lundi 6 mai 2013

DICK TRACY

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site movies.film-cine.com

de Warren Beatty. 1990. U.S.A. 1h45. Avec Warren Beatty, Al Pacino, Charlie Korsmo, Glenne Headly, Madonna, Dustin Hoffman, William Forsythe, Ed O'Ross, Charles Durning, Seymour Cassel, Mandy Patinkin, R.G. Armstrong, James Tolkan, Henry Silva, James Caan, Paul Sorvino, Estelle Parsons.

Récompenses: Oscar du meilleur maquillage pour John Caglione Jr et Doug Drexler
Oscar de la meilleure direction artistique pour Richard Sylbert et Rick Simpson pour les décors
Oscar de la meilleure chanson originale pour Soony or Later de Stephen Sondheim.

Sortie Salles: 15 Juin 1990

FILMOGRAPHIE: Warren Beatty est un acteur, producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 30 Mars 1937 à Richmond, Virginie.
1978: Le Ciel peut attendre. 1981: Reds. 1990: Dick Tracy. 1998: Bulworth


Pour sa troisième réalisation, l'acteur Warren Beatty décide de rendre hommage à une célèbre bande dessinée crée par Chester Gould en 1931. Avec une distribution prestigieuse réunissant Al Pacino, Dustin Hoffman, Warren Beatty himself (très à l'aise dans ces 2 postes !), la chanteuse Madonna et un florilège de seconds-rôles rendus méconnaissables sous leur maquillage, Dick Tracy est une aventure clinquante transcendée par leur extravagance. Situé à l'époque des années 30, le film illustre les aventures du détective Dick Tracy contraint de déjouer les ambitions cupides d'un mafioso mégalo, Big Boy. Un soir, il découvre par hasard l'existence miséreuse d'un enfant maltraité et décide de lui porter secours. Ensemble, ils vont finalement s'unifier et user de stratagème pour mettre un terme aux agissements mafieux de la pègre. Mais alors que Dick est secrètement amoureux de sa fidèle amie Tess, ses sentiments vont bientôt être contrariés par le désespoir d'une chanteuse de bar, Breathless Mahoney. Asservie par l'autorité du gangster Big Boy, elle aspire à trouver une vie plus épanouie sous l'égide de notre illustre détective.


Si le scénario orthodoxe n'apporte finalement que peu de surprises (en dehors du suspense entretenu pour démasquer l'énigmatique justicier sans visage), ce divertissement rondement mené se distingue notamment par l'humanité de ses personnages. En priorité pour le trio attendrissant formé par Dick, Tess et le bambin, le Kid ! (dans son rôle infantile, Charlie Korsmo s'avère épatant de naturel !).
Sous couvert d'un film d'action visuellement cartoonesque et la présence interlope d'antagonistes au physique buriné (Al Pacino est quasi méconnaissable dans la peau de Big Boy !) ou difforme (le marmoneux, tête plâte), Dick Tracy préconise la romance candide. Le réalisateur accordant une belle importance à dépeindre avec pudeur la relation timorée du détective pour sa jeune amie solitaire. En prime, son rapport indécis avec la chanteuse Breathless et l'attitude paternelle qu'il va peu à peu engendrer avec le Kid nous illustrent bien sa quête intrinsèque du bonheur conjugal.
En dehors de séquences d'action parfois spectaculaires et fertiles en subterfuges, l'aventure s'alloue par ailleurs d'un humour espiègle dans ses situations débridées (l'interrogatoire avec le marmoneux) et dans la verve de dialogues ciselés. Le soin apporté au design des décors (naturels ou en matte painting), à la photographie flamboyante, à la musique orchestrale de Danny Elfman mais aussi aux chansons élégiaques d'une Madonna aigrie exacerbent l'élégance formelle d'une réalisation inspirée.


Sous une photographie rutilante saturée de teintes polychromes, de manière à mettre en exergue son esprit BD, Dick Tracy insuffle un charme irrésistible dans ces aventures attrayantes et fait la part belle aux sentiments nobles dans son alliage d'action, d'aventures, d'humour et de romance. Pétillant et plein de fraîcheur !

05.05.13
Bruno Matéï

vendredi 3 mai 2013

Evil-Dead 2013


                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site aiguisemoica.blogspot.com

de Fede Alvarez. 2013. U.S.A. 1h36 (uncut version). Avec Jane Levy, Shiloh Fernandez, Jessica Lucas, Lou Taylor Pucci, Elizabeth Blackmore.

Sortie salles France: 1er Mai 2013. U.S: 5 Avril 2013

FILMOGRAPHIE: Fede Alvarez est un réalisateur uruguayen, né le 9 Février 1978 à Montevideo.
2009: Ataque de Panico (court-métrage). 2013: Evil-Dead. 


Une ambiance maléfique aussi vénéneuse que sournoise sous le pilier d'une descente aux enfers à l'automutilation.
Attendu comme le messie autant que craint par les fans irréductibles de son modèle, Evil-Dead, le remake, attisa notre curiosité à la vue de ses trailers hargneux particulièrement percutants. Mais n'y allons pas par quatre chemin en avouant fissa que ce remake tient d'un cadeau inespéré. De prime abord, on peut louer l'intégrité du réalisateur d'avoir conçu un film d'horreur premier degré nanti d'une véritable ambiance horrifique à l'ancienne. C'est à dire sans esbroufe gratuite ni humour potache mais en y prônant inquiétude/appréhension auprès de son sentiment d'insécurité palpable puis de la folie furieuse tout en respectant avec humble intelligence l'essence de son modèle. Certains ont reproché le manque de densité des personnages alors que son ancêtre était déjà desservi d'une interprétation superficielle (même la présence iconique de Bruce Campbell était largement perfectible). Alors qu'ici, la prestance saillante de Jane Levy provoque autant d'empathie que d'appréhension dans son rôle chétif de toxicomane en proie à la paranoïa et à la démence. Une jeune fille en perte de repères contrainte de se sevrer en s'exilant au fond d'une cabane parmi l'assistance de ses proches alors que le Mal est sur le point de l'alpaguer pour l'habiter. Cette idée astucieuse allouée à l'addiction mais aussi à la fraternité familiale (modestement développée pour les rapports dysfonctionnels entre le frère et la soeur en porte-à-faux de survie) permet de renforcer la caractère crédule des situations dramatico-morbides (ses crises de délires proviennent t'elles de ses états de manque s'interrogeront dans un 1er temps ses camarades ?) si bien que ceux-ci, d'un commun accord, la forceront à se confiner dans la cabane. Le problème, c'est que Mia vient tout juste de se faire violer dans les bois par une entité diabolique et que donc le Mal s'est déjà infiltré dans leur bicoque.


