mercredi 12 juin 2013

MEME LA PLUIE


Changer le monde commence par changer soi même !

Un très beau film humaniste sur le peuple Bolivien asservi par une multinationale délibérée à confisquer l'eau. En dépit d'une première partie laborieuse et peu captivante, le film prend son envol au bout de 45 minutes pour ne plus lâcher la pression avec l'introspection d'un mouvement de foule hurlant sa révolte contre l'intolérance de leur état despotique. Avec une belle dimension humaine, Iciar Bollain dépeint ici le portrait d'un cinéaste et de son équipe partis tourner un long-métrage à valeur historique au sein d'un pays en crise. L'homme intransigeant pour la hiérarchie de son entreprise va se retrouver davantage contrarié par des dilemmes moraux pour la sauvegarde d'une famille bolivienne et le conflit caractériel du père de famille en situation précaire.
Poignant, intense et jamais larmoyant, cette oeuvre naturaliste ne cesse de nous questionner sur notre éthique confrontée à l'affres du danger et la sauvegarde d'un peuple famélique. Enfin, Même la pluie peaufine également avec sobriété une belle histoire d'amitié entre deux hommes de culture et classe sociale distincte.

12.06.13
Bruno Matéï

lundi 10 juin 2013

Hysterical

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au sitfilmaffinity.com

de Chris Bearde. 1983. U.S.A. 1h30. Avec Bill Hudson, Mark Hudson, Brett Hudson, Cindy Pickett, Richard Kiel, Bud Cort, Julie Newman.

Sortie salles France: 16 Mars 1983. U.S: Juillet 1983

FILMOGRAPHIE: Chris Beard est un réalisateur et scénariste (essentiellement des séries TV) anglais. 1983: Hysterical



"A la limite, j't'emmerde"
Oublié de tous aujourd'hui chez nous alors qu'à l'époque de sa sortie il rencontra un timide accueil public, Hysterical est une parodie horrifique conçue par les "Hudson Brothers". Durant les années 70, ces trois compères se firent connaitre auprès des téléspectateurs américains en tant qu'humoristes et chanteurs. Ici, il s'attellent donc à tenter l'expérience cinégénique en occupant les postes consécutifs de scénaristes et d'interprètes. Chris Beard, dont il s'agit ici de sa première (et unique !) réalisation, s'est entrepris de revisiter les classiques de l'horreur (mais aussi d'autres genres) sous le mode parodique avec l'entremise clins d'oeil supposés hilarants. Ceux qui, à l'époque de sa sortie, s'étaient quelque peu enjaillés de sa douce fantaisie lors des séquences les plus réussies risquent un peu (beaucoup ?) aujourd'hui de faire grise mine tant Hysterical finit par susciter consternation et brin de lassitude lors de son final poussif. La faute incombant au trio de comédiens générant un humour constamment lourdingue, à une réalisation néophyte (à l'instar de son montage déstructuré) et à une intrigue approximative dénuée de surprise (un couple de revenants sèment le zouc sur une station balnéaire et contaminent un à un les vivants en zombies sans aucun motif !).


Sur ce dernier point, sa structure narrative semble indécise afin de coordonner des situations cohérentes si bien qu'elle ne fait qu'empiler maladroitement une succession de gags débridées sans véritable fil conducteur. On pastiche donc dans une chronologie sporadique des idées empruntées aux classiques genre parmi lesquels les Aventuriers de l'arche perdue, les Dents de la mer, Duel, l'Exorciste, Shining, les Chariots de Feu, ou encore la Nuit des Morts-vivants. Alors que les comédiens mal dirigés gesticulent comme des attardés azimutés pour provoquer les fou-rires escomptés. Seule, l'apparition récurrente du sexagénaire à bicyclette (répétant incessamment : "ça couve !") suscite une certaine drôlerie, quand bien même avec une certaine indulgence sa première partie demeure gentiment facétieuse, voir même charmante à travers son esprit bisseux ! Mais le peu d'empathie éprouvée pour chacun de nos héros régresse l'entreprise jusqu'à la lassitude de son ultime demi-heure. Ainsi, on suit donc ces aventures horrifiques avec parfois un brin de curiosité amusée si bien que l'ambiance festoyante qui y règne prête au climat gentiment bonnard en dépit de l'inanité du de ses ressorts comiques.  


