jeudi 9 mai 2013

ED WOOD

                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site alexandrestojkovic.blogspot.com

de Tim Burton. 1994. U.S.A. 2h06. Avec Johnny Depp, Martin Landau, Patricia Arquette, Sarah Jessica Parker, Bill Murray, Jeffrey Jones, Lisa Marie.

Sortie salles France: 21 Juin 1995. U.S: 28 Septembre 1994

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie.
1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie.


Edward D. Wood Jr continua le combat à Hollywood, mais le succès ne cessa de lui échapper. Après un lent naufrage dans l'alcool et des films d'horreur "dénudés", il mourut d'un crise cardiaque en 1978. Il avait 54 ans. 
Deux ans après, il fut sacré "plus mauvais réalisateur de tous les temps", ce qui lui valut la reconnaissance internationale. Depuis, des cinéphiles du monde entier lui vouent un culte. 

Voici mon hommage...

Eloge à l'industrie du cinéma Z à travers un réalisateur en herbe, Ed Wood relate la biographie d'un personnage hors normes, considéré comme le cinéaste le plus mauvais de tous les temps. En alternant drôlerie et émotion, le film déclare également une révérence à l'un des grands acteurs du cinéma d'épouvante (Bela Lugosi, transcendé ici par la prestance du vétéran Martin Landau !). Dans une superbe photo monochrome, Tim Burton nous retrace le parcours improbable d'un artiste du cinéma transi de volonté pour sa passion du cinéma. Avec une équipe d'accessoiristes et d'acteurs au rabais, ce réalisateur excentrique (il se travestissait parfois en femme durant ses tournages !) n'aura de cesse d'user d'impertinence et de boniment afin de convaincre n'importe quel producteur à sa portée que son futur projet sera voué à la notoriété. Fasciné par l'oeuvre emblématique d'Orson Welles baptisée   Citizen Kane, Edward D. Wood Jr se persuada qu'il possédait le talent inné pour façonner des oeuvres aussi substantielles par l'entremise du cinéma de genre. Mais surtout, l'amour sincère qu'il allouait à l'acteur hongrois Bela Lugosi était si digne qu'il réussit à convaincre ce dernier d'incarner des rôles de faire-valoir dans ces oeuvrettes les plus saugrenues. C'est d'ailleurs avec Plan Nine from outer space (financé par l'église catholique !), qu'Edward D. Wood parvint à accéder à la postérité. 


Avec une humble humanité, Tim Burton délivre notamment un poignant hommage à un illustre comédien immortalisé par son rôle vampirique mais malencontreusement réduit à l'indifférence vers la fin de sa carrière. Dépendant de la morphine et réduit à la solitude depuis le décès de son épouse, Bela Lugosi traîne ici sa silhouette sous l'apparence du comédien Martin Landau. Littéralement habité par son entité, l'acteur insuffle avec une émotion élégiaque le portrait déclinant d'une légende sclérosée. Une ancienne célébrité isolée du monde extérieur et réfugiée dans ses souvenirs populaires, hanté à jamais par son incarnation de Dracula. Sa relation amicale qu'il finit par entretenir avec Ed Wood  nous émeut par leur complicité mais aussi leur tendresse commune impartie à la chimère de la caméra ! Dans le rôle d'Ed Wood, Johnny Depp véhicule une spontanéité pleine d'extravagance pour retranscrire les états d'âme d'un luron amateur émerveillé par l'omnipotence du cinéma ! Avec des moyens techniques dérisoires et une équipe de seconds rôles non professionnels, ce personnage facétieux usa de constance dans ces audaces, mensonges et subterfuges pour parvenir à ses fins et filmer coûte que coûte les plus improbables divagations ! 


Transcendé par la prestance de comédiens férus de naturel et d'enthousiasme, Ed Wood condense la  flamboyante biographie d'un baladin entièrement voué à sa passion de cinéphage. Car en dehors du portrait alloué à une autre légende du cinéma de genre, ces deux témoignages engendrent un vibrant hommage à tous ces artisans discrédités de leur précarité mais pour autant transis d'amour pour leur foi au 7è art. Depuis ses travaux, Ed Wood, le personnage, est devenu l'emblème du nanar débridé à la poésie nonsensique ! Cette ultime déclaration d'amour aux séries Z se clôturant sur un bouleversant mémorial à tous ces quidams laissés dans l'ombre des projecteurs.

09.05.13. 2èx
Bruno Matéï

Récompenses: Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle pour Martin Landau
Meilleurs Maquillage pour Rick Baker, Ve Neill et Yolanda Toussieng
Golden Globes du Meilleur acteur dans un second rôle pour Martin Landau
Saturn Awards du Meilleur Acteur pour Martin Landau, Meilleure Musique pour Howard Shore
Screen Actors Guild Award: Meilleur Acteur dans un second rôle pour Martin Landau
NSFC Awards: Meilleur Acteur dans un second rôle pour Martin Landau, Meilleure Photographie pour Stefan Czapsky.

mercredi 8 mai 2013

THE PROPOSITION. Grand Prix du Jury, Valenciennes, 2009

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site forum.westernmovies.fr

de John Hilcoat. 2005. Australie/Angleterre. 1h44. Avec Richard Wilson, Noah Taylor, Guy Pearce, Jeremy Madrona, Jae Mamuyac, Mick Roughan, Shane Watt.

Sortie salles France: 16 Décembre 2009

Récompenses: Festival International de Valenciennes: Grand Prix du Jury
Australian Film Institute: Meilleure Photographie (Benoît Delhomme), Meilleurs Costumes (Margot Wilson), Meilleure Musique originale ( Nick Cave, Warren Ellis), Meilleure Production
Australia Film Critics: Meilleure Photographie (Benoît Delhomme), Meilleure Musique originale (Nick Cave, Warren Ellis).
Chlotrudis Awards: Meilleur Scénario (Nick Cave)
Inside Film Awards (IF Awards): Meilleure Photographie (Benoît Delhomme), Meilleur Film, Meilleure Musique (Nick Caven Warren Ellis), Meilleure Production
San Diego Film Critics: Meilleur Second rôle (Ray Winstone)  
Festival de Venise: Prix Gucci du Meilleur scénario (Nick Cave)

FILMOGRAPHIE: John Hilcoat est un cinéaste australien, né en 1961 au Queensland. 
1988 : Ghosts... of the Civil Dead. 1996 : To Have and to Hold. 2005 : The Proposition. 2009 : La Route (The Road). 2012 : Des hommes sans loi (Lawless).