Ainsi, le sérieux à laquelle Fede Alvarez nous narre son récit nous implique ostensiblement dans le désarroi de Mia, surtout qu'une tension permanente ira crescendo durant sa dégénérescence maléfique. Ensuite (et comme j'aurais pu le craindre), le film ne joue pas la carte du vulgaire copié-collé en repompant systématiquement les séquences anthologiques de l'oeuvre furibonde de Raimi. L'utilisation substantielle du fameux grimoire en est un exemple probant. Car à travers son mode d'emploi, tous les évènements meurtriers qui ébranlent nos protagonistes émanent de ses consignes spécifiques que l'un des héros aura la déveine d'invoquer. Evil-dead new look créé donc la surprise, la stupeur tout en invoquant une panique éprouvante à la vue de ces implacables séquences chocs d'une indéniable efficacité viscérale de par son réalisme hardcore. Jalonné de clins d'oeil respectueux à son archétype (notamment l'utilisation judicieuse de bruitages et de sa musique ombrageuse faisant souvent écho à son homologue) et d'idées retorses (les diverses mutilations que les victimes possédées s'infligent), Fede Alvarez exploite nombre de scènes gores couillues parmi l'intensité d'une explosion de violence en roue libre. Et ce en nous entraînant par la main dans un cauchemar exponentiel si bien que les évènements à la dramaturgie escarpée ne font qu'accroître sa terreur brutale pour le sort imparti aux victimes impuissantes auquel nous nous étions (gentiment) attachées. En outre, si l'humour noir s'avère ici beaucoup moins prononcé et railleur, la verve des dialogues proférée par nos démons renvoie parfois aux infamies putassières de la petite Regan de l'Exorciste.


Mené sur rythme davantage effréné, formellement rubigineux et inventif dans son souci du détail, viscéralement gore, cruel et intense à travers cette impitoyable épreuve de force qu'amorcent nos protagonistes ballotés tous azimuts, Evil-dead nous plaque au siège dans son tour de montagne russe confectionné avec savoir-faire. Hargneux, anxiogène (ambiance démoniale perceptible), parfois terrifiant et cruel, il ne fait que rendre honneur à son ancêtre avec une dignité et une maîtrise (étonnamment) convaincantes de la part du réalisateur en herbe. Et si le paysage horrifique était déclinant en 2012, Evil-dead lui redore le blason si bien que la nouvelle génération devrait probablement à son tour lui vouer un culte. Car une fois n'est pas coutûme de se retrouver face à un "vrai" film d'horreur à l'ancienne par son acuité de fascination qu'il parvient à cultiver dans un sérieux contracte.

*Bruno

La critique de Gilles Rollandhttp://www.onrembobine.fr/critiques/critique-evil-dead-2013

La critique d'Evil-dead, version 1981: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/05/evil-dead-evil-dead.html

04.05.13
16.01.17
24.04.23

Dark Skies

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site bloody-disgusting.com

de Scott Charles Stewart. 2013. U.S.A. 1h37. Avec Keri Russell, Dakota Goyo, Josh Hamilton, Annie Thurman, Alyvia Alyn Lind, Trevor St. John.

Sortie salles France: 26 Juin 2013. U.S: 22 Février 2013

FILMOGRAPHIE: Scott Charles Stewart est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste américain.
2009: Legion. 2011: Priest. 2013: Dark Skies



Réalisateur des produits aseptiques Legion et PriestScott Charles Stewart avait de quoi laisser dubitatif le cinéphile averti à la vue de son 3è long-métrage. Mais par je ne sais quel miracle, Dark Skies est une bonne série B du samedi soir qu'on aurait tort d'occulter ! Oubliez donc l'affiche et son titre formatés et tentez l'expérience ludique, aussi modeste soit-elle ! Car en empruntant le schéma classique du film de hantise exploité sous un contexte d'anticipation, Scott Stewart nous emballe un film d'angoisse efficace et plutôt retors dans sa topographie. De prime abord, les protagonistes s'avèrent crédibles pour la caractérisation d'une famille unie, rapidement témoin d'évènements aussi troubles qu'inquiétants au sein de leur foyer. Des objets et divers ustensiles demeurant empilés les uns sur les autres en rangée verticale sur la table de cuisine. Les enfants sont perturbés durant leur sommeil par une étrange présence alors que leurs parents sont confrontés à diverses hallucinations sous l'emprise du somnambulisme. Ainsi, sur un rythme continu, le réalisateur continuera d'exploiter nombre d'incidents inexpliqués afin d'entretenir l'anxiété (tels ses stigmates retrouvés sur le corps des bambins !) mais aussi insuffler une notion de suspense latent. 


Trouble et inquiétant, Dark Skies nous évoque donc essentiellement une conspiration extra-terrestre régie sous le mode du kidnapping. Mais la manière dont le réalisateur nous amène cette idée éculée s'avère efficiente et convaincante de par sa persuasion d'y provoquer la peur d'une hostilité venue d'ailleurs. Qui plus est, la sobriété des protagonistes provoque l'empathie à travers leur désarroi esseulé (ils sont suspectés de mauvais traitements sur leurs enfants), contraints par ailleurs d'ignorer l'aide infructueuse de la police. Néanmoins, ses parents démunis trouveront le soutien auprès d'un expert en affaires d'enlèvements extra-terrestres. Le film réussit donc par l'appui de sa compétence à nous convaincre de leur existence tout en nous interrogeant sur la thèse des ovnis. En l'occurrence, des aliens pernicieux installés sur notre globe depuis des décennies pour une raison bien spécifique. Sur ce point, le dernier quart d'heure particulièrement cinglant cultive de la tension pour leur apparition escomptée ainsi que la destinée précaire de cette famille, d'autant plus que le réalisateur s'est appliqué à réfuter le "happy-end".


