vendredi 12 avril 2013

La Septième Prophétie (The Seventh Sign)

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site listal.com

de Carl Schultz. 1988. U.S.A. 1h37. Avec Demi Moore, Michael Biehn, Jürgen Prochnow, Peter Friedman, Manny Jacobs.

Sortie salles France: 28 Novembre 1988

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Carl Schultz est un réalisateur américain, né le 19 Septembre 1939 à Budapest (Hongrie). 1977: The Tichborne Affair (télé-film). 1978: Blue Fin. 1987: Bullseye. 1987: Travelling North. 1988: La Septième Prophétie. 1989: Cassidy (télé-film). 1991: La Traversée de l'enfer. 1992: Les Aventures du jeune Indiana Jones (série TV). 1993: Curacao (télé-film). 1997: l'Amour en embuscade (télé-film). 1999: l'Homme qui parlait aux lions.


..."Ce film est une métamorphose, un message sur la nécessité d'avoir confiance en l'homme, sur notre fragilité également, notre planète pourrait disparaître, nous devrions aujourd'hui sérieusement nous en soucier, selon moi, ce message est important"...  Paul R. GURIAN (producteur exécutif)

Dans l'univers ludique du cinéma de genre, il arrive parfois que certaines séries B sombrent dans l'oubli alors que tout fut soigneusement mis en oeuvre pour interpeller les cinéphiles les plus aguerris. La Septième Prophétie fait indubitablement partie de cette cible de métrage préalablement vouée à respecter le genre (et donc son public) avec une foi inébranlable. Car élaboré par un réalisateur méconnu et incarné par des comédiens en ascension (Demi Moore, Michael Biehn, Jürgen Prochnow), cette déclinaison inspirée de la Malédiction surprend par sa véracité à tenter de nous convaincre que l'apocalypse est à (nouveau à) son avènement ! Le pitch: Alors que Abby et Russel forment un couple harmonieux, l'arrivée d'un étrange locataire remet en cause la naissance de leur future progéniture. Pour cause, selon une sombre prophétie de la bible, le bébé d'Abby serait un enfant sans âme destiné à provoquer la fin du monde. Dans la lignée des films satanistes inspirés des versets de la bible, La 7è Prophétie nous refait le coup de la "malédiction" avec ses prédictions catastrophistes si bien que notre environnement écologique subira nombre de dérèglements climatiques avant le fameux jugement dernier. 


Et si la première demi-heure  inquiétante et soigneusement imagée inspire un léger sentiment de déjà vu, la maîtrise de la mise en scène ainsi que sa structure narrative nous persuadent déjà de son potentiel d'efficacité. Le spectateur s'identifiant au désarroi progressif d'une future mère de famille, toujours plus contrariée face aux allégations prémonitoires d'un clandestin divin. Il faut d'ailleurs louer la sobre prestance de notre juvénile Demi Moore, incarnant avec une candeur fragilisée le rôle d'une épouse meurtrie. Sa dimension humaine nous insufflant une réelle empathie au point d'y authentifier l'intrigue, sans compter l'importance universelle de son dilemme moral particulièrement poignant. Dans celui du messager de dieu, Jürgen Prochnow (la Forteresse Noire) dégage une troublante personnalité dans son discours fanatique inspiré de la colère de Dieu, et ce en nous interrogeant de façon suspicieuse sur sa véritable motivation. Un peu plus en retrait mais toutefois irréprochable, Michael Biehn endosse la fonction d'un époux en retenue non exempt de conviction. Alors que l'exercice de sa profession d'avocat jouera un rôle déterminant pour le sort d'un condamné à mort affilié à la destinée de notre monde. Et si La 7è prophétie s'alloue d'une mise en scène inspirée, d'un scénario solide et d'une interprétation probante (jusque dans les seconds rôles, tel cet étudiant juif prêtant main forte à Abby), il faut également reconnaître la densité de son suspense progressif toujours plus vertigineux quant aux enjeux alarmistes des protagonistes culminant vers un épilogue bouleversant.


Sans faire preuve d'esbroufe et encore moins de violence racoleuse, Carl Schultz entreprend avec la 7è Prophétie une oeuvre fantastique éthérée imprégnée de mysticisme, d'émotion fragile et d'étrangeté diffuse. Et ce en dépit du caractère spectaculaire de son point d'orgue pourvu d'effets spéciaux impressionnants (le cataclysme régi au sein de l'hôpital). A l'instar de la Malédiction de Richard Donner, ce divertissement aussi retors qu'intelligent puise sa force émotionnelle dans sa véracité narrative à nous convaincre que l'apocalypse est sur le point d'éclore sous la mainmise d'une mère déchue ! Une perle des années 80 à revoir absolument d'autant plus qu'il parvient à surprendre jusqu'à l'ultime minute alarmiste. 

*Eric Binford
10.02.22. 4èx
12.04.13. 




jeudi 11 avril 2013

AMERICAN MARY

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site horror-movies.ca

de Jen Soska et Sylvia Soska. 2012. Canada. 1h42. Avec Katharine Isabelle, Antonio Cupo, Tristan Risk, David Lovgren, Paula Lindberg, Clay St. Thomas.

FILMOGRAPHIE: American Mary est le premier long-métrage des soeurs Soska.


R.A.S

mercredi 10 avril 2013

Driver / The Driver

                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site forum.plan-sequence.com

de Walter Hill. 1978. U.S.A. 1h31. Avec Ryan O'Neal, Isabelle Adjani, Bruce Dern, Ronee Blakley, Matt Clark, Felice Orlandi.

Sortie salles France: 23 Août 1978. U.S: 28 Juillet 1978

FILMOGRAPHIE: Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis). 1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver,1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule,1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs,1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV).