Pour les nostalgiques des années 80 qui, comme moi, s'étaient rués en salles pour le voir (personnellement, j'y étais allé accompagné de camarades de collège un samedi soir bondé), Hystérical risque hélas de vous laisser sur une impression de frustration ou (et) d'amertume en dépit de son esprit bon enfant et de la facétie de certains moments bonnards (par intermittence). Pour autant, avec indulgence, et en privilégiant la séance entre amis, cette parodie sans prétention peut faire son p'tit effet de séduction ludique de par son ambiance ubuesque de contamination festive. 

*Bruno
11.05.20. 4èx
10.06.13. 3èx

                                    

vendredi 7 juin 2013

STOKER

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site popculturekeys.blogspot.com

de Park Chan-wook. 2013. U.S.A/Angleterre. 1h40. Avec Mia Wasikowska, Nicole Kidman, Matthew Goode, Dermot Mulroney, Lucas Till, Alden Ehrenreich, Jacki Weaver.

Sortie salles France: 1er Mai 2013. U.S: 1er Mars 2013

FILMOGRAPHIE: Park Chan-wook est un réalisateur et scénariste sud-coréen, né le 23 Août 1963 à Séoul.
1992: Moon is the Sun's Dream. 1997: 3 members. 2000: Joint Security Area. 2002: Sympathy for Mister Vengeance. 2003: Old Boy. 2005: Lady Vengeance. 2006: Je suis un Cyborg. 2009: Thirst. 2013: Stoker.


J'entends ce que d'autres n'entendent pas. D'infimes choses que les gens ne voient pas normalement me sont visibles. Ces sens sont le fruit du désir de toute une vie. Le désir d'être sauvée. D'être accomplie. Comme la jupe a besoin du vent, je suis faite de choses qui sont aussi à d'autres. Je porte la ceinture de mon père sur le chemisier de ma mère... et les chaussures venant de mon oncle. Je suis ainsi. Toute comme la fleur ne choisit pas ses couleurs, on n'est pas responsable de ce qu'on devient. Une fois que l'on a compris ça on est libre. Devenir adulte, c'est devenir libre. 

Thriller vénéneux chargé d'amertume et de nonchalance, Stoker joue dans la cour des grands pour tenter de renouer avec l'esprit hitchcockien dans une mise en scène aussi stylisée qu'épurée. A partir d'une intrigue tortueuse où nos protagonistes sont indirectement mêlés à un passé tragique, Park Chan-wook ausculte un portrait de famille meurtri par le deuil au cours duquel une jeune fille dépitée ATTENTION SPOILER !!! finira par se laisser berner par l'influence d'un ange exterminateur. FIN DU SPOILER

A la suite de la mort de son père auquel elle était très proche, la jeune India n'éprouve que peu d'empathie pour sa mère. Avec l'arrivée de son oncle qu'elle n'a jamais connu, une étrange relation va se nouer entre eux.


De façon circonspecte et avec l'alchimie d'un climat diaphane toujours plus étouffant, Stoker est conçu à la manière d'un puzzle où les thèmes de la suspicion, la jalousie, la rancoeur nous sont établis à travers l'introspection douloureuse d'une adolescente timorée. Park Chan-wook prend son temps à broder son intrigue interlope en se focalisant essentiellement sur l'ambiguïté psychologique (lourde de sens !) de ses personnages. C'est d'abord les rapports difficiles entre une veuve accablée et sa fille inconsolable qu'on nous présente studieusement dans l'intimisme d'une demeure gothique. C'est ensuite avec l'arrivée fortuite d'un oncle distingué que le film va amorcer une ambivalence pour les relations charnelles qu'il va compromettre avec ces deux veuves contrariées. Dans une mise en scène aussi raffinée qu'inventive, Stoker nous dévoile ensuite au compte goutte le cheminement torturé de cette jeune fille introvertie, difficilement sociable envers la gente masculine de ses camarades de classe.
On en dira pas plus afin de ne pas ébruiter le moindre indice de son canevas charpenté mais sachez que le réalisateur Park Chan-wook nous dresse ici le tableau peu reluisant d'un trio d'amants en perte identitaire. L'impact émotionnel du film et l'acuité qui en émane réside non seulement dans la psychologie meurtrie de ses protagonistes mais aussi dans la confection scrupuleuse d'un climat poisseux en ascension. L'aura malsaine sous-jacente qui s'y dégage de manière exponentielle nous colle à la peau et s'infiltre insidieusement en notre conscience à la manière d'un poison mortel, sachant ici que les notions de bien et de mal n'ont plus d'éthique !
Si tous les interprètes attestent d'une conviction imperturbable dans leurs rôles respectifs (Nicole Kidman insuffle un naturel aigre dans sa douleur maternelle et Matthew Goode redouble d'ambiguïté  dans son élégance flegme), il faut surtout saluer le jeu équivoque de l'étrange Mia Wasikowska pour sa prestance versatile d'adolescente en perdition. Sa froideur innocente galvaudée par la mauvaise influence puis la rancoeur ainsi que le charme de son visage opalin nous pénètre l'esprit dans une confusion dérangée.


