mardi 16 juillet 2013

CANNIBAL HOLOCAUST

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cultreels.net

de Ruggero Deodato. 1980. 1h32. Italie/Colombie/Etats-Unis. Avec Robert Kerman, Carl Gabriel Yorke, Francesca Ciardi, Perry Pirkanen, Luca Barbareschi.

Sortie salles France: 22 Avril 1981. Italie: 7 Février 1980

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Ruggero Deodato est un réalisateur italien, né le 7 Mai 1939.
1977: Le Dernier monde Cannibale. 1979: SOS Concorde. 1980: Cannibal Holocaust. 1980: La Maison au fond du parc. 1983: Les Prédateurs du Futur. 1985: Amazonia, la jungle blanche. 1987: Les Barbarians. 1987: Body Count. 1988: Le Tueur de la pleine lune. 1993: The Washing Machine.


"Il faut parfois montrer au monde l'enfer pour qu'il se rende compte de son bonheur."
Classé X dans certains pays et interdit dans une soixantaine, Cannibal Holocaust perdure son pouvoir de réalisme sordide et ne cesse de provoquer chez les spectateurs du monde entier violente aversion et/ou fascination dérangée. Réputé comme l'un des films les plus controversés de l'histoire du cinéma puis saisi dès sa sortie par un magistrat italien pour délit d'obscénité et suspicion de snuff movie, Ruggero Deodato s'est taillé au fil des décennies une réputation de cinéaste scandaleux. Notamment sa culpabilité (assumé) d'avoir osé assassiner face caméra des animaux sauvages. Outre l'aspect impardonnable de s'être complaisamment adonné au snuf animalier (acte qu'il regrette aujourd'hui !), le réalisateur poussera encore le vice lors de son exploitation officielle dans les salles obscures en y suggérant une folle rumeur autour du sort des comédiens principaux. Car exilés hors de l'Italie durant un laps de temps, ces derniers en connivence avec le réalisateur sont parvenus à simuler leur probable disparition à la populace italienne.


Découvrir aujourd'hui pour la première fois Cannibal Holocaust reste autant une expérience qu'une épreuve traumatisante difficilement digérable. Dans la mesure où Ruggero deodato redouble de provocation putassière afin de retourner les estomacs les plus solides en se jouant de l'illusion de la fiction et de l'authenticité de la réalité. Pour ce faire, par le principe avant-gardiste du Found Footage, le réalisateur jumèle ici des images authentiques de snuf-animaliers par la méthode journalistique de la caméra portée à l'épaule. En priorité lors de sa seconde partie impartie au docu-vérité auquel quatre journalistes avides d'images chocs iront filmer en pleine cambrousse amazonienne une multitude de mises à mort avec un goût du sensationnalisme hyper racoleur. Tant auprès de leurs exactions crapuleuses commises sur une une tortue dépecée ou sur un porcinet abattu au fusil, de leur viol pratiqué sur une indigène ou encore de l'incendie volontaire perpétré dans la hutte des Yacumos. Avec toujours autant de surenchère voyeuriste, ils n'hésiteront pas non plus à filmer la fausse couche d'une indigène et sa lapidation qui s'ensuit, le rituel barbare préalablement invoqué à une femme empalée sur un pieu (anthologie souvent censurée en Vhs), mais aussi le meurtre d'un de leur propre camarade ainsi que le viol en réunion infligé sur la petite amie du cameraman.


Outre l'aspect inévitablement émétique déversé à cette boucherie primitive (tant auprès du camp des journalistes que de celui des indigènes), Cannibal Holocaust met en exergue une charge corrosive sur notre société dite civilisée si bien qu'ici nos quatre reporters partis en expédition amazonienne se vautrent royalement dans la débauche et l'assassinat dans l'unique but de se divertir parmi l'appât du scoop. Par esprit de mégalomanie et sans une once de vergogne, leurs exactions sont notamment une mesure expéditive afin de prouver à l'étranger primitif qu'en cas de survie, la meilleure déontologie à respecter reste la loi du plus fort. Ainsi, en y juxtaposant les coutumes barbares tolérées par des indigènes cannibales, la mise à mort réelle d'animaux vivants et les plaisirs lubriques et meurtriers de nos quatre lurons civilisés, Ruggero Deodato sème profond malaise et ambiguïté de par son désir de choquer, d'écoeurer à tous prix le spectateur pris en otage par un maelström d'images morbides édifiantes de crudité ! Ainsi, à travers cet alliage de fiction et de réalité, nous sommes donc conditionnés à perdre nos repères avec ce troublant sentiment d'assister à un documentaire où l'illusion est transcendée par son degré d'authenticité ! (combien de spectateurs et vidéophiles de l'époque ont cru assister à un véritable schockumentaire !). Cette aversion viscérale pour la cruauté morbide, le réalisateur y extrait notamment une réflexion sur notre part de voyeurisme, notre curiosité instinctive à daigner observer la mort sous son aspect le plus crapoteux. A la mélodie antinomique d'un score élégiaque inscrit dans la tragédie, il amplifie également avec provocation notre dégoût émotionnel face à notre pulsion animale. La mort et la souffrance faisant parties du rituel, tant auprès d'une sentence vindicative que d'une violence gratuite engendrée par une civilisation moderne.


