vendredi 6 septembre 2013

MESSE NOIRE (Evilspeak). Uncut Version

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site torrentbutler.eu

d'Eric Weston. 1982. U.S.A. 1h43. Avec Clint Howard, R.G Armstrong, Joseph Cortese, Claude Earl Jones, Haywood Nelson.

Sortie salle France: 26 Février 1982. U.S: 26 Février 1982

FILMOGRAPHIE: Eric Weston est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
1981: Messe noire. 1983: Marvin and Tige. 1989: The Iron Triangle. 1992: To protect and serve. 2001: Pressure Point. 2002: Ambition Fatale. 2002: Hitters. 2011: Hyenas.


Pour une première oeuvre horrifique, le débutant Eric Weston aura marqué une génération de vidéophiles qui s'étaient empressés de louer dans leur vidéo-club un B movie au titre évocateur, Messe NoireDans une académie militaire, un souffre-douleur décide d'invoquer les forces du mal via ordinateur pour se venger de ces camarades railleurs.A partir de cet argument simpliste (la vengeance sanglante d'un martyr au service du Mal) déjà évoqué dans le chef-d'oeuvre Carrie Eric Weston en tire un modèle d'efficacité dans son suspense exponentiel et l'ambiance délétère qui s'y dégage au sein d'une cave abritée par le malin. Reposant sur les épaules du jeune Clint Howard (délivrant ici son meilleur rôle !), Messe Noire s'érige en fascinante descente aux enfers sous l'entremise originale de l'ordinateur. Mais revenons d'abord sur l'interprétation sidérante de vérité de cet acteur de seconde zone, car si ce divertissement sardonique réussit autant à captiver, c'est en partie grâce à l'empathie que l'on accorde pour Coopersmith, étudiant maladroit incessamment molesté par ses camarades de classe.


Avec sa bonhomie toute naïve et son regard candide, Clint Howard réussit instinctivement à nous impliquer dans son désarroi quotidien et nous amène lentement à fréquenter le malin sous l'intervention d'Estaban. Un sorcier sataniste préalablement condamné par l'église pour hérésie mais qui avait juré de se venger des siècles plus tard. Toute l'intrigue se focalise donc sur les tentatives de Coopersmith à daigner invoquer une véritable messe noire par une démarche toute moderne, l'utilisation électronique de l'ordinateur ! Et quand vient la vengeance tant escomptée, on ne peut que comprendre (ou fantasmer !) sa rancoeur à oser bafouer le fondement du Bien en commettant des méfaits criminels sous influence démoniaque ! A cet égard, on peut dire que son point d'orgue apocalyptique déploie des séquences cinglantes où le gore craspec se dispute à l'horreur pure dans des FX de choix ! Décapitations en série, éventration, démembrements, corps embrasés nous sont étalés sans concession dans un déluge de feu et de sang ! Qui plus est, et avec une audace sarcastique, le carnage se confine dans le cadre religieux d'une chapelle auquel des porcs carnassiers s'y sont soudainement invités ! Au delà de son indéniable sens de l'efficacité et sa force émotionnelle, Messe Noire insuffle une ambiance lugubre du plus bel effet, renforcé par la chaleur d'une photo sépia. Que ce soit en interne du sous-sol de la cave auquel Coopersmith pratique son rite ou dans le cadre religieux d'un oratoire. Avec rigueur et intégrité pour le genre, le réalisateur distille donc un climat pernicieux diffus en vantant les mérites d'une démonologie contemporaine.


Soutenu par le superbe score religieux de Roger Kellaway faisant écho à La Malédiction de Donner, Messe Noire n'a pas usurpé son statut de classique moderne du film sataniste en faisant preuve dans son dernier acte d'une violence barbare dantesque ! En apprenti sorcier sévèrement malmené, Clint Howard apporte une indéniable intensité humaine dans sa revanche spectrale désespérément nihiliste !

06.09.13. 5èx
Bruno Matéï

jeudi 5 septembre 2013

LE FLIC DE BEVERLY HILLS. (Beverly Hills Cop)

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood80.com

de Martin Brest. 1984. U.S.A. 1h43. Avec Eddy Murphy, Judge Reinhold, John Ashton, Lisa Eilbacher, Ronny Cox, Steven Berkoff, James Russo, Jonathan Banks.

Sortie salles France: 27 Mars 1985. U.S: 5 Décembre 1984

FILMOGRAPHIE:  Martin Brest est un réalisateur, producteur, acteur, monteur et scénariste américain, né le 8 Août 1951 dans le Bronx de New-York.
1972: Hot Dogs for Gaugin. 1977: Hot Tomorrows. 1979: Going in Style. 1984: Le Flic de Beverly Hills. 1988: Midnight Run. 1992: Le Temps d'un Week-end. 1998: Rencontre avec Joe Black. 2003: Amours Troubles.


Enorme succès lors de sa sortie en salles (aux States, il était l'un des 10 plus grands hits commerciaux de tous les temps !), Le Flic de Beverlly Hills permis à Eddy Murphy d'accéder à la notoriété après s'être révélé dans 48 heures et Un Fauteuil pour deux. Comédie d'action menée tambour battant, cette production Bruckeimer doit sa renommée sur l'abattage de son acteur afro, ancien humoriste ayant préalablement fait ses preuves dans le célèbre show: Saturday Night LiveAprès l'assassinat de son ami, un flic de Détroit décide de mener sa propre enquête sans l'accord de son supérieur. Durant l'investigation, il découvre que son acolyte travaillait pour le compte d'un riche entrepreneur implanté à Beverly Hills. Ce dernier exerçant des malversations, il va tenter par la même occasion de démanteler un réseau de contrebande avec le soutien de deux inspecteurs studieux. 


Il y a des comédies lucratives conçues sur une idée somme toute sommaire mais construites avec une telle dextérité qu'elles dépassent le stade du produit aseptique. Reposant sur la bonhomie impayable d'un acteur extrêmement attachant, le Flic de Beverly Hills fait parti de ces petits miracles de cocasserie auquel Eddy Murphy va y apporter son potentiel comique dans sa "cool attitude" ! En insufflant une verve irrésistible, l'ancien humoriste réussit à extérioriser un jeu cabotin de facéties désinvoltes et d'imitations extravagantes. Avec la complicité de deux adjoints aussi attachants (Judge Reinhold et John Ashton forment un tandem avec une tendre bonhomie), le Flic de Beverly Hills distille un charme naturel comme peu de comédies familiales ont su le retransmettre. Au delà de la cocasserie impartie aux dialogues et au mimétisme de Murphy, le réalisateur Martin Brest y introduit une pincée d'action dans son prologue rocambolesque (carambolage en pagaille lors d'une poursuite entre un camion et des cars de flics) et son final pétaradant (les gunfight fusent tous azimuts dans le repère du mafieux Victor Maitland). Et pour parachever, je ne manquerai pas non plus d'évoquer le fameux tube entraînant interprété par Patti Labelle - Stir it up !


