mercredi 9 avril 2014

Hitcher. Grand Prix du Jury, Cognac 86.

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"The Hitcher" de Robert Harmon. 1986. U.S.A. 1h37. Avec C. Thomas Howell, Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh, Jeffrey DeMunn, John M. Jackson.

Sortie salles France: 25 Juin 1986. Sortie salles U.S: 21 Février 1986

FILMOGRAPHIE: Robert Harmon est un réalisateur américain. 1986: Hitcher. 1993: Cavale sans issue. 1996: Gotti (télé-film). 2000: The Grossing. 2002: Astronauts (télé-film). 2002: Le Peuple des Ténèbres. 2004: Highwaymen. 2004: Ike: opération overlord (télé-film). 2005: Stone Cold (télé-film). 2006: Jesse Stone: Night Passage (télé-film). 2006: Jesse STone: Death in paradise (télé-film). 2007: Jesse Stone: Sea Change (télé-film). 2009: Jesse Stone: Thin Ice (télé-film). 2010: Jesse Stone: sans remords (télé-film). 2010: Une lueur d'espoir (télé-film). 2012: Jesse Stone: Benefit of the Doubt (télé-film).


Desservi par son échec commercial et comparé à l'époque comme un vulgaire plagiat de Duel, Hitcher a tout de même convaincu les membres du Jury de Cognac pour lui avoir décerné trois récompenses ! C'est également au fil des décennies que cette série B nerveusement emballée s'est taillée une réputation de film culte auprès d'une frange de cinéphiles. Ainsi, le redécouvrir de nos jours prouve à quel point l'oeuvre modeste de Robert Harmon redouble toujours d'efficacité dans son alliage de thriller inquiétant, suspense et action sur fond d'atmosphère irréelle. Car grâce à l'attrait ésotérique du postulat et le jeu nuancé de l'intrigant Rutger Hauer, Hitcher effleure les cimes du fantastique par l'entremise du climat  envoûté ! Tant auprès de son décor de désert californien magnifiquement éclairé d'horizons crépusculaires que de son score mélancolique de Mark Isham oh combien capiteux ! Même si l'allusion à Duel s'avère inévitable, Hitcher possède suffisamment de personnalité (marginale) pour se démarquer du chef-d'oeuvre de Spielberg en nous dévoilant ouvertement les rapports équivoques du meurtrier et de sa victime. Par conséquent, après avoir embarqué un autostoppeur sur son trajet de convoyage, un étudiant se retrouve pris au piège par cet étrange inconnu délibéré à le harceler jusqu'à ce que l'un d'eux trépasse. Si le jeune Jim Halsey réussit fissa à s'en débarrasser après l'avoir éjecté de son véhicule, l'étranger réussit toujours à rebrousser chemin pour le pourchasser sans répit, tel le jeu du chat et de la souris. Spoil ! Pire encore, il réussit à l'accuser des meurtres de touristes qu'il perpétue lâchement sur la campagne californienne jusqu'à ce que la police décide de lui entamer une traque sans relâche. Fin du Spoil.


Là où le récit gagne en revirement intense émane des enjeux du héros à tenter de témoigner de son innocence face à la police. Car non seulement Jim doit redoubler de bravoure pour déjouer les stratagèmes du psychopathe, mais il doit notamment faire face aux patrouilles de l'ordre lancées sans relâche à ses trousses ! Ce qui nous vaut d'ailleurs de belles cascades automobiles que Robert Harmon exécute avec souci chorégraphique. Outre le dynamisme du récit fertile en rebondissements et allusions macabres (à une facilité improbable près lorsque la serveuse du snack décide subitement de prêter main forte au présumé coupable), Hitcher doit également beaucoup à la prestance insidieuse de ces interprètes. En particulier Rutger Hauer incarnant ici un tueur étrangement placide habité par le cynisme et le non-dit ! De par son regard mesquin inscrit dans l'arrogance et la provocation, l'acteur véhicule un pouvoir d'attraction d'autant plus énigmatique que nous ne connaîtrons jamais les vraies motivations de sa belligérance, si bien qu'il parvient toujours par on ne sait quel miracle à retrouver la trace de son adversaire ! C. Thomas Howell lui partage sobrement la vedette avec une pugnacité mêlée de désespoir car toujours plus tourmenté à tenter de mettre un terme à cette traque dénuée de logique ! L'acteur réussit donc honorablement à imposer ses marques pour exprimer sentiments d'amertume et rancoeur vindicative à l'aide d'une force d'expression subtilement poignante ! Enfin, dans celle d'une tenancière, la charmante Jennifer Jason Leigh apaise parfois la tension à travers son regain de tendresse alloué au jeune héros au point lui prêter main forte (trop facilement avouons le à nouveau !) face à l'intolérance des autorités.


Intense et captivant autour d'une langoureuse atmosphère de déréliction implantée en désert urbain, Hitcher sait soigneusement mettre en image son format série B parmi l'efficacité d'un scénario original. Pour parachever, la confrontation opiniâtre entamée entre nos deux adversaires réserve également des moments d'intimité insaisissables. Grand classique au charme funèbre prédominant. 

*Bruno 
5èx. 11.02.21

Récompenses: Grand prix du jury, Prix de la critique et Prix TF1 au Festival du film policier de Cognac, 1986.

mardi 8 avril 2014

MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, 2003. (The Texas Chainsaw Massacre)

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site apercucinephilia.wordpress.com

de Marcus Nispel. 2003. U.S.A. 1h38. Avec Jessica Biel, Jonathan Tucker, Erica Leerhsen, Mike Vogel, Eric Balfour, R. Lee Ermey, David Dorfman, Lauren German.

Sortie salles France: 21 Janvier 2004.

FILMOGRAPHIE: Marcus Nispel est un réalisateur, producteur allemand, né le 15 avril 1963 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne.
2003: Massacre à la Tronçonneuse. 2004: Frankenstein. 2007: Pathfinder. 2009: Vendredi 13. 2011: Conan. 2014: Backmask.


