lundi 16 septembre 2013

Le Facteur sonne toujours 2 fois

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site listal.com

"The Postman always rings twice" de Bob Rafelson. 1981. U.S.A. 2h00. Avec Jack Nicholson, Jessica Lange, John Colicos, Michael Lerner, William Traylor, John P. Ryan, Angelica Huston.

Sortie salles U.S: 20 Mars 1981

FILMOGRAPHIE: Bob Rafelson est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 21 Février 1933 à New-York. 1968: Head. 1970: Cinq pièces faciles. 1972: The King of Marvin Gardens. 1976: Stay Hungry. 1981: Le Facteur sonne toujours 2 fois. 1986: La Veuve Noire. 1989: Aux Sources du Nil. 1992: Man Trouble. 1996: Blood and Wine. 1998: Poodle Springes (télé-film). 2002: Sans motif apparent.


Remake du film homonyme de Tay Garnett, adapté du célèbre roman de James M. Cain, le Facteur sonne toujours 2 fois adopte une démarche plus sulfureuse sous l'influence du réalisateur Bob Rafelson de par l'audace d'un érotisme torride (l'étreinte sexuelle dans la cuisine restant dans toutes les mémoires !). Réunissant deux illustres acteurs incarnant avec passion un duo d'amants diaboliques, ce thriller habilement charpenté allie leur romance déchue avec une acuité émotionnelle élégiaque. Le pitchDans le Middle-West des années 30, deux amants paumés vont tenter de se débarrasser du mari gênant afin d'assouvir leur nouvelle relation. Mais rien ne se déroulera comme prévu... Auréolé d'une aura de scandale dès sa sortie internationale pour la verdeur érotique de sa séquence pré-citée, le Facteur sonne toujours deux fois continue toujours de surprendre à travers la violence ardente d'ébats passionnels ! Si bien que cette charge torride que Jessica Lange et Jack Nicholson retransmettent vigoureusement enveloppe tout le récit de par leur complicité faillible et leur désespoir amoureux à tenter de fonder une aubaine conjugale.


Sous le mode du thriller criminel au suspense sous-jacent et aux rebondissements fortuits (les magouilles de la jurisprudence sont édifiantes !), Bob Rafelson y transcende un drame passionnel pour sublimer le portrait subversif d'amants galvaudés par leur frustration sociale. De par l'aspect formel de sa mise en scène appliquée (reconstitution soignée de l'après crise de 1929 dans une photo aux teintes sépia), Le Facteur sonne toujours 2 fois nous ensorcelle auprès de son climat feutré où deux amants vont engendrer la déveine par leur démarche crapuleuse. En amant meurtrier, Jack Nicholson magnétise l'écran pour endosser de façon équivoque un personnage marginal plutôt flâneur et infidèle mais finalement délibéré à conquérir sa dulcinée. Paumée et effrontée mais débordante de fragilité amoureuse, Jessica Lange lui partage la vedette avec la complicité vénale d'une idéologie immorale. La beauté suave qu'elle dégage naturellement, la violente charge sensuelle qu'elle véhicule par son regard mesquin insufflent un jeu de séduction digne des grandes actrices fatales. Ces deux interprètes se livrant corps et âme afin d'y former un couple fébrile aussi désespéré que délétère. Ce qui contribue énormément à l'aspect envoûtant de leur névrose commune.


Déclinaison pleine de sensualité pour son aura érotique prédominante, son score mélancolique et l'alchimie du couple Nicholson / Lange transperçant l'écran de leurs rapports fusionnels, Le Facteur sonne toujours deux fois oppose le thriller érotique au drame romanesque avec une intensité émotionnelle finalement bouleversante. Un classique ambitieux et moderniste qui, à mon sens subjectif, transcende même son modèle notoire autrement prude et docile.

*Bruno
16.09.13. 3èx


vendredi 13 septembre 2013

LA COLLINE A DES YEUX (The Hills Have Eyes). Prix du Jury à Catalogne

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site thefilmpilgrim.com

de Wes Craven. 1977. U.S.A. 1h29. Avec Susan Lanier, Robert Houston, Martin Speer, Dee Wallace Stone, Russ Grieve, John Steadman, James Whitworth, Virginia Vincent, Lance Gordon, Michael Berryman.

Sortie salles France: 20 Juin 1979. U.S: 22 Juillet 1977

Récompense: Prix du Jury au Festival International de Catalogne, 1977

FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.


"Ma première décision a été de filmer comme dans les actualités". Wes Craven
5 ans après le traumatisme La Dernière Maison sur la Gauche, Wes Craven renoue avec l'ultra violence en mode "docu vérité" avec La Colline a des yeux. Vaguement inspiré d'une légende écossaise du XVè siècle, le film retrace la survie d'une famille de vacanciers contre l'offensive d'une bande de cannibales en plein désert du Nouveau-Mexique. Non content d'avoir ébranler des millions de spectateurs à travers le monde avec son premier métrage, Wes Craven persévère dans l'horreur craspec avec ce survival explosif d'une rare intensité. De par son concept aussi original que débridé (planquée derrière leurs collines, une famille de rednecks sauvages s'en prennent aux vacanciers pour les bouffer), La Colline a des Yeux provoque une stupeur inédite ! D'autant plus que la trogne patibulaire des cannibales et leur défroque vestimentaire (ils sont accoutrés de moumoute en peaux de bête !) nous remémore l'époque de Néanderthal ! Ainsi, l'aspect préhistorique des collines rocailleuses renforce ce dépaysement insolite que le spectateur observe avec une fascinante anxiété. Sur ce point, Wes Craven réussit admirablement à insuffler dans sa première partie une atmosphère crépusculaire terriblement ombrageuse lorsque nos vacanciers désorientés visitent les alentours depuis que le père s'est trop longuement absenté. 


Passé cette première mise en place d'une angoisse tangible réellement inconfortable, Wes Craven laisse ensuite exploser une violence insupportable lorsque deux des cannibales ont parvenu à s'introduire dans l'habitacle de la caravane. Avec la verdeur d'une violence hyper réaliste, le déchaînement de brutalité qui y découle nous saisit à la gorge lorsque nos protagonistes sont sévèrement pris à parti par la barbarie des intrus ! Si bien que ce règlement de compte sanglant reste encore à l'heure actuelle d'une tension paroxystique, le spectateur impuissant subissant une violence gratuite insupportable de la part des demeurés incivilisés. D'autant plus qu'ici c'est la femme qui trinque alors qu'un bébé est également sur le point de trépasser ! La dernière partie, la plus incisive et efficace, se focalise enfin sur la partie revenge puisque dans un élan d'injustice, nos derniers survivants vont employer la manière forte et user de stratagèmes pour affronter physiquement ces autochtones d'un autre âge. A l'instar de La Dernière Maison sur la gauche, Wes Craven impose à nouveau sa réflexion sociale sur la vengeance et l'instinct primitif de l'homme capable de perpétrer une violence (encore plus) haineuse afin de réprimander son tortionnaire. Les réparties haletantes des altercations et la manière ultra efficace dont Wes Craven s'y emploie afin d'exacerber l'action nous implique comme les héros à travers une rancune barbare résolument malsaine. Tant et si bien que l'homme civilisé épris de pulsion vindicative s'avère donc aussi bestial que ces Néandertaliens.   


