lundi 13 janvier 2014

LA BATAILLE DE LA PLANETE DES SINGES (Battle for the Planet of the Apes)

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Jack Lee Thompson. 1973. U.S.A. 1h30. Avec Roddy McDowall, Claude Akins, Natalie Trundy, Severn Darden, Lew Ayres, John Huston, Paul Williams, Austin Stoker.

Sortie salles France: 2 Août 1973. U.S: 15 Juin 1973

FILMOGRAPHIE: Jack Lee Thomson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada).
Avec 47 longs-métrages, le cinéaste a abordé tous les genres avec plus ou moins de bonheur dont certains font office de chef-d'oeuvre. On peut citer à titre d'exemples Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, la Conquête de la planète des singes, la Bataille de la Planète des singes, le Bison Blanc, l'Empire du Grec, Monsieur St-Yves, Passeur d'hommes et Happy Birthday (son unique incursion dans le slasher). Enfin, il est notamment responsable de la saga des justiciers avec l'aimable complicité de son acteur fétiche Charles Bronson (Le Justicier de Minuit, l'Enfer de la Violence, la Loi de Murphy, le Justicier braque les dealers, le Messager de la mort et Kinjite, sujets tabous).


"Au commencement, Dieu créa la bête et l'homme pour que tous deux vivent en amis et se partagent un monde en paix. Mais, avec le temps, l'homme trahit la confiance de Dieu. Bravant la volonté divine, il livra des guerres sanglantes non seulement contre sa propre espèce, mais aussi contre les singes, qu'il réduisit en esclavage. Jusqu'au jour où ces derniers furent doués du langage !"

Dernier chapitre d'une saga inégale mais oh combien fascinante, la Bataille de la planète des singes s'achève de manière anecdotique pour illustrer le dernier conflit guerrier qui opposa civils et primates. Au sein de sa communauté, César tente d'établir un havre de paix parmi une poignée de survivants humains et en dépit de l'opposition drastique du gorille Aldo. Quand bien même une milice de mutants rescapés de l'holocauste nucléaire décide de leur déclarer la guerre.


Efficacement mené, la Bataille de la Planète des singes joue essentiellement la carte du divertissement modeste à travers son alliage d'affrontements guerriers et de rivalités humaines où la violence des armes riposte à la réflexion pacifiste. Jack Lee Thompson comptant sur l'hostilité de deux antagonistes forts en gueule pour accroître l'intérêt d'une intrigue dont on connaît déjà l'issue depuis le 1er volet. C'est donc avec l'entremise opiniâtre de Aldo le gorille et du gouverneur Kolp qu'il compte insuffler une certaine densité aux enjeux belliqueux. En dépit d'un manque évident d'ambition dans son caractère épique, le film attise la sympathie grâce en partie au caractère attachant des personnages, à la spéculation invoquée à la guerre (comment des conflits de divergence fondés sur la méfiance et la peur de l'autre peuvent céder à la rébellion et employer les armes !) et à une scénographie post-apo assez bien retranscrite malgré le peu de moyens alloués.
Mais c'est principalement du point de vue autoritaire de César (toujours aussi remarquablement campé par Rody Mc Dowall) que la bataille si escomptée réussit à éveiller l'intérêt, notamment lorsqu'il finit par céder à ses pulsions de rancune pour châtier le responsable du meurtre de son fils. Par son acte réactionnaire, on peut y évoquer une réflexion sur la vengeance (un meurtre doit-il être vengé par un autre meurtre ?), quand bien même le portrait imparti à Aldo laisse en exergue une méditation sur l'intolérance par son idéologie totalitaire.


Si la Bataille de la planète des singes s'avère l'un des plus faibles opus, il n'en demeure pas moins agréablement troussé dans sa réalisation compétente et suffisamment efficace pour ne jamais ennuyer. En prime, le caractère spectaculaire des affrontements guerriers (notamment la stratégie ironique employée par César pour emporter la mise !) nous divertit avec la traditionnelle complicité du simien, miroir de notre espèce humaine ! Puisque dans leur orgueil et leur ignorance, ils sont condamnés à réitérer nos mêmes erreurs jusqu'à éradication de la Terre !  

