mardi 11 mars 2014

HER

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site teaser-trailer.com

de Spike Jones. 2013. U.S.A. 2h00. Avec Joaquim Phoenix, Scarlett Johansson, Amy Adams, Rooney Mara, Olivia Wilde, Sam Jaeger, Luka Jones.

Sorties salles France: 19 Mars 2014. U.S: 18 Décembre 2013

FILMOGRAPHIE: Spike Jonze (né Adam Spiegel le 22octobre 1969 à Rockville, Maryland) est un réalisateur de vidéos clips et de cinéma ainsi qu'un producteur de télévision.
1999: Dans la peau de John Malkovich. 2003: Adaptation. 2009: Max et les maximonstres. 2013: Her.


Dans la veine de Simone et d'Electric Dreams, Her dépeint de manière expérimentale les comportements amoureux d'un écrivain avec une conscience informatique au sein d'une société futuriste. Au fil de leurs rapports intimes que Théodore entretient à l'aide d'une simple oreillette, Her renouvelle le concept amoureux par l'intonation d'une voix synthétique douée d'une grande intelligence et capable d'éprouver de réels sentiments. Leurs échanges de conversations finissent rapidement par déboucher sur une relation sentimentale intense que le spectateur ressent avec réelle compassion, et cela en dépit du caractère saugrenu d'un homme réduit à la matérialité de son ordinateur et sa solitude d'un récent divorce. Au fil de leurs entretiens qu'ils se livrent dans un jeu de confiance et de confidences mutuelles, nous nous surprenons à éprouver comme Théodore une véritable affection pour une voix artificielle dénuée de corps mais éprise d'émotions et de désir sexuel ! Ce qui donne lieu à des situations hors normes parfois déstabilisantes, pour ne pas dire dérangeantes (je pense au triolisme imposé par Samantha qui débouchera sur une sévère désillusion). Cette liaison atypique entièrement conçue sur le dialecte des personnages est notamment une occasion de dévoiler l'acuité des mots et leurs capacités à faire naître l'amour lorsqu'ils sont exprimés avec passion, intégrité et considération. Mais c'est également oublier les effets pervers de la passion dévorante, sa nature égoïste, son esprit possessif et sa jalousie rancunière, quand bien même l'infidélité en était la principale conséquence !


Drame romantique d'une sensibilité prude et désespérée auquel son climat austère reflète bien la déshumanisation de nos sociétés modernes, Spike Jones illustre un conte des plus anxiogènes sur l'individualité de l'être humain toujours plus capricieux car dépendant d'outils technologiques toujours plus performants. A travers la liaison artificielle que Théodore entretient avec une voix informatisée, le réalisateur décrypte donc l'étude comportementale de l'homme isolé dans sa propre prison, car ne sachant plus aimer dans une modeste simplicité et donc réduit à retrouver un semblant de liberté dans l'illusion du sommeil. Angoissant et déprimant, à l'instar de tous ces citadins radoteurs déambulant comme des automates au sein d'une urbanisation dénuée de communication, Her bouleverse les sens du spectateur car il ne cesse de nous alarmer sur la dégénérescence morale de notre civilisation noyée dans une course au progrès.


"L'amour commence par l'éblouissement d'une âme qui n'attendait rien et se clôt sur la déception d'un moi qui exige tout."
Au rythme fragile d'une partition mélancolique, il en émane un constat alarmiste et déprimant sur le poids de la solitude et de l'incommunicabilité, non dépourvu de lueur d'espoir dans sa conclusion en demi-teinte, mais auquel sa dimension poétique ébranle le spectateur pour sa remise en question sur la notion de l'amour et notre dépendance à la matérialité.