Quelques décennies après sa sortie, La Colline a des yeux n'a rien perdu de sa vigueur estomaquante et de son efficacité roublarde. Qui plus est, son esprit sardonique à l'humour vitriolé renforce l'originalité du concept à travers une dose d'ultra violence jusqu'au-boutiste. Une oeuvre culte puissamment éprouvante, probablement l'un des meilleurs films de son auteur si on excuse toutefois une certaine maladresse dans la réalisation. 

La Chronique de la Colline a des Yeux (2006): http://brunomatei.blogspot.fr/20…/…/la-colline-des-yeux.html

13.09.13. 6èx
Bruno Matéï

"Visiblement, ce film de Wes Craven est destiné à épouvanter. C'est surtout sa médiocrité qui fait peur"
Jean-Paul Grousset, Le Candard Enchaîné, 27 Juillet 1979

"C'est horrible et totalement abject." Jean Wagner, Télérama, 04 Juillet 1979

"Lorsque le réalisateur n'a d'autre préoccupations que de mettre en images un spectacle de violence complaisant flattant les plus bas instincts de racisme et d'intolérance, on n'obtient des films comme (...) l'odieux La Colline a des Yeux. (...) Par son efficacité et par son sens de l'effet immédiat, La Colline a des Yeux est, ni plus ni moins, une incitation au crime."
Gilles Gressard, Mad Movies, Juin 1980.

"La Colline a des yeux est le film le plus écoeurant et le plus estomaquant que j'ai vu de toute ma vie."
Sam Raimi.

La réception de la Colline a des yeux en France n'a rien de glorieux. Il sort discrètement durant le mois de Juillet 1979. Sans vraie promotion, le film est descendu en flèche par la majorité des critiques. Moins offensés qu'affligés, ils témoignent de leur consternation devant cette "chose" qu'ils ne comprennent pas. Seul, l'ECRAN FANTASTIQUE se fend, sur le tard, d'une critique élogieuse.

jeudi 12 septembre 2013

ATTENTION, LES ENFANTS REGARDENT

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Serge Leroy. 1978. 1h43. France. Avec Alain Delon, Sophie Renoir, Richard Constantini, Thierry Turchet, Tiphaine Leroux, Adelita Requena, Henri Vilbert.

FILMOGRAPHIE: Serge Leroy est un réalisateur français, né le 14 Mai 1937 à Paris, décédé le 27 Mai 1993.
1973: Le Mataf. 1975: La Traque. 1977: Les Passagers. 1978: Attention, les enfants regardent. 1981: Pause-café. 1982: Légitime Violence. 1983: L'Indic. 1985: Double Face (téléfilm). 1985: Le Quatrième Pouvoir. 1988: Contrainte par corps. 1989: Pause-café, pause tendresse. 1989: Une saison de feuilles (télé-film). 1991: Les Cahiers Bleus (télé-film). 1992: Maigret chez les Flamands (télé-film). 1992: Maigret et le corps sans tête (télé-film). 1993: Taxi de Nuit.


    Thriller à suspense méconnu car peu diffusé à la TV et occulté par une majorité de cinéphiles, Attention, les Enfants regardent est, à l'instar de Demain les Mômes, l'une des rares réussites françaises à avoir su traiter du thème de l'enfance diabolique. Avec la présence notable d'Alain Delon, en vagabond condescendant, et un quatuor d'enfants étonnamment crédibles, cette oeuvre dérangeante pointe du doigt les effets néfastes de la TV envers son jeune public, particulièrement l'influence de la violence complaisamment illustrée au cinéma.


    A la suite de la noyade de leur majordome, des enfants livrés à eux mêmes, car dispensés de l'autorité parentale, profitent de leur autonomie au sein d'une villa familiale. Mais un inconnu, préalablement témoin de l'accident meurtrier, décide de les faire chanter afin de pouvoir séjourner dans la maison.
    Avec réalisme et efficacité, le réalisateur de la Traque autopsie ici la dégénérescence morale d'une bande de marmots indisciplinés, car livrés à l'anarchie depuis que leurs parents ont plié bagage à l'étranger. Profitant d'une liberté totale, nos quatre bambins s'autorisent tous les excès afin de pouvoir s'épanouir dans les loisirs et refonder un semblant de vie quotidienne en s'inspirant de celle de leurs parents. Malencontreusement, ils vont devoir se mesurer à l'intrusion d'un étrange inconnu surgi de nulle part. Avec l'influence perverse de l'aînée autoritaire, les cadets vont peu à peu se laisser endoctriner pour tenter de commettre un assassinat. Déjà responsable de la mort accidentelle de la bonne, les enfants semblent de plus en plus détachés de leur nouveau train de vie pour oser commettre l'irréparable. Sous le mode du thriller psychologique, Serge Leroy allie le drame social tristement actuel puisqu'ici, des gosses de riches vont s'inspirer de la violence vue à la télé pour se débarrasser d'adultes autoritaires afin de prolonger leur libre indépendance.


    Carré blanc 
    Cri d'alarme envers la démission parentale auquel l'enfant indiscipliné, dénué de repère, n'a plus aucune notion du bien et du mal, Attention les Enfants regardent véhicule une inquiétude sous-jacente jusqu'au malaise éprouvé face à la culpabilité des médias. Avec une certaine audace, Serge Leroy façonne un curieux suspense psychologique, d'autant plus que l'innocence machiavélique des enfants insuffle une aura insolite au climat éthéré de la pellicule. 

    La Chronique de La Traque: http://brunomatei.blogspot.fr/2016/03/la-traque.html
    12.09.13. 2èx
    Bruno Matéï

    mercredi 11 septembre 2013

    Explorers

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site zootropita.wordpress.com

    de Joe Dante. 1985. U.S.A. 1h46 (1h49 extented cut). Avec Ethan Hawke, River Phoenix, Jason Presson, Dick Miller, Bobby Fite.

