mercredi 7 novembre 2012

DARK CRYSTAL (The Dark Crystal). Grand Prix à Avoriaz, 1983

Photo empruntée sur Google, appartenant au site morbiusunblog.fr

de Jim henson et Frank Oz. 1982. U.S.A. 1h33. Avec Jim Henson, Kathryn Mullen, Frank Oz, Dave Goelz, Louise Gold, Brian Muehl, Hugh Spight, Swee Lim, Tim Rose.

Sortie salles France: 23 Mars 1983. U.S: 17 Décembre 1982

FILMOGRAPHIE: James Maury "Jim" Henson est un marionnettiste, réalisateur et producteur américain né le 24 Septembre 1936 à Greenville, décédé le 16 Mai 1990 à New-York. Il est le créateur du Muppet Show, de Monstres et Merveilles et des Fraggle Rock (1983 - 1987).
1982: Dark Crystal. 1986: Labyrinthe. Frank Oz (Richard Frank Oznowicz) est un réalisateur, acteur et marionnettiste américain d'origine britannique, né le 25 Mai 1944 à Hereford. 1982: The Fantastic Mss Piggy Show (tv). 1982: Dark Crystal. 1984: Les Muppets à Manhattan. 1986: La Petite Boutique des Horreurs. 1988: Le plus escroc des Deux. 1991: Quoi de neuf, Bob ?. 1992: Fais comme chez toi. 1995: L'Indien du Placard. 1997: In and Out. 1999: Bowfinger, roi d'Hollywood. 2001: The Score. 2002: The Funkhousers (série TV). 2004: Et l'homme créa la femme. 2007: Joyeuses Funérailles.


Le pitchDans un monde inconnu d'une époque indéterminée, deux clans antinomiques, les Skeksès et les Mystiques, se disputent pour la possession du cristal noir. Sur le point de disparaître pour l'éternité, les mystiques demandent l'aide du dernier survivant Gelfing. Jen, un jeune garçon orphelin, est contraint de retrouver un fragment de cristal pour annihiler la confrérie des Skeksès selon une prophétie. Débute alors pour notre héros une longue odyssée semée d'embûches dont les rencontres avec une autre Gelfing et quelques comparses vont pouvoir l'épauler à combattre le Mal. 

Pièce maîtresse de la Fantasy pour toute une génération de cinéphiles, récompensée à juste titre du Grand Prix à Avoriaz un an après sa sortie lucrative, Dark Crystal est avant tout une prouesse technique révolutionnaire. Car pourvu d'un budget pharaonique pour l'époque afin de synthétiser un univers atypique érigé sous le talisman du cristal noir, ce conte horrifique proprement enchanteur est uniquement incarné par des marionnettes élaborées par son créateur de génie, Jim Henson. D'une splendeur visuelle dépaysante de par ces décors extravagants surgis de nulle part, ces costumes flamboyants et le bestiaire de créatures hybrides jamais vues au préalable, Dark Crystal est un raffinement perpétuel pour les yeux. Perfectionnistes jusqu'au moindre petit détail, Jim Henson et  Frank Oz n'ont rien laissé au hasard pour nous émerveiller à travers leur confection d'un univers d'héroic Fantasy où les notions du Bien et du Mal ont une importance universelle. Forêt enchantée à la végétation florissante et à la faune insolite, palais de cristal empreint d'un gothisme baroque auquel des rapaces à forme humaine souhaitent accéder au pouvoir absolu pour leur quête d'immortalité,  Dark Crystal est le combat de deux clans opposés pour la postérité.


Ainsi, le spectacle épique proposé en l'occurrence véhicule autant une poésie gracile confinée vers la féerie que le baroque cauchemardesque parfois emprunt de cruauté (l'essence vitale soutirée aux esclaves, le sacrifice de certaines personnages). Dans cet alliage des genres en demi-teinte y découle une aventure exaltante inscrite dans la notion de sagesse pour la survie du Bien, alors que nos protagonistes se révèlent des pantins actionnés par des artistes prodiges. Cette sensation d'émerveillement nous est donc décuplée via l'animation plus vraie que nature de marionnettes élaborées avec un soin avisé. Chacun des personnages d'ethnie étrangère se distinguant par une apparence symbolique de par leur personnalité contradictoire. Aussi attachants et empathiques pour la communauté docile des Mystiques et des Gelfings que répugnants et effrayants pour ceux des Skeksès et des Garthims (les scarabées géants), leur ressort psychologique est accentué des enjeux alarmistes d'une prophétie basée sur la lumière de trois soleils. La densité de sa structure narrative fertile en péripéties accordant notamment lors de sa dernière partie un enjeu aussi haletant qu'intense (son point d'orgue escompté est un petit moment d'anthologie dans l'action encourue pour tenter de s'approprier le fragment de cristal). Et ce tout en composant des images saisissantes de poésie spirituelle (cristallisés en dieux, les mystiques et les Skeksès ne font plus qu'un pour léguer leur cristal noir à la sagesse des Gelfings). En résulte donc inévitablement une réflexion sur la dichotomie du Bien et du Mal inhérente en chaque être vivant.


Chef-d'oeuvre du fantastique baroque au pouvoir d'enchantement ensorcelant même si sa cruauté peut parfois rebuter les plus jeunes, Dark Crystal demeure une quintessence picturale transcendant tout ce qui fut conçu préalablement sur grand écran auprès du genre chimérique. Quand à sa suite suggérée en 2009 par la Jim Henson Company et potentiellement réalisée par Genndy Tartakovsky, on est toujours en droit de la fantasmer (sa sortie était prévue pour 2011) autant que de la redouter, tant l'exploit initié par Jim Henson et Frank Oz relève du vrai miracle !

RécompenseGrand Prix à Avoriaz en 1983.
Premier prix au Festival international de cinéma imaginaire et de science-fiction de Madrid en 1983.

Dédicace à Daniel Aprin
07.11.12. 5èx
Bruno Matéï

mardi 6 novembre 2012

SAVAGES

Photo empruntée sur Google, appartenant au site affiches-et-posters.com

d'Oliver Stone. 2012. U.S.A. 2h15. Avec Taylor Kitsch, Aaron Johnson, Blake Lively, John Travolta, Benicio Del Toro, Salma Hayek, Sandra Echeverria, Emile Hirsch, Joel David Moore, Demian Bichir.

