vendredi 11 octobre 2013

DESPUES DE LUCIA. Prix Un Certain Regard, Cannes 2012

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site ciudadanonoodles.blogspot.com

de Michel Franco. 2012. Mexique/France. 1h43. Avec Tessa La, Hernan Mendoza, Gonzalo Vega Sisto, Tamara Yazbek Bernal, Paco Rueda, Paloma Cervantes.

Sortie salles France: 3 Octobre 2012

FILMOGRAPHIE: Michel Franco est un réalisateur, scénariste et producteur mexicain.
2009: Daniel et Ana. 2012: Despues De Lucia. 2013: A Los Ojos (to the eyes).


Récompensé à Cannes du Prix Un certain regard en 2012, Despues de Lucia est un drame éprouvant que le réalisateur mexicain Michel Franco retranscrit avec souci de réalisme et rythme monotone. L'âpre descente aux enfers d'une adolescente, souffre-douleur de ses camarades de classe après que l'un de ses petits amis ait divulgué une vidéo de leurs ébats au sein du lycée. Alors que son père se remet difficilement de la mort accidentelle de sa femme Lucia, ce dernier décide de lui cacher la vérité et emménage dans une nouvelle banlieue à Mexico. C'est dans son nouvel établissement scolaire que la jeune fille va devenir la cible de ses camarades railleurs qui n'hésiteront pas à lui infliger sévices et humiliations, jusqu'aux viols collectifs. Film choc dont on se remet difficilement et qui provoque chez le spectateur un marasme progressif, Despues de Lucia joue la carte de l'hyper réalisme pour dénoncer sans concession le malaise des adolescents quand ils sont victimes de maltraitance scolaire. A travers le calvaire incessant d'Alejandra, Michel Franco nous assène un cri d'alarme et de désespoir face à la responsabilité parentale où le manque de communication peut s'avérer un préjudice lourd de conséquences pour la victime désignée. Le réalisateur aborde ce phénomène sociétal avec lucidité et refus de fioriture pour mettre en exergue la cruauté démesurée de ces mineurs insouciants totalement en décalage avec la réalité des exactions lâchement commises. Alors que l'on présage la destinée tragique du supplice d'Alejandra, Michel franco surprend dans la trajectoire inopinée de sa narration et nous plonge dans l'abyme d'un cauchemar où personne ne sortira indemne.


Dans un rôle difficile d'adolescente candide et introvertie mais curieuse des premiers émois amoureux, Tessa La livre une prestation bouleversante dans sa fragilité meurtrie de victime soumise, incessamment martyrisée. La compassion inévitable que l'on accorde à son égard est d'autant plus douloureuse qu'elle se refuse à provoquer une rébellion devant la dictature de ses oppresseurs. C'est donc avec une crainte de plus en plus prégnante que nous redoutons un suicide rédempteur, juste avant que le réalisateur relance son intrigue SPOILER !!! dans une réflexion sur la vengeance lourde de répercutions Fin du SPOILER. Dans celui du père aimant et attentif mais contrarié par le brutal décès de son épouse, Hernan Mendoza compose un personnage laconique plutôt discret dans les rapports intimes avec sa fille bien que débordant d'amour et d'inquiétude. Epris d'un accès de colère impulsif (l'altercation avec un conducteur obtus), l'acteur extériorise soudainement un tempérament colérique à la violence incontrôlée, reflet de son affliction sévèrement mise à mal par le deuil conjugal.


Avec sa photo naturaliste, sa mise en scène hyper maîtrisée et le jeu criant de vérité des comédiens, Michel Franco s'implique en auteur rigoureux pour nous asséner de plein fouet le portrait sordide d'une jeunesse irresponsable incapable de mesurer la gravité de leurs actes. Il en ressort un témoignage terrifiant car nihiliste et sans concession pour cette jeunesse esseulée de démission parentale. Pour rajouter le côté pathétique de ce fait-divers actuel, le nihilisme de son épilogue nous achève SPOILER !!! par son sens du désespoir imparti à la loi du talion. Fin du SPOILER

Dédicace à Jenny Winter
11/10/13
Bruno Matéï


jeudi 10 octobre 2013

LE JOUR DU DAUPHIN (The Day of the Dolphin)

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotion.com

de Miche Nichols. 1973. U.S.A. 1h44. Avec George C. Scott, Trish Van Devere, Paul Sorvino, Fritz Weaver, Jon Korkes, Edward Herrmann.

Sortie salles U.S: 19 Décembre 1973

FILMOGRAPHIE: Mike Nichols, de son vrai nom Michael Igor Peschkowsky, est un réalisateur américain, d'origine allemande, né le 6 Novembre 1931 à Berlin.
1966: Qui a peur de Virginia Woolf ? 1967: Le Lauréat. 1970: Catch 22. 1971: Ce Plaisir qu'on dit charnel. 1973: Le Jour du Dauphin. 1975: La Bonne Fortune. 1984: Le Mystère Silkwood. 1985: La Brûlure. 1988: Biloxi Blues. 1989: Working Girl. 1990: Bons baisers d'Holywood. 1991: A Propos d'Henry. 1994: Wolf. 1996: The Birdcage. 1998: Primary Colors. 2000: De quelle planète viens-tu ? 2001: Bel Esprit. 2003: Angels in America. 2004: Closer. 2007: La Guerre selon Charly Wilson.


Drame écolo au confins de la science-fiction, le Jour du Dauphin avait ému une génération de spectateurs lorsqu'il fut diffusé sur la Cinq au tout début des années 80. Oeuvre maudite car aujourd'hui délaissé par une bonne partie des cinéphiles et ignorée du jeune public, ce superbe récit d'aventures est une déclaration d'amour pour la cause des dauphins, un hymne à l'océan et une réflexion sur la connexion amicale entre l'homme et l'animal.

Sur une île, un chercheur féru de passion pour les dauphins réussit à communiquer le langage de la parole à l'un d'eux. Mais une poignée d'hommes d'affaires sans scrupule décident de tirer profit de cette nouvelle révolution.  



