Déchirée et son impact fascinant émane de la caractérisation d'une dernière lignée de somnanbules, ou plus exactement des félidés. Pour cause, cette race de créatures mi-félines, mi-humaines s'abreuvent de l'énergie vitale de femmes vierges afin de perdurer leur longévité. Craignant les chats domestiques comme la peste, nos deux amants sont contraints de façonner des pièges autour de leur demeure pour se prémunir de leur présence hostile. Parfois, pour duper les investigateurs un peu trop curieux, ils possèdent la faculté de se rendre invisible par la seule force de leur pensée (mais aussi de camoufler leur voiture afin de contre-carrer les autorités !).

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Mick Garris cultive un soin avisé à nous familiariser avec cette mère chérissante, éprise d'amour pour son bellâtre fils juvénile. L'érotisme audacieux qui en découle lors de certaines séquences sulfureuses (l'étreinte du couple suivie d'une relation sexuelle !) véhicule un charme vénéneux particulièrement incongru. D'autant plus que ces amants délétères se révèlent d'horribles créatures condamnées à sacrifier de jeunes vierges dociles. D'ailleurs, leur véritable apparence monstrueuse peut-être suggérée à travers les miroirs quand ils ne sont pas épris d'une colère primitive pour dévorer les êtres humains, à moins d'extérioriser leur rancune jalousie. Et dans le rôle de la mégère impérieuse, Alice Krige se révèle absolument charismatique et envoûtante dans sa posture lascive de choyer son fils par amour interdit. Brian Krause ne manque pas non plus d'attrait sardonique dans celui du charmeur faussement vertueux et véritablement insidieux, quand bien même la ravissante Mädchen Amick déploie une élégance suave en victime candide subordonnée à l'allégeance des deux amants corrompus.


Si la Nuit Déchirée avait été élaboré avec un scénario plus ambitieux et si l'humour noir lourdingue en avait été éludé, cette série B fort sympathique aurait pu gagner en densité dramatique (on se surprend d'ailleurs à éprouver une certaine empathie auprès du désarroi maternel d'une soupirante destituée de son rejeton moribond !). En l'état, le film de Mick Garris reste un efficace divertissement par son rythme haletant jalonné de péripéties violemment sanglantes (à l'image de son final explosif !). La flamboyance de sa photographie, les sublimes mélodies entêtantes de Boadicea (interprété par Enya) et Sleepwalk (composé par Santo et Johnny) ainsi que le caractère incestueux du thème vampirique confirmant son pouvoir de fascination diaphane. Enfin, pour témoigner de son affection pour le genre, Mick Garris a eu l'idée de réunir en guise de clin d'oeil les sympathiques apparitions de John Landis, Tobe Hooper, Clive Barker, Joe Dante et même Stephen King.

13.06.12
Bruno Matéï

Récompenses: Prix du Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Scénario et Meilleure Actrice (Alice Krige), au Fantafestival, 1992.

mardi 12 juin 2012

ATOMIC CYBORG (Vendetta dal futuro)

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Sergio Martino (Martin Dolman). 1985. Italie. 1h34. Avec Daniel Greene, John Saxon, George Eastman, Claudio Cassinelli, Janet Agren.

Sortie salles France: 26 Mars 1986

FILMOGRAPHIESergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1985: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.