Bruno Matéï

Récompenses:
Festival international du film de Rome 2013 : prix de la meilleure actrice pour Scarlett Johansson (sélection officielle)
Alliance of Women Film Journalists Awards 2013 : meilleure représentation de la nudité, de la sexualité ou de la séduction pour Scarlett Johansson et Joaquin Phoenix
American Film Institute Awards 2013 : top 10 des meilleurs films de l'année
Austin Film Critics Association Awards 2013 : meilleur film, meilleur scénario original pour Spike Jonze, Special Honorary Award pour Scarlett Johansson
Chicago Film Critics Association Awards 2013 : meilleur scénario original pour Spike Jonze, meilleure musique de film pour Arcade Fire
Detroit Film Critics Society Awards 2013 : meilleur film, meilleur scénario, meilleure actrice dans un second rôle pour Scarlett Johansson
Florida Film Critics Circle Awards 2013 : meilleur scénario original pour Spike Jonze
Indiana Film Journalists Association Awards 2013 : meilleur scénario original pour Spike Jonze, Original Vision Award
Kansas City Film Critics Circle Awards 2013 : meilleur scénario original pour Spike Jonze, meilleur film de science-fiction, d'horreur ou fantastique
Las Vegas Film Critics Society Awards 2013 : meilleur scénario pour Spike Jonze
Los Angeles Film Critics Association Awards 2013 : meilleur film (ex-æquo avec Gravity), meilleure direction artistique pour K. K. Barrett
Online Film Critics Society Awards 2013 : meilleur scénario original pour Spike Jonze
National Board of Review Awards 2013 : meilleur film, meilleur réalisateur pour Spike Jonze
New York Film Critics Online Awards 2013 : meilleur scénario pour Spike Jonze
San Diego Film Critics Society Awards 2013 : meilleur film, meilleur scénario original, meilleure musique de film pour Arcade Fire
St. Louis Film Critics Association Awards 2013 : meilleur scénario original pour Spike Jonze et meilleure musique de film pour Arcade Fire
Toronto Film Critics Association Awards 2013 : meilleur scénario original pour Spike Jonze
Washington D.C. Area Film Critics Association Awards 2013 : meilleur scénario original pour Spike Jonze
Central Ohio Film Critics Association Awards 2014 : meilleur scénario original pour Spike Jonze et meilleure musique de film pour Arcade Fire
Critics' Choice Movie Awards 2014 : meilleur scénario original pour Spike Jonze
Golden Globes 2014 : meilleur scénario pour Spike Jonze
Writers Guild of America Awards 2014 : meilleur scénario original pour Spike Jonze
Oscars du cinéma 2014 :
Meilleur scénario original pour Spike Jonze



lundi 10 mars 2014

INDIANA JONES ET LE ROYAUME DU CRANE DE CRISTAL (Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull)

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Steven Spielberg. 2008. U.S.A. 2h03. Avec Harrison Ford, Shia LaBeouf, Cate Blanchett, Karen Allen, Ray Winstone, John Hurt, Jim Broadbent.

Sortie salles France: 21 Mai 2008. U.S: 22 Mai 2008

FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln.


19 ans après sa dernière croisade, Indiana Jones remet le couvert pour se lancer dans une nouvelle chasse au trésor en destination de la contrée du Pérou. Cette fois-ci, il y est question de retrouver la trace du crane de cristal, objet légendaire appartenant autrefois à la cité d'Akator mais aujourd'hui devenu introuvable. Alors que son ami Oxley était parti à sa recherche, il est kidnappé par l'armée russe du colonel Irina Spalko. Epaulé par son propre fils, Indy va devoir notamment s'allier avec un agent double, suivi un peu plus tard de son ancienne amie Marion, afin de récupérer le trésor et déjouer son détournement. 