Ce résumé laconique est volontaire de ma part car si l'intrigue peut paraître au premier abord prévisible, sa structure adopte une démarche plutôt inopinée au fil de son cheminement alarmiste et accentue par la même occasion un vrai suspense exponentiel. Mike Nichols, illustre réalisateur du Lauréat et de Qui a peur de Virginia Woolf ? s'inspire d'un roman de Robert Merle, Un animal doué de raison, pour mettre en scène ce récit d'aventures d'une émotion prude dans la tendre relation impartie entre deux dauphins et une équipe de biologistes. La sobriété du propos à laquelle cette histoire fascinante nous est contée et le jeu circonspect des comédiens s'avèrent si persuasifs qu'il ne fait aucun doute pour le spectateur de croire à la communication entreprise entre l'homme et le mammifère. Avec la beauté de ces images maritimes, Mike Nichols élabore parfois des séquences poétiques d'une pudeur sensuelle lorsque deux dauphins s'enlacent au fond d'un bassin sous une musique mélancolique de Georges Delerue. L'émotion pure qui en émane provoque chez le spectateur un sentiment d'abandon total avec notre réalité car nous nous immergeons comme par enchantement dans la conscience candide des cétacés.
Toutes les séquences d'éducation auquel le biologiste en chef lie une complicité indéfectible avec Alpha, le dauphin surdoué, s'avèrent d'autant plus crédibles et attachantes que l'immense Georges C. Scott se prête au jeu avec un naturel confondant. Attentionné et studieux dans son rôle à contre-emploi de scientifique érudit, l'acteur dégage une densité psychologique et humaniste à daigner sauvegarder coûte que coûte l'espèce animale compromise par la stratégie d'une bande de malfrats perfides.
C'est dans cette seconde partie retorse que le Jour du Dauphin surprend par son refus des conventions avec un scénario beaucoup plus finaud qu'il n'y parait. Réquisitoire contre la cupidité de l'homme avide d'exploiter la cause animale à des fins ATTENTION SPOILER !!! politiques, Mike Nichols fait donc intervenir espionnage et terrorisme pour mettre en exergue la nature délétère de l'homme mégalo. FIN DU SPOILER. Son point d'orgue haletant, course contre la montre et la mort pour la survie de nos dauphins, culmine sa conclusion vers une issue bouleversante où l'émotion sera mise à rude épreuve pour le public sensible.


Poème lyrique proféré à l'amour des dauphins, témoignage de tolérance pour la cause animale et sa libre indépendance, aventure haletante insufflant en dernier recours un suspense intense, Le Jour du Dauphin est d'autant plus convaincant qu'il est rehaussé d'une interprétation au cordeau (jusqu'aux moindres seconds rôles) et que la mise en scène de Mike Nichols élude tout niaiserie mielleuse. Une oeuvre magnifique d'une humilité bouleversante, à redécouvrir d'urgence ! 

Dédicace à Goon et au Pharmacien de garde
10.10.13
Bruno Matéï

                                       

mercredi 9 octobre 2013

Prisoners

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site lyricis.fr

de Denis Villeneuve. 2013. Québec. 2h33. Avec Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis, Maria Bello, Terrence Howard, Melissa Leo, Paul Dano, Dylan Minnette.

Sortie salles France: 9 Octobre 2013. U.S: 20 Septembre 2013

FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières. 1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: An Enemy. 2013: Prisoners.


Multi récompensé avec ces derniers métrages et considéré dans son pays comme un nouveau maître du cinéma d'auteur, le québécois Denis Villeneuve s'expatrie aux Etats-Unis pour le projet d'un thriller noir de triste actualité (les enlèvements infantiles). Avec l'appui des valeurs montantes Hugh Jackman (son rôle le plus dur et viscéral) et Jake Gyllenhaal, Prisoners oscille drame psychologique et policier à suspense autour d'un dédale machiavélique. De par le judicieux prétexte d'une énigme insoluble jonchée de maigres indices, le réalisateur brosse scrupuleusement le portrait de deux hommes entêtés, délibérés à résoudre une douloureuse histoire de disparitions. Le PitchDeux familles sont déchirées par la disparition soudaine de leur enfant. Alors que l'inspecteur Loki s'évertue à rechercher les filles et retrouver un potentiel coupable, l'un des pères de familles décide d'employer une justice individuelle.

                                       

Quand on lutte contre des monstres, il faut prendre garde de ne pas devenir monstre soi-même.
Thriller éprouvant d'une efficacité optimale, à tel point que sa durée excessive de 2h30 bouleverse toute notion temporelle, Prisoners joue la carte de l'émotion ardue à privilégier l'aspect psychologique d'un script filandreux et le ressort d'un suspense exponentiel toujours plus acéré. Ainsi, à travers son énigme dérangeante inspirée des fait-divers morbides de ces dernières années, Denis Villeneuve nous plonge dans le désarroi familial, épreuve de force pour les familles accablées (leurs attentes autant que leurs craintes insupportables pour la survie de leurs rejetons), alors qu'un flicard indécis et un père renfrogné mettront tout en oeuvre pour retrouver les disparues et son coupable. Du point de vue du père irascible délibéré à martyriser le présumé coupable, Denis Villeneuve met en exergue de prime abord une réflexion sur la vengeance et la justice individuelle. Si bien que ce lynchage interminable éprouve et émeut lorsque nous sommes contraints d'assister à l'affliction d'une sentence barbare. Partagé entre le désir de savoir s'il s'agit bien du véritable assassin ou d'un simple innocent, Prisoners met à mal nos pulsions vindicatives face à notre instinct inhumain aveuglé par la colère de l'iniquité. Il nous dévoile avec un réalisme brut mais sans complaisance la face cachée de notre rancoeur capable d'extérioriser des exactions de cruauté, alors que les preuves de culpabilité émises au coupable restent infondées. Et donc en éprouvant autant d'empathie pour le père haineux, rongé à vif de douleur pour sa fille disparue, et pour le potentiel coupable, simplet mutique incapable de prononcer une syllabe, le drame qui se noue lentement déstabilise notre jugement en espérant trouver refuge vers une issue plus favorable avec l'autorité d'un flic estimable. C'est lors de sa seconde partie, un peu plus focalisée sur la remise en question de l'inspecteur hésitant, sévèrement mis à mal par les parents et la deveine, que le film  redouble d'intensité pour son suspense éprouvant en y confrontant un autre présumé coupable beaucoup plus probant. Alternant fausses pistes, indices géographiques et rebondissements fortuits, la traque inlassable culmine son point de chute vers l'inévitable résolution du meurtrier ainsi qu'une course contre la montre désespérée.