Sorti un an avant la vague du Torture porn imposée par Saw et Hostel, Massacre à la Tronçonneuse, le remake, est d'autant plus une surprise qu'il ne joue jamais la surenchère gore, à l'instar du légendaire chef-d'oeuvre de Tobe Hooper. L'habileté de Marcus Nispel est notamment de ne pas suivre la même ligne directrice que son modèle tout en insérant quelques clins d'oeil judicieux (le prélude avec la jeune auto-stoppeuse égarée au milieu de la route, le chauffeur de camion réfutant en dernier lieu de prêter main forte à la survivante, Leatherface se coupant la jambe par accident). Louablement, le réalisateur s'épargne donc la facilité du copié-collé, ponctue le récit de rencontres impromptues et respecte le travail de Hooper en privilégiant les éléments de suggestion et de terreur poisseuse. La première partie axée sur l'attente s'avère déjà bien anxiogène dans sa confection d'une atmosphère pesante (photo sépia à l'appui !) où la tension sous-jacente laisse sous entendre un futur éclair de violence. Je songe au repère de la demeure des tueurs où le couple Erin / Kemper est fraîchement accueilli par un handicapé décati à fauteuil roulant. La première apparition de Leatherface s'avère d'ailleurs très impressionnante dans son effet de surprise aléatoire à ébranler sa première victime ! Et quand la violence se déchaîne, l'assassin dévoile l'apparence de son visage de cuir et agite sa tronçonneuse avec une hargne incontrôlée !


En ce qui concerne les cinq protagonistes juvéniles incessamment persécutés par la famille des tueurs, là aussi le réalisateur a pris soin de leur tailler une carrure toute fragile dans leur chemin de croix livré au trépas. Des jeunes ados timorés car n'osant pas défier l'autorité d'un flic obtus, et donc toujours plus apeurés par la dramaturgie déroutante de leur situation. On peut d'ailleurs souligner le jeu névrosé de Jessica Biel multipliant les prises de risques pour sauvegarder ses amis mais aussi échapper à ses agresseurs dans sa course pour la survie ! Déjà bien secoué par la mort de l'autostoppeuse, nos touristes vont donc avoir à faire au jeu d'humiliation imposé par ce shérif sadique (l'acteur R. Lee Ermey jubile de perversité dans sa fonction policière et provoque le malaise dans ses brimades macabres !) en attendant d'être parqués dans une chaufferie, lieu de sévices où Leatherface dépèce ses victimes. A cet égard, la fameuse torture du crochet dans les côtes s'avère bien rude et se démarque un peu de son modèle en redoublant de cruauté, puisque l'une des jambes sectionnées de la victime finira par être enduite de gros sel afin de cicatriser la plaie ! L'intrusion de divers antagonistes (le couple de femmes dans la caravane, l'enfant sauvage) est notamment une bonne idée puisqu'elle ajoute une ironie sardonique à une situation cauchemardesque toujours plus contraignante, sachant que la dernière victime n'aura de cesse d'accourir à travers bois ou de se planquer dans les entrepôts pour échapper à la sentence de la tronçonneuse !


Méchant, tendu, intense, malsain et poisseux, Massacre à la Tronçonneuse récolte la réussite du remake intelligent car respectueux de son modèle et d'autant plus terrifiant qu'il ne cède jamais au caractère sanglant de son titre évocateur ! Car ici, c'est la vigueur de sa réalisation et la rigueur de l'ultra violence qui priment afin d'exacerber une tension omniprésente, quand bien même les hurlements des victimes et le son strident de la tronçonneuse viennent renforcer l'état de panique ! 
Une réussite plus qu'honorable, pour ne pas dire miraculeuse, car réussissant à distiller la trouille avec une trépidante efficacité ! 

La Chronique de son modèle, Massacre à la Tronçonneuse (1974): http://brunomatei.blogspot.fr/…/massacre-la-tronconneuse-te…

Bruno Matéï
3èx

lundi 7 avril 2014

CASSE TETE CHINOIS. Prix du Jury jeune à Sarlat, 2013

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Cédric Klapisch. 2013. France. 1h57. Avec Romain Duris, Kely Reilly, Audrey Tautou, Cécile De France, Sandrine Holt, Flore Bonaventura.

Récompense: Prix du Jury jeune au Festival du film de Sarlat, 2013.

Sortie salles France: 4 décembre 2013

FILMOGRAPHIE:Cédric Klapisch est un réalisateur, scénariste et producteur français, né le 4 Septembre 1961 à Neuilly-sur-Seine (France).
1989: Maasaïïtis. 1991: Riens du tout. 1994: Le Péril Jeune. 1996: Chacun cherche son chat. 1996: Un air de famille. 1999: Peut-être. 2001: L'Auberge Espagnole. 2002: Ni pour ni contre. 2005: Les Poupées Russes. 2008: Paris. 2011: Ma part du Gâteau. 2013: Casse-tête chinois.


Après l'Auberge Espagnole et Les Poupées Russes, Cédric Klapisch amorce une suite à son diptyque avec Casse-tête chinois. Titre on ne peut mieux approprié puisque le héros du film, Xavier, entreprend l'écriture de ce roman afin d'exorciser l'échec de sa rupture amoureuse. Comédie légère entièrement bâtie sur le concept amoureux, Casse Tête chinois renoue avec le vent de fraîcheur et de tendresse des précédents opus pour traiter aujourd'hui du mal-être de la quarantaine chez un père de famille. Xavier vient de rompre avec sa femme anglaise après 10 ans de vie commune. Alors qu'elle rentre à New-York parmi ses enfants, il décide également de la rejoindre et cherche un appartement pour assurer la garde de ses rejetons. Après avoir renouer contact avec son amie lesbienne Isabelle, cette dernière lui trouve une location et lui propose par la même occasion de devenir son donateur de sperme par insémination artificielle. En effet, elle aimerait devenir mère d'un enfant avec sa nouvelle compagne, Ju. Au même moment, Martine, l'ex de Xavier, lui annonce qu'elle vient lui rendre visite à New-York.