D'après une histoire imposée par Georges Lucas auquel sa volonté première était de renouer avec le style B movie de la science-fiction des années 50, Steven Spielberg ravive la flamme de l'aventure épique en situant cette fois-ci l'action durant l'époque de la guerre froide. Avec son savoir-faire technique habituel et la réunion d'aimables têtes d'affiche, Indiana Jones et la Royaume du crane de cristal réussit à s'imposer comme un divertissement haletant, même si un soupçon de magie et d'intensité manquent à l'appel. Tous les ingrédients habituels (action, aventures, romance, humour) sont donc réunis pour notre plaisir en suivant la même schéma narratif que ses prédécesseurs. Si certains ont prétendu le caractère ridicule du final ésotérique, je trouve qu'au contraire l'idée reste originale pour s'en démarquer et ne fait que respecter la nature paranormale impartie à la légende des crânes de cristal (même si depuis un siècle le débat reste ouvert entre la foi des scientifiques et ceux des adeptes d'ovni). 
Si la nouvelle recrue Shial LaBeouf s'en sort formidablement bien pour incarner de manière rebelle un jeune héros plutôt burné, on n'en dira pas tant de celle qui endosse sa mère à l'écran: Karen Allen ! Si sa première intervention provoque le plaisir nostalgique de retrouver une ancienne icône, son manque d'éloquence et de tonus se fait si cruellement sentir qu'elle n'arrive jamais à s'insérer parmi l'enthousiasme de sa troupe. Celle qui avait auparavant réussit à s'affirmer comme une femme incorrigible et véhémente, débordante de compassion pour Indy, n'est donc plus que l'ombre d'elle-même malgré sa bonhomie forcée du sourire amical. Quand à Harrison Ford, et malgré son âge avancé, il réussit à peu de choses près à retrouver la vigueur de ses débuts pour réafficher un héros bondissant toujours aussi opiniâtre lorsqu'il s'agit de défier ses nombreux ennemis. Enfin, la méchante de service est cette fois-ci allouée à l'actrice Cate Blanchett, se prêtant avec charisme dans la carrure d'une matriarche russe monolithique ! 


Si ce 4è volet ne possède pas la même patine que ces modèles (le numérique fait aussi parfois défaut dans la texture des décors naturels et ceux, imposants, du temple Maya), Indiana Jones et le royaume de cristal est suffisamment trépidant, grandiose (toute l'expédition scrupuleusement pratiquée au sein d'Akator !), drôle et spectaculaire (son prélude confiné dans l'entrepôt de la zone 51, l'incroyable course-poursuite en véhicules en plein milieu de la jungle) pour passer un bon moment. 

La critique des Aventuriers de l'arche perdue (les): http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/les-aventuriers-de-larche-perdue.html
Indiana Jones et le temple maudit: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/indiana-jones-et-le-temple-maudit.html
Indiana Jones et la Dernière croisade: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/03/indiana-jones-et-la-derniere-croisade.html

Bruno Matéï


vendredi 7 mars 2014

Le Massacre des Morts-Vivants

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant à Dead-movie

de Jorge Grau. 1974. Espagne/Italie. 1h35. Avec Cristina Galbo, Ray Lovelock, Arthur Kennedy, Aldo Massasso, Giorgio Trestini, Roberto Posse, José Lifante, Jeannine Mestre.

Sortie salles : 28 Novembre 1974

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Jorge Grau est un réalisateur et scénariste espagnol, né le 27 Octobre 1930 à Barcelone. 1973: Ceremonia sangrienta. 1974: Le Massacre des Morts-Vivants. 1959: Costa Brava. 1960: Sobre Madrid. 1960: Medio siglo en un pincel. 1961: Laredo, Costa Esmeralda. 1961: Barcelona vieja amiga. 1976: La Siesta. 1982: La Leyenda del tambor. 1983: Coto de Caza. 1987: El extranger-oh ! de la calle Cruz del Sur. 1990: La punyalada. 1994: Tiempos mejores.