Si tu plonges longuement ton regard dans l'abîme, l'abîme finit par ancrer son regard en toi...
Dominé par les prestations pugnaces de Hugh Jackman (saisissant de hargne en justicier intolérable) et de Jake Gyllenhaal (flegmatique et boiteux en flic studieux mais toujours plus endurant), Prisoners  renouvelle les codes du thriller avec brio d'une mise en scène au cordeau, intelligence des thématiques abordées et dimension humaine poignante. La mécanique de son suspense infaillible nous éprouvant les nerfs avec une intensité d'autant plus fragile qu'elle traite d'un thème d'actualité inquiétant, la disparition d'enfants et leur traitement infligé. Cafardeux, hypnotique et bouleversant, Prisoners ne vous laisse pas une seconde de répit jusqu'à son ultime image elliptique.

*Bruno
09.10.13


mardi 8 octobre 2013

La Belle et la Bête. Prix Louis Delluc, 1946

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Jean Cocteau. 1946. France. 1h34. Avec Jean Marais, Josette Day, Michel Auclair, Mila Parély, Nane Germon, Marcel André, Raoul Marco, Jean Cocteau, Christian Marquand.

Sortie salles France: 29 Octobre 1946. U.S: 23 Décembre 1947

FILMOGRAPHIE: Jean Cocteau est un réalisateur, dessinateur, poète, graphiste, dramaturge français, né le 5 Juillet 1889 à Maisons-Laffitte, décédé le 11 Octobre 1963. 1930: Le Sang d'un Poète. 1946: La Belle et la Bête. 1948: l'Aigle a 2 têtes. 1948: Les Parents Terribles. 1950: Orphée. 1960: Le Testament d'Orphée.


“Lorsque vous lui ouvrez la porte, la magie est partout.”
Chef-d'oeuvre mythique du cinéma français, La Belle et la Bête était déjà entrée au panthéon des contes légendaires sous la plume de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont dans son classique homonyme publié en 1757. De par l'ambition formelle du poète Jean Cocteau, cette version cinématographique se joue du trucage de prestidigitation et du maquillage afin de matérialiser l'histoire d'amour féerique entre une bête humaine et une belle candide. Le pitch: Afin de sauver son père d'une inévitable sentence, une jeune fille est contrainte de partir à la rencontre de la bête, seigneur mi-homme mi-animal vivant reclus dans un immense château. Ce dernier tombe subitement amoureux de la Belle ! Peu à peu, une relation affectueuse se noue entre eux ! Conte universel sublimant les thèmes de la virginité de l'âme, du droit à la différence, de la duperie des apparences ainsi que de la rédemption de l'amour, La Belle et la Bête  perdure son pouvoir ensorcelant d'onirisme baroque sous la direction d'un cinéaste à son apogée. 


Car en technicien circonspect, Jean Cocteau croit tant à la puissance de ses images picturales qu'une inévitable aura fantasmatique s'y dégage. Et si la candeur de ces plages poétiques atteignent une telle intensité irréelle, elle le doit notamment à l'interprétation transie de fragilité de Jean Marais. L'acteur livrant également un triple rôle de personnages contradictoires dans leur démarche autoritaire à daigner conquérir une dulcinée. Mais c'est inévitablement dans la peau de la Bête que l'acteur maquillé transcende une charge émotionnelle en demi-teinte pour son amour voué à la Belle. Débordant d'affection pour cette jeune inconnue mais prisonnier de sa propre apparence monstrueuse, la Bête est contrainte d'escompter la réponse de sa bien-aimée dans un espoir élégiaque d'une rare puissance expressive. Beauté pastel incarnant la douceur la plus ténue, Josette Day lui offre la réplique avec l'élégance sensuelle d'une âme innocente. D'abord réticente à sa proposition insensée (une demande de mariage contre la vie de son père !), la Belle va peu à peu apprendre à connaître la Bête, comprendre sa fougue mais aussi son désarroi des sentiments en faisant fi de sa laideur corporelle. Leur incroyable destin se condensant à l'acuité de l'amour capable d'amadouer l'agressivité du monstre le plus indomptable.


Il était une fois.....
Baignant dans un esthétisme monocorde à l'architecture baroque, La Belle et la Bête fait véritablement office d'ovni insolite à travers sa variation sur la catharsis de l'amour capable de convertir l'être le moins influent. Au delà de son imagerie foisonnante où la féerie atteint une dimension hors norme, le duo d'amants maudits formé par Jean Marais et Josette Day reste sans nulle doute l'un des plus beaux couples de l'histoire du cinéma. Et rien que pour leur présence à la fois irréelle et fantasmagorique, la Belle et la Bête est à voir et à revoir pour en saisir toute son essence difficilement descriptible par les mots. 

*Bruno Matéï

La critique d'un autre ovni aussi fantasmatique : http://brunomatei.blogspot.fr/2012/11/la-belle-et-la-bete-panna-netvor-prix.html

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Le Blu-ray est un miracle formel !

lundi 7 octobre 2013

THE WAY, LA ROUTE ENSEMBLE

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site aceshowbiz.com

de Emilio Estevez. 2010. U.S.A/Espagne. 2h01. Avec Martin Sheen, Emilio Estevez, Deborah Kara Unger, Yorick van Wageningen, James Nesbitt.

Sortie salles France: 25 Septembre 2013. Canada: 10 Septembre 2010. U.S: 7 Octobre 2011. Espagne: 19 Novembre 2010

FILMOGRAPHIE: Emilio Estevez est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 12 Mai 1962 à New-York.
1986: Wisdom. 1990: Men at Work. 1996: The War at home. 2000: Classé X. 2005: Culture Clash in AmeriCCa. 2006: Bobby. 2010: The Way.


Venant d'apprendre la mort de son fils durant un pèlerinage, un père décide d'accomplir le même trajet de dévotion afin de justifier son décès. 