Magnifiquement photographié dans les décors gothiques d'une demeure feutrée mais aussi sa nature entâchée, Stoker véhicule avec subtilité et élégance formelle une ambiance crépusculaire autour d'un trio maudit inconsolable. Si on devine le clou de son dénouement c'est qu'il était également irréversible dans sa fatalité et que Park Chan-wook conclut magistralement son épilogue fétide ATTENTION SPOILER !!! dans l'achèvement d'une puberté désaxée.FIN DU SPOILER

07.06.13.
Bruno Matéï

    jeudi 6 juin 2013

    Zeder

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site ivid.it

    de Pupi Avati. 1983. Italie. 1h39. Avec Gabriele Lavia, Anne Canovas, Paola Tanziani, Cesare Barbetti, Bob Tonelli, Ferdinando Orlandi, Enea Ferrario, John Stacy.

    Sortie salles Italie: 25 Août 1983

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Pupi Avati est un réalisateur italien, né le 3 Novembre 1938 à Bologne. 1970: Thomas e gli indemoniati. 1970: Balsamus, l'homme de Satan. 1975: La mazurka del barone, della santa e del fico fiorone. 1976: La Cage aux minets. 1976: La Maison aux Fenêtres qui rient. 1977: Tutti defunti... tranne i morti. 1983: Zeder. 1984: Une saison italienne. 1991: Bix. 1992: Fratelli e sorelle. 1993: Magnificat. 1994: L'amico d'infanzia. 1994: Dichiarazioni d'amore. 1996: L'arcano incantatore. 1996: Festival. 1997: Le Témoin du marié. 1999: La via degli angeli. 2001: I cavalieri che fecero l'impresa. 2003: Un coeur ailleurs. 2004: La rivincita di Natale. 2005: Ma quando arrivano le ragazze ? 2005: La Seconda notte di nozze. 2007: La cena per farlu conoscere. 2007: Il Nascondiglio. 2008: Il papa di Giovanna. 2009: Gli amici del bar Margherita. 2010: Il figlio più piccolo. 2010: Una sconfinata giovinezza. 2011: Le Grand coeur des femmes.


    Sept ans après La Maison aux Fenêtres qui rient, Pupi Avati renoue avec l'horreur sournoise dans Zeder avec un sens macabre indéfectible. Inédit en salles dans nos contrées, cette variation du mythe du zombie, typiquement transalpine par son ambiance morbide, s'alloue surtout d'un scénario charpenté incessamment intriguant (bien que confus). Et si les amateurs de films de morts-vivants purs et durs risquent fort de déchanter, les autres cinéphiles avides d'expérience nouvelle auront de quoi s'émoustiller ! Le pitchAprès avoir reçu en cadeau une machine à écrire par sa fiancée, un romancier découvre un étrange message contenant une théorie sur l'au-delà par l'entremise d'un certain Paolo Zeder. En tentant de retrouver la trace du propriétaire de la machine, Stefano va apprendre par la paroisse du coin sa disparition inexpliquée. Décidant de partir à la recherche du prêtre Luigi Costa, notre écrivain ira de surprises en découvertes macabres ! En créateur d'ambiance diffuse à l'étrangeté prégnante, Pupi Avati  nous relate avec Zeder une investigation policière habilement menée auprès d'un romancier fouineur apte à découvrir une stupéfiante vérité. Ici, pas d'effusion de gore (en dehors d'un meurtre sanglant brutalement commis à l'arme blanche) et encore moins d'esbroufe, mais une atmosphère surnaturelle tangible de par l'aura cadavérique des non-morts en instance de résurrection. 