    Sortie salles France: 18 Décembre 1985. U.S: 12 Juillet 1985

    FILMOGRAPHIE: Joe Dante (né le 28 novembre 1946 à Middletown, New Jersey) est un critique, scénariste, monteur, producteur et réalisateur américain. Son plus grand succès populaire est, à ce jour, Gremlins (1984). 1966-1975 : The Movie Orgy 1976 : Hollywood Boulevard, co-réalisé avec Allan Arkush 1978: Piranhas,1981 : Hurlements (The Howling) 1983 : La Quatrième Dimension (Twiling Zone the Movie), troisième épisode, Its a Good Life 1984 : Gremlins 1985 : Explorers 1987 : Cheeseburger film sandwich (Amazon Women on the Moon), 5 sketches 1987 : L'Aventure intérieure, 1989 : Les Banlieusards (The 'burbs) 1990 : Gremlins 2, la nouvelle génération (Gremlins 2 The New Batch) 1993 : Panic sur Florida Beach (Matinee) 1998 : Small Soldiers 2003 : Les Looney Tunes passent à l'action (Looney Tunes : Back in Action) 2006 : Trapped Ashes , premier segment,Wraparound. 2009: The Hole.


    De la magie à l'état pur injustement infortunée, bain de jouvence afin de stimuler l'enfant tapi en nous.
    Un après le succès planétaire de Gremlins, Joe Dante revient avec un cinéma plus intime pour autant fantasque et débridé (l'anthologie du final cartoonesque) dans ce moment de féerie en apesanteur que symbolise Explorers. Une aventure spatiale insensée auquel un trio de bambins malicieux décide de voyager dans l'espace à l'aide d'une capsule confectionnée de bric et de broc. Divertissement familial par excellence, Explorers s'inscrit dans une démarche si intègre à daigner illustrer un conte fantastique influencé par le sens du merveilleux. A l'instar lyrique de ces séquences de rêve aériennes que l'un de nos héros matérialise durant son sommeil afin de s'évader de sa routine. Avec d'étonnantes plages de poésie aux trucages toujours aussi persuasifs (les premiers essais scientifiques avec la bulle, leur escapade nocturne à bord de leur capsule, l'odyssée spatiale qui s'ensuit et leur rencontre extravagante avec les E.T), Explorers nous entraîne dans une expédition fantasmatique parmi la curiosité de gamins avides de découverte auprès d'univers insondables. Ainsi, de par le refus des conventions et du stéréotype, Joe Dante nous caractérise des aventuriers infantiles infiniment attachants et fragiles à travers leur carapace humaine. Dans la mesure d'une réflexion existentielle avec la nature belliqueuse de l'homme (son instinct délibérément destructeur entraperçu à travers le cinéma de série B) et d'une quête sentimentale pour leurs premiers émois amoureux (la relation naissante de Ben avec sa voisine de palier). 


    Pas de marmots turbulents donc complaisamment interprétés mais de p'tits génies attendrissants férus de soif de découverte auprès des galaxies stellaires. Au-delà de son hymne à l'exaltation du rêve, Explorers demeure notamment un vibrant hommage au cinéma de science-fiction des années 50, (particulièrement la Guerre des mondes) à travers l'aspect exubérant des extra-terrestres et des décors kitchs particulièrement insolites (le dédale industriel du vaisseau spatial jonché de chambres multiformes ne cesse de nous dépayser avec curiosité). Mais l'aspect le plus jouissif s'avère la confrontation entreprise entre nos voyageurs en herbe et les monstres tentaculaires d'apparence "fluo".  Et donc, à travers leur tentative de communication, Joe Dante nous énonce en filigrane une satire acide de la sous-culture, du consumérisme et du pouvoir de la télévision auquel les êtres humains s'y sont vulgairement abreuvés ! (même si ici ce sont les enfants qui sont pointés du doigt). Si bien que depuis des siècles, nos extra-terrestres contemplatifs ont pu s'instruire à travers nos retransmissions audiovisuelles de jeux télévisés, de B movies et de show animés. Tenant un discours incohérent face à leurs invités terriens en parodiant machinalement les sketchs saugrenues de show TV, les martiens ironisent en diable à nous caricaturer tels des étrangers écervelés d'autant plus hostiles à travers notre démarche destructrice (annihiler l'étranger stellaire est le thème récurrent abordé dans la série B de science-fiction). 


    Cap sur les Etoiles. 
    Bijou immuable de fantaisie, d'inventivité, de tendresse et de féerie à l'instar d'une expédition humaine inoubliable, Explorers constitue une denrée caustique pour le divertissement familial car il s'adresse autant aux enfants méditatifs qu'aux adultes érudits pour sa satire assénée à la sous-culture.  

    *Bruno
    03.01.23. 4èx
    11.09.13.

    mardi 10 septembre 2013

    Mad-Max: Au delà du Dome du Tonnerre / Mad Max: Beyond Thunderdome

    Photo empruntée sur Google, appartenant au site lluviadeestrellasenlaloberia.blogspot.com

    de Georges Miller et George Ogilvie. 1985. Australie/U.S.A. 1h47. Avec Mel Gibson, Tina Turner, Bruce Spence, Adam Cockburn, Frank Thring, Angelo Rossitto, Paul Larsson.

    Sortie salles France: 25 Septembre 1985. U.S: 10 Juillet 1985

    FILMOGRAPHIE: Georges Miller est un réalisateur, scénariste et producteur australien, né le 3 Mars 1945 à Chinchilla (Queensland). 1979: Mad-Max. 1981: Mad-Max 2. 1983: La 4è Dimension (dernier segment). 1985: Mad-Max : Au-delà du dôme du Tonnerre. 1987: Les Sorcières d'Eastwick. 1992: Lorenzo. 1997: 40 000 ans de rêve (documentaire). 1998: Babe 2. 2006: Happy Feet. 2011: Happy Feet 2. 2014: Mad Max 4; Fury Road. 


    Avant-propos (du 24/05/23): En espérant que depuis la regrettable disparition de Tina Turner, ce magnifique opus "humaniste" sera reconsidéré à sa juste valeur (avec une touche aujourd'hui autrement élégiaque). 

    Quatre ans après le phénomène planétaire Mad-Max 2, Georges Miller rempile à nouveau pour un troisième opus influencé par la notion humaniste de son héros déchu. Alors que des millions de fans espéraient un avatar aussi homérique que son modèle barbare, la déception fut rude auprès d'une majorité d'aficionados. Or, avec lucidité et refus de remaker l'élite d'un western post-apo truffé de cascades ébouriffantes, Georges Miller adopte le risque de déconcerter son public avec ce troisième volet autrement docile, assagi et optimiste que ces aînés. Ainsi, en jouant la carte du lyrisme et du dépaysement assuré, Mad-Max 3 nous illustre cette fois-ci un guerrier de la route assagi car idéalisé par la candeur d'une escouade de sauvageons en quête d'apprentissage. 

