vendredi 10 mai 2013

THE PLACE BEYOND THE PINES

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmsfix.com

de Derek Cianfrance. 2012. U.S.A. 2h19. Avec Ryan Gosling, Bradley Cooper, Rose Byrne, Eva Mendes, Ray Liotta, Bruce Greenwood, Dane DeHaan.

Sortie salles France: 20 Mars 2013. U.S: 29 Mars 2013

FILMOGRAPHIE:  Derek Cianfrance est un réalisateur et scénariste américain, né le 23 Janvier 1974.
1998: Brother Tied. 2010: Blue Valentine. 2012: The Place Beyond the Pines. 2014: Chef.


Un an après s'être fait révélé dans Drive, Ryan Goslin se retrouve à nouveau catalogué dans le rôle du "bad boy au grand coeur" dans un polar flamboyant traversé d'éclairs de poésie lyrique. Si l'acteur reprend le personnage qu'il avait incarné dans le polar stylisé de Nicolas Winding Refn, il se révèle ici un peu plus extraverti et beaucoup plus irréfléchi dans son caractère obtus en multipliant les bourdes irréparables. Pourtant, le pitch de départ laisse craindre un film policier conventionnel entièrement bâti sur sa notoriété (un cascadeur paumé décide de braquer des banques pour subvenir à sa famille). Mais The Place beyond the pines s'avère un astucieux simulacre constamment surprenant par la densité d'un scénario impeccablement charpenté. Si les clichés usuels précités pullulent dans sa première partie, le réalisateur réussit à les exploiter avec l'efficacité d'une réalisation circonspecte entièrement vouée à l'étude caractérielle de ses personnages. Scindé en trois parties distinctes, la trame préalablement éculée va donc peu à peu développer une nouvelle intrigue bâtie autour d'un autre personnage éloquent, un flic de routine compromis à une bavure policière. Par la faute de son acte, cette nouvelle entrée en scène de ce personnage équivoque va nous ensuite nous confronter vers un retournement de situation d'une audace inouïe, à tel point que le spectateur dérouté aura du mal à concevoir cette réalité !


C'est véritablement à partir de sa deuxième partie plus intense que le film empreinte une dimension plus inquiétante par son suspense sous-jacent en traitant d'un cas de corruption policière. Là encore, les clichés reprennent du galop dans l'illustration scrupuleuse d'un flic épris de remord, prêt à balancer ses collègues ripoux (on pense à Copland et Serpico) pour se racheter une conscience, et par la même occasion accéder à un poste plus important. Sous ce canevas ressassé mais inexorablement captivant de maîtrise, on se demande tout de même où souhaite nous mener le réalisateur ! Vers la dramaturgie  d'une troisième partie vertigineuse où la fragilité des personnages va prendre un tournant décisive pour leur destin imparti. Ainsi, à travers le sort galvaudé d'un braqueur solitaire sans repères, faute d'un père absent, Derek Cianfrance aborde donc sans fioriture les thèmes de la démission parentale et de la filiation dépendante d'une délinquance juvénile. Des répercussions désastreuses que peuvent subir les enfants quand la lâcheté d'un homme de loi s'est résolu à préserver un odieux mensonge. De cet acte immoral va déboucher le remord, la quête de repentance mais aussi la rancoeur vindicative du point de vue des victimes, leur quête de vérité auquel deux adolescents vont communément devoir s'affronter pour retrouver un semblant de dignité.


Fascinant et incessamment envoûtant, The Place beyond the Pines s'érige en drame humain en démontrant à quel point l'absence parentale, le mensonge et la corruption peuvent véhiculer de lourdes contrariétés, voires des blessures incurables sur la postérité. Réalisé dans un souci de réalisme documenté et magnifiquement dirigé par des comédiens vacillants (Eva Mendes et le jeune Dane DeHaan sont bouleversants de rancoeur meurtrie !), ce polar en trois actes exacerbe toujours un peu plus son cheminement irréversible jusqu'au dénouement irrévocable. Un grand moment de cinéma lyrique porté par la grâce de ces acteurs (le bellâtre Bradley Cooper n'eut jamais été aussi convaincant !) au service d'une narration au cordeau.  

10.05.13
Bruno 


jeudi 9 mai 2013

ED WOOD

                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site alexandrestojkovic.blogspot.com

de Tim Burton. 1994. U.S.A. 2h06. Avec Johnny Depp, Martin Landau, Patricia Arquette, Sarah Jessica Parker, Bill Murray, Jeffrey Jones, Lisa Marie.