Avant de se faire connaître auprès du public avec son odyssée post-apo, la Route, John Hilcoat réalisa 4 ans plus tôt un western crépusculaire imprégné de poésie métaphysique. Transcendé de la prestance de ces antagonistes vénaux, The Proposition retrace le cheminement funeste du gang des frères Burns ainsi que la quête rédemptrice du capitaine Stanley, un homme de loi contrarié par son éthique judiciable. Le pitchA la fin du 19è siècle, dans l'état australien, les frères Mickey et Charlie Burns sont capturés par les hommes de main du capitaine Stanley. Afin de retrouver la trace d'Arthur Burns, le troisième frère responsable de viol et assassinats, Stanley leur propose une transaction. 9 jours durant, Charlie aura l'opportunité de se lancer à sa recherche pour le tuer en échange de sa liberté et celle de Mickey. 



Western laconique à l'ambiance mystique lancinante, The Proposition est un chemin de croix, et plus explicitement une plongée introspective dans les méandres opaques de la nature humaine. Car à travers le portrait d'anti-héros pervertis par leur animosité mais contrariés par les répercussions, John Hilcoat  nous entraîne dans leur dérive putassière au sein d'une société raciste en perdition. Si bien qu'ici, tous les hommes de loi se vautrent dans une violence permissive auprès des esclaves noirs alors que les hors la loi continuent leurs exactions sanguinaires par arrogance vindicative mais aussi accoutumance. Cette complaisance gratuite de crimes, sévices et flagellations débouchant sur une remise en question morale afin d'éveiller les consciences. Celle d'un peuple subitement lucide que la sentence barbare n'est qu'une débauche insupportable. Celle de Charlie, gangster indécis rongé par la culpabilité d'avoir entraîné vers la mort l'innocence de son frère cadet ainsi que l'influence nuisible que l'aîné autoritaire ait pu leur procréer. Et enfin celle de Stanley, mari fidèle et attentionné pour la candeur de son épouse (elle ne sait rien de sa justice expéditive) mais officier meurtri, davantage conscient de sa déchéance primitive, si bien que cette violence laxiste le mènera vers une déroute irréversible.


Le gang des Frères Burns
Magnifiquement photographié sous une nature solaire pleine de lyrisme (elle n'a de cesse de questionner l'être humain !) et superbement interprété par des comédiens aux trognes contractées, ce western ardu nous établit le constat impitoyable d'une société animale compromise par une justice discriminatoire. Réflexion sur la gangrène de la violence dont l'être humain ayant osé s'y fourvoyer en est sévèrement châtié, The Proposition est un électro-choc d'une intensité si acerbe qu'il est difficile d'en sortir indemne. L'un des westerns les plus rugueux jamais réalisés (la séquence de flagellation est franchement insupportable et hante les mémoires bien au delà de la projection !) mais un poème existentiel sur le sens de l'éthique et la quête de rédemption. 

08.05.13
Bruno Matéï


mardi 7 mai 2013

EVIL-DEAD 3, L'ARMEE DES TENEBRES (Evil-dead 3, Army of Darkness).

                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site holypapershit.wordpress.com

de Sam Raimi. 1992. U.S.A. 1h36. Avec Bruce Campbell, Embeth Davidtz, Marcus Gilbert, Ian Abercrombie, Richard Grove.

Sortie salles France: 5 Janvier 1994. U.S: 19 Février 1993

Récompenses: Corbeau d'Or au Festival du film fantastique de Bruxelles, 1993
Prix de la Critique au Festival Fantasporto, 1993
Saturn Award du meilleur film d'horreur, 1994

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis.
1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


Troisième volet de la saga Evil-dead, l'Armée des Ténèbres rempile pour un nouveau délire horrifique privilégiant cette fois-ci l'action homérique et l'aventure mythologique. Hommage au maître du stop motion Ray Harryhausen (à travers l'armée de squelettes livrant une bataille insensée), et témoignage au gothisme transalpin (la séquence crépusculaire du moulin puis celle du cimetière), Evil-dead 3 déborde d'énergie et d'idées retorses (FX calibrés à l'appui !) pour nous transporter au sein d'une épopée chevaleresque.

Alors que Ash se retrouve catapulté en l'an 1300 par une force démoniaque, il est fait prisonnier par les chevaliers du roi Arthur. Afin de retrouver sa liberté et retourner dans son époque, il doit retrouver le fameux nécronomicon sous l'allégeance d'un illustre sorcier. Malencontreusement, en récitant la mauvaise formule incantatoire, Ash va libérer une armée de démons et provoquer une bataille médiévale avec les mortels.


Si Evil-dead 2 s'était déjà reconverti vers un délire cartoonesque impayable en évacuant la facture effrayante de son modèle, Sam Raimi pousse ici le bouchon encore plus loin dans son esprit grotesque   et le nouveau genre auquel il décide de s'adonner. Celui de l'aventure médiévale à connotation fantastique puisque le roi Arthur et son armée sont asservis par les forces démoniaques du nécronomicon (le livre des morts). Avec la coopération d'un héros versatile venu du futur, ceux-ci vont devoir livrer une intense bataille contre l'armée des démons. Mais avant cette offensive escomptée, Sam Raimi s'emploie avec un plaisir ostensible de martyriser son héros dans une multitude de déconvenues burlesques souvent confinés dans des lieux clos (le gouffre d'un puits, l'abri d'un moulin et la colline d'un cimetière). Armé de prime abord d'une tronçonneuse puis remplacé ensuite d'une main d'acier, Bruce Campbell s'iconise en nouveau héros des temps modernes, un guerrier futuriste aussi couard et maladroit, que vaillant et téméraire ! Dans un jeu de mimétisme beaucoup plus démentiel que les précédents opus, l'acteur se livre à un festival de pitreries et incarne de façon outrée un héros plutôt égoïste, voir notamment masochiste dans ses tentatives de se débattre de démons railleurs toujours aussi entêtés (les incubes du puits, les lilliputiens enfantés par Ash, les squelettes recrutés par un zombie putréfié).