Mondo Cane
De ce chaos primitif émane un grand film malade, viscéralement éprouvant et hyper dérangeant mais au pouvoir de fascination révulsif et à la puissance émotionnelle ardue. Cet amoncellement de barbarie explicitement illustrée tendant à suggérer que nous sommes tous coupables de notre voyeurisme pour oser observer la cruauté de la mort indissociable du monde sauvage qui nous entoure. Que l'on adhère ou que l'on rejette en bloc ce témoignage intolérable, Cannibal Holocaust ne cessera de provoquer violentes polémiques et débats passionnels sur la nature humaine, tant pour le rapport pervers de notre instinct meurtrier que de notre curiosité morbide pour l'imagerie choc.  

*Bruno
16.07.13. 5èx



lundi 15 juillet 2013

Halloween de Rob Zombie

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site newageamazon.buzznet.com

de Rob Zombie. 2007. U.S.A. 1h50. Avec Scout Taylor-Compton, Malcolm McDowell, Tyler Mane, Danielle Harris, Kristina Klebe, Daeg Faerch, Brad Dourif, Sheri Moon Zombie, Hanna Hall, Dee Wallace Stone.

Sortie salles France: 10 Octobre 2007. U.S: 31 Août 2007

FILMOGRAPHIE: Rob Zombie est un chanteur, musicien et réalisateur américain, né le 12 Janvier 1965 à Haverhill, dans le Massachusetts. 2003: House of 1000 Corpses. 2005: The Devil's Rejects. 2007: Werewolf Women of the S.S. (trailer). 2007: Halloween. 2009: Halloween 2. 2012: The Lords of Salem.


Deux ans après sa horde sauvage contemporaine (The Devil's Rejects) Rob Zombie s'attelle en 2007 à la conception d'une préquelle/remake du chef-d'oeuvre inoxydable, Halloween. En s'attardant à l'enfance meurtrie de Michael Myers dans sa première partie, Rob Zombie nous transcende le portrait glaçant d'un psychopathe juvénile dénué de conscience et de moralité, faute d'une cellule familiale corrompue. Avec une dose d'ultra violence à la sauvagerie tranchée, le réalisateur adopte une démarche explicite pour illustrer les exactions d'un enfant tueur raillé et molesté, délibéré à passer à l'acte vindicatif (le premier meurtre émis sur son camarade de classe en est une preuve éprouvante !). D'ailleurs, avec sa bouille innocente au regard impassible, on peut saluer le jeu diaphane du jeune Daeg Faerch dans une prestance austère alternant accalmie et éclairs d'agressivité. Son goût fétichiste pour les masques afin de se rejeter son apparence humaine est notamment une idée judicieusement exploitée par le réalisateur. Enfin, pour incarner le Dr Loomis, le rôle attribué au vétéran Malcolm Mc Dowell n'est pas aussi probant que l'icone Donald Pleasance mais il réussit tout de même à insuffler une présence ombrageuse dans sa fonction de psychologue indécis (incapable de décrire la vraie personnalité et les motivations de Michael, il le symbolise donc à l'entité du Mal). 


A contre courant de l'horreur suggérée par un suspense lattent entrevue dans son modèle originel, cet Halloween 2007 mise sur l'action cuisante et les péripéties échevelées. Sans concession et avec un désir de provoquer le spectateur dans une horreur graphique, Rob Zombie dépoussière le mythe de manière frontale et beaucoup plus réaliste. Si la première partie se révélait toute à fait convaincante après nous avoir illustré l'enfance galvaudée d'un Michael Myers solitaire et perturbé, le second segment retombe dans la convention du remake formaté sans souci de se démarquer de sa narration usuelle. Après s'être échappé de sa cellule, notre tueur devenu adulte, décide de renouer avec les liens familiaux pour la reconquête de sa soeur. On se retrouve alors dans un slasher routinier dépourvu de surprises pour enchaîner les meurtres cinglants à un rythme alerte. A l'instar d'un Vendredi 13 ludique, cette seconde mouture réussit néanmoins à maintenir l'intérêt par la vigueur d'une mise en scène efficace, la posture terrifiante d'un molosse inébranlable et surtout l'impact foudroyant de ces meurtres hardcores. A titre d'originalité, on notera tout de même la démarche louable de Rob Zombie d'avoir modifié une ligne de conduite importante puisqu'en l'occurrence, Michael n'a pas l'ambition d'assassiner sa soeur mais de la préserver sous sa propre garde !