Entre action et drôlerie, Le Flic de Beverly Hills compte sur l'efficience d'une intrigue bien construite et surtout sur la présence d'un acteur expansif pour nous divertir sans prétention. A travers cette aventure diablement réjouissante émane la simplicité d'une comédie bonnard sous l'impulsion de seconds-rôles aussi sympathiques dans leur fonction de faire-valoir. Antidépressif, le Flic de Beverly Hills constitue au terme un bain de jouvence d'une fraîcheur aussi capiteuse qu'à l'époque de sa conception.

05.09.13. 3èx
B-M


mercredi 4 septembre 2013

30 Jours de Nuit / 30 Days of Night

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site necronomiblog.canalblog.com

de David Slade. 2007. U.S.A. 1h53. Avec Josh Hartnett, Melissa George, Danny Huston, Ben Foster, Mark Boone Jr, Mark Rendall.

Sortie salles France: 9 Janvier 2008. U.S: 19 Octobre 2007

FILMOGRAPHIE: David Slade est un réalisateur britannique, né le 26 Septembre 1969 au Royaume Uni. 2005: Hard Candy. 2007: 30 Jours de Nuit. 2010: Twilight - Chapitre 3: Hésitation. 2011: R.E.M (TV). 2012: The Last Voyager of Demeter. Daredevil reboot.


Plutôt méconnu, David Slade prouva son habile talent de metteur en scène avec son premier film, Hard Candy, thriller psychologique confiné dans un huis-clos éprouvant. Deux ans plus tard, il récidive qualitativement parlant pour peaufiner son potentiel artistique avec l'adaptation d'un comic créé par Steve Niles et Ben Templesmith. Déclaration d'amour au travail artisanal de John Carpenter (photogénie esthétisante d'un environnement aussi réfrigérant que reculé, charisme frappant des comédiens, photo immaculée encadrée au format scope, score métronome, atmosphère anxiogène palpable, ambiance angoissante envoûtante), 30 Jours de Nuit se réapproprie du thème vampirique avec un souci formel bluffant. Le pitchEpargnés du soleil durant 30 jours de nuit hivernale dans un village de l'Alaska, un shérif et une poignée de survivants vont tenter de déjouer la menace d'une horde de vampires assoiffés de sang. Ainsi, à partir de ce concept trivial, on ne peut pas dire que David Slade compte sur l'originalité d'une intrigue éprouvée avec son lot d'attaques impromptues auprès de victimes esseulées. D'autant plus que l'on a la gênante impression d'assister à une temporalité fallacieuse si bien que ces 30 nuits semblent se dérouler en un temps beaucoup plus restreint (à peine 2 ou 3 jours !) du point de vue des motivations des héros ! Mais avec une foi et un respect pour l'amour du genre, le réalisateur réussit à contrecarrer une narration aseptique pour sublimer de prime abord une atmosphère ténébreuse au sein d'un huis-clos réfrigérant.


Qui plus est, avec l'efficacité d'une action cinglante terriblement spectaculaire et d'un gore sanguinolent au réalisme saisissant, 30 Jours de Nuit frétille pour distiller un climat anxiogène diffus au fil d'affrontements intrépides perpétrés par des vampires erratiques. C'est simple, il y avait belle lurette que nous n'avions pu contempler face écran des goules aussi hargneuses et fétides de par leur morphologie taillée à la serpe. Vêtus en costard noir, David Slade est parvenu à donner chair à ces goules épouvantablement vicieuses à travers leurs exactions meurtrières (elles surveillent leurs proies du haut des toitures des maisons pour ensuite encercler certaines d'entre elles avec une vanité condescendante !). Il faut les voir se faufiler sous les chalets et se projeter à une vélocité vertigineuse sur les victimes pour les égorger avec une sauvagerie primitive ! Par conséquent, en jouant le plus souvent la carte du huis-clos oppressant, le réalisateur insuffle un suspense continuel pour l'épreuve de force impartis aux survivants contraints d'accéder d'un refuge à un autre pour se prémunir de la menace vampirique. La puissance visuelle de sa scénographie nocturne contrastant avec la clarté d'une neige endeuillée nous immergeant dans un environnement cauchemardesque particulièrement cinégénique. Au point d'orgue escompté, on pardonne l'aspect un tantinet décevant de son revirement héroïque (dès que leur leader est anéanti par l'un des survivants, la clique des vampires décide trop facilement de rebrousser chemin) et on se rattrape sur son épilogue désenchanté d'une beauté onirique poignante.


Sobrement dominé du caractère valeureux des protagonistes (Josh Hartnett et Melissa George forment un duo d'amants attachants dans leur reconversion sentimentale), 30 Jours de Nuit mise sur la fonction du divertissement efficace avec son lot d'action cinglante, de tension anxiogène et d'éclaboussures de sang ici dénuées de concession. Rehaussée d'une atmosphère cauchemardesque terriblement palpable, on reste surtout impressionné par l'aspect délétère de ces vampires contemporains incroyablement classieux dans leur morphologie démoniale. Et puis formellement, le cadre crépusculaire demeure  aussi hyper photogénique sous l'impulsion d'une violence tranchée que l'on a si peu coutume de voir dans une prod Hollywoodienne.   

*Bruno
05.03.24. 4èx vost
03.08.22. 
04.09.13. 

mardi 3 septembre 2013

Watchmen. Director's Cut

                                                                            Photo empruntée sur Google

de Zack Snyder. 2009. U.S.A. 3h06. Avec Patrick Wilson, Jackie Earle Haley, Malin Akerman, Billy Crudup, Matthew Goode, Jeffrey Dean Morgan, Carla Gugino, Stephen McHattie.

Sortie salles France: 4 Mars 2009. U.S: 6 Mars 2009

FILMOGRAPHIE: Zack Snyder est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 1er mars 1966 à Green Bay, Wisconsin (États-Unis). 2004 : L'Armée des morts (Dawn of the Dead). 2007 : 300. 2009 : Watchmen. 2010 : Le Royaume de Ga'hoole : La Légende des gardiens. 2011 : Sucker Punch. 2012 : Superman: Man of Steel.