Sortie salles France: 26 Septembre 2012. U.S: 6 Juillet 2012

FILMOGRAPHIEOliver Stone (William Oliver Stone) est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 15 septembre 1946 à New-York.
1974: La Reine du Mal, 1981: La Main du Cauchemar, 1986: Salvador, Platoon, 1987: Wall Street, 1988: Talk Radio, 1989: Né un 4 Juillet, 1991: Les Doors, 1991: JFK, 1993: Entre ciel et Terre, 1994: Tueurs Nés, 1995: Nixon, 1997: U-turn, 1999: l'Enfer du Dimanche, 2003: Comandante (Doc), 2003: Persona non grata, 2004: Looking for Fidel (télé-film), 2004: Alexandre, 2006: World Trade Center, 2008: W.: l'Impossible Président, 2009: Soul of the Border, 2010: Wall Street: l'argent ne dort jamais. 2012. Savages.


Ils ont disparu. Tout comme moi. Certains disent qu'on est en Afrique, au Kenya, ou sur une île paradisiaque indonésienne. Mais on parle encore de l'herbe de Ben et Chon. il arrive même quelquefois qu'on en trouve sur le marché. C'est ce qu'on a vécu et on ne pourra jamais revenir en arrière.
Ca m'a pris du temps, mais, je me suis remise à aimer la vie. Je ne suis pas sur que l'amour puisse se partager équitablement à trois. Ce n'est pas comme ça que ça marche. 
J'ai cherché la définition de "sauvage" dans le dictionnaire. Ca veut dire: féroce, cruel. Revenu aux instincts primitifs.
Un jour, peut-être, on reviendra... Mais pour l'instant, nous vivons comme des sauvages... De merveilleux sauvages...



Après une succession d'échecs artistiques peu louables, notre pourfendeur Oliver Stone revient plus motivé que jamais avec Savages, adaptation cinématographique du Best-seller de Don Winslow. Western tex-mex au vitriol arrosé d'ultra-violence au tabasco et d'idylle exotique sur fond de trafic de drogue, Savages nous évoque finalement une "true romance" insoluble. A travers une étreinte en trio auquel une jeune femme partage son coeur avec un ancien belligérant d'Afghanistan et un botanique adepte du bouddhisme, Oliver Stone caractérise ses personnages marginaux comme des trafiquants de drogue réputés notoires dans tout l'état. Quand le cartel mexicain décide de leur proposer une offre alléchante pour une affiliation, les deux acolytes décident simplement de s'y opposer. Intransigeante, la matriarche vénale Elena ordonne à ses hommes de main de kidnapper leur petite amie en guise de chantage. Eperdus d'amour pour leur maîtresse, les deux hommes iront jusqu'au no man's land pour récupérer la captive du désert. A partir de ce canevas simpliste mais palpitant, Oliver Stone en extrait un cocktail acidulé pour scander un polar véreux jalonné d'action cinglante mais entièrement dédié à la personnalité de ces marginaux. Mené sur un rythme alerte avec son lot de rebondissements sarcastiques, Savages se positionne en divertissement adulte par son humour noir sous-jacent et sa violence crue à la limite du supportable. D'ailleurs, sous couvert de farce caustique dénonçant l'industrie florissante de la drogue et la dégénérescence morale des deux dealers, le réalisateur en profite pour nous alarmer sur un fait sordide de société tristement actuel. Il signale avec ironie morbide (les tortionnaires sont affublés d'un masque horrifique) une forme de violence toujours plus incongrue chez la pègre mexicaine quand celle-ci n'hésite pas à employer des moyens barbares pour intimider leurs voisins rivaux. C'est à dire trancher la tête de leurs ennemis à la tronçonneuse ou les fouetter à mort jusqu'à l'immolation rédemptrice ! On sera aussi bougrement surpris par son final à tiroirs pourvu de dérision (faussement) rédemptrice et de tragédie irréversible. En prime, l'épilogue empreint d'exotisme édénique conclu magistralement son éthique sur l'autonomie libérale avant l'aspiration du béguin commun.


Avec sa galerie d'antagonistes impudents et crapuleux, décalés et besogneux, les illustres comédiens qui traversent le récit sont particulièrement à la fête pour livrer de savoureux numéros tendance Tarantinesque. Outre le trio imparti par les attachants Taylor Kitsch (Chon), Aaron Johnson (Ben) en dealers pugnaces et leur ravissante compagne Blake Lively (Ophelia) révélée dans The Town, c'est Salma Hayek qui surprend et détonne dans un rôle à contre-emploi. Celui d'une baronne opiniâtre élevée à la tête d'un immense empire depuis le décès de son défunt. Mais une mère à la maternité déchue car discréditée par sa propre fille rebelle. Quand à John Travolta, il s'alloue d'un rôle d'agent des stups plutôt couard et insidieux face à ces complices hétéroclites. SPOILER !!! Et cela en dépit de nous surprendre de façon roublarde dans un revirement fortuit pour la planification d'un fiasco dérisoire ! FIN DU SPOIL. Enfin, la palme la plus persuasive en terme de salopard ignominieux en revient à Benicio Del Toro dans celui d'un odieux trafiquant mexicain. Tortionnaire, violeur et amant infidèle, l'acteur insuffle sa verdeur meurtrière parmi le regard bestial d'un physique buriné !


Polar coloré désinhibé par une insolence gouailleuse et ébranlé par une violence intolérable, Savages est un divertissement débridé transcendant finalement un conte désenchanté. Celui d'une romance inéquitable vouée au diptyque de l'amour, à la manière de cette dense amitié commune partagée entre deux marginaux inséparables, quand bien même  SPOILER !!! leurs sentiments seront contraints de s'éloigner, faute des conséquences irréversibles d'une sauvagerie primitive... FIN DU SPOIL.

06.11.12
Bruno Matéï


lundi 5 novembre 2012

UN TUEUR DANS LA VILLE (The Clairvoyant / The Killing Hour)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Intemporel.com

d'Armand Mastroianni. 1982. 1h37. U.S.A. Avec Perry King, Norman Parker, Elizabeth Kemp, Kenneth McMillan, Jon Polito, Joe Morton.

Sortie salles France: 24 Octobre 1982. U.S: 1985 (uniquement en vidéo)

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Amand Mastroianni est un réalisateur et scénariste américain, né le 1er Août 1948 à New-York. A partir de 1989, l'essentiel de sa carrière est érigée sous le label de télé-films et séries TV. 1980: Noces Sanglantes. 1982: Un Tueur dans la Ville. 1985: Tales from the Darkside (série TV). 1986: The Supernaturals. 1987: Distortions (Machinations). 1989: Cameron's Closet.


Le cadavre d'une jeune femme est repêchée par la police dans un canal new-yorkais. Ce crime est le premier d'une longue série dont l'une des particularité émane des menottes infligées sur les poignets des victimes. La police impuissante patauge par manque de mobile et de preuves, jusqu'au jour où une clairvoyante, étudiantes en beaux arts, ne vienne les épauler avec ses dessins prémonitoires. A l'origine conçu par William Friedkin, cette seconde réalisation d'un vétéran de la TV puise son originalité dans son thème de la prescience et du climat trouble d'une série d'homicides particulièrement cruels. Hormis sa facture télévisuelle et sa mise en scène routinière, Un Tueur dans la Ville réussit facilement à nous tenir en haleine parmi l'efficience d'un script intrigant (entre fausses pistes et romance en trio) et la spontanéité attachante des comédiens de seconde zone. D'ailleurs, pour les fans du délirant Class 84 sorti la même année, ils pourront reconnaître Perry King, l'ancien professeur féru d'auto-justice, reconverti ici en journaliste arrogant et arriviste.


