lundi 15 avril 2013

L'EXORCISME D'EMILY ROSE (The Exorcism of Emily Rose)

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Scott Derrickson. 2005. U.S.A. 2h02. Avec Laura Linney, Tom Wilkinson, Campbell Scott, Jennifer Carpenter, Colm Feore, Joshua Close, Kenneth Welsh, Scott Derrickson.

Sortie salles France: 7 Décembre 2005

FILMOGRAPHIE:  Scott Derrickson est un réalisateur, producteur et scénariste américain.
1995: Love in the Ruins. 2000: Hellraiser 5: Inferno. 2005: l'Exorcisme d'Emilie Rose. 2008: Le Jour où la terre s'Arrêta. 2012: Sinister. 2013: Goliath. Prochainement: Deus Ex.


Comme Emily l'avait prédit, son histoire a affecté de nombreuses personnes. Sa tombe est devenue un lieu de pèlerinage non officiel qui continue d'attirer des visiteurs du monde entier. Après le procès, le père Moore s'est mis à vivre en reclus, refusant de faire appel, et déclarant: "cette question concerne Dieu: les tribunaux de ce monde ne peuvent rendre de jugement sur elle". 
Erin Brune a communiqué son dossier a un expert médical et anthropologue dont les recherches et les travaux publiés sur la vie et la mort d'Emily Rose ont inspiré le film. 

Influencé par l'histoire d'Anneliese Michel, une jeune allemande décédée après une séance d'exorcisme dans les années 70, le film de Scott derrickson relate le calvaire d'Emily Rose, étudiante universitaire asservie par des forces démoniaques. Loin d'être un ersatz grossier de l'Exorciste de Friedkin ou d'un pseudo documenteur éculé, l'Exorcisme d'Emilie Rose s'en démarque lestement en privilégiant l'aspect médical d'un cas de possession (Emilie souffrirait de trouble épileptique psychotique !) plutôt que d'insister sur son caractère surnaturel lié à la spiritualité.


Avec l'efficacité d'un suspense lattent, le réalisateur alterne séances de procès pour la culpabilité du père Richard Moore (il est accusé d'homicide par imprudence) avec quelques moments horrifiques parfois terrifiants (les flash-back illustrant les premières manifestations surnaturelles infligées sur Emilie) ou impressionnants (la séance d'exorcisme confinée dans la grange). On sent bien que Scott Derrickson souhaite avant tout renforcer l'aspect crédible de son récit inspiré d'une authentique affaire de possession en juxtaposant les discours contradictoires de deux avocats. L'un préconisant une cause scientifique, l'autre une foi divine. Durant cette captivante session, le spectateur se pose donc en témoin, partagé entre l'explication rationnelle d'une grave pathologie, ou celle, irrationnelle, d'une existence démoniaque. Avec intelligence, le réalisateur ne prend pas parti sur ses théories antinomiques et nous laisse donc au final dans la suspicion. A savoir si une prescription médicale aurait pu influencer le décès d'Emilie ou s'il s'agissait d'un authentique cas de possession. Le débat argumenté accordant autant d'intérêt à la réflexion scientifique que mystique. En ce qui concerne la caractérisation interlope d'Emily, l'actrice Jennifer Carpenter réussit avec fébrilité à insuffler une dimension humaine dans son désespoir lamenté et ses crises de folie originaires d'une démence satanique. Son désarroi nous est retransmis avec réalisme rigoureux quand celle-ci se retrouve sujette à des visions hallucinatoires, ou quand elle doit endurer (ou s'infliger) diverses agressions corporelles d'une entité invisible. Qui plus est, sa silhouette longiligne et son faciès étrange renforcent le malaise éprouvé à la vue de ces contractions difformes.


Avec intelligence et efficacité, l'Exorcisme d'Emilie Rose allie le film de procès et l'épouvante pour mieux s'écarter des ficelles balisées du thème satanique. Sa réflexion spirituelle sur la foi catholique nous donne à réfléchir sur nos croyances intrinsèques (que l'on soit athée, pratiquant ou agnostique), sur nos doutes existentiels et surtout sur l'emprise chimérique du diable.

15.04.13. 3èx
Bruno Matéï

La véritable Anneliese Michel  (source wikipedia)
Anneliese Michel (1951 - 1976) est une jeune Allemande célèbre pour avoir été prétendument possédée par des démons. Sa vie a servi de modèle pour les films L'Exorcisme d'Emily Rose (film de Scott Derrickson sorti en2005) et Requiem (film de Hans-Christian Schmid sorti en 2006).

BIOGRAPHIE:
Depuis sa naissance le 21 septembre 1952 à Leiblfing (Bavière), Anneliese Michel mena d'abord une vie normale, caractérisée seulement par une grande piété. Du jour au lendemain, sa vie bascula.

Un jour de 1968, elle commença à trembler violemment et à ne plus savoir contrôler son corps. Lors de ses crises, elle perdait sa voix, ne pouvait plus appeler à ses parents pour leur demander de l'aide. Un neurologue diagnostiqua qu'elle souffrait d'épilepsie et fut admise à l'hôpital pour un traitement.

Après ses premières attaques, elle crut voir des visages démoniaques en train de grimacer lors de sa prière quotidienne, elle avait aussi l'impression d'entendre des voix. Anneliese en parla aux médecins qui ne savaient plus comment l'aider.

Au début de l'année 1973, les parents d'Anneliese demandèrent à plusieurs prêtres d'exorciser leur fille, mais ils pensaient qu'il lui suffisait de continuer de prendre ses médicaments. De plus, pour pratiquer un exorcisme, il fallait que la personne possédée répondît à des caractéristiques bien spécifiques : parler une langue qu'elle n'avait jamais apprise, avoir des pouvoirs surnaturels et se sentir gênée par des objets religieux.

En 1974, un prêtre l'examina et accepta qu'on pratiquât un exorcisme, mais sa hiérarchie le lui interdit. Son état alors empira et les crises devinrent de plus en plus violentes. Elle insultait les membres de sa famille, les battait et les mordait.

Elle refusait de manger, prétendant que les démons ne lui permettaient pas de le faire. Elle dormait à même le sol. On pouvait l'entendre toute la journée en train de hurler, de briser les crucifix et de détruire des peintures représentant Jésus.