Treize ans séparent l'Auberge Espagnole de Casse-tête Chinois et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est un réel bonheur de retrouver Xavier, Isabelle, Martine et Wendy du haut de leur quarantaine. Outre l'inventivité de sa réalisation aux touches de poésie fantaisiste, sa nouvelle réussite est une fois encore imputée au talent spontané de ces interprètes, successivement incarnés par Romain DurisCécile De FranceAudrey Tautou et Kely Reilly. Des comédiens à la bonhomie pleine de fougue réussissant à nous faire partager leur vicissitudes dans une cohésion amicale. Exit donc la caricature traditionnellement imposée dans ce genre de comédie légère si bien que Cédric Klapisch dessine ces personnages avec l'autorité de leur caractère et un jeu d'improvisation inscrit dans le naturel. En traitant avec simplicité des thèmes contradictoires de l'amour et de l'infidélité, le réalisateur scande un hymne à l'existence (et à la cohésion cosmopolite) auquel le hasard des circonstances rachète toutes les incertitudes. Emaillé de quiproquos irrésistibles (la visite des agents de l'immigration chez Xavier), de rencontres impromptues (le chauffeur de taxi molesté, sa fille asiatique compromise au mariage blanc) et de situations amusées (l'échange verbal difficilement établi entre le nouvel ami de Wendy et Xavier, ou encore l'étreinte sexuelle de ce dernier avec Martine), Casse-tête chinois réussit à combiner tendresse et humour Spoiler ! jusqu'à l'harmonie d'un happy-end renouant avec le bonheur conjugal. Fin du Spoiler. Cet épilogue d'une belle intensité émotionnelle boucle l'idéologie optimiste du réalisateur dans son audace prodiguée et nous suscite l'envie d'affronter la vie sentimentale avec autant de persuasion.  


Léger, frais, pétillant, décomplexé et pittoresque, Casse-Tête Chinois renoue avec la verve de ces précédents modèles (même si on peut déplorer une première partie un peu laborieuse) et peut se targuer d'être un antidépresseur à tous les désillusionnés de l'amour et ceux concevant leur destinée comme scellée d'avance. Comme le prouve la vie compliquée de Xavier, les aléas de l'existence restent ouvertes et attendent de se cristalliser, quand bien même votre meilleur(e) ami(e) pourrait bien un jour bouleverser votre perplexité ! A condition d'y croire et de pratiquer le goût du risque et de l'évasion ! 

Bruno Matéï

vendredi 4 avril 2014

Délivrance

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site dpstream.net

"Deliverance" de John Boorman. 1972. U.S.A. 1h49. Avec John Voight, Burt Reynolds, Ned Beatty, Ronny Cox, Ed Ramey, Billy Redden.

Sortie salles France: 1er Octobre 1972. U.S: 30 Juillet 1972

FILMOGRAPHIE: John Boorman est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 18 Janvier 1933 à Shepperton (Royaume-Uni). 1965: Sauve qui peut. 1967: Le Point de non-retour. 1968: Duel dans le pacifique. 1970: Leo the last. 1972: Délivrance. 1974: Zardoz. 1977: L'Exorciste 2. 1981: Excalibur. 1985: La Forêt d'Emeraude. 1987: Hope and Glory. 1990: Tout pour réussir. 1995: Rangoon. 1998: Le Général. 2001: Le Tailleur de Panama. 2003: In my Country. 2006: The Tiger's Tail.


Précurseur du survival pur et dur, Délivrance est une plongée en enfer à rude épreuve, autant pour le témoignage du spectateur lourdement éprouvé que pour nos héros incessamment livrés à une épreuve d'endurance. Alors qu'une rivière est sur le point de rendre l'âme depuis que l'homme eut décidé d'y construire un barrage, quatre citadins s'empressent de lui rendre un dernier hommage pour la parcourir en canoë. Ainsi, ce qui s'annonçait comme un week-end idyllique va rapidement virer en périple cauchemardesque après que l'un d'eux subira un viol par deux rednecks locaux. Ayant riposté en légitime défense et tué l'un des tortionnaires, nos héros useront de patience, constance et bravoure pour déjouer la vengeance d'un ennemi invisible planqué au sein de la forêt. Alors qu'ils tentent désespérément de descendre la rivière pour rejoindre la ville, dame nature les soumet également à une épreuve de survie sur les violents rapides et en amont des montagnes rocailleuses. Survival cauchemardesque au confins de l'horreur, drame psychologique à l'intensité dramatique rigoureuse,  Délivrance délivre un constat implacable sur la nature de l'homme contraint ici de renouer avec son instinct primitif pour tenter de survivre dans une nature hostile. 


Si bien que cette rivière bafouée par notre irrévérence semble se venger de notre arrogance pour prendre en otage quatre innocents et les confronter à un ultime combat contre la mort. Quand bien même un autochtone déficient leur corsera la situation pour tenter lui aussi de les éradiquer ! De manière jusqu'au-boutiste mais sans jamais céder à une quelconque complaisance, John Boorman livre un récit d'aventures d'une violence âpre (viol crapuleux à l'appui !) où l'ambiance horrifique, sous-jacente mais aussi palpable, nous saisit littéralement à la gorge. Epaulé d'un scénario et d'un casting sans faille, son intensité singulière découle également de son saisissant réalisme ainsi que de la passionnante évolution des personnages au caractère bien distinct. De paisibles citadins qui n'auront de cesse de se mesurer à leur propre éthique afin de décider communément s'ils se débarrassent d'un cadavre encombrant ou à contrario se livrent à la police et ainsi justifier leur légitime défense. Livré à la solitude et démunis par la déveine, ces derniers recourent à la pugnacité pour surmonter peur et courage en se délayant des pires situations, alors que l'expiation peut parfois conduire au suicide chez l'un d'eux. 