Film fleuve d'une durée excessive de 3h06, Watchmen est l'adaptation du comic homonyme d'Alan Moore et Dave Gibson publiée entre 1986 et 1987. Situé dans une réalité alternative des années 80, le film nous décrit la résurgence d'une poignée de super-héros, délibérés à empêcher une 3è guerre mondiale provoquée entre les Etats-Unis et la Russie. Au même moment, alors qu'un mystérieux tueur s'en prend à ces justiciers masqués, une machination de grande ampleur est sur le point de converger au péril de la survie de millions d'innocents. Après l'entreprise de son habile remake, l'Armée des Morts et du peplum ultra stylisé, 300Zack Snyder redouble d'ambition pour reproduire en live une bande dessinée réputée inadaptable en s'interrogeant sur la notion du héros. Divertissement cérébral préconisé pour un public adulte, Watchmen nous établi avec flamboyance formelle l'état des lieux d'une terre en perdition, engluée dans les sempiternels conflits politiques entre dirigeants égotistes. 


Avec son ambiance crépusculaire terriblement pessimiste, Zack Snyder idéalise une somptueuse fresque où des héros désaxés sont ici sévèrement malmenés par leur hiérarchie héroïque, faute de leur tempérament contradictoire et d'une notoriété exubérante. A contre emploi du traditionnel super-héros fraternel et avenant, ces gardiens sont caractérisés comme des personnages sclérosés en quête existentielle, contrariés par un héroïsme dénué de signification. Puisqu'ici, l'infidélité, la manipulation, la trahison et le meurtre font parti de leur faille humaine et sont implicitement engendrés par un monde bestial toujours plus incivilisé. Confrontés à une morale déchue, ces gardiens passéistes vont tenter une seconde fois de renouer avec l'honneur de la bravoure pour prémunir le citoyen d'une 3è guerre mondiale et se racheter une conduite devant la souveraineté d'un divin en pleine dépression ! Dans une solide narration privilégiant l'étude caractérielle de ses marginaux parfois sanguinaires (les exactions vindicatives de Rorschach, la haine meurtrière du Comédien), volages (l'adultère du Hibou II entrepris avec le Spectre Soyeux II), voir même pervers (le viol du Comédien commis sur Sally Jupiter), Watchmen retransmet avec autant de souffle épique que de lyrisme leur indécise destinée avec une empathie moribonde. 


Tant qu'il y aura des hommes
Réflexion métaphysique, allégorie politique sur l'avilissement du pouvoir et l'instinct destructeur de l'homme, Watchmen propose un spectacle subversif d'une audace peu commune dans son alternance d'ultra violence et de défaillance existentielle. Mise en abîme de notre propre société en crise où l'insurrection du peuple s'avère toujours plus indisciplinée devant l'autorité. La rigueur de sa mise en scène stylisée, la bande son nostalgique d'une pop-rock rétro et surtout la dimension humaine impartie à ses anti-héros névrosés transcendent Watchmen au rang d'ovni hermétique, véritable pied de nez au rêve américain ! 

03.09.13. 2èx
Bruno Matéï

vendredi 30 août 2013

WOLF CREEK

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site baranfilm27.org

de Greg McLean. 2005. Australie. 1h44. Avec Nathan Philipps, Cassandra Magrath, Kestie Morassi, John Jarratt.

Sortie salles France: 9 Août 2006. Australie: 3 Novembre 2005

FILMOGRAPHIE: Greg McLean est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
2005: Wolf Creek. 2007: Solitaire


Chaque année, en Australie, 30 000 personnes sont portées disparues. 90 % d'entre elles sont retrouvées en l'espace d'un mois. Certaines disparaissent à jamais. 

Ko et déprimé ! Voilà en deux mots mes impressions à vif délivrées à la sortie de la projo de Wolf Creek Qui plus est, c'est auprès d'un second visionnage que je me rends compte de son impact émotionnel littéralement fébrile. Si bien que pour une première oeuvre, on peut dire que Greg McLean eut réalisé un véritable coup de maître avec ce survival aride au climat d'insécurité permanent. Ainsi donc, une véritable épreuve de force physique et morale est infligée chez un trio d'étudiants malmenés par un tueur en série en plein désert australien. A partir de ce concept éculé influencé par les classiques notoires des seventies (Massacre à la Tronçonneuse en tête pour l'affliction hystérisée des victimes, la verdeur de son climat poisseux et son degré d'authenticité malsaine), le réalisateur renouvelle la terreur dans un esprit anti ludique afin de mieux ébranler le spectateur. Car en l'occurrence, Wolf Creek n'est absolument pas le traditionnel loisir (réconfortant) du "ouh fait moi peur" avec son tueur écervelé coursant machinalement de jeunes victimes insouciantes. Non, il s'agit plutôt ici d'une expérience extrême toujours plus éprouvante de par son refus des compromis, de complaisance et sa radicalité à exprimer une terreur inconfortable, et ce jusqu'au malaise... 


Si bien qu'ici, les victimes enchaînées hurlent de douleur ou d'impuissance face à la monstruosité d'un prédateur pervers extériorisant ses pulsions sadiques lors d'un laps de temps indéfini. En toute liberté, au beau milieu d'un désert crépusculaire, ce tueur circonspect prend donc son pied à embrigader des touristes juvéniles dans un hangar rubigineux afin de les torturer à sa guise lorsque l'envie lui redonne goût au sordide. C'est donc une effroyable descente aux enfers redoutablement efficace que Greg McLean nous relate avec souci de réalisme et d'intensité pour rendre compte d'un fait d'actualité ! Car oui, Wolf Creek s'inspire librement du rapt de deux touristes perpétrés par le tueur Bradley John Murdoch, jugé coupable d'un meurtre en 2005. En effet, à contrario de ce que retrace le film, une seule victime fut répertoriée par la police non loin de Wolfe Creek, c'est à dire à plus de 2000 kms du fameux cratère !Le tempo bourdonnant d'un score monocorde, la rigueur de la mise en scène exploitant à merveille le cadre de ses paysages crépusculaires et sa manière scrupuleuse d'y radiographier la détresse humaine de ces pèlerins tyrannisés exacerbent un climat malsain si déstabilisant que le spectateur, épris de marasme, se sent pris au piège parmi leur claustration ! Jusqu'au-boutiste et sans concession, aucun échappatoire ne semble poindre à l'horizon, et si certaines évasions sont parfois audacieusement intentées, la mort, lâche et brutale, les rattrape inexorablement !