A travers le thème du zombie transalpin, si Lucio Fulci nous offrit ses lettres de noblesses avec quatre fleurons inoxydables (l'Enfer des Zombies, Frayeurs, L'au-delà, La Maison près du Cimetière), un cinéaste espagnol tenta déjà en 1974 d'y dépoussiérer le genre avec une volonté outrancière de verser dans la tripaille. Retitré en France le Massacre des Morts-Vivants, cette  production italo-hispanique à faible budget s'efforce à chambouler le paysage horrifique quand bien même La Nuit des Morts-vivants venait de graver une empreinte indélébile dans la mémoire d'une génération de spectateurs. Le pitchAlors que des agriculteurs tentent d'éradiquer les insectes des champs à l'aide d'un procédé chimique de radiation, des nouveaux-nés d'un hôpital sont épris de violente agressivité. Mais le pire est à venir lorsque des cadavres d'une nécropole reviennent à la vie pour importuner les vivants. Un couple de touristes en subira les frais et n'aura de cesse d'essayer de se protéger indépendamment depuis que la police du coin les suspectent d'homicides. Avec ses dialogues sommaires et la prestance timorée d'acteurs cabotins, le Massacre des morts-vivants peut paraître de prime abord maladroit et peu crédible, alors que sa réflexion écolo sur les conséquences des insecticides semble être un prétexte pour y apporter une touche d'intelligence au projet. Pour autant, aussi perfectible soit-il de par certaines situations risibles et la présence outrancière d'un flic borné (sans doute l'un des policiers les plus crétins de l'histoire du cinéma !), ce film d'horreur typiquement transalpin bénéficie d'une ambiance putride aussi glaçante qu'ensorcelante.


Ainsi, avec beaucoup d'efficacité, Jorge Grau renouvelle la peur dans une forme viscérale terriblement inconfortable. Qui plus est, les décors bucoliques de vallées anglaises se prêtent admirablement au climat d'étrangeté de son environnement feutré dénué de toute vie animale. Et si la caractérisation des morts-vivants s'avère minimaliste à travers leur physionomie cadavérique (une teinture blême vite expédiée sur le visage !), ils provoquent chez le spectateur une véritable hostilité à chacune de leurs apparitions. A l'instar du premier zombie sortant des eaux d'une rivière face à une touriste horrifiée, ou lorsque le couple se retrouve piégé en interne d'une cave parmi trois macchabées. Des séquences de panique particulièrement haletantes et intenses à travers son sens adroit du cadrage et du montage ! Quand à l'attaque finale confinée au sein d'un hôpital, on peut suggérer que Lucio Fulci aurait pu s'en inspirer afin d'y parfaire la dernière partie de L'au-delà lors de ses péripéties sanglantes assénées au couple de survivants. En prime, les râles d'outre-tombe que nos zombies maronnent en titubant rappellent encore les spécimens du maître qu'une bande-son ombrageuse amplifie pour distiller la peur. Ainsi donc, cette montée de l'angoisse parfaitement gérée par un cinéaste avisé s'avère d'autant mieux structurée auprès d'un florilège de situations alarmistes que notre couple devra déjouer. Les évènements macabres s'enchaînant à la manière d'un cauchemar irrationnel où la réalité n'a plus lieu d'être, quand bien même la police impuissante a toujours une longueur de retard.


Hormis ses couacs précités vite pardonnés, Le Massacre des Morts-Vivants captive le spectateur impliqué dans un cauchemar sépulcral où la prémices d'une apocalypse semble s'y profiler.  L'atmosphère d'angoisse et d'effroi particulièrement tangibles ainsi que la présence mortifère des cadavres croulants préfigurant le dessein de Fulci et ses illustres débordements sanglants. Tout bien considéré, cette véritable perle du genre n'a point à rougir de ses homologues ritals putrescents ! A redécouvrir d'urgence donc pour tous les amateurs d'ambiance putride, de gore faisandé et d'aura anxiogène littéralement palpable.

* Bruno
07.03.14
04.11.22. 6èx

    jeudi 6 mars 2014

    Prophecy: le monstre / Prophecy.

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de John Frankenheimer. 1979. U.S.A. 1h42. Avec Robert Foxworth, Talia Shire, Armand Assante, Richard Dysart, Victoria Racimo, George Clutesi, Burke Byrnes.