Si la bataille finale, particulièrement épique et spectaculaire, manque toutefois d'une certaine intensité émotionnelle, et que l'horreur attractive s'avère ici plus en retrait, l'Armée des Ténèbres s'impose en spectacle trépident transcendé par la mise en scène foisonnante d'un cinéaste roublard. Enfin, la présence iconique de Bruce Campbell en posture conquérante doit également beaucoup au caractère fantaisiste de cette odyssée médiévale. 

A Ray Harryhausen (qui vient de nous quitter à l'âge de 92 ans).

07.05.13
Bruno Matéï


lundi 6 mai 2013

DICK TRACY

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site movies.film-cine.com

de Warren Beatty. 1990. U.S.A. 1h45. Avec Warren Beatty, Al Pacino, Charlie Korsmo, Glenne Headly, Madonna, Dustin Hoffman, William Forsythe, Ed O'Ross, Charles Durning, Seymour Cassel, Mandy Patinkin, R.G. Armstrong, James Tolkan, Henry Silva, James Caan, Paul Sorvino, Estelle Parsons.

Récompenses: Oscar du meilleur maquillage pour John Caglione Jr et Doug Drexler
Oscar de la meilleure direction artistique pour Richard Sylbert et Rick Simpson pour les décors
Oscar de la meilleure chanson originale pour Soony or Later de Stephen Sondheim.

Sortie Salles: 15 Juin 1990

FILMOGRAPHIE: Warren Beatty est un acteur, producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 30 Mars 1937 à Richmond, Virginie.
1978: Le Ciel peut attendre. 1981: Reds. 1990: Dick Tracy. 1998: Bulworth


Pour sa troisième réalisation, l'acteur Warren Beatty décide de rendre hommage à une célèbre bande dessinée crée par Chester Gould en 1931. Avec une distribution prestigieuse réunissant Al Pacino, Dustin Hoffman, Warren Beatty himself (très à l'aise dans ces 2 postes !), la chanteuse Madonna et un florilège de seconds-rôles rendus méconnaissables sous leur maquillage, Dick Tracy est une aventure clinquante transcendée par leur extravagance. Situé à l'époque des années 30, le film illustre les aventures du détective Dick Tracy contraint de déjouer les ambitions cupides d'un mafioso mégalo, Big Boy. Un soir, il découvre par hasard l'existence miséreuse d'un enfant maltraité et décide de lui porter secours. Ensemble, ils vont finalement s'unifier et user de stratagème pour mettre un terme aux agissements mafieux de la pègre. Mais alors que Dick est secrètement amoureux de sa fidèle amie Tess, ses sentiments vont bientôt être contrariés par le désespoir d'une chanteuse de bar, Breathless Mahoney. Asservie par l'autorité du gangster Big Boy, elle aspire à trouver une vie plus épanouie sous l'égide de notre illustre détective.


Si le scénario orthodoxe n'apporte finalement que peu de surprises (en dehors du suspense entretenu pour démasquer l'énigmatique justicier sans visage), ce divertissement rondement mené se distingue notamment par l'humanité de ses personnages. En priorité pour le trio attendrissant formé par Dick, Tess et le bambin, le Kid ! (dans son rôle infantile, Charlie Korsmo s'avère épatant de naturel !).
Sous couvert d'un film d'action visuellement cartoonesque et la présence interlope d'antagonistes au physique buriné (Al Pacino est quasi méconnaissable dans la peau de Big Boy !) ou difforme (le marmoneux, tête plâte), Dick Tracy préconise la romance candide. Le réalisateur accordant une belle importance à dépeindre avec pudeur la relation timorée du détective pour sa jeune amie solitaire. En prime, son rapport indécis avec la chanteuse Breathless et l'attitude paternelle qu'il va peu à peu engendrer avec le Kid nous illustrent bien sa quête intrinsèque du bonheur conjugal.
En dehors de séquences d'action parfois spectaculaires et fertiles en subterfuges, l'aventure s'alloue par ailleurs d'un humour espiègle dans ses situations débridées (l'interrogatoire avec le marmoneux) et dans la verve de dialogues ciselés. Le soin apporté au design des décors (naturels ou en matte painting), à la photographie flamboyante, à la musique orchestrale de Danny Elfman mais aussi aux chansons élégiaques d'une Madonna aigrie exacerbent l'élégance formelle d'une réalisation inspirée.


Sous une photographie rutilante saturée de teintes polychromes, de manière à mettre en exergue son esprit BD, Dick Tracy insuffle un charme irrésistible dans ces aventures attrayantes et fait la part belle aux sentiments nobles dans son alliage d'action, d'aventures, d'humour et de romance. Pétillant et plein de fraîcheur !

05.05.13
Bruno Matéï

vendredi 3 mai 2013

Evil-Dead 2013


                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site aiguisemoica.blogspot.com

de Fede Alvarez. 2013. U.S.A. 1h36 (uncut version). Avec Jane Levy, Shiloh Fernandez, Jessica Lucas, Lou Taylor Pucci, Elizabeth Blackmore.

Sortie salles France: 1er Mai 2013. U.S: 5 Avril 2013

FILMOGRAPHIE: Fede Alvarez est un réalisateur uruguayen, né le 9 Février 1978 à Montevideo.
2009: Ataque de Panico (court-métrage). 2013: Evil-Dead. 


Une ambiance maléfique aussi vénéneuse que sournoise sous le pilier d'une descente aux enfers à l'automutilation.
Attendu comme le messie autant que craint par les fans irréductibles de son modèle, Evil-Dead, le remake, attisa notre curiosité à la vue de ses trailers hargneux particulièrement percutants. Mais n'y allons pas par quatre chemin en avouant fissa que ce remake tient d'un cadeau inespéré. De prime abord, on peut louer l'intégrité du réalisateur d'avoir conçu un film d'horreur premier degré nanti d'une véritable ambiance horrifique à l'ancienne. C'est à dire sans esbroufe gratuite ni humour potache mais en y prônant inquiétude/appréhension auprès de son sentiment d'insécurité palpable puis de la folie furieuse tout en respectant avec humble intelligence l'essence de son modèle. Certains ont reproché le manque de densité des personnages alors que son ancêtre était déjà desservi d'une interprétation superficielle (même la présence iconique de Bruce Campbell était largement perfectible). Alors qu'ici, la prestance saillante de Jane Levy provoque autant d'empathie que d'appréhension dans son rôle chétif de toxicomane en proie à la paranoïa et à la démence. Une jeune fille en perte de repères contrainte de se sevrer en s'exilant au fond d'une cabane parmi l'assistance de ses proches alors que le Mal est sur le point de l'alpaguer pour l'habiter. Cette idée astucieuse allouée à l'addiction mais aussi à la fraternité familiale (modestement développée pour les rapports dysfonctionnels entre le frère et la soeur en porte-à-faux de survie) permet de renforcer la caractère crédule des situations dramatico-morbides (ses crises de délires proviennent t'elles de ses états de manque s'interrogeront dans un 1er temps ses camarades ?) si bien que ceux-ci, d'un commun accord, la forceront à se confiner dans la cabane. Le problème, c'est que Mia vient tout juste de se faire violer dans les bois par une entité diabolique et que donc le Mal s'est déjà infiltré dans leur bicoque.