Sortie salles France: 21 Juin 1995. U.S: 28 Septembre 1994

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie.
1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie.


Edward D. Wood Jr continua le combat à Hollywood, mais le succès ne cessa de lui échapper. Après un lent naufrage dans l'alcool et des films d'horreur "dénudés", il mourut d'un crise cardiaque en 1978. Il avait 54 ans. 
Deux ans après, il fut sacré "plus mauvais réalisateur de tous les temps", ce qui lui valut la reconnaissance internationale. Depuis, des cinéphiles du monde entier lui vouent un culte. 

Voici mon hommage...

Eloge à l'industrie du cinéma Z à travers un réalisateur en herbe, Ed Wood relate la biographie d'un personnage hors normes, considéré comme le cinéaste le plus mauvais de tous les temps. En alternant drôlerie et émotion, le film déclare également une révérence à l'un des grands acteurs du cinéma d'épouvante (Bela Lugosi, transcendé ici par la prestance du vétéran Martin Landau !). Dans une superbe photo monochrome, Tim Burton nous retrace le parcours improbable d'un artiste du cinéma transi de volonté pour sa passion du cinéma. Avec une équipe d'accessoiristes et d'acteurs au rabais, ce réalisateur excentrique (il se travestissait parfois en femme durant ses tournages !) n'aura de cesse d'user d'impertinence et de boniment afin de convaincre n'importe quel producteur à sa portée que son futur projet sera voué à la notoriété. Fasciné par l'oeuvre emblématique d'Orson Welles baptisée   Citizen Kane, Edward D. Wood Jr se persuada qu'il possédait le talent inné pour façonner des oeuvres aussi substantielles par l'entremise du cinéma de genre. Mais surtout, l'amour sincère qu'il allouait à l'acteur hongrois Bela Lugosi était si digne qu'il réussit à convaincre ce dernier d'incarner des rôles de faire-valoir dans ces oeuvrettes les plus saugrenues. C'est d'ailleurs avec Plan Nine from outer space (financé par l'église catholique !), qu'Edward D. Wood parvint à accéder à la postérité. 


Avec une humble humanité, Tim Burton délivre notamment un poignant hommage à un illustre comédien immortalisé par son rôle vampirique mais malencontreusement réduit à l'indifférence vers la fin de sa carrière. Dépendant de la morphine et réduit à la solitude depuis le décès de son épouse, Bela Lugosi traîne ici sa silhouette sous l'apparence du comédien Martin Landau. Littéralement habité par son entité, l'acteur insuffle avec une émotion élégiaque le portrait déclinant d'une légende sclérosée. Une ancienne célébrité isolée du monde extérieur et réfugiée dans ses souvenirs populaires, hanté à jamais par son incarnation de Dracula. Sa relation amicale qu'il finit par entretenir avec Ed Wood  nous émeut par leur complicité mais aussi leur tendresse commune impartie à la chimère de la caméra ! Dans le rôle d'Ed Wood, Johnny Depp véhicule une spontanéité pleine d'extravagance pour retranscrire les états d'âme d'un luron amateur émerveillé par l'omnipotence du cinéma ! Avec des moyens techniques dérisoires et une équipe de seconds rôles non professionnels, ce personnage facétieux usa de constance dans ces audaces, mensonges et subterfuges pour parvenir à ses fins et filmer coûte que coûte les plus improbables divagations ! 


Transcendé par la prestance de comédiens férus de naturel et d'enthousiasme, Ed Wood condense la  flamboyante biographie d'un baladin entièrement voué à sa passion de cinéphage. Car en dehors du portrait alloué à une autre légende du cinéma de genre, ces deux témoignages engendrent un vibrant hommage à tous ces artisans discrédités de leur précarité mais pour autant transis d'amour pour leur foi au 7è art. Depuis ses travaux, Ed Wood, le personnage, est devenu l'emblème du nanar débridé à la poésie nonsensique ! Cette ultime déclaration d'amour aux séries Z se clôturant sur un bouleversant mémorial à tous ces quidams laissés dans l'ombre des projecteurs.