Impitoyable et vraiment impressionnant dans sa première partie octroyée à la préquelle, Halloween retombe dans la redite dans un second chapitre subordonné au remake. Néanmoins, avec plus ou moins d'efficacité, Rob Zombie réussit avec savoir-faire à trousser des séquences de terreur incisives finissant par emporter l'adhésion. Pour conclure, cet Halloween détonne pour offrir une déclinaison furibonde et insolente du chef-d'oeuvre de Carpenter

La critique d'Halloween 2: http://brunomatei.blogspot.fr/…/halloween-2-directors-cut.h…

15.07.13. 2èx
Bruno Matéï

                                        

vendredi 12 juillet 2013

GENERATION SACRIFIEE (DEAD PRESIDENTS)

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site in.com

de Albert et Allen Hughes. 1995. U.S.A. 2h00. Avec Larenz Tate, Keith David, Chris Tucker, Bokeem Woodbine, Freddy Rodriguez, Rose Jackson, N'Bushe Wright.

FILMOGRAPHIE: Albert et Allen Hughes sont des frères jumeaux producteurs, scénaristes et réalisateurs américains, né le 1er Avril 1972 à Détroit (Michigan).
1993: Menace II Society. 1995: Génération Sacrifiée. 1999: American Pimp (doc). 2001: From Hell. 2009: New-York, I love you (un segment d'Allen Hughes). 2009: Le Livre d'Eli. 2013: Broken City (d'Allen Hughes).


Inédit en salles dans l'hexagone, Génération Sacrifiée avait néanmoins pu bénéficier d'une édition en Dvd quelques années après sa sortie officielle. Un paradoxe d'autant plus regrettable que le premier long-métrage des Hughes Brothers, Menace II Society, eut été salué pour la maîtrise de sa mise en scène et sa peinture abrupte d'une jeunesse afro-américaine en déclin, opposée aux règlements de compte meurtriers entre bandes rivales. En l'occurrence, les frères Hughes traite des conséquences dramatiques de la guerre du Vietnam après que les survivants ont pu rejoindre leur bercail. En particulier, la réinsertion de la communauté noire si dépréciée par leur société que certains n'hésiteront pas à sombrer dans le banditisme ou des mouvements anarchistes afin de tenter de survivre. Outre le portrait émis à une poignée de délinquants fraternels, Génération Sacrifiée s'intéresse au parcours d'Anthony Curtis (Larenz Tate, étonnant d'innocence galvaudée !), jeune garçon de 18 ans délibéré à s'inscrire dans la marine pour occulter ses études de lycée. Après avoir combattu vaillamment durant 4 ans au Vietnam, notre vétéran retrouve son cocon familial dans un quartier défavorisé par le chômage et la drogue. Après avoir été viré de son job de boucher, Anthony décide de planifier l'attaque d'un fourgon avec la complicité de quelques comparses.


Violent réquisitoire contre la guerre du Vietnam qui eut entraîné la première défaite militaire des Etats-Unis (toute la partie se déroulant au champ de bataille met en exergue la déficience mentale de certains soldats et l'inanité d'un conflit à la stratégie anti-communiste !), Génération Sacrifiée dénonce le traitement infligé aux vétérans afro-américains. Par l'influence d'un mouvement de crise contestataire en ascension (le fameux séminaire des Black Panthers prônant la violence des armes à feu en guise de rébellion !) et par la faute d'un chômage en recrudescence, certains anciens combattants vont donc se compromettre au brigandage afin de subvenir à leur famille. Dans une mise en scène stylisée et incisive, les frères Hughes n'y vont pas avec le dos de la cuillère pour illustrer la descente aux enfers irréversible d'une poignée de délinquants utopistes. Parmi le fiasco d'un braquage sanglant (séquence d'anthologie magnifiquement chorégraphiée !), les réalisateurs dénoncent également les conséquences désastreuses d'une jeunesse révoltée en perdition, largement influencée par l'illusion des drogues et de l'argent facile. Si on présage l'issue inévitable de cette tragique déroute, c'est que la guerre préalablement imposée au Vietnam aura engendré chez certains jeunes fragiles et sans repère une forme d'immoralité. La violence et la haine inculquées au front les ayant avili jusqu'à ce qu'ils reproduisent cette déchéance destructrice au sein de leurs quartiers urbains du Bronx.


Au rythme d'une pléthore de tubes Soul entraînants, Génération Sacrifiée juxtapose critique sociale d'une Amérique hautaine tournant le dos à leurs anciennes recrues et courant culturel de la Blaxploitation par l'entremise implacable d'une narration nihiliste. De par son ultra violence cinglante et son intensité dramatique, on sort secoué et aigri pour le portrait infligé à sa génération immolée. 

12.07.13. 3èx
Bruno Dussart
Warning ! Le trailer contient beaucoup de spoilers !

                                         

jeudi 11 juillet 2013

GUMMO

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposters.2038.net

de Harmony Korine. 1997. U.S.A. 1h35. Avec Jacob Reynolds, Nick Sutton, Lara Tosh, Jacob Sewell, Darby Dougherty, Chloë Sevigny.