    Sortie salles: 15 Juin 1979

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Frankenheimer est un réalisateur américain, né le 19 Février 1930 à New-York (Etats-Unis), décédé le 6 Juillet 2002 à Los Angeles (Californie). 1957: Mon père cet étranger. 1962: Le Prisonnier d'Alcatraz. 1962: Un Crime dans la tête. 1964: Le Train. 1966: Grand Prix. 1966: L'Opération Diabolique. 1968: L'Homme de Kiev. 1970: Les Cavaliers. 1975: French Connection 2. 1977: Black Sunday. 1979: Prophecy, le monstre. 1982: A Armes égales. 1986: Paiement Cash. 1992: Year of the gun. 1996: L'Ile du Dr Moreau. 1998: Ronin. 2000: Piège fatal. 2002: Sur le chemin de la guerre.


    Série B aujourd'hui sombrée dans l'oubli mais bien connue des vidéophiles des années 80, Prophecy, le monstre est la première incursion dans l'horreur de John Frankenheimer, aussi surprenante soit-elle.  Ainsi, sous couvert de divertissement frissonnant où plane l'ombre d'un monstre de légende (le Kathadin !), celui-ci aborde intelligemment le thème écolo de la pollution lorsqu'une usine de papiers déverse illégalement du mercure dans un lac. Par cette occasion alarmiste, il en profite notamment pour y dénoncer le racisme infligé à une nation indienne incriminée par des ricains méprisants à leur égard. Le pitchUn peuple amérindien vivant reclus dans la forêt subit les frais d'une contamination si bien que des malformations de nouveaux-nés, la taille anormale des poissons de rivière et l'état d'ébriété inexplicable de certains d'entre eux les contraignent à alerter le gouvernement américain. Or, ils doivent faire face à l'hostilité d'un agent de protection délibéré à les mettre sous les verrous depuis la macabre découverte de corps déchiquetés. Mais grâce au soutien d'un médecin philanthrope et de son épouse dépêchés sur place, les indiens vont pouvoir coopérer pour tenter de dévoiler au grand jour le scandale.


    Avec sa mise en scène solide proprement indiscutable et le jeu dépouillé des interprètes (le couple  Robert Foxworth Talia Shire apporte une réelle intensité sentencieuse à travers leur investigation scrupuleuse et leur mésentente conjugale compromis à la maternité), John Frankenheimer confectionne une série B de luxe adroitement troussée car privilégiant de prime abord l'épaisseur psychologique de ses personnages. Qui plus est, avec la qualité des effets spéciaux conçus par Tom Burman, Prophecy, le Monstre réussit à crédibiliser un animal colossal particulièrement rugissant et agressif (sorte d'ours mutant) lorsqu'il s'acharne sur ses victimes. Et à ce niveau, ses méfaits meurtriers font parfois l'objet d'instants de terreur aussi cinglants qu'inopinés ! En ce qui concerne la physionomie de la créature, et en dépit du latex imposé, elle s'avère aussi impressionnante que pathétique, car victime de la responsabilité de l'homme d'avoir avili sans vergogne son environnement naturel. D'ailleurs, bien avant les attaques récursives du monstre lors du final épique, le réalisateur aura pris soin de nous susciter l'empathie avec la découverte d'un bébé mutant moribond. Son aspect terriblement difforme, ses gémissements et ses braillements plaintifs s'avérant éprouvants pour le spectateur. Et si la dernière partie finit par surprise à céder à l'esbroufe horrifique dans son mode "survival", elle n'en demeure pas moins haletante, intense, terrifiante par son lot d'incessantes attaques surprises et de scènes-chocs sanglantes brillamment maîtrisées.  


    En accordant autant d'intérêt à l'aspect ludique du film de monstre impeccablement mené et à la réflexion écolo sur les conséquences désastreuses de la pollution infectant l'homme et l'animal (la nutrition par empoisonnement du poisson), John Frankenheimer confectionne une série B horrifique constamment captivante. Qui plus est, la conviction des comédiens (jusqu'aux seconds rôles fort attachants), l'esthétisme accordé à la beauté de ces paysages forestiers et l'ampleur de son score épique l'acheminent au classique du genre que la génération 80 pourra à nouveau redécouvrir avec un enthousiasme d'autant plus nostalgique. A réhabiliter d'urgence. 