Bien avant le succès inattendu de Drive et la révélation Ryan Gosling, Walter Hill réalisa en 1978 un western urbain insolite avec comme antagoniste principal, un chauffeur aussi taiseux, conducteur infaillible de braqueurs de casino (et de banque !). Honteusement occulté mais enfin commercialisé en BR et 4K en ce Décembre 2022, ce polar dense magnifiquement interprété par le bellâtre Ryan O'Neal (à contre emploi de sa docile physionomie !) est une véritable perle noire d'une intensité acérée. Pour l'anecdote singulière, aucun protagoniste du film ne possède un quelconque patronyme ! Les personnages évolutifs se prénommant le "chauffeur", la "joueuse", le "détective" et le "contact" ! Quant à sa trame, limpide mais redoutablement solide et truffée de rebondissements retors, elle se résume à une traque incessante entre un chauffeur inébranlable et un flic bourru au sein d'une métropole crépusculaire magnifiquement éclairée de néons verts/bleus. Délibéré à mettre en cabane ce mastard de la conduite, le détective négocie la manigance d'un énième braquage de banque avec la complicité d'un gangster minable. Au préalable, une mystérieuse femme adepte des jeux de casino sauva la mise du conducteur pour feindre un alibi après avoir été témoin du braquage. Pendant que le détective reste sur le qui-vive, une étrange relation équivoque se noue entre le couple.


Driver démarre sur les chapeaux de roue avec une séquence vertigineuse de poursuite automobile remarquablement coordonnée par un réalisateur extrêmement tatillon. Dans les rues nocturnes de New-York, une armada de véhicules de police est lancée à vive allure afin d'appréhender le fameux conducteur. Ce prologue incisif au montage incroyablement fluide est l'entrée en matière d'un western urbain transcendant le portrait d'un anti-héros taciturne (Ryan O'Neal est littéralement habité par sa prestance austère), pourchassé par un flicard rancunier. Walter Hill organisant leur confrontation à l'instar d'un jeu de compétition auquel le scénario charpenté multipliera trafalgars et revirements. Ainsi donc, dans une ambiance de film noir à la fois moderne et typiquement Seventie, Driver exploite à merveille le cadre tentaculaire d'un New-York ténébreux dont flics et gangsters semblent dominer la ville pour l'enjeu cupide d'une mallette. D'une efficacité redoutable de par son cheminement narratif jalonné de deux poursuites automobiles que l'on peut qualifier sans rougir d'anthologiques, le réalisateur en profite d'y esquisser le portrait subversif de trois antagonistes à la fois teigneux et réfléchis. Celui d'un détective cynique auquel Bruce Dern endosse son rôle perfide avec une hargne opiniâtre (non exempt de dérision). Celle d'une joueuse (génialement) mutique qu'Isabelle Adjani entretient avec un charme trouble, pour ne pas dire étrangement félin. Et enfin celui du fameux chauffeur de voiture, casse-cou stoïque que Ryan O'Neal transcende avec une stature hautaine impassible ! Georges Miller s'en est d'ailleurs peut-être inspiré pour mettre en exergue la pugnacité suicidaire du personnage de Max !


Saturé du charisme viril d'un trio d'antagonistes retors éclatant l'écran à chacune de leurs apparitions et mis en scène avec rigueur technique et formelle sous l'impulsion d'une bande-son ombrageuse, Driver s'impose sans ambages en modèle du film d'action, western urbain à la photogénie crépusculaire électrisante. En d'autres termes, un divertissement adulte (notamment auprès de ses âpres éclairs de violence que l'on ne voit jamais venir) d'une classe royale. Et c'est à revoir de toute urgence, qui plus est du fait de son extrême rareté inexplicablement injustifiée (j'insiste). 

En France, il atteint la 33e place du box-office annuel 1 102 183 entrées

*Bruno

Pour rappel, chronique de sa déclinaison: http://brunomatei.blogspot.fr/2011/12/drive-prix-de-la-mise-en-scene-cannes.html

10.04.13. 
08.12.22. 4èx. Vost


 

mardi 9 avril 2013

HIGHLANDER


                   
                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

de Russel Mulcahy. 1986. U.S.A/Angleterre. 1h55 (version européenne). Avec Christophe Lambert, Sean Connery, Roxanne Hart, Clancy Brown, Beatie Edney, Alan North, Jon Polito.

Sortie salles France: 26 Mars 1986. U.S: 7 mars 1986. Angleterre: 29 Août 1986.

FILMOGRAPHIE: Russel Mulcahy est un réalisateur australien, né le 23 Juin 1953 à Melbourne, dans l'état de Victoria. 1979: Derek and clive get the horn. 1984: Razorback. 1985: Arena. 1986: Highlander. 1991: Highlander 2. 1991: Ricochet. 1992: Blue Ice. 1993: l'Affaire Karen McCoy. 1994: The Shadow. 1996: Tireur en péril. 1998: La malédiction de la Momie. 1999: Resurrection. 2003: Swimming Upstream. 2007: Resident Evil: Extinction. 2008: Le Rois Scorpion 2. 2009: Fais leur vivre l'enfer, Malone !


Flop commercial aux States alors qu'en France il cumule pas moins de 4 141 203 entrées, Highlander aura tout de même engendré des suites mercantiles régressives (séries TV en sus !) comparées à l'oeuvre charnière de Russel Mulcahy. Avec le talent virtuose d'un jeune réalisateur novateur, cette grande fresque furibonde combine le genre fantastique puis l'action trépidante avec une singularité extravagante. Erigé sur la thématique de l'immortalité, Highlander nous illustre non sans lyrisme la destinée d'un guerrier écossais, Connor Mc Leod. Condamné à vivre éternellement, il doit cependant faire face à son plus terrible rival, le chevalier noir Kurgan. Dans leur tradition, seul le dernier immortel victorieux peut remporter le "prix" à la fin du combat. Seulement, la décapitation est le seul moyen d'annihiler l'adversaire. Traqués depuis des siècles, les deux hommes s'engagent dans une lutte sans merci en plein New-York contemporain. Dans un habile montage soucieux de créativité, Russel Mulcahy nous confronte à deux univers parallèles au sein de deux époques distinctes. L'Ecosse médiévale de 1536 et le New-York urbain de 1985. Grâce à cette transition narrative exploitant ses ruptures de ton par entremise du flash-back, le réalisateur alterne le souffle épique d'une fresque guerrière et l'action débridée d'une traque urbaine. Avec la spontanéité de deux comédiens habités par une verve exaltante (le jeune Christophe Lambert secondé du monstre sacré Sean Connery), Highlander nous relate leur incroyable odyssée avec un sens de bravoure et de loyauté digne des légendes séculaires.