    Avec ces vieillards cachottiers, une confrérie de notables perfides et des hommes d'église insidieux, Zeder véhicule un mystère persistant autour de cette galerie d'individus antipathiques. Exploitant à merveille le cadre de ses décors lugubres à la géométrie parfois baroque (l'usine abandonnée auquel sont pratiquées les expériences scientifiques, mais aussi ses étroits couloirs et passages secrets, la demeure étouffante de Paolo Zeder, le cimetière de la zone K), Pupi Avati nous entraîne dans un cauchemar en liaison éthérée avec les forces de l'au-delà. La densité du film émanant de son caractère persuasif à nous convaincre que notre terre pourrait renfermer des zones K. C'est à dire des surfaces terreuses où la temporalité n'aurait plus de logique et où les cadavres auraient la possibilité de s'extraire de leur repos éternel ! Mais dans quel état et pour quel motif ? Car à bafouer les lois de la nature et du bien-fondé de Dieu, les non-morts seraient peut-être voués à une farce macabre pour se railler de la nature humaine ! L'ombre de Lucio Fulci semble parfois planer sur l'atmosphère putride de Zeder de par son environnement naturel feutré (notamment cette forêt hostile !), alors que parfois l'intonation de voix d'outre-tombe s'échappent des murs et du sol de la terre pour tenter d'y respirer ! Cette ambiance mortifère typiquement latine est notamment scandée du tempo quelque peu dissonant de Riz Ortalini, (Longue Nuit de l'exorcisme, Cannibal Holocaust !) tandis qu'une vague de meurtres non élucidés vont venir renforcer son mystère insondable préservé par une confrérie ésotérique !


    PET SEMATARY
    Amateurs d'ambiance inquiétante et de scénario retors toujours plus intriguant et captivant, Zeder est lestement structuré pour nous offrir une bande horrifique au suspense prédominant ! Un classique bisseux un peu trop occulté par son chef-d'oeuvre antécédent, La Maison aux Fenêtres qui rient, mais qui mérite pourtant à être réhabilité pour l'empreinte mortifère qu'il nous imprime de manière indélébile.

    *Bruno
    02.12.22.
    07.12.20
    06.06.13

                                         

    mercredi 5 juin 2013

    APPELS AU MEURTRE (Eyes of a stranger)

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood80.com

    de Ken Wiederhorn. 1981. U.S.A. 1h24. Avec Lauren Tewes, Jennifer Jason Leigh, Gwen Lewis, John DiSanti, Peter Dupre, Ted Richert.

    Sortie salles U.S: 27 Mars 1981

    FILMOGRAPHIE: Ken Wiederhorn est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 
    1977: Le Commando des morts-vivants. 1979: King Frat. 1981: Appels aux Meurtres. 1984: Meatballs Part 2. 1987: Dark Tower. 1988: Le Retour des Morts-vivants 2. 1993: l'Otage d'une vengeance. 


    Inédit en salles mais sorti en Vhs à l'orée des années 80 sous la bannière de Warner Home Video, Appels au meurtre est un petit slasher plus retors que les produits horrifiques usuels à travers son inversion des rôles. Si bien qu'ici, au lieu de nous rabâcher le sempiternel schéma narratif du tueur trucidant sa victime toutes les dix minutes, Ken Wiederhorn prend le parti de substituer l'agresseur en victime et vice-versa. Le pitchUn tueur en série sème la terreur dans une petit bourgade des Etats-Unis. Une journaliste dont la soeur eut été autrefois victime d'une agression sexuelle, décide de tenir tête au maniaque après avoir découvert sa véritable identité. Dès son préambule, Ken Wiederhorn ne perd pas de temps à entrer dans le vif de son sujet avec l'entrée en matière d'un individu suspicieux planqué à l'intérieur d'une cabine téléphonique. Après avoir composé un numéro, il s'empresse d'harceler une jeune quidam isolée dans sa demeure parmi la présence de son amant. De par son climat lourd et hostile à l'angoisse palpable, on songe inévitablement au classique du psycho-killer, Terreur sur la Ligne parmi cette ombre menaçante prête à surgir à tout instant pour alpaguer sa nouvelle victime !