Chef-d'oeuvre du survival réfutant la notion commerciale du divertissement imberbe, Wolf Creek prend le spectateur aux tripes pour le plonger dans l'authenticité d'une horreur vécue. Celle où des voyageurs portés disparus ont eu (ou auront) la déveine d'aborder un inconnu affable, alors qu'un monstre à visage humain est sur le point de se démasquer afin de vous infliger les sévices les plus crapoteux. On est d'autant plus traumatisé par l'expérience que le jeu, criant de vérité, des comédiens inconnus, nous interpellent avec une empathie toute meurtrie. 

30.08.13. 2èx
Bruno Matéï

La critique de Wolf Creek 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/04/wolf-creek-2.html




mercredi 28 août 2013

UN JUSTICIER DANS LA VILLE (Death Wish)

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site silverferox.blogspot.fr

de Michael Winner. 1974. U.S.A. 1h33. Avec Charles Bronson, Hope Lange, Vincent Gardenia, Steven Keats, William Redfield, Stuart Margolin, Stephen Elliott.

Sortie salles France: 18 Octobre 1974. U.S: 24 Juillet 1974

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Michael Winner est un réalisateur britannique, né le 30 Octobre 1935 à Londres, décédé le 21 Janvier 2013.
1964: Dans les mailles du filet. 1967: Qu'arrivera-t-il après ? 1971: Les Collines de la Terreur. 1971: l'Homme de la Loi. 1971: Le Corrupteur. 1972: Le Flingueur. 1973: Le Cercle Noir. 1973: Scorpio. 1974: Un Justicier dans la Ville. 1976: Won Ton Ton, le chien qui sauva Hollywood. 1977: La Sentinelle des Maudits. 1978: Le Grand Sommeil. 1979: l'Arme au Poing. 1982: Un Justicier dans la Ville 2. 1983: La Dépravée. 1985: Le Justicier de New-York. 1988: Rendez vous avec la mort. 1990: Double Arnaque. 1993: Dirty Week-end.


Précurseur du Vigilante movie qui aura fait couler beaucoup d'encre lors de sa sortie, Un Justicier dans la Ville est notamment la révélation d'une égérie du cinéma d'action, l'imparable Charles Bronson ! D'après le roman Death Wish de Brian Garfield, ce polar brutal nous retrace l'expédition meurtrière d'un justicier, déterminé à nettoyer des quartiers malfamés les voyous arrogants.
Trois délinquants décident d'agresser une mère et sa fille au sein de leur domicile. Battue à mort, la femme succombera à ses blessures tandis que la fille violée se retrouvera internée dans un institut spécialisé pour démence traumatique. Rongé par la douleur du deuil et la rancoeur de constater l'impuissance policière laissant libre ces agresseurs, Paul Kersey décide de s'emparer d'une arme pour perpétrer une vendetta expéditive. 



Film choc à la violence froide et implacable où l'on s'étonne encore aujourd'hui de sa verdeur invoquée au prologue (la passage à tabac de deux femmes dans leur cocon familial), Un Justicier dans la Ville détonne par son aspect radical à illustrer une violence purement gratuite. Reflet d'une délinquance en recrudescence au milieu d'un contexte urbain en insécurité permanente. Si le film provoqua à son époque une telle polémique, c'est dans la dangerosité impartie à sa thématique réactionnaire puis au profil psychotique attribué à un adepte de l'auto-défense. Avec réalisme et lucidité, Michael Winner nous détaille de façon circonspecte la lente dégénérescence d'un architecte notoire, plongé dans une dérive meurtrière pour venger la mort de sa femme. Si son premier meurtre perpétré avec bravoure lui suscite une véritable répulsion (il ira jusqu'à vomir ses tripes dans les toilettes de son appartement !), ses exactions suivantes vont finalement lui tirer satisfaction et profit d'une notoriété grandissante grâce au taux de criminalité en régression. Devenu un phénomène sociétal dans les journaux, notre justicier va même influencer une certaine frange de la population décidant également de se rebeller par la force contre une délinquance permissive. De son côté, la police embarrassée, tente par tous les moyens de mettre un terme à la dérive sanglante du justicier, avant de se raviser, de peur d'embrigader un martyr aux yeux de la population et de renouer avec un taux de criminalité élevé. Avec une redoutable efficacité, Michael Winner nous brode donc un polar ultra violent émaillé de séquences d'action incisives sans jamais militer pour la justice individuelle. Puisqu'il ne fait que souligner l'aspect vénal d'un tueur radical, prenant goût à sa folie meurtrière addictive ! A l'image de son épilogue édifiant auquel Paul Kersey va, d'un geste manuel ironique, prendre un malin plaisir à prévenir ses futurs ravisseurs qu'ils seront dans sa ligne de mire !
Il ne s'agit donc pas pour le réalisateur de prôner vulgairement l'apologie d'une violence fascisante mais de rappeler à l'ordre les individus potentiellement fragiles que l'influence d'une vendetta personnelle demeure une inévitable dérive immorale.


En alternant l'investigation policière et l'action expéditive, Un Justicier dans la ville redouble d'efficience et d'audace à illustrer un polar brutal conçu sur une vengeance putassière. De manière évidente, Michael Winner s'interroge aussi sur le constat d'échec d'une police laxiste face à une criminalité galopante trop souvent impunie. Magnétique et impassible, Charles Bronson explose l'écran et iconise son rôle ambigu de justicier réac avec une éthique avilissante. 

28.08.13. 3èx
Bruno Matéï

mardi 27 août 2013

LE LABYRINTHE DE PAN (El laberinto del fauno)

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site locecine.info

de Guillermo Del Toro. 2006. Espagne/Mexique. 1h59. Avec Ivana Baquero, Doug Jones, Sergi Lopez, Maribel Verdu, Ariadna Gil, Alex Angulo.

Sortie salles France: 1er Novembre 2006. Espagne: 11 Octobre 2006. Cannes: 27 Mai 2006

Récompenses: Oscars de la meilleure Photographie, Meilleure Direction Artistique et Meilleurs Maquillages, 2006.
Meilleur Film et Meilleur Acteur (Sergi Lopez) à Fantasporto, 2007
Meilleur Film International, Meilleure jeune Actrice, Ivana Baquero, au Saturn Awards, 2007
Meilleur Film au NSFC Awards, 2007
Meilleur Long-métrage au Prix Hugo, 2007

FILMOGRAPHIE: Guillermo Del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur américain, né le 9 Octobre 1964 à Guadalajara (Jalisco, Mexique).
1993: Cronos. 1997: Mimic. 2001: l'Echine du Diable. 2002: Blade 2. 2004: Hellboy. 2006: Le Labyrinthe de Pan. 2008: Hellboy 2. 2013: Pacific Rim.