Voyage au bout de l'enfer
Désespéré et impitoyable, dérangeant et éprouvant, Délivrance innove le genre survival pour lui offrir ses lettres de noblesse avec l'intelligence d'un scénario acéré (on peut par ailleurs y déceler une métaphore sur la guerre du Vietnam dont Cimino empruntera quelques éléments pour Voyage au bout de l'enfer). Pour parachever, l'intensité psychologique des personnages torturés (ils sortiront à jamais traumatisés de leur expérience !) culmine au constat d'amertume sur notre sauvagerie lorsque l'homme est confronté à une épreuve de légitime défense, et sur notre incapacité à braver le déchaînement de mère nature. Un cauchemar écolo dont on ne sort pas indemne sous l'impulsion d'un célèbre banjo animé par la rouerie. 

4èx

jeudi 3 avril 2014

RENCONTRES DU 3E TYPE (Close Encounters of the Third Kind)

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

de Steven Spielberg. 1977. U.S.A. 2h17 (director's cut). Avec Richard Dreyfuss, François Truffaut, Teri Garr, Melinda Dillon, Bob Balaban, J. Patrick McNamara.

Sortie salles France: 24 Février 1978. U.S: 15 Novembre 1977

FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln.


                                         Rencontre du premier type: Observation d'un Ovni
                                         Rencontre du second type: Evidence Physique
                                         Rencontre du troisième type: Contact


Deux ans après avoir semé la panique sur les plages du monde entier grâce aux Dents de la mer, Steven Spielberg prend le contre-pied du film de terreur mâtiné de catastrophe pour illustrer le féerique Rencontres du 3è type. Passionné par le phénomène des ovnis et tout ce qui entoure le mythe des extra-terrestres, le cinéaste aborde son sujet avec sérieux tout en jouant sur le caractère merveilleux d'une telle situation quand des étrangers venus d'ailleurs décident de débarquer pacifiquement sur terre. Sans faire preuve d'esbroufe dans l'action conventionnelle, Steven Spielberg ne nous ressasse pas une énième invasion d'E.T hostiles dans le but de provoquer (bien qu'il le fera plus tard avec la Guerre des Mondes !), mais au contraire nous émerveille en déclarant un hymne à l'existence extraterrestre. 


Message d'espoir et de pacifisme où le besoin d'entrer en communication s'avère le centre des intérêts, réflexion spirituelle sur la foi, Rencontres du 3è type accorde autant d'intérêt à l'aspect scientifique d'une découverte révolutionnaire que la dimension humaine d'un père de famille obsédé par la quête de vérité. C'est d'abord par le langage auditif que nos scientifiques vont tenter d'entrer en communication avec les ovnis afin d'établir un premier rapport. De son côté, après en avoir été témoin parmi la présence d'autres citadins, le père de famille, Roy Neary, s'évertue à reconstituer au sein de sa demeure un monolithe en terre après avoir été inconsciemment obsédé par cette étrange vision. De manière erratique mais déterminé, il n'aura plus que cette obsession en tête pour essayer de la comprendre et la déchiffrer. C'est avec l'aide de Jillian Guiler, une mère esseulée dont l'enfant vient d'être enlevé par les ovnis, qu'il pourra compter sur son soutien afin d'entamer une excursion vers Devils Tower. D'autres témoins de la région auront cette même révélation, cette ambition imperturbable à tenter de démystifier cette forme distendue et dépister le fameux point de rencontre. Spoiler ! Leur investigation culmine donc avec la découverte d'une base secrète, lieu de séjour afin d'accueillir l'éventuelle venue de nos visiteurs ! Celle d'engins volants illuminés de néons polychromes auquel des extraterrestres finiront par dévoiler leur apparence pour nous prodiguer leur pacifisme ! Fin du spoiler.


En jouant sur la suggestion et l'expectative, Steven Spielberg élabore un scénario infaillible d'autant plus réaliste pour l'aspect scientifique imparti à la recherche et profondément humaniste dans sa réflexion sur la communication et le respect d'autrui. Spectacle de féerie visuelle mené de main de maître à l'aide d'FX toujours aussi modernistes, ballet musical que Steven Spielberg culmine dans un point d'orgue édénique, Rencontres du 3è type nous achemine vers un message universel, celui de la communion avec toute forme de vie étrangère. Prestigieux moment de cinéma !

Bruno Matéï


mercredi 2 avril 2014

LES VIERGES DE LA PLEINE LUNE (Il Plenilunio delle Vergini)

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site vampyres-online.com

de Luigi Batzella. 1973. Italie. 1h22. Avec Mark Damon, Rosalba Neri, Francesca Romana Davila, Esmeralda Barros, Xiro Papas, Sergio Pislar...

FILMOGRAPHIE: Luigi Batzella est un réalisateur italien né le 27 Mai 1924 à San Sperate, en Sardaigne, décédé le 18 Novembre 2008.
1966: Tre franchi di pietà. 1969: Les Mille et une nuits d'Istamboul. 1970: Quand explose la dernière grenade. 1971: Pour Django les salauds ont un prix. 1971: Les Ames damnées de Rio Chico. 1972: Le poulain était fils Dieu. 1972: Confessioni segrete di un convento di clausura. 1973: Les Vierges de la pleine lune. 1974: Les Nuits perverses de Nuda. 1974: Lo Strano ricatto di una ragazza par bene. 1977: Les Tigres du Désert. 1977: Holocauste Nazi. 1978: Symphonie de l'amour. 1979: La Guerre du Pétrole. 1980: l'Implacable Défi (non crédité).