Mené sur un rythme sans faille et convaincant dans sa démarche de nous questionner sur l'existence des E.T, Dark Skies est une habile surprise où l'inquiétude demeure omniprésente. Efficacement angoissant (notamment la 1ère apparition du "gris" et le point d'orgue assez couillu pour sa radicalité dramatique), cette série B possède enfin l'atout crédule de comédiens attachants (et ce jusqu'aux seconds rôles infantiles). 

Eric Binford
29.11.21
03.05.13

jeudi 2 mai 2013

The Lords of Salem

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Popmovies.fr

de Rob Zombie. 2012. U.S.A. 1h41. Avec Sheri Moon Zombie, Richard Lynch, Bruce Davison, Meg Foster, Lew Temple, Ernest Lee Thomas, Ken Foree.

Sortie salles U.S: 19 Avril 2013

FILMOGRAPHIE: Rob Zombie est un chanteur, musicien et réalisateur américain, né le 12 Janvier 1965 à Haverhill, dans le Massachusetts. 2003: House of 1000 Corpses. 2005: The Devil's Rejects. 2007: Werewolf Women of the S.S. (trailer). 2007: Halloween. 2009: Halloween 2. 2012: The Lords of Salem.


Bad trip expérimental, messe noire invoquée au culte de Satan, délire horrifique chargé de symboles lucifériens, le nouveau Rob Zombie est un ovni anti religieux qui risque sévèrement de vous ébranler les neurones ! Difficile en l'état actuel d'évoquer ses impressions à chaud tant le film déroute méchamment. Néanmoins, et de manière prégnante, il nous préserve en mémoire des séquences cauchemardesques jamais vues au préalable ! Que l'on aime ou que l'on rejette en bloc ce pamphlet anticlérical, on ne peut nier la stylisation novatrice du réalisateur ainsi que son esthétisme formel déployant de saisissantes plages d'onirisme macabre. Qui plus est, la photographie élégamment teintée de filtres verts, sépia et rouges renforce l'aspiration du réalisateur ici régi en véritable créateur d'images picturales ! Que ce soit l'architecture religieuse d'un oratoire ou du design baroque de l'appartement de Heidi, de la nature automnale d'un parc public ou de la procession mystique du concert des Lords ! L'ambiance chaude et envoûtante, l'atmosphère urbaine palpable fonctionne si bien que l'on jurerait que ce soit une prod native des années 70.


Or, tout est dans l'art de la mise en scène et la manière de narrer une histoire d'impiété héritée des conspirations de Rosemary's Baby ou du Locataire. Si les séquences hallucinatoires (oh combien incongrues !) suggérée par l'héroïne s'avèrent au départ un peu trop récurrentes, son cheminement tortueux laisse place à d'autres évènements plus inquiétants, telle cette rencontre pernicieuse avec ces trois voisines de palier. D'ailleurs, parmi ce trio évoqué, quel plaisir de retrouver les talentueuses Meg Foster et Dee Wallace Stone dans des prestances littéralement malveillantes. Vibrant hommage aux sorcières de Salem, Rob Zombie semble habité par le malin à daigner nous entraîner dans une sarabande diabolique où la verdeur des dialogues n'a jamais été aussi scabreuse afin d'y répudier la divinité de Dieu ! Le clou du nihilisme funeste atteignant son paroxysme lors d'un final emphatique lardé d'images psychédéliques parfois couillues (on peut aussi évoquer l'univers métaphysique d'Alejandro Jodorowski). Au niveau des comédiens, chaque personnage possède la physionomie adéquate (sclérosée ou burinée pour certains) afin de camper leur rôle avec une conviction suprême. Quand à l'apparence chétive de Sheri Moon Zombie, transie d'émoi, elle promène sa silhouette à la manière d'une fantômette errante !


Danse avec le diable
Cérémoniel mortifère littéralement atypique de par son imagerie fétide (voir la séquence flamboyante du martyr des sorcières condamnées à rôtir sur le bûcher), The Lords of Salem déroute et déconcerte, ébranle nos habitudes ludiques en provoquant la fascination sépulcrale pour ceux qui sauront se laisser envoûter par son univers extrêmement occulte. Véritable ovni subversif multipliant les provocations visuelles et verbales à travers un esthétisme singulier, Rob Zombie délivre ici son film le plus personnel en auteur ambitieux. Un esthète prodige voué à l'anticonformisme au risque de déplaire une frange de spectateurs non initiés. Une chose est sure, The Lords of Salem s'érigera en phénomène culte auprès du cercle fermé des adorateurs de Satan. 
Pour public averti 

*Bruno
08.04.24. Vo
02.05.13

mercredi 1 mai 2013

Evil-dead (The Evil-Dead). Meilleure 1ère oeuvre au Rex de Paris, 1982.

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sam Raimi. 1981. U.S.A. 1h25. Avec Bruce Campbell, Ellen Sandweiss, Richard DeManincor, Betsy Baker, Theresa Tilly.

Sortie salles U.S: 15 Octobre 1981 (première à Détroit). 15 Avril 1983 en sortie nationale.
France: Mai 1982 au Marché du film de Cannes. Novembre 1982 au Rex de Paris. 24 Août 1983 en sortie nationale.

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis. 1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


L'opéra de la terreur ! Le film d'horreur le plus férocement original dixit un Stephen King abasourdi ! Depuis sa sortie rentable en salles et son illustre succès en VHSEvil-dead s'est inscrit au panthéon des films d'horreur les plus impressionnants de l'histoire. L'emblème moderne du "ouh fais moi peur !" alors que son récit puise son inspiration dans les clichés usuels de l'épouvante traditionnelle (l'environnement bucolique d'une forêt ténébreuse régie par des démons sataniques). Réalisé avec des bouts de ficelle et une équipe réduite de comédiens amateurs, cette première oeuvre d'un jeune cinéaste surdoué est un moment de folie furieuse jamais contemplé sur une toile de ciné ! Car conçu à la manière d'un train fantôme erratique, Evil-dead est une sarabande infernale, une nuit démoniaque irrationnelle auquel un groupe de vacanciers aura la déveine de s'opposer aux forces du mal. Ainsi, en empruntant le schéma classique du film de possession et le cadre du slasher champêtre, Sam Raimi se réapproprie des conventions avec une inventivité toujours plus insolente.