En 1975, après avoir vérifié l'état de sa possession, l'archevêché autorisa un exorcisme fondé sur le rituel romain. Le curé de sa paroisse considérait qu'Anneliese était possédée par plusieurs démons dont il fallait la libérer. À partir de 1975, on pratiqua un ou deux exorcismes sur elle chaque semaine. Parfois, les crises étaient tellement fortes qu'il fallait trois hommes pour la maîtriser si on ne l'enchaînait pas. Malgré cela, elle put reprendre un semblant de vie normale : retourner à l'école, participer à un concours….

Cependant, les crises ne cessèrent pas. De plus en plus souvent, elle se trouvait paralysée et inconsciente. Elle refusait complètement de manger. Ses nombreuses génuflexions (plus de 600 de suite), provoquèrent une rupture au niveau des genoux. Quarante cassettes audio furent enregistrées lors des exorcismes afin d'en conserver des détails.

Le dernier exorcisme eut lieu le 30 juin 1976. À ce stade, Anneliese souffrait d'une pneumonie. Elle avait le visage émacié et souffrait d'une grande fièvre. Elle était exténuée physiquement. Mais elle restait consciente de sa situation. Sa mère enregistra sa mort.

Un procureur fit alors une enquête à la suite de laquelle les deux prêtres exorcistes et les parents d'Anneliese furent inculpés de négligence ayant entraîné la mort, car les médecins affirmaient qu'elle était épileptique et psychotique.

Les prêtres exorcistes firent écouter des enregistrements des différents exorcismes qu'ils avaient pratiqués, au cours desquels ils affirmaient pouvoir distinguer la voix de deux démons en train de se disputer, se demandant lequel des deux quitterait le premier le corps d'Anneliese.

Les parents et les deux prêtres furent condamnés à 6 mois de prison.

Anneliese Michel est aujourd'hui enterrée au cimetière de Klingenberg am Main, sa mère va lui rendre visite chaque jour. C'est un lieu de pèlerinage sur lequel se rendent des personnes de différentes nationalités. Elle est considérée comme la femme qui a bravement combattu Lucifer et ses Démons.

samedi 13 avril 2013

THE DIVIDE

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site zoom.lk

de Xavier Gens. 2012. U.S.A. 1h57. Avec Lauren German, Michael Biehn, Milo Ventimiglia, Courtney B. Vance, Mickael Eklund, Ashton Holmes, Rosanna Arquette.

Sortie Dvd en France: 1er Juin 2012

FILMOGRAPHIE: Xavier Gens est un réalisateur, scénariste, producteur exécutif et acteur français, né le 27 Avril 1975 à Dunkerque. 2007: Hitman. 2008: Frontières. 2012: The Divide. 2012: The ABCs of death (un segment)


Pour son troisième long-métrage, Xavier Gens nous assène un véritable coup de poing à l'estomac avec ce huis-clos post-apo d'une intensité toujours plus éprouvante. A la suite d'une explosion nucléaire, une poignée de survivants se réfugie sous l'abri d'un bunker en attendant les retombées radioactives. Davantage reclus dans le désespoir et l'individualisme, ils vont devoir faire face à leurs pires névroses meurtrières. Film choc s'il en est, The Divide est une véritable descente aux enfers auquel une poignée de rescapés vont se retrouver confrontés à leur pire ennemi: l'homme ! Dans un climat irrespirable de claustration suintant l'insalubrité et la puanteur des excréments, nos antagonistes vont peu à peu céder à la panique du désespoir dans leur conflit de rivalité. Affamés et épuisés par la fatigue, les plus téméraires opposés à la hiérarchie d'un leader vont peu à peu se laisser motiver par la rancune dans une folie meurtrière irréversible. D'une violence abrupte jusqu'au-boutiste, Xavier Gens livre ici un constat implacable sur la nature primitive de l'homme quand celui-ci se retrouve privé de sa liberté et de son environnement familier.


En l'occurrence, lorsqu'il est contraint de co-habiter en réclusion parmi l'intrusion de quidams désoeuvrés. Avec une radicalité impassible inscrite sur la dégénérescence morale, le réalisateur traite de notre instinct meurtrier, de la contagion du mal et de l'esprit d'individualité où orgueil et rancoeur vont laisser libre court à  une haine incontrôlée. Notamment notre incapacité à pouvoir vivre en communauté lorsque la précarité, la peur de trépasser et la phobie de l'isolement nous écartent de la cohésion fraternelle. Durant plus de deux heures, nous nous sentons piégés en vase clos parmi l'incivisme de ses huit occupants dont chaque membre ne pourra compter que sur sa propre indépendance. Dans un déchaînement de violence émanant de leur déchéance autodestructrice, The Divide nous plonge au coeur d'un cauchemar claustrophobique où la notion de désespoir nous laisse en état de collapse. Quand au final nihiliste, il converge vers la folie paroxystique et enfonce encore le clou pour la destinée précaire de certains survivants, quand bien même dehors, la fin de la civilisation a déjà sonné le glas !

The End
Soutenu par la partition désenchantée de Jean-Pierre Taïeb, The Divide s'érige en tragédie humaine sous l'entremise d'antagonistes transis de haine (Milo Ventimiglia et Mickael Eklund vampirisent communément l'écran en tyrans sociopathes) ou de désoeuvrement (Rosanna Arquette se livre corps et âme dans la débauche sexuelle !). Une épreuve de force immorale, un cauchemar du néant laissant au final un sérieux goût de souffre dans la bouche par son aura malsaine. Le film est d'autant plus maîtrisé dans sa réalisation appliquée, parfaitement interprété et immersif en diable qu'il fut injustement banni de nos salles obscures.

Dédicace à Xavier Gens
13.04.13. 2èx
Bruno Matéï

vendredi 12 avril 2013

La Septième Prophétie (The Seventh Sign)

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site listal.com

de Carl Schultz. 1988. U.S.A. 1h37. Avec Demi Moore, Michael Biehn, Jürgen Prochnow, Peter Friedman, Manny Jacobs.

Sortie salles France: 28 Novembre 1988

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Carl Schultz est un réalisateur américain, né le 19 Septembre 1939 à Budapest (Hongrie). 1977: The Tichborne Affair (télé-film). 1978: Blue Fin. 1987: Bullseye. 1987: Travelling North. 1988: La Septième Prophétie. 1989: Cassidy (télé-film). 1991: La Traversée de l'enfer. 1992: Les Aventures du jeune Indiana Jones (série TV). 1993: Curacao (télé-film). 1997: l'Amour en embuscade (télé-film). 1999: l'Homme qui parlait aux lions.