Les autres opus de la saga: 
http://brunomatei.blogspot.fr/2013/12/la-planete-des-singes-planet-of-apes.html
http://brunomatei.blogspot.fr/2013/12/le-secret-de-la-planete-des-singes.html
http://brunomatei.blogspot.fr/2013/12/les-evades-de-la-planete-des-singes.html
http://brunomatei.blogspot.fr/2014/01/la-conquete-de-la-planete-des-singes.html

13.01.14. 3èx
Bruno Matéï 

vendredi 10 janvier 2014

LE HOBBIT: LA DESOLATION DE SMAUG (The Hobbit: The Desolation of Smaug)

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de Peter Jackson. 2013. Nouvelle Zélande/U.S.A. 2h41. Avec Martin Freeman, Ian McKellen, Richard Armitage, Ken Stott, Graham McTavish, Aidan Turner, Dean O'Gorman, James Nesbitt, William Kircher, Stephen Hunter, John Callen, Peter Hambleton, Mark Hadlow, Jed Brophy, Adam Brown, Orlando Bloom, Evangeline Lilly.

Sortie salles France: 11 Décembre 2013. U.S: 13 Décembre 2013. Nouvelle Zélande: 12 Décembre 2013

FILMOGRAPHIE: Sir Peter Robert Jackson est un réalisateur, producteur et scénarise néo-zélandais, né le 31 Octobre 1961 à Pukerua Bay, North Island (Nouvelle-Zélande).
1987: Bad Taste. 1989: Les Feebles. 1992: Braindead. 1994: Créatures Célestes. 1995: Forgotten Silver. 1996: Fantômes contre fantômes. 2001: Le Seigneur des Anneaux. 2002: Les Deux Tours. 2003: Le Retour du Roi. 2005: King-Kong. 2009: Lovely Bones. 2012: Le Hobbit: un voyage inattendu. 2013: Le Hobbit: la Désolation de Smaug. 2014: Le Hobbit: Histoire d'un aller et retour.


Après une première friandise faisant office de récréation infantile, La Désolation de Smaug joue la carte de la sobriété avec une narration beaucoup moins échevelée et des personnages au caractère plus affirmé, voir aussi équivoques. Je pense à la relation ambiguë qu'entretient Thoron avec Bilbon, quand bien même ce dernier semble épris du pouvoir de l'anneau et de l'arkenston (une pierre précieuse planquée sous le trésor de Smaug). L'enjeu majeur s'avère également beaucoup plus drastique pour accéder au fameux sommet d'Erebor parmi l'hostilité du dragon. Thorin, Bilbo et leurs comparses vont tenter de parvenir à la montagne solitaire pour récupérer leur trésor et le partager avec la population de Lacville. Mais l'inévitable monstre ailé, Smaug, veille sur son trône ! Avant cela, nos héros vont devoir se confronter à l'hostilité des elfes depuis leur intrusion dans la forêt noire. Néanmoins, ils vont devoir communément s'allier afin de combattre l'armée des orques commandée par Azog. Pendant ce temps, Gandalf se prépare à sillonner le repère du nécromancier.