Entre ses touches d'onirisme macabres et sa profusion de gore déployant une imagerie frénétique, Evil-dead provoque l'euphorie au sein de sa mise en scène virtuose. De par son efficacité redoutable, le réalisateur se tire habilement de son script éculé en jouant la carte de la provocation et de l'action cinglante dans un esprit carnavalesque de grand-guignol. Car avec une originalité hors normes influencée par sa débrouille du système D, il ne cesse de nous ébranler et jouer avec nos nerfs face au témoignage de ces protagonistes soumis, successivement possédés par des démons infernaux. A la bande son tonitruante où les rires moqueurs se disputent aux hurlements d'effroi, Evil-Dead véhicule une panique masochiste chez son spectateur voyeur. Au climat de prime abord anxiogène, jamais une série B n'eut rendu aussi palpable et terrifiante sa scénographie forestière où l'entité démoniaque semble s'infiltrer au travers de la pellicule. A ce titre, et en éludant miraculeusement le ridicule, la séquence du viol contre Cheryl reste un moment d'anthologie couillu auprès de sa verve visuelle à connotation sexuelle (c'est d'ailleurs en priorité pour cette raison transgressive que l'Angleterre assigna devant les tribunaux son réalisateur). Cette tension diffuse toujours plus prégnante et son degré de férocité cauchemardesque atteignant leur apogée lors d'une ultime demi-heure résolument débridée. Là où le dernier survivant esseulé se retrouvera confiné à l'intérieur de sa cabane maudite pour combattre vaillamment les démons ricaneurs !


Furieusement gore (les armes blanches pénètrent ou sectionnent les chairs avec une verdeur viscérale !), diablement jouissif et méchamment railleur, Evil-Dead déploie avec une vigueur et une générosité sans égale un florilège de déviances horrifiques hérités du bad trip sarcastique. En l'occurrence, ce chef-d'oeuvre subversif d'horreur hardgore reste d'une incroyable modernité à travers sa démarche formelle, notamment cette capacité innée à transgresser un climat de peur en suscitant autant la stupeur (on ne compte plus l'estocade des "jump scares" ultra efficients !). C'est ce qu'on appelle aussi la déclaration d'amour d'un artiste entièrement habité par ses innovations d'alchimiste ricaneur. 

*Eric Binford
01.05.13. (23è visionnage)

La critique d'Evil-Dead, version 2013: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/05/evil-dead-2013.html

RécompensesPrix du Public et le Prix de la Meilleure Première Œuvre au Festival du Rex à Paris en 1982.



L'ENFANCE VOLEE (Der Verdingbub)


de Markus Imboden. 2011. Suisse. 1h48. Avec Katja Riemann, Stefan Kurt, Maximilian Simonischek, Max Hubacher, Lisa Brand, Miriam Stein.

Sortie salles en 2011 en Suisse alémanique, 18 avril 2012 en Suisse romande
FILMOGRAPHIE: Markus Imboden est un réalisateur et scénariste suisse, né le 17 Octobre 1955 à Interlaken.
L'Enfance Volée est son film le plus connu dans son pays natal.


Témoignage bouleversant sur la condition des orphelins suisses mais aussi des enfants destitués de leurs parents dans les années 50, l'Enfance Volée relate ici les destins de Max et Berteli, embrigadés de force dans une famille d'accueil. Avec l'autorité castratrice de leurs nouveaux parents, des fermiers miséreux sans aucune vergogne, les adolescents vont endurer diverses maltraitances physiques et sombrer dans l'esclavage avant de tenter la rébellion.


Drame social d'une intensité dramatique toujours plus éprouvante, l'Enfance Volée est un film choc imparable sur l'intolérance et la tyrannie parentale mais aussi le laxisme des pouvoirs publics.
Sans pathos et encore moins de misérabilisme, Markus Imboden réussit avec réalisme à nous décrire le calvaire de deux adolescents asservis par des paysans rétrogrades victimes de leur médiocrité. Si le film s'avère aussi poignant, immersif et passionnant dans sa peinture sordide allouée aux valeurs familiales, il le doit surtout à la caractérisation convaincante de ces personnages. Les antagonistes réussissant avec sobriété (en dehors du jeu outrancier du pasteur) à véhiculer une humanité déclinante dans leur désoeuvrement engendré par l'alcoolisme et la précarité financière. Enfin, les deux enfants incarnés par Maximilian Simonischek et Lisa Brand forment un duo inévitablement émouvant dans leur désarroi et rancoeur esseulées. Ils nous insufflent avec une innocente pudeur une empathie naturelle par leur jeu dépouillé inscrit dans l'humilité fraternelle.


Superbement photographié au sein d'une nature bucolique verdoyante, l'Enfance Volée est un drame fort et cruel sur l'enfance galvaudée, intelligemment détourné de fioriture et de bons sentiments. La prestance habile des comédiens permettant de nous immerger dans leur existence sordide avec une vérité humaine prédominante. Au final, il s'avère difficile de sortir indemne d'un tel fardeau pour ces enfants compromis à la maltraitance et l'inceste sexuelle. Un constat édifiant auquel 100 000 d'entre eux furent du jour au lendemain destitués de leurs parents pour être placés dans des familles d'accueil miséreuses après la seconde guerre mondiale. Et un hommage humble aux baladins accordéonistes ayant survécu par leur inspiration musicale. Sur ce dernier point, ne vous fiez pas à l'aspect racoleur de son affiche (ainsi que son titre conventionnel). 

30.04.13
Bruno Matéï



jeudi 25 avril 2013

FLASH GORDON

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site mariolikesmovies.com

de Mike Hodges. 1980. U.S.A/Angleterre. 1h51. Avec Sam J. Jones, Melody Anderson, Ornella Muti, Max Von Sydow, Topol, Timothy Dalton, Brian Blessed.