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Deux ans après son fleuron post-apo 2019, Après la chute de New-York, Sergio Martino récidive à piller gentiment les succès notoires outre-atlantique pour amorcer Atomic Cyborg. Ce succédané transalpin de Terminator préfigure notamment avec deux ans d'avance le chef-d'oeuvre de Verhoven, Robocop (pour la quête identitaire du robot asservi par son créateur arriviste)A titre d'anecdote, le film fut en outre endeuillé par la disparition de l'acteur Claudio Cassinelli (Peter Hallo), décédé sur le tournage dans un accident d'hélicoptère. Avec cette tragédie impondérable, Sergio Martino fut contraint de modifier l'agencement de son final explosif. Après avoir épargné la vie d'un militant écologiste, Paco Queruak, cyborg humain programmé pour tuer, est contraint de s'exiler dans sa contrée natale pour fuir l'entrepreneur Turner ainsi que les autorités de l'état. Dans un motel, il fait la rencontre de Linda, une jeune serveuse avec qui il décide d'entretenir une relation amoureuse. Mais des agents du FBI ainsi que les hommes de main de Turner sont lancés à ses trousses. 
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Classique bisseux des eighties, Atomic Cyborg peut sans conteste se targuer de figurer au palmarès des réussites les plus ludiques dans le domaine des ersatz des années 80. Western futuriste prenant pour cadre les contrées montagneuses de l'Arizona, cette série Z plutôt vigoureuse rivalise de péripéties débridées et de trognes délurées pour divertir les fans de nanar impayable. En dépit d'un premier quart-d'heure peu attractif et plutôt bavard, le film de Sergio Martino attise rapidement la sympathie dans son intégrité à daigner offrir au public un généreux spectacle d'action conçu sans prétention. La trame puérile et fantaisiste se résume à des confrontations musclées entre un cyborg vindicatif, destitué de sa véritable identité par la faute d'un perfide entrepreneur, délibéré à se défendre contre ses supérieurs ainsi que les autorités de l'état. De prime abord, après avoir sympathisé avec une jeune serveuse dans un motel reclus, Paco va devoir se mesurer à une bande de camionneurs, partisans musclés du bras de fer concurrentiel. Alors qu'un de leur leader influent (l'inénarrable Georges Eastman en traître cabotin !) va tout mettre en oeuvre pour le circonscrire. Comme d'habitude dans ce genre de zèderie, la maladresse des dialogues infantiles est exprimée avec un sérieux inébranlable par des comédiens au physique grotesque.


Et dans le rôle du Terminator mexicain, Daniel Greene endosse la carrure d'un héros intrépide aussi austère qu'apathique dans sa physionomie de catcheur docile. Rien que pour sa présence figée, le film est absolument incontournable et doit beaucoup au caractère pittoresque de ces déconvenues musclées avec des gros bras autoritaires ou des tueurs flegmatiques. Sa rixe hilarante avec une androïde sexy est d'ailleurs un revirement fortuit d'offensive cinglante dans les échanges de tirs et les corps à corps chorégraphiés en mode kung-fu ! Justement, le savoir-faire technique des séquences d'action et la conception efficiente de certains effets-spéciaux (la tête arrachée de la blonde humanoïde, le bras déchiqueté de Paco façon "Terminator" ou encore le coeur extirpé des entrailles de Turner) ajoute un impact attractif à ces péripéties homériques. Alors que le score de Claudio Simonetti véhicule honorablement un certain charme naïf dans sa rythmique mélancolique pour scander les mésaventures du justicier robotisé.


Conventionnel et crétin mais efficace et aussi attendrissant qu'hilarant, Atomic Cyborg est un classique bisseux de la zèderie ritale en pleine ascension du plagiat post-apo. La présence estimable de vétérans de seconde zone (George Eastman, John Saxon et surtout Daniel Greene !) et la vigueur de la mise en scène privilégiant l'action échevelée concourent de nous offrir un plaisir coupable encore plus pittoresque qu'à l'époque de sa sortie ! 
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A Claudio Cassinelli
Dédicace à Ciné-bis-art
12.06.12
Bruno Matéï

GORE GORE GIRLS


En dépit de 3 scènes gores gratinées et de 3 nichons folichons, le délire de Lewis est une farce soporifique d'une rare vacuité. Même pas drôle.

11.06.12
Bruno Matéï

jeudi 7 juin 2012

LES 5000 DOIGTS DU DR T (The 5000 Fingers of Dr T)

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site filesdrop.com

de Roy Rowland. 1953. U.S.A. 1h28. Avec Peter Lind Hayes, Mary Healy, Hans Conried, Tommy Rettig, John Heasley, Noel Cravat.

Sortie salles France: 30 Juillet 1954. U.S: 1 Juillet 1953

FILMOGRAPHIE (Wikipedia): Roy Rowland est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 31 Décembre 1910 à New-York, décédé le 29 Juin 1995 à Orange (Californie). 1943: A Stranger in Town. l'Ange perdu. 1945: Our Vines have tender Grapes. 1946: Boy's Ranch. 1947: Mac Coy aux poings d'or. l'Heure du pardon. 1949: La Scène du Crime. 1950: Le Convoi Maudit. Les Heures Tendres. 1951: Un Fou au Volant. 1952: Les Clairons sonnent la charge. Les 5000 Doigts du Dr T. 1953: Commérages. Le Voleur de Minuit. 1954: Sur la trace du crime. Témoin de ce meurtre. 1955: L'Aventure Fantastique. La Fille de l'Amiral. 1956: Viva Las Vegas. Passé perdu. 1957: Calomnie. Terreur dans la Vallée. 1958: Arrivederci Roma. 1963: Solo pour une blonde. 1965: Sie nannten ihn Gringo. 1966: Surcouf, le tigre des 7 mers.