Ce qui interpelle lors de cette investigation criminelle matinée de surnaturel, c'est la cruauté des meurtres accomplis sans concession par un meurtrier sans visage. Ils se révèlent d'autant plus inventifs pour les lieux dans lesquels les victimes sont embrigadées (véhicule, piscine, ascenseur) qu'elles n'ont aucune chance de se dépêtrer des menottes attachées à leurs poignets. Cet effet de claustration est particulièrement bien rendu avec une séquence aquatique auquel un individu tente de s'extraire la tête hors de l'eau en essayant par tous les moyens de se libérer des menottes de sa cheville. Le sentiment d'insécurité est notamment exacerbé par l'éclairage de néons orangers d'une piscine couverte subitement obscurcie de pénombre. Enfin, vers la dernière partie, une séquence de viol particulièrement crue et malsaine n'hésite pas à incommoder le spectateur par son réalisme glauque résultant d'exactions masochistes de tortionnaires. Dans la chambre d'un hôtel miteux, ils s'accordent des jeux sexuels avec le consentement d'une femme menottée jusqu'à lui infliger divers sévices corporels, telle cette torture à la cigarette. L'ambiance feutrée émanant du mutisme des assaillants est également appuyée d'une bande-son bourdonnante. Quand à la résolution de l'intrigue, elle se révèle assez étonnante quant à l'identité du meurtrier ainsi que son mobile imputé à une sinistre affaire crapuleuse.


Agréablement troussé et incarné par d'attachants comédiens, Un Tueur dans la Ville est un curieux thriller qui ne manque pas de susciter anxiété et appréhension face à une énigme particulièrement ombrageuse. A découvrir chez les amateurs de thriller marginal si bien que son ambiance glauque ne manque pas d'intensité pour dépeindre l'opacité d'une cité urbaine rongée par le Mal.

05.11.12
Bruno Matéï


THE AMAZING SPIDER-MAN

Photo empruntée sur Google, appartenant au site culturopoing.com

de Marc Webb. 2012. U.S.A. 2h16. Avec Andrew Garfield, Emma Stone, Rhys Ifans, Denis Leary, Irfan Khan, Martin Sheen, Sally Field, Campbell Scott, Embeth Davidtz.

Sortie salles France: 4 Juillet 2012. U.S: 3 Juillet 2012

FILMOGRAPHIE: Marc Webb est un réalisateur américain né le 31 Août 1974.
2009: 500 jours ensemble
2012: The Amazing Spider-man


Trois après son premier long, 500 jours ensemble, le réalisateur Marc Webb entreprend la tâche délicate de succéder au réalisateur prodige Sam Raimi pour relancer la franchise de Spider-man. Indubitablement, les fans du genre et même le spectateur lambda auraient pu craindre le pire à l'annonce de ce reboot rapidement mis en chantier. Mais le résultat inespéré dépasse toutes les frêles espérances ! Cet Amazing Spider-man est une bande dessinée live aussi fougueuse, vertigineuse et fantastique que les trois volets de Raimi ! Un véritable enchantement perpétuel dans son alliage de romance aux personnages bien dessinés et d'action explosive pour des prouesses techniques ahurissantes. Synopsis wikipedia: Peter Parker est un adolescent combattant le crime sous le nom de Spider-man après avoir été piqué par une araignée transgénique dans les laboratoires Oscorp. Chassé par les autorités sous les ordres du capitaine Stacy, le père de sa petite amie Gwen, Peter tente de sauver New-York du Docteur Connors, l'ex-associé de son père métamorphosé en créature reptilienne, le Lézard.



Le scénario structuré en trois parties (la découverte et l'apprentissage des pouvoirs de Spider-man, sa quête vindicative pour retrouver le meurtrier de son oncle puis sa confrontation dantesque avec un lézard géant) captive et ne faiblit jamais par le dynamisme d'une mise en scène inspirée. En outre, Marc Webb prends le temps de développer les divers personnages du film. Les relations conflictuelles entre Peter et ses ascendants, ou avec celui du père de Gwen, ne manquent pas de densité humaine. L'ambition du scientifique provoque empathie par son flegme rassurant mais appréhension dans ses recherches pernicieuses sur la régénération corporelle. La romance idyllique parait aussi moins docile et puérile que dans la trilogie de Raimi. L'humour est notamment plus insolent et extériorise même parfois des éclats de rire hilarants. L'apprentissage aux supers pouvoirs développés par Peter à la suite d'une morsure d'araignée transgénique donnent lieux à des réparties fertiles en estocades bondissantes et brimade revancharde (le relation orageuse avec Flash). Là encore, les Fx ahurissants déploient des séquences de voltige d'une agilité hallucinée quand Spider-man doit se déplacer d'un immeuble à un autre à l'aide de biocables extensibles. Ses séquences pertinentes paraissent en l'occurrence beaucoup plus fluides et spectaculaires qu'il y a dix ans.
Pour parachever, la dernière partie érigée en confrontation dantesque face à un lézard toujours plus surdimensionné élabore des séquences d'anthologie démesurées à base d'explosions urbaines et de combats acrobatiques titanesques ! A couper le souffle !


Dans le rôle de l'homme araignée, Andrew Garfield s'en tire haut la main pour succéder à Tobey Maguire ! Un peu plus railleur, impudent et provocateur dans sa quête vindicative et celui de contrecarrer un lézard géant, l'acteur ne manque pas d'ironie mesquine à combattre ses adversaires et par la même occasion brimer les forces de l'ordre. Sa compagne Gwen Stacy incarnée par Emma Stone se révèle peut-être un peu trop austère et manque de densité humaine dans sa personnalité suffisante mais réussit tout de même à susciter une émotion face à l'attachement attendrie de son super-héros. Pour se mesurer à Spider-man, Rhys Ifans est stupéfiant et équivoque dans son rôle de scientifique bicéphale désireux de tester un produit génétique afin de régénérer l'amputation de son membre droit. En lézard humanoïde géant, il dévaste tout sur son passage pour tenter d'expérimenter sur la population ce même composé. Les effets visuels conçus en CGI sont absolument bluffants de réalisme dans chacune de ses apparitions. D'autant plus que son apparence reptilienne est exacerbée par la rancoeur humaine d'un regard vindicatif victimisé par une invalidité. Je garde notamment un souvenir ému face à la prestance de Sally Field (inoubliable interprète de Norma Rae et les Moissons du Ciel), dans celle d'une tante empathique, férue d'amour maternelle et d'inquiétude pour Peter. Enfin, Martin Sheen s'investit avec bonhomie dans la peau d'un paternel puriste, désireux d'inculquer à Peter sa pédagogie morale vouée à la déférence et au dépassement de soi.