Sortie salles France: 28 Janvier 1981. U.S: 5 Décembre 1980

FILMOGRAPHIE: Mike Hodges est un producteur, réalisateur et scénariste britannique, né le 29 Juillet 1932 à Bristol (Royaume-Uni). 1971: La Loi du Milieu. 1972: Retraite Mortelle. 1974: l'Homme Terminal. 1978: Damien, la malédiction 2 (non crédité). 1980: Flash Gordon. 1985: Les Débiles de l'espace. 1987: L'Irlandais. 1989: Black Rainbow. 1998: Croupier. 2003: Seul la mort peut m'arrêter.


Film culte chez une frange de spectateurs, estampillé "nanar suprême", Flash Gordon est une improbable production de l'intarissable Dino de Laurentiis sous l'égide de Mike Hodges. Un cinéaste inégal à qui l'on doit tout de même un authentique chef-d'oeuvre du polar britannique, La Loi du Milieu. D'après le comic créé par Alex raymond en 1934, Flash Gordon revient sur nos écrans en ce début des années 80 avec cette super production influencée par le phénomène Star Wars. La distribution éclectique composée d'illustres comédiens parmi lesquels Max Von Sidow (hiératique, il EST l'empereur Ming, sadique et impassible !), Ornella Muti (en nympho écervelée) et Timothy Dalton (en prince versatile accoutré d'un pyjama vert !), a de quoi dérouter le spectateur au vu de leur prestance excentrique. Mais la palme de l'acteur le plus incongru en revient à l'inexpressif Sam J. Jones dans la peau du super héros féru de football américain (la partie sportive improvisée sur le temple de Ming est un moment d'anthologie couillu !). Il s'agit ici de son 2è rôle à l'écran puisqu'un an au préalable il avait partagé l'affiche avec la comédienne Bo Derek pour y faire une apparition dans Elle de Blake Edwards. En l'occurrence, il faut avouer que ce piètre acteur fait bien pâle figure pour endosser le rôle majeur de Flash Gordon. Hormis sa silhouette saillante, le jeune comédien au minois bien docile semble complètement dépassé par les évènements au fil de ces déboires avec des E.T insidieux. Par miracle, il réussit pour autant à franchement nous amuser par son jeu cabotin alliant l'esprit pugnace et la bonhomie puérile.


Pour en revenir à l'ovni risible de Mike Hodges, son grand spectacle s'avère une pantalonnade disco (chargé de teintes polychromes !) alternant désarroi, rire grinçant et plaisir coupable. Le scénario impayable est à lui seul une blague de comptoir ! A la suite du crash d'une fusée sur une planète hostile, Flash Gordon et ses comparses vont rencontrer une société d'extra-terrestres régis par un tyran totalitaire. Pour tenter de survivre, ils vont devoir s'allier avec les hommes oiseaux et le prince Barin afin de déjouer les ambitions diaboliques du leader Ming ! Entre les désirs conjugaux de ce dernier pour s'accaparer d'une princesse, les caprices insidieux de sa fille nympho et les querelles jalouses du prince Barin, une guerre se prépare entre les deux clans pour l'avenir de l'humanité ! Pour compenser la vacuité de son scénario, Mike Hodges émaille son intrigue d'un concours d'épreuves mortelles que nos héros doivent entreprendre afin de mesurer leur courage. Enfin, la dernière demi-heure laisse place à un baroud d'honneur intergalactique assez réjouissant dans ses nombreux échanges de tirs au rayon laser. L'action échevelée se résumant à une bataille spatiale auquel l'armée des hommes volants s'est déployée en masse parmi l'entraide de Flash (équipé pour le coup d'un scooter aérien !) afin de réduire en poussière l'empire de Ming.


Surveillez bien les étoiles dans le ciel, un Flash aux cheveux blonds n'est jamais bien loin !
Avec ses dialogues hilarants, ses décors criards en matte painting, ses costumes en paillette au look disco et surtout la complicité amiteuse des comédiens, Flash Gordon côtoie la farce débridée avec une bonne humeur indécrottable. S'il s'agit sans doute d'un des plus ubuesques films de super-héros, la sympathie et la fougue que l'on éprouve au fil de ses aventures rocambolesques nous préserve un sourire de gosse jusqu'au mot "fin" laissé en suspens ! (la suite escomptée n'ayant jamais vu le jour !). Et pour marquer le rythme, le score tonitruant orchestré par le groupe Queen est loin d'être étranger au plaisir coupable procuré !

25.04.13. 4èx
Bruno Matéï


mercredi 24 avril 2013

ANGEL HEART

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site forum.nanarland.com

d'Alan Parker. 1987. U.S.A/Angleterre/Canada. 1h53. Avec Mickey Rourke, Robert De Niro, Lisa Bonet, Charlotte Rampling, Stocker Fontelieu, Brownie McGhee, Michael Higgins.

Sortie salles France: 8 Avril 1987. U.S: 6 Mars 1987

FILMOGRAPHIE: Alan Parker, né Alan William Parker le 14 Février 1944 à Islington, Londres, est un réalisateur, compositeur, scénariste et producteur anglais.
1975: The Evacuees (télé-film). 1976: Bugsy Malone. 1978: Midnight Express. 1980: Fame. 1982: l'Usure du Temps. 1982: Pink Floyd the Wall. 1984: Birdy. 1987: Angel Heart. 1988: Mississippi Burning. 1990: Bienvenue au Paradis. 1991: The Commitments. 1994: Aux bons soins du Dr Kellogg. 1996: Evita. 1999: Les Cendres d'Angela. 2003: La Vie de David Gale.


Thriller occulte imprégné de magie noire par le culte du vaudou, Angel Heart est un voyage au bout des ténèbres auquel Mickey Rourke prête son talent pour endosser le rôle d'un détective privé en perdition.