Outre le ton décalé de certaines situations débridées (le gymkhana de Kurgan avec une septuagénaire dans les ruelles nocturnes, la seconde course automobile avec l'experte médicale ou encore sa rencontre blasphématoire avec Mc Leod en interne d'une église), Russel Mulcahy allie notamment le souffle romanesque d'une émotion prude pour la romance impartie entre Mc Leod et sa dulcinée. Sur ce dernier point, l'un des moments les plus bouleversants aborde avec acuité le thème douloureux de la perte de l'être cher quand un homme immortel témoigne de la vieillesse dégénérative de son épouse sclérosée. Cette dimension romantique que Christophe Lambert retransmet avec sensibilité doit beaucoup au caractère lyrique du film, en abordant notamment une réflexion existentielle sur le sens de la mortalité et le refus d'aimer (pour éviter de souffrir, Mc Leod doit s'engager à ne plus tomber amoureux). Sans compter l'ingérence de son mentor, Sean Connery, expert en apprentissage du maniement de l'épée (leurs séances d'entraînement exécutés sur les montagnes écossaises s'avèrent d'une puissance émotionnelle enivrante) et philosophe dans l'art d'exprimer la déontologie de la pérennité. Avec une belle efficacité et une originalité audacieuse (les combats physiques s'y mêlent au fracas des lames du katana, la puissance énergétique du "Quickening" qu'extériorise le vainqueur après chaque duel), Russel Mulcahy ne cesse d'alterner envolées lyriques, souffle épique et romantisme mélancolique.


De par son scénario singulier transcendant des profils belliqueux d'une fragile dimension humaine, Highlander s'érige en fresque ambitieuse où l'action échevelée redouble d'audaces formellesAu rythme d'une BO survitaminée imposée par Michael Kamen et le célèbre groupe Queen, le film culte de Mulcahy perdure les épreuves du temps sous l'impulsion capiteuse de son emprise émotionnelle, élégie occulte sur l'achèvement de la mortalité. 

09.04.13. 5èx
Bruno Matéï

lundi 8 avril 2013

WILLOW

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Ron Howard. 1988. U.S.A. 2h06. Avec Val Kilmer, Warwick Davis, Joanne Whalley, Jean Marsh, Patricia Hayes, Billy Barty.

Sortie salles France: 14 Décembre 1988. U.S: 20 Mai 1988

FILMOGRAPHIE: Ron Howard est un réalisateur et acteur américain, né le 1er Mars 1954 à Duncan, Oklahoma.
1977: Lâchez les bolides. 1982: Les Croque-morts en folie. 1984: Splash. 1985: Cocoon. 1985: Gung Ho. 1988: Willow. 1989: Portrait craché d'une famille modèle. 1990: Backdraft. 1992: Horizons Lointains. 1994: Le Journal. 1995: Apollo 13. 1996: La Rançon. 1999: En direct sur Ed TV. 2000: Le Grinch. 2001: Un Homme d'Exception. 2003: Les Disparus. 2005: De l'ombre à la lumière. 2006: Da Vinci Code. 2008: Frost/Nixon. 2009: Anges et Démons. 2011: Le Dilemme. 2013: Rush


Produit et co-écrit par Georges Lucas (l'idée de son projet remontant à 1972, bien avant Star Wars !), Willow est une aventure d'héroïc-fantasy qui ne rencontra pas le succès escompté à sa sortie. Puisque Lucas souhaitait que son accueil honorable soit aussi cuisant qu'une production notoire de la trempe d' E.T. Pour desservir l'entreprise, les critiques de l'époque s'avéraient également mitigées. Pourtant, dans l'hexagone, il totalise quand même 2 176 569 entrés et son marché vidéo à l'étranger contribue notamment à favoriser certains bénéfices. Le choix risqué de Lucas d'allouer la réalisation à un cinéaste mercantile habitué des productions balisées pouvait laisser craindre un divertissement populaire dénué de personnalité. En dépit de sa faiblesse narrative éludée de toute surprise, Willow s'avère un formidable divertissement conçu avec panache dans son florilège d'action et d'effets-spéciaux estampillés "Morphing". C'est d'ailleurs la première fois que cette technologie révolutionnaire est utilisée dans un long-métrage. Pour rappel, le Morphing consiste à modifier, devant nos yeux de spectateur, une animation en cours (sans l'effet suggéré du fondu au noir) jusqu'à la transformer vers son stade final. A titre d'exemple, un visage peut se subtiliser à un autre sans l'effet traditionnel d'une coupe technique !


Avec la bonhomie attachante de l'acteur nain Warwick Davies et la mesquinerie irrésistible de Val Kilmer, cette aventure d'héroic fantasy nous enthousiasme par leur complicité impromptue. D'autant plus que le charme indocile de la rarissime Joanne Whalley est un atout supplémentaire pour rendre attractive leur mission dangereuse (préserver la vie d'un bambin contre l'autorité d'une sorcière maléfique) jalonnée d'altercations entre clans rivaux. Si la présence insupportable des deux lutins viennent un peu entacher l'ambiance pittoresque par leurs inepties infantiles, la succession quasi ininterrompue d'action et de cascades homériques rendent l'aventure facilement stimulante. La beauté naturelle de ces vastes paysages néo-zélandais et le florilège de créatures fantastiques qui émaillent le récit imposent une féerie naïve renforcée par l'innovation de ces effets-spéciaux. Et à ce niveau, la bataille finale compromise au sein du château où deux sorcières utilisent communément leurs  pouvoirs magiques pour se confronter ne lésinent pas sur l'imagerie surnaturelle. Le charisme ensorcelant de ces deux alchimistes à l'éthique contradictoire exacerbe notamment une vraie persuasion dans leur dimension fanatisée.


Orchestré par le superbe score aérien de James Horner, Willow est un excellent spectacle alliant avec probité humour, action, romance et féerie. Hormis la pauvreté de son scénario, Ron Howard réussit avec l'efficacité d'une mise en scène véloce à nous attendrir (notamment l'empathie que l'on accorde au peuple nain des Nelwyn) parmi l'insolence du duo Madmartigan (Val Kilmer)/Sorsha (Joanne Whalley) et la persévérance du candide Willow

Pour parachever, la critique de mon ami Gilles Rollandhttp://www.onrembobine.fr/star-video-club/6796
08.04.13. 3èx
Bruno Matéï



vendredi 5 avril 2013

LES GUERRIERS DE LA NUIT (The Warriors). Director's Cut.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Walter Hill. 1979. U.S.A. 1h34. Avec Michael Beck, James Remar, Dorsey Wright, Thomas G. Waites, Brian Tyler, David Harris, Tom McKitterick.