Homérique, jouissif en diable et terriblement exaltant, The Amazing Spider-man est une nouvelle réussite inespérée de la part d'un réalisateur novice, prouvant déjà sa virtuosité indiscutable à se réapproprier trop tôt d'une franchise notoire. Et Andrew Garfield est absolument criant de conviction pour donner chair à son personnage. Celui d'un adolescent revanchard bafouant avec dérision la déontologie des forces de l'ordre et d'un super-héros véloce protégeant une population exposée à l'arrogance d'un mutant reptilien. Époustouflant !

05.11.12
Bruno Matéï


vendredi 2 novembre 2012

DRACULA 1931 (version espagnole)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site mexnoir.blogspot.com

de George Melford. 1931. Espagne. 1h43. Avec Carlos Villarias, Lupita Tovar, Barry Norton, Pablo Alvarez Rubio, Eduardo Arozamena, José Soriano Viosca.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: George Melford est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 19 Février 1877 à Rochester (Etats-Unis), décédé le 25 Avril 1961 à Hollywood (Californie).
1911: Arizona Bill. 1913: The Struggle. 1915: Young Romance. 1915: The Unknown. 1917: The Cost of Hatred. 1917: On the level. 1918: The Source. 1919: A sporting chance. 1921: Le Cheik. 1924: Big Timber. 1928: Lingerie. 1929: The Woman i love. 1931: Dracula. 1931: The Viking. 1937: Jungle Menace. 1946: Jungle Terror.


Mr Renfield a rendez-vous dans un château situé aux confins de la Transylvanie. Le voyage n’est pas sans mystère, puisque le sympathique agent immobilier se heurte bien vite à l’effroi des habitants de la région. En effet, un terrible vampire hante encore le pays, et le danger qu’il symbolise n’a d’égal que sa cruauté. Sur place, le comte Dracula accueille le voyageur et lui offre restauration et confort. Mais Renfield est bientôt sous l’emprise maléfique du vampire, et tous deux repartent pour l’Angleterre. Une vague de crimes étranges vient alors secouer Londres...


Tourné au même moment que le chef-d'oeuvre de Tod Browning (essentiellement de nuit puisque la journée était impartie à l'équipe us), Dracula eut droit à une version ibérique pour son exportation à l'étranger. Comme le doublage n'était pas encore inventé à cette époque, les producteurs ont décidé de tourner une seconde version en langue espagnole avec une toute autre équipe et des acteurs différents. Seuls, le scénario et les décors restaient inchangés. Exit donc Bela Lugosi dans son rôle emphatique de prince des ténèbres et place à Carlos Villarias qui le remplace avec un jeu grimaçant impayable. De mon point de vue personnel, ce pseudo remake plus long de 29 minutes s'étire inutilement, faute de bavardages languissants et d'une interprétation peu convaincante (Eduardo Arozamena fait pâle figure dans la peau de Van Helsing). Seule, la prestance délirante de Pablo Alvarez Rubio tire son épingle du jeu dans celui d'un déficient mental assujeti à Dracula. Son jeu outré permet d'insuffler un peu de vigueur et d'égayer la galerie parmi l'assemblée de protagonistes hautains. A la limite de la blague risible, cette curiosité peine donc à susciter un intérêt tant la lenteur du récit et les comédiens ternes n'apportent pas la densité nécessaire pour captiver le spectateur apathique.
Je ne vais donc pas m'attarder sur cette version inutile qui m'a profondément déçu alors que certaines sources osent prétendre qu'elle dépasse l'oeuvre emblématique de Tod Browning. C'est dire à quel point le chef-d'oeuvre d'origine était habité par l'interprétation légendaire d'un Bela Lugosi cabotin au pouvoir magnétique prédominant.

Je vous laisse avec une autre critique tout à fait appropriée à mon goût pour dénoncer en détails cette snobe supercherie.
http://www.dvdclassik.com/critique/dracula-melford

02.11.12
Bruno Matéï


jeudi 1 novembre 2012

La Belle et la Bête / Panna a netvor. Grand Prix Sitges 79. Prix du film fantastique à Fantasporto, 1982.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site mubi.com

de Juraj Herz. 1978. Tchécoslovaquie. 1h27. Avec Zdena Studenková, Vlastimil Harapes, Václav Voska, Jana Brejchová, Zuzana Kocúriková...

Sortie U.S: 1983. France: 1979 (au Rex de Paris).

FILMOGRAPHIE SELECTIVEJuraj Herz est un réalisateur, acteur et scénariste slovaque, né le 4 septembre 1934 à Kezmarok, en Tchécoslovaquie (actuellement en Slovaquie). 1968: l'Incinérateur de cadavres. 1972: Morgiana. 1978: La Belle et la Bête. 1979: Le 9è coeur. 1986: Galose stastia. 1996: Maigret tend un piège. Maigret et la tête d'un homme. 1997: Passage. 2009: T.M.A. 2010: Habermann.


Inédite en France, cette adaptation du conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont relève le défi de proposer une version beaucoup plus sombre et cauchemardesque que les illustres classiques concoctés par Jean Cocteau et Walt Disney. D'origine tchèque, cette perle rare et introuvable (mais enfin disponible en Blu-ray chez ESC !) risque de dérouter le public lambda peu habitué à s'aventurer dans les contrées hostiles d'une terre slovaque imprégnée de magie noire. Ce qui frappe d'emblée dans ce conte obscur à l'aura hermétique, c'est son ambiance singulière alternant féerie gracile par la candeur d'une princesse hantée par ses songes, et visions cauchemardesques de créatures visqueuses travesties en rat ou en volatile. L'architecture gothique de l'étrange bâtisse régie par la bête (les statues de pierre, les faisceaux de chandeliers, les cadres occultant des démons picturaux, les domestiques mutiques insaisissables), ainsi que les extérieurs naturels d'une forêt automnale (brume translucide, végétation substantielle et florissante dont les rares brebis y sont pourchassées) nous égarent et dépaysent comme nul autre métrage audacieux. La densité du récit horrifique étant notamment impartie à la relation trouble entretenue entre la belle et la bête. Romance pudique épris d'aigreur auquel un monstre maudit ne peut se résoudre à assassiner une princesse, La Belle est la Bête illustre avec un onirisme blafard leur empathie commune vouée à la tendresse dans un environnement insolite si mystérieux et inquiétant. D'où ce sentiment tangible pour le spectateur de se sentir aussi oppressé qu'envoûté par la scénographie de ces lieux obscurs. La musique en demi-teinte alternant l'orgue funèbre et l'élégie du piano ne cessant de naviguer entre les ambiances doucereuses et mortifères.