1955, New-York. Un détective privé est enrôlé par le mystérieux Louis Cyphre. L'objet de son enquête est de retrouver un ancien chanteur, Johnny Favorite, disparu depuis 12 ans après la guerre. Au fil de ses rencontres avec certains témoins, les cadavres s'amoncellent autour de lui !


Pour la première fois de sa carrière, le réalisateur notoire Alan Parker aborde le genre horrifique sous couvert du film noir d'après un roman de William Hjorstsberg. En apportant un soin consciencieux à l'esthétisme crépusculaire d'une photo en clair-obscur, le réalisateur nous immerge dans l'antre tentaculaire d'une cité new-yorkaise avant d'entreprendre son voyage touristique vers l'état de la Louisiane. A partir d'une investigation abstraite menée par un détective scrupuleux, Angel Heart nous illustre sa lente descente aux enfers auquel la rencontre avec des témoins ombrageux va finalement l'amener à reconsidérer sa propre identité. La réalisation formelle et maîtrisée d'Alan Parker atteint un tel degré de perfection qu'une aura maléfique semble planer sur chaque recoin de l'écran. L'atmosphère feutrée qui enveloppe tout le cheminement scabreux du héros nous dirige lentement vers un climat malsain davantage poisseux, à l'image morbide des rituels pratiqués sur les cadavres. Jalonné de visions sanguinolentes et de rêves obsédants, le parcours d'Harry Angel est une introspection mentale, une forme d'hantise diabolique influencée par la culture du vaudou et de la sorcellerie. De manière latente mais avec une intensité toujours plus contraignante, le réalisateur tisse une toile autour de son protagoniste pour mieux le piéger et nous manipuler avant l'issue nihiliste de sa résolution traumatisante.
Motivé par l'indiscrétion afin de débusquer un chanteur énigmatique mais davantage compromis par sa contrariété et les troubles d'une psychose névrotique, Mickey Rourke excelle dans son jeu viscéral à incarner le rôle d'un détective discrédité. Dans celui de Louis Cypher, Robert De Niro lui partage la vedette avec autant de persuasion même si sa discrète présence ne s'impose pas aussi prégnante. Inquiétant dans son élégance mortifère et sa posture de baron aristocrate (ongles acérés à l'appui !), le comédien use de plaisir masochiste à molester son comparse dans un jeu psychique de duperie.


Jusqu'au bout des ténèbres
Oeuvre de pur cauchemar à la beauté opaque ensorcelante, Angel Heart semble avoir été façonné par le diable en personne tant son récit perfide nous achemine vers une effroyable révélation schizophrène. L'intensité toujours plus acerbe de son atmosphère lugubre, l'aura machiavélique qui en émane et l'interprétation transie d'émoi de Mickey Rourke renforcent l'aspect délétère de l'omnipotence du Mal. 

24.04.13. 3èx
Bruno Matéï


mardi 23 avril 2013

LE DERNIER REMPART (The Last Stand)

                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site vivalacinema.superforum.fr

de Kim Jee-Woon. 2013. U.S.A. 1h47. Avec Arnold Schwarzenegger, Forest Whitaker, Eduardo Noriega, Peter Stormare, Rodrigo Santoro, Jaimie Alexander, Zach Gilford, Luis Guzman.

Sortie salles France: 23 Janvier 2013. U.S: 18 Janvier 2013

FILMOGRAPHIE: Kim Jee-Woon est un réalisateur, scénariste et directeur de la photo sud-coréen, né le 6 Juillet 1964 à Séoul.
1998: The Quiet Family, 2000: The Foul King. 2003: Deux Soeurs. 2005: A Bittersweet Life. 2008: Le Bon, la brute et le cinglé. 2010: I saw the devil. 2013: Le Dernier Rempart.


Après plus de 10 ans d'absence, Arnold Schwarzenegger revient sur les écrans dans un rôle majeur de dur à cuir sous la caméra de Kim Jee-Woon. Pur hommage aux séries B d'action des années 80 qui envahissaient nos écrans et nos étagères Vhs, Le Dernier Rempart est un plaisir coupable du samedi soir conçu pour divertir sans modestie.

Afin qu'un dangereux criminel preneur d'otage évite de franchir la frontière mexicaine, un shérif et ses adjoints décide de s'allier pour lui barrer le chemin au sein de leur petite bourgade. 


Actionner bourrin dénué de prétention en assumant pleinement sa fonction de divertissement, le Dernier Rempart s'affiche en western moderne sous l'égide d'un shérif sclérosé délibéré à ne pas se laisser intimider par la pègre d'un leader mafieux. Ca démarre fort avec une spectaculaire évasion high-tech élaborée par les sbires du dangereux repris de justice culminant sa fuite à bord d'un bolide blindé. Alors que la police tente par tous les moyens de le mettre hors d'état de nuire, il réussit haut la main à esquiver les barrages routiers avec l'ingérence d'hommes de mains suréquipés. Mais afin de gagner la frontière mexicaine, il doit emprunter l'itinéraire d'une petite ville du Texas. Dans cette bourgade reculée, le Shérif Owens décide de le cueillir parmi le volontariat d'adjoints débutants. C'est à ce moment propice que le clou du spectacle promu achève son apothéose dans un déluge d'échanges de tirs (sulfateuse à l'appui s'il vous plait !) et d'explosions. Avec l'efficacité d'une réalisation nerveuse décuplant sans répit ses séquences d'action continuellement cinglantes, le Dernier Rempart gagne d'autant plus notre sympathie par la dérision accordée à chaque personnage. Et en priorité vis à vis des adjoints couards du shérif, plutôt indécis à devoir se mesurer contre des malfrats belliqueux, mais davantage engagés dans un élan (suicidaire) de bravoure solidaire. La palme de l'hilarité en revenant à l'ancien trublion maso de Jackass, Johnny Knoxville, ici reconverti en benêt artilleur ! Avec une ferveur délurée, certaines de ses pitreries provoquent facilement le rire par sa démesure héroïque incontrôlée. Dans celui du shérif sexagénaire redresseur de tort, Arnold Schwarzenegger nous revient avec une forme lénifiante beaucoup moins agile pour sa posture stoïque qu'à l'époque de sa notoriété. Raison pour laquelle l'affrontement au corps à corps entamé avec Cortez relève plus du combat de catch que des traditionnelles bastons homériques. Néanmoins, sa présence avenante et sa bonhomie attachante nous émeut d'une certaine manière dans sa volonté de daigner renouer avec la symbolique du héros vaillant.