    PitchDans la cité de Trocpolis où son véhicule vient d'être dérobé, Max est contraint de combattre vaillamment un adversaire colossal pour récupérer son bien et prendre le contrôle du monde souterrain. Epargnant in extremis son rival, Max est condamné par leur leader au Goulag dans un désert aride dénué de présence humaine. Ou presque. Car une tribu d'enfants pacifistes gouvernée par la matriarche Savanah vont lui porter secours, persuadés que cet inconnu est le messie d'une ancienne prophétie, le Capitaine Walker. Une opportunité fructueuse leur permettant ainsi de réparer leur Boeing accidenté et l'espoir d'amorcer un périple vers la contrée inexplorée d'une terre promise. 


    Oeuvre maudite (euphémisme), car si dépréciée et conspuée par nos puristes (littéralement) intransigeants, Mad-Max 3 s'offre pourtant la subtilité de ne pas bêtement reproduire l'anthologie des cascades homériques sublimée dans les opus antérieurs. Si bien qu'influencé cette fois-ci par le peplum (toute la première partie trépidante confinée autour du Dôme) et le lyrisme exaltant de Lauwrence d'Arabie (la traversée épique du désert de Max et sa confrérie), Georges Miller ne manque pas d'ambition pour nous transposer une flamboyante aventure humaine. Un spectacle chargé de souffle romanesque de par son onirisme limpide et sa quête initiatique de l'apprentissage. Car sous l'égide d'une tribu d'enfants utopistes, Max pourra ainsi réapprendre à vivre et renouer avec la cohésion fraternelle en tentant d'exaucer une prophétie fantaisiste. Croire au rêve et en son destin ("croyez en vos rêves et ils se réaliseront peut-être. Croyez en vous et ils se réaliseront surement", dixit Martin Luther King). Voilà à mon sens personnel le message d'espoir que l'on peut suggérer à travers la solidarité de Max et sa troupe de bambins innocents dans leur unification à daigner renouer avec la civilisation et la connaissance de la culture. Fort de ces décors éclectiques aussi insolites (la cité de Trocpolis) qu'idylliques (l'oasis des enfants perdus), Mad-Max 3 renouvelle donc une troisième fois sa scénographie post-apo avec une ampleur somme toute aussi singulière. Soin esthétique d'une photo ocre transcendant une urbanisation primitive en mutation ou la pureté opaline d'un désert clairsemé, Georges Miller nous fait partager avec exaltation un conte post-apo chargé d'optimisme afin d'y cristalliser un avenir meilleur. Or, sans déconsidérer ses fans purs et durs d'action vrombissante, le réalisateur renouvelle toutefois sa virtuosité technique et son imagination fertile dans une première partie spectaculaire (toute l'action intense centrée à l'intérieur du dôme auquel sa conception technique s'avère scrupuleuse de réalisme !) et un point d'orgue frénétique renouant avec l'esprit guerrier de Mad-Max 2. A ce titre, la dernière course-poursuite élancée entre des bolides erratiques et une locomotive archaïque culmine son itinéraire vers l'issue inespérée d'une échappée aérienne à nous clouer au fauteuil.


    A Tina...
    Parmi l'apparition surprise de la chanteuse Tina turner (surprenante de charisme animal par le naturel de son instinct belliqueux) et d'une tribu d'enfants dociles à l'aura limite féérique, Mad-Max 3 réfute les conventions et la redite pour tenter de proposer au public un spectacle flamboyant transi de lyrisme, de chaleur humaine, de poésie prude tout en divertissant en bonne et due forme. Scandé de l'inoubliable tube, "We don't need another hero", ce troisième opus s'érige donc en magnifique odyssée humaine pour la quête initiatique d'une terre nouvelle en la présence d'un héros quasi mystique. Un spectacle épique d'une beauté immaculée qu'il serait temps de réhabiliter à sa juste valeur, d'autant plus qu'il ne prend jamais parti de se prendre au sérieux (l'humour malicieux s'avérant omniprésent) tout en préservant avec beaucoup de sensibilité une ambiance de quiétude prédominante par l'entremise d'une génération sacrifiée en voie de renaissance.

    *Bruno
    10.09.13. 4èx

    Récompense: NAACP Image Award 1986: Meilleure Actrice pour Tina Turner.

    La critique de Mad-Max 2http://brunomatei.blogspot.fr/…/mad-max-2-mad-max-2-road-wa…

    Dédicace à Jean-Marc Micciche

    lundi 9 septembre 2013

    HEADHUNTERS (Hodejegerne)

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

    de Morten Tyldum. 2011. Norvège/Allemagne. 1h40. Avec Aksel Hennie, Nikolaj Coster-Waldau, Synnove Macody Lund.

    Sortie Dvd : 4 Septembre 2013

    FILMOGRAPHIE: Mortem Tydum est un réalisateur et producteur. 2002: Folk flest bor i Kina (seghment "H"). 2003: Buddy. 2008: Varg Veum -Falne engler.  2011: Headhunters.


    Amateurs de thriller roublard dénué de fioritures et mené sur un rythme alerte, Headhunters est conçu pour vous ! Injustement inédit en salles dans nos contrées, cette production venue de Norvège réfute à nous embarquer dans les situations balisées du divertissement policier grâce à un scénario saugrenu éblouissant de perspicacité ! Après avoir volé un tableau de grande valeur chez un ancien mercenaire, un cambrioleur va devoir user de stratagème pour sauver sa peau. Si la bonhomie de sa première demi-heure laisse craindre un polar conformiste, la suite des péripéties va redoubler de surprises et d'intensité pour mettre en exergue un survival implacable dans son esprit sardonique. Dans la lignée du protagoniste malchanceux de After Hours de ScorceseHeadhunters nous caractérise ici un antagoniste hétérodoxe dans sa petite posture (il mesure 1m 68 !) en cambrioleur rusé prochainement livré à la déveine. Par amour pour son élégante épouse avec qui il ne souhaite pas s'engager dans la paternité, Roger Brown cambriole des oeuvres d'art afin de pouvoir lui favoriser une vie luxueuse. Jaloux et possessif, notre chasseur de tête va bientôt se confronter à la rivalité d'un concurrent dragueur, Clas Greve, cadre supérieur autrefois mercenaire.