Métaphore sur la noblesse de l'âme où le mal est destitué de son fardeau par l'atticisme de l'amour, la Belle et la Bête est en l'occurrence un étrange voyage vers la rédemption. L'histoire d'amour incongrue entre deux êtres anonymes voués à éveiller leur sensualité pour y apprivoiser leur distinction. Mis en scène avec austérité dans son refus délibéré de céder à un fantastique folklorique et joliment interprété, cette version marginale peut se targuer de rivaliser avec le chef-d'oeuvre de Cocteau. Ou tout du moins, elle n'a pas à rougir de la comparaison tant sa somptuosité formelle insuffle une poésie atypique en l'absence (ou si peu) de trucages. A découvrir sans réserve avec une attention toute particulière, même si au départ cette liaison hermétique peut sembler abstraite, déconcertante chez une partie du public non initié. 

Un grand merci à l'Univers Fantastique de la Science-fiction
Bruno
01.01.12.
19.05.23

Récompenses: Prix du film fantastique, Mention Spéciale du Jury au Festival de Fantasporto, 1982
Grand Prix Sitges 1979
Prix du Public au Rex de Paris, 1979

mercredi 31 octobre 2012

DE ROUILLE ET D'OS. Prix du Meilleur Film au Festival du film de Londres, 2012.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site docslumpy.info

de Jacques Audiard. 2012. France/Belgique. 1h55. Avec Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts, Bouli Lanners, Corinne Masiero, Armand Verdure, Céline Sallette, Yannick Choirat.

Sortie salles France: 17 Mai 2012

Récompenses: Prix du Meilleur Film au Festival du film de Londres, 2012
Swann d'or du meilleur film au Festival du film de Cabourg, 2012

FILMOGRAPHIE: Jacques Audiard est un réalisateur, scénariste et monteur français, né le 30 Avril 1952 à Paris.
1994: Regarde les Hommes tomber. 1996: Un héros très discret. 2001: Sur mes lèvres. 2005: De battre mon coeur s'est arrêté. 2009: Un Prophète. 2012: De Rouille et d'Os.


Trois ans après son ébouriffant drame carcéral, Un Prophète (9 Récompenses allouées à la cérémonie des Césars dont celui du Meilleur Film et Meilleur Réalisateur !), l'artiste prodige Jacques Audiard nous revient avec un mélodrame en état de grâce. Coproduit par la Belgique et magistralement incarné par deux comédiens à la caractérisation écornée, cette ode à l'espoir et l'optimisme est transcendée par la virtuosité d'une mise en scène épurée. Suite à une violente rixe à la sortie d'une boite, Stéphanie se fait rapatrier chez son compagnon par le videur Ali, un père de famille en situation précaire parti emménager chez sa soeur avec son fils de 5 ans. Dresseuse d'orques dans un parc aquatique, Séphanie succombe à un terrible accident sur son lieu de travail l'amputant des deux jambes. Au fil des semaines, une relation fraternelle et sentimentale se nouent entre les deux amants. Pour ramasser un peu d'argent, Ali participe à des combats de rue clandestins alors qu'en intermittence, il tente maladroitement d'éduquer le petit Sam.


Eloge à la rage de vaincre et au courage de braver les aléas du destin, De Rouille et d'Os est une oeuvre clairsemée, un morceau de cinéma d'une élégance sobre car d'une acuité émotionnelle bouleversante. Sans céder au pathos lacrymal habituellement consigné dans le genre mélodramatique, Jacques Audiard nous illustre avec ambition formelle la tranche de vie de deux écorchés de la vie. Stéphanie est jeune fille aguicheuse en quête de reconnaissance tandis qu'Ali est un marginal défavorisé au tempérament irascible mais débordant d'un humanisme candide. Ces deux personnages au caractère autonome vont se rencontrer par le fruit du hasard et élaborer une relation cordiale à la suite d'un brutal accident. Traversé de moments de poésie empreint de lyrisme (Stéphanie contemplative devant la vitre d'un orque, lui adressant son attachement par le langage des signes) et d'effets de ralenti transcendant la brutalité des combats au corps à corps, De Rouille et d'os est une odyssée des sentiments en perdition. L'introspection intime de deux amants épris d'aspiration pour leur postérité et engagés dans une volonté de transcender leurs failles par un désir commun. Ses instants quotidiens de deux infortunés hésitant à dévoiler leur intuition vont toutefois se rapprocher et s'épauler par la cause d'un évènement inopportun aux conséquences préjudiciables. Habitée par l'attirance et le béguin, Marion Cotillard (je t'aime !) n'a peut-être jamais été aussi sobrement gracile dans sa candeur avisée pour extérioriser le tempérament chétif d'une handicapée éprise d'éthique et d'amour rédempteur. Révélé dans l'uppercut bovin Bullhead, Matthias Schoenaerts dégage une intensité tangible dans la retenue d'un écorché de la vie. Un individu au caractère vigoureux un peu trop instantané car incapable d'exprimer avec bienséance la tendresse imparti à son fils. Mais sa tolérance et sa compassion pour Stéphanie, l'échec d'une rupture familiale ainsi que la mésaventure d'un contretemps vont peu à peu le ramener à la raison d'un équilibre social plus épanoui. 


La rage d'aimer 
Transcendé par une mise en scène fastueuse et deux interprètes incandescents de fragilité humaine, De Rouille et d'Os est un moment précieux de cinéma séraphique. Une leçon de vie pour les infortunés et les insurgés de l'intolérance, une lutte perpétuelle pour la consécration. Un conte suave distillant des instants d'émotion sensitive dans son souci de vérité, confinant parfois au vertige (voir son point d'orgue traumatique) mais rattrapée par une repentance salvatrice.

31.10.12
Bruno Matéï

mardi 30 octobre 2012

New-York 1997 / Escape from New-York

         
                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site deathbymovies.com

de John Carpenter. 1981. U.S.A. 1h39. Avec Kurt Russel, Lee Van Cleef, Donald Pleasance, Ernest Borgnine, Isaac Hayes, Harry Dean Stanton, Adrienne Barbeau, Tom Atkins, Charles Cyphers, Jamie Lee Curtis.