    Durant la première partie, Appels au  meurtre ne sort donc pas des sentiers battus pour nous illustrer la virée nocturne d'un serial-killer adepte du harcèlement téléphonique et de la strangulation chez les jeunes femmes esseulées. Et si cette première demi-heure s'avère éculée et se rapproche parfois d'un certain Maniac auprès de sa photogénie urbaine (à l'image nocturne du jeune couple réfugié dans leur voiture pour être ensuite sauvagement assassiné à l'arme blanche dans un terrain vague !), le soin alloué à son ambiance mortifère, le tempo envoûtant de son score ombrageux ainsi que l'impact cinglant de certains meurtres (confectionnés par le maître Tom Savini !) réussissent brillamment à impliquer le spectateur. Mais là où cette modeste série B véhicule en prime un regain d'originalité c'est dans le parti-pris de sa seconde partie beaucoup plus haletante et surprenante quant à la caractérisation d'une femme autonome délibérée à se venger du tueur (on apprendra par l'entremise de flash-back que sa soeur, devenue mutique et non voyante, eut été autrefois victime d'une agression sexuelle dès son plus jeune âge !). En l'occurrence, cette journaliste aussi teigneuse qu'audacieuse décide donc de renverser la situation en harcelant de son plein gré le criminel par le truchement du téléphone ! Ainsi, avec un sens du suspense assez bien rendu (ses premiers indices qu'elle entrevoit pour signaler la culpabilité du tueur, sa visite illégale au sein de son appartement), Ken Wiederhorn relance l'intrigue lors de cette confrontation fortuite. Un jeu du chat et de la souris où les rôles n'auront de cesse de permuter. Spoil ! Enfin, le réalisateur parachève l'affrontement avec un point d'orgue haletant lorsque la jeune soeur traumatique doit revivre son ancienne agression en usant cette fois-ci de bravoure et d'astuce pour sa survie ! Fin du Spoil.


    Modeste série B plus finaude que nombre de slashers à la réputation surfaite, Appels au Meurtre est également un psycho-killer délicieusement inquiétant et envoûtant au sein de son ambiance angoissante aussi latente que diffuse. La qualité de son interprétation (le jeu spontané de Lauren Tewes et la prestance mutique de la néophyte Jennifer Jason Leigh du haut de ses 19 ans !) ainsi que l'efficacité de sa réalisation sont également à souligner afin de prôner cette perle horrifique (honteusement) méconnue. 

    Un grand merci à l'Antre de l'Horreur ! (http://lantredelhorreur.blogspot.fr/)
    05.06.13. 3èx
    Bruno Matéï


    mardi 4 juin 2013

    Holocauste Nazi (La Bestia in Calore / Armes secrètes du 3è Reich)

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmhorror.com

    de Luigi Batzella (Ivan Katansky). 1977. Italie. 1h31. Avec Macha Magall, Salvatore Baccaro, Brad Harris, Xiro Papas, Gino Turini, Edilio Kim

    Sortie salles Italie: 19 Juillet 1977

    FILMOGRAPHIE: Luigi Batzella est un réalisateur italien né le 27 Mai 1924 à San Sperate, en Sardaigne, décédé le 18 Novembre 2008. 1966: Tre franchi di pietà. 1969: Les Mille et une nuits d'Istamboul. 1970: Quand explose la dernière grenade. 1971: Pour Django les salauds ont un prix. 1971: Les Ames damnées de Rio Chico. 1972: Le poulain était fils Dieu. 1972: Confessioni segrete di un convento di clausura. 1973: Les Vierges de la pleine lune. 1974: Les Nuits perverses de Nuda. 1974: Lo Strano ricatto di una ragazza par bene. 1977: Les Tigres du Désert. 1977: Holocauste Nazi. 1978: Symphonie de l'amour. 1979: La Guerre du Pétrole. 1980: l'Implacable Défi (non crédité).