    A partir d'un revirement banal inscrit dans l'adultère, le réalisateur Morten Tyldum va embarquer son anti-héros dans une dérive meurtrière aussi inopinée qu'improbable. Mais là où ce thriller retors frappe juste et fort, c'est dans sa manière de confronter nombre de vicissitudes avec réalisme et souci du détail alarmiste (à l'instar du jeu de regards monolithiques observé entre nos deux rivaux à travers une voiture accidentée) ! Par une succession de bévues aléatoires, Roger va donc devoir essayer de sauver sa peau contre un mercenaire opiniâtre mais aussi tenter d'effacer les preuves qu'il laisse derrière son chemin afin de masquer sa culpabilité ! La dextérité à laquelle Morten Tyldum fait preuve pour façonner une structure narrative incontrôlée ne cesse de nous surprendre pour mettre en valeur une chasse à l'homme ironiquement sanglante. Sévèrement malmené par ses rivaux hostiles et contraint de perpétrer des bravoures insensées pour sauver sa peau, Roger va se retrouver embarqué dans une odieuse machination où la cupidité règne en maître. En alternant les péripéties bondissantes totalement imprévisibles et l'empathie indécise confrontée au couple Adrian/Roger, le réalisateur peaufine un thriller frénétique rehaussé d'une poignante psychologie dans l'initiation du chasseur de tête. Car au-delà de l'aspect jouissif de cet intrépide survival, Headhunters peaufine notamment une histoire d'amour et de maturité dans la remise en question du malfrat infidèle, contraint de transcender sa jalousie et son manque de confiance par une bravoure exténuante.


    Mis en scène avec une diabolique habileté et redoublant de revirements toujours plus insolents, Headhunters est le genre de petit thriller méconnu gagnant au fil du bouche à oreille son statut de perle du genre. Une oeuvre méchamment espiègle qui ne cesse de surprendre dans son florilège d'incidents meurtriers. Enfin, le duo infatigable formé par Aksel Hennie (au physique volontairement trivial) et Nikolaj Coster-Waldau (tout en virilité cynique !) véhicule une densité antinomique dans leur idéologie cupide. 

    * Bruno
    Dédicace à Cid Orlandu
    09.09.13

    vendredi 6 septembre 2013

    MESSE NOIRE (Evilspeak). Uncut Version

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site torrentbutler.eu

    d'Eric Weston. 1982. U.S.A. 1h43. Avec Clint Howard, R.G Armstrong, Joseph Cortese, Claude Earl Jones, Haywood Nelson.

    Sortie salle France: 26 Février 1982. U.S: 26 Février 1982

    FILMOGRAPHIE: Eric Weston est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
    1981: Messe noire. 1983: Marvin and Tige. 1989: The Iron Triangle. 1992: To protect and serve. 2001: Pressure Point. 2002: Ambition Fatale. 2002: Hitters. 2011: Hyenas.


    Pour une première oeuvre horrifique, le débutant Eric Weston aura marqué une génération de vidéophiles qui s'étaient empressés de louer dans leur vidéo-club un B movie au titre évocateur, Messe NoireDans une académie militaire, un souffre-douleur décide d'invoquer les forces du mal via ordinateur pour se venger de ces camarades railleurs.A partir de cet argument simpliste (la vengeance sanglante d'un martyr au service du Mal) déjà évoqué dans le chef-d'oeuvre Carrie Eric Weston en tire un modèle d'efficacité dans son suspense exponentiel et l'ambiance délétère qui s'y dégage au sein d'une cave abritée par le malin. Reposant sur les épaules du jeune Clint Howard (délivrant ici son meilleur rôle !), Messe Noire s'érige en fascinante descente aux enfers sous l'entremise originale de l'ordinateur. Mais revenons d'abord sur l'interprétation sidérante de vérité de cet acteur de seconde zone, car si ce divertissement sardonique réussit autant à captiver, c'est en partie grâce à l'empathie que l'on accorde pour Coopersmith, étudiant maladroit incessamment molesté par ses camarades de classe.


    Avec sa bonhomie toute naïve et son regard candide, Clint Howard réussit instinctivement à nous impliquer dans son désarroi quotidien et nous amène lentement à fréquenter le malin sous l'intervention d'Estaban. Un sorcier sataniste préalablement condamné par l'église pour hérésie mais qui avait juré de se venger des siècles plus tard. Toute l'intrigue se focalise donc sur les tentatives de Coopersmith à daigner invoquer une véritable messe noire par une démarche toute moderne, l'utilisation électronique de l'ordinateur ! Et quand vient la vengeance tant escomptée, on ne peut que comprendre (ou fantasmer !) sa rancoeur à oser bafouer le fondement du Bien en commettant des méfaits criminels sous influence démoniaque ! A cet égard, on peut dire que son point d'orgue apocalyptique déploie des séquences cinglantes où le gore craspec se dispute à l'horreur pure dans des FX de choix ! Décapitations en série, éventration, démembrements, corps embrasés nous sont étalés sans concession dans un déluge de feu et de sang ! Qui plus est, et avec une audace sarcastique, le carnage se confine dans le cadre religieux d'une chapelle auquel des porcs carnassiers s'y sont soudainement invités ! Au delà de son indéniable sens de l'efficacité et sa force émotionnelle, Messe Noire insuffle une ambiance lugubre du plus bel effet, renforcé par la chaleur d'une photo sépia. Que ce soit en interne du sous-sol de la cave auquel Coopersmith pratique son rite ou dans le cadre religieux d'un oratoire. Avec rigueur et intégrité pour le genre, le réalisateur distille donc un climat pernicieux diffus en vantant les mérites d'une démonologie contemporaine.


    Soutenu par le superbe score religieux de Roger Kellaway faisant écho à La Malédiction de Donner, Messe Noire n'a pas usurpé son statut de classique moderne du film sataniste en faisant preuve dans son dernier acte d'une violence barbare dantesque ! En apprenti sorcier sévèrement malmené, Clint Howard apporte une indéniable intensité humaine dans sa revanche spectrale désespérément nihiliste !

    06.09.13. 5èx
    Bruno Matéï

    jeudi 5 septembre 2013

    LE FLIC DE BEVERLY HILLS. (Beverly Hills Cop)

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood80.com

    de Martin Brest. 1984. U.S.A. 1h43. Avec Eddy Murphy, Judge Reinhold, John Ashton, Lisa Eilbacher, Ronny Cox, Steven Berkoff, James Russo, Jonathan Banks.

    Sortie salles France: 27 Mars 1985. U.S: 5 Décembre 1984

    FILMOGRAPHIE:  Martin Brest est un réalisateur, producteur, acteur, monteur et scénariste américain, né le 8 Août 1951 dans le Bronx de New-York.
    1972: Hot Dogs for Gaugin. 1977: Hot Tomorrows. 1979: Going in Style. 1984: Le Flic de Beverly Hills. 1988: Midnight Run. 1992: Le Temps d'un Week-end. 1998: Rencontre avec Joe Black. 2003: Amours Troubles.