..."Ce film est une métamorphose, un message sur la nécessité d'avoir confiance en l'homme, sur notre fragilité également, notre planète pourrait disparaître, nous devrions aujourd'hui sérieusement nous en soucier, selon moi, ce message est important"...  Paul R. GURIAN (producteur exécutif)

Dans l'univers ludique du cinéma de genre, il arrive parfois que certaines séries B sombrent dans l'oubli alors que tout fut soigneusement mis en oeuvre pour interpeller les cinéphiles les plus aguerris. La Septième Prophétie fait indubitablement partie de cette cible de métrage préalablement vouée à respecter le genre (et donc son public) avec une foi inébranlable. Car élaboré par un réalisateur méconnu et incarné par des comédiens en ascension (Demi Moore, Michael Biehn, Jürgen Prochnow), cette déclinaison inspirée de la Malédiction surprend par sa véracité à tenter de nous convaincre que l'apocalypse est à (nouveau à) son avènement ! Le pitch: Alors que Abby et Russel forment un couple harmonieux, l'arrivée d'un étrange locataire remet en cause la naissance de leur future progéniture. Pour cause, selon une sombre prophétie de la bible, le bébé d'Abby serait un enfant sans âme destiné à provoquer la fin du monde. Dans la lignée des films satanistes inspirés des versets de la bible, La 7è Prophétie nous refait le coup de la "malédiction" avec ses prédictions catastrophistes si bien que notre environnement écologique subira nombre de dérèglements climatiques avant le fameux jugement dernier. 


Et si la première demi-heure  inquiétante et soigneusement imagée inspire un léger sentiment de déjà vu, la maîtrise de la mise en scène ainsi que sa structure narrative nous persuadent déjà de son potentiel d'efficacité. Le spectateur s'identifiant au désarroi progressif d'une future mère de famille, toujours plus contrariée face aux allégations prémonitoires d'un clandestin divin. Il faut d'ailleurs louer la sobre prestance de notre juvénile Demi Moore, incarnant avec une candeur fragilisée le rôle d'une épouse meurtrie. Sa dimension humaine nous insufflant une réelle empathie au point d'y authentifier l'intrigue, sans compter l'importance universelle de son dilemme moral particulièrement poignant. Dans celui du messager de dieu, Jürgen Prochnow (la Forteresse Noire) dégage une troublante personnalité dans son discours fanatique inspiré de la colère de Dieu, et ce en nous interrogeant de façon suspicieuse sur sa véritable motivation. Un peu plus en retrait mais toutefois irréprochable, Michael Biehn endosse la fonction d'un époux en retenue non exempt de conviction. Alors que l'exercice de sa profession d'avocat jouera un rôle déterminant pour le sort d'un condamné à mort affilié à la destinée de notre monde. Et si La 7è prophétie s'alloue d'une mise en scène inspirée, d'un scénario solide et d'une interprétation probante (jusque dans les seconds rôles, tel cet étudiant juif prêtant main forte à Abby), il faut également reconnaître la densité de son suspense progressif toujours plus vertigineux quant aux enjeux alarmistes des protagonistes culminant vers un épilogue bouleversant.


Sans faire preuve d'esbroufe et encore moins de violence racoleuse, Carl Schultz entreprend avec la 7è Prophétie une oeuvre fantastique éthérée imprégnée de mysticisme, d'émotion fragile et d'étrangeté diffuse. Et ce en dépit du caractère spectaculaire de son point d'orgue pourvu d'effets spéciaux impressionnants (le cataclysme régi au sein de l'hôpital). A l'instar de la Malédiction de Richard Donner, ce divertissement aussi retors qu'intelligent puise sa force émotionnelle dans sa véracité narrative à nous convaincre que l'apocalypse est sur le point d'éclore sous la mainmise d'une mère déchue ! Une perle des années 80 à revoir absolument d'autant plus qu'il parvient à surprendre jusqu'à l'ultime minute alarmiste. 

*Eric Binford
10.02.22. 4èx
12.04.13. 




jeudi 11 avril 2013

AMERICAN MARY

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site horror-movies.ca

de Jen Soska et Sylvia Soska. 2012. Canada. 1h42. Avec Katharine Isabelle, Antonio Cupo, Tristan Risk, David Lovgren, Paula Lindberg, Clay St. Thomas.

FILMOGRAPHIE: American Mary est le premier long-métrage des soeurs Soska.


R.A.S

mercredi 10 avril 2013

Driver / The Driver

                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site forum.plan-sequence.com

de Walter Hill. 1978. U.S.A. 1h31. Avec Ryan O'Neal, Isabelle Adjani, Bruce Dern, Ronee Blakley, Matt Clark, Felice Orlandi.

Sortie salles France: 23 Août 1978. U.S: 28 Juillet 1978

FILMOGRAPHIE: Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis). 1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver,1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule,1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs,1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV).


Bien avant le succès inattendu de Drive et la révélation Ryan Gosling, Walter Hill réalisa en 1978 un western urbain insolite avec comme antagoniste principal, un chauffeur aussi taiseux, conducteur infaillible de braqueurs de casino (et de banque !). Honteusement occulté mais enfin commercialisé en BR et 4K en ce Décembre 2022, ce polar dense magnifiquement interprété par le bellâtre Ryan O'Neal (à contre emploi de sa docile physionomie !) est une véritable perle noire d'une intensité acérée. Pour l'anecdote singulière, aucun protagoniste du film ne possède un quelconque patronyme ! Les personnages évolutifs se prénommant le "chauffeur", la "joueuse", le "détective" et le "contact" ! Quant à sa trame, limpide mais redoutablement solide et truffée de rebondissements retors, elle se résume à une traque incessante entre un chauffeur inébranlable et un flic bourru au sein d'une métropole crépusculaire magnifiquement éclairée de néons verts/bleus. Délibéré à mettre en cabane ce mastard de la conduite, le détective négocie la manigance d'un énième braquage de banque avec la complicité d'un gangster minable. Au préalable, une mystérieuse femme adepte des jeux de casino sauva la mise du conducteur pour feindre un alibi après avoir été témoin du braquage. Pendant que le détective reste sur le qui-vive, une étrange relation équivoque se noue entre le couple.