Ainsi, le sérieux à laquelle Fede Alvarez nous narre son récit nous implique ostensiblement dans le désarroi de Mia, surtout qu'une tension permanente ira crescendo durant sa dégénérescence maléfique. Ensuite (et comme j'aurais pu le craindre), le film ne joue pas la carte du vulgaire copié-collé en repompant systématiquement les séquences anthologiques de l'oeuvre furibonde de Raimi. L'utilisation substantielle du fameux grimoire en est un exemple probant. Car à travers son mode d'emploi, tous les évènements meurtriers qui ébranlent nos protagonistes émanent de ses consignes spécifiques que l'un des héros aura la déveine d'invoquer. Evil-dead new look créé donc la surprise, la stupeur tout en invoquant une panique éprouvante à la vue de ces implacables séquences chocs d'une indéniable efficacité viscérale de par son réalisme hardcore. Jalonné de clins d'oeil respectueux à son archétype (notamment l'utilisation judicieuse de bruitages et de sa musique ombrageuse faisant souvent écho à son homologue) et d'idées retorses (les diverses mutilations que les victimes possédées s'infligent), Fede Alvarez exploite nombre de scènes gores couillues parmi l'intensité d'une explosion de violence en roue libre. Et ce en nous entraînant par la main dans un cauchemar exponentiel si bien que les évènements à la dramaturgie escarpée ne font qu'accroître sa terreur brutale pour le sort imparti aux victimes impuissantes auquel nous nous étions (gentiment) attachées. En outre, si l'humour noir s'avère ici beaucoup moins prononcé et railleur, la verve des dialogues proférée par nos démons renvoie parfois aux infamies putassières de la petite Regan de l'Exorciste.


Mené sur rythme davantage effréné, formellement rubigineux et inventif dans son souci du détail, viscéralement gore, cruel et intense à travers cette impitoyable épreuve de force qu'amorcent nos protagonistes ballotés tous azimuts, Evil-dead nous plaque au siège dans son tour de montagne russe confectionné avec savoir-faire. Hargneux, anxiogène (ambiance démoniale perceptible), parfois terrifiant et cruel, il ne fait que rendre honneur à son ancêtre avec une dignité et une maîtrise (étonnamment) convaincantes de la part du réalisateur en herbe. Et si le paysage horrifique était déclinant en 2012, Evil-dead lui redore le blason si bien que la nouvelle génération devrait probablement à son tour lui vouer un culte. Car une fois n'est pas coutûme de se retrouver face à un "vrai" film d'horreur à l'ancienne par son acuité de fascination qu'il parvient à cultiver dans un sérieux contracte.

*Bruno

La critique de Gilles Rollandhttp://www.onrembobine.fr/critiques/critique-evil-dead-2013

La critique d'Evil-dead, version 1981: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/05/evil-dead-evil-dead.html

04.05.13
16.01.17
24.04.23

Dark Skies

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site bloody-disgusting.com

de Scott Charles Stewart. 2013. U.S.A. 1h37. Avec Keri Russell, Dakota Goyo, Josh Hamilton, Annie Thurman, Alyvia Alyn Lind, Trevor St. John.

Sortie salles France: 26 Juin 2013. U.S: 22 Février 2013

FILMOGRAPHIE: Scott Charles Stewart est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste américain.
2009: Legion. 2011: Priest. 2013: Dark Skies



Réalisateur des produits aseptiques Legion et PriestScott Charles Stewart avait de quoi laisser dubitatif le cinéphile averti à la vue de son 3è long-métrage. Mais par je ne sais quel miracle, Dark Skies est une bonne série B du samedi soir qu'on aurait tort d'occulter ! Oubliez donc l'affiche et son titre formatés et tentez l'expérience ludique, aussi modeste soit-elle ! Car en empruntant le schéma classique du film de hantise exploité sous un contexte d'anticipation, Scott Stewart nous emballe un film d'angoisse efficace et plutôt retors dans sa topographie. De prime abord, les protagonistes s'avèrent crédibles pour la caractérisation d'une famille unie, rapidement témoin d'évènements aussi troubles qu'inquiétants au sein de leur foyer. Des objets et divers ustensiles demeurant empilés les uns sur les autres en rangée verticale sur la table de cuisine. Les enfants sont perturbés durant leur sommeil par une étrange présence alors que leurs parents sont confrontés à diverses hallucinations sous l'emprise du somnambulisme. Ainsi, sur un rythme continu, le réalisateur continuera d'exploiter nombre d'incidents inexpliqués afin d'entretenir l'anxiété (tels ses stigmates retrouvés sur le corps des bambins !) mais aussi insuffler une notion de suspense latent. 


Trouble et inquiétant, Dark Skies nous évoque donc essentiellement une conspiration extra-terrestre régie sous le mode du kidnapping. Mais la manière dont le réalisateur nous amène cette idée éculée s'avère efficiente et convaincante de par sa persuasion d'y provoquer la peur d'une hostilité venue d'ailleurs. Qui plus est, la sobriété des protagonistes provoque l'empathie à travers leur désarroi esseulé (ils sont suspectés de mauvais traitements sur leurs enfants), contraints par ailleurs d'ignorer l'aide infructueuse de la police. Néanmoins, ses parents démunis trouveront le soutien auprès d'un expert en affaires d'enlèvements extra-terrestres. Le film réussit donc par l'appui de sa compétence à nous convaincre de leur existence tout en nous interrogeant sur la thèse des ovnis. En l'occurrence, des aliens pernicieux installés sur notre globe depuis des décennies pour une raison bien spécifique. Sur ce point, le dernier quart d'heure particulièrement cinglant cultive de la tension pour leur apparition escomptée ainsi que la destinée précaire de cette famille, d'autant plus que le réalisateur s'est appliqué à réfuter le "happy-end".