    Deux ans après les premiers exploits putassiers d'Ilsa, la louve des SS, l'Italie exploite à son tour le filon du Nazisploitation dans le célèbre Holocauste Nazi du tâcheron Luigi Batzella. Banni des écrans anglais et rapidement scellé dans la rubrique des Video Nasties (recensement établi à partir de 1984 pour les films VHS jugés trop gore et/ou violents !), ce nanar transalpin fait office d'un véritable culte dans son pays d'origine. Car à l'instar du tout aussi incongru Anthropohagous de Joe d'Amato, Holocaust Nazi doit sa réputation d'oeuvre scabreuse par l'entremise de deux séquences crapuleuses. La première scène illustrant la mort par balles d'un bébé après avoir été projeté en l'air par un officier SS. La seconde, la plus innommable et explicite, exposant vulgairement les pulsions sexuelles d'un homme-singe encagé parmi la présence d'une captive nue ! Ainsi, de manière erratique, le dément se précipitera sur son otage pour lui arracher à la main ses poils pubiens tout en les mastiquant goulûment dans la bouche ! Une scène d'anthologie proprement scandaleuse se vautrant sans vergogne dans la putasserie parmi l'insistance de zooms sanguinolents pointés sur le pubis et la mâchoire baveuse du dément ! Heureusement, le caractère risible de la situation et surtout les grimaceries outrancières gesticulés par cet acteur néandertalien permettent avec le recul de faire passer la pilule, même si ce moment trash reste à jamais gravé dans les déviances du cinéma hardcore. D'autres séquences gores (arrachages d'ongles en gros plan, décharge électrique sur un organe génital féminin, rats dévorant l'estomac d'une détenue) viennent en alternance renforcer son attrait sanglant, probablement afin de surenchérir son modèle ricain précité. Mais l'aspect amateuriste de la réalisation et des comédiens bovins ainsi que la pauvreté des trucages élémentaires n'engendrent pas l'intensité escomptée !


    On regarde donc ce succédané avec l'esprit curieux du masochiste vicié pour observer ce plaisir coupable finalement impayable, quand bien même cette déclinaison emprunte notamment des stock shots et autres séquences de guerre préalablement illustrées dans Quand explose la dernière grenade du même réal ! Le scénario idiot n'est donc qu'un prétexte pour mettre en exergue des confrontations belliqueuses entre partisans italiens et officiers SS (on s'étonne par ailleurs du caractère distrayant des séquences d'action nerveusement emballées !), alors qu'une experte en médecine, Ellen Krash, s'est entreprise d'expérimenter un sérum sur un mâle lubrique destiné à violer les femmes des militants !  Ainsi donc, si toute l'entreprise du film est indéniablement compromise par la maigreur de son budget, sa maladresse technique et la défaillance de ses comédiens, Holocaust Nazi réussit miraculeusement à nous divertir de par sa formule triviale jusqu'au-boutiste. Notamment auprès du dépaysement que nous offrent ces paysages bucoliques de l'Italie alors que durant certaines plages d'accalmie la musique parfois élégiaque dégage une ambiance insolite légèrement palpable. Enfin, pour parachever, je tiens à exprimer mon admiration pour l'actrice Macha Magall se révélant à mes yeux l'une des plus belles garces de l'histoire de la Nazisploitation. Car dans son rôle de médecin nazi, cette comédienne juvénile possède un charisme particulièrement vénéneux à travers son élégance gracile auquel la beauté reptilienne de ses yeux azur laisse transparaître un regard aussi sadique que lubrique ! De mon point de vue subjectif, j'aurais même préféré qu'elle pique la vedette à la volumineuse Dianne Throne iconisée dans sa fameuse trilogie d'Ilsa !