09.05.13. 2èx
Bruno Matéï

Récompenses: Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle pour Martin Landau
Meilleurs Maquillage pour Rick Baker, Ve Neill et Yolanda Toussieng
Golden Globes du Meilleur acteur dans un second rôle pour Martin Landau
Saturn Awards du Meilleur Acteur pour Martin Landau, Meilleure Musique pour Howard Shore
Screen Actors Guild Award: Meilleur Acteur dans un second rôle pour Martin Landau
NSFC Awards: Meilleur Acteur dans un second rôle pour Martin Landau, Meilleure Photographie pour Stefan Czapsky.

mercredi 8 mai 2013

THE PROPOSITION. Grand Prix du Jury, Valenciennes, 2009

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site forum.westernmovies.fr

de John Hilcoat. 2005. Australie/Angleterre. 1h44. Avec Richard Wilson, Noah Taylor, Guy Pearce, Jeremy Madrona, Jae Mamuyac, Mick Roughan, Shane Watt.

Sortie salles France: 16 Décembre 2009

Récompenses: Festival International de Valenciennes: Grand Prix du Jury
Australian Film Institute: Meilleure Photographie (Benoît Delhomme), Meilleurs Costumes (Margot Wilson), Meilleure Musique originale ( Nick Cave, Warren Ellis), Meilleure Production
Australia Film Critics: Meilleure Photographie (Benoît Delhomme), Meilleure Musique originale (Nick Cave, Warren Ellis).
Chlotrudis Awards: Meilleur Scénario (Nick Cave)
Inside Film Awards (IF Awards): Meilleure Photographie (Benoît Delhomme), Meilleur Film, Meilleure Musique (Nick Caven Warren Ellis), Meilleure Production
San Diego Film Critics: Meilleur Second rôle (Ray Winstone)  
Festival de Venise: Prix Gucci du Meilleur scénario (Nick Cave)

FILMOGRAPHIE: John Hilcoat est un cinéaste australien, né en 1961 au Queensland. 
1988 : Ghosts... of the Civil Dead. 1996 : To Have and to Hold. 2005 : The Proposition. 2009 : La Route (The Road). 2012 : Des hommes sans loi (Lawless).


Avant de se faire connaître auprès du public avec son odyssée post-apo, la Route, John Hilcoat réalisa 4 ans plus tôt un western crépusculaire imprégné de poésie métaphysique. Transcendé de la prestance de ces antagonistes vénaux, The Proposition retrace le cheminement funeste du gang des frères Burns ainsi que la quête rédemptrice du capitaine Stanley, un homme de loi contrarié par son éthique judiciable. Le pitchA la fin du 19è siècle, dans l'état australien, les frères Mickey et Charlie Burns sont capturés par les hommes de main du capitaine Stanley. Afin de retrouver la trace d'Arthur Burns, le troisième frère responsable de viol et assassinats, Stanley leur propose une transaction. 9 jours durant, Charlie aura l'opportunité de se lancer à sa recherche pour le tuer en échange de sa liberté et celle de Mickey. 



Western laconique à l'ambiance mystique lancinante, The Proposition est un chemin de croix, et plus explicitement une plongée introspective dans les méandres opaques de la nature humaine. Car à travers le portrait d'anti-héros pervertis par leur animosité mais contrariés par les répercussions, John Hilcoat  nous entraîne dans leur dérive putassière au sein d'une société raciste en perdition. Si bien qu'ici, tous les hommes de loi se vautrent dans une violence permissive auprès des esclaves noirs alors que les hors la loi continuent leurs exactions sanguinaires par arrogance vindicative mais aussi accoutumance. Cette complaisance gratuite de crimes, sévices et flagellations débouchant sur une remise en question morale afin d'éveiller les consciences. Celle d'un peuple subitement lucide que la sentence barbare n'est qu'une débauche insupportable. Celle de Charlie, gangster indécis rongé par la culpabilité d'avoir entraîné vers la mort l'innocence de son frère cadet ainsi que l'influence nuisible que l'aîné autoritaire ait pu leur procréer. Et enfin celle de Stanley, mari fidèle et attentionné pour la candeur de son épouse (elle ne sait rien de sa justice expéditive) mais officier meurtri, davantage conscient de sa déchéance primitive, si bien que cette violence laxiste le mènera vers une déroute irréversible.