Ce bref résumé émaillé d'ellipses représente la topographie que Peter Jackson s'est entaché à respecter. Exit le côté ultra jouissif des morceaux de bravoure invoqués dans le premier volet ainsi que l'esprit infantile qui planait durant toute la croisade des nains, La Désolation de Smaug s'avérant ici beaucoup plus posé, car beaucoup moins fertile en rebondissements trépidants. Le réalisateur privilégie donc la dimension noble ou cupide de ces personnages avec un sens psychologique plus mature. Une large place est notamment accordée à leurs relations conflictuelles, à l'instar des rapports houleux entrepris entre les elfes et les nains, mais aussi ceux des villageois de Lacville, plutôt méfiants envers l'intrusion de l'étranger depuis leur déroute avec Smaug. Il fait notamment intervenir de nouveaux protagonistes comme l'elfe Tauriel, éprise de romance avec Legolia et Tauris, ou encore Bard, un batelier avenant venu aider la troupe des nains. Inévitablement, ce second volet ne manque pas de coordonner quelques séquences de bravoures vertigineuses (l'attaque des arachnides dans la forêt et la poursuite en tonneau sur la rivière s'avèrent étourdissants de fluidité technique dans le sens véloce des affrontements) avant l'ampleur de son final homérique culminant dans les sombres galeries du dragon (l'immensité de la scénographie laisse pantois et les attaques du monstre redoublent de mesquinerie !). Avec un sens du spectacle lyrique déployant un environnement crédible au sein d'une nature fantasmagorique, Peter Jackson recrée un univers d'héroic fantasy sans jamais calquer sur ses antécédents modèles. Ce qui prouve une fois de plus sa capacité à transcender un esthétisme formel dans la variété des décors insolites (le village de Lacville situé sur l'eau, le repère tentaculaire du dragon, le palais des elfes et enfin les sombres ruines du nécromancier). Enfin, avec l'iconographie du fameux dragon de feu, le cinéaste iconise un monstre ailé terriblement impressionnant dans son charisme écaillé, d'autant plus pourvu d'un langage guttural pour intimider ses adversaires. 


Moins généreux en terme d'action mais beaucoup plus substantiel dans l'étude caractérielle, La Désolation de Smaug renoue une fois encore avec le spectacle épique en accordant plus d'importance à la présentation des personnages et leur parcours personnel. On sera par contre terriblement frustré du dénouement inachevé, puisque contraint d'attendre le 3è volet pour escompter une confrontation belliqueuse des plus tragiques. En cinéaste avisé, toujours aussi délibéré à transfigurer l'archétype de l'Heroic-fantasy, Peter Jackson ne perd rien de son éloquence pour imposer sa nouvelle trilogie. Une saga plus modeste car moins guerrière et intense, mais toute aussi captivante dans ses enjeux établis, ses personnages mythologiques et son sens du merveilleux.  

Le Hobbit: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/12/photo-empruntee-sur-google-appartenant.html
Bruno Matéï


jeudi 9 janvier 2014

CANNIBAL MAN (La semana del asesino)

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site mondoexploito.com

de Eloy De La Iglesia. 1972. Espagne. 1h30. Avec Vicente Parra, Emma Cohen, Eusebio Ponsela, Charly Bravo, Fernando Sanchez Polack, Goyo Lebrero.

Sortie salle Espagne: 22 Avril 1974

FILMOGRAPHIE: Eloy Germán de la Iglesia (Zarautz, Guipuscoa, 1er janvier 1944 - 23 mars 2006) est un réalisateur espagnol. 1966: Fantasia... 3. 1969: Algo amargo en la boca. 1970: Cuadrilatero. 1971: El techo de cristal. 1972: Cannibal Man. 1973: Nadie oyo gritar. 1973: Una gota de sangre para morir amando. 1975: Juego de amor prohibido. 1976: La otra alcoba. 1977: Los placeres ocultos. 1977: La Criatura. 1979: El diputado. 1979: El sacerdote. 1980: Miedo a salir de noche. 1981: La mujer del ministro. 1981: Navajeros. 1982: Colegas. 1983: El Pico. 1984: El Pico 2. 1985: Otra vuelta de tuerca. 1985: La Estanquera de Vallecas. 1987: La Estanquera de Vallecas. 2001: Caligula. 2003: l'Amant bulgare.


Film majeur au sein de la filmographie de Eloy De La Iglesia et pour le répertoire du cinéma d'horreur ibérique, Cannibal Man (titre stupide car infondé !) retrace la dérive meurtrière d'un assassin après avoir porté assistance à l'agression de sa fiancée. Replié sur lui même et plongé dans le remord, il n'ose avouer son crime accidentel à la police, faute de préjugés sur sa condition sociale. Bien avant Maniac, Henry ou l'étonnant Pyromaniac de Joseph Ellison, un réalisateur s'intéressait déjà à traiter d'un cas de serial-killer dans sa plus stricte intimité, au coeur d'une claustration poisseuse. La scénographie confinée autour d'un bidonville distillant ici un climat dépressif tangible qui ira se répercuter sur la dégénérescence morale de notre individu. Dans sa condition de prolétaire, notre tueur est en l'occurrence un ouvrier besogneux exerçant son activité au sein d'un abattoir.