Sortie salles France: 9 Juin 1999

FILMOGRAPHIE: Harmony Korine est un réalisateur et scénariste américain, né le 4 Janvier 1973 à Bolinas, Californie.
1997: Gummo. 1999: Julien Donkey-Boy. 2007: Mister Lonely. 2009: Trash Humpers. 2013: Spring Breakers.


La célébration des anonymes
Bien avant l'ovni Spring BreakersHarmony Korine avait débuté en 1997 avec un premier film indépendant sorti dans l'indifférence mais dont le bouche à oreille lui aura tout de même valu d'accéder au rang de film-culte. Tranches de vie d'une poignée de marginaux après qu'une tornade eut dévasté leur petite banlieue, Gummo se livre en expérience humaine où l'hyper réalisme documenté nous déconcerte et nous émeut par ses élans d'onirisme blafard. Sans voyeurisme ni misérabilisme, le réalisateur nous dresse ici le portrait d'une Amérique profonde endeuillée par une catastrophe naturelle mais livrée depuis toujours dans une immense solitude. Ce tableau peu reluisant d'une population livrée au chômage ausculte de façon aléatoire la quotidienneté triviale de petites gens désoeuvrés, déficients ou alcooliques tentant de survivre et tuer l'ennui dans un monde qu'ils ne comprennent pas. S'y côtoient devant notre témoignage et de manière désordonnée, deux adolescents tueurs de chats, une trisomique, un nain africain, une albinos, un travelo, un couple de gay et de lesbiennes, deux soeurs jumelles, deux boxeurs de sang ainsi que la faune éclectique des habitants de Xenia. 


Avec divers procédés photographiques et une caméra vacillante, Harmony Korine nous pénètre à l'intérieur de cette ville sinistrée avec une véracité perturbante si bien qu'il semble filmer en temps réel l'existence primaire de laissés-pour-compte avec une improvisation gênante. Cette sensation de malaise persistant et cette inévitable empathie que l'on éprouve pour ces quidams névrosés souvent livrés à la déchéance ou la perversité nous remettent en question sur notre situation sociale, le bien-être de notre cocon rassurant et notre éthique à accepter la différence la plus hétérodoxe. Transportés dans un tourbillon de séquences intimes d'une pudeur dérangée (la drague improvisée entre le gay refoulé et le nain timoré) ou d'une violence animale (la table de cuisine réduite en pièces détachées par une famille avinée !), Gummo se positionne en expérience humaine où l'émotion trouble nous accapare avec une acuité poignante. L'aspect amateuriste des comédiens néophytes ou inexpérimentés au langage rustre machinal renforce cet (étrange) sentiment de crudité désespérée où la tendresse se mêle à la colère de la partialité. 


La monstrueuse parade.
Avec dignité et sans jamais se moquer de leurs extravagances, Harmony Kroine livre avec Gummo un portrait inoubliable d'une parade de paumés inadaptés sans jamais juger de leurs agissements erratiques. Dérangeant et perturbant mais débordant d'humanité fébrile et de poésie infantile (le garçonnet aux oreilles de lapin traversant le film avec une discrétion aphone), cette errance existentielle nous confronte finalement à leur désillusion de reconnaissance et d'amour.  

11.07.13. 2èx
Bruno Matéï

mercredi 10 juillet 2013

Runaway, l'évadé du Futur (Runaway)

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Crichton. 1984. U.S.A. 1h40. Avec Tom Selleck, Cynthia Rhodes, Gene Simmons, Kirstie Alley, Stan Shaw, G.W Bailey.

Sortie salles France: 7 Août 1985. U.S: 14 Décembre 1984

FILMOGRAPHIE (source Wikipedia): Michael Crichton est un écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 23 Octobre 1942, décédé le 4 Novembre 2008 à Los Angeles. 1972: Pursuit (télé-film inédit en France). 1973: Mondwest. 1978: Morts Suspectes. 1979: La Grande Attaque du Train d'or. 1981: Looker. 1984: Runaway, l'évadé du futur. 1989: Preuve à l'appui (Physical Evidence).


Un bijou d'anticipation crépusculaire par son incroyable photogénie nocturne.
Trois ans après Looker, Michael Chrichton renoue avec le thème de la robotique qu'il eut auparavant traité avec le cultissime Mondwest. Thriller futuriste mettant en garde le danger des nouvelles technologies (ici, la micro-électronique utilisée à des fins terroristes), Runaway puise sa force dans son traitement visionnaire et son extrême efficacité au sein d'un récit orthodoxe rondement mené. SynopsisDans un avenir proche, un flic et sa partenaire sont confrontés à un inventeur de génie capable de transformer les robots ménagers en véritables machines à tuer. De par l'entremise d'idées futuristes aussi ingénieuses que débridées (le robot preneur d'otage, les araignées métalliques, les missiles à tête chercheuse utilisés par un flingue novateur), Michael Crichton nous concocte un solide divertissement fertile en péripéties si bien que l'action ne cesse de rebondir à travers une narration savamment planifiée. 