Le gang des Frères Burns
Magnifiquement photographié sous une nature solaire pleine de lyrisme (elle n'a de cesse de questionner l'être humain !) et superbement interprété par des comédiens aux trognes contractées, ce western ardu nous établit le constat impitoyable d'une société animale compromise par une justice discriminatoire. Réflexion sur la gangrène de la violence dont l'être humain ayant osé s'y fourvoyer en est sévèrement châtié, The Proposition est un électro-choc d'une intensité si acerbe qu'il est difficile d'en sortir indemne. L'un des westerns les plus rugueux jamais réalisés (la séquence de flagellation est franchement insupportable et hante les mémoires bien au delà de la projection !) mais un poème existentiel sur le sens de l'éthique et la quête de rédemption. 

08.05.13
Bruno Matéï


mardi 7 mai 2013

EVIL-DEAD 3, L'ARMEE DES TENEBRES (Evil-dead 3, Army of Darkness).

                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site holypapershit.wordpress.com

de Sam Raimi. 1992. U.S.A. 1h36. Avec Bruce Campbell, Embeth Davidtz, Marcus Gilbert, Ian Abercrombie, Richard Grove.

Sortie salles France: 5 Janvier 1994. U.S: 19 Février 1993

Récompenses: Corbeau d'Or au Festival du film fantastique de Bruxelles, 1993
Prix de la Critique au Festival Fantasporto, 1993
Saturn Award du meilleur film d'horreur, 1994

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis.
1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


Troisième volet de la saga Evil-dead, l'Armée des Ténèbres rempile pour un nouveau délire horrifique privilégiant cette fois-ci l'action homérique et l'aventure mythologique. Hommage au maître du stop motion Ray Harryhausen (à travers l'armée de squelettes livrant une bataille insensée), et témoignage au gothisme transalpin (la séquence crépusculaire du moulin puis celle du cimetière), Evil-dead 3 déborde d'énergie et d'idées retorses (FX calibrés à l'appui !) pour nous transporter au sein d'une épopée chevaleresque.

Alors que Ash se retrouve catapulté en l'an 1300 par une force démoniaque, il est fait prisonnier par les chevaliers du roi Arthur. Afin de retrouver sa liberté et retourner dans son époque, il doit retrouver le fameux nécronomicon sous l'allégeance d'un illustre sorcier. Malencontreusement, en récitant la mauvaise formule incantatoire, Ash va libérer une armée de démons et provoquer une bataille médiévale avec les mortels.


Si Evil-dead 2 s'était déjà reconverti vers un délire cartoonesque impayable en évacuant la facture effrayante de son modèle, Sam Raimi pousse ici le bouchon encore plus loin dans son esprit grotesque   et le nouveau genre auquel il décide de s'adonner. Celui de l'aventure médiévale à connotation fantastique puisque le roi Arthur et son armée sont asservis par les forces démoniaques du nécronomicon (le livre des morts). Avec la coopération d'un héros versatile venu du futur, ceux-ci vont devoir livrer une intense bataille contre l'armée des démons. Mais avant cette offensive escomptée, Sam Raimi s'emploie avec un plaisir ostensible de martyriser son héros dans une multitude de déconvenues burlesques souvent confinés dans des lieux clos (le gouffre d'un puits, l'abri d'un moulin et la colline d'un cimetière). Armé de prime abord d'une tronçonneuse puis remplacé ensuite d'une main d'acier, Bruce Campbell s'iconise en nouveau héros des temps modernes, un guerrier futuriste aussi couard et maladroit, que vaillant et téméraire ! Dans un jeu de mimétisme beaucoup plus démentiel que les précédents opus, l'acteur se livre à un festival de pitreries et incarne de façon outrée un héros plutôt égoïste, voir notamment masochiste dans ses tentatives de se débattre de démons railleurs toujours aussi entêtés (les incubes du puits, les lilliputiens enfantés par Ash, les squelettes recrutés par un zombie putréfié).


Si la bataille finale, particulièrement épique et spectaculaire, manque toutefois d'une certaine intensité émotionnelle, et que l'horreur attractive s'avère ici plus en retrait, l'Armée des Ténèbres s'impose en spectacle trépident transcendé par la mise en scène foisonnante d'un cinéaste roublard. Enfin, la présence iconique de Bruce Campbell en posture conquérante doit également beaucoup au caractère fantaisiste de cette odyssée médiévale. 

A Ray Harryhausen (qui vient de nous quitter à l'âge de 92 ans).