Deux ans après l'adaptation du Comic Hellboy, Guillermo Del Toro renoue avec le fantastique intimiste qu'il avait préalablement abordé dans l'Echine du Diable sous un contexte politique franquiste. Conte onirique et drame de guerre ne cessent de se télescoper dans Le Labyrinthe de Pan avec une verdeur qui en aura brusqué plus d'un ! La faute en incombe notamment à l'aspect onirique de son affiche publicitaire suggérant une aventure fantastique éludée de violence acerbe. A contrario, Guillermo Del Toro n'y va pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer les horreurs du fascisme durant la guerre d'Espagne à tel point que le film s'avère constamment éprouvant, surtout devant le témoignage d'une môme désabusée. A travers ses yeux de rêveuse et afin de fuir la violence qui l'entoure, le réalisateur nous évade dans son monde onirique avec l'entremise de créatures hybrides sorties des contes obscurs. Avec sa fille Ofelia, Carmen part rejoindre l'armée de son mari tyrannique, le capitaine Vidal. Pour fuir la réalité d'une guerre sanglante et impitoyable auquel des résistants tentent de pourchasser Vidal et en attendant que sa mère enceinte se rétablisse, Ofelia se réfugie dans les contes de fée sous l'entremise d'un insecte. Avec l'étrange compagnie d'un faune, elle va devoir tenter de retrouver le labyrinthe lui permettant de se réincarner en princesse. Mais la condition est rude, sacrifier la vie de son futur petit frère afin de pouvoir bénéficier de la vie éternelle dans le monde souterrain ! 


Avec originalité et ambition personnelle, Guillermo Del Toro juxtapose ici l'aventure onirico-spirituelle et le drame cruel des exactions belliqueuses afin d'établir un contraste entre la chimère du rêve et la réalité d'une guerre sanguinaire. Pourvu d'un esthétisme flamboyant (le monde souterrain, le bois insolite habitée par des créatures hétérogènes) et ténébreux (le campement forestier de Vidal et l'isolement des prisonniers régi au sein d'une grange), Le Labyrinthe de Pan fait appel à l'imaginaire d'une fillette candide, désespérément esseulée d'un monde tyrannique où le fascisme tente d'inculquer son éthique (l'inégalité des ethnies pour valoriser la prépondérance de leur état). Avec l'apparition inédite de créatures difformes étonnamment expressives, nous allons suivre son cheminement fantasque avec une émotion endeuillée. Dans le sens où Guillermo Del Toro s'attache à retranscrire en parallèle les horreurs de la guerre sous le témoignage de partisans sévèrement molestés et d'une mère enceinte en perdition. Sans faire preuve d'indulgence, il souhaite nous ébranler pour dénoncer la barbarie du fascisme devant l'attestation de la maternité et de l'enfance galvaudée. Les scènes de violence frontale ou de tortures infligées dérangent et incommodent le spectateur avec une véracité nauséeuse pour mettre en exergue l'iniquité du sacrifice impartie aux souffre-douleur de la résistance. Alors que dehors, non loin d'une forêt insolite, Ofélia tente de rejoindre un monde souterrain où toutes formes de souffrance et de douleur en ont été bannies. Il en émane une émotion bouleversante par tant de sévice infligée mais aussi un lyrisme désespéré à tenter de nous réconforter avec la destinée enchanteresse d'Ofelia. 


Soutenu par l'inoubliable partition élégiaque de Javier Navarrete, le Labyrinthe de Pan fait office de chef-d'oeuvre du fantastique transgressif par son alliage peu commun d'horreur pure et de fantaisie féerique. La puissance émotionnelle qui émane de son lyrisme désenchanté et la verdeur autorisée à sa cruauté intolérable nous laisse dans un état de collapse. Une oeuvre dure et inconfortable mais saisissante de beauté métaphorique, car contrebalancée par une poésie libératrice où le sens du sacrifice prend toute sa dignité. 

27.08.13. 2èx
Bruno Matéï


lundi 26 août 2013

UN ELEVE DOUE (Apt Pupil)

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site dl-more.eu

de Bryan Singer. 1998. U.S.A/France. 1h50. Avec Brad Renfro, Ian McKellen, David Schwimmer, Ann Dowd, Bruce Davison, Elias Koteas, Joe Morton.

Sortie salles France: 20 Janvier 1999. U.S: 23 Octobre 1998

FILMOGRAPHIE: Brian Singer est un réalisateur et producteur américain, né le 17 Septembre 1965 à New-York aux Etats-Unis.
1993: Ennemi Public. 1995: Usual Suspects. 1998: Un Elève Doué. 2000: X Men. 2003: X Men 2. 2006: Superman Returns. 2009: Walkyrie. 2013: Jack, le Chasseur de Géants. 2014: X Men: Days of Future Past.


Trois ans après Usual Suspect, Brian Singer s'entreprend d'adapter une nouvelle de Stephen King (Différentes Saisons) pour retracer l'itinéraire sulfureux d'un jeune adolescent, fasciné par le Mal chez un ancien criminel de guerre. Son échec commercial et les critiques mitigées lors de sa sortie sont sans doute à reporter sur l'ambiguïté de son scénario couillu, le rapport masochiste qu'entretiennent les deux antagonistes et le climat malsain que Brian Singer distille sans complexe autour de leurs faits et gestes. Qui plus est, pour renforcer le malaise diffus, il ne décide à aucun moment de les juger et ne fait qu'explorer leur cheminement d'une conscience vénale subordonnée à l'arrivisme et la prépondérance. En situation inconfortable, le spectateur se sent d'autant plus complice et voyeur d'un duel psychologique intimement partagé avec deux monstres érudits.