Sortie salles France: 27 Août 1980. Interdit durant quelques mois en France, puis interdit au - de 18 ans lors de sa sortie en salles, et très vite réévalué en interdiction aux moins de 13 ans.
Sortie U.S: 9 Février 1979. Interdit au moins de 17 ans.

FILMOGRAPHIEWalter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis). 1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver,1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule,1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs,1993 : Geronimo, 1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV).


Film culte pour toute une génération alors qu'en France le comité de censure s'empressa d'édulcorer sa violence en l'expurgeant de 10 minutes, les Guerriers de la Nuit demeure une flamboyante bande dessinée aux accents surréalistes. Alors que toutes les bandes de la ville New-yorkaise sont réunies pour écouter l'allocution de leur leader révolutionnaire, ce dernier est lâchement assassiné par l'un de ses membres. Accusé à tort du meurtre, le clan des Warriors est contraint de subir une traque inlassable auprès de la populace marginale. Ainsi, pour rejoindre leur quartier résidentiel, ils feront preuve de vaillance inébranlable afin de les combattre et sauver leur innocence. Film d'action incisif mené sur un rythme alerte de par ces moult rixes urbaines, les guerriers de la nuit transfigure l'épreuve de force d'une poignée de marginaux particulièrement pugnaces pour tenter de s'opposer à une rivalité de clans. Leur course-poursuite effrénée entièrement filmée de nuit (si on occulte l'épilogue) étant scandée d'une BO pop-rock sélectionnée par une opératrice radiophonique. Avec une ambition singulière, Walter Hill use d'idées insolites pour relater à l'instar d'une BD futuriste (des planches de dessins sont insérées aux moments propices de l'intrigue) une odyssée fantasmatique renforcée de l'apparat vestimentaire des gangs de rue.


Ces délinquants cosmopolites se distinguant non seulement par leur différence ethnique mais aussi par leur look spécifique souvent extravagant (la plupart des membres sont affublés de vêtements criards alors que d'autres ont le visage peinturluré en se déplaçant en patins à roulette !). Armés de batte de baseball, chaines, couteaux et barres de fer, ils se déploient en masse au coeur d'un New-York aphone pour y être dispersés à chaque recoin des métros, et ce afin d'empêcher la bande des Warriors de rejoindre leur bercail. Même les femmes rebelles d'un groupe féministe s'y mêlent en abusant de leur charme racoleur. Ainsi donc, cet alliage d'action violente, d'aventures et de romance désenchantée (l'idylle équivoque entre Swan et Mercy) est parfaitement géré par un réalisateur novateur délibéré à dépoussiérer le film de bande (un peu à la manière transgressive de Georges Miller avec Mad-Max sorti la même année !). Pour ce faire, les nombreuses rencontres impromptues que les Warriors entreprennent durant leur cheminement nocturne s'avèrent redoutablement efficaces de par le dynamisme des violentes bastonnades impeccablement chorégraphiées et l'attrait surréaliste de son esthétisme urbain ressemblant à s'y méprendre à une ville fantôme éludée de citadins (à quelques quidams près tels ces deux couples de bourgeois prospères affalés sur une banquette ferroviaire).


Scandé de la partition électrisante de Barry De Vorzon, les Guerriers de la nuit se décline en épopée belliqueuse atypique de par sa modernité décalée ainsi que la densité des protagonistes particulièrement bien dessinés. Dans la mesure où on y transfigure des guerriers désoeuvrés en marge d'une société chaotique mais nanti d'un courage, d'une détermination et d'une dignité comparables aux dieux grecques de l'antiquité (à l'image référentielle de son intro animée). Ce Director's cut rarissime est donc à mes yeux un chef-d'oeuvre du survival initiatique aussi probant que sa version ciné, d'autant plus approuvé par l'intention initiale de l'auteur

*Bruno
05.04.13. 6èx

mardi 2 avril 2013

SUEURS FROIDES (Vertigo)

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site lepasseurcritique.com

d'Alfred Hitchcock. 1958. U.S.A. 2h09. Avec James Stewart, Kim Novak, Barbara Bel Geddes, Tom Helmore, Henry Jones, Raymond Bailey, Ellen Corby, Konstantin Shayne.

Sortie salles France: 28 Janvier 1959. U.S: 9 Mai 1958

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980.
1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.


"En août 2012, le magazine de cinéma britannique Sight and Sound le classe Meilleur Film de tous les temps, détrônant ainsi Citizen Kane, qui occupait ce titre depuis 1962."

Considéré comme l'un de ses films les plus accomplis au sein de sa riche filmographie, Sueurs Froides est destiné à transcender les aléas du temps par la densité d'une folle histoire d'amour aux lisières du fantastique. Inspiré du roman D'entre les morts de Boileau-Narcejac, le chef-d'oeuvre élégiaque de Sir Alfred est avant tout une réussite narrative d'une intensité psychologique éprouvante. A travers le cheminement tortueux d'un ancien détective souffrant d'acrophobie, Alfred Hitchcock nous plonge dans une romance vertigineuse d'où plane l'esprit de la réincarnation. Contraint de suivre l'étrange errance d'une jeune femme obsédée par la déveine d'une célèbre défunte, l'inspecteur Scottie va succomber à ses charmes avant qu'un horrible drame ne le plonge dans une solitude inconsolable. Mais un évènement inopiné va à nouveau réveiller sa conscience avec la nouvelle rencontre d'une  femme physiquement similaire à celle qu'il venait de chérir.
En affiliant l'amour déchu, le suspense lattent et le thriller machiavélique, le maître de l'angoisse compose une oeuvre romanesque au parfum mélancolique imprégné de gothisme. Que ce soit à travers la décoration d'une salle de restaurant tapissée d'un rouge rutilant, au sommet vertigineux du clocher d'un oratoire ou dans l'environnement forestier d'une promenade automnale.
Avec la perfection d'un scénario tortueux tributaire des thèmes de l'amour, la mort et l'obsession, Sueurs Froides nous illustre l'introspection douloureuse d'un homme emmêlé dans le faux-semblant. Rongé de culpabilité d'avoir laissé mourir sa maîtresse, faute de son handicap psychologique, Scottie va se retrouver à nouveau hanté par son passé traumatique et réitérer le même procédé narratif afin de démystifier le mensonge.