Aucune esbroufe racoleuse donc mais des séquences d'action haletantes (telle cette poursuite automobile entamée contre des mines coureuses !) au service d'une trame simpliste rigoureusement captivante. En outre, les effets-spéciaux confectionnés par Mark Dornfeld tiennent encore la route de par leur côté inventif et s'avèrent donc crédibles pour l'élaboration des robots insidieux jamais vus au préalable ! Enfin, le duo formé par la charmante Cynthia Rhodes et l'excellent Tom Selleck (très à l'aise dans son rôle musclé de flic circonspect sujet au vertige !) est d'autant plus attachant qu'il ne manque pas de densité humaine à travers leur complicité attendrie (l'instant alarmiste où Karen se retrouve grièvement blessée à l'avant-bras par une micro bombe s'avère si intense qu'il demeure anthologique !). On n'en dira pas autant de notre terroriste du futur incarnée par l'ex chanteur de Kiss, Gene Simmons tant il cabotine avec sa gouaille sardonique. Pour autant, son charisme israélo-américain se prête plutôt bien à sa personnalité frondeuse et finit même pas nous amuser auprès de son outrecuidance mégalo. Sa présence demeure donc finalement aussi bien marquante qu'iconique avec soupçon de dérision tacite. 


Si Runaway possède aujourd'hui un cachet rétro évident, il ne manque ni de style, ni de classe, ni de vigueur si bien qu'il continue de susciter une réelle fascination (les différents spécimens de robots ménagers et les gadgets destructeurs) au sein d'une intrigue remarquablement troussée. Enfin, la solide présence de Tom Selleck décuple sa facture attachante auprès de sa fonction sagace de flic dévoué en initiation héroïque, quand bien même son climat nocturne nous ensorcelle la vue avec soupçon de surréalisme tantôt onirique (on peu même prêter une petite allusion à New-York 1997 par son climat futuriste crépusculaire saturé d'un score électro subtilement discret), tantôt horrifique (l'incroyable final vertigineux au sommet d'une cage de chantier s'avère lui aussi un moment anthologique à travers son action inventive et sa tension  infiniment oppressante). Désormais un classique des années 80 toujours aussi fun et fascinant. 

*Bruno Matéï
17.02.22. 4èx
10.07.13. 

                                         

jeudi 4 juillet 2013

TRANCE

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site paperblog.fr

de Danny Boyle. 2013. Angleterre. 1h43. Avec James McAvoy, Rosario Dawson, Vincent Cassel, Simon Kunz.

Sortie salles France: 8 Mai 2013. Angleterre: 27 Mars 2013

FILMOGRAPHIE: Danny Boyle est un réalisateur Britannique, né le 20 Octobre 1946 à Manchester.
1994: Petits Meurtres entre amis. 1996: Trainspotting. 1997: Une Vie moins Ordinaire. 2000: La Plage
2002: 28 Jours plus tard. 2004: Millions. 2007: Sunshine. 2008: Slumdog Millionaire. 2010: 127 Hours. 2013: Trance


Pour son nouveau long-métrage, Danny Boyle renoue avec le thriller cynique préalablement entrepris avec son premier essai, Petits meurtres entre amis.

Durant une mise aux enchères, un commissaire-priseur est témoin d'un vol de tableau perpétré par le leader Franck. Au moment d'une altercation pour la disparition subite de la toile, Simon est frappé à la tête par son agresseur et se retrouve amnésique. Accusé par Franck et ses sbires d'avoir dérobé la peinture, il est contraint de contacter une hypno-thérapeute afin de retrouver la mémoire pour pouvoir dévoiler sa fameuse planque.


Thriller à suspense d'une efficacité exponentielle, Trance est façonné à la manière d'un puzzle dans un dédale de faux semblants, jeu de miroirs et jeu de pouvoir où la manipulation cérébrale est reine. Toute l'intrigue se focalisant essentiellement autour d'un trio d'amants véreux. Deux rivaux compromis au charme d'une énigmatique thérapeute, délibérés à retrouver sous son allégeance le fameux magot d'un tableau d'art. Dans une mise en scène stylisée hyper travaillée, Danny Boyle véhicule une imagerie high-tech au design moderniste où les teintes polychromes se parent d'une élégance expressionniste. Avec l'habile emploi d'une structure narrative déstructurée, il nous projette dans une intrigue tortueuse auquel trois antagonistes n'auront de cesse de nous triturer les méninges, à savoir qui est le véritable imposteur tirant véritablement les ficelles de cette énigme à tiroirs. Avec plaisir masochiste, le réalisateur use et abuse de rebondissements fortuits afin de semer doute et confusion et semble notamment expérimenter un semblant d'hypnose avec le spectateur. A savoir que durant la projection, la plupart des épisodes suspicieux qui traversent le récit découlent des expériences d'un sujet mis sous sommeil artificiel. Par des séances récurrentes de transe, l'un de nos antagonistes va se retrouver compromis à un état de conscience altéré impliquant un dédoublement psychique de sa personnalité. Cet état second, Danny Boyle en profite pour semer l'illusion de la réalité sans jamais nous avertir de sa rationalité. En combinant hallucinations, rêve et réalité, il nous égare donc dans un dédale de simulacre où le mensonge et la manipulation d'esprits cupides vont engendrer une paranoïa collective. 
C'est dans sa dernière partie échevelée que Trance va redoubler d'intensité haletante pour enfin nous dévoiler sa supercherie dans un maelström d'émotions rudes (on passe de l'angoisse et la panique au malaise viscéral et l'empathie poignante ATTENTION SPOILER ! pour un conflit de romance déchue ! FIN DU SPOILER).