Déjà épris de névroses pathologiques bien avant ses meurtres (son malaise viscéral face à des photos de charme), il semble déjà souffrir d'un refoulement identitaire (une potentielle attirance homosexuelle ?). Sa rancoeur d'avoir accompli un meurtre et son incapacité à accepter la réalité de son acte vont le plonger dans une contrainte ingérable et le pousser à répercuter la violence en éliminant tous les témoins gênants. Durant 1h30, le réalisateur nous projette dans sa quotidienneté avec souci de réalisme sordide (les meurtres graphiques sont parfois impressionnants quand bien même l'atmosphère irrespirable dégage une odeur de rance émanant des cadavres de la chambre !) épaulé d'une dimension psychologique scrupuleuse (son sens de la vie n'accorde plus aucun bénéfice). A travers ses diverses relations familières (la soeur de son frangin) ou amicales (la tenancière, la passante et le voisin homosexuel), le réalisateur dresse également l'état des lieux d'une population repliée sur elle même car livrée à l'abandon, l'ennui et la solitude. Par leur situation précaire où l'insalubrité urbaine et le chômage sont indissociables de leur environnement, nos protagonistes sont confinés dans le désarroi affectif, le refoulement sexuel, voir notamment la dépression. Et si la rédemption du tueur verra finalement le jour, c'est grâce à la compassion d'un individu à tendance suicidaire où la peur de mourir n'aura plus lieu d'être.


Dérangeant et malsain, désenchanté et dépressif, Cannibal Man est d'autant plus déstabilisant qu'il est accentué d'une mise en scène expérimentale usant de métaphores et d'un contrepoint musical tantôt dissonant, tantôt mélancolique. Si la pauvreté des dialogues et le jeu perfectible des comédiens peut au départ prêter à préjudice, il finit par renforcer une ambiance interlope des plus troublantes. Enfin, on peut louer l'interprétation de Vicente Parra en tueur déprimé, qui, en dépit de son visage inexpressif, sait tout de même retransmettre désarroi et affliction dans son inextricable solitude. Un psycho-killer crépusculaire où le sentiment de désespoir est notamment engendré par la misère sociale, l'exclusion et le chômage. 

La critique de Pyromaniac (adulé par Tarantino !)  http://brunomatei.blogspot.fr/2013/05/pyromaniac-dont-go-in-house.html
La critique de Henryhttp://brunomatei.blogspot.fr/2013/10/henry-portrait-dun-serial-killer-henry.html
La critique de Maniachttp://brunomatei.blogspot.fr/2011/02/maniac.html

09.01.14. 2èx
Bruno Matéï 

mercredi 8 janvier 2014

CAPITAINE PHILLIPS (Captain Philips)

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de Paul Greengrass. 2013. U.S.A. 2h14. Avec Tom Hanks, Michael Chernus, Yul Vazquez, Barkhad Abdi, Catherine Keener, Max Martini.

Sortie salles France: 20 Novembre 2013. U.S: 11 Octobre 2013

Récompenses: American Film Institute Awards 2013: Top 10 des meilleurs films de l'année
Indiana Film Journalists Association Awards 2013: meilleur acteur dans un second rôle pour Barkhad Abdi.
Sans Diego Criticsz Society Awards 2013: meilleur montage
Festival international du film de Palm Springs 2014; Chairman's Award pour Tom Hanks

FILMOGRAPHIE: Paul Greengrass est un journaliste, réalisateur, scénariste et producteur britannique, né le 13 Août 1955 à Cheam (Royaume-Uni).
1998: Envole moi. 2002: Bloody Sunday. 2004: La Mort dans la peau. 2006: United 93. 2007: La Vengeance dans la peau. 2009: Green Zone. 2013: Capitaine Phillips.