Transi d'émoi dans son désespoir amoureux, James Stewart livre une intense empathie pour camper un personnage meurtri littéralement ensorcelé par l'esprit d'une femme bicéphale. Dans un double rôle, Kim Novak incarne avec volupté charnelle le rôle d'une renégate finalement compromise par la passion de ses sentiments. A la manière d'un fantôme versatile, l'actrice dégage une aura surnaturelle envoûtante par sa devise sournoise avant de nous chavirer le coeur ATTENTION SPOILER ! dans une chute létale, ultime délivrance accidentelle. FIN DU SPOILER


Avec le lyrisme d'un scénario impeccablement charpenté et sa puissance psychologique qui en résulte, Sueurs Froides transcende une romance insoluble au sein d'un couple avili par l'ampleur d'une sordide machination. Puissamment orchestré par le score tragique de Bernard Hermann, Alfred Hitchcock a accompli un travail exhaustif dans sa réalisation formelle, véritable poème d'amour et de mort illuminé par le duo maudit James Stewart/Kim Nowak !

02.04.13. 3èx
Bruno Matéï 


vendredi 29 mars 2013

ExistenZ. Ours d'Argent de la contribution artistique pour David Cronenberg.

                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmebagarai.blogspot.com

de David Cronenberg. 1999. Angleterre/France/Canada. 1h36. Avec Jennifer Jason Leigh, Jude Law, Ian Holm, Willem Dafoe, Don McKellar, Callum Keith Rennie, Christopher Eccleston, Sarah Polley.

Sortie salles France: 14 Avril 1999. U.S: 23 Avril 1999

FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage,1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.


Déprécié par une majorité de critiques de l'époque, eXistenZ a rapidement été considéré (à tort) comme une copie conforme du chef-d'oeuvre visionnaire Vidéodrome. Mise en abyme à travers l'altération du réel, eXistenZ s'avère une expérience émotionnelle inusité dans les annales du 7è art ! Si bien qu'en traitant des thèmes ludiques du jeu-vidéo et de la réalité virtuelle, David Cronenberg nous interroge sur le rapport addictif qu'un loisir lucratif peut susciter chez le consommateur et sur notre part de conscience sévèrement compromise par l'illusion de la réalité ! Le joueur néophyte atteint de paranoïa ou de psychose ne sachant plus discerner la part de réalité et de fiction ! Bienvenue dans le monde virtuel et organique d'eXistenZ ! Alors qu'un groupe de volontaires se portent garants pour participer au jeu révolutionnaire Existenz, sa conceptrice Allegra Geller est témoin d'un attentat terroriste en pleine séance. Contrainte de fuir ses meurtriers, elle quitte son séminaire avec le stagiaire Ted Pikul et se réfugient dans un motel. Afin de savoir si sa console pod (amphibien génétiquement modifié, relié au système nerveux du joueur par un cordon ombilical) n'a pas été contaminée, elle entreprend par la même occasion de l'initier au jeu. Pour cela il doit se faire implanter un bioport, c'est à dire se faire percer la colonne vertébrale au pistolet hydro-pneumatique ! Un "ombicordon" y est ensuite relié pour accéder à son système nerveux. La partie peut enfin débuter !


Avec sa narration sinueuse semée de déconvenues et fausses pistes, David Cronneberg nous confine dans un jeu d'espionnage géré par des protagonistes interlopes ainsi qu'une race d'amphibiens hybrides. Ainsi, le pouvoir de fascination hypnotique qu'exerce eXistenz auprès du spectateur s'avère une expérience corporelle, viscérale, sensitive de par cet univers malsain auquel notre psyché ne puisse y résister. Par le truchement du couple Allegra Geller / Ted Pikul, nous tentons de comprendre les tenants et aboutissants du jeu versatile conçu pour divertir en façonnant une seconde réalité. Pour ce faire, David Cronenberg dépeint avec dérision notre besoin intrinsèque de rêve et d'évasion afin d'échapper à la morosité de notre quotidien. Il nous interpelle sur le danger perfide de ces nouvelles technologies élaborées dans un premier temps pour nous amuser afin de mieux nous asservir. Il traite notamment du rapport affectif, voir obsessionnel de la passion lorsque le psychisme de l'utilisateur se retrouve plonger au coeur d'un univers chimérique plus vrai que nature, car beaucoup plus stimulant que l'ancienne réalité ! Outre les méfaits addictifs du jeu-vidéo, on peut aussi établir une analogie avec nos technologies actuelles parmi lesquelles le téléphone portable ou les réseaux sociaux (Facebook et Twitter) afin de se rendre compte à quel point l'être humain peut facilement se laisser influencer, envahir par l'abstraction (cynique) du virtuel ! Enfin, on peut aussi suggérer une réflexion existentielle sur la nature réelle de notre destinée auquel un "créateur" aurait finalement matérialisé notre vie à l'instar d'un jeu ludique ! Nous serions alors que les pantins articulés d'un fondateur manipulateur observant durant notre existence notre manière de régir notre postérité ! Outre ses thèmes passionnants précités, David Cronenberg continue de concevoir des images de cauchemar (le revolver confectionné à partir d'ossements et de dents humaines !) en interne d'un univers indescriptible où technologie et biologie sont en symbiose organique !


Casse tête chinois pour autant intelligible mais resté en suspens, eXistenZ constitue une expérience de cinéma cérébral auquel chaque visionnage renouvelle son pouvoir ensorcelant en ayant la troublante impression d'assister à un spectacle manipulateur où la réalité reste en interrogation. La farce d'un rêve binaire en somme démystifié par le terrorisme d'une personnalité équivoque...
Maintenant, dites moi la vérité lecteurs, nous sommes encore dans le jeu ? 