Thriller psychologique austère par le rendu de son ambiance implacable, Un Elève Doué nous fait partager l'intimité d'un ancien criminel nazi, Kurt Dussander, contraint de collaborer avec l'un de ses jeunes voisins pour lui dévoiler le détail de ses exactions meurtrières durant le génocide juif. Fasciné par le Mal et la mort, Todd est un brillant étudiant ayant réussi après moult investigations personnelles à débusquer le visage de cet authentique monstre nazi. Il décide donc de le faire chanter afin de mieux connaître l'idéologie du meurtre et de la cruauté.
Dominé par les prestations autoritaires de l'illustre Ian McKellen et du jeune Brad Renfro (au jeu naturel terrifiant d'impassibilité !), Un Elève Difficile traite donc de l'influence du Mal par l'entremise d'un ancien bourreau SS. Cette relation singulière que le jeune Todd va entretenir avec son ascendant va peu à peu le plonger dans les racines du Mal et le déshumaniser de son entourage (échec scolaire, repli sur lui même et relation sentimentale amorphe). Mais leur liaison bâtie sur le mensonge, le chantage, la trahison et la manipulation est surtout un jeu d'asservissement pour la quête d'une domination individuelle et au final, une prémunition pour leur culpabilité !


Né pour tuer
Hermétique par l'aura de souffre qui se dégage de son climat malsain et sa déviance psychologique, Un Elève Doué provoque un malaise tangible durant cette rivalité de perversion entre deux générations distinctes. Porté à bout de bras par le couple Ian McKellen / Brad Renfro, leur confrontation intense nous dirige vers une réflexion sur la contagion du Mal, le désir de soumission et l'instinct cruel régi par la mégalomanie de l'homme. 

26.08.13. 2èx
Bruno Matéï





vendredi 23 août 2013

THE CONJURING

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site comingsoon.net

de James Wan. 2013. U.S.A. 1h52. Avec Vera Farmiga, Patrick Wilson, Lili Taylor, Ron Livingston, Mackenzie Foy, Shannon Kook-Chun, Joey King, Hayley McFarland.

Sortie salles France: 21 Août 2013. U.S: 19 Juillet 2013

FILMOGRAPHIEJames Wan est un producteur, réalisateur et scénariste australien né le 27 Février 1977 à Kuching (Malaisie), avant de déménager à Perth (Australie).
2004: Saw, 2007: Dead Silence, Death Sentence, 2010: Insidious. 2013: The Conjuring. 2013: Insidious 2.


Trois ans après l'épatant Insidious, déclinaison à peine déguisée de Poltergeist, James Wan renoue avec l'épouvante académique des esprits frappeurs et de la possession en rendant hommage cette fois-ci à Amityville et l'Exorciste (foi catholique à l'appui !). Précédé d'une réputation notable avant même sa sortie, The Conjuring est érigé sur un potentiel fait divers raconté par les enquêteurs du surnaturel, Ed et Lorraine Warren. Ce couple de chasseurs de fantômes est aujourd'hui contraint de prêter main forte à un couple et leurs enfants, pris à partie avec une entité diabolique dans leur nouvelle bâtisse poussiéreuse. Ce pitch symptomatique du thème de la hantise emprunte ici tous les clichés rebattus aux classiques du genre et aux Dtv de fond de tiroir. Seulement voilà, James Wan étant féru de films de demeure hantée et de possession démoniaque, il les connaît sur le bout des ongles et s'évertue de façon circonspecte à renouveler la trouille au cinéma. A l'instar du trépidant train fantôme Insidious, s'il n'hésite pas à déballer l'artillerie lourde de vieilles ficelles convenues, il va à nouveau affiner son savoir-faire technique pour provoquer les affres de la peur ! En l'occurrence, cette nouvelle mouture concoctée avec une vieille formule (même l'époque se focalise sur la période des seventies !) fonctionne à tel point que nous sommes persuadés que la demeure du couple Perron est habitée par le diable ! La peur irrépressible du noir, une porte qui grince ou qui claque, un saut dans le vide, trois claps de mains, un placard mesquin, des volatiles suicidaires, une poupée sardonique, une cave mortuaire et surtout, surtout, une entité maléfique que l'on redoute à sa prochaine résurgence !


Pour parfaire son intrigue surnaturelle parsemée de jump scares techniquement adroits (avec une impeccable gestion de l'attente préalablement distillée !) et rebondissements cinglants, James Wan prend d'abord soin de nous familiariser avec la vie conjugale des Perron mais aussi celle des Warren. Il entretient une inévitable empathie auprès de cette famille sévèrement molestée par le surnaturel, et peaufine en parallèle les rapports amoureux qui unissent le couple Warren. Cette étude de caractère est d'autant mieux retranscrite par la sobriété de chacun des comédiens qu'ils sont épris d'une fragilité émotive (les enfants persécutés sont sur ce point admirables de vérité prude). A tel point que l'on se surprend à éprouver une émotion poignante vers l'issue de leur destin. Au caractère crédible des personnages s'ajoute un argument informatif en la personne des Warren. Avec force et détails, James Wan prend soin de crédibiliser leur situation professionnelle avec un aspect parfois documentaire (images et vidéos d'archive à l'appui) et aussi une conviction spirituelle en leur foi catholique. Leur manière d'élucider le vrai du faux dans les affaires de possession ou de hantise, leur solidarité mutuelle pour résister aux forces imparables du Mal et surtout leur connaissance dans le domaine des affaires inexpliquées renforcent l'aspect érudit de leur profession. Jusque dans leur tanière où ont été prudemment regroupés dans une pièce secrète tous les objets maléfiques qu'ils ont pu récupérer chez autrui. Si la première heure sait habilement doser la suggestion d'une angoisse latente et une montée grandissante du suspense jusqu'au fameux rebond fortuit, la suite des vicissitudes s'avère de plus en plus spectaculaire, intense et éprouvante. A l'image de sa seconde partie orientée vers le thème de la démonologie avec l'improvisation d'un exorcisme fébrile aux visions d'effroi.


Avec la densité de ces personnages, James Wan accomplit avec The Conjuring un film d'épouvante rigoureusement efficace, affolant et maîtrisé (plan séquence d'ouverture, travellings aériens, cadrages alambiqués) en exploitant à merveille les sombres recoins d'une demeure gothique. Mais surtout, il invoque par intermittence des moments de peur tangible renforcés par un effet de surprise aléatoire sans une quelconque esbroufe sanguinolente. Car ici, on ne sait jamais dans quel cadre de la pièce la prochaine attaque aura lieu ni qui en sera la future victime ! Conçu comme un train fantôme, The Conjuring n'est donc pas vendu sur une vacuité mercantile pour tenir honorablement ses promesses de peur diffuse. On pardonne donc aisément son florilège de situations redondantes et l'aspect purement orthodoxe de son scénario.