Dans la lignée de l'éprouvant A Hijacking (http://brunomatei.blogspot.fr/2013/10/a-hijacking-kapringen.html), Capitaine Phillips relate l'histoire vraie d'une prise d'otage peu commune, dans le sens où l'unité de lieu est en partie confinée au sein d'une embarcation restreinte. Après avoir épargné les otages du porte-conteneur MV Maersk Alabama, des pirates somaliens décident d'embarquer sur un bateau de survie avec, parmi eux, le commandant Phillips. Exigeant une demande de rançon plus élevée afin de transiger sa libération, les kidnappeurs vont devoir s'entretenir avec une équipe spécialisée de négociateurs. Une traque maritime de longue haleine va débuter en pleine mer !


En cinéaste virtuose, Paul Greengrass nous avait déjà prouvé qu'il était capable de mettre en image l'évènement du fait divers en nous plongeant dans le feu de l'action avec une vérité documentée (Bloody Sunday, United 93). Si Capitaine Phillips n'atteint pas la force et l'intensité dramatique de ces films précités, il n'en demeure pas moins remarquablement captivant dans sa conduite narrative évoquant un beau témoignage de survie en la présence du capitaine Phillips. Incarné par l'illustre Tom Hanks, l'acteur sait retransmettre désarroi et inquiétude face à sa condition de martyr, jusqu'à l'issue bouleversante lui permettant de délivrer une performance d'une grande intensité émotionnelle.
Avec la volonté de bâtir avant tout un suspense haletant, Paul Greengrass élabore une prise d'otage assez singulière pour le lieu alloué et l'unique témoin retenu en otage. Avec l'aide d'un montage étourdissant de précision et de vigueur, il nous entraîne dans un cauchemar maritime à la tension toujours plus exponentielle. En se focalisant sur la relation houleuse des pirates malhabiles avec un otage prévoyant, le réalisateur entretient l'effet de stress par une étude caractérielle fondée sur la paranoïa. En parallèle, nous suivons les stratégies méticuleuses d'une équipe de négociateurs scrutant attentivement les faits et gestes des malfaiteurs à l'aide d'appareils sophistiqués de surveillance. Spoiler !!! Par ces actes de bravoure aussi risqués que préalablement étudiés, le réalisateur leur rend notamment hommage d'avoir su éviter un lourd préjudice  ! Fin du spoiler


Panique en haute mer
En privilégiant le suspense et la tension, Capitaine Phillips impressionne, voir détonne dans sa progression dramatique à rude épreuve où les conflits humains sont sévèrement compromis par l'anxiété et la panique de l'échec. Rehaussé du jeu poignant de Tom Hanks, ce fait divers improbable puise notamment son impact dans son réalisme et la bravoure accordée aux Navy seals !

08.01.14.
Bruno Matéï

    mardi 7 janvier 2014

    LA CONQUETE DE LA PLANETE DES SINGES (Conquest of the Planet of the Apes). Version non censurée !

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

    Version Longue non censurée. de Jacques Lee Thompson. 1972. U.S.A. 1h28. Avec Roddy McDowall, Don Murray, Ricardo Montalban, Natalie Trundy, Hari Rhodes, Severn Darden, Lou Wagner.

    Sortie salles U.S: 30 Juin 1972

    FILMOGRAPHIE: Jack Lee Thomson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada).
    Avec 47 longs-métrages, le cinéaste a abordé tous les genres avec plus ou moins de bonheur dont certains font office de chef-d'oeuvre. On peut citer à titre d'exemples Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, la Conquête de la planète des singes, la Bataille de la Planète des singes, le Bison Blanc, l'Empire du Grec, Monsieur St-Yves, Passeur d'hommes et Happy Birthday (son unique incursion dans le slasher). Enfin, il est notamment responsable de la saga des justiciers avec l'aimable complicité de son acteur fétiche Charles Bronson (Le Justicier de Minuit, l'Enfer de la Violence, la Loi de Murphy, le Justicier braque les dealers, le Messager de la mort et Kinjite, sujets tabous).