Jeu de pouvoir
Original, surprenant, déroutant et retors, Trance intrigue et captive avec l'élaboration d'un scénario machiavélique où chaque antagoniste n'est jamais celui que l'on pense connaître. Pourvu d'une mise en scène inventive et d'un esthétisme pictural aux figures géométriques, ce thriller parano culmine sa chute dans un point d'orgue étourdissant de révélations. C'est justement au moment propice de cette délivrance que le film peut enfin négocier un nouveau défi ! 
Sensuel et brillant !

04/07/13
Bruno Matéï

mercredi 3 juillet 2013

Spring Breakers

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site pariscine.com

de Harmony Korine. 2012. 1h34. US.A. Avec James Franco, Vanessa Hudgens, Selena Gomez, Ashley Benson, Rachel Korine, Heather Morris.

Sortie salles France: 6 Mars 2013. U.S: 22 Mars 2013

FILMOGRAPHIE: Harmony Korine est un réalisateur et scénariste américain, né le 4 Janvier 1973 à Bolinas, Californie. 1997: Gummo. 1999: Julien Donkey-Boy. 2007: Mister Lonely. 2009: Trash Humpers. 2013: Spring Breakers.


Le "Breakfast Club" des années 2000. Jean Baptiste-Thoret.
Déjà responsable d'un authentique film culte indépendant (Gummo), Harmony Korine nous projette avec Spring Breakers dans l'univers artificiel d'un congé de printemps auquel une jeunesse insouciante se livre sans modération à la décadence. Cette semaine printanière originaire d'Amérique du Nord est l'occasion pour des milliers d'étudiants de faire la fête durant leurs vacances avant l'approche des examens. Le phénomène de mode surnommé "Spring Break" a pris une telle ampleur auprès des jeunes que d'autres pays (dont la France) se sont rapidement appropriés le concept estival où sexe, drogue et alcool coulent à flot. Et ce en dépit de tragiques incidents mortels survenus aux quatre coins du monde parmi lesquels overdoses ou comas éthyliques, sans compter certains cas de viols perpétrés sur de jeunes filles. De par l'esprit racoleur de son affiche sexy et l'accroche du trailer explosif, Spring Breakers avait de quoi laisser dubitatif le cinéphile averti, redoutant un nouveau Projet X à grande échelle conçu sur de la vacuité putassière ! Que nenni ! L'expérience indicible nous plongeant en l'occurrence dans un gouffre bipolaire si bien que nous ne savons pas vers qui nous raccrocher pour tenter de s'extraire du malaise. 
Le pitchQuatre godiches décident de braquer un fast-food afin de pouvoir se payer des vacances idylliques au spring break de Floride. Sur place, elles approchent un chanteur de rap qui les mènera vers une délivrance suicidaire. 


Voilà établi en quelques mots sa trame orthodoxe classiquement préconçue pour un public ado. Or, si les clichés usuels à cette coutume printanière (sea, sexe, sun, alcool and coke !) pullulent dans Spring Breakers, la réalisation expérimentale de Harmony Korine (au montage ultra dynamique, on se croirait parfois dans Tueurs Nés !) va totalement se réapproprier des conventions pour nous entraîner dans un bad trip onirique à la lisière de la métaphysique ! Car ici, peu importe la consistance de son scénario linéaire, seule compte l'expérience visuelle, l'aura insolite, la réflexion spirituelle et l'atmosphère de plénitude émanant des états d'âme des filles rebelles destituées de repères. Ainsi, avec une force émotionnelle épineuse, car si hybride et contradictoire, Spring Breakers nous relate de manière anticonformiste leur introspection mélancolique. Leur quête éperdue d'un ultime paradis pailleté face à la désillusion d'une vie fastidieuse. La soif de bonheur, l'envie d'épanouissement, la quête absolue d'un avenir insouciant les inciteront à côtoyer le mal sous l'influence d'un "penseur" névrosé (James Franco transi de cool attitude par son idéologie triviale surfant sur le temps présent). Transcender les barrières de la moralité afin de consumer la vie au jour le jour sans avoir à se soucier des conséquences du lendemain. Brûler la vie à fortes doses de drogues, de sexe et d'adrénaline afin de s'idéaliser son propre paradis (artificiel). Cette atmosphère envoûtante chargée de poésie naturaliste et de désillusion imprègne la pellicule et nous immerge vers une transe hypnotique où le néant crépusculaire culmine à la déroute. En somme, No futur pour l'innocence sans repères papillonnant vers un no man's land.