Driver démarre sur les chapeaux de roue avec une séquence vertigineuse de poursuite automobile remarquablement coordonnée par un réalisateur extrêmement tatillon. Dans les rues nocturnes de New-York, une armada de véhicules de police est lancée à vive allure afin d'appréhender le fameux conducteur. Ce prologue incisif au montage incroyablement fluide est l'entrée en matière d'un western urbain transcendant le portrait d'un anti-héros taciturne (Ryan O'Neal est littéralement habité par sa prestance austère), pourchassé par un flicard rancunier. Walter Hill organisant leur confrontation à l'instar d'un jeu de compétition auquel le scénario charpenté multipliera trafalgars et revirements. Ainsi donc, dans une ambiance de film noir à la fois moderne et typiquement Seventie, Driver exploite à merveille le cadre tentaculaire d'un New-York ténébreux dont flics et gangsters semblent dominer la ville pour l'enjeu cupide d'une mallette. D'une efficacité redoutable de par son cheminement narratif jalonné de deux poursuites automobiles que l'on peut qualifier sans rougir d'anthologiques, le réalisateur en profite d'y esquisser le portrait subversif de trois antagonistes à la fois teigneux et réfléchis. Celui d'un détective cynique auquel Bruce Dern endosse son rôle perfide avec une hargne opiniâtre (non exempt de dérision). Celle d'une joueuse (génialement) mutique qu'Isabelle Adjani entretient avec un charme trouble, pour ne pas dire étrangement félin. Et enfin celui du fameux chauffeur de voiture, casse-cou stoïque que Ryan O'Neal transcende avec une stature hautaine impassible ! Georges Miller s'en est d'ailleurs peut-être inspiré pour mettre en exergue la pugnacité suicidaire du personnage de Max !


Saturé du charisme viril d'un trio d'antagonistes retors éclatant l'écran à chacune de leurs apparitions et mis en scène avec rigueur technique et formelle sous l'impulsion d'une bande-son ombrageuse, Driver s'impose sans ambages en modèle du film d'action, western urbain à la photogénie crépusculaire électrisante. En d'autres termes, un divertissement adulte (notamment auprès de ses âpres éclairs de violence que l'on ne voit jamais venir) d'une classe royale. Et c'est à revoir de toute urgence, qui plus est du fait de son extrême rareté inexplicablement injustifiée (j'insiste). 

En France, il atteint la 33e place du box-office annuel 1 102 183 entrées

*Bruno

Pour rappel, chronique de sa déclinaison: http://brunomatei.blogspot.fr/2011/12/drive-prix-de-la-mise-en-scene-cannes.html

10.04.13. 
08.12.22. 4èx. Vost


 

mardi 9 avril 2013

HIGHLANDER


                   
                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

de Russel Mulcahy. 1986. U.S.A/Angleterre. 1h55 (version européenne). Avec Christophe Lambert, Sean Connery, Roxanne Hart, Clancy Brown, Beatie Edney, Alan North, Jon Polito.

Sortie salles France: 26 Mars 1986. U.S: 7 mars 1986. Angleterre: 29 Août 1986.

FILMOGRAPHIE: Russel Mulcahy est un réalisateur australien, né le 23 Juin 1953 à Melbourne, dans l'état de Victoria. 1979: Derek and clive get the horn. 1984: Razorback. 1985: Arena. 1986: Highlander. 1991: Highlander 2. 1991: Ricochet. 1992: Blue Ice. 1993: l'Affaire Karen McCoy. 1994: The Shadow. 1996: Tireur en péril. 1998: La malédiction de la Momie. 1999: Resurrection. 2003: Swimming Upstream. 2007: Resident Evil: Extinction. 2008: Le Rois Scorpion 2. 2009: Fais leur vivre l'enfer, Malone !


Flop commercial aux States alors qu'en France il cumule pas moins de 4 141 203 entrées, Highlander aura tout de même engendré des suites mercantiles régressives (séries TV en sus !) comparées à l'oeuvre charnière de Russel Mulcahy. Avec le talent virtuose d'un jeune réalisateur novateur, cette grande fresque furibonde combine le genre fantastique puis l'action trépidante avec une singularité extravagante. Erigé sur la thématique de l'immortalité, Highlander nous illustre non sans lyrisme la destinée d'un guerrier écossais, Connor Mc Leod. Condamné à vivre éternellement, il doit cependant faire face à son plus terrible rival, le chevalier noir Kurgan. Dans leur tradition, seul le dernier immortel victorieux peut remporter le "prix" à la fin du combat. Seulement, la décapitation est le seul moyen d'annihiler l'adversaire. Traqués depuis des siècles, les deux hommes s'engagent dans une lutte sans merci en plein New-York contemporain. Dans un habile montage soucieux de créativité, Russel Mulcahy nous confronte à deux univers parallèles au sein de deux époques distinctes. L'Ecosse médiévale de 1536 et le New-York urbain de 1985. Grâce à cette transition narrative exploitant ses ruptures de ton par entremise du flash-back, le réalisateur alterne le souffle épique d'une fresque guerrière et l'action débridée d'une traque urbaine. Avec la spontanéité de deux comédiens habités par une verve exaltante (le jeune Christophe Lambert secondé du monstre sacré Sean Connery), Highlander nous relate leur incroyable odyssée avec un sens de bravoure et de loyauté digne des légendes séculaires.


Outre le ton décalé de certaines situations débridées (le gymkhana de Kurgan avec une septuagénaire dans les ruelles nocturnes, la seconde course automobile avec l'experte médicale ou encore sa rencontre blasphématoire avec Mc Leod en interne d'une église), Russel Mulcahy allie notamment le souffle romanesque d'une émotion prude pour la romance impartie entre Mc Leod et sa dulcinée. Sur ce dernier point, l'un des moments les plus bouleversants aborde avec acuité le thème douloureux de la perte de l'être cher quand un homme immortel témoigne de la vieillesse dégénérative de son épouse sclérosée. Cette dimension romantique que Christophe Lambert retransmet avec sensibilité doit beaucoup au caractère lyrique du film, en abordant notamment une réflexion existentielle sur le sens de la mortalité et le refus d'aimer (pour éviter de souffrir, Mc Leod doit s'engager à ne plus tomber amoureux). Sans compter l'ingérence de son mentor, Sean Connery, expert en apprentissage du maniement de l'épée (leurs séances d'entraînement exécutés sur les montagnes écossaises s'avèrent d'une puissance émotionnelle enivrante) et philosophe dans l'art d'exprimer la déontologie de la pérennité. Avec une belle efficacité et une originalité audacieuse (les combats physiques s'y mêlent au fracas des lames du katana, la puissance énergétique du "Quickening" qu'extériorise le vainqueur après chaque duel), Russel Mulcahy ne cesse d'alterner envolées lyriques, souffle épique et romantisme mélancolique.