    4è volet de la célèbre saga, la Conquête de la planète des singes est considéré à juste titre comme l'épisode le plus convaincant depuis celui de Schaffner. Réquisitoire contre l'esclavagisme et l'exploitation des ouvriers, pamphlet contre le totalitarisme et la haine raciale, ce quatrième opus dirigé par Jack Lee thompson s'avère puissamment évocateur dans sa dénonciation d'une politique despotique (les uniformes des policiers font d'ailleurs évoquer la triste période de l'occupation nazie). Violemment percutant, le film dépeint avec le fracas des armes la sédition des singes organisé par césar (fils de Cornelius et Zira). Alors que ce dernier était recueilli par un directeur de cirque depuis 20 ans, il découvre aujourd'hui l'asservissement de ces semblables sous la houlette d'un gouverneur fasciste. Après la mort de son père adoptif, il décide donc de se venger en organisant une rébellion de grande échelle.


    Cette situation de crise amplement mise en scène est d'autant plus crédible que l'impact saisissant des séquences d'insurrection réserve parfois un réalisme cru pour notre châtiment réservé. Mais auparavant, Jack Lee Thompson aura pris soin de peaufiner sa reconstitution futuriste d'un état totalitaire où les hommes auront remplacé nos traditionnels animaux domestiques pour se laisser entretenir par les simiens. Alternative oh combien profitable pour l'exploitation de l'esclavage !
    Notre soif de mégalomanie et notre désir de soumission infligé aux primates sont savamment illustrés à travers des séquences de dressage où tortures et humiliations sont monnaie courante. Par sa violence âpre, certaines séquences s'avèrent d'ailleurs pénibles à regarder tant elles nous remémorent les expérimentations de la vivisection pratiquées sur nos animaux de laboratoire. Fatalement vouée à perdre la guerre et provoquer l'apocalypse nucléaire, la race humaine est néanmoins sévèrement réprimandée de son intolérance et de sa lâcheté par la révolte de César ! Les séquences d'émeutes s'avèrent parfois assez brutales pour rappeler chez les deux camps adverses l'instinct primitif et destructeur enfouis dans l'inconscience (celle de la descendance du singe s'excusera le gouverneur !). A l'atmosphère sombre distillant une tension latente, La Conquête de la planète des singes joue la carte du nihilisme avec une véracité aussi impressionnante que terrifiante dans ces images d'anarchie à l'idéologie réactionnaire. Une mise en garde afin de mettre en exergue l'emprise délétère du pouvoir où la liberté ne peut se gagner qu'à travers l'emploi des armes d'une révolution sanglante (il n'y a pas de fumée sans feu prononcera César !).


    Âpre, violent et très spectaculaire dans sa dernière partie, la Conquête de la Planète des Singes passionne autant que son précurseur dans ses thématiques politiques et véhicule un tel climat d'inquiétude que l'on redoute qu'un tel élan de sédition puisse un jour nous être fatal ! Sous l'allégeance perspicace de César, on peut louer l'impressionnante performance simiesque de Roddy Mc Dowall littéralement habité par une rancoeur contestataire mais finalement discrédité par sa haine punitive ! Un épisode redoutablement incisif dans son caractère frondeur et d'une noirceur telle qu'elle nous laisse un goût d'amertume dans la bouche ! (du moins dans sa version non censurée beaucoup plus radicale !)

    La critique des autres opus de la saga: 
    http://brunomatei.blogspot.fr/2013/12/la-planete-des-singes-planet-of-apes.html
    http://brunomatei.blogspot.fr/2013/12/le-secret-de-la-planete-des-singes.html
    http://brunomatei.blogspot.fr/2013/12/les-evades-de-la-planete-des-singes.html
    http://brunomatei.blogspot.fr/2014/01/la-bataille-de-la-planete-des-singes.html

    07.01.14. 3èx
    Bruno Matéï


    lundi 6 janvier 2014

    DU SANG ET DES LARMES (Lone survivor)

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

    de Peter Berg. 2013. U.S.A. 2h01. Avec Mark Wahlberg, Taylor Kitsch, Ben Foster, Emile Hirsch, Eric Bana, ALexander Ludwig.