Cinéaste mineur responsable du scandaleux et très Z Holocauste Nazi, Luigi Batzell réalise en 1973 son meilleur film avec Les Vierges de la pleine lune. On est d'autant plus surpris par la qualité du produit que sa rareté nous avait porté préjudice au sein de l'hexagone. Chose réparée aujourd'hui puisque le film bénéficie enfin d'une sortie Dvd digne de son support sous l'égide d'Artus Film !
A la recherche d'un anneau précieux conférant richesse et pouvoir à celui qui le possède, deux frères décident de partir en Transylvanie pour tenter de se l'approprier dans l'ancien château du comte Dracula. Attisé par la cupidité, Franz arrive d'abord le premier et se voit accueilli par une étrange comtesse férue de messe noire. 


Ce qui frappe d'emblée avec cette série B bien ancrée dans l'expression "Bis", c'est le soin accordé à la poésie de ces images contrastant avec des éclairages limpides. Notamment la richesse de sa photographie transcendant une scénographie gothique pour composer des séquences picturales axées sur la sensualité féminine et le rituel de sacrifices. Le réalisateur pallie donc son budget minimaliste par le sens esthétique d'un univers funeste où le rouge, le blanc et le noir prédominent l'assemblée des suceurs de sang. Si le scénario n'est pas un modèle d'intelligence, il s'avère bien conté, assez captivant, parfois surprenant (la relation insidieuse des frères jumeaux, l'épilogue nihiliste relégué en farce macabre) et d'autant mieux rythmé par son lot de rebondissements (la dernière demi-heure multiplie actions imprévisibles et retournements de situation !). Qui plus est, la caractérisation des personnages s'avère également attachante dans le jeu de séduction alloué entre Franz et la veuve de Dracula. Ponctué de séquences érotiques vertueuses et de quelques scènes gores graphiques, les Vierges de la pleine lune est une plongée fantasmatique dans la demeure intimiste d'une femme vampire adepte de solitude. Possédant une bague conférant tous les pouvoirs, elle décide de régir sa vie sous la mainmise des ténèbres en exploitant le sang des jeunes vierges et en séduisant les mâles imprudents. A travers sa mise en scène stylisée, Luigi Batzella emprunte donc les thèmes du vampirisme, de la beauté éternelle et du satanisme en mettant en exergue les pouvoirs surnaturels d'une amulette et d'un anneau, symboles antinomiques du Bien et du Mal. Sur ce point, la confrontation finale (à la lisière du grotesque !) instaurée entre Karl et la comtesse réussit à nous y impliquer, non sans une certaine ironie dans leurs efforts surmontés.


Sans aucune prétention que de divertir modestement, Luigi Batzell compose avec les Vierges de la peine lune une série B finalement originale dans son thème éculé du vampirisme d'où plane l'ombre de la comtesse Bathory (douche de sang à l'appui !), d'autant plus formelle dans le sens du cadrage hérité de l'art pictural. 

Bruno Matéï


mardi 1 avril 2014

LA VENGEANCE DE LADY MORGAN (La Vendetta di Lady Morgan)

                                                                                Photo personnelle appartenant à Bruno Dussart.

de Massimo Pupillo. 1965. Italie. 1h25. Avec Barbara Nelli, Erika Blanc, Gordon Mitchell, Paul Muller, Michel Forain, Carlo Kechler.

Sortie salles Italie: 16 Décembre 1965

FILMOGRAPHIE: Massimo Pupillo est un réalisateur, scénariste et producteur italien, né le 7 Janvier 1929 à San Severo, Italie.
1961: Teddy, l'osacchiotto vagabondo. 1965: Cinq tombes pour un médium. 1965: Vierges pour le bourreau. 1965: La Vengeance de Lady Morgan. 1967: Django, le taciturne. 1970: L'amore, questo sconosciuto. 1970: Giovane Italia, Giovane Europa. 1984: Sajana, l'audace impresa


Exhumé de l'oubli grâce à l'éditeur français Artus Films, La Vengeance de Lady Morgan renoue avec la tradition du gothisme italien en s'inspirant de Danse Macabre de Margheriti. Joliment mis en scène dans un noir et blanc ciselé, le film relate l'histoire d'amour impossible entre deux amants, tour à tour victimes du complot d'Harold Morgan et de ses sbires. Persuadée que son ancien amant est mort d'une noyade accidentelle, Susan s'est donc résolue à épouser le comte Morgan en désespoir de cause. Divisé en deux parties, le premier segment joue la carte de la sobriété pour dépeindre les tourments psychologiques de la jeune fille, sévèrement persécutée par son mari cupide, et victime d'hypnose de la part d'une des domestiques. Sa vie conjugale vire donc rapidement au cauchemar depuis que d'étranges évènements influent sur son état mental et depuis que son époux infidèle a manigancé un complot communautaire en guise d'héritage.


Dans un souci esthétique, Massimo Pupillo compose des images gracieuses (voires aussi baroques à certains moments) en harmonie avec le style gothique du château hanté, des couloirs inquiétants éclairés aux candélabres, du cimetière brumeux et d'une crypte à torture. Outre l'aspect envoûtant de la scénographie, le film tire également parti de la caractérisation des personnages sournois au charisme évocateur. Que ce soit le majordome au visage buriné qu'incarne avec démence le vétéran Gordon Mitchel, le compte orgueilleux Harold Morgan qu'interprète Paul Muller dans une posture longiligne, ou encore la domestique aguicheuse qu'Erika Blanc endosse avec charme pernicieux ! Enfin, compromise par l'infortune de la mort, la personnalité de Lady Morgan plane sur le récit à l'instar du fantôme en robe blanche que Barbara Nelli retranscrit avec autant de fragilité que d'empathie pour la destinée de son compagnon. La deuxième partie, beaucoup plus exubérante, emprunte le thème du vampirisme (la condition des fantômes mécréants contraints de boire du sang afin de survivre dans notre monde !) et joue avec les forces du surnaturel lorsque Susan décide d'entamer une vengeance diabolique conçue sur le subterfuge SPOILER ! puisque les responsables de sa mort finiront maladroitement par s'entretuer fin du SPOILER. Emaillé de séquences chocs éculées mais efficaces (les procédés spectaculaires de l'esprit frappeur imposent l'artillerie usuelle des portes qui claquent, des objets qui se déplacent, du vent violent et de l'embrasement du feu ), Massimo Pupillo se laisse notamment aller à l'horreur graphique lorsque l'un des antagonistes grièvement blessé est sévèrement pris à parti avec les sabots d'un cheval !