Un conte de fée nécrosé par son désespoir existentiel vide de sens !
On ne sort pas radieux de l'expérience contemplative de Spring Breakers, comme si une perte de conscience et de motricité corporelle nous endeuillèrent lourdement 1h34 durant. Constat d'amertume sur une jeunesse aphone obnubilée par les paillettes et les jouissances éphémères, Spring Breakers constitue un voyage métaphysique au bout d'une nuit sans horizon. Sa flamboyance formelle, sa réalisation virtuose et la partition d'une bande-son aussi envapée que tonitruante nous convoquant malaise, aigreur et poignante mélancolie. Beaucoup de spectateurs déroutés ne trouveront pas matière à s'enthousiasmer face à une oeuvre aussi inclassable privilégiant les sens ineffables d'une émotion désabusée, quand bien même d'autres (après avoir ouvert leur coeur) auront sans doute peine à sortir indemne du cri de révolte imputé à cette jeunesse en berne anti-manichéenne. 

10/10

*Bruno
03.07.13. 25.22.20

«Spring Breakers», poétique de l’idiotie
Par Jean-Baptiste THORET, Historien et critique de cinéma — 2 avril 2013 à 19:06

Des images d’étudiantes en bikini, trémoussant leur booty au ralenti sur des plages bondées, et tout autour, des grappes de jeunes mâles bronzés comme des homards, tous pectoraux sortis, versant sur elles de la bière comme s’ils urinaient en hurlant des «Yeah !». Ainsi s’ouvre le film Spring Breakers, sorti le mois dernier : par un gigantesque rêve (ou cauchemar) éthylique et partouzard, un précipité génial des images industrielles qui composent ce qu’on appelle, faute de mieux, la pop culture mondiale. Spring Break ! Moins le refoulé d’une société occidentale d’autant plus puritaine qu’elle s’est intégralement sexualisée - ici, plus besoin d’un psy pour vous expliquer que le gun, c’est le phallus, «Look at My Shit !» glapit le dealer gangsta-midinette du film qui pianote du Britney Spears (Disney et Snoopy Dog, même combat) - qu’une forme de convivialité fantôme et autistique : le rêve de l’identité s’achève ici dans l’indifférence. «Yeah !» version originale de notre «Yes !» national, interjection performative qui évoque le «Eureka !» crié par le héros de la nouvelle éponyme d’Edgar Poe : «J’ai trouvé !» Mais quoi ?

Spring Breakers se branche à merveille sur l’humeur et la folie absurde de notre époque, fascinée par le fun et le rien, la performance (corporelle, sexuelle, éthylique) et l’agitation, la surface et l’idiotie, au sens où Clément Rosset l’entend : «La rencontre d’un but absolument déterminé et d’une motivation absolument manquante.» Comme le zombie, autre icône de notre époque, passée en quarante ans des marges du genre et de la critique politique, les créatures de la Nuit des morts-vivants, encore dépositaires d’une utopie alternative, au centre d’une société de consommation qui les décline, les dévitalise ad nauseam en séries, clips, films, publicités et happenings familiaux. Soit ces fameuses zombie walks au cours desquelles papa, maman et le fiston déambulent dans les rues, déguisés en morts-vivants friendly. Les morts-vivants, canal historique, voulaient dévorer l’ancienne société parce qu’ils portaient (à leurs corps défendant) un désir de changement. Quatre décennies plus tard, le processus s’est inversé : c’est nous qui imitons les zombies, manière de pastiche qui masque surtout une formidable dénégation de ce que nous sommes devenus. Le Spring Break ou comment se délester du poids de ce qu’on est pour embrasser l’identité nulle d’un collectif de zombies fêtards. En 1988, un slogan publicitaire vantant les mérites d’une célèbre marque de sport - «Just Do It» - avait pointé l’essence de ce consumérisme idiot. «Do It For What ?». Faire la preuve de sa propre vie, sans autre finalité que de montrer qu’on est capable d’y arriver, tel un canard (un zombie ?) sans tête qui continue d’avancer (de bouffer ?), mais pour rien, au-dessus du vide, jusqu’à l’épuisement physique.