    Récompense: Las Vegas Film Critics Society Awards 2013: meilleur film d'action
    Sortie salles France: 1er Janvier 2014. U.S: 10 Janvier 2014

    FILMOGRAPHIE: Peter Berg est un réalisateur, acteur, producteur, scénariste et compositeur américain, né le 11 Mars 1962 à New-York.
    1998: Very Bad Things. 2003: Bienvenue dans la jungle. 2004: Friday night lights. 2007: Le Royaume. 2008: Hancock. 2012: Battleship. 2013: Du sang et des larmes.


    Du Sang et des Larmes relate la déroute de quatre soldats américains durant l'opération Red Wings en Afghanistan en 2005. Alors qu'ils étaient chargés de supprimer un chef Taliban, ces Navy Seals vont se retrouver piégés en interne des montagnes après avoir épargné la vie à trois villageois.
    C'est donc la reconstitution d'un fait divers implacable que nous relate Peter Berg avec l'intensité furieuse des combats et l'humanité déchue de ces protagonistes. L'insurmontable descente aux enfers d'une poignée d'américains malmenés par un guet-apens, car toujours plus contraints de battre en retraite et baisser la garde afin d'éviter les balles. En plein coeur de la nature hostile des hautes montagnes, nous sommes plongés tête baissée dans une guérilla sanglante auquel une armée de talibans ont décidé de ne leur laisser aucune faveur.


    Filmé à la manière d'un documentaire, Du sang et des Larmes saisit le spectateur à la gorge par son caractère jusqu'au boutiste du sentiment d'impuissance et d'une action belliqueuse incessamment inéquitable. Car cette fuite désespérée est une épreuve de force toujours plus déloyale que nos quatre baroudeurs vont tenter de déjouer avec l'infime espoir de survie. A bout de souffle, car épuisés et sévèrement amochés par leurs blessures corporelles, ils vont devoir compter sur leur indépendance et leur instinct de courage afin de s'extraire du bourbier. Le fait de témoigner du courage désespéré de ces héros en porte à faux nous confine dans un pur cauchemar d'autant plus réel que l'alibi du fait divers nous était préalablement énoncé. Avec l'efficacité effrénée des offensives, pas le temps de reprendre son souffle tant l'action ininterrompue redouble de dangers, subterfuges et twist inespéré ! (SPOILER ! humble témoignage à la solidarité afghane dans le dernier acte FIN DU SPOILER). Grâce à la virtuosité de sa mise en scène et l'extrême lisibilité de l'action, le film transcende le mode du survival où l'ultra violence aride n'a pas besoin d'être ostentatoire pour impressionner le spectateur. A contrario, elle fait mal car observer l'agonie d'une victime (le réal insistant sur le tempo d'une lente respiration !) reste une épreuve qui confine à la gêne. Grâce à la véracité des évènements décrits et la densité fragile des interprètes, l'intensité dramatique qui en découle n'en est alors que plus ardue.


    Brutal, sans concession et mené à un train d'enfer, Du sang et des Larmes est un spectacle furieusement épique aussi haletant qu'éprouvant. Avec un évident talent de virtuosité technique, Peter Berg ne cherche jamais l'esbroufe gratuite pour rendre un vibrant hommage à ces héros oubliés (à l'instar de son épilogue poignant où les images d'archive tireront des larmes aux plus sensibles !). Enfin, on peut mériter la prestation solide des comédiens (Mark Walhberg en tête), rendus ici presque méconnaissables dans leur posture de martyr, car défigurés et écorchés par les nombreux impacts de projectiles. 

    06.01.14.
    Bruno Matéï


    samedi 4 janvier 2014

    RUSH

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site thereza-thereza.fr

    de Ron Howard. 2013. U.S.A./Angleterre/Allemagne. 2h02. Avec Chris Hemsworth, Daniel Brühl, Olivia Wilde, Alexandra Maria Lara, Pierfrancesco Favino.