Le pitch: Bart, un jeune apprenti musicien s'endort sur le clavier de son piano à cause de la discipline drastique de son professeur, le Dr Terwiliker. Parmi 500 enfants kidnappés, il se retrouve entraîné dans le monde irréel du Dr T pour interpréter communément un concerto musical. 
D'après un récit de Theodore Geisel, célèbre écrivain pour littérature infantile (le Grinch), Les 5000 Doigts du Dr T fut un cinglant échec commercial lors de sa sortie officielle. On peut comprendre que le film ait déçu le public traditionnel, peu habitué à fréquenter un spectacle hybride alternant la comédie musicale, la féerie et le fantastique cauchemardesque. Véritable ovni excentrique projetant les fantasmes utopiques d'un jeune garçon asservi par son professeur mélomane, Les 5000 Doigts du Dr T émerveille à travers son imaginaire désinhibé. Car exaspéré du travail intensif qu'il doit entreprendre pour satisfaire son professeur de piano, le petit Bart se retrouve plongé dans un rêve insensé afin de se dépêtrer des griffes du Dr T. Madame Collins et leur fidèle plombier étant également embrigadés dans la forteresse labyrinthique. Ainsi, l'ambition de ce professeur déluré est de daigner réunir 500 enfants autour d'un gigantesque piano pour y interpréter un concerto 24 heures sur 24, 365 jours annuels durant !


Autant dire que la trame débridée demeure une perpétuelle fantaisie sardonique si bien que l'antagoniste pernicieux s'en donne à coeur joie afin de brimer ses écoliers ! Visuellement splendide de par son technicolor clinquant, et inquiétant pour l'expressionnisme de ses décors baroques, l'aventure trépidante de ce gamin endeuillé d'une mort paternelle s'avère un enchantement atypique. Emaillé de péripéties fantaisistes (la course en patin à roulette, la tentative de vol de la clef, la chute dans le souterrain des esclaves) et de rencontres saugrenues (les deux hommes à barbe, les musiciens prisonniers, les geôliers de cachot), les 5000 Doigts du Dr T est une invitation au rêve pour y dénoncer toute forme d'autorité despotique lorsqu'un bambin y est destitué d'absence parentale. Les numéros musicaux harmonieusement chantonnés et dansés se coordonnant pour mettre en exergue un environnement échevelé généré par l'entreprise du sardonique Dr T. L'acteur Hans Conried s'autorisant un malin plaisir masochiste à incarner un musicien adepte de sorcellerie, particulièrement railleur et indocile de par ses ambitions mégalos. On pense aussi parfois à l'univers de Tim Burton pour l'accoutrement vestimentaire des protagonistes, ses idées démentielles (la potion magique qui absorbe l'audition, la chute dans le vide de Bart amortie par son simple tee-shirt) ainsi que la verve macabre émanant de certaines claustrations (le père du Dr T prisonnier en interne d'un immense tambourin ou encore le cachot biscornu auquel Bart et le plombier y sont embrigadés !).

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Inventif en diable, espiègle, coloré et totalement débridé, les 5000 Doigts du Dr T constitue une merveille de féerie et d'insolence. Hymne à la chimère de par la candeur d'un enfant endeuillé, quête initiatique pour le droit à sa reconnaissance, cette fantaisie musicale véhicule un pouvoir d'évasion renouant avec nos songes les plus fous et affranchis.

*Bruno
07.06.12. 2èx


mercredi 6 juin 2012

THE SECRET LIFE OF WORDS (La Vida secreta de las palabras). Meilleur film GOYAS 2005.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site cartelespeliculas.com   
d'Isabel Coixet. 2006. Espagne/U.S.A. 1h52. Avec Sarah Polley, Tim Robbins, Javier Camara, Eddie Marsan, Steven Mackintosh, Julie Christie, Danny Cunningham, Emmanuel Idowu, Dean Lennox Kelly, Daniel Mays.