* Bruno
29.03.13. (3è visionnage addictif)

Récompenses: 1999: Ours d'Argent de la contribution artistique exceptionnelle pour David Cronenberg.
1999: Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam
2000: Prix Génie du meilleur montage

jeudi 28 mars 2013

LE MYSTERE DU TRIANGLE DES BERMUDES (The Bermuda Triangle)

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site posterdb.de

de René Cardora. 1977. Mexique/Italie. 1h30 / 1h50. Avec John Huston, Claudine Auger, Marina Vlady, Gloria Guida, Ugo Stiglitz, Andress Garcia, Carlos Heast.

Sortie salles France: 14 Avril 1978

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: René Cardona Jr est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste mexicain, né le 11 Mai 1939 à Mexico, décédé le 5 Février 2003 à Mexico.
1972: La Nuit des 1000 chats. 1977: Tintorera. 1977: Le Mystère du Triangle des Bermudes. 1978: Cyclone. 1979: Guyana, la secte de l'enfer. 1980: Otages en Péril. 1985: Les Diamants de l'amazone.

La famille Marvin est à la recherche d'une ville engloutie dans le secteur du "triangle des Bermudes". Elle va se trouver confrontée à une série d'incidents de plus en plus inquiétants, les membres de la famille et de l'équipage disparaissant les uns après les autres. A terre, c'est la stupéfaction générale après les appels de détresse car ce bateau a disparu depuis 12 ans.

Définition de Navet:
Sens 1: Plante potagère à la racine comestible.
Sens 2: Oeuvre sans valeur

A vous de choisir !

28.03.13
Bruno Matéï


mercredi 27 mars 2013

SPHINX

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviecovers.com

de Franklin J. Schaffner. 1981. U.S.A. 1h58. Avec Lesley Anne Down, John Gielgud, Maurice Ronet, Frank Langella.

FILMOGRAPHIE: Franklin J. Schaffner est un réalisateur et producteur américain, né le 30 Mai 1920 à Tôkyô, décédé le 2 Juillet 1989 à Santa Monica. 1963: Les Loups et l'agneau. 1964: Que le meilleur l'emporte. 1965: Le Seigneur de la Guerre. 1967: La Griffe. 1968: La Planète des Singes. 1970: Patton. 1971: Nicolas et Alexandra. 1973: Papillon. 1976: l'Île des Adieux. 1978: Ces Garçons qui venaient du Brésil. 1981: Sphinx. 1982: Yes, Giorgio. 1987: Lionheart. 1989: Welcome Home.


Echec commercial et critique lors de sa discrète sortie en 1981, Sphinx fait aujourd'hui office de rareté oubliée chez les cinéphiles. D'ailleurs, il suffit de surfer sur le net pour s'apercevoir qu'aucune critique n'eut été commentée afin de nous éclairer sur sa potentielle valeur cinématographique. On comprends aussi la raison de son échec public puisque la même année sort sur les écrans internationaux l'immense succès populaire Les Aventuriers de l'Arche perdue ! Avec un réalisateur aussi briscard et réputé derrière la caméra (Franklin J. Schaffner) et des acteurs de renom (la présence inopinée de Maurice Ronet se partageant la vedette parmi Frank Langella !), nous étions en droit d'escompter un film d'aventure homérique éventuellement inspiré des vicissitudes bondissantes d'Indiana Jones ! Le premier point positif est d'avoir osé confier le rôle principal à une jeune actrice des années 70, la charmante Lesley Anne Down. Sans faire preuve d'une grande persuasion, faute d'un jeu outré, la comédienne possède surtout un atout physique attrayant pour incarner une égyptologue à la fois vaillante et pleutre dans sa conquête inespérée d'un mystérieux tombeau.


Là où le bas blesse, c'est dans la confection du scénario d'une platitude exaspérante. Tout le film se résumant à une chasse au trésor monotone par l'entremise de discrètes péripéties auquel des espions (et traîtres) criminels sont lancés à ses trousses. En prime, les nombreuses maladresses de son pitch sporadique, le caractère peu crédible des situations (les incessants aller-retour de l'héroïne égarée sous les grottes) et la pauvreté des dialogues acheminent l'entreprise vers une inévitable bisserie. Seule, la beauté esthétique des décors pyramidales du Caire en passant par la vallée de Louxor, ainsi que le caractère haletant de sa première demi-heure, laissent en éveil notre timide attention. Si le film se révèle donc indubitablement raté, faute d'une réalisation peu inspirée et d'un scénario aseptisé, le charme rétro qui en émane inspire néanmoins une futile sympathie, rehaussée de l'élégance sensuelle de Lesley Anne Down. Enfin, les vingts dernières minutes vigoureuses laissent place à une action gentiment spectaculaire, et ce juste avant de nous stupéfier lors d'une révélation finale onirique.


Avec ces défauts techniques et narratifs compromettants, Sphinx s'érige en nanar maladroitement conçu par un vétéran du cinéma en l'occurrence peu motivé (Patton, la Planète des Singes, Papillon et le méconnu Ces Garçons qui venaient du Brésil). Pour les amateurs de raretés introuvables, il reste malgré tout à découvrir d'un oeil aussi curieux que distrait. 

27.03.13
Bruno Matéï

lundi 25 mars 2013

JEREMIAH JOHNSON

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemovies.fr

de Sydney Pollack. 1972. U.S.A. 1h56. Avec Robert Redford, Will Geer, Stefan Gierasch, Josh Albee, Delle Bolton, Paul Benedict.

Sortie salles France: 15 Septembre 1972

FILMOGRAPHIE: Sydney Pollack est un réalisateur, acteur et producteur américan, né le 1er Juillet 1934 à Lafayette dans l'Indiana (Etats-Unis), décédé d'un cancer le 26 Mai 2008 à Los Angeles. Il avait 73 ans.
1965: The Slender Thread. 1966: Propriété Interdite. 1968: Les Chasseurs de Scalps. 1968: The Swimmer. 1969: Un château en enfer. 1969: On achève bien les chevaux. 1972: Jeremiah Johnson. 1973: Nos plus belles années. 1975: Yakuza. 1975: Les 3 jours du condor. 1977: Bobby Deerfield. 1979: Le Cavalier Electrique. 1981: Absence de malice. 1982: Tootsie. 1985: Out of Africa. 1990: Havana. 1999: l'Ombre d'un soupçon. 2005: l'Interprète. 2005: Esquisses de Frank Gehry.