    Enorme succès lors de sa sortie en salles (aux States, il était l'un des 10 plus grands hits commerciaux de tous les temps !), Le Flic de Beverlly Hills permis à Eddy Murphy d'accéder à la notoriété après s'être révélé dans 48 heures et Un Fauteuil pour deux. Comédie d'action menée tambour battant, cette production Bruckeimer doit sa renommée sur l'abattage de son acteur afro, ancien humoriste ayant préalablement fait ses preuves dans le célèbre show: Saturday Night LiveAprès l'assassinat de son ami, un flic de Détroit décide de mener sa propre enquête sans l'accord de son supérieur. Durant l'investigation, il découvre que son acolyte travaillait pour le compte d'un riche entrepreneur implanté à Beverly Hills. Ce dernier exerçant des malversations, il va tenter par la même occasion de démanteler un réseau de contrebande avec le soutien de deux inspecteurs studieux. 


    Il y a des comédies lucratives conçues sur une idée somme toute sommaire mais construites avec une telle dextérité qu'elles dépassent le stade du produit aseptique. Reposant sur la bonhomie impayable d'un acteur extrêmement attachant, le Flic de Beverly Hills fait parti de ces petits miracles de cocasserie auquel Eddy Murphy va y apporter son potentiel comique dans sa "cool attitude" ! En insufflant une verve irrésistible, l'ancien humoriste réussit à extérioriser un jeu cabotin de facéties désinvoltes et d'imitations extravagantes. Avec la complicité de deux adjoints aussi attachants (Judge Reinhold et John Ashton forment un tandem avec une tendre bonhomie), le Flic de Beverly Hills distille un charme naturel comme peu de comédies familiales ont su le retransmettre. Au delà de la cocasserie impartie aux dialogues et au mimétisme de Murphy, le réalisateur Martin Brest y introduit une pincée d'action dans son prologue rocambolesque (carambolage en pagaille lors d'une poursuite entre un camion et des cars de flics) et son final pétaradant (les gunfight fusent tous azimuts dans le repère du mafieux Victor Maitland). Et pour parachever, je ne manquerai pas non plus d'évoquer le fameux tube entraînant interprété par Patti Labelle - Stir it up !


    Entre action et drôlerie, Le Flic de Beverly Hills compte sur l'efficience d'une intrigue bien construite et surtout sur la présence d'un acteur expansif pour nous divertir sans prétention. A travers cette aventure diablement réjouissante émane la simplicité d'une comédie bonnard sous l'impulsion de seconds-rôles aussi sympathiques dans leur fonction de faire-valoir. Antidépressif, le Flic de Beverly Hills constitue au terme un bain de jouvence d'une fraîcheur aussi capiteuse qu'à l'époque de sa conception.

    05.09.13. 3èx
    B-M


    mercredi 4 septembre 2013

    30 Jours de Nuit / 30 Days of Night

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site necronomiblog.canalblog.com

    de David Slade. 2007. U.S.A. 1h53. Avec Josh Hartnett, Melissa George, Danny Huston, Ben Foster, Mark Boone Jr, Mark Rendall.

    Sortie salles France: 9 Janvier 2008. U.S: 19 Octobre 2007

    FILMOGRAPHIE: David Slade est un réalisateur britannique, né le 26 Septembre 1969 au Royaume Uni. 2005: Hard Candy. 2007: 30 Jours de Nuit. 2010: Twilight - Chapitre 3: Hésitation. 2011: R.E.M (TV). 2012: The Last Voyager of Demeter. Daredevil reboot.


    Plutôt méconnu, David Slade prouva son habile talent de metteur en scène avec son premier film, Hard Candy, thriller psychologique confiné dans un huis-clos éprouvant. Deux ans plus tard, il récidive qualitativement parlant pour peaufiner son potentiel artistique avec l'adaptation d'un comic créé par Steve Niles et Ben Templesmith. Déclaration d'amour au travail artisanal de John Carpenter (photogénie esthétisante d'un environnement aussi réfrigérant que reculé, charisme frappant des comédiens, photo immaculée encadrée au format scope, score métronome, atmosphère anxiogène palpable, ambiance angoissante envoûtante), 30 Jours de Nuit se réapproprie du thème vampirique avec un souci formel bluffant. Le pitchEpargnés du soleil durant 30 jours de nuit hivernale dans un village de l'Alaska, un shérif et une poignée de survivants vont tenter de déjouer la menace d'une horde de vampires assoiffés de sang. Ainsi, à partir de ce concept trivial, on ne peut pas dire que David Slade compte sur l'originalité d'une intrigue éprouvée avec son lot d'attaques impromptues auprès de victimes esseulées. D'autant plus que l'on a la gênante impression d'assister à une temporalité fallacieuse si bien que ces 30 nuits semblent se dérouler en un temps beaucoup plus restreint (à peine 2 ou 3 jours !) du point de vue des motivations des héros ! Mais avec une foi et un respect pour l'amour du genre, le réalisateur réussit à contrecarrer une narration aseptique pour sublimer de prime abord une atmosphère ténébreuse au sein d'un huis-clos réfrigérant.


    Qui plus est, avec l'efficacité d'une action cinglante terriblement spectaculaire et d'un gore sanguinolent au réalisme saisissant, 30 Jours de Nuit frétille pour distiller un climat anxiogène diffus au fil d'affrontements intrépides perpétrés par des vampires erratiques. C'est simple, il y avait belle lurette que nous n'avions pu contempler face écran des goules aussi hargneuses et fétides de par leur morphologie taillée à la serpe. Vêtus en costard noir, David Slade est parvenu à donner chair à ces goules épouvantablement vicieuses à travers leurs exactions meurtrières (elles surveillent leurs proies du haut des toitures des maisons pour ensuite encercler certaines d'entre elles avec une vanité condescendante !). Il faut les voir se faufiler sous les chalets et se projeter à une vélocité vertigineuse sur les victimes pour les égorger avec une sauvagerie primitive ! Par conséquent, en jouant le plus souvent la carte du huis-clos oppressant, le réalisateur insuffle un suspense continuel pour l'épreuve de force impartis aux survivants contraints d'accéder d'un refuge à un autre pour se prémunir de la menace vampirique. La puissance visuelle de sa scénographie nocturne contrastant avec la clarté d'une neige endeuillée nous immergeant dans un environnement cauchemardesque particulièrement cinégénique. Au point d'orgue escompté, on pardonne l'aspect un tantinet décevant de son revirement héroïque (dès que leur leader est anéanti par l'un des survivants, la clique des vampires décide trop facilement de rebrousser chemin) et on se rattrape sur son épilogue désenchanté d'une beauté onirique poignante.