Sortie salles France: 19 Avril 2006. U.S: 15 Décembre 2006

Récompenses: Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario aux GOYAS 2005

FILMOGRAPHIE: Isabel Coixet est une réalisatrice, scénariste et productrice espagnole, née le 9 avril 1960 à Barcelone.
1989: Demasiado viejo para morir joven
1996: Des choses que je ne t'ai jamais dites
1998: XII Premios Goya (TV). L'Heure des nuages.
2003: Ma vie sans moi
2005: The Secret Life of Words
2008: Lovers
2009: Map of the Sounds of Tokyo
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Sur une plate-forme pétrolière, une jeune infirmière est enrôlée pour soigner un grand brûlé. Entre les deux inconnus, une complicité amicale va se nouer et dévoiler leur secret les plus inavouables. 
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A travers le portrait de deux êtres laminés par la honte et la culpabilité, la réalisatrice Isabel Coixet nous illustre avec pudeur leur amitié naissante pour finalement nous acheminer vers une réminiscence traumatisante. Hanna, infirmière mutique, introvertie et taciturne, se morfond dans une solitude aigrie devant ses camarades de travail, réfractaires à son attitude impassible. Déléguée par son patron durant un mois sur une plate-forme pétrolière, elle y fait la connaissance de Josef. Un homme gravement brûlé par la cause d'un incendie industriel, faute d'avoir tenter de porter secours à son meilleur ami. Allongé sur un lit, affaibli par ses diverses plaies et contusions, Josef est également atteint de cécité le temps de deux semaines de convalescence. C'est par l'intermédiaire de cette infirmière timorée et mystérieuse, recrutée pour le soigner de ses blessures, que Josef va peu à peu tenter d'instaurer une complicité amicale.


Avec la candeur d'une une mise en scène épurée exploitant la beauté naturelle de la mer et scrutant progressivement les états d'âme bafoués de nos deux protagonistes, The Secret Life of Words s'emprunt d'une poésie lancinante à travers leurs intimes confidences. La réalisatrice insufflant ici judicieusement le pouvoir de suggestion comme cet éloge culinaire dialogué par Josef pour tenter de désnihiber Annah d'un silence trop pesant. Mais quand les langues se familiarisent et se délient au fil de leur connivence, la douleur meurtrie, décrite de façon textuelle, nous glace le sang pour le souvenir d'une affliction.
A travers leur sombre confidence emplie de rancoeur et culpabilité, la réalisatrice porte finalement un témoignage accablant sur les victimes avilies par la barbarie inhumaine de la guerre. Les tortures et viols infligées sur les victimes les plus démunies nous sont mis en exergue par la suggestion des dialogues énoncés pas la victime. L'impact verbal de l'horreur décrite n'en n'est que plus abjecte, car jusqu'au-boutiste dans l'imaginaire vécu. Et la narration préalablement contenue dans un altruisme vertueux se transforme dès lors en tragédie humaine à la porté émotionnelle déchirante.
Par la densité humaine de ces deux interprètes principaux (Tim Robbins et Sarah Polley, époustouflants de vérité endolorie, se livrent corps et âme avec une pudeur à fleur de peau !), cette amitié naissante entre deux inconnus va finalement tenter de s'uniformiser vers une rédemption amoureuse.


Pour ne jamais oublier !
Dénonciation de la barbarie pour toutes les victimes asservies par le trauma de la guerre, The Secret Life of Words est un éloge périlleux à la vie. A travers l'amitié candide de deux êtres brisés par un drame incurable, Isabel Coixet en tire une leçon de tolérance sur l'aspiration au bonheur déchu par la grâce amoureuse. En résulte un conte bouleversant à la fantasmagorie sous-jacente (l'esprit spirituel d'une âme infantile plane sur le récit !), nous laissant dans une acuité émotionnelle emplie de fragilité et de prostration. Attention Spoiler ! Et cela juste avant l'ultime révélation fracassante d'une catharsis maternelle. Fin du spoiler. Inoubliable !
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Dédicace à Jérome Roulon
07.06.12
Bruno Matéï
                                         

Vendredi Sanguinaire / Blutiger Freitag / Tueurs Professionnels / S.O.S Police

Photo empruntée sur Google, appartenant au site intemporel.com

de Rolf Olsen. 1972. Allemagne de l'Ouest / Italie. 1h30. Avec Raimund Harmstorf, Gila von Weitershausen, Daniela Giordano, Gianni Macchia.