De par son scénario singulier transcendant des profils belliqueux d'une fragile dimension humaine, Highlander s'érige en fresque ambitieuse où l'action échevelée redouble d'audaces formellesAu rythme d'une BO survitaminée imposée par Michael Kamen et le célèbre groupe Queen, le film culte de Mulcahy perdure les épreuves du temps sous l'impulsion capiteuse de son emprise émotionnelle, élégie occulte sur l'achèvement de la mortalité. 

09.04.13. 5èx
Bruno Matéï

lundi 8 avril 2013

WILLOW

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Ron Howard. 1988. U.S.A. 2h06. Avec Val Kilmer, Warwick Davis, Joanne Whalley, Jean Marsh, Patricia Hayes, Billy Barty.

Sortie salles France: 14 Décembre 1988. U.S: 20 Mai 1988

FILMOGRAPHIE: Ron Howard est un réalisateur et acteur américain, né le 1er Mars 1954 à Duncan, Oklahoma.
1977: Lâchez les bolides. 1982: Les Croque-morts en folie. 1984: Splash. 1985: Cocoon. 1985: Gung Ho. 1988: Willow. 1989: Portrait craché d'une famille modèle. 1990: Backdraft. 1992: Horizons Lointains. 1994: Le Journal. 1995: Apollo 13. 1996: La Rançon. 1999: En direct sur Ed TV. 2000: Le Grinch. 2001: Un Homme d'Exception. 2003: Les Disparus. 2005: De l'ombre à la lumière. 2006: Da Vinci Code. 2008: Frost/Nixon. 2009: Anges et Démons. 2011: Le Dilemme. 2013: Rush


Produit et co-écrit par Georges Lucas (l'idée de son projet remontant à 1972, bien avant Star Wars !), Willow est une aventure d'héroïc-fantasy qui ne rencontra pas le succès escompté à sa sortie. Puisque Lucas souhaitait que son accueil honorable soit aussi cuisant qu'une production notoire de la trempe d' E.T. Pour desservir l'entreprise, les critiques de l'époque s'avéraient également mitigées. Pourtant, dans l'hexagone, il totalise quand même 2 176 569 entrés et son marché vidéo à l'étranger contribue notamment à favoriser certains bénéfices. Le choix risqué de Lucas d'allouer la réalisation à un cinéaste mercantile habitué des productions balisées pouvait laisser craindre un divertissement populaire dénué de personnalité. En dépit de sa faiblesse narrative éludée de toute surprise, Willow s'avère un formidable divertissement conçu avec panache dans son florilège d'action et d'effets-spéciaux estampillés "Morphing". C'est d'ailleurs la première fois que cette technologie révolutionnaire est utilisée dans un long-métrage. Pour rappel, le Morphing consiste à modifier, devant nos yeux de spectateur, une animation en cours (sans l'effet suggéré du fondu au noir) jusqu'à la transformer vers son stade final. A titre d'exemple, un visage peut se subtiliser à un autre sans l'effet traditionnel d'une coupe technique !


Avec la bonhomie attachante de l'acteur nain Warwick Davies et la mesquinerie irrésistible de Val Kilmer, cette aventure d'héroic fantasy nous enthousiasme par leur complicité impromptue. D'autant plus que le charme indocile de la rarissime Joanne Whalley est un atout supplémentaire pour rendre attractive leur mission dangereuse (préserver la vie d'un bambin contre l'autorité d'une sorcière maléfique) jalonnée d'altercations entre clans rivaux. Si la présence insupportable des deux lutins viennent un peu entacher l'ambiance pittoresque par leurs inepties infantiles, la succession quasi ininterrompue d'action et de cascades homériques rendent l'aventure facilement stimulante. La beauté naturelle de ces vastes paysages néo-zélandais et le florilège de créatures fantastiques qui émaillent le récit imposent une féerie naïve renforcée par l'innovation de ces effets-spéciaux. Et à ce niveau, la bataille finale compromise au sein du château où deux sorcières utilisent communément leurs  pouvoirs magiques pour se confronter ne lésinent pas sur l'imagerie surnaturelle. Le charisme ensorcelant de ces deux alchimistes à l'éthique contradictoire exacerbe notamment une vraie persuasion dans leur dimension fanatisée.


Orchestré par le superbe score aérien de James Horner, Willow est un excellent spectacle alliant avec probité humour, action, romance et féerie. Hormis la pauvreté de son scénario, Ron Howard réussit avec l'efficacité d'une mise en scène véloce à nous attendrir (notamment l'empathie que l'on accorde au peuple nain des Nelwyn) parmi l'insolence du duo Madmartigan (Val Kilmer)/Sorsha (Joanne Whalley) et la persévérance du candide Willow

Pour parachever, la critique de mon ami Gilles Rollandhttp://www.onrembobine.fr/star-video-club/6796
08.04.13. 3èx
Bruno Matéï



vendredi 5 avril 2013

LES GUERRIERS DE LA NUIT (The Warriors). Director's Cut.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Walter Hill. 1979. U.S.A. 1h34. Avec Michael Beck, James Remar, Dorsey Wright, Thomas G. Waites, Brian Tyler, David Harris, Tom McKitterick.

Sortie salles France: 27 Août 1980. Interdit durant quelques mois en France, puis interdit au - de 18 ans lors de sa sortie en salles, et très vite réévalué en interdiction aux moins de 13 ans.
Sortie U.S: 9 Février 1979. Interdit au moins de 17 ans.

FILMOGRAPHIEWalter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis). 1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver,1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule,1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs,1993 : Geronimo, 1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV).


Film culte pour toute une génération alors qu'en France le comité de censure s'empressa d'édulcorer sa violence en l'expurgeant de 10 minutes, les Guerriers de la Nuit demeure une flamboyante bande dessinée aux accents surréalistes. Alors que toutes les bandes de la ville New-yorkaise sont réunies pour écouter l'allocution de leur leader révolutionnaire, ce dernier est lâchement assassiné par l'un de ses membres. Accusé à tort du meurtre, le clan des Warriors est contraint de subir une traque inlassable auprès de la populace marginale. Ainsi, pour rejoindre leur quartier résidentiel, ils feront preuve de vaillance inébranlable afin de les combattre et sauver leur innocence. Film d'action incisif mené sur un rythme alerte de par ces moult rixes urbaines, les guerriers de la nuit transfigure l'épreuve de force d'une poignée de marginaux particulièrement pugnaces pour tenter de s'opposer à une rivalité de clans. Leur course-poursuite effrénée entièrement filmée de nuit (si on occulte l'épilogue) étant scandée d'une BO pop-rock sélectionnée par une opératrice radiophonique. Avec une ambition singulière, Walter Hill use d'idées insolites pour relater à l'instar d'une BD futuriste (des planches de dessins sont insérées aux moments propices de l'intrigue) une odyssée fantasmatique renforcée de l'apparat vestimentaire des gangs de rue.