Scénario structuré, noir et blanc formel, gothique raffiné, érotisme sensuel et personnages fielleux, La Vengeance de Lady Morgan se porte en digne représentant de l'horreur italienne dans sa texture séculaire liée à l'architecture moyenâgeuse. Une belle surprise et une aubaine que les aficionados pourront découvrir pour la première fois en Dvd chez Artus Films

Bruno Matéï

lundi 31 mars 2014

LE CIRQUE DES VAMPIRES (Vampire Circus)

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site projectdeadpost.com

de Robert Young. 1972. Angleterre. 1h27. Avec Laurence Payne, Domini Blythe, Lynne Frederick, Thorley Walters, Adrienne Corri, Robert Tayman.

Sortie salles: 23 Août 1973

FILMOGRAPHIE: Robert (William) Young est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 16 Mars 1933 à Cheltenham.
1972: Le Cirque des Vampires. 1979: Le monde est plein d'homme mariés. 1993: Grandeur et descendance. 1997: Créatures Féroces.


Bien étrange film que ce Cirque des Vampires produit par la célèbre firme Hammer et réalisé par un cinéaste peu prolifique. En dépit du côté daté de certains fx et du jeu cabotin de quelques antagonistes (Robert Tayman force un peu trop le trait dans sa posture vampirique mais se rattrape avec son charisme délétère rehaussé d'un regard vicieux !), cette série B trépidante tire parti de son originalité grâce au décor alloué au cirque forain ! En 1810, le Comte Mitterhouse vient d'être assassiné par les villageois après son kidnapping intenté sur une mère et sa fille. Juste avant de mourir, il promet de revenir se venger auprès de leurs descendants. Quinze ans plus tard, un cirque vient de s'installer dans la région sous la direction du cousin du comte. D'étranges meurtres sanglants vont ébranler la population qui ira rapidement suspecter l'étrange confrérie !


A partir d'un postulat classique (la vengeance d'un vampire pour parfaire sa malédiction !), Robert Young réussit à éviter l'impression de déjà vu grâce à l'efficacité de nombreuses scènes d'action et surtout à l'onirisme des tours de prestidigitation. Sur ce dernier point, je pense au premier spectacle de la femme-tigre et surtout à l'épreuve du miroir de la vie auquel certains villageois vont en faire l'expérience pour se retrouver projeter contre leur gré vers une autre dimension. Il y a aussi le saut crépusculaire dans le vide de ces funambules préalablement métamorphosés en chauve-souris sous l'oeil médusé du public ! Par ailleurs, cette communauté gitane entièrement soumise à l'autorité du mal regroupe des personnages extravagants dans leur physique hétéroclite (l'Hercule, l'homme panthère, les jumeaux vampires, le nain), et ayant tous une fonction particulière pour élaborer leur combine ! La manière surnaturelle dont les villageois sont confrontés à leurs stratagèmes pour les offrir en sacrifice permet de relancer une action alerte lorsqu'ils tentent de se débattre de la mort. Pour le reste, et afin respecter la déontologie de la Hammer, les décors flamboyants sont à l'avenant (le cirque de la nuit installé au sein d'un bois, la chapelle, la crypte), l'horreur graphique vire souvent au gore rutilant et les jeunes filles aux poitrines charnelles dégagent une sensualité timorée !


D'une étrange beauté, Le Cirque des Vampires doit beaucoup de son ironie macabre et de sa fascination grâce au décor du chapiteau dirigé par une obscure alliance. Il en émane une oeuvre singulière, non exempt de maladresses dans sa réalisation archaïque, mais transcendée par ces plages de poésie, au point que certaines images restent inconsciemment gravées dans la mémoire du spectateur. 

Bruno Matéï
3èx

vendredi 28 mars 2014

HIDDEN (The Hidden). Grand Prix Avoriaz 1988.

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

de Jack Sholder. 1987. U.S.A. 1h36. Avec Kyle MacLachlan, Michael Nouri, Claudia Christian, Clarence Felder, Clu Gulager, Ed O'Ross, William Boyett.

Sortie salles France: 23 Mars 1988. U.S: 20 Octobre 1987

FILMOGRAPHIE (source wikipedia): Jack Sholder est un réalisateur américain, né le 8 juin 1945 à Philadelphia. 1973: The Garden Party (court-métrage). 1982: Alone in the dark. 1985: Le Revanche de Freddy. 1987: Hidden. 1988: Vietnam War Story 2. 1989: Flic et Rebelle. 1990: By Dawn's Early Light (télé-film). 1993: 12H01: prisonnier du temps (télé-film). 1994: Sélection naturelle (télé-film). 1994: The Omen (télé-film). 1996: Generation X (télé-film). 1997: Panique sur l'autoroute (télé-film). 1999: Wishmaster 2. 2001: Arachnid. 2002: Beeper. 2004: 12 Days of terror.