07.05.13
Bruno Matéï


lundi 6 mai 2013

DICK TRACY

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site movies.film-cine.com

de Warren Beatty. 1990. U.S.A. 1h45. Avec Warren Beatty, Al Pacino, Charlie Korsmo, Glenne Headly, Madonna, Dustin Hoffman, William Forsythe, Ed O'Ross, Charles Durning, Seymour Cassel, Mandy Patinkin, R.G. Armstrong, James Tolkan, Henry Silva, James Caan, Paul Sorvino, Estelle Parsons.

Récompenses: Oscar du meilleur maquillage pour John Caglione Jr et Doug Drexler
Oscar de la meilleure direction artistique pour Richard Sylbert et Rick Simpson pour les décors
Oscar de la meilleure chanson originale pour Soony or Later de Stephen Sondheim.

Sortie Salles: 15 Juin 1990

FILMOGRAPHIE: Warren Beatty est un acteur, producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 30 Mars 1937 à Richmond, Virginie.
1978: Le Ciel peut attendre. 1981: Reds. 1990: Dick Tracy. 1998: Bulworth


Pour sa troisième réalisation, l'acteur Warren Beatty décide de rendre hommage à une célèbre bande dessinée crée par Chester Gould en 1931. Avec une distribution prestigieuse réunissant Al Pacino, Dustin Hoffman, Warren Beatty himself (très à l'aise dans ces 2 postes !), la chanteuse Madonna et un florilège de seconds-rôles rendus méconnaissables sous leur maquillage, Dick Tracy est une aventure clinquante transcendée par leur extravagance. Situé à l'époque des années 30, le film illustre les aventures du détective Dick Tracy contraint de déjouer les ambitions cupides d'un mafioso mégalo, Big Boy. Un soir, il découvre par hasard l'existence miséreuse d'un enfant maltraité et décide de lui porter secours. Ensemble, ils vont finalement s'unifier et user de stratagème pour mettre un terme aux agissements mafieux de la pègre. Mais alors que Dick est secrètement amoureux de sa fidèle amie Tess, ses sentiments vont bientôt être contrariés par le désespoir d'une chanteuse de bar, Breathless Mahoney. Asservie par l'autorité du gangster Big Boy, elle aspire à trouver une vie plus épanouie sous l'égide de notre illustre détective.


Si le scénario orthodoxe n'apporte finalement que peu de surprises (en dehors du suspense entretenu pour démasquer l'énigmatique justicier sans visage), ce divertissement rondement mené se distingue notamment par l'humanité de ses personnages. En priorité pour le trio attendrissant formé par Dick, Tess et le bambin, le Kid ! (dans son rôle infantile, Charlie Korsmo s'avère épatant de naturel !).
Sous couvert d'un film d'action visuellement cartoonesque et la présence interlope d'antagonistes au physique buriné (Al Pacino est quasi méconnaissable dans la peau de Big Boy !) ou difforme (le marmoneux, tête plâte), Dick Tracy préconise la romance candide. Le réalisateur accordant une belle importance à dépeindre avec pudeur la relation timorée du détective pour sa jeune amie solitaire. En prime, son rapport indécis avec la chanteuse Breathless et l'attitude paternelle qu'il va peu à peu engendrer avec le Kid nous illustrent bien sa quête intrinsèque du bonheur conjugal.
En dehors de séquences d'action parfois spectaculaires et fertiles en subterfuges, l'aventure s'alloue par ailleurs d'un humour espiègle dans ses situations débridées (l'interrogatoire avec le marmoneux) et dans la verve de dialogues ciselés. Le soin apporté au design des décors (naturels ou en matte painting), à la photographie flamboyante, à la musique orchestrale de Danny Elfman mais aussi aux chansons élégiaques d'une Madonna aigrie exacerbent l'élégance formelle d'une réalisation inspirée.


Sous une photographie rutilante saturée de teintes polychromes, de manière à mettre en exergue son esprit BD, Dick Tracy insuffle un charme irrésistible dans ces aventures attrayantes et fait la part belle aux sentiments nobles dans son alliage d'action, d'aventures, d'humour et de romance. Pétillant et plein de fraîcheur !

05.05.13
Bruno Matéï

vendredi 3 mai 2013

Evil-Dead 2013


                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site aiguisemoica.blogspot.com

de Fede Alvarez. 2013. U.S.A. 1h36 (uncut version). Avec Jane Levy, Shiloh Fernandez, Jessica Lucas, Lou Taylor Pucci, Elizabeth Blackmore.