    Sortie salles France: 25 Septembre 2013. U.S: 20 Septembre 2013

    FILMOGRAPHIE: Ron Howard est un réalisateur et acteur américain, né le 1er Mars 1954 à Duncan, Oklahoma.
    1977: Lâchez les bolides. 1982: Les Croque-morts en folie. 1984: Splash. 1985: Cocoon. 1985: Gung Ho. 1988: Willow. 1989: Portrait craché d'une famille modèle. 1990: Backdraft. 1992: Horizons Lointains. 1994: Le Journal. 1995: Apollo 13. 1996: La Rançon. 1999: En direct sur Ed TV. 2000: Le Grinch. 2001: Un Homme d'Exception. 2003: Les Disparus. 2005: De l'ombre à la lumière. 2006: Da Vinci Code. 2008: Frost/Nixon. 2009: Anges et Démons. 2011: Le Dilemme. 2013: Rush. 2014: Heart of the Sea.


    Equipée effrénée de deux vainqueurs des circuits F1, Rush retrace l'autobiographie du britannique James Hunt se disputant la vedette du championnat du monde avec l'autrichien Niki Lauda. C'est donc une confrontation au sommet que nous évoque le prolifique Ron Howard avec un sens vertigineux du lyrisme et de l'épique. Film d'action émaillé d'impressionnants morceaux de bravoure, bien que rarement spectaculaires (on est ici à contre emploi des poursuites pétaradantes de Fast and Furious !), Rush joue la flamboyance pour sublimer avant tout la rivalité opiniâtre de deux briscards avides de gagne et de célébrité. Là où le film s'avère puissamment captivant mais aussi bouleversant, c'est dans l'étude de caractère allouée aux deux adversaires que Ron Howard brosse avec dignité humaine. Deux pilotes totalement contradictoires dans leur éthique existentielle mais communément sollicités à accéder au trône. Une course poursuite récursive d'une rudesse si impitoyable que dans le pire des contextes, l'accident mortel risque à tous moments de les départager !


    Si Niki Lauda est un coureur renfrogné plutôt antipathique aux yeux du public, parce que solitaire et menant une existence docile, James Hunt est un bellâtre coureur de jupon particulièrement adulé. Un casse-cou suicidaire dans son arrogance du défi, quand bien même après la victoire, il se pavane dans les excès de drogues et d'alcool. L'un mène donc la prudence noble afin de rester studieux dans la persévérance et sauvegarder sa vie, l'autre mène une vie dissolue conçue sur les loisirs et le profit de l'instant présent. Cette ambivalence impartie à ces deux brillants pilotes renforce admirablement le caractère passionnant de leur rivalité et converge vers une réflexion sur la célébrité et le dépassement de soi. Avec une ambition circonspecte et beaucoup d'humilité, Ron Howard rend également hommage à une discipline de sport extrêmement risquée (le prologue rappellera d'ailleurs que sur 25 participants coucourant au championnat de F1, deux d'entre eux mourront accidentellement !) et met en exergue l'esprit de compétition, la rage de vaincre de deux hommes littéralement obsédés par leur discipline, jusqu'à en occulter l'amour (en pleine prospérité, Niki Lauda révisera son jugement sur le crédit du bonheur et l'idylle conjugale).


    Superbement incarné par deux acteurs attachants dans leur charisme antinomique et leur loyauté, et pourvu d'un réalisme parfois rigoureux (les blessures corporelles infligées à l'un d'entre eux durant la convalescence hospitalière s'avère presque insoutenable !), Rush invoque le respect pour cette profession sportive où les enjeux de réussite et de célébrité s'avèrent impitoyablement risqués. Avec une juste lucidité, Ron Howard met également en lumière les rapports masochistes qu'entretenaient ces deux rivaux, communément épris de réelle considération pour leur esprit de stoïcité. Quand bien même l'un d'eux se brûlera les ailes d'avoir exploité si maladroitement son statut de notoriété !

    04.01.14
    Bruno Matéï