Déjà auteur de l'excellent Alone in the dark (psycho-killer sardonique où des fous s'évadaient d'un asile pour semer la panique dans une banlieue !) et du sympathique second opus, La Revanche de Freddy, Jack Sholder réalise en 1987 son meilleur film avec Hidden auréolé du Grand Prix à Avoriaz. Si on peut néanmoins contester la remise de cette prestigieuse récompense, on ne peut nier l'incroyable efficacité du récit alternant action explosive et science-fiction horrifique, quand bien même la vigueur de sa réalisation et du montage précis nous laisse sur les rotules. Partant d'un pitch complètement délirant, un parasite féru de gros flingues, de Rock and Roll et de vitesse en Ferrari, investit le corps de citadins pour foutre le zouc dans une bourgade de Los-Angeles, le réalisateur exploite une pure série B ludique conçue sur le fun des situations. Inspiré des classiques notoires parmi lesquels Alien The Thing, il reprend le thème éculé de l'extra-terrestre inhospitalier en dédiant ses confrontations belliqueuses avec les autorités de la police où l'action et les cascades n'auront de cesse d'y rebondir d'une séquence à l'autre ! 


Mené sur un rythme sans faille donc, l'efficacité du scénario émane des stratégies récurrentes que le parasite est contraint d'exercer afin de se glisser dans la peau d'une victime puis d'en dégoter rapidement une autre dès que le corps eut été abîmé ! L'idée retorse d'éradiquer la chose à l'aide d'une arme futuriste est notamment bien exploitée puisque l'adversaire doit attendre qu'elle s'extirpe de l'enveloppe corporelle de la victime, le pistolet ne produisant aucun dommage sur la chair humaine ! Au même moment, deux inspecteurs sont dépêchés sur le terrain afin d'enquêter sur cette vague de crimes inexpliqués alors que de modestes quidams sont subitement atteints de démence ! Pour ajouter un peu de consistance à l'intrigue, l'un des deux flics s'avère un agent du FBI investi d'une mission secrète que son chef tente vainement de percer jusqu'au moment où ce premier décidera d'avouer sa fonction de sauveur de l'humanité. D'ailleurs, on peut saluer le jeu diaphane de Kyle MacLachlan incarnant à merveille un humanoïde flegmatique au regard étrangement angélique. Son comparse endossé par Michael Nouri s'avère notamment persuasif dans la peau du flic expéditif, tentant de démystifier les aboutissants d'une improbable enquête ! Outre la violence incisive des scènes spectaculaires et de son humour noir décomplexé, Hidden est notamment favorisé par la confection d'effets spéciaux modestes mais tout à fait impressionnants ! (la grosse limace s'extirpant en temps réel de la bouche d'une victime pour en infiltrer une autre !). 


Fun et jouissif de par son lot ininterrompu d'action explosive où les gunfights confinent au carnage (la dernière demi-heure pétaradante se rapproche des excès destroy d'un Terminator !), Hidden s'érige en leçon de mise en scène pour son sens de l'efficacité où les altercations n'auront de cesse de redoubler d'intensité ! Enfin, la complicité formée par le duo de flics ajoute une certaine densité psychologique (voire une dimension humaine dédiée au sens du sacrifice) à leurs rapports de divergence où la confiance mutuelle finira par porter ses fruits. 

Bruno 

RécompensesGrand Prix au Festival d'Avoriaz, 1988
Prix du Jury de la critique internationale et prix du meilleur acteur pour Michael Nouri, lors du Festival du film de Catalogne en 1987.
Prix du meilleur réalisateur et nomination au prix du meilleur film au festival Fantasporto en 1988.

jeudi 27 mars 2014

LA GUERRE DU FEU (Quest for Fire). César du Meilleur Film

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site relamovies.com

de Jean Jacques Annaud. 1981. France/Canada. 1h36. Avec Everett McGill, Ron Perlman, Nicholas Kadi, Rae Dawn Chong.

Récompenses: César du Meilleur Film, César du Meilleur Réalisateur

Sortie salles France: 16 Décembre 1981. Canada: 10 Février 1982

FILMOGRAPHIE: Jean-Jacques Annaud est un réalisateur et scénariste français, né le 1er Octobre 1943 à Juvisy-sur-Orge (Essonne).
1976: La Victoire en Chantant. 1979: Coup de Tête. 1981: La Guerre du Feu. 1986: Le Nom de la Rose. 1988: L'Ours. 1992: L'Amant. 1995: Guillaumet, les ailes du courage. 1997: 7 ans au Tibet. 2001: Stalingard. 2004: Deux Frères. 2007: Sa Majesté Minor. 2011: Or Noir. 2015: Wolf Totem.


Il y a 80 000 ans se levait l'aube de l'humanité. L'homme préhistorique savait conserver le feu offert par les hasards de la nature: foudre, éruptions volcaniques. Mais il ne savait pas le créer artificiellement. Ce feu, pour nous, si banal, était l'enjeu de rivalités impitoyables. En ces âges farouches, le feu assurait la survie de notre espèce. Il servait à l'homme pour se protéger des froids terribles des glaciations, écarter les animaux féroces, cuir les viandes. Les hordes s'organisaient autour de sa claire puissance bienfaitrice. Ceux qui le possédaient possédaient la vie. 

Succès mondial lors de sa sortie, auréolé chez nous du César du Meilleur Film, La Guerre du Feu est une gageure à vocation pédagogique et ludique que Jean-Jacques Annaud relève dignement afin de reconstituer l'époque du Paléolithique. Une première dans l'histoire du cinéma puisque le réalisateur traite son sujet avec souci de réalisme dans sa configuration géographique (décors naturels du Canada, de l'Ecosse et du Kenya), dans sa violence graphique imposée (affrontements sanglants assez brutaux) mais aussi dans la physionomie des acteurs au faciès simiesque ! On est donc loin ici des ersatz transalpins qui exploiteront rapidement le filon dans une précarité de système Z à but foncièrement mercantile !