Récit initiatique sur l'accomplissement de soi, l'espoir et la foi en l'âme, The Way est une odyssée humaine inscrite dans la plénitude. Une randonnée pédestre de 800 kms parcourue par quatre pèlerins à travers la France et l'Espagne. Acteur notoire de second rôle dans les années 80, Emilio Estevez (fils de Martin Sheen) endosse la fonction de réalisateur pour mettre en exergue ce projet personnel qui lui tenait à coeur. Mettre en scène son propre père alors que Martin Sheen avait déjà effectué un pèlerinage en compagnie de son petit fils. C'est d'ailleurs Taylor Estevez, fortement marqué par ce périple spirituel, qui lança l'idée à son père d'en concrétiser un long-métrage.
C'est avec une grande simplicité qu'Emilio Estevez nous retrace l'odyssée mystique d'un père endeuillé, profondément marqué par la disparition soudaine de son fils de 40 ans. Souvent sujet à des opinions de divergence, les deux hommes entretenaient peu de rapports courtois. Aujourd'hui accablé par la douleur, Thomas Avery décide à son tour de reprendre le même cheminement après avoir récupérer les cendres de son fils pour les déposer au lieu-dit. Au fil de son long voyage, cet ophtalmologiste un peu bourru va parcourir nombre de kms parmi l'entremise de trois autres pèlerins tout aussi méditatifs et indécis.


Leçon de vie, hymne à la beauté immaculée de la nature, The Way s'érige en aventure cosmopolite durant ces rencontres fortuites avec son lot de citadins éclectiques. Une longue marche pédestre émaillée d'improvisations, quiproquos et déboires auquel quatre aventuriers vont tenter de regagner leur dignité. Avec pudeur et bonhomie sincère, Emilio Estevez réussit à rendre attachante cette quête initiatique sans pathos et avec l'intégrité de protagonistes perfectibles.
Outre le jeu dépouillé des comédiens, c'est bien évidemment la présence notable de Martin Sheen qui prodigue le souffle lyrique octroyée à cette randonnée. A travers ses yeux renfrognés de paternel vieillissant, le comédien insuffle une humanité fragile davantage gagnée par la conviction de son engagement mais aussi la fraternité de ces camarades.


Vivre libre
Entrecoupé de tubes mélodiques, The Way surprend par le ton de sa simplicité et l'émotion qu'il finit par engendrer au fil de son cheminement spirituel. Parfois touché par une grâce céleste (l'incroyable séquence de recueillement dans la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle nous ébranle le coeur par son improvisation émotionnelle !) et privilégié par un quatuor de comédiens attachants, The Way est une épopée qui rassemble, éloge humaniste à la tolérance et au respect de soi. 
Beau à en pleurer.

A mon frère de coeur Pascal...
07.10.13
Bruno Matéï

La critique de mon ami Gilles Rolland http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-the-way-route

vendredi 4 octobre 2013

BERBERIAN SOUND STUDIO. Prix Spécial du Jury, Prix de la Critique à Gérardmer, 2013

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site wildside.fr

de Peter Strickland. 2012. Angleterre. 1h32. Avec Toby Jones, Tonia Sotiropoulo, Susanna Cappellaro, Cosimo Fusco.

Sortie salles Royaume-Uni: 28 Juin 2012

Récompenses: 2013: Prix spécial ex-æquo du Jury au Festival du film fantastique de Gérardmer.
2013: Prix de la critique au Festival du film Fantastique de Gérardmer.
2012: Mention spéciale du jury au Festival international du film de Catalogne.
2012: British Independent Film Award du meilleur film, du meilleur acteur pour Toby Jones, meilleure production, meilleur technicien
2013: London Film Critics Circle Awards: Film britannique ou irlandais de l'année, Acteur britannique de l'année
2013: Evening Standard British Film Awards: Meilleur acteur pour Toby Jones

FILMOGRAPHIE: Peter Strickland est un réalisateur et scénariste anglais, né en 1973 à Reading, Berkshire, en Angleterre.
2009: Katalin Varga. 2012: Berberian Sound Studio.


Comment établir une opinion objective quand on se retrouve confronté à une expérience imbitable ? Mise en abyme du milieu du cinéma, Peter Strickland souhaite rendre hommage à ces bruiteurs de films d'exploitation à travers le portrait d'un sexagénaire timide et introverti, venu exercer auprès d'un studio précaire de l'Italie. De toute évidence, le réalisateur est indéniablement nostalgique de l'époque des années 70 où fleurissaient les premiers giallos et l'ascension d'un Argento en pleine expérimentation avec son opéra lyrique Suspiria. Pour preuve, le film se situe à cette période charnière où les tueurs gantés violaient les femmes à l'aide d'un couteau acéré et se focalise sur un pitch occulte à base de sorcières et de prêtres inquisiteurs. Fourmillant de détails techniques sur la manière dont les bruitages sont façonnés par les ingénieurs du son et où les actrices néophytes tentent de doubler des hurlements stridents, Berberian Sound Studio dévoile l'envers du décor à l'instar d'un livre de cuisine. Puisqu'ici, les légumes y occupent une place éloquente, comme le fait de simuler à l'aide d'un chou-fleur ou d'une pastèque le son d'une lame de couteau pénétrant la chair humaine. Au milieu de cette hiérarchie destructurée par des cinéastes véreux et lubriques, notre bruiteur Gilderoy semble déboussolé à élaborer tous ces bruitages hostiles. Au fil des synchronisations, leur intonation horrifique s'avère si dérangeante et récurrente qu'il commence à perdre pied avec la réalité. Victimes d'hallucinations (ou d'une machination exercée par une troupe de techniciens perfides), Gilderoy semble se fondre avec l'illusion de la toile blanche pour se perdre à jamais dans l'abyme du silence.


Si un bonne partie du public risque de décrocher devant cette expérience hermétique, languissante, voire rébarbative, le soin alloué à sa mise en scène travaillée, le jeu des éclairages contrastant avec une superbe photo sépia, la reconstitution rétro du studio et l'alchimie inquiétante des comédiens inconnus nous rappellent les beaux jours d'un cinéma pragmatique épris de singularité. Qui plus est, à travers cette scénographie peu exploitée au cinéma, une ambiance lourde s'y détache avec une aura insolite prégnante où fiction et réalité succombent à s'uniformiser !


A vous de juger si Berberiand Sound Studio mérite les louanges qu'il a pu recevoir dans certains festivals et si cette leçon de cinéma impartie à la synchronisation du doublage et des bruitages s'avère aussi adroite et dialectique. De toute évidence, un second visionnage devrait être fructueux (du moins pour mon compte personnel !) afin de mieux déceler les tenants et aboutissants du cinéaste auteurisant. Au cas où, je revendrais plus tard avec une opinion plus tranchée...