Western contemplatif entièrement tourné dans la contrée de l'Utah, Jeremiah Johnson retrace l'aventure initiatique d'un héros solitaire, délibéré à fuir la civilisation pour s'engouffrer vers une nature hostile. Inspiré de la vraie vie de John Johnson (le tueur de Corbeaux, ou Johnson, le mangeur-de-foie), ancien trappeur de la montagne de l'Ouest américain, Sydney Pollack nous invite à une aventure humaine inscrite dans le lyrisme. Sous un soleil radieux ou sous une neige abondante, les magnifiques paysages montagnards que traverse notre héros s'avèrent un hymne à l'écologie malgré la rudesse d'y subsister. Emaillé de péripéties impromptues entre l'hostilité des indiens et des grizzlys sauvages, Jeremiah Johnson va apprendre à survivre dans un milieu naturel dont il ne connaissait pas le codes de conduite. Au fil de ses diverses rencontres amicales avec divers pèlerins, il va notamment connaître la paternité avec un enfant abandonné ainsi que l'amour d'une jeune indienne en guise de transaction. Mais en portant assistance à une troupe de militaires égarés dans cette nature clairsemée, son destin va finalement le rappeler à la solitude pour s'exiler vers le Canada. Durant son long périple motivé par la vengeance et la bravoure de vaincre la rivalité des indiens Crows, Johnson apprend à vivre en toute autonomie dans un environnement qu'il réussit à apprivoiser ! Grâce à ces vicissitudes animées par un instinct de survie et une stoïcité à braver les dangers les plus fortuits, il devient aux yeux des citadins une véritable légende mystique !


Magnifiquement interprété par la présence humble de Robert Redford et sublimé par la mise en scène lyrique de Sydney Pollack, Jeremiah Johnson est une aventure humaine à la réflexion existentielle riche de considération. Parfois poignant dans ces tragédies imposées, souvent envoûtant et passionnant dans ces rencontres humaines et péripéties alertes, cet hymne à la liberté est une flamboyante odyssée sur la plénitude et le dépassement de soi. 

25.03.13. 2èx
Bruno Matéï

vendredi 22 mars 2013

Epouvante sur New-York /Q: The Winged Serpent

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Larry Cohen. 1982. U.S.A. 1h33. Avec Michael Moriarty, Candy Clark, David Carradine, Richard Roundtree, James Dixon.

Sortie salles France: 8 Septembre 1982. U.S: 8 Octobre 1982

FILMOGRAPHIE: Larry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs. 1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance. - Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3. - Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Jamais avare d'idées singulières effleurant parfois le ridicule sans jamais y sombrer (souvenez vous du bébé monstre ou de l'extra-terrestre hermaphrodite dans deux de ses pièces maîtresses !), Larry Cohen réalise en 1982 une modeste série B au concept saugrenu. Un gigantesque serpent ailé sème la terreur sous les toits de New-York. Au même moment, des sacrifices humains sont perpétrés par un dangereux psychopathe. Avec l'aide d'un loser affligeant de médiocrité, l'inspecteur Shepard tentera de mettre un terme à cette vague de meurtres. Petite précision en ce qui concerne la caractérisation de notre créature, et afin de mettre en exergue l'imagination débordante de Larry Cohen, le monstre en question se prénomme Quetzalcoatl (serpent à plume). Une divinité pan-mésoaméricaine (d'Amérique précolombienne) apparue à partir du 10è siècle au Mexique central. Et si Epouvante sur New-York pâtit d'une mise en scène un peu anarchique dans son montage maladroit, l'originalité de son scénario, aussi futile soit-il, les séquences chocs quotidiennes est surtout la caractérisation impartie au personnage principal, anti-héros dénué de valeurs humaines, rendent l'aventure tout à fait attractive. Ainsi, en rendant hommage à King-kong et aux créatures mythologiques du maître du stop-motion, Ray HarryhausenLarry Cohen emploie ici la même méthode archaïque afin de parfaire son monstre ailé se déplaçant au dessus des toits.


Et on peut dire que ces apparitions dantesques fascinent autant qu'elles amusent par cette poésie naïve qui y émane. En prime, le film regorge de quelques séquences gores réussies (le dépeçage au couteau d'un visage humain révélé à deux reprises, l'apparition d'un cadavre putréfié ou les plans explicites accordés aux diverses décapitations). Sans se prendre au sérieux, le réalisateur injecte lors de certains dialogues (plutôt superficiels) un humour sarcastique pour les réparties échangées entre les flics et notre protagoniste risible. Enfin, pour rajouter un peu de dynamisme épique au récit, la confrontation finale localisée sur le toit d'un building entre le service d'ordre et le monstre ne manque pas de vigueur auprès des échanges de tirs et les attaques sanglantes qui s'ensuivent. Mais ce qui surprend surtout dans cette plaisante série B, c'est l'audace d'avoir attribué le rôle principal à cet antagoniste marginal complètement oisif, couard, égoïste, machiste, ingrat, abusif, et j'en passe. A cet effet, Larry Cohen a su faire preuve de bon sens pour porter son choix sur Michael Moriarty. Si bien que cet acteur de seconde zone endosse son rôle pathétique avec une aisance assez irrésistible lorsqu'il décide d'extorquer la police en jouant la star médiatique. En effet, sachant qu'il est le seul a connaître la véritable planque du monstre, notre malfaiteur en profite pour rameuter les médias et soutirer 1 million de dollars au commissaire de la ville. Cette astuce scénaristique permet au métrage de rehausser son efficacité avec dérision pour l'étude de caractère imparti à ce loser décomplexé pitoyable d'exubérance vaniteuse.

Modeste série B du samedi soir à savourer entre amis, Epouvante sur new-York n'a rien perdu de son charme (aujourd'hui rétro) et de sa loufoquerie d'avoir su nous élaborer sans prétention une petite bisserie insolite parmi l'aimable participation de David Carradine en flic déterminé.