Mené sur un rythme sans faille et convaincant dans sa démarche de nous questionner sur l'existence des E.T, Dark Skies est une habile surprise où l'inquiétude demeure omniprésente. Efficacement angoissant (notamment la 1ère apparition du "gris" et le point d'orgue assez couillu pour sa radicalité dramatique), cette série B possède enfin l'atout crédule de comédiens attachants (et ce jusqu'aux seconds rôles infantiles). 

Eric Binford
29.11.21
03.05.13

jeudi 2 mai 2013

The Lords of Salem

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Popmovies.fr

de Rob Zombie. 2012. U.S.A. 1h41. Avec Sheri Moon Zombie, Richard Lynch, Bruce Davison, Meg Foster, Lew Temple, Ernest Lee Thomas, Ken Foree.

Sortie salles U.S: 19 Avril 2013

FILMOGRAPHIE: Rob Zombie est un chanteur, musicien et réalisateur américain, né le 12 Janvier 1965 à Haverhill, dans le Massachusetts. 2003: House of 1000 Corpses. 2005: The Devil's Rejects. 2007: Werewolf Women of the S.S. (trailer). 2007: Halloween. 2009: Halloween 2. 2012: The Lords of Salem.


Bad trip expérimental, messe noire invoquée au culte de Satan, délire horrifique chargé de symboles lucifériens, le nouveau Rob Zombie est un ovni anti religieux qui risque sévèrement de vous ébranler les neurones ! Difficile en l'état actuel d'évoquer ses impressions à chaud tant le film déroute méchamment. Néanmoins, et de manière prégnante, il nous préserve en mémoire des séquences cauchemardesques jamais vues au préalable ! Que l'on aime ou que l'on rejette en bloc ce pamphlet anticlérical, on ne peut nier la stylisation novatrice du réalisateur ainsi que son esthétisme formel déployant de saisissantes plages d'onirisme macabre. Qui plus est, la photographie élégamment teintée de filtres verts, sépia et rouges renforce l'aspiration du réalisateur ici régi en véritable créateur d'images picturales ! Que ce soit l'architecture religieuse d'un oratoire ou du design baroque de l'appartement de Heidi, de la nature automnale d'un parc public ou de la procession mystique du concert des Lords ! L'ambiance chaude et envoûtante, l'atmosphère urbaine palpable fonctionne si bien que l'on jurerait que ce soit une prod native des années 70.


Or, tout est dans l'art de la mise en scène et la manière de narrer une histoire d'impiété héritée des conspirations de Rosemary's Baby ou du Locataire. Si les séquences hallucinatoires (oh combien incongrues !) suggérée par l'héroïne s'avèrent au départ un peu trop récurrentes, son cheminement tortueux laisse place à d'autres évènements plus inquiétants, telle cette rencontre pernicieuse avec ces trois voisines de palier. D'ailleurs, parmi ce trio évoqué, quel plaisir de retrouver les talentueuses Meg Foster et Dee Wallace Stone dans des prestances littéralement malveillantes. Vibrant hommage aux sorcières de Salem, Rob Zombie semble habité par le malin à daigner nous entraîner dans une sarabande diabolique où la verdeur des dialogues n'a jamais été aussi scabreuse afin d'y répudier la divinité de Dieu ! Le clou du nihilisme funeste atteignant son paroxysme lors d'un final emphatique lardé d'images psychédéliques parfois couillues (on peut aussi évoquer l'univers métaphysique d'Alejandro Jodorowski). Au niveau des comédiens, chaque personnage possède la physionomie adéquate (sclérosée ou burinée pour certains) afin de camper leur rôle avec une conviction suprême. Quand à l'apparence chétive de Sheri Moon Zombie, transie d'émoi, elle promène sa silhouette à la manière d'une fantômette errante !


Danse avec le diable
Cérémoniel mortifère littéralement atypique de par son imagerie fétide (voir la séquence flamboyante du martyr des sorcières condamnées à rôtir sur le bûcher), The Lords of Salem déroute et déconcerte, ébranle nos habitudes ludiques en provoquant la fascination sépulcrale pour ceux qui sauront se laisser envoûter par son univers extrêmement occulte. Véritable ovni subversif multipliant les provocations visuelles et verbales à travers un esthétisme singulier, Rob Zombie délivre ici son film le plus personnel en auteur ambitieux. Un esthète prodige voué à l'anticonformisme au risque de déplaire une frange de spectateurs non initiés. Une chose est sure, The Lords of Salem s'érigera en phénomène culte auprès du cercle fermé des adorateurs de Satan. 
Pour public averti 

*Bruno
08.04.24. Vo
02.05.13

mercredi 1 mai 2013

Evil-dead (The Evil-Dead). Meilleure 1ère oeuvre au Rex de Paris, 1982.

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sam Raimi. 1981. U.S.A. 1h25. Avec Bruce Campbell, Ellen Sandweiss, Richard DeManincor, Betsy Baker, Theresa Tilly.

Sortie salles U.S: 15 Octobre 1981 (première à Détroit). 15 Avril 1983 en sortie nationale.
France: Mai 1982 au Marché du film de Cannes. Novembre 1982 au Rex de Paris. 24 Août 1983 en sortie nationale.

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis. 1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


L'opéra de la terreur ! Le film d'horreur le plus férocement original dixit un Stephen King abasourdi ! Depuis sa sortie rentable en salles et son illustre succès en VHSEvil-dead s'est inscrit au panthéon des films d'horreur les plus impressionnants de l'histoire. L'emblème moderne du "ouh fais moi peur !" alors que son récit puise son inspiration dans les clichés usuels de l'épouvante traditionnelle (l'environnement bucolique d'une forêt ténébreuse régie par des démons sataniques). Réalisé avec des bouts de ficelle et une équipe réduite de comédiens amateurs, cette première oeuvre d'un jeune cinéaste surdoué est un moment de folie furieuse jamais contemplé sur une toile de ciné ! Car conçu à la manière d'un train fantôme erratique, Evil-dead est une sarabande infernale, une nuit démoniaque irrationnelle auquel un groupe de vacanciers aura la déveine de s'opposer aux forces du mal. Ainsi, en empruntant le schéma classique du film de possession et le cadre du slasher champêtre, Sam Raimi se réapproprie des conventions avec une inventivité toujours plus insolente.