04.10.13
Bruno Matéï

mercredi 2 octobre 2013

3096

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinebel.be

de Sherry Hormann. 2012. Allemagne. 1h51. Avec Thure Lindhardt, Antonia Campbell-Hughes, Amelia Pidgeon, Trine Dyrholm, Vlasto Peyitch.

Sortie salles Autriche: 25 Février 2013. Allemagne: 28 Février 2013

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sherry Hormann est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né en 1960 à Kingston, New-York, U.S.A.
1994: Frauen sind was Wunderbares. 1996: Fête des pères. 1998: Widows. 1998: Die Cellistin. 2001: Private Lies (télé-film). 2002: My Daughter's Tears. 2003: Le Merveilleux Noël de Lena (télé-film). 2004: Männer wie wir. 2007: Helen, Fred et Ted (télé-film). 2009: Fleur du Désert. 2012: Anleitung zum Unglücklichsein. 2013: 3096



Récit authentique du célèbre kidnapping de Natascha Kampusch, jeune fille autrichienne enlevée par un ravisseur à l'âge de 10 ans, puis épargnée de son calvaire après 3096 jours de captivité, ce drame éprouvant est transposé ici avec refus de voyeurisme dans sa volonté de retransmettre sans complaisance l'affliction d'une victime juvénile soumise à un sociopathe. Dans une chronologie elliptique, le réalisateur décrit avec réalisme blafard le calvaire de Natascha dès le jour de son enlèvement, c'est à dire le 2 mars 1998, jusqu'à sa liberté retrouvée à sa majorité le 23 Août 2006. Se raccrochant au témoignage de la véritable Natascha Kampusch répertorié dans son livre autobiographique, le film s'évertue à fidèlement reconstituer ses écrits en insistant sur les rapports étroits (parfois même amicaux !) que le couple finissait par entretenir.


Ce qui frappe d'entrée avec ce huis-clos aussi étouffant que dérangeant, c'est la rigueur de sa mise en scène épurée réfutant la moindre fioriture pour coller au plus près de la réalité, renforcée par la sobriété des comédiens étonnants de vérité. Superbement dessinés, Sherry Hormann leur accorde une attention circonspecte afin de mettre en exergue les rapports dysfonctionnels de la victime et du bourreau. Pour incarner la fragilité d'une adolescente famélique soumise à l'humiliation, le viol et les châtiments corporels, Antonia Campbell-Hughes retransmet avec fragilité son désarroi quotidien à devoir se réfugier dans un cachot en tolérant l'autorité castratrice d'un misogyne sexuellement refoulé. Avec son regard glaçant d'austérité et sa posture impassible, Thure Lindhardt incarne un tortionnaire avide de prépondérance afin de réduire à l'asservissement sa victime démunie. Littéralement transi de frustration irascible face à la gente féminine, l'acteur insuffle un jeu cynique d'autorité sadienne afin de mieux dissuader sa proie à s'échapper. Enfin, durant son 1er acte d'embrigadement, il faut souligner l'incroyable justesse de la petite Amelia Pidgeon, endossant avec un naturel impressionnant celle d'une fillette candide livrée à une claustration de longue haleine. Ces châtiments intentés tels que la privation de nourriture et la violence punitive nous plongent dans une dérive psychologique difficilement supportable.


En jouant la carte de l'émotion prude et du refus du sensationnalisme, 3096 s'érige en témoignage bouleversant pour retracer le calvaire inlassable d'une adolescente aussi découragée (sa tentative de suicide afin de mettre un terme à son isolement) que combative (ses tentatives d'évasion). Les rapports troubles qu'elle entretenait avec son ravisseur rajoute une aura insolite à cette séquestration auquel le jeu subtil des comédiens puise toute sa force émotionnelle. 
Pour clore, si quelqu'un peut m'expliquer pour quelle raison ce témoignage fidèlement respectueux, approuvé par la véritable Natascha Kampusch, s'est honteusement retrouvé banni de nos écrans français !

La critique de Loic Bugnon: http://www.grimmovies.com/2013/10/20/3096-sherry-hormann-2012/

Dédicace à Jenny Winter
02.10.13
Bruno Matéï

mardi 1 octobre 2013

OVER THE TOP (le Bras de Fer)

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site dbcovers.com

de Menahem Golan. 1987. U.S.A. 1h33. Avec Sylvester Stallone, Robert Loggia, Susan Blakely, Rick Zumwalt, David Mendenhall, Chris McCarty.

Sortie salles France: 8 Avril 1987. U.S: 13 Février 1987

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Menahem Golan est un producteur, réalisateur, scénariste et acteur israélien, né le 31 Mai 1929 à Tibériade (Palestine mandataire).
1977: Operation Thunderbolt. 1984: Over the Brooklyn Bridge. 1986: Delta Force. 1987: Over the Top. 1990: Mack the Knife. 2006: Rikod Mesokan.


1987 est une année déclinante pour la star notoire Sylvester Stallone car après son modeste succès commercial Cobra, Over the Top se solde comme le plus sévère échec de sa carrière. Un an plus tard, le 3è volet de Rambo suit la même pente régressive (Razzie Award à l'appui !) même si on s'éloigne du fiasco antécédent. Réalisé par Menahem Golan, spécialiste de l'actionner bourrin décérébré (Delta Force), affilié à son cousin producteur Yoran Globus, Over the Top fait surtout la part belle aux bons sentiments dans les rapports conflictuels entre un routier divorcé et son jeune fils dont la garde lui a été soutiré par un grand-père cupide. Après 10 ans d'absence, sous la recommandation de son ex femme mourante, Lincoln Hawk doit renouer les liens familiaux avec Michael Cutler, rejeton capricieux et impétueux couvé par une existence bourgeoise. En parallèle, notre routier s'envisage de concourir au championnat de bras de fer afin de pouvoir acquérir un camion mais aussi prouver à son jeune fils qu'il n'est pas le raté que l'aïeul avait toujours prétendu.