Sortie salles France: 24 Juin 1981. U.S: 10 Juillet 1981

FILMOGRAPHIEJohn Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis).
1974 : Dark Star, 1976 : Assaut, 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog, 1981 : New York 1997, 1982 : The Thing, 1983 : Christine, 1984 : Starman, 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles, 1992 : Les Aventures d'un homme invisible, 1995 : L'Antre de la folie, 1995 : Le Village des damnés, 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires, 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward


Quintessence du cinéma d'anticipation des années 80 au succès commercial inespéré (25,2 millions de dollars de recettes rien qu'aux Etats-Unis pour un budget négocié à 6 millions de dollars !), New-York 1997 fait parti de ses réussites aléatoires que les français n'ont pas manqué de célébrer (1,27 millions d'entrées dans les salles !). Au total, le chef-d'oeuvre de Carpenter engrange à travers le monde plus de 50 millions de dollars de bénéfice. Aussi essentiel que le post-nuke Mad-Max 2 ou que l'oeuvre matricielle Terminator, New-York 1997 prend pourtant le contre-pied de ces blockbusters novateurs en privilégiant l'ambiance crépusculaire d'un New-York dévasté au lieu de surenchérir l'action explosive.  Car avec son budget modeste de série B, John Carpenter accomplit ici de véritables prouesses pour transcender la déliquescence urbaine d'une île de Manhattan livrée aux pires criminels des Etats-Unis. Avec peu de moyens, un tournage restreint de 3 mois et l'autorisation de filmer dans une cité urbaine préalablement incendiée (la ville de Saint-Louis), le réalisateur harmonise à merveille son ambiance chaotique par le biais d'un esthétisme azur particulièrement feutré. Ruelles désertes jonchées de débris et détritus, commerces dévastés, épave d'un avion accidenté, amphithéâtre abdiqué, palais transformé en arène de gladiateurs... Le climat anxiogène rendu palpable en interne de ce gigantesque pénitencier urbain est immédiatement immersif chez le spectateur transi de fascination, quand bien même un sentiment d'insécurité sous-jacent est perçu par quelques silhouettes humaines s'extirpant subitement des sous-sols au moindre bruit suspicieux. Des ethnies de barbares et de punks tributaires d'un leader sans vergogne sont voués à ne sortir que la nuit alors que des cannibales sanguinaires s'évacuent des bouches d'égout pour tenter d'appréhender le pèlerin égaré.


Au sein de ce chaos crépusculaire, un ancien vétéran marginal a pour mission de récupérer le président des Etats-Unis, ce dernier étant malencontreusement tombé entre les mains du duc de New-York, après que son avion s'écrasa sur un immeuble par la cause d'activistes. Afin de gagner une remise en liberté, le criminel Snake Plissken bénéficie de 24 heures pour retrouver le président en vie ainsi qu'une cassette audio impliquant une allocution politique majeure. En prime, et pour intensifier l'enjeu capital, une capsule explosive est injectée dans les artères de Plissken afin de le dissuader de s'exiler vers le Canada ! Ainsi, à travers ce canevas alléchant et captivant, John Carpenter transforme sa dystopie en bande dessinée flamboyante de par sa richesse formelle de décors urbains décharnés et du profil haut en couleurs de personnages tantôt fourbes, tantôt pugnaces. Si bien qu'au cheminement de cette mission jalonnée de rencontres délétères, Snake devra collaborer avec un chauffeur de taxi, un ancien comparse aujourd'hui transfuge ainsi qu'une catin pour tenter de récupérer le président. En intermittence, quelques péripéties explosives (traques haletantes à travers ruelles malfamées, courses-poursuites en voiture, confrontation d'un duo de gladiateurs sur ring) et un suspense progressif (un compte à rebours vers une mort certaine est décompté sur la montre de Plissken) viennent scander cette mission périlleuse. Outre la densité impartie à une galerie de protagonistes contestataires, Kurt Russel institue avec une naturel inné le nouvel archétype musclé de l'anti-héros futuriste. Dans celui d'un anarchiste borgne et égocentrique, Snake Plissken incarne l'icone pourfendeur d'une société despotique incapable de réprimer une criminalité en recrudescence. Alors qu'au cours de ces vicissitudes, John Carpenter n'hésitera pas à railler et brimer un président couard (perruque blonde à l'appui !) réduit à une grotesque caricature.


Soutenu de la musique envoûtante de Carpenter et d'Alan Howarth, New-York 1997 cristallise l'emblème de l'anticipation pessimiste par le biais du divertissement spectaculaire supra immersif. Ce post-nuke avant-gardiste énonçant par ailleurs avec quelques décennies d'avance un discours caustique sur l'ascension de la criminalité délinquante et l'intransigeance d'une présidence impérialiste. Dupliqué à toutes les sauces par nos voisins transalpins mais jamais égalé, New-York 1997 idéalise notamment rigueur et suggestion afin d'y transcender avec parcimonie une ambiance nocturne aussi ensorcelante qu'hallucinée. Et ça n'a pas pris une ride !

*Bruno
30.10.12
25.01.24. 7è

La Chronique de Los Angeles 2013http://brunomatei.blogspot.fr/2012/06/los-angeles-2013_19.html

                                         

lundi 29 octobre 2012

FANTOMAS

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site kisskisskillkillarchive.com

de André Hunebelle. 1964. France. 1h40. Avec Jean Marais, Louis De Funès, Mylène Demongeot, Jacques Dynam, Robert Dalban, Marie-Hélène Arnaud, Christian Toma, Michel Duplaix, Anne-Marie Peysson.

Sortie salles France: 4 Novembre 1964

FILMOGRAPHIEAndré Hunebelle est un maître verrier et réalisateur français, né le 1er Septembre 1896 à Meudon (Hauts-de-Seine), décédé le 27 Novembre 1985 à Nice. 1948: Métier de fous. 1949: Millionnaires d'un Jour. 1949: Mission à Tanger. 1950: Méfiez vous des Blondes. 1951: Ma Femme est formidable. 1952: Massacre en dentelles. 1952: Monsieur Taxi. 1953: Les Trois Mousquetaires. 1953: Mon Mari est merveilleux. 1954: Cadet Rousselle. 1955: Treize à table. 1955: l'Impossible Monsieur Pipelet. 1956: Casino de Paris. 1956: Mannequins de Paris. 1956: Les Collégiennes. 1957: Les Femmes sont marrantes. 1958: Taxi, roulotte et Corrida. 1959: Le Bossu. 1959: Arrêtez le massacre. 1960: Le Capitan. 1961: Le Miracle des Loups. 1962: Les Mystères de Paris. 1963: Oss 117 se déchaîne. 1963: Méfiez vous Mesdames. 1964: Banco à Bangkok pour Oss 117. 1964: Fantômas. 1965: Furia à Bahia pour Oss 117. 1965: Fantômas se déchaîne. 1967:   Fantômas contre Scotland Yard. 1968: Pas de roses pour Oss 117. 1968: Sous le signe de Monte-Cristo. 1971: Joseph Balsamo. 1974: Les Quatre Charlots Mousquetaires. 1974: Les Charlots en Folie: A nous quatre Cardinal ! 1978: Ca va faire tilt.