    *Bruno
    22.04.22. Vostfr. 5èx

    mercredi 5 mars 2014

    BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Danny Boon. 2008. France. 1h46. Avec Kad Merad, Dany Boon, Zoé Felix, Anne Marivin, Line Renaud, Stéphane Freiss, Philippe Duquesne, Patrick Bosso, Michel Galabru

    Sortie salles France: 20 Février 2008 dans le Nord-Pas-de-Calais. 27 Février en sortie nationale

    FILMOGRAPHIE: Danny Boon (Daniel Hamidou) est un humoriste, acteur et réalisateur français, né le 26 Juin 1966 à Armentières (Nord). 2006: La Maison du Bonheur. 2008: Bienvenue chez les Ch'tis. 2011: Rien à Déclarer. 2014: Supercondriaque. 2017 : Raid dingue. 2018 : La Ch'tite famille


    Phénomène de société ayant engrangé plus de 20 489 303 entrées à travers la France, Bienvenue chez les ch'tis a même réussi à détrôner la place de La Grande Vadrouille pour devenir le plus grand succès français de tous les temps derrière Titanic (20 758 887 entrées). Ce triomphe fracassant est en parti redevable à l'intégrité de son réalisateur, scénariste et acteur Dany Boon puisque l'homme, natif du Nord, nous déclare ici sa vraie déclaration d'amour à une région mal perçue des étrangers. Pour rappel historique, le terme ch'ti (du picard "Ché ti ? / C'est toi ?) était un surnom attribué à la base chez les poilus de la première guerre mondiale originaires du Nord ou du Pas-de-Calais. Avec une tendresse immodérée pour ces "Ch'tis" indéfectibles, le réalisateur souhaite mettre un terme aux préjugés pour nous dévoiler au grand jour leur esprit chaleureux et leur générosité quand un étranger vient de débarquer chez eux à l'improviste. Avec le tandem impayable formé par Kad Merad et Dany BoonBienvenue chez les 'chtis renoue avec l'esprit bon enfant de la comédie franchouillarde lointainement héritée des facéties de De Funes et de Bourvil, voir aussi des Charlots et de Pierre Richard.


     Car on retrouve ici cette même bonhomie, cette humilité tendre où les acteurs entièrement impliqués s'en donnent à coeur joie pour provoquer rire et larmes ! En alternant la cocasserie, la tendresse (la relation maternelle avec la mère d'Antoine, son rapport amical avec Philippe !) et la romance (les déconvenues amoureuses vécues par nos facteurs avec leur compagne), on sent bien que le réalisateur souhaite ici renouer avec le spectacle typiquement populaire (et donc dénué de prétention !) dans un jeu de mots dialectiques imparti au patois. Ce langage particulier souvent dénigré car considéré comme trivial donne lieu ici à une accumulation de réparties irrésistibles quand un sudiste de la France essaie d'en déchiffrer le sens ! Ce qui donne lieu à un florilège de gags verbaux proprement hilarants (l'apprentissage du patois au restaurant devant le cuisto parisien !) et de situations débridées (l'accueil glacial établi par les ch'tis à la femme de Philippe au fin fond d'une cité minière), à l'instar d'une beuverie à bicyclette anthologique improvisée par nos deux lurons ! Avec une admiration sans borne pour le Nord de la France, Danny Boon filme avant tout avec son coeur pour rendre autant hommage à la simplicité de sa région et des citadins qui y résident, là où les baraques à frites, les corons, le maroilles, la bière et les tintements de carillon font partie intégrante du paysage nordiste !


    Dérivatif anti-dépresseur, Bienvenue chez les ch'tis est un petit miracle de bonne humeur, d'éclat de rire, de fantaisie et de tendresse où l'émotion est entièrement dédiée au caractère chaleureux des gens de ch'nord ! Ce phénomène de société peut rejoindre sans rougir la liste prisée des classiques de la comédie populaire et redorer ainsi l'image d'une région minière trop souvent discréditée de son climat blafard. Car n'oubliez pas que "Quand un étranger vient vivre dans ch'nord, il brait deux fois: quand il arrive et quand il repart..."