Entre ses touches d'onirisme macabres et sa profusion de gore déployant une imagerie frénétique, Evil-dead provoque l'euphorie au sein de sa mise en scène virtuose. De par son efficacité redoutable, le réalisateur se tire habilement de son script éculé en jouant la carte de la provocation et de l'action cinglante dans un esprit carnavalesque de grand-guignol. Car avec une originalité hors normes influencée par sa débrouille du système D, il ne cesse de nous ébranler et jouer avec nos nerfs face au témoignage de ces protagonistes soumis, successivement possédés par des démons infernaux. A la bande son tonitruante où les rires moqueurs se disputent aux hurlements d'effroi, Evil-Dead véhicule une panique masochiste chez son spectateur voyeur. Au climat de prime abord anxiogène, jamais une série B n'eut rendu aussi palpable et terrifiante sa scénographie forestière où l'entité démoniaque semble s'infiltrer au travers de la pellicule. A ce titre, et en éludant miraculeusement le ridicule, la séquence du viol contre Cheryl reste un moment d'anthologie couillu auprès de sa verve visuelle à connotation sexuelle (c'est d'ailleurs en priorité pour cette raison transgressive que l'Angleterre assigna devant les tribunaux son réalisateur). Cette tension diffuse toujours plus prégnante et son degré de férocité cauchemardesque atteignant leur apogée lors d'une ultime demi-heure résolument débridée. Là où le dernier survivant esseulé se retrouvera confiné à l'intérieur de sa cabane maudite pour combattre vaillamment les démons ricaneurs !


Furieusement gore (les armes blanches pénètrent ou sectionnent les chairs avec une verdeur viscérale !), diablement jouissif et méchamment railleur, Evil-Dead déploie avec une vigueur et une générosité sans égale un florilège de déviances horrifiques hérités du bad trip sarcastique. En l'occurrence, ce chef-d'oeuvre subversif d'horreur hardgore reste d'une incroyable modernité à travers sa démarche formelle, notamment cette capacité innée à transgresser un climat de peur en suscitant autant la stupeur (on ne compte plus l'estocade des "jump scares" ultra efficients !). C'est ce qu'on appelle aussi la déclaration d'amour d'un artiste entièrement habité par ses innovations d'alchimiste ricaneur. 

*Eric Binford
01.05.13. (23è visionnage)

La critique d'Evil-Dead, version 2013: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/05/evil-dead-2013.html

RécompensesPrix du Public et le Prix de la Meilleure Première Œuvre au Festival du Rex à Paris en 1982.



L'ENFANCE VOLEE (Der Verdingbub)


de Markus Imboden. 2011. Suisse. 1h48. Avec Katja Riemann, Stefan Kurt, Maximilian Simonischek, Max Hubacher, Lisa Brand, Miriam Stein.

Sortie salles en 2011 en Suisse alémanique, 18 avril 2012 en Suisse romande
FILMOGRAPHIE: Markus Imboden est un réalisateur et scénariste suisse, né le 17 Octobre 1955 à Interlaken.
L'Enfance Volée est son film le plus connu dans son pays natal.


Témoignage bouleversant sur la condition des orphelins suisses mais aussi des enfants destitués de leurs parents dans les années 50, l'Enfance Volée relate ici les destins de Max et Berteli, embrigadés de force dans une famille d'accueil. Avec l'autorité castratrice de leurs nouveaux parents, des fermiers miséreux sans aucune vergogne, les adolescents vont endurer diverses maltraitances physiques et sombrer dans l'esclavage avant de tenter la rébellion.


Drame social d'une intensité dramatique toujours plus éprouvante, l'Enfance Volée est un film choc imparable sur l'intolérance et la tyrannie parentale mais aussi le laxisme des pouvoirs publics.
Sans pathos et encore moins de misérabilisme, Markus Imboden réussit avec réalisme à nous décrire le calvaire de deux adolescents asservis par des paysans rétrogrades victimes de leur médiocrité. Si le film s'avère aussi poignant, immersif et passionnant dans sa peinture sordide allouée aux valeurs familiales, il le doit surtout à la caractérisation convaincante de ces personnages. Les antagonistes réussissant avec sobriété (en dehors du jeu outrancier du pasteur) à véhiculer une humanité déclinante dans leur désoeuvrement engendré par l'alcoolisme et la précarité financière. Enfin, les deux enfants incarnés par Maximilian Simonischek et Lisa Brand forment un duo inévitablement émouvant dans leur désarroi et rancoeur esseulées. Ils nous insufflent avec une innocente pudeur une empathie naturelle par leur jeu dépouillé inscrit dans l'humilité fraternelle.


Superbement photographié au sein d'une nature bucolique verdoyante, l'Enfance Volée est un drame fort et cruel sur l'enfance galvaudée, intelligemment détourné de fioriture et de bons sentiments. La prestance habile des comédiens permettant de nous immerger dans leur existence sordide avec une vérité humaine prédominante. Au final, il s'avère difficile de sortir indemne d'un tel fardeau pour ces enfants compromis à la maltraitance et l'inceste sexuelle. Un constat édifiant auquel 100 000 d'entre eux furent du jour au lendemain destitués de leurs parents pour être placés dans des familles d'accueil miséreuses après la seconde guerre mondiale. Et un hommage humble aux baladins accordéonistes ayant survécu par leur inspiration musicale. Sur ce dernier point, ne vous fiez pas à l'aspect racoleur de son affiche (ainsi que son titre conventionnel). 

30.04.13
Bruno Matéï



jeudi 25 avril 2013

FLASH GORDON

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site mariolikesmovies.com

de Mike Hodges. 1980. U.S.A/Angleterre. 1h51. Avec Sam J. Jones, Melody Anderson, Ornella Muti, Max Von Sydow, Topol, Timothy Dalton, Brian Blessed.