Premier opus d'une trilogie à succès, Fantomas combine humour et action échevelée sous la houlette de l'illustre André Hunebelle. Pour l'anecdote, Bourvil était prévu à l'origine pour endosser le rôle du commissaire Juve finalement attribué à Louis De FunèsA Paris, un génie de la cambriole surnommé Fantômas se moque des médias et de la police en perpétrant sous leur nez divers larcins et braquages audacieux. Dérangé par un journaliste arrogant et un commissaire obtus, il décide de les ridiculiser en usurpant leur identité. Gros succès public dans l'hexagone (4,5 millions de spectateurs !), Fantômas est une production familiale habilement troussée dans son alliage de comédie, d'aventures et d'action trépidante. D'ailleurs, Hunebelle n'hésite pas en point d'orgue à décupler les moyens de locomotion que nos protagonistes arpentent lors d'une poursuite interminable en voiture, en train, en hélicoptère puis en moto. Autour de la complicité inopinée de Jean Marais et de Louis de Funès, cette comédie endiablée cumule humour cartoonesque et action homérique de par ses cascades rondement exécutées.


Tant auprès de son final exubérant cité plus haut, de la descente effrénée d'une voiture sans frein sur une route à virages ou encore de la poursuite sur les toits de Paris auquel Juve se retrouvera suspendu dans le vide par le crochet d'une grue. Pour ce premier volet, l'aventure extravagante s'oriente atour des relations fraternelles de Juve (De Funès) et du journaliste Fandor (Jean Marais), préalablement antinomiques dans leur relation professionnelle (croyant que Fantômas n'est qu'une invention de la police, Fandor imagine de prime abord un faux scoop pour s'en railler). Mais depuis la rancune tenace du cambrioleur masqué, nos deux compères vont être sévèrement inculpés par la populace depuis que Fantômas eut élaboré un procédé technique révolutionnaire à dupliquer leurs visages. S'ensuit une multitude de gags et quiproquos avant que nos deux héros s'unissent lors d'une cavalcade sans relâche pour appréhender leur rival. Mené sur un rythme sans faille, tant auprès de la fougue expansive de De Funès que des méfaits diaboliques de Fantômas, qui plus est accoutré de gadgets roublards, cette comédie bonnard véhicule un irrésistible charme déjanté. D'autant plus que la présence affable de Jean Marais (étonnement à l'aise dans le genre burlesque !) ainsi que le charme du joli minois de Mylène Demongeot agrémentent le ton gentiment folingue de l'aventure facétieuse. 


Classique de la comédie populaire, Fantômas doit autant de sa douce fantaisie auprès de la complicité pétulante des comédiens que de son scénario calibré. La beauté solaire des paysages provinciaux ainsi que l'architecture gothique du temple de Fantômas louchant vers l'attirail technologique d'un certain James Bond rehaussant l'esprit débridé de cette BD formidablement communicative.  

La chronique de Fantômas se déchaîne: http://brunomatei.blogspot.fr/…/01/fantomas-se-dechaine.html

* Bruno
29.10.12. 3èx



vendredi 26 octobre 2012

Chained

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrornews.net

de Jennifer Lynch. 2012. U.S.A. 1h34. Avec Vincent D'Onofrio, Eamon Farren, Evan Bird, Julia Ormond, Conor Leslie, Jake Weber, Gina Philips, Daniel Maslany.

Sortie salles France: ?

FILMOGRAPHIE: Jennifer Chambers Lynch est une réalisatrice, scénariste et productrice américaine, née le 7 Avril 1968 à Philadelphia, Pennsylvanie (USA). 1993: Boxing Helena. 2008: Surveillance. 2010: Hisss. 2012: Chained


Après deux premiers métrages aussi incongrus qu'atypiques, Jennifer Lynch nous eut franchement déçu avec son risible Hisss, co-production hindoue pourvue d'effets numériques disgracieux dignes d'un Dtv de De Coteau ou d'Albert Band. A peine deux ans se sont écoulés entre ce naufrage bollywoodien et ce nouveau rejeton brièvement intitulé Chained. L'argument de base conventionnel n'a rien de rassurant: 
Un chauffeur de taxi kidnappe une mère de famille et son jeune fils pour les séquestrer dans sa demeure bucolique éloignée de tout voisinage. Après avoir sauvagement assassiné la femme, il décide d'épargner la vie du gamin pour lui tenir compagnie et l'éduquer à sa manière impassible. Voilà pour l'intrigue aussi linéaire que Maniac de Lustig auquel il prête parfois la même ambiance nauséeuse, le côté docu-vérité (la virée nocturne en taxi dans les ruelles malfamées des prostituées) et la facture introspective du quotidien miséreux d'un tueur détaché d'éthique. A situer notamment entre Sonny Boy et Bad Boy-Bubby (pour la relation parentale entre le tueur et l'enfant-esclave vivant reclus tel un pestiféré) mais aussi l'éprouvant Martyrs de Laugier (pour son aspect ignominieux et réaliste de la femme molestée ainsi que l'anti ludisme des scènes chocs dénuées de complaisance). L'intérêt du film résidant dans ses thématiques imparties à l'éducation parentale et à la maltraitance infantile dont l'impact cinglant d'une mise en scène singulière est régie sans fioriture. Car la réalisatrice se réapproprie lestement des poncifs habituels du "ouh fait moi peur" pour les renouveler sans recul, sans esbroufe, sans distanciation ni effet tapageur. Du premier degré d'une froideur monolithique en somme. 


En l'occurrence, l'ambiance glauque et malsaine suinte de chaque cloison de l'obscure demeure, dont les pièces putrides sont uniquement éclairée de petites lampes de chevet. Il s'agit donc d'un huis-clos suffocant, une claustration immersive auquel le spectateur participe de manière voyeuriste parmi la quotidienneté dérisoire de deux individus éloignés de toute humanité. Jennifer Lynch nous projetant dans leur univers sépia avec une verdeur asphyxiante afin de décrire les exactions meurtrières d'un leader infortuné. Un criminel bedonnant (Vincent D'Onofrio, très impressionnant à travers sa carrure adipeuse et son austérité inflexible !) préalablement abusé durant son enfance par un père tyrannique mais aussi assujetti à violer sa propre mère. Rapidement, après la succession de meurtres en série proprement misogynes, une étrange relation d'allégeance est entretenue entre le tueur et le jeune Tim. Alors que les années passent, le criminel décide d'éduquer l'adolescent enchaîné pour engendrer un second monstre à son image inflexible. Et si le cheminement narratif dénué de surprises semble à un moment s'étirer un peu trop dans la pédagogie meurtrière (Tim doit choisir une prostituée pour perdre sa virginité et accomplir son 1er meurtre), Chained exacerbe son rythme languissant et ombrageux avec une notion de suspense crucial lors d'une dernière partie vertigineuse. Et ce, juste avant de nous ébranler lors d'un épilogue fortuit à la dramaturgie identitaire poignante ! (bien que discutable quant à la nécessité de ce cliffhanger aussi déconcertant qui n'apporte pas vraiment de l'eau au moulin d'après la psychologie galvaudée des personnages).