Sortie Ciné le 11 Décembre 1974

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Rolf Olsen est un réalisateur, acteur et scénariste autrichien né le 26 Décembre 1919, décédé le 3 Avril 1998 à Starnberg. 1964: Le ranch de la Vengeance. La Chevauchée vers Santa Cruz. 1967: Les Violences de la Nuit. 1968: Le Médecin de Hambourg. 1969: Nuits Blanches à Hambourg. 1970: Hôtel du vice. 1972: Vendredi sanguinaire. 1976: Shocking Asia. 1979: Ekstase. 1988: Starke Zeiten


Un dangereux bandit s'échappe une nouvelle fois de prison au cours d'un transfert vers le palaos dejustice. Aidé de ses complices, il complote un dernier hold-up, histoire de prendre le large et de quitter l'Allemagne. 

Une sympathique bisserie d'exploitation surestimée à mes yeux. J'attendais quand même beaucoup plus de hargne de la part des gangsters contestataires !



mardi 5 juin 2012

Autopsie d'un crime (The Burning Bed)

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site bambootrading.com

Télé-film de Robert Greenwald. 1984. U.S.A. 1h40. Avec Farrah Fawcett, Paul Le Mat, Richard masur, Grace Zabriskie, Penelope Milford, Christa Denton, James T. Callahan, Gary Grubbs, David Friedman.
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FILMOGRAPHIE: Robert Greenwald est un réalisateur et producteur de cinéma et de télévision, né le 28 Août 1945 à New-York. 1977: Sharon: Portrait of a mistress. 1978: Katie: portrait of a centerfold. 1979: Flatbed Annie and Sweetiepie: Lady Truckers. 1980: Xanadu. 1982: In the Custody of Strangers. 1984: Autopsie d'un Crime. 1986: Shattered Spirits. 1987: On Fire. 1988: Sweet Hearts Dance. L'amour a 4 temps. 1990: Forgotten Prisoners. 1993: Hear no Evil. 1995: Les Tourments du Destin. 1997: Breaking Up. 1999: The Living Winess. 2000: Steal This Movie.


Succès télévisuel public et critique lors de sa diffusion dans les années 80, Autopsie d'un crime ébranla nombre de spectateurs émus de l'étonnante prestance de Farrah Fawcett en victime asservie par un mari tyrannique. Et ce à travers un réalisme brutal peu courant dans la paysage télévisuel si bien que son intensité dramatique demeure davantage éprouvante sous l'impulsion de l'actrice au sommet de sa carrière. Lardé de récompenses dans divers festivals, ce télé-film aujourd'hui oublié reste un témoignage fort et bouleversant sur le traitement des femmes battues tributaires d'une impériosité machiste dénuée de morale. Le PitchLe 9 mars 1977, Francine Hughes quitte son foyer conjugal avec ses trois enfants après avoir incendié sa demeure alors que son mari s'y trouvait à l'intérieur. Appréhendée par la police, elle est assignée au tribunal pour meurtre avec préméditation. Devant son avocat et le jury, elle explique son calvaire interminable au cours duquel son mari alcoolique lui fit subir un véritable enfer plusieurs années durant. De par la prestance docile de la charmante Farrah Fawcett et de son thème racoleur ciblant prioritairement les ménagères de - de 50 ans, on était en droit de craindre le pire. Pourtant, cette oeuvre de fiction spécialement conçue pour la TV surprend beaucoup de par l'intégrité d'une mise en scène allouée à la cause des femmes battues, mais aussi à la prestance d'une illustre actrice de série TV, ici dans un tout premier rôle dramatique. Et en dépit de sa facture télévisuelle et de certaines facilités requises (le procès judiciaire est un peu trop raccourci), Autopsie d'un crime évite admirablement la facilité du voyeurisme et de la complaisance.