Sortie salles France: 1er Mai 2013. U.S: 5 Avril 2013

FILMOGRAPHIE: Fede Alvarez est un réalisateur uruguayen, né le 9 Février 1978 à Montevideo.
2009: Ataque de Panico (court-métrage). 2013: Evil-Dead. 


Une ambiance maléfique aussi vénéneuse que sournoise sous le pilier d'une descente aux enfers à l'automutilation.
Attendu comme le messie autant que craint par les fans irréductibles de son modèle, Evil-Dead, le remake, attisa notre curiosité à la vue de ses trailers hargneux particulièrement percutants. Mais n'y allons pas par quatre chemin en avouant fissa que ce remake tient d'un cadeau inespéré. De prime abord, on peut louer l'intégrité du réalisateur d'avoir conçu un film d'horreur premier degré nanti d'une véritable ambiance horrifique à l'ancienne. C'est à dire sans esbroufe gratuite ni humour potache mais en y prônant inquiétude/appréhension auprès de son sentiment d'insécurité palpable puis de la folie furieuse tout en respectant avec humble intelligence l'essence de son modèle. Certains ont reproché le manque de densité des personnages alors que son ancêtre était déjà desservi d'une interprétation superficielle (même la présence iconique de Bruce Campbell était largement perfectible). Alors qu'ici, la prestance saillante de Jane Levy provoque autant d'empathie que d'appréhension dans son rôle chétif de toxicomane en proie à la paranoïa et à la démence. Une jeune fille en perte de repères contrainte de se sevrer en s'exilant au fond d'une cabane parmi l'assistance de ses proches alors que le Mal est sur le point de l'alpaguer pour l'habiter. Cette idée astucieuse allouée à l'addiction mais aussi à la fraternité familiale (modestement développée pour les rapports dysfonctionnels entre le frère et la soeur en porte-à-faux de survie) permet de renforcer la caractère crédule des situations dramatico-morbides (ses crises de délires proviennent t'elles de ses états de manque s'interrogeront dans un 1er temps ses camarades ?) si bien que ceux-ci, d'un commun accord, la forceront à se confiner dans la cabane. Le problème, c'est que Mia vient tout juste de se faire violer dans les bois par une entité diabolique et que donc le Mal s'est déjà infiltré dans leur bicoque.


Ainsi, le sérieux à laquelle Fede Alvarez nous narre son récit nous implique ostensiblement dans le désarroi de Mia, surtout qu'une tension permanente ira crescendo durant sa dégénérescence maléfique. Ensuite (et comme j'aurais pu le craindre), le film ne joue pas la carte du vulgaire copié-collé en repompant systématiquement les séquences anthologiques de l'oeuvre furibonde de Raimi. L'utilisation substantielle du fameux grimoire en est un exemple probant. Car à travers son mode d'emploi, tous les évènements meurtriers qui ébranlent nos protagonistes émanent de ses consignes spécifiques que l'un des héros aura la déveine d'invoquer. Evil-dead new look créé donc la surprise, la stupeur tout en invoquant une panique éprouvante à la vue de ces implacables séquences chocs d'une indéniable efficacité viscérale de par son réalisme hardcore. Jalonné de clins d'oeil respectueux à son archétype (notamment l'utilisation judicieuse de bruitages et de sa musique ombrageuse faisant souvent écho à son homologue) et d'idées retorses (les diverses mutilations que les victimes possédées s'infligent), Fede Alvarez exploite nombre de scènes gores couillues parmi l'intensité d'une explosion de violence en roue libre. Et ce en nous entraînant par la main dans un cauchemar exponentiel si bien que les évènements à la dramaturgie escarpée ne font qu'accroître sa terreur brutale pour le sort imparti aux victimes impuissantes auquel nous nous étions (gentiment) attachées. En outre, si l'humour noir s'avère ici beaucoup moins prononcé et railleur, la verve des dialogues proférée par nos démons renvoie parfois aux infamies putassières de la petite Regan de l'Exorciste.