Sortie salles France: 28 Janvier 1981. U.S: 5 Décembre 1980

FILMOGRAPHIE: Mike Hodges est un producteur, réalisateur et scénariste britannique, né le 29 Juillet 1932 à Bristol (Royaume-Uni). 1971: La Loi du Milieu. 1972: Retraite Mortelle. 1974: l'Homme Terminal. 1978: Damien, la malédiction 2 (non crédité). 1980: Flash Gordon. 1985: Les Débiles de l'espace. 1987: L'Irlandais. 1989: Black Rainbow. 1998: Croupier. 2003: Seul la mort peut m'arrêter.


Film culte chez une frange de spectateurs, estampillé "nanar suprême", Flash Gordon est une improbable production de l'intarissable Dino de Laurentiis sous l'égide de Mike Hodges. Un cinéaste inégal à qui l'on doit tout de même un authentique chef-d'oeuvre du polar britannique, La Loi du Milieu. D'après le comic créé par Alex raymond en 1934, Flash Gordon revient sur nos écrans en ce début des années 80 avec cette super production influencée par le phénomène Star Wars. La distribution éclectique composée d'illustres comédiens parmi lesquels Max Von Sidow (hiératique, il EST l'empereur Ming, sadique et impassible !), Ornella Muti (en nympho écervelée) et Timothy Dalton (en prince versatile accoutré d'un pyjama vert !), a de quoi dérouter le spectateur au vu de leur prestance excentrique. Mais la palme de l'acteur le plus incongru en revient à l'inexpressif Sam J. Jones dans la peau du super héros féru de football américain (la partie sportive improvisée sur le temple de Ming est un moment d'anthologie couillu !). Il s'agit ici de son 2è rôle à l'écran puisqu'un an au préalable il avait partagé l'affiche avec la comédienne Bo Derek pour y faire une apparition dans Elle de Blake Edwards. En l'occurrence, il faut avouer que ce piètre acteur fait bien pâle figure pour endosser le rôle majeur de Flash Gordon. Hormis sa silhouette saillante, le jeune comédien au minois bien docile semble complètement dépassé par les évènements au fil de ces déboires avec des E.T insidieux. Par miracle, il réussit pour autant à franchement nous amuser par son jeu cabotin alliant l'esprit pugnace et la bonhomie puérile.


Pour en revenir à l'ovni risible de Mike Hodges, son grand spectacle s'avère une pantalonnade disco (chargé de teintes polychromes !) alternant désarroi, rire grinçant et plaisir coupable. Le scénario impayable est à lui seul une blague de comptoir ! A la suite du crash d'une fusée sur une planète hostile, Flash Gordon et ses comparses vont rencontrer une société d'extra-terrestres régis par un tyran totalitaire. Pour tenter de survivre, ils vont devoir s'allier avec les hommes oiseaux et le prince Barin afin de déjouer les ambitions diaboliques du leader Ming ! Entre les désirs conjugaux de ce dernier pour s'accaparer d'une princesse, les caprices insidieux de sa fille nympho et les querelles jalouses du prince Barin, une guerre se prépare entre les deux clans pour l'avenir de l'humanité ! Pour compenser la vacuité de son scénario, Mike Hodges émaille son intrigue d'un concours d'épreuves mortelles que nos héros doivent entreprendre afin de mesurer leur courage. Enfin, la dernière demi-heure laisse place à un baroud d'honneur intergalactique assez réjouissant dans ses nombreux échanges de tirs au rayon laser. L'action échevelée se résumant à une bataille spatiale auquel l'armée des hommes volants s'est déployée en masse parmi l'entraide de Flash (équipé pour le coup d'un scooter aérien !) afin de réduire en poussière l'empire de Ming.


Surveillez bien les étoiles dans le ciel, un Flash aux cheveux blonds n'est jamais bien loin !
Avec ses dialogues hilarants, ses décors criards en matte painting, ses costumes en paillette au look disco et surtout la complicité amiteuse des comédiens, Flash Gordon côtoie la farce débridée avec une bonne humeur indécrottable. S'il s'agit sans doute d'un des plus ubuesques films de super-héros, la sympathie et la fougue que l'on éprouve au fil de ses aventures rocambolesques nous préserve un sourire de gosse jusqu'au mot "fin" laissé en suspens ! (la suite escomptée n'ayant jamais vu le jour !). Et pour marquer le rythme, le score tonitruant orchestré par le groupe Queen est loin d'être étranger au plaisir coupable procuré !

25.04.13. 4èx
Bruno Matéï


mercredi 24 avril 2013

ANGEL HEART

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site forum.nanarland.com

d'Alan Parker. 1987. U.S.A/Angleterre/Canada. 1h53. Avec Mickey Rourke, Robert De Niro, Lisa Bonet, Charlotte Rampling, Stocker Fontelieu, Brownie McGhee, Michael Higgins.

Sortie salles France: 8 Avril 1987. U.S: 6 Mars 1987

FILMOGRAPHIE: Alan Parker, né Alan William Parker le 14 Février 1944 à Islington, Londres, est un réalisateur, compositeur, scénariste et producteur anglais.
1975: The Evacuees (télé-film). 1976: Bugsy Malone. 1978: Midnight Express. 1980: Fame. 1982: l'Usure du Temps. 1982: Pink Floyd the Wall. 1984: Birdy. 1987: Angel Heart. 1988: Mississippi Burning. 1990: Bienvenue au Paradis. 1991: The Commitments. 1994: Aux bons soins du Dr Kellogg. 1996: Evita. 1999: Les Cendres d'Angela. 2003: La Vie de David Gale.


Thriller occulte imprégné de magie noire par le culte du vaudou, Angel Heart est un voyage au bout des ténèbres auquel Mickey Rourke prête son talent pour endosser le rôle d'un détective privé en perdition.

1955, New-York. Un détective privé est enrôlé par le mystérieux Louis Cyphre. L'objet de son enquête est de retrouver un ancien chanteur, Johnny Favorite, disparu depuis 12 ans après la guerre. Au fil de ses rencontres avec certains témoins, les cadavres s'amoncellent autour de lui !