Les enfants martyrs
Poisseux, inconfortable jusqu'au malaise, immersif et viscéral, Chained se révèle à mon sens l'authentique film d'horreur anti ludique par excellence. Une descente aux enfers inéluctable principalement dédiée à la psychologie déclinante de ces protagonistes et d'un climat dérangeant d'une crudité exaspérante. La densité du jeu des interprètes (le famélique Eamon Farren est également surprenant d'ambiguïté torturée) et la mise en scène expérimentale de l'insaisissable Jennifer Lynch rendent les lettres de noblesse au genre si décrié conjugué ici au drame intimiste d'une rigoureuse intensité psychologique. 
Pour public averti

Dédicace à Isabelle Rocton et Steven LeFrançois

*Bruno Matéï
26.10.12
11.06.22

ATTENTION SPOILER !!! A PROPOS DE L'EPILOGUE EQUIVOQUE DE CHAINED, AU-DELA DU GENERIQUE DE FIN
Panorama-cinéma : Et pourquoi laissez-vous toujours vos personnages dans la pire des situations? Dans le cas de Chained, qu’est-ce qui peut bien arriver à Rabbit une fois passé le générique?

Jennifer Lynch : En fait, ce qu’on entend pendant le générique, c’est Rabbit qui bouge les meubles dans la maison pendant qu’Angie s’affaire dans une autre pièce. Ce que nous savons, c’est qu’elle est encore avec lui et qu’elle est en bonne santé. J’aimais cette idée de voir le héros retourner dans cette maison, car c’était la seule chose qu’il n’avait jamais connue. Toutes les personnes qui comptaient à ses yeux sont mortes et il ne lui reste plus que cette demeure et cette fille avec qui il a tissé des liens plutôt précaires. Au final, on ne sait pas du tout ce qui lui arrivera et cette fin ouverte me plaît beaucoup. C’est à ce moment qu’on peut se permettre d’avoir un dialogue et de poursuivre l’évolution du personnage selon ce qu’on a retiré du film, selon ce que notre propre morale nous dicte.

Dans le cas de Surveillance, Stephanie a été épargnée parce qu’elle a deviné l’identité des agents avant l’exécution de leur plan. La finale ressemble à celle de Chained en ce sens qu’elle représente aussi ce sombre bouquet de roses passé d’un tueur en série à sa victime la plus innocente. Je crois que Stephanie va survivre à son expérience dans Surveillance et j’aime me poser des questions sur son avenir. Deviendra-t-elle dangereuse? Deviendra-t-elle aide sociale? Comment se déroulent les trois journées suivantes de sa vie? Comment se rend-elle vers la ville la plus près? Autrement dit, vous avez raison quand vous dites que je laisse mes personnages dans une situation pire que celle dans laquelle je les ai trouvés… Mais ils sont en vie et moins mal en point que leurs proches. Dans mes films, l’innocence survit parce que je pense que demeurer honnête avec soi-même et regarder le monde à travers des yeux d’enfant vous sauvera toujours des mauvaises décisions que vous pourriez prendre.


http://www.paperblog.fr/5720144/critique-chained-de-jennifer-lynch/
http://www.filmosphere.com/2012/07/chained-jennifer-lynch-en-colere/
http://www.panorama-cinema.com/V2/article.php?categorie=1&id=247


jeudi 25 octobre 2012

MR NOBODY

Photo empruntée sur Google, appartenant au site sexualityinart.wordpress.com

de Jaco Van Dormael. 2009. Belgique/Canada/France/Allemagne. 2h36. Avec Jared Leto, Sarah Polley, Diane Kruger, Linh Dan Pham, Rhys Ifans, Natasha Little, Toby Regbo, Juno Temple, Clare Stone, Thomas Byrne.

Sortie salles France/Belgique: 13 Janvier 2010. Canada: 16 Juillet 2010

FILMOGRAPHIEJaco Van Dormael est un réalisateur belge, né le 9 Février 1957 à Ixelles.
1991: Toto le Héros
1995: Le Huitième Jour
2009: Mr Nobody


Oeuvre fleuve abstraite à bien des égards, que ce soit pour sa réflexion métaphysique ou pour son rythme arythmique, Mr Nobody est une ode flamboyante à la vie et tout ce qui tourne autour... Au-delà de nos planètes... Un loisir récréatif rempli d'imprévus, de dangers, fantaisies et rédemption amoureuse quand un bambin de 9 ans s'imagine les multiples vies qu'il aurait pu avoir. Bien avant de devoir entreprendre le choix draconien de rester avec son père ou sa mère en rupture conjugale.
D'une richesse esthétique prolifique et bourré de poésie gracile, cette hymne à l'existence émeut, enivre, déconcerte et irrite en nous transposant les va-et-vient récursifs de Mr Nobody à travers son présent, passé et futur. En réalisateur ambitieux, Jaco Van Dormael nous rapporte sa thèse sur le sens de la vie et de la mort inéluctable qui nous sépare. De l'importance inhérente du moment présent, du choix décisif que nous devons tous entreprendre pour façonner l'harmonie prochaine de notre postérité. De cette fatalité morbide, bénédiction justifiable si nous avions eu assez de temps pour profiter de l'instant actuel après avoir (re)trouvé l'âme soeur. Mais à travers ce monde futuriste où l'immortalité des êtres humains a engendré une société totalitaire censurant les plaisirs les plus exaltants (sexe, drogue, alcool), le réalisateur aborde non seulement l'éthique de l'autonomie mais aussi l'utopie de la réalité. A savoir que l'être humain n'est peut-être qu'une chimère, un pantin artificiel né de l'imaginaire d'un être supérieur destiné à assouvir son propre destin.


L'Apprentissage de la raison d'être.
En résulte une poésie sensitive de l'envie et l'espoir compromis par nos affres de l'angoisse. Entre soif de découverte sur l'intérêt de subsister et désir inné d'embraser l'amour. Mais ce cheminement d'apprentissage menant vers la plénitude est destiné à être long, tortueux et semé d'obstacles. En attendant une potentielle résurrection si l'immortalité continue de préserver ses secrets, car l'être humain friand de vérité pourrait risquer un jour d'en bafouer ses chartes...

Dédicace à Alexandra Louvet
25.10.12
Bruno Matéï