Mené sur rythme davantage effréné, formellement rubigineux et inventif dans son souci du détail, viscéralement gore, cruel et intense à travers cette impitoyable épreuve de force qu'amorcent nos protagonistes ballotés tous azimuts, Evil-dead nous plaque au siège dans son tour de montagne russe confectionné avec savoir-faire. Hargneux, anxiogène (ambiance démoniale perceptible), parfois terrifiant et cruel, il ne fait que rendre honneur à son ancêtre avec une dignité et une maîtrise (étonnamment) convaincantes de la part du réalisateur en herbe. Et si le paysage horrifique était déclinant en 2012, Evil-dead lui redore le blason si bien que la nouvelle génération devrait probablement à son tour lui vouer un culte. Car une fois n'est pas coutûme de se retrouver face à un "vrai" film d'horreur à l'ancienne par son acuité de fascination qu'il parvient à cultiver dans un sérieux contracte.

*Bruno

La critique de Gilles Rollandhttp://www.onrembobine.fr/critiques/critique-evil-dead-2013

La critique d'Evil-dead, version 1981: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/05/evil-dead-evil-dead.html

04.05.13
16.01.17
24.04.23

Dark Skies

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site bloody-disgusting.com

de Scott Charles Stewart. 2013. U.S.A. 1h37. Avec Keri Russell, Dakota Goyo, Josh Hamilton, Annie Thurman, Alyvia Alyn Lind, Trevor St. John.

Sortie salles France: 26 Juin 2013. U.S: 22 Février 2013

FILMOGRAPHIE: Scott Charles Stewart est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste américain.
2009: Legion. 2011: Priest. 2013: Dark Skies



Réalisateur des produits aseptiques Legion et PriestScott Charles Stewart avait de quoi laisser dubitatif le cinéphile averti à la vue de son 3è long-métrage. Mais par je ne sais quel miracle, Dark Skies est une bonne série B du samedi soir qu'on aurait tort d'occulter ! Oubliez donc l'affiche et son titre formatés et tentez l'expérience ludique, aussi modeste soit-elle ! Car en empruntant le schéma classique du film de hantise exploité sous un contexte d'anticipation, Scott Stewart nous emballe un film d'angoisse efficace et plutôt retors dans sa topographie. De prime abord, les protagonistes s'avèrent crédibles pour la caractérisation d'une famille unie, rapidement témoin d'évènements aussi troubles qu'inquiétants au sein de leur foyer. Des objets et divers ustensiles demeurant empilés les uns sur les autres en rangée verticale sur la table de cuisine. Les enfants sont perturbés durant leur sommeil par une étrange présence alors que leurs parents sont confrontés à diverses hallucinations sous l'emprise du somnambulisme. Ainsi, sur un rythme continu, le réalisateur continuera d'exploiter nombre d'incidents inexpliqués afin d'entretenir l'anxiété (tels ses stigmates retrouvés sur le corps des bambins !) mais aussi insuffler une notion de suspense latent. 


Trouble et inquiétant, Dark Skies nous évoque donc essentiellement une conspiration extra-terrestre régie sous le mode du kidnapping. Mais la manière dont le réalisateur nous amène cette idée éculée s'avère efficiente et convaincante de par sa persuasion d'y provoquer la peur d'une hostilité venue d'ailleurs. Qui plus est, la sobriété des protagonistes provoque l'empathie à travers leur désarroi esseulé (ils sont suspectés de mauvais traitements sur leurs enfants), contraints par ailleurs d'ignorer l'aide infructueuse de la police. Néanmoins, ses parents démunis trouveront le soutien auprès d'un expert en affaires d'enlèvements extra-terrestres. Le film réussit donc par l'appui de sa compétence à nous convaincre de leur existence tout en nous interrogeant sur la thèse des ovnis. En l'occurrence, des aliens pernicieux installés sur notre globe depuis des décennies pour une raison bien spécifique. Sur ce point, le dernier quart d'heure particulièrement cinglant cultive de la tension pour leur apparition escomptée ainsi que la destinée précaire de cette famille, d'autant plus que le réalisateur s'est appliqué à réfuter le "happy-end".


Mené sur un rythme sans faille et convaincant dans sa démarche de nous questionner sur l'existence des E.T, Dark Skies est une habile surprise où l'inquiétude demeure omniprésente. Efficacement angoissant (notamment la 1ère apparition du "gris" et le point d'orgue assez couillu pour sa radicalité dramatique), cette série B possède enfin l'atout crédule de comédiens attachants (et ce jusqu'aux seconds rôles infantiles). 

Eric Binford
29.11.21
03.05.13