Par conséquent, lors d'une chronologie déclinante, Robert Greenwald nous dépeint ici le fait divers d'une femme abusée et violentée par son mari alcoolique. Comment peut-on en arriver à commettre l'irréparable lorsque l'existence conjugale d'une femme soumise est vouée à la terreur de trépasser sous les coups de l'époux aviné ? Alors que Francine est derrière les barreaux d'une geôle pour avoir provoquer la mort de son conjoint, nous allons suivre par l'entremise du témoignage de son avocat, les vicissitudes de son passé martyr. Et ce de sa première idylle avec son amant (insidieux) jusqu'à la tragédie imposée en désespoir de cause. Tandis que le tribunal tentera de défricher si le meurtre était prémédité ou s'il s'agissait d'une légitime défense ! Transcendé de la bouleversante prestance de Farrah Fawcett en victime démunie au visage tuméfié, Autopsie d'un crime souhaite mettre en lumière les failles du système judiciaire lorsqu'une femme battue tente désespérément d'envoyer devant un tribunal son mari pour tentative de meurtre. Sans esbroufe, le récit implacable nous décrit le quotidien d'une femme affable et fidèle, loyalement amoureuse de son conjoint et de ses trois chérubins. Quand bien même au fil des ans, son existence épanouie va vite se transformer en véritable enfer par la cause d'un époux déséquilibré d'une accoutumance à l'alcool. Après avoir rompu avec courage les liens du mariage civil, Francine Hughes est contrainte de subir les menaces consécutives d'un machiste mégalo délibéré à récupérer ses enfants par intimidation et par la même occasion reconquérir sa conjointe.


Son instinct maternel de daigner choyer ses enfants auprès d'elle convaincra finalement Francine à renouer avec son ex-époux, au péril de sa vie.  Avec un réalisme d'une brutalité parfois rigide (certaines scènes d'humiliation ou de maltraitance sont d'une dureté impitoyable), le film met en exergue  l'impuissance d'une femme battue réduite à combattre seule l'autorité orgueilleuse d'un alcoolique incurable. Le récit rigoureux démontrant à quel point une femme terrorisée, mais néanmoins vaillante d'avoir osé braver le pacte du mariage, puisse difficilement fuir un homme voué à la supplicier. Alors qu'en désespoir de cause, la victime se résout à perpétrer l'irréparable, car n'ayant trouvé aucun appui du côté de la police ou des pouvoirs publics. Si Autopsie d'un crime émeut et bouleverse lors de sa progression dramatique (des aveux cruciaux de la victime à sa délibération au procès), il le doit à l'interprétation déchirante de Farrah Fawcett (j'insiste !). En femme chétive armée de patience et de résilience, son parcours interminable de femme molestée nous provoque une vibrante empathie. L'actrice digne de conviction évitant admirablement l'écueil du pathos auquel son personnage aurait pu facilement se morfondre. Son regard accablé d'amertume morale et son physique strié par les coups laissant transparaître un jeu dépouillé, renforcé d'humilité fragile.


En dépit de son aspect télévisuel, Autopsie d'un Crime tire son épingle du jeu pour livrer un témoignage fort et éloquent sur la détresse des femmes battues, démunies de ne pouvoir convaincre l'autorité de l'état. Passé son épilogue salvateur, nous préservons pourtant en mémoire le calvaire sordide d'une femme traumatisée d'une idylle véreuse. Solitude, isolement, perte de confiance en soi, honte, Autopsie d'un crime démontrant que les femmes violentées se retrouvent souvent dans une posture de repli, de doute et de souffrance, au péril de leur vie...
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A Farrah...
Un grand merci à film dvd vhs v3

* Bruno05.06.12

Récompenses: Emmy Award 1985 du Meilleur Réalisateur Robert Greenwald, Meilleure Actrice pour Farrah Fawcett, Meilleur Acteur pour Richard Masur, Meilleur scénario pour Rose Leiman Goldemberg.
Golden Globe 1985, Meilleur Acteur pour Paul Le Mat, Meilleure Actrice pour Farrah Fawcett, Meilleur télé-film.


vendredi 1 juin 2012

ALUCARDA (Alucarda, la hija de las tinieblas)

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site grotesqueinfestation.blogspot.com

de Juan Lopez Moctezuma. 1975. Mexique. 1h20. Avec Tina Romero, Claudio Brook, Lili Garza, Tina French, David Silva, Susana Kamini.