Ces délinquants cosmopolites se distinguant non seulement par leur différence ethnique mais aussi par leur look spécifique souvent extravagant (la plupart des membres sont affublés de vêtements criards alors que d'autres ont le visage peinturluré en se déplaçant en patins à roulette !). Armés de batte de baseball, chaines, couteaux et barres de fer, ils se déploient en masse au coeur d'un New-York aphone pour y être dispersés à chaque recoin des métros, et ce afin d'empêcher la bande des Warriors de rejoindre leur bercail. Même les femmes rebelles d'un groupe féministe s'y mêlent en abusant de leur charme racoleur. Ainsi donc, cet alliage d'action violente, d'aventures et de romance désenchantée (l'idylle équivoque entre Swan et Mercy) est parfaitement géré par un réalisateur novateur délibéré à dépoussiérer le film de bande (un peu à la manière transgressive de Georges Miller avec Mad-Max sorti la même année !). Pour ce faire, les nombreuses rencontres impromptues que les Warriors entreprennent durant leur cheminement nocturne s'avèrent redoutablement efficaces de par le dynamisme des violentes bastonnades impeccablement chorégraphiées et l'attrait surréaliste de son esthétisme urbain ressemblant à s'y méprendre à une ville fantôme éludée de citadins (à quelques quidams près tels ces deux couples de bourgeois prospères affalés sur une banquette ferroviaire).


Scandé de la partition électrisante de Barry De Vorzon, les Guerriers de la nuit se décline en épopée belliqueuse atypique de par sa modernité décalée ainsi que la densité des protagonistes particulièrement bien dessinés. Dans la mesure où on y transfigure des guerriers désoeuvrés en marge d'une société chaotique mais nanti d'un courage, d'une détermination et d'une dignité comparables aux dieux grecques de l'antiquité (à l'image référentielle de son intro animée). Ce Director's cut rarissime est donc à mes yeux un chef-d'oeuvre du survival initiatique aussi probant que sa version ciné, d'autant plus approuvé par l'intention initiale de l'auteur

*Bruno
05.04.13. 6èx

mardi 2 avril 2013

SUEURS FROIDES (Vertigo)

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site lepasseurcritique.com

d'Alfred Hitchcock. 1958. U.S.A. 2h09. Avec James Stewart, Kim Novak, Barbara Bel Geddes, Tom Helmore, Henry Jones, Raymond Bailey, Ellen Corby, Konstantin Shayne.

Sortie salles France: 28 Janvier 1959. U.S: 9 Mai 1958

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980.
1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.


"En août 2012, le magazine de cinéma britannique Sight and Sound le classe Meilleur Film de tous les temps, détrônant ainsi Citizen Kane, qui occupait ce titre depuis 1962."

Considéré comme l'un de ses films les plus accomplis au sein de sa riche filmographie, Sueurs Froides est destiné à transcender les aléas du temps par la densité d'une folle histoire d'amour aux lisières du fantastique. Inspiré du roman D'entre les morts de Boileau-Narcejac, le chef-d'oeuvre élégiaque de Sir Alfred est avant tout une réussite narrative d'une intensité psychologique éprouvante. A travers le cheminement tortueux d'un ancien détective souffrant d'acrophobie, Alfred Hitchcock nous plonge dans une romance vertigineuse d'où plane l'esprit de la réincarnation. Contraint de suivre l'étrange errance d'une jeune femme obsédée par la déveine d'une célèbre défunte, l'inspecteur Scottie va succomber à ses charmes avant qu'un horrible drame ne le plonge dans une solitude inconsolable. Mais un évènement inopiné va à nouveau réveiller sa conscience avec la nouvelle rencontre d'une  femme physiquement similaire à celle qu'il venait de chérir.
En affiliant l'amour déchu, le suspense lattent et le thriller machiavélique, le maître de l'angoisse compose une oeuvre romanesque au parfum mélancolique imprégné de gothisme. Que ce soit à travers la décoration d'une salle de restaurant tapissée d'un rouge rutilant, au sommet vertigineux du clocher d'un oratoire ou dans l'environnement forestier d'une promenade automnale.
Avec la perfection d'un scénario tortueux tributaire des thèmes de l'amour, la mort et l'obsession, Sueurs Froides nous illustre l'introspection douloureuse d'un homme emmêlé dans le faux-semblant. Rongé de culpabilité d'avoir laissé mourir sa maîtresse, faute de son handicap psychologique, Scottie va se retrouver à nouveau hanté par son passé traumatique et réitérer le même procédé narratif afin de démystifier le mensonge.


Transi d'émoi dans son désespoir amoureux, James Stewart livre une intense empathie pour camper un personnage meurtri littéralement ensorcelé par l'esprit d'une femme bicéphale. Dans un double rôle, Kim Novak incarne avec volupté charnelle le rôle d'une renégate finalement compromise par la passion de ses sentiments. A la manière d'un fantôme versatile, l'actrice dégage une aura surnaturelle envoûtante par sa devise sournoise avant de nous chavirer le coeur ATTENTION SPOILER ! dans une chute létale, ultime délivrance accidentelle. FIN DU SPOILER


Avec le lyrisme d'un scénario impeccablement charpenté et sa puissance psychologique qui en résulte, Sueurs Froides transcende une romance insoluble au sein d'un couple avili par l'ampleur d'une sordide machination. Puissamment orchestré par le score tragique de Bernard Hermann, Alfred Hitchcock a accompli un travail exhaustif dans sa réalisation formelle, véritable poème d'amour et de mort illuminé par le duo maudit James Stewart/Kim Nowak !

02.04.13. 3èx
Bruno Matéï 


vendredi 29 mars 2013

ExistenZ. Ours d'Argent de la contribution artistique pour David Cronenberg.