*Bruno
02.08.23. 5èx
22.03.13.

jeudi 21 mars 2013

La Chasse / Jagten / The Hunter

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmofilia.com

de Thomas Vinterberg. 2012. Danemark. 1h55. Avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Annika Wedderkopp, Lasse Fogelstrom, Susse Wold, Anne Louise Hassing.

Sortie salles France: 14 Novembre 2012

FILMOGRAPHIE: Thomas Vinterberg est un réalisateur, scénariste et producteur danois, né le 19 Mai 1969 à Copenhague. 1996: Les Héros. 1998: Festen. 2000: The Third Lie. 2003: It's All About love. 2005: Dear Wendy. 2007: Un Homme rentre chez lui. 2010: Submarino. 2012: La Chasse.


14 ans après le foudroyant Festen, couronné du Prix du Jury à CannesThomas Vinterberg aborde à nouveau le thème de la pédophilie dans La Chasse, un drame psychologique d'une puissance dramatique difficilement gérable. Dans une école maternelle, l'éducateur Lucas est suspecté de pédophilie après les aveux équivoques d'une fillette avec qui il entretenait une complicité amicale. Rapidement, la rumeur se répand auprès des familles et l'homme va devoir faire face à un lynchage collectif. Avec la présence exceptionnelle de Mads Mikkelsen (la révélation de la trilogie Pusher), récompensé à juste titre du Prix d'interprétation à Cannes, La Chasse nous retrace le désarroi d'un père  injustement accusé de pédophilie. Littéralement transi d'affliction, partagé entre la honte, le désespoir et la dignité de braver l'injustice, l'acteur nous livre une performance viscérale à coeur ouvert !


Avec un réalisme glaçant incessamment dérangeant, nous suivons dans une chronologie détaillée son interminable calvaire à devoir accepter les multiples accusations puis survivre sous l'accablement de l'injustice. Réflexion sur le poids de l'affabulation, la persécution et la culpabilité, ainsi que l'esprit de persuasion impartie à la fragilité de l'enfant, Thomas Vinterberg dénonce ici l'intolérance d'une province réactionnaire persuadée de détenir la vérité par le témoignage infantile. La suspicion des habitants rendus paranoïaques cède vite à l'accusation quand la parole d'un bambin n'est jamais remise en cause. L'inconscient collectif, l'autosuggestion et la terreur épidermique de gamberger un abus sexuel chez son enfant vont être les catalyseurs d'une chasse où la haine et la violence vont s'extérioriser chez chaque citadin. L'extrême empathie éprouvée pour ce père divorcé ayant comme seul soutien la conviction de son fils nous laisse en état de collapse par leur densité psychologique allouée et cette confiance mutuelle qu'ils unifient.


Effroyable descente aux enfers d'une intensité dramatique d'exception, La Chasse est un électro-choc émotionnel à la puissance psychologique proche du marasme. L'extrême rigueur d'une mise en  scène circonspecte réfutant le pathos et l'interprétation sensitive de Mads Mikkelsen convergent à un moment de cinéma inoubliable où le pardon reste encore une valeur noble.  

21.03.13
Bruno 

Récompenses: Festival de Cannes 2012: Prix d'interprétation masculine pour Mads Mikkelsen, Prix du Jury oecuménique.
Prix du cinéma européen 2012: Scénariste européen de l'année pour Thomas Vinterberg et Tobias Lindholm.
British Independent Film Awards 2012: Meilleur Film indépendant international.
Prix Vulcain de l'artiste technicien 2012: Charlotte Bruus Christensen, directrice de la photographie.
Festival international du film de Vancouver 2012: Rogers People's Choice Award

mercredi 20 mars 2013

Rush

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de Lili Fini Zanuck. 1991. U.S.A. 2h00. Avec Jason Patric, Jennifer Jason Leigh, Sam Elliott, Max Perlich, Gregg Allman, Tony Frank, William Sadler.

Sortie salles France: 29 Avril 1992. U.S: 22 Décembre 1991

FILMOGRAPHIE: Lili Fini Zanuck est une productrice et réalisatrice américaine, née le 2 Avril 1957 à Leominster dans le Massachusetts. Il s'agit de l'épouse du producteur Richard D. Zanuck. 1991: Rush
1998: From the earth to the moon (Télé-film). 2005: Revelations (Télé-film). 


Polar dramatique rugueux illustrant sans fioriture la descente aux enfers de deux agents des stupéfiants infiltrés dans le milieu de la drogue, Rush relate leur parcours chaotique avec un réalisme implacable. Reposant sur les épaules du duo de choc Jason Patric et Jennifer Jason Leigh, le film met en exergue les ravages de la drogue quand un couple d'agents est contraint de se faire passer pour des junkies afin de faire tomber un gros bonnet. Or, pour paraître convaincants, Jim et Kristen doivent consommer diverses drogues dures face à la présence des dealers afin d'éviter toute suspicion policière. La force houleuse de la narration résidant dans cette épreuve de force qu'endurent ces infiltrés puisque rapidement tributaires du produit toxique. Ainsi, en évitant le piège de la complaisance, Rush dénonce avec tact et sans moralisme les effets cyniques de la drogue lorsque l'usager intoxiqué ne peut plus faire marche arrière. Par ailleurs, la réalisatrice en profite notamment pour aborder la corruption policière chez certains dirigeants peu scrupuleux. Avec une belle intensité dramatique, les interprètes Jason Patric et Jennifer Jason Leigh s'avèrent particulièrement poignants dans leur rôle versatile compromis à une déchéance aussi bien morale que physique. C'est par leur complicité amoureuse, leur soutien mutuel que le couple puisera la force morale de pouvoir se désintoxiquer. En prime, le final bouleversant surprend pas son nihilisme perfide afin d'enfoncer le clou dans cette déroute policière où personne n'en sortira victorieux.


Rythmé par la guitare acoustique d'Eric Clapton, Rush est un polar âpre d'un humanisme aigri, réquisitoire cruel sur le fléau universel de la drogue. Un film fort et poignant dans son ambivalence psychologique impartie aux protagonistes désespérés. Un couple en perdition engagé dans une lutte sans victoire où les notions de bien et de mal y sont galvaudées puisque contraints de braver l'autorité afin de subvenir à la victoire.  

30.03.13. 3èx
Bruno