L’hédonisme insignifiant que célèbre en accéléré le Spring Break, la forme souvent grotesque que prennent les plaisirs recherchés (fumer un joint par l’anus d’un nourrisson en plastique) découle de cette jouissance contrainte imposée par la logique capitaliste et sa hantise de ne pas consommer comme et avec les autres. Spring Breakers est, à n’en pas douter, un film en avance sur son temps, autrement dit à l’heure, pour reprendre la belle expression de Serge Daney à propos du Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone. A l’heure des années 2000 comme Easy Rider le fut à celle des années 60, Scarface des années 80 et Tueurs nés dix ans plus tard. Regarder Spring Breakers, c’est se retrouver au bord d’un gouffre, essoufflé, à se demander comment on en est arrivé là (Woodstock 2.0 ?) mais c’est surtout se demander pourquoi la contemplation du vide et du mauvais goût, du niveau zéro de la culture de masse, produit malgré tout une forme d’envoûtement, de poésie, voire de fascination. S’agit-il de cette extase que Baudrillard, dans les Stratégies fatales, décrivait comme «cette qualité propre à tout corps qui tournoie sur lui-même jusqu’à la perte des sens et qui resplendit alors dans sa forme pure et vide» ?

Si Harmony Korine a su trouver la bonne distance par rapport à son sujet, à la fois empathique et excentré, c’est qu’il a compris une chose, essentielle : pas de meilleur commentaire sur les images et le monde contemporain que le remake de ces mêmes images. Au fond, le tract, le pastiche, l’indignation, la satire, la dénonciation sont des armes critiques d’un autre temps. La querelle byzantine n’est plus : l’iconodule est aujourd’hui le meilleur des iconoclastes. L’intelligence critique du réalisateur de Gummo consiste à avoir embrassé exactement la forme de son objet. Le baiser est là, mais envoûtant et froid comme celui du tueur. Parties de rien et arrivées nulle part, les quatre adolescentes du film rêvent de pouvoir mettre sur pause ce présent perpétuel, de s’y installer pour toujours («Forever»), à l’abri de l’Histoire et du monde. Mais grâce au montage (effets de retard et de bégaiement du récit qui semble ne jamais décoller), Korine introduit au sein de cette irréalité amniotique et immersive, le sentiment du temps qui passe : l’accumulation des signes du bonheur ne fait pas le bonheur et la satisfaction virtuelle («Just Do It») bute bientôt sur un principe de réalité.

Au fond, les images industrielles se consomment sans rétribution, même symbolique : finir par tuer un dealer qu’on connaissait à peine, reprendre la route, et après ? Et alors ? C’était donc ça ? Au terme de toutes ces images, un objet perdu nous aveugle. Et la plus violente des critiques prend la forme de la mélancolie qui étreint celui, ou celle, qui réalise qu’il n’y a pas de secret. Heureux sont les zombies ?

Jean-Baptiste THORET Historien et critique de cinéma

L'avis de Mathias Chaput:
"Spring breakers" est avant tout un film choc, bien plus malin et intelligent qu'il pourrait paraître...
Un piège se referme sur les jeunes filles, aussi bien que sur le spectateur, appâtées par le gain et le sexe, pensant se "trouver" alors qu'au final elles se "perdent"...
Le folklore du gangster à la Tony Montana est de nouveau perpétré dans le film avec un côté moins viscéral que fun, doublé par l'inconscience de personnes désoeuvrées et paumées dans l'âme, ne pouvant qu'observer une issue funeste d'une noirceur absolue...
Il y a un côté pathétique et touchant en même temps dans "Spring breakers" au carrefour du polar moderne et de l'étude de moeurs ciselée, où s'articulent des thématiques comme la consommation de produits addictifs (la drogue, l'alcool mais aussi la vénalité et la perversion sexuelle) et la désespérance d'une jeunesse prise entre le marteau de l'intégration et l'enclume de la tentation d'une vie festive...
D'une réalisation fluide et rapide mais parfaitement lisible, "Spring breakers" est un métrage hybride, à mi chemin entre film expérimental et traditionnel, doté de comédiens en roue libre qui semblent "vivre" leurs rôles comme dans le réel...
Cauchemar crédibilisé par l'émotion des trois héroïnes qui perdent pied rapidement et se "réfugient" dans la violence comme d'autres trouveraient un exutoire afin de pallier à leurs angoisses, Korine trouve la force nécessaire pour insuffler de l'innocence à ces créatures qui en sont dépourvues, sorties de l'adolescence et en mutation transitoire entre l'âge adulte affirmé et les repères éclatés, se cherchant et pensant se trouver dans cette vie anarchique et superficielle, que leur propose Alien...
A la fois axé sur la tentation et le délabrement, il manquerait juste un côté initiatique au film, il est exempt de la moindre rédemption vis à vis des héroïnes, ce qui accentue et amplifie de fait le malaise provoqué chez le spectateur et fait ressortir ce dernier collapsé à la fin du visionnage...
"Spring breakers" est assurément un grand film qui laisse une empreinte, qui s'ancre bien dans son époque et qui ose toutes les transgressions pour appuyer son propos de manière très rigoureuse...
Une belle réussite !

Note: 9/10


                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site aceshowbiz.com