Pour la première fois de sa carrière, le réalisateur notoire Alan Parker aborde le genre horrifique sous couvert du film noir d'après un roman de William Hjorstsberg. En apportant un soin consciencieux à l'esthétisme crépusculaire d'une photo en clair-obscur, le réalisateur nous immerge dans l'antre tentaculaire d'une cité new-yorkaise avant d'entreprendre son voyage touristique vers l'état de la Louisiane. A partir d'une investigation abstraite menée par un détective scrupuleux, Angel Heart nous illustre sa lente descente aux enfers auquel la rencontre avec des témoins ombrageux va finalement l'amener à reconsidérer sa propre identité. La réalisation formelle et maîtrisée d'Alan Parker atteint un tel degré de perfection qu'une aura maléfique semble planer sur chaque recoin de l'écran. L'atmosphère feutrée qui enveloppe tout le cheminement scabreux du héros nous dirige lentement vers un climat malsain davantage poisseux, à l'image morbide des rituels pratiqués sur les cadavres. Jalonné de visions sanguinolentes et de rêves obsédants, le parcours d'Harry Angel est une introspection mentale, une forme d'hantise diabolique influencée par la culture du vaudou et de la sorcellerie. De manière latente mais avec une intensité toujours plus contraignante, le réalisateur tisse une toile autour de son protagoniste pour mieux le piéger et nous manipuler avant l'issue nihiliste de sa résolution traumatisante.
Motivé par l'indiscrétion afin de débusquer un chanteur énigmatique mais davantage compromis par sa contrariété et les troubles d'une psychose névrotique, Mickey Rourke excelle dans son jeu viscéral à incarner le rôle d'un détective discrédité. Dans celui de Louis Cypher, Robert De Niro lui partage la vedette avec autant de persuasion même si sa discrète présence ne s'impose pas aussi prégnante. Inquiétant dans son élégance mortifère et sa posture de baron aristocrate (ongles acérés à l'appui !), le comédien use de plaisir masochiste à molester son comparse dans un jeu psychique de duperie.


Jusqu'au bout des ténèbres
Oeuvre de pur cauchemar à la beauté opaque ensorcelante, Angel Heart semble avoir été façonné par le diable en personne tant son récit perfide nous achemine vers une effroyable révélation schizophrène. L'intensité toujours plus acerbe de son atmosphère lugubre, l'aura machiavélique qui en émane et l'interprétation transie d'émoi de Mickey Rourke renforcent l'aspect délétère de l'omnipotence du Mal. 

24.04.13. 3èx
Bruno Matéï


mardi 23 avril 2013

LE DERNIER REMPART (The Last Stand)

                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site vivalacinema.superforum.fr

de Kim Jee-Woon. 2013. U.S.A. 1h47. Avec Arnold Schwarzenegger, Forest Whitaker, Eduardo Noriega, Peter Stormare, Rodrigo Santoro, Jaimie Alexander, Zach Gilford, Luis Guzman.

Sortie salles France: 23 Janvier 2013. U.S: 18 Janvier 2013

FILMOGRAPHIE: Kim Jee-Woon est un réalisateur, scénariste et directeur de la photo sud-coréen, né le 6 Juillet 1964 à Séoul.
1998: The Quiet Family, 2000: The Foul King. 2003: Deux Soeurs. 2005: A Bittersweet Life. 2008: Le Bon, la brute et le cinglé. 2010: I saw the devil. 2013: Le Dernier Rempart.


Après plus de 10 ans d'absence, Arnold Schwarzenegger revient sur les écrans dans un rôle majeur de dur à cuir sous la caméra de Kim Jee-Woon. Pur hommage aux séries B d'action des années 80 qui envahissaient nos écrans et nos étagères Vhs, Le Dernier Rempart est un plaisir coupable du samedi soir conçu pour divertir sans modestie.

Afin qu'un dangereux criminel preneur d'otage évite de franchir la frontière mexicaine, un shérif et ses adjoints décide de s'allier pour lui barrer le chemin au sein de leur petite bourgade. 


Actionner bourrin dénué de prétention en assumant pleinement sa fonction de divertissement, le Dernier Rempart s'affiche en western moderne sous l'égide d'un shérif sclérosé délibéré à ne pas se laisser intimider par la pègre d'un leader mafieux. Ca démarre fort avec une spectaculaire évasion high-tech élaborée par les sbires du dangereux repris de justice culminant sa fuite à bord d'un bolide blindé. Alors que la police tente par tous les moyens de le mettre hors d'état de nuire, il réussit haut la main à esquiver les barrages routiers avec l'ingérence d'hommes de mains suréquipés. Mais afin de gagner la frontière mexicaine, il doit emprunter l'itinéraire d'une petite ville du Texas. Dans cette bourgade reculée, le Shérif Owens décide de le cueillir parmi le volontariat d'adjoints débutants. C'est à ce moment propice que le clou du spectacle promu achève son apothéose dans un déluge d'échanges de tirs (sulfateuse à l'appui s'il vous plait !) et d'explosions. Avec l'efficacité d'une réalisation nerveuse décuplant sans répit ses séquences d'action continuellement cinglantes, le Dernier Rempart gagne d'autant plus notre sympathie par la dérision accordée à chaque personnage. Et en priorité vis à vis des adjoints couards du shérif, plutôt indécis à devoir se mesurer contre des malfrats belliqueux, mais davantage engagés dans un élan (suicidaire) de bravoure solidaire. La palme de l'hilarité en revenant à l'ancien trublion maso de Jackass, Johnny Knoxville, ici reconverti en benêt artilleur ! Avec une ferveur délurée, certaines de ses pitreries provoquent facilement le rire par sa démesure héroïque incontrôlée. Dans celui du shérif sexagénaire redresseur de tort, Arnold Schwarzenegger nous revient avec une forme lénifiante beaucoup moins agile pour sa posture stoïque qu'à l'époque de sa notoriété. Raison pour laquelle l'affrontement au corps à corps entamé avec Cortez relève plus du combat de catch que des traditionnelles bastons homériques. Néanmoins, sa présence avenante et sa bonhomie attachante nous émeut d'une certaine manière dans sa volonté de daigner renouer avec la symbolique du héros vaillant.


Nanar survitaminé assumant pleinement son rôle ludique d'actionner décérébré, le Dernier Rempart est une jouissive offrande pour tous les fans du genre. Et en particulier à ceux de la génération 80 qui auront été bercés par les buddy movies et films de guerre post-vietnamiens où leurs héros préférés (Stallone / Schwarzenegger, même combat !) se partageaient l'affiche avec une foi imperturbable. 

23.04.13
Bruno Matéï