    Sobrement dominé du caractère valeureux des protagonistes (Josh Hartnett et Melissa George forment un duo d'amants attachants dans leur reconversion sentimentale), 30 Jours de Nuit mise sur la fonction du divertissement efficace avec son lot d'action cinglante, de tension anxiogène et d'éclaboussures de sang ici dénuées de concession. Rehaussée d'une atmosphère cauchemardesque terriblement palpable, on reste surtout impressionné par l'aspect délétère de ces vampires contemporains incroyablement classieux dans leur morphologie démoniale. Et puis formellement, le cadre crépusculaire demeure  aussi hyper photogénique sous l'impulsion d'une violence tranchée que l'on a si peu coutume de voir dans une prod Hollywoodienne.   

    *Bruno
    05.03.24. 4èx vost
    03.08.22. 
    04.09.13. 

    mardi 3 septembre 2013

    Watchmen. Director's Cut

                                                                                Photo empruntée sur Google

    de Zack Snyder. 2009. U.S.A. 3h06. Avec Patrick Wilson, Jackie Earle Haley, Malin Akerman, Billy Crudup, Matthew Goode, Jeffrey Dean Morgan, Carla Gugino, Stephen McHattie.

    Sortie salles France: 4 Mars 2009. U.S: 6 Mars 2009

    FILMOGRAPHIE: Zack Snyder est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 1er mars 1966 à Green Bay, Wisconsin (États-Unis). 2004 : L'Armée des morts (Dawn of the Dead). 2007 : 300. 2009 : Watchmen. 2010 : Le Royaume de Ga'hoole : La Légende des gardiens. 2011 : Sucker Punch. 2012 : Superman: Man of Steel.


    Film fleuve d'une durée excessive de 3h06, Watchmen est l'adaptation du comic homonyme d'Alan Moore et Dave Gibson publiée entre 1986 et 1987. Situé dans une réalité alternative des années 80, le film nous décrit la résurgence d'une poignée de super-héros, délibérés à empêcher une 3è guerre mondiale provoquée entre les Etats-Unis et la Russie. Au même moment, alors qu'un mystérieux tueur s'en prend à ces justiciers masqués, une machination de grande ampleur est sur le point de converger au péril de la survie de millions d'innocents. Après l'entreprise de son habile remake, l'Armée des Morts et du peplum ultra stylisé, 300Zack Snyder redouble d'ambition pour reproduire en live une bande dessinée réputée inadaptable en s'interrogeant sur la notion du héros. Divertissement cérébral préconisé pour un public adulte, Watchmen nous établi avec flamboyance formelle l'état des lieux d'une terre en perdition, engluée dans les sempiternels conflits politiques entre dirigeants égotistes. 


    Avec son ambiance crépusculaire terriblement pessimiste, Zack Snyder idéalise une somptueuse fresque où des héros désaxés sont ici sévèrement malmenés par leur hiérarchie héroïque, faute de leur tempérament contradictoire et d'une notoriété exubérante. A contre emploi du traditionnel super-héros fraternel et avenant, ces gardiens sont caractérisés comme des personnages sclérosés en quête existentielle, contrariés par un héroïsme dénué de signification. Puisqu'ici, l'infidélité, la manipulation, la trahison et le meurtre font parti de leur faille humaine et sont implicitement engendrés par un monde bestial toujours plus incivilisé. Confrontés à une morale déchue, ces gardiens passéistes vont tenter une seconde fois de renouer avec l'honneur de la bravoure pour prémunir le citoyen d'une 3è guerre mondiale et se racheter une conduite devant la souveraineté d'un divin en pleine dépression ! Dans une solide narration privilégiant l'étude caractérielle de ses marginaux parfois sanguinaires (les exactions vindicatives de Rorschach, la haine meurtrière du Comédien), volages (l'adultère du Hibou II entrepris avec le Spectre Soyeux II), voir même pervers (le viol du Comédien commis sur Sally Jupiter), Watchmen retransmet avec autant de souffle épique que de lyrisme leur indécise destinée avec une empathie moribonde. 


    Tant qu'il y aura des hommes
    Réflexion métaphysique, allégorie politique sur l'avilissement du pouvoir et l'instinct destructeur de l'homme, Watchmen propose un spectacle subversif d'une audace peu commune dans son alternance d'ultra violence et de défaillance existentielle. Mise en abîme de notre propre société en crise où l'insurrection du peuple s'avère toujours plus indisciplinée devant l'autorité. La rigueur de sa mise en scène stylisée, la bande son nostalgique d'une pop-rock rétro et surtout la dimension humaine impartie à ses anti-héros névrosés transcendent Watchmen au rang d'ovni hermétique, véritable pied de nez au rêve américain ! 

    03.09.13. 2èx
    Bruno Matéï

    vendredi 30 août 2013

    WOLF CREEK

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site baranfilm27.org

    de Greg McLean. 2005. Australie. 1h44. Avec Nathan Philipps, Cassandra Magrath, Kestie Morassi, John Jarratt.

    Sortie salles France: 9 Août 2006. Australie: 3 Novembre 2005

    FILMOGRAPHIE: Greg McLean est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
    2005: Wolf Creek. 2007: Solitaire


    Chaque année, en Australie, 30 000 personnes sont portées disparues. 90 % d'entre elles sont retrouvées en l'espace d'un mois. Certaines disparaissent à jamais. 

    Ko et déprimé ! Voilà en deux mots mes impressions à vif délivrées à la sortie de la projo de Wolf Creek Qui plus est, c'est auprès d'un second visionnage que je me rends compte de son impact émotionnel littéralement fébrile. Si bien que pour une première oeuvre, on peut dire que Greg McLean eut réalisé un véritable coup de maître avec ce survival aride au climat d'insécurité permanent. Ainsi donc, une véritable épreuve de force physique et morale est infligée chez un trio d'étudiants malmenés par un tueur en série en plein désert australien. A partir de ce concept éculé influencé par les classiques notoires des seventies (Massacre à la Tronçonneuse en tête pour l'affliction hystérisée des victimes, la verdeur de son climat poisseux et son degré d'authenticité malsaine), le réalisateur renouvelle la terreur dans un esprit anti ludique afin de mieux ébranler le spectateur. Car en l'occurrence, Wolf Creek n'est absolument pas le traditionnel loisir (réconfortant) du "ouh fait moi peur" avec son tueur écervelé coursant machinalement de jeunes victimes insouciantes. Non, il s'agit plutôt ici d'une expérience extrême toujours plus éprouvante de par son refus des compromis, de complaisance et sa radicalité à exprimer une terreur inconfortable, et ce jusqu'au malaise... 