La Chronique de The Conjuring 2: http://brunomatei.blogspot.fr/…/conjuring-2-le-cas-endfield…

24.08.13 (232)
20.06.16


                                       

DEAD SILENCE

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site screen-play.fr

de James Wan. 2007. U.S.A. 1h31. Avec Ryan Kwanten, Amber Valleta, Donnie Wahlberg, Michael Fairman, Joan Heney, Bob Gunton, Laura Regan.
Sortie salles France: 21 Novembre 2007. U.S: 16 Mars 2007

FILMOGRAPHIE: James Wan est un producteur, réalisateur et scénariste australien né le 27 Février 1977 à Kuching (Malaisie), avant de déménager à Perth (Australie).
2004: Saw, 2007: Dead Silence, Death Sentence, 2010: Insidious. 2013: The Conjuring. 2013: Insidious 2.


Au 6è siècle avant J.-C., on croyait que les esprits des morts parlaient du ventre des vivants. 
Des mots latins VENTER: "ventre" et LOQUI: "parler" vient le mot VENTRILOQUE (ventriloquist)

Trois ans après le cultissime Saw, James Wan continue d'exploiter le filon horrifique pour rendre hommage cette fois-ci au conte d'épouvante avec Dead Silence. Un titre tout à fait judicieux puisqu'ici les victimes ne doivent pas exclamer le moindre cri avant de mourir mais plutôt garder le silence afin d'y survivre ! Après avoir été livré d'un colis anonyme comprenant une poupée, un couple est l'objet d'une diabolique machination. Avec la mort inexpliquée de sa femme, découverte la langue arrachée, Jamie Nash décide de mener sa propre enquête afin d'élucider ce meurtre. Son investigation le ramène dans son pays natal où le fantôme d'une certaine Mary Shaw semble terroriser la population. 


Le premier éloge que l'on peut concéder au nouveau prodige de l'horreur, c'est le soin esthétique imparti à sa scénographie gothique d'un raffinement classieux. Pourvu d'une photo désaturée contrastant avec un rouge rutilant, Dead Silence est un éblouissement pour les yeux tant James Wan sait peaufiner ses cadres dans un environnement nocturne avec une ambition picturale. Que ce soit au sein d'un amphithéâtre flambant neuf ou réduit à l'abandon, en interne d'un cimetière diaphane, d'une bâtisse architecturale ou d'un village fantôme. Cet atmosphère séculaire d'une épouvante gothico-onirique nous fascine d'autant plus que son pitch sait utiliser de bonnes vieilles ficelles pour réinventer l'angoisse (la peur du noir et du mutisme) sous l'entremise d'une mégère décatie accoutrée d'une poupée sardonique. A l'image de son prologue terrifiant, James Wan élabore un montage adroit pour distiller l'appréhension d'un danger indécis et exploite judicieusement un travail sur le son des plus acerbes. En jouant sur la peur enfantine d'une poupée impassible, le réalisateur déclare son affection à ces automates étrangement hagards, ici pourvus d'une entité démoniaque par l'entremise du fantôme revanchard. Avec une certaine originalité, il emprunte l'idée du spectre maudit sous l'apparence d'une sexagénaire hargneuse, délibérée à consigner les enfants insolents pour leur trancher la langue. Si Dead Silence est efficacement pensé pour rendre hommage à une épouvante archaïque, on n'en dira pas tant de son épilogue complètement dérisoire. Un rebondissement inutile surfant maladroitement sur l'effet de stupeur précédemment invoqué dans Saw, car sensé provoquer chez le spectateur un effet de stupeur ébouriffant !


Efficacement troussé dans une intrigue captivante et jalonné de moments parfois terrifiants (son préambule meurtrier, les diverses apparitions de Mary Shaw, la 1ère représentation théâtrale de Billy devant un public incommodé, le final confiné derrière la tribune poussiéreuse), Dead Silence sait jouer de dérision macabre et de soin formel pour contredire les sentiments anxiogènes du silence pesant et du cri horrifiant !

23.08.13. 3èx
Bruno Matéï

jeudi 22 août 2013

TONNERRE DE FEU (Blue Thunder)

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de John Badham. 1983. U.S.A. 1h49. Avec Roy Scheider, Warren Oates, Candy Clark, Daniel Stern, Paul Roebling, David Sheiner, Joe Santos, Malcolm McDowell.

Sortie salles France: 17 Août 1983. U.S: 13 Mai 1983

FILMOGRAPHIE: John Badham est un réalisateur et producteur britannique, né le 25 Août 1939 à Luton.
1976: Bingo. 1977: La Fièvre du samedi soir. 1979: Dracula. 1981: C'est ma vie après tout. 1983: Tonnerre de feu. 1983: Wargames. 1985: Le Prix de l'exploit. 1986: Short Circuit. 1987: Etroite Surveillance. 1990: Comme un oiseau sur la branche. 1991: La Manière Forte. 1992: Nom de code: Nina. 1993: Indiscrétion Assurée. 1994: Drop Zone. 1995: Meurtre en suspens. 1997: Incognito. 1998: Road Movie.

"IL" EST LA...
Pilotant l'arme la plus redoutable jamais conçue...
Le "TONNERRE DE FEU" !
En son pouvoir, une caméra infra rouge voit au travers des murs de votre chambre.
Un micro enregistre toutes vos conversations intimes.
Et un canon électronique, magnum de 20 mm à six barillets, peut transformer votre quartier en un véritable enfer d'apocalypse.
Il vole, LA, juste au dessus de vous !
Et SEUL, un homme peut l'empêcher d'être utilisé contre vous.



Réalisé John Badham, briscard du cinéma de genre, Tonnerre de Feu fit grand bruit lors de sa sortie en salles en 1983 pour la facture ultra spectaculaire de son action explosive et l'idée singulière d'un appareil de filature façonné pour l'espionnage. D'après un scénario de Dan O'Bannon, le film s'approprie d'un argument d'anticipation afin de mettre en garde les dérives des technologies modernes et les nouveaux procédés de surveillance à distance. En l'occurrence, John Badham imagine la conception révolutionnaire du Blue Thunder (en français: tonnerre bleue !). Un hélicoptère ultra perfectionné apte à espionner par caméra infrarouge à travers les murs, écouter et enregistrer les conversations indiscrètes à l'aide d'un micro, et tirer à canon électronique sur n'importe quelle cible. Cette arme ultra moderne étant principalement conçue pour mieux déjouer la violence urbaine et le terrorisme de grande ampleur à l'approche des jeux olympiques. Suite à l'agression meurtrière d'une militante contre la délinquance, Spoil ! l'officier Frank Murphy va découvrir que cet assassinat avait été prémédité par des dirigeants policiers et magistrats afin de vanter l'efficacité novatrice du Blue Thunder. Conscient de son utilisation illicite, Frank décide de dérober l'appareil et tente de dévoiler aux médias une conspiration politique. Fin du Spoil.