A grand renfort de clichés sirupeux, de morale bien pensante et de cabotinage d'acteurs, Over the Top tente de nous émouvoir avec cette cohésion parentale entretenue entre un prolétaire au grand coeur et son jeune fils plein d'orgueil. Afin de ne pas occulter les fans de l'illustre star du cinéma d'action des eighties, Menahem Golan et Stallone himself (puisque notamment assisté au poste de co-scénariste), imaginent la trouvaille originale d'une compétition de bras de fer afin d'enchérir encore vers le milieu sportif où la rivalité des affrontements (dialogues impayables à l'appui !) culmine sa trajectoire vers un dernier combat plutôt intense.
Et le miracle de se produire ! Car grâce à la bonhomie irrésistiblement attachante de Sly, cette série B triviale réussit avec modeste efficacité à se dépêtrer d'une intrigue prévisible pour mettre en valeur les les rapports humanistes de la filiation parentale. A l'aide de chansons entraînantes et du score rétro de Gorgio Moroder, Over the Top attise donc la sympathie dans son dosage d'action et d'émotion, tout en véhiculant les valeurs sociales fondées sur la volonté de la réussite et le désir de transcender ses doutes. Si le marmot aux yeux bleux cabotine à n'en plus finir dans ses crises de colère intolérantes, Sylvester Stallone réussit à lui imposer son autorité avec l'éthique d'un père imparfait mais dévoué à enseigner le privilège de la victoire.


Real steel
Terriblement naïf, désuet et bourré de bons sentiments, Over the Top est l'exemple type du divertissement calibré, préalablement conçu sur la notoriété de son icône d'action. Sauvé par la présence pleine d'humilité de Sylvester Stallone, cette odyssée humaine insuffle abondamment une émotion candide et rehausse l'intensité des enjeux vers un point d'orgue spectaculaire.

01.10.13. 3èx
Bruno Matéï

    vendredi 27 septembre 2013

    UN ETE POURRI (The Mean Season). Grand Prix à Cognac.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

    de Philip Borsos. 1985. U.S.A. 1h44. Avec Kurt Russel, Mariel Hemingway, Richard Jordan, Richard Masur, Richard Bradford, Joe Pantoliano, Andy Garcia, William Smith.

    Récompenses: Grand Prix spécial TF1 à Cognac, 1986
    Prix du Public, 1986

    Sortie salles France: 24 Juillet 1985. U.S: 15 Février 1985

    FILMOGRAPHIE:  Philip Borsos est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 5 Mai 1953 à Hobart (Australie), décédé le 2 Février 1995 à Vancouver (Canada).
    1976: Cooperage. 1977: Spartree. 1979: Nails. 1982: The Grey Fox. 1985: Un Eté pourri. 1985: One Magic Christmas. 1990: Bethune: The Making of a Hero. 1995: Loin de la maison.


    Thriller occulté de nos jours alors qu'il fut en 1986 couronné du Grand Prix et celui du Public à Cognac, Un Eté pourri est le seul film reconnu en France par le cinéaste Philip Borsos. Décédé en 1995, ce jeune réalisateur laisse derrière lui un petit thriller retors rondement mené auquel l'interprétation de Kurt Russel, en journaliste susceptible, et celle de Richard Jordan, en serial killer aussi patibulaire que goguenard, doivent beaucoup au caractère intense de leur confrontation.
    Un journaliste devient l'instrument d'un serial-killer afin que ce dernier puisse accéder à une certaine notoriété auprès des médias et du public. 


    D'après le roman In the Heat of the Summer de John Katzenbach, Un Eté Pourri est érigé sous le moule de la série B avec sagacité dans son scénario équivoque mettant en exergue les rapports troubles qu'un jeune journaliste doit entretenir avec un tueur en mal de renommée. Réflexion sur la quête de célébrité et le rapport cynique du journalisme à sensations, Philip Borsos confronte un duel haletant entre deux rivaux contraints de collaborer sous les feux des projecteurs. Alors que ce reporter commence à gagner une popularité grandissante auprès des médias, le tueur inconsidéré décide de prendre sa revanche sur son orateur afin de pouvoir renouer avec sa célébrité. Face à cette trahison, quoi de plus perfide que de mettre en place une une stratégie accès sur l'esprit de provocation et le rapt d'un otage. Dans ce jeu de duperie auquel leur rapport malsain est toujours plus étroit, c'est une course poursuite endiablée que le journaliste va devoir finalement entamer afin de retrouver ATTENTION SPOILER sa femme en vie. FIN DU SPOILER. Efficacement réalisé et surtout interprété avec dextérité par deux comédiens inflexibles, Philip Borsos alterne étude de caractères, meurtres en série et action trépidante dans une dernière partie riche en rebondissements. Avec un certain réalisme et l'effet de suggestion, il n'oublie pas de renforcer le caractère crapuleux de son intrigue vis à vis des crimes lâchement exécutés par un tueur sans vergogne. A l'image de cette séquence éprouvante auquel un bébé en larmes est retrouvé aux abords d'une forêt sous une pluie torrentielle alors que sa mère vient d'être découpée en morceaux !


    En privilégiant la psychologie ambivalente de deux adversaires confrontés à l'ascension de la popularité, Philip Borsos redouble d'efficacité pour mettre en exergue leur rivalité possessive. Dominé par la présence indéfectible de Kurt Russel, ce solide thriller est notamment pourvu d'une atmosphère blafarde (la ville de Miami risque à tous moments d'être balayée par un ouragan !) que n'aurait pas renié Seven

    27.09.13. 3èx
    Bruno Matéï


    jeudi 26 septembre 2013

    Isolation. Grand Prix, Gérardmer 2006.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Billy O'Brien. 2005. Irlande/Angleterre/U.S.A. 1h35. Avec John Lynch, Essie Davis, Ruth Negga, Sean Harris, Marcel Lures, Crispin Letts, Stanley Townsend.

    Sortie salles France: 7 Juin 2006

    FILMOGRAPHIE: Billy O'Brien est un réalisateur irlandais.
    2005: Isolation. 2014 : Scintilla (The Hybrid). 2016 : I Am Not a Serial Killer


    Premier long-métrage du réalisateur irlandais Billy O'Brien, Isolation sort vainqueur de Gérardmer en remportant le prestigieux Grand Prix et celui de la critique. Influencé par Alien et The Thing, mais sans jamais prétendre les plagier, cette série B horrifique redouble d'efficacité dans une structure narrative imparable alliant suspense anxiogène, intensité éprouvante, terreur diffuse. Le Pitch: Dans une ferme, un agriculteur et son ex femme sont confrontés à une menace biologique d'un genre nouveau. Celle d'une mutation génétique fécondée par l'une de leur vache. Huis-clos étouffant régi en interne d'une ferme isolée, Isolation ne perd pas de temps pour immerger le spectateur lors d'une séquence d'accouchement aussi dérangeante qu'ultra réaliste. Si bien qu'un agriculteur et une vétérinaire tentent désespérément d'extraire du ventre de sa mère un veau. Mais suite à des manipulations génétiques expérimentées par l'homme, cette génisse y enfante un foetus difforme. Et ce dernier de produire à son tour 6 nouveaux embryons dans l'estomac de sa mère ! Ainsi, dans un climat à la fois humecté et insalubre où le peu de clarté s'avère ternie par la nuit, nos 2 fermiers, un scientifique et un jeune couple en escapade tenteront de se débarrasser d'une créature belliqueuse particulièrement insidieuse. Or, le problème avec cette nouvelle menace inconnue c'est qu'elle grossit rapidement après s'être nourrie de sang auprès de son hôte et qu'elle réussit par la même occasion à se démultiplier afin de propager une contamination. 