Sortie le 26 Janvier 1978

FILMOGRAPHIE: Juan Lopez Moctezuma est un acteur, scénariste et réalisateur mexicain, né en 1932 et  décédé le 2 Août 1995 à Mexico.
1973: The Mansion of Madness. 1975: Mary, Mary, Bloody Mary. 1977: Alucarda. 1987: Le Tueur
1994: El Alimento del Miedo.
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Le pitch: A sa naissance, Alucarda est adoptée par les nonnes d'un couvent sous les ordres de sa mère moribonde. Plusieurs années ont passé et la jeune fille fait la rencontre de Justine, une orpheline venue s'exiler dans le monastère. Ensemble, elles se lient d'une tendre amitié mais un jour elles libèrent une force démoniaque dans un cercueil. Depuis, les jeunes candides semblent tributaires de l'allégeance du diable.  
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En pleine mouvance de démonologie issue de l'Exorciste de Friedkin, le mexicain Juan Lopez Moctezuma réalise deux ans plus tard un curieux film fantastique imprégné d'obscurantisme religieux. La première qualité de cette oeuvre étrange émane de sa nature singulière dans son alliage de culte spirituel, sorcellerie, superstitions et possession sataniste. Le réalisateur nous dépeignant ici une vision personnelle des affres de l'au-delà par l'entremise d'une communauté fondamentaliste. Justine et Alucarda sont deux jeunes filles abdiquées dès leur plus tendre enfance par leur famille. Elles se retrouvent embrigadées dans un couvent pour y vivre et subir une éducation drastique exposée aux valeurs de piété. Avides de liberté et d'épanouissement, elles décident un beau jour de partir en forêt pour y faire la rencontre d'étranges bohémiens. Elles pénètrent ensuite dans l'enceinte d'un bâtiment abandonné pour y libérer une force démoniaque inhumée dans un cercueil. C'est là qu'Alucarda va laisser libre court à son instinct libertaire, avouer son affection à son acolyte et se dévouer ensemble au satanisme en pactisant avec les forces du mal.


A travers ce canevas d'épouvante où le Mal s'empare de l'esprit de deux nonnes candides, le réalisateur y dénonce le fanatisme religieux lié aux superstitions séculaires au cours duquel un exorcisme moyenâgeux sera assujetti pour l'une d'entre elles. Juan Lopez Moctezuma insistant à mettre en exergue la propagande sectaire entreprise par l'église au cours des prières divines. Une doctrine inculquée auprès de nonnes terrifiées à l'idée que l'Enfer puisse les diaboliser si leur foi vertueuse en était souillée. Par la cause de cet endoctrinement et d'une existence fastidieuse, nos deux héroïnes vont finalement se réconforter auprès du démon pour y découvrir une forme d'autonomie frondeuse. Livrant leur nouvelle éthique sataniste aux autorités religieuses, Justine va d'abord devoir se confronter au jugement d'un exorcisme entrepris par ses supérieurs. Attention spoiler ! Les évènements ultérieurs vont ensuite nous amener vers une vengeance démoniaque entreprise par Justine, exhumée de sa tombe ! Tandis qu'un médecin avisé va tenter d'extraire Alucarda des forces du Mal, d'une manière plus pondérée que ses confrères anachronistes. Fin du spoiler. Émaillé de plages horrifiques laissant parfois libre court à une imagerie gore onirique, le film nous plonge dans un délire festif où l'emprise démoniaque fustige les fidèles de Dieu dans un apocalypse de feu. Certaines séquences de sensualité trouble ou de poésie morbide (l'exorcisme pratiqué sur Justine ainsi que son exhumation sanglante, le sabbat érotique dans la forêt ou encore le brasier final) faisant preuve d'imagination sans égale pour laisser dans l'esprit du spectateur une imagerie incandescente.

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Les Forces du Mal
Visuellement étonnant pour son emprunt à un onirisme aussi bien macabre qu'insolite émanant d'un climat païen natif du Mexique (l'accoutrement vestimentaire des nonnes semblables à des momies obsolètes rajoutant notamment une aura indicible), Alucarda demeure une délirante fantasmagorie sur le totalitarisme religieux. La conviction des interprètes méconnus au charisme saillant rehaussant l'intensité émotionnelle des enjeux satanistes pour se laisser dériver vers une sarabande infernale à l'atmosphère chimérique. A ne pas rater !  

Dédicace à l'Univers Fantastique de la Science-Fiction
01.06.12
Bruno Matéï

                                     

mercredi 30 mai 2012

PROMETHEUS

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site critique-film.fr   

de Ridley Scott. 2011. U.S.A. 2h02. Avec Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba, Guy Pearce, Logan Marshall-Green, Sean Harris, Rafe Spall, Emun Elliott, Benedict Wong.