    Bruno Matéï (natif du Nord, dans l'âme et le coeur)
    2èx

    mardi 4 mars 2014

    PHANTOM OF THE PARADISE. Grand Prix à Avoriaz, 1975

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site badazzmofo.com

    de Brian De Palma. 1974. U.S.A. 1h32. Avec Paul Williams, William Finley, Jessica Harper, George Memmoli, Gerrit Graham.

    Grand Prix au Festival International d'Avoriaz en 1975

    Sortie salles France: 25 Février 1975. U.S: 31 Octobre 1974

    FILMOGRAPHIE: Brian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis.
    1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted.


    Auréolé du prestigieux Grand Prix à Avoriaz quelques mois après sa sortie, Phantom of the Paradise a remporté tous les suffrages pour édifier le chef-d'oeuvre de De Palma au rang d'authentique film-culte ! Brassant tous les genres cinématographiques avec une harmonie miraculeuse, cette satire musicale sur le milieu du Showbizz s'avère un moment d'émotion d'une intensité vertigineuse. Tour à tour romantique, fantastique, horrifique, délirant et tragique, Phantom of the Paradise ne possède aucun code de conduite pour parfaire l'entertainment, à l'instar des styles musicaux hétéroclites qui émaillent l'intrigue et qui vont provoquer chez le spectateur un sentiment d'euphorie proche de l'hallucination. Avec un désir de bousculer nos habitudes conventionnelles, Brian De Palma réactualise le mythe de Faust et du Fantôme de l'opéra dans une forme contemporaine où l'extravagance est reine ! 


    Soutiré de son texte musical, un jeune compositeur de talent décide de se venger auprès de son producteur en semant la terreur à l'intérieur de son palais, le Paradise, un show musical où la mort fait partie intégrante de la scène ! A partir de ce postulat mainte fois adapté au cinéma, le réalisateur en extrait une frénésie visuelle où le délire satirique est une manoeuvre afin de dénoncer l'opportunisme dans le métier du spectacle. Un univers de paillettes entièrement bâti sur le profit, l'esprit de compétition et l'apparence car exploitant sans vergogne le talent d'artistes charismatiques en quête de reconnaissance. Les effets indésirables de la drogue sont notamment mis en exergue pour épauler le soutien moral de ces interprètes populaires réduits aux caprices d'une nouvelle vie dissipée. Bourré de clins d'oeil ironiques aux classiques du genre (le cabinet du Dr Caligari, Frankenstein, le Portrait de Dorian Gray, Psychose), Brian De Palma en profite pour y déclarer sa flamme avec le soutien de Winslow, fantôme déchu de ses écrits musicaux mais rendu fou amoureux de la douce voix de Phoenix ! Incarné par Jessica Harper, l'actrice nous dévoile ici ses talents de cantate avec une grâce épurée que le public aphone du Paradise écoute dans une vigilance troublée ! Quand bien même l'extravagant Beef venait de rendre l'âme sur l'autel de la scène rock dans une représentation gay de Frankenstein ! Quand à la noce du mariage inaugurée au sein du Paradise, De Palma l'organise à la manière d'une messe mortuaire que Winslow tentera de déjouer pour sauvegarder sa bien-aimée ! Cette conclusion tragique converge au paroxysme de la folie, à l'instar de la fougue erratique du public de la salle qui ira jusqu'à célébrer la mort dans une inconscience collective ! Ce moment de délire incontrôlé, nous le subissons de plein fouet par la force des images d'hystérie commune mais aussi par la compassion amoureuse qui unissent fatalement le couple maudit.  


    Souhaitant cristalliser un spectacle musical hors norme et décadent, Brian De Palma a transcendé avec Phantom of the Paradise un univers fantastique inoxydable (Faust lui même semble l'avoir diabolisé !) où la notion de cinéma ne possède plus de repère. A la manière d'un trip binaire, cet opéra rock versicolore incarne de manière effrontée une certaine idée du paradis, avant que l'amour et la mort nous rappelle à la raison d'une tragédie humaine ! 