    Pire encore, l'embryon est capable de corrompre des cellules humaines à partir d'une simple morsure et ainsi provoquer une future mutation chez l'homme ! Ce scénario catastrophe alarmiste, Billy O'Brien le retransmet avec souci de vérité et du détail scientifique. Epaulé de la sobriété de comédiens à la dimension humaine en désarroi (pour ne pas dire dépressive), Isolation distille une angoisse infiniment oppressante (juqu'au malaise viscéral) face à des situations inopinées toujours plus embarrassantes. Sa réalisation habile exploitant parfaitement les recoins glauques de son décor industriel (notamment un jeu contrasté d'éclairage limpide) et la manière pertinente dont le réalisateur structure l'embryon provoquant inévitablement l'effroi proprement dérangeant pour le spectateur incommodé par tant de visions à la fois horrifiantes, cauchemardesques, fétides. Sa morphologie indescriptible et son instinct de survie à se planquer dans les recoins insalubres distillant un suspense métronome auquel l'intensité des enjeux progressera d'un échelon vers son point d'orgue crucial. Sans esbroufe, le film joue donc la carte de l'ultra réalisme clinique en suscitant une appréhension anxiogène car il fait notamment appel à la peur contemporaine des manipulations génétiques. C'est à dire le fait d'oser intégrer des gènes étrangers, animaux ou végétaux, dans le corps d'un membre d'une espèce distincte, ou encore d'y altérer les gènes d'un organisme afin de l'améliorer et de le rendre plus rentable.

     
    Un mutant à la ferme
    A partir d'un canevas éculé, Billy O'Brien réinvente le huis-clos claustro et la menace animale avec une efficacité effroyablement implacable. Le caractère parano des protagonistes livrés à une épreuve de force impitoyable accentuant le côté docu-vérité de cette horreur viscérale auquel un monstre hybride aura décidé d'annihiler notre monde. Sa physionomie squelettique, sorte de lombric élaboré à partir d'os broyés et de viscères y transcende une oeuvre littéralement glauque, inquiétante, cauchemardesque de par la puissance de ses images crapoteuses terriblement dérangeantes... ad nauseam. Surtout lorsque l'on a affaire à une horreur écolo impartie à la cause bovine soumise à la mégalomanie de l'homme vénal.  
    Pour Public averti.

    *Bruno

    26.09.13.
    04.08.23. 3èx

    Récompenses: Grand Prix à Gérardmer, 2006
    Prix de la Critique à Gérardmer, 2006

    Screamfest 2006 :

    Meilleur film

    Meilleure actrice Essie Davis

    Meilleur réalisateur Billy O'Brien

    mercredi 25 septembre 2013

    Deadgirl

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    de Marcel Sarmiento et Gadi Harel. 2008. U.S.A. 1h41. Avec Shiloh Fernandez, Noah Segan, Michael Bowen, Candice Accola, Andrew DiPalma, Eric Podnar, Nolan Gerard Funk, Christina Blevins

    Sortie salles France: 31 Janvier 2009 (DTV). U.S: 19 Septembre 2008

    FILMOGRAPHIE: Marcel Sarmiento est un réalisateur, acteur, producteur, scénariste américain. 2003: It's better to be wanted for murder than not to be wanted at all. 2007: Toi, moi... et mon chien. 2008: Deadgirl.  2012: The ABCs of Death. Gadi Harel est un réalisateur et scénariste israélien, né le 16 Mai 1971. 2002: Operation Midnight Climax. 2008: Deadgirl (Co-réalisateur)


    Teen movie au vitriol sorti directement en Dtv dans nos contrées, Deadgirl est un ovni putrescent difficilement digérable par son absence d'empathie pour les protagonistes et cette provocation jusqu'au-boutiste d'y distiller un malaise de manière irresponsable. Pour l'anecdote, le film est tiré d'un scénario de Trent Haaga, ancien membre de l'écurie déjantée Troma à qui l’on doit notamment Toxic Avenger 4 ainsi que de nombreux caméos dans diverses productions de la firme.

    Le Pitch: Dans les sous-sols d'un hôpital abandonné, deux adolescents découvrent un cadavre humain dévêtu. Surgie de nulle part, cette femme en voie de putréfaction est une zombie enchaînée sur une table d'opération. Comment est arrivé ce cadavre moribond, par qui et depuis quand ? On ne le saura jamais ! De la même façon que ce chien cerbère surveillant les alentours comme s'il était voué à la protéger. L'un des deux étudiants décide alors de la violer et sombre dans le culte de la perversion. 

    A la sortie de la projo de Deadgirl, il est un peu rigoureux de dévoiler ses chaudes impressions tant l'expérience immorale semble dénuée de raisonnement auprès des motivations putassières d'une bande de teenagers décomplexés. Avec une volonté évidente de choquer le spectateur et de l'entraîner dans un bad trip atypique (la situation de séquestration avec un cadavre mourant reste inédite dans les annales du Zombie movie), Marcel Sarmiento et Gadi Harel n'hésitent aucunement à renchérir dans le sordide à nous immerger au sein de leurs exactions sexuelles. 