                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmebagarai.blogspot.com

de David Cronenberg. 1999. Angleterre/France/Canada. 1h36. Avec Jennifer Jason Leigh, Jude Law, Ian Holm, Willem Dafoe, Don McKellar, Callum Keith Rennie, Christopher Eccleston, Sarah Polley.

Sortie salles France: 14 Avril 1999. U.S: 23 Avril 1999

FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage,1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.


Déprécié par une majorité de critiques de l'époque, eXistenZ a rapidement été considéré (à tort) comme une copie conforme du chef-d'oeuvre visionnaire Vidéodrome. Mise en abyme à travers l'altération du réel, eXistenZ s'avère une expérience émotionnelle inusité dans les annales du 7è art ! Si bien qu'en traitant des thèmes ludiques du jeu-vidéo et de la réalité virtuelle, David Cronenberg nous interroge sur le rapport addictif qu'un loisir lucratif peut susciter chez le consommateur et sur notre part de conscience sévèrement compromise par l'illusion de la réalité ! Le joueur néophyte atteint de paranoïa ou de psychose ne sachant plus discerner la part de réalité et de fiction ! Bienvenue dans le monde virtuel et organique d'eXistenZ ! Alors qu'un groupe de volontaires se portent garants pour participer au jeu révolutionnaire Existenz, sa conceptrice Allegra Geller est témoin d'un attentat terroriste en pleine séance. Contrainte de fuir ses meurtriers, elle quitte son séminaire avec le stagiaire Ted Pikul et se réfugient dans un motel. Afin de savoir si sa console pod (amphibien génétiquement modifié, relié au système nerveux du joueur par un cordon ombilical) n'a pas été contaminée, elle entreprend par la même occasion de l'initier au jeu. Pour cela il doit se faire implanter un bioport, c'est à dire se faire percer la colonne vertébrale au pistolet hydro-pneumatique ! Un "ombicordon" y est ensuite relié pour accéder à son système nerveux. La partie peut enfin débuter !


Avec sa narration sinueuse semée de déconvenues et fausses pistes, David Cronneberg nous confine dans un jeu d'espionnage géré par des protagonistes interlopes ainsi qu'une race d'amphibiens hybrides. Ainsi, le pouvoir de fascination hypnotique qu'exerce eXistenz auprès du spectateur s'avère une expérience corporelle, viscérale, sensitive de par cet univers malsain auquel notre psyché ne puisse y résister. Par le truchement du couple Allegra Geller / Ted Pikul, nous tentons de comprendre les tenants et aboutissants du jeu versatile conçu pour divertir en façonnant une seconde réalité. Pour ce faire, David Cronenberg dépeint avec dérision notre besoin intrinsèque de rêve et d'évasion afin d'échapper à la morosité de notre quotidien. Il nous interpelle sur le danger perfide de ces nouvelles technologies élaborées dans un premier temps pour nous amuser afin de mieux nous asservir. Il traite notamment du rapport affectif, voir obsessionnel de la passion lorsque le psychisme de l'utilisateur se retrouve plonger au coeur d'un univers chimérique plus vrai que nature, car beaucoup plus stimulant que l'ancienne réalité ! Outre les méfaits addictifs du jeu-vidéo, on peut aussi établir une analogie avec nos technologies actuelles parmi lesquelles le téléphone portable ou les réseaux sociaux (Facebook et Twitter) afin de se rendre compte à quel point l'être humain peut facilement se laisser influencer, envahir par l'abstraction (cynique) du virtuel ! Enfin, on peut aussi suggérer une réflexion existentielle sur la nature réelle de notre destinée auquel un "créateur" aurait finalement matérialisé notre vie à l'instar d'un jeu ludique ! Nous serions alors que les pantins articulés d'un fondateur manipulateur observant durant notre existence notre manière de régir notre postérité ! Outre ses thèmes passionnants précités, David Cronenberg continue de concevoir des images de cauchemar (le revolver confectionné à partir d'ossements et de dents humaines !) en interne d'un univers indescriptible où technologie et biologie sont en symbiose organique !


Casse tête chinois pour autant intelligible mais resté en suspens, eXistenZ constitue une expérience de cinéma cérébral auquel chaque visionnage renouvelle son pouvoir ensorcelant en ayant la troublante impression d'assister à un spectacle manipulateur où la réalité reste en interrogation. La farce d'un rêve binaire en somme démystifié par le terrorisme d'une personnalité équivoque...
Maintenant, dites moi la vérité lecteurs, nous sommes encore dans le jeu ? 

* Bruno
29.03.13. (3è visionnage addictif)

Récompenses: 1999: Ours d'Argent de la contribution artistique exceptionnelle pour David Cronenberg.
1999: Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam
2000: Prix Génie du meilleur montage

jeudi 28 mars 2013

LE MYSTERE DU TRIANGLE DES BERMUDES (The Bermuda Triangle)

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site posterdb.de

de René Cardora. 1977. Mexique/Italie. 1h30 / 1h50. Avec John Huston, Claudine Auger, Marina Vlady, Gloria Guida, Ugo Stiglitz, Andress Garcia, Carlos Heast.

Sortie salles France: 14 Avril 1978

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: René Cardona Jr est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste mexicain, né le 11 Mai 1939 à Mexico, décédé le 5 Février 2003 à Mexico.
1972: La Nuit des 1000 chats. 1977: Tintorera. 1977: Le Mystère du Triangle des Bermudes. 1978: Cyclone. 1979: Guyana, la secte de l'enfer. 1980: Otages en Péril. 1985: Les Diamants de l'amazone.

La famille Marvin est à la recherche d'une ville engloutie dans le secteur du "triangle des Bermudes". Elle va se trouver confrontée à une série d'incidents de plus en plus inquiétants, les membres de la famille et de l'équipage disparaissant les uns après les autres. A terre, c'est la stupéfaction générale après les appels de détresse car ce bateau a disparu depuis 12 ans.

Définition de Navet:
Sens 1: Plante potagère à la racine comestible.
Sens 2: Oeuvre sans valeur

A vous de choisir !

28.03.13
Bruno Matéï


mercredi 27 mars 2013

SPHINX

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviecovers.com

de Franklin J. Schaffner. 1981. U.S.A. 1h58. Avec Lesley Anne Down, John Gielgud, Maurice Ronet, Frank Langella.