    Bruno Matéï
    5èx

    lundi 3 mars 2014

    Indiana Jones et la Dernière Croisade (Indiana Jones and the Last Crusade)

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Steven Spielberg. 1989. U.S.A. 2h07. Avec Harrison Ford, Sean Connery, Denholm Elliott, Alison Doody, Michael Byrne, John Rhys-Davies.

    Sortie salles France: 18 Octobre 1989. U.S: 24 Mai 1989

    FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln.


    5 ans après le tour de montagne russe d'Indiana Jones et le Temple Maudit, Steven Spielberg renoue avec l'épopée épique de son modèle dans une nouvelle aventure où l'humour occupe une place de choix. Le pitchAprès avoir libéré son père des nazis au sein d'un château, Indiana Jones doit collaborer avec lui afin de retrouver un nouveau trésor, le fameux Graal ! Mais Donovan et sa troupe sont également de la partie pour s'approprier l'objet si convoité, une coupe mythique ayant la capacité d'offrir la jeunesse éternelle. Avec l'aimable participation de Sean Connery, ce 3è opus tire parti de son originalité grâce à son imposante présence si bien que ce dernier y endosse le rôle du père d'Indiana Jones, un briscard bourru assez piètre aventurier lorsqu'il s'agit de prêter main forte à son fils ! Leur rapport conflictuel aux réparties irrésistibles donnant lieu à de savoureux gags lorsqu'ils doivent s'allier pour se dépêtrer des situations les plus alarmistes. Si Karen Allen est encore exemptée de l'aventure, on peut compter sur le charme insidieux d'une jeune autrichienne (la jeune inconnue Alison Doody magnétise l'écran de par son regard azur perçant !) afin d'attendrir le professeur Jones ! 


    Démarrant comme de coutume sur les chapeaux de roue, Steven Spielberg utilise un flash-back judicieux pour nous remémorer un épisode de la jeunesse d'Indiana Jones. Un prologue d'anthologie levant un voile sur son instinct d'aventurier casse-cou, sur l'origine de son surnom mais aussi sur son influence vestimentaire (le choix symbolique alloué au chapeau et à l'ustensile du fouet), quand bien même sa frayeur des serpents nous sera dévoilé lors d'un concours de circonstances intempestives ! Reprenant la même topographie narrative que le premier épisode, Indiana Jones et la dernière croisade renoue avec l'esprit d'équipe conçu sur un duo impétueux (l'héroïsme imparti au père et au fils Jones !) et les divers traquenards imposés par les camps adverses afin d'empêcher nos aventuriers de s'approprier le trésor. Avec une efficacité toute aussi optimale, Spielberg élabore donc une nouvelle course contre la montre où les péripéties ne cessent de rebondir avec un sens de dérision plein d'éloquence. Ce dosage d'action spectaculaire et de loufoquerie irrésistible auquel la complicité amicale de nos héros renforcent la sympathie étant mené de main de maître où le sens du montage laisse une fois encore pantois ! (notamment celui de suivre de manière simultanée deux, voire trois bravoures distinctes !)


    Conduit à un train d'enfer à travers son alliage de péripéties homériques et de réparties cocasses, et rehaussé d'un scénario plus étoffé que le second opus, Indiana Jones et la dernière croisade boucle sa première trilogie avec un sens de la perfection aussi persuasif que le premier volet. Renouer avec le "chef-d'oeuvre" lorsque l'on façonne une troisième partie relève du miracle si bien qu'on ne peut qu'applaudir la perspicacité de Spielberg d'être parvenu à émuler son modèle sans une once de surenchère ostentatoire. 

    La critique des Aventuriers de l'arche perdue (les): http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/les-aventuriers-de-larche-perdue.html
    Indiana Jones et le temple maudit: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/indiana-jones-et-le-temple-maudit.html
    Indiana Jones et le royaume du crane de cristal: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/03/indiana-jones-et-le-royaume-du-crane-de.html

    Bruno Matéï
    3èx