Avec sa mise en scène virtuose déployant des séquences homériques au souffle épique, Tonnerre de Feu coiffe au poteau la plupart des films d'action entrepris durant la décennie 80. Et il faudra attendre le maître étalon du genre, Die Hard de John Mc Tiernan pour retrouver une telle efficacité narrative et surtout une ampleur visuelle décoiffante imputée à sa pyrotechnie. Avec la présence attachante de trois gueules burinées invétérées (Roy Scheider magnétise l'écran avec son traditionnel charme viril, Warren Oates lui donne la réplique avec retenue et Malcolm McDowell excelle à les provoquer dans celui d'un traître sarcastique !), John Badham possède un don inné pour élaborer un spectacle attractif à partir d'une réflexion alarmiste sur la vidéosurveillance. Car il faut bien le dire, l'aspect fascinant de son argument en revient tout autant à la star charismatique du "Blue Thunder", engin aérien pourvu de gadgets indécents afin de prôner l'institution du "big brother". Il faut le voir se faufiler entre les buildings des cités urbaines pour contrecarrer moult poursuites endiablées parmi des avions de chasse ! A cet égard, durant ces 45 ultimes minutes, John Badham nous peaufine assidûment un spectacle ahurissant de haute voltige à la technicité fluide (looping à l'appui !). C'est simple, nous sommes véritablement immergés dans la peau d'un pilote d'aéronef survolant en plein ciel sa trajectoire avec la souplesse d'une action virevoltante (chassés croisés avec rivaux qualifiés pourchassant Murphy à l'aide de missiles orientés vers des tours d'immeubles !).


D'une efficacité optimale par sa densité narrative et sa puissance formelle, Tonnerre de Feu transcende le cinéma d'action sous l'impulsion d'un appareil de sécurité anti-terroriste apte à violer notre vie privée par le truchement de dissidents. Jouissif en diable, il demeure un grand spectacle de virtuosité technique d'un réalisme rigoureux et à la thématique visionnaire. 

22.08.13. 3èx
BM

mercredi 21 août 2013

THIRTEEN. Prix de la mise en scène à Sundance. Prix du Jury à Deauville.

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Catherine Hardwicke. 2003. U.S.A. 1h35. Avec Holly Hunter, Evan Rachel Wood, Nikki Reed, Jeremy Sisto, Brady Corbet, Kip Pardue, deborah Kara Unger.

Sortie salles France: 10 Décembre 2003. U.S: 21 Août 2003

FILMOGRAPHIE:  Catherine Hardwicke est une réalisatrice, scénariste et chef décoratrice américaine, né en 1955 à Cameron (Texas, Etats-Unis).
2003: Thirteen. 2005: Les Seigneurs de Dogtown. 2006: La Nativité. 2008: Twilight, chapitre 1. 2011: Le Chaperon Rouge. 2012: Plush.


Pour son premier long-métrage, la future réalisatrice du 1er tome de Twilight a entrepris avec Thirteen un véritable coup de maître en autopsiant l'adolescence en perdition face à une éducation parentale atone. A cause d'une mauvaise influence, une jeune collégienne de 13 ans sombre dans la marginalité et la drogue devant l'impuissance de sa mère. Filmé à l'arraché dans un souci documentaire, Thirteen est une oeuvre forte d'une fragilité acerbe pour souligner le malaise existentiel d'une jeune adolescente prise au piège de la mauvaise influence d'une camarade de lycée. Ensemble, elles décident de former un tandem d'allumeuses impertinentes pour draguer les beaux mâles du quartier tout en se livrant à une vie délinquante en commettant divers larcins dans les boutiques friquées. Tatouages et piercings imprimés sur leur corps dans des défroques aguichantes, ces dernières s'entreprennent de brûler leur vie sous l'influence du sexe, de la drogue et de l'alcool !


Face au laxisme d'une mère aimante et attendrissante, sa fille Tracy en profite pour dicter sa loi et sa rébellion mais ne peut refréner ses scarifications commises sur son poignet, faute d'un malaise existentiel toujours plus ingérable et du manque affectif d'un paternel inexistant. Dépassée par les évènements, la mère démunie éprouve une impuissance grandissante à tenter de renouer les liens familiaux. Sans misérabilisme ni pathos, Catherine Hardwicke suit la pénible dérive de cette mère et la descente aux enfers de ces deux adolescentes avec un souci de réalisme ardu pour mettre en exergue la responsabilité parentale bannie de sa notion enseignante. Si Thirteen s'avère aussi froid et bouleversant, il le doit notamment au talent de ces comédiennes d'une justesse confondante. Pour incarner une mère instable desservie par un récent divorce, Holly Hunter apporte une gracile dimension humaine pour tenter de raisonner sa fille plongée dans la spirale de l'insouciance. Pétillante d'énergie mais aussi démunie par sa fragilité morale, Evan Rachel Wood insuffle une contrariété latente vibrante de vérité pour retranscrire son désarroi existentiel d'une crise adolescente face à l'influence peu recommandable de son acolyte. Nikki Reed lui partage donc la vedette avec sournoiserie et désinvolture afin de souligner son caractère inconscient d'allumeuse dévergondée.


Moi, Tracy F... 13 ans, droguée et scarifiée
Ovationné et récompensé dans divers festivals, Thirteen marche sur les traces d'un Larry Clark pour mettre en relief le difficile cap de l'adolescence (en l'occurrence, du point de vue féminin !), compromis entre la fascination de l'interdit, le désir d'émancipation et l'influence des mauvaises fréquentations. Il en ressort une oeuvre bouleversante faisant office de véritable documentaire pour souligner l'introspection douloureuse d'une adolescente en crise existentielle, tout en s'attardant sur la remise en question parentale. 

21.08.13.
2èx

Récompenses: Prix de la mise en scène au Festival de Sundance.
Léopard d’argent au Festival de Locarno, 2003.
Prix du jury au Festival du cinéma américain de Deauville.
Prix spécial décerné à Evan Rachel Wood pour sa prestation dans le film en 2003 au Bratislava International Film Festival