Nanar survitaminé assumant pleinement son rôle ludique d'actionner décérébré, le Dernier Rempart est une jouissive offrande pour tous les fans du genre. Et en particulier à ceux de la génération 80 qui auront été bercés par les buddy movies et films de guerre post-vietnamiens où leurs héros préférés (Stallone / Schwarzenegger, même combat !) se partageaient l'affiche avec une foi imperturbable. 

23.04.13
Bruno Matéï

lundi 22 avril 2013

LA PART DES TENEBRES (The Dark Half)

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

de George A. Romero. 1992. U.S.A. 2h02. Avec Timothy Hutton, Amy Madigan, Michael Rooker, Julie Harris, Robert Joy.

Sortie salles France: 18 Août 1993

FILMOGRAPHIE: George Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York.
1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead. 2011: Deep Red.


Oeuvre mésestimée aujourd'hui sombrée dans l'oubli, La Part des Ténèbres est l'un des films les moins appréciés du maître Romero. S'il s'agit de l'un de ces projets les moins personnels, on ne peut pas occulter l'originalité de son scénario (tiré d'un roman de Stephen King) ainsi que la conviction de ces interprètes. A la suite d'un chantage avec l'un de ses fans, l'écrivain Thad Beaumont décide de se débarrasser de son pseudonyme en divulguant sa véritable identité aux médias. Depuis ses déclarations, une série de meurtres sanglants ébranlent son entourage. Thad est rapidement suspecté par la police puisque ses empreintes digitales sont relevées sur les lieux de chaque crime.


En habile conteur, George A. Romero empreinte ici la voie du thriller fantastique en préconisant un suspense haletant parfaitement planifié. Le film se focalisant essentiellement sur une série  d'évènements meurtriers perpétrés au sein d'une petite bourgade et l'investigation autonome qui s'ensuit vis à vis de l'écrivain. En traitant du thème du double et de notre "part des ténèbres" enfouie en chacun de nous, George Romero dirige avec savoir faire un thriller diabolique reposant sur les épaules de Timothy Hutton. Dans un double rôle en demi-teinte, l'acteur véhicule une belle spontanéité à incarner deux personnages antinomiques confrontés à l'éthique du bien et du mal. A l'instar de Jekyll et Hyde, Thad Beaumont et Georges Starck forment la dualité d'une gémellité schizophrène. Leurs enjeux impartis à la soif de survivre, d'exister et de perdurer sont traités avec une certaine intensité dans leur esprit de rancoeur et intelligence pour sa réflexion identitaire sur l'influence du mal. Cette dense confrontation opposant un personnage de fiction avec son propre créateur (l'écrivain, prisonnier du genre qui a taillé sa réputation), suscite trouble et fascination, notamment par la caractérisation délétère de Georges Starck. Figure renfrognée du Mal matérialisée par la tumeur cérébrale de Thad Beaumont, insatiablement délibérée à cultiver sa nouvelle existence. Pour ajouter un aspect insolite à l'intrigue, George Romero fignole l'esthétisme d'une séquence cauchemardesque (le rêve prophétique de Thad), ainsi que l'onirisme d'une métaphore divine sous l'entremise de volatiles destinés à emporter l'âme des damnés. Sur ce point, la dernière séquence finale se révèle assez spectaculaire et singulière dans son imagerie poético-morbide déployant l'offensive d'une nuée de passereaux carnivores.


Avec modestie, George A. Romero s'impose en l'occurrence en habile conteur, dans l'art et la manière de transfigurer une intrigue originale. La densité de son interprétation et surtout la maîtrise acerbe de son suspense renforçant le caractère attachant de cet inquiétant thriller injustement méprisé. 

22.04.13. 3èx
Bruno Matéï

samedi 20 avril 2013

HIERRO

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site identi.li

de Gabe Ibanez. 2009. Espagne. 1h29. Avec Elena Anaya, Bea Segura, Mar Sodupe, Andrés Herrera, Miriam Correa, Kaiet Rodriguez.

Sortie Dvd France: 24 Novembre 2010. Sortie salles Espagne: 15 Janvier 2010

FILMOGRAPHIE: Gabe Ibanez est un réalisateur espagnol, né le 7 Juin 1971 à Madrid.
2009: Hierro


A la suite de la disparition inexpliquée de son fils sur un ferry, une mère décide de partir à sa recherche mais se retrouve plongée dans un désarroi paranoïaque.

Pour un premier film, le réalisateur Gabe Ibanez opte pour un fantastique éthéré sous couvert d'un drame psychologique intimiste. Au suspense lattent avare en péripéties, Hierro privilégie surtout un climat d'étrangeté prégnant sous l'égide d'une mère démunie, persuadée que son fils est resté en vie à la suite de sa disparition. S'agit-il d'un enlèvement ou d'un accident mortel ? Le rythme lancinant découlant des va-et-vient successifs d'une héroïne perdue au milieu d'un archipel et le manque d'aplomb de la réalisation risquent toutefois de rebuter certains spectateurs. Qui plus est, sa structure narrative indécise manque de conviction pour nous convaincre pleinement de son dénouement prévisible. Les quidams suspicieux étant mal exploités dans leur autorité hostile et leur potentielle culpabilité. Toute en fragilité humaine, l'actrice Elena Aneya véhicule une inévitable empathie dans le combat d'une mère désespérée à daigner retrouver son fils. Elle réussit avec sobriété à provoquer une émotion candide dans son instinct maternel subordonné à l'amour d'un enfant.


La mer des larmes
Si Hierro ne convainc pas pleinement, faute d'un scénario mal ficelé et d'un rythme un peu trop languissant, il réussit tout de même à provoquer une certaine émotion et un intérêt périodique au fil de séquences oniriques imprégnées d'une ambiance feutrée. En outre, son épilogue salvateur renoue avec une poésie diaphane lors d'une séquence fantasmagorique absolument bouleversante. En résulte un drame intimiste bancal qui manque de persuasion mais insuffle tout de même quelques bonnes idées et une certaine émotion au fil du cheminement hasardeux d'une héroïne déchue.