Sortie salles France: 30 Mai 2012. U.S: 8 Juin 2012

FILMOGRAPHIE (Info Wikipedia)Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields.
1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus


Une équipe de scientifiques se dirigent vers une planète hostile après avoir exploré une grotte illustrant une carte sur l'origine de la vie. A bord de cette expédition, Elizabeth et son ami Charlie sont persuadés de rencontrer nos créateurs de l'humanité sur la planète LV-223. 33 ans après Alien, Ridley Scott ainsi que ses scénaristes Damon Lindelof et John Spaihts ont enfin entrepris de concrétiser le rêve de millions de fans. Concevoir une préquelle à son modèle et donc relancer la franchise pour exploiter d'autres horizons spéculatives et rameuter une nouvelle génération. Spectacle de science-fiction d'une sobriété intègre, Prometheus est avant tout une réussite esthétique dans sa photogénie rugueuse d'un univers hostile, un règne interlope imprégné de mystère avant l'affront d'un cataclysme terrien. A la manière de son aîné Alien, le réalisateur nous refait le coup de l'excursion ombrageuse auprès d'une nouvelle compagnie d'explorateurs envisageant de démystifier l'origine de la vie par le biais d'une carte symbolique. Sur place, en visitant les lieux d'une cavité rocheuse à l'atmosphère irrespirable, ils vont se confronter à une multitude d'énigmes, telles ces apparitions furtives d'humanoïdes virtuels ou encore le corps momifié d'un extra-terrestre. Tandis qu'au fil de leur archéologie, des sculptures et monuments historiques inscrites sur les remparts d'un sous-sol présagent une technologie avancée.
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Avec une ambition formelle, Ridley Scott se réapproprie des codes de la mythologie dans une sorte de mise en abyme pour réinterpréter un univers opaque irrésistiblement inquiétant. Dans Prometheus, l'immersion de son milieu inhospitalier est totalement fluide ! En artiste virtuose aux idées technologiques innovantes, renouant avec de vastes décors organiques d'une planète caverneuse, Scott s'impose une fois de plus en créateur d'images. Cette persuasion de nous entraîner en interne d'une galaxie jalonnée d'éléments troubles ou nébuleux, en connivence avec l'origine de la vie. Avec une science du suspense sous-jacent, Prometheus insuffle une atmosphère singulière d'abandon et d'isolement auprès d'une équipe de chercheurs incapables de supplanter l'antagoniste. Les enjeux humains impartis aux personnages, leur choix conflictuel de survie pour sauvegarder la terre et leur foi spirituelle vont être mis à lourde épreuve pour tenter de se devancer. Pour rationaliser leurs vicissitudes, la dimension humaine de nos protagonistes est allouée à une poignée de comédiens dépouillés car éludés d'une éventuelle bravoure guerrière (mention spéciale à Naomi Rapace en héroïne opiniâtre de sa conviction mystique et à Michael Fassbinder, androïde étrangement équivoque, sournois et affable). Des scientifiques au caractère bien distinct, chargés de crainte, de doutes et d'espoir mais piégés par une évolution délétère auprès d'un individu perfide. Quand bien même au fil de leur cheminement en déclin, leur quête initiatique est allouée d'une théorie métaphysique sur la notion de Bien et de Mal (un Dieu créateur souhaiterait-il invoquer notre perte ?). Notamment sur le fondement de notre foi à la spiritualité pour nous convaincre d'exister et évoluer.


Je ne sais rien mais c'est ce que je choisi de croire
Si nombre de questions restent en suspens (pour quelle motivation les ingénieurs souhaitent éradiquer la Terre et quel est le rôle véritable des armes biologiques ?), Prometheus est suffisamment dense, tangible, convaincant, parfois même terrifiant pour relancer une nouvelle franchise prometteuse. Spectaculaire, esthétiquement fascinant et impressionnant (l'avortement fait figure de nouvelle anthologie horrifique alors que la cruauté de certaines mises à mort renforcent son aspect cauchemardesque), Prometheus déploie en outre un nouvel antagoniste ésotérique. Un humanoïde finalement accouplé avec une forme organique bien connue des amateurs et donc en l'occurrence dévoilée sous son incubation originelle ! S'il n'est pas le chef-d'oeuvre annoncé, la nouvelle démesure de Ridley Scott est un grand film d'anticipation sur l'horreur d'une menace inconnue, l'infini inaccessible et notre soif d'en déchiffrer le sens.
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La critique de Gilles Rollandhttp://www.onrembobine.fr/critiques/critique-prometheus
30.05.12
Bruno Matéï