    Oeuvre glauque et malsaine volontairement occultée pour son aspect scabreux, sommet Z de mauvais goût et de déviance, Holocaust Nazi s'avère l'un des ersatz les plus grotesques et incongrus du sous-genre de la Nazisploitation. Pour autant, en dépit de son caractère risible finalement facétieux, il reste réservé à un public averti ! (du moins dans sa version non censurée disponible sur le site de l'Antre de l'horreur)

    *Bruno
    2èx

    Pour les retardataires,
    La chronique de Ilsa, la louve de SShttp://brunomatei.blogspot.fr/2012/03/ilsa-la-louve-des-ss-ilsa-she-wolf-of.html
    Portier de Nuithttp://brunomatei.blogspot.fr/2011/11/portier-de-nuit.html
    La Dernière orgie du 3è Reich: http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-derniere-orgie-du-3e-rei…

    lundi 3 juin 2013

    JACK LE CHASSEUR DE GEANTS (Jack the Giant Slayer)

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site oneclickwatch.org

    de Bryan Singer. 2013. U.S.A. 1h54. Avec Nicholas Hoult, Eleanor Tomlinson, Ewan McGregor, Bill Nighy, John Kassir, Ian McShane, Stanley Tucci, Warwick Davis.

    Sortie salles France: 27 Mars 2013. U.S: 1er Mars 2013

    FILMOGRAPHIE: Bryan Singer (Bryan Jay Singer) est un réalisateur et producteur américain, né le 17 Septembre 1965 à New-York aux Etats-Unis. 1993: Ennemi Public. 1995: Usual Suspects. 1998: Un Elève Doué. 2000: X Men. 2003: X Men 2. 2006: Superman Returns. 2009: Walkyrie. 2013: Jack, le chasseur de géants.


    D'après le célèbre roman d'Orville H. Hampton, Jack le chasseur de géants est une nouvelle adaptation érigée sur le principe mercantile du blockbuster familial. Si la version de 1961 réalisée par Nathan Juran nous eut émerveillé grâce aux créatures confectionnées par le maître du stop motion, Ray Harryhausen, la réactualisation de Singer fait appel aux traditionnels effets numériques pour authentifier l'apparence gargantuesque de ces géants. Car en l'occurrence, c'est dans le registre de l'action épique que le réalisateur d'X men s'est attelé pour divertir son jeune public en faisant appel à une armée de monstres titanesques ! Ce qui frappe d'emblée à la vue de ce film d'aventure trépidant c'est l'extrême soin accordé à la physionomie des géants. Des créatures renfrognées à la trogne patibulaire que l'on arrive à distinguer par leur apparence autonome (à l'image de leur leader bicéphale, puisque accoutré de deux têtes sur son tronc !). La trame se résumant à la rencontre de Jack et d'une poignée de chevaliers réunis en amont du ciel sur la contrée des géants afin de retrouver une princesse. Après quelques péripéties pour la quête d'une couronne sacrée, les géants réussissent à s'en emparer afin de pouvoir revenir sur les terres du Roi Arthur et semer le chaos. Au centre de cette confrontation, Jack, jeune fermier de 18 ans, va pouvoir montrer ses preuves insoupçonnées de bravoure et vaillance pour s'imposer en chasseur de géants !


    La bonne nouvelle avec ce Blockbuster dénué de prétention c'est que l'action, régulièrement présente, s'avère tributaire de l'histoire en faisant fi d'esbroufe inutile. Si le scénario classiquement planifié ne réserve pas vraiment de surprise, sa structure narrative est suffisamment adroite et efficace pour nourrir l'intérêt avant de culminer vers une bataille homérique de grande ampleur. Les décors soignés réussissent également à s'imposer dans la topographie d'une contrée inexplorée emménagée par des géants hostiles. Enfin, nos héros pugnaces qui font face à la menace font preuve d'assez de personnalité pour éviter l'étiquette usuelle du stéréotype (pour exemple, la princesse est loin d'être estampillée "potiche écervelée "!). Dans le rôle de Jack, la valeur montante Nicholas Hoult possédant ici un charisme saillant dans sa candeur innocente mêlée de bravoure audacieuse. 


    Avec une intégrité évidente, Bryan Singer accomplit avec Jack le chasseur de géants un divertissement intelligent où les effets pyrotechniques et la magie du numérique ont été adroitement agencés afin d'y cristalliser un univers mythologique fondé sur l'existence des géants. Il en émane un semblant de série B luxueuse dans son refus de surenchère doublé d'un plaisir de cinéphile renoué dans son désir inné d'exaltation et de dépaysement.


    03.06.13
    Bruno Matéï