FILMOGRAPHIE: Franklin J. Schaffner est un réalisateur et producteur américain, né le 30 Mai 1920 à Tôkyô, décédé le 2 Juillet 1989 à Santa Monica. 1963: Les Loups et l'agneau. 1964: Que le meilleur l'emporte. 1965: Le Seigneur de la Guerre. 1967: La Griffe. 1968: La Planète des Singes. 1970: Patton. 1971: Nicolas et Alexandra. 1973: Papillon. 1976: l'Île des Adieux. 1978: Ces Garçons qui venaient du Brésil. 1981: Sphinx. 1982: Yes, Giorgio. 1987: Lionheart. 1989: Welcome Home.


Echec commercial et critique lors de sa discrète sortie en 1981, Sphinx fait aujourd'hui office de rareté oubliée chez les cinéphiles. D'ailleurs, il suffit de surfer sur le net pour s'apercevoir qu'aucune critique n'eut été commentée afin de nous éclairer sur sa potentielle valeur cinématographique. On comprends aussi la raison de son échec public puisque la même année sort sur les écrans internationaux l'immense succès populaire Les Aventuriers de l'Arche perdue ! Avec un réalisateur aussi briscard et réputé derrière la caméra (Franklin J. Schaffner) et des acteurs de renom (la présence inopinée de Maurice Ronet se partageant la vedette parmi Frank Langella !), nous étions en droit d'escompter un film d'aventure homérique éventuellement inspiré des vicissitudes bondissantes d'Indiana Jones ! Le premier point positif est d'avoir osé confier le rôle principal à une jeune actrice des années 70, la charmante Lesley Anne Down. Sans faire preuve d'une grande persuasion, faute d'un jeu outré, la comédienne possède surtout un atout physique attrayant pour incarner une égyptologue à la fois vaillante et pleutre dans sa conquête inespérée d'un mystérieux tombeau.


Là où le bas blesse, c'est dans la confection du scénario d'une platitude exaspérante. Tout le film se résumant à une chasse au trésor monotone par l'entremise de discrètes péripéties auquel des espions (et traîtres) criminels sont lancés à ses trousses. En prime, les nombreuses maladresses de son pitch sporadique, le caractère peu crédible des situations (les incessants aller-retour de l'héroïne égarée sous les grottes) et la pauvreté des dialogues acheminent l'entreprise vers une inévitable bisserie. Seule, la beauté esthétique des décors pyramidales du Caire en passant par la vallée de Louxor, ainsi que le caractère haletant de sa première demi-heure, laissent en éveil notre timide attention. Si le film se révèle donc indubitablement raté, faute d'une réalisation peu inspirée et d'un scénario aseptisé, le charme rétro qui en émane inspire néanmoins une futile sympathie, rehaussée de l'élégance sensuelle de Lesley Anne Down. Enfin, les vingts dernières minutes vigoureuses laissent place à une action gentiment spectaculaire, et ce juste avant de nous stupéfier lors d'une révélation finale onirique.


Avec ces défauts techniques et narratifs compromettants, Sphinx s'érige en nanar maladroitement conçu par un vétéran du cinéma en l'occurrence peu motivé (Patton, la Planète des Singes, Papillon et le méconnu Ces Garçons qui venaient du Brésil). Pour les amateurs de raretés introuvables, il reste malgré tout à découvrir d'un oeil aussi curieux que distrait. 

27.03.13
Bruno Matéï

lundi 25 mars 2013

JEREMIAH JOHNSON

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemovies.fr

de Sydney Pollack. 1972. U.S.A. 1h56. Avec Robert Redford, Will Geer, Stefan Gierasch, Josh Albee, Delle Bolton, Paul Benedict.

Sortie salles France: 15 Septembre 1972

FILMOGRAPHIE: Sydney Pollack est un réalisateur, acteur et producteur américan, né le 1er Juillet 1934 à Lafayette dans l'Indiana (Etats-Unis), décédé d'un cancer le 26 Mai 2008 à Los Angeles. Il avait 73 ans.
1965: The Slender Thread. 1966: Propriété Interdite. 1968: Les Chasseurs de Scalps. 1968: The Swimmer. 1969: Un château en enfer. 1969: On achève bien les chevaux. 1972: Jeremiah Johnson. 1973: Nos plus belles années. 1975: Yakuza. 1975: Les 3 jours du condor. 1977: Bobby Deerfield. 1979: Le Cavalier Electrique. 1981: Absence de malice. 1982: Tootsie. 1985: Out of Africa. 1990: Havana. 1999: l'Ombre d'un soupçon. 2005: l'Interprète. 2005: Esquisses de Frank Gehry.


Western contemplatif entièrement tourné dans la contrée de l'Utah, Jeremiah Johnson retrace l'aventure initiatique d'un héros solitaire, délibéré à fuir la civilisation pour s'engouffrer vers une nature hostile. Inspiré de la vraie vie de John Johnson (le tueur de Corbeaux, ou Johnson, le mangeur-de-foie), ancien trappeur de la montagne de l'Ouest américain, Sydney Pollack nous invite à une aventure humaine inscrite dans le lyrisme. Sous un soleil radieux ou sous une neige abondante, les magnifiques paysages montagnards que traverse notre héros s'avèrent un hymne à l'écologie malgré la rudesse d'y subsister. Emaillé de péripéties impromptues entre l'hostilité des indiens et des grizzlys sauvages, Jeremiah Johnson va apprendre à survivre dans un milieu naturel dont il ne connaissait pas le codes de conduite. Au fil de ses diverses rencontres amicales avec divers pèlerins, il va notamment connaître la paternité avec un enfant abandonné ainsi que l'amour d'une jeune indienne en guise de transaction. Mais en portant assistance à une troupe de militaires égarés dans cette nature clairsemée, son destin va finalement le rappeler à la solitude pour s'exiler vers le Canada. Durant son long périple motivé par la vengeance et la bravoure de vaincre la rivalité des indiens Crows, Johnson apprend à vivre en toute autonomie dans un environnement qu'il réussit à apprivoiser ! Grâce à ces vicissitudes animées par un instinct de survie et une stoïcité à braver les dangers les plus fortuits, il devient aux yeux des citadins une véritable légende mystique !


Magnifiquement interprété par la présence humble de Robert Redford et sublimé par la mise en scène lyrique de Sydney Pollack, Jeremiah Johnson est une aventure humaine à la réflexion existentielle riche de considération. Parfois poignant dans ces tragédies imposées, souvent envoûtant et passionnant dans ces rencontres humaines et péripéties alertes, cet hymne à la liberté est une flamboyante odyssée sur la plénitude et le dépassement de soi. 

25.03.13. 2èx
Bruno Matéï