    Si bien qu'ici, les victimes enchaînées hurlent de douleur ou d'impuissance face à la monstruosité d'un prédateur pervers extériorisant ses pulsions sadiques lors d'un laps de temps indéfini. En toute liberté, au beau milieu d'un désert crépusculaire, ce tueur circonspect prend donc son pied à embrigader des touristes juvéniles dans un hangar rubigineux afin de les torturer à sa guise lorsque l'envie lui redonne goût au sordide. C'est donc une effroyable descente aux enfers redoutablement efficace que Greg McLean nous relate avec souci de réalisme et d'intensité pour rendre compte d'un fait d'actualité ! Car oui, Wolf Creek s'inspire librement du rapt de deux touristes perpétrés par le tueur Bradley John Murdoch, jugé coupable d'un meurtre en 2005. En effet, à contrario de ce que retrace le film, une seule victime fut répertoriée par la police non loin de Wolfe Creek, c'est à dire à plus de 2000 kms du fameux cratère !Le tempo bourdonnant d'un score monocorde, la rigueur de la mise en scène exploitant à merveille le cadre de ses paysages crépusculaires et sa manière scrupuleuse d'y radiographier la détresse humaine de ces pèlerins tyrannisés exacerbent un climat malsain si déstabilisant que le spectateur, épris de marasme, se sent pris au piège parmi leur claustration ! Jusqu'au-boutiste et sans concession, aucun échappatoire ne semble poindre à l'horizon, et si certaines évasions sont parfois audacieusement intentées, la mort, lâche et brutale, les rattrape inexorablement !


    Chef-d'oeuvre du survival réfutant la notion commerciale du divertissement imberbe, Wolf Creek prend le spectateur aux tripes pour le plonger dans l'authenticité d'une horreur vécue. Celle où des voyageurs portés disparus ont eu (ou auront) la déveine d'aborder un inconnu affable, alors qu'un monstre à visage humain est sur le point de se démasquer afin de vous infliger les sévices les plus crapoteux. On est d'autant plus traumatisé par l'expérience que le jeu, criant de vérité, des comédiens inconnus, nous interpellent avec une empathie toute meurtrie. 

    30.08.13. 2èx
    Bruno Matéï

    La critique de Wolf Creek 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/04/wolf-creek-2.html




    mercredi 28 août 2013

    UN JUSTICIER DANS LA VILLE (Death Wish)

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site silverferox.blogspot.fr

    de Michael Winner. 1974. U.S.A. 1h33. Avec Charles Bronson, Hope Lange, Vincent Gardenia, Steven Keats, William Redfield, Stuart Margolin, Stephen Elliott.

    Sortie salles France: 18 Octobre 1974. U.S: 24 Juillet 1974

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Michael Winner est un réalisateur britannique, né le 30 Octobre 1935 à Londres, décédé le 21 Janvier 2013.
    1964: Dans les mailles du filet. 1967: Qu'arrivera-t-il après ? 1971: Les Collines de la Terreur. 1971: l'Homme de la Loi. 1971: Le Corrupteur. 1972: Le Flingueur. 1973: Le Cercle Noir. 1973: Scorpio. 1974: Un Justicier dans la Ville. 1976: Won Ton Ton, le chien qui sauva Hollywood. 1977: La Sentinelle des Maudits. 1978: Le Grand Sommeil. 1979: l'Arme au Poing. 1982: Un Justicier dans la Ville 2. 1983: La Dépravée. 1985: Le Justicier de New-York. 1988: Rendez vous avec la mort. 1990: Double Arnaque. 1993: Dirty Week-end.


    Précurseur du Vigilante movie qui aura fait couler beaucoup d'encre lors de sa sortie, Un Justicier dans la Ville est notamment la révélation d'une égérie du cinéma d'action, l'imparable Charles Bronson ! D'après le roman Death Wish de Brian Garfield, ce polar brutal nous retrace l'expédition meurtrière d'un justicier, déterminé à nettoyer des quartiers malfamés les voyous arrogants.
    Trois délinquants décident d'agresser une mère et sa fille au sein de leur domicile. Battue à mort, la femme succombera à ses blessures tandis que la fille violée se retrouvera internée dans un institut spécialisé pour démence traumatique. Rongé par la douleur du deuil et la rancoeur de constater l'impuissance policière laissant libre ces agresseurs, Paul Kersey décide de s'emparer d'une arme pour perpétrer une vendetta expéditive. 



    Film choc à la violence froide et implacable où l'on s'étonne encore aujourd'hui de sa verdeur invoquée au prologue (la passage à tabac de deux femmes dans leur cocon familial), Un Justicier dans la Ville détonne par son aspect radical à illustrer une violence purement gratuite. Reflet d'une délinquance en recrudescence au milieu d'un contexte urbain en insécurité permanente. Si le film provoqua à son époque une telle polémique, c'est dans la dangerosité impartie à sa thématique réactionnaire puis au profil psychotique attribué à un adepte de l'auto-défense. Avec réalisme et lucidité, Michael Winner nous détaille de façon circonspecte la lente dégénérescence d'un architecte notoire, plongé dans une dérive meurtrière pour venger la mort de sa femme. Si son premier meurtre perpétré avec bravoure lui suscite une véritable répulsion (il ira jusqu'à vomir ses tripes dans les toilettes de son appartement !), ses exactions suivantes vont finalement lui tirer satisfaction et profit d'une notoriété grandissante grâce au taux de criminalité en régression. Devenu un phénomène sociétal dans les journaux, notre justicier va même influencer une certaine frange de la population décidant également de se rebeller par la force contre une délinquance permissive. De son côté, la police embarrassée, tente par tous les moyens de mettre un terme à la dérive sanglante du justicier, avant de se raviser, de peur d'embrigader un martyr aux yeux de la population et de renouer avec un taux de criminalité élevé. Avec une redoutable efficacité, Michael Winner nous brode donc un polar ultra violent émaillé de séquences d'action incisives sans jamais militer pour la justice individuelle. Puisqu'il ne fait que souligner l'aspect vénal d'un tueur radical, prenant goût à sa folie meurtrière addictive ! A l'image de son épilogue édifiant auquel Paul Kersey va, d'un geste manuel ironique, prendre un malin plaisir à prévenir ses futurs ravisseurs qu'ils seront dans sa ligne de mire !
    Il ne s'agit donc pas pour le réalisateur de prôner vulgairement l'apologie d'une violence fascisante mais de rappeler à l'ordre les individus potentiellement fragiles que l'influence d'une vendetta personnelle demeure une inévitable dérive immorale.


    En alternant l'investigation policière et l'action expéditive, Un Justicier dans la ville redouble d'efficience et d'audace à illustrer un polar brutal conçu sur une vengeance putassière. De manière évidente, Michael Winner s'interroge aussi sur le constat d'échec d'une police laxiste face à une criminalité galopante trop souvent impunie. Magnétique et impassible, Charles Bronson explose l'écran et iconise son rôle ambigu de justicier réac avec une éthique avilissante. 

    28.08.13. 3èx
    Bruno Matéï