    Un gang-bang volontiers émétique à travers leurs échanges sexuels avec une esclave zombie. Epaulé d'une photo blafarde et de décors rubigineux, Deadgirl convoque donc un malaise persistant à nous étaler les états d'âme véreux d'une bande d'ados écervelés, influencés par les penchants nécrophiles de leur leader. Seul, l'acolyte de ce dernier restera l'élément le moins corruptible, parce que le plus sensé, bien qu'indécis à affirmer son refus d'obtempérer et extérioriser ces remords de culpabilité. Vivant reclus dans son foyer familial parmi l'absence récurrente de sa mère et la présence inhospitalière de son beau-père alcoolique, Rickie rêve de conquérir une lycéenne inabordable, puisque déjà sentimentalement engagée avec une "terreur" du lycée. Embarqué dans cette sordide histoire de viol collectif et incapable d'exprimer une autorité persuasive, le jeune garçon se réfugie après les cours dans les bas-fonds du sous-sol hospitalier pour témoigner d'abus sexuels nécrophiles. Ainsi, le climat nauséeux tangible qui y règne, l'ambiance de claustration qui émane de cette pièce calfeutrée auquel les lycéens s'y sont embrigadés nous convoquent un sentiment d'impuissance et de voyeurisme malsain. Sans issue de secours, les réalisateurs perdurent l'épreuve de force immorale avec parfois une ironie sardonique déconcertante (la tentative des deux étudiants de kidnapper une fille stoïque sur un parking) jusqu'à une conclusion nihiliste réfutant la rédemption de l'amour. On sort donc de l'expérience incongrue aussi étrangement fasciné qu'éprouvé avec le sentiment amer d'avoir participer à un délire scabreux dénué d'éthique.


    l'Amour à Mort
    Sous couvert de frustration sexuelle, de remise en question morale et d'émoi amoureux, Marcel Sarmiento et Gadi Harel traitent du malaise adolescent avec un parti-pris aussi radical que profondément dérangeant. Deadgirl s'apparentant alors à un Teen-movie nécrosé, véritable cauchemar existentiel d'une jeunesse dépravée totalement larguée par la décence de la tendresse sentimentale. Quoiqu'on en dise, l'expérience inquiétante a le mérite d'y réfuter les conventions standards de l'entertainment pour revendiquer son triste constat immoral en nous plongeant dans les abysses d'une horreur fétide difficilement oubliable.
    A découvrir avec précaution...

    *Bruno
    25.09.13. 
    15.01.24. 3èx

    mardi 24 septembre 2013

    CURSE OF CHUCKY

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site bloody-disgusting.com

    de Don Mancini. 2013. U.S.A. 1h33. Avec Brad Dourif, Fiona Dourif, Danielle Bisuttin, A Martinez, Brennan Elliott, Chantal Quesnelle, Kevin Anderson.

    Sortie salles France: 1er Novembre 2013 (DTV). U.S: 8 Octobre 2013 (DTV)

    FILMOGRAPHIE: Don Mancini est un scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 25 Janvier 1963.
    2004: Le Fils de Chucky
    2013: Curse of Chucky



    9 ans ! C'est le temps qu'il aura fallu à Chucky pour remonter les marches et se refaire une santé vers nos salles obscures, ou plutôt devant la lucarne de notre téléviseur puisque Curse of Chucky est directement passé par la trappe DTV ! Au vu du résultat désastreux du produit, on comprends aisément qu'une exploitation au cinéma aurait été une sacré prise de risque, voir un suicide commercial imparable. Alors pourquoi ce Dtv réalisé par le scénariste attitré de la saga, Don Mancini, (déjà responsable de l'excellent l'opus précédent, le Fils de Chucky), se vautre dans la banalité avec une telle insignifiance ? A cause d'un scénario inepte affligeant de bêtise, de comédiens stéréotypés dénués de toute psychologie et se situations rebattues de plus en plus lassantes.


    Si le prologue futilement plaisant et son générique techniquement retors annonçait une éventuelle série B sympathique, la suite des évènements va prendre une tournure toujours plus conventionnelle quand Don Mancini tente de distiller un suspense lattent avant d'escompter les prochaines exactions de notre poupée de sang ! (la séquence du souper empoisonné s'avère un bon exemple pour la science de son intensité attendue !).
    En guise de deuil, et avec l'aimable présence d'un prêtre, un trio d'amants vient rendre visite à Nica, jeune célibataire impotente vivant recluse parmi l'assistance de sa mère. Mais un mystérieux colis laissé par le facteur va transformer leur paisible existence en canular cauchemardesque !
    Durant 45 minutes, on tente de s'attacher à nos personnages dans le huis-clos restreint de cette demeure familiale auquel une soeur cupide tente de négocier à son aînée handicapée la revente de la maison familiale depuis le décès accidentel de leur mère. Pour accentuer le côté manipulateur de la mégère, celle-ci fornique avec une femme de ménage topless ATTENTION SPOILER !!! alors que son mari suspicieux a déniché une trouvaille ingénieuse pour la surveiller (planquer une mini caméra dans la poche de vêtement de Chucky !). FIN DU SPOILER
    Ce genre d'idées inutiles, Curse of Chucky en regorge, à l'instar de l'étroite relation que le réalisateur souhaite raccorder avec le premier volet de la saga initiée par Tom Holland. Avec une certaine prétention et refus d'ironie mordante, le réalisateur improvise une filiation parentale afin de justifier les nouvelles motivations vindicatives de Chucky, mais aussi démystifier l'handicap corporel de notre héroïne. Et à se prendre trop au sérieux, ce Dtv trivial est donc plombé par une quasi absence de délire sardonique et la fadeur de quelques meurtres routiniers, à deux exceptions près ! (ATTENTION SPOILER !!! la mort du prêtre et celle du mari FIN DU SPOILER). Même son épilogue à tiroirs, clins d'oeil caustiques aux deux récents épisodes, ne fait preuve d'aucune originalité pour tenter de nous surprendre avec l'apparition d'une icone sexuelle ! Sans vouloir faire preuve de mauvaise foi, j'ajoute enfin que notre poupée molle du genou fait ici pâle figure car elle semble fatiguée à daigner commettre ses nouveaux forfaits (le caractère haletant des dernières altercations est dénué de toute intensité) tout en tentant d'inculquer sa doctrine auprès d'une fillette (le rejeton docile de la soeur infidèle).  


    Out of order
    Par son absence totale de suspense, d'originalité, de terreur et de rythme alerte, Curse of Chucky s'avère le plus mauvais épisode de la saga, d'autant plus desservi par une facture télévisuelle blafarde (la plupart des séquences se déroulant le plus souvent dans une lumière nocturne). Et il faudra sans doute faire preuve d'indulgence pour trouver l'ensemble distrayant.

    24.09.13
    Bruno Matéï