Dédicace à Cid Orlandu
20.04.13
Bruno Matéï

mercredi 17 avril 2013

Jack Reacher

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site collider.com

de Christopher McQuarrie. 2012. U.S.A. 2h10. Avec Tom Cruise, Rosamund Pike, Robert Duvall, Jai Courtney, Richard Jenkins, Werner Herzog.

Sortie salles France: 26 Décembre 2012. U.S: 21 Décembre 2012

FILMOGRAPHIE: Christopher McQuarrie est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste américain, né en 1968 à Princeton dans le New Jersey. 2000: Way of the Gun. 2012: Jack Reacher

Un mystérieux tueur abat froidement 5 citadins dans un jardin public. Une avocate et un ancien baroudeur vont faire équipe pour déjouer une mystérieuse conspiration.

Un bon polar d'espionnage déguisé en actionner contemporain. Un héros vindicatif pas comme les autres. Une intrigue tortueuse plutôt prenante qui converge vers le complot judiciaire. Tom Cruise est assez étonnant dans le rôle anti-conformiste d'un vagabond justicier particulièrement retors. Flegmatique mais véloce, il incarne son rôle avec sobriété, même si ces détracteurs pourraient lui reprocher sa rudesse d'esprit. Attention tout de même aux amateurs d'action qui risqueraient d'être déçus, le film se focalisant surtout sur un suspense lattent au sein d'une intrigue à tiroirs quelque peu alambiquée. La réalisation appliquée, l'efficacité de son récit, les dialogues ciselés et le climat austère nous changent des sempiternels blockbusters conçus uniquement pour nous en mettre plein la vue. Ici, c'est tout l'inverse qui se produit, les deux seules scènes explosives étant uniquement au service d'une longue investigation policière. Tout cela manque quand même un peu de vigueur et d'intensité mais le polar déroutant s'avère néanmoins captivant pour ne pas ennuyer et fait presque figure d'ovni dans la caractérisation insolite de ce justicier infaillible.

18.04.13
Bruno 


BASIC INSTINCT


                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site affiches-et-posters.com

de Paul Verhoeven. 1992. 2h08. Avec Michael Douglas, Sharon Stone, George Dzundza, Jeanne Tripplehorn, Denis Arndt, Leilani Sarelle, Dorothy Malone, Bruce A. Young

Sortie salles France: 8 mai 1992. U.S: 20 Mars 1992

FILMOGRAPHIE: Paul Verhoeven est un réalisateur néerlandais, né le 18 Juillet 1938 à Amsterdam.
1971: Business is business. 1973: Turkish Delices. 1975: Keetje Tippel. 1977: Le Choix du Destin. 1980: Spetters. 1983: Le Quatrième Homme. 1985: La Chair et le Sang. 1987: Robocop. 1990: Total Recall. 1992: Basic Instinct. 1995: Showgirls. 1997: Starship Troopers. 2000: l'Homme sans Ombre. 2006: Black Book.


Thriller érotique au succès international considérable (352 millions de dollars de recettes), Basic Instinct reçut un tel accueil enthousiaste qu'il généra une multitude d'ersatz particulièrement rustres. Outre le portrait psychologique imparti aux amants interlopes, sa grande réussite émane de son scénario délétère d'une subtile ambiguïté. Durant un rapport sexuel avec une mystérieuse blonde, une ancienne rock star est retrouvée sauvagement assassinée à coups de pic à glace. L'inspecteur Nick Curran mène l'enquête auprès de l'écrivain et psychologue Catherine Tramell, la maîtresse avec qui la victime avait eut une liaison la veille du crime. La rencontre sulfureuse avec cette femme retors va l'entraîner vers une relation amoureuse vénale jusqu'au point de non retour.


Suspense acéré, érotisme torride et violence incisive sont les ingrédients d'un thriller vertigineux au scénario impeccablement charpenté. L'extrême efficacité de son récit émane surtout des rapports de drague entretenus avec un flic indécis et une mante religieuse insaisissable. L'ambivalence de leur relation charnelle inscrite dans la romance et la suspicion convergent vers un jeu de manipulation où la potentielle coupable va tisser sa toile afin de mieux duper ses adversaires. Avec une maîtrise virtuose géométrique (les deux poursuites en voitures sont techniquement renversantes, l'estocade des meurtres d'une sauvagerie explicite et la stylisation érotique d'une audace épurée), Paul Verhoeven exploite sexe et violence avec une intelligence roublarde. Au sens aiguisé du suspense sans faille et en semant une suspicion progressive, il nous élabore une enquête criminelle jubilatoire par ses fausses pistes en pagaille, rebondissements et revirements sanglants. En mangeuse d'homme et lesbienne assumée, Sharon Stone explose littéralement l'écran et révèle son élégance charnelle avec une sensualité incongrue. La densité du scénario résulte en partie de la caractérisation de son personnage aussi trouble que clairvoyant. En victime galvaudée, subordonnée à l'amour d'une maîtresse bicéphale, Michael Douglas impose avec constance un jeu équivoque d'inspecteur en perdition entaché par ses sentiments. Un flic névrosé au passé torturé mais davantage délibéré à coincer sa présumée coupable pour vaincre ses doutes. A eux deux, ils forment un duo commun particulièrement indocile dans leurs pulsions sexuelles incontrôlées. Leur affrontement perfide est une guerre cérébrale sans merci mise en exergue sur le jeu de manipulation et l'appât de séduction.


Pulsions

Thriller érotique transgressif entièrement bâti sur la psychologie névrosée de ses personnages, Basic Instinct est un jeu de perversité transcendant le portrait d'amants déchus par l'échec amoureux. La révélation Sharon Stone et l'aura sulfureuse qui émane de ses ébats sexuels nous ensorcelle avec une grâce vénéneuse et achemine l'oeuvre novatrice de Verhoeven au rang de chef d'oeuvre des années 90.

17.04.13. 3èx
Bruno Matéï