Notre aventure débute donc avec l'expédition de trois guerriers de la tribu des Ulam contraints de quitter leur contrée pour partir conquérir le feu après l'avoir égaré dans un récipient. A partir de ce simple canevas, le réalisateur nous dépeint un captivant récit d'aventure chargé de souffle épique dans ces batailles adverses que nos trois héros vont devoir braver durant leur périple. Récit initiatique, leçon de vie pour l'évolution humaine, La Guerre du Feu se porte en humble témoignage afin de rendre hommage à nos ancêtres où leur destinée de survie s'avérait particulièrement précaire. Incessamment confrontés à l'hiver climatique d'une nature sauvage, aux rivalités des tribus et à l'hostilité d'animaux affamés, nos héros vont devoir évaluer leur sens de bravoure afin de s'approprier la denrée du feu et pouvoir le créer indépendamment. Par leur épreuve de survie, leur désir de préserver leur dynastie mais aussi leur esprit de curiosité, ils vont défier la peur et apprendre les sens du mot amour, respect, fraternité et humour en se mesurant à la culture des tribus étrangères. A travers le tempérament primitif de l'homme, capable de perpétrer impunément un viol sur une étrangère, Jean Jacques Annaud illustre notamment notre instinct machiste et phallocrate avant de nous inculquer la valeur essentielle de l'amour. Car à travers la relation empathique partagée entre Naoh et Ika, le réalisateur dépeint avec poésie la prémices amoureuse quand deux amants sont communément épris de sentiments avant de procréer leur descendance (l'épilogue tacite au clair de lune).


Projet casse-gueule réputé inadaptable, voir peu convaincant du point de vue de certains scientifiques, La Guerre du Feu réussit pourtant l'exploit de retranscrire le Paléolithique avec souci de réalisme studieux. Esthétiquement magnifique dans ces décors montagneux, bercé d'une partition envoûtante à la flûte de Pan et épaulé du jeu intense des comédiens, Jean-Jacques Annaud accorde autant de crédit au sens du mot spectacle dans cette aventure lyrique où le feu reste la convoitise pour nos ancêtres afin de prémunir leur destinée. 

Bruno Matéï
4èx 

    mercredi 26 mars 2014

    Black Christmas / Silent Night Evil Night

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site arte.tv

    de Bob Clark. 1974. Canada. 1h38. Avec Olivia Hussey, Keir Dullea, Margot Kidder, John Saxon, Andrea Martin, Marian Waldman.

    Sortie salles Canada: 11 Octobre 1974. U.S: 20 Décembre 1974 

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Bob Clark est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 5 Août 1941 à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane (Etats-Unis), décédé le 4 Avril 2007 à Pacific Palisades, en Californie. 1966: The Emperor's New Clothes. 1967: She-Man. 1972: Children Shouldn't play with dead things. 1974: Le Mort-Vivant. 1974: Black Christmas. 1979: Meurtre par décret. 1980: Un Fils pour l'été. 1982: Porky's. 1983: Porky's 2. 1983: A Christmas Story. 1984: Rhinestone. 1985: Turk 182 ! 1987: From the Hip. 1990: Loose Cannons. 1995: Derby (télé-film). 1999: P'tits génies. 2004: SuperBabies.


    Pièce fondatrice du psycho-killer, Black Christmas  détourne les codes du genre horrifique avec une perspicacité peu commune. Sa mise en scène affûtée s'opposant aux conventions avec originalité et sens de dérision macabre. Partant de ce simple postulat: des étudiantes d'une résidence sont harcelées au téléphone par un psychopathe et vont disparaître une à une sous l'autorité perplexe de la police, Bob Clark érige sa mise en scène de manière circonspecte afin de faire naître un suspense lattent qui ira crescendo. L'idée retorse génialement exploitée dans ce thriller oppressant part du principe que le tueur s'est réfugié à l'endroit même où les victimes y résident. Une stratégie perfide que l'inconnu sans visage (repéré en caméra subjective) intente afin de mieux les piéger et pouvoir accomplir impunément ses exactions. Planqué dans le grenier après avoir assassiné deux locataires, il n'aura de cesse d'importuner au téléphone ses jeunes filles démunies en attendant de frapper à nouveau au moment opportun. Alors que la populace et la police imaginent que le meurtrier est en externe de la bâtisse en tentant vainement de retrouver la première disparue sous la neige, ce dernier perpétue tranquillement son rituel en se raillant des étudiantes par l'entremise du téléphone (ses divagations verbales provoquent un réel malaise de par sa tonalité à la fois goguenarde et criarde).


    Ainsi, ce harcèlement cellulaire est une nouvelle trouvaille que Bob Clark exploite ingénieusement afin de susciter l'anxiété sans avoir recours aux ficelles balisées. Qui plus est, la présence fantomatique de l'assassin suggérée en vue subjective exacerbe ce sentiment d'inquiétude et d'insécurité régie en interne du huis-clos. D'ailleurs, la manière dont il assassine ses victimes sans pouvoir se faire appréhender s'avère également convaincante auprès de son comportement studieux, méthodique, sournois. Une autre astuce ironiquement macabre est notamment utilisée lorsque la première victime inerte est installée au bord d'une fenêtre du grenier devant l'oeil impuissant de la police et des habitants ! Car durant tout le film, les allées-et-venues des témoins autour de la demeure ne prêteront jamais attention à élever la tête pour entrevoir le cadavre ! Au niveau de l'exécution des meurtres, Bob Clark innove encore sans faire preuve d'esbroufe car privilégiant plutôt l'aspect concis ou stylisé de l'acte meurtrier hérité du giallo (je pense à la mise à mort fantasmatique de Barbara durant son sommeil). Toujours voué à casser les codes, le réalisateur introduit notamment quelques séquences pittoresques étonnamment hilarantes lorsque deux flics sont pris d'un fou-rire pour se railler d'un collègue maladroit ne comprenant pas le sens du mot "fellation" ! Enfin, et de manière exponentielle, Bob Clark culmine un final des plus terrifiants où les rebondissements détonnent par leur impact manipulateur tout en nous laissant dans l'interrogation quand au sort réservé à la dernière survivante et la fameuse identité du meurtrier.


    Le Sapin a les boules. 
    Précurseur des oeuvres notoires Halloween, Terreur sur la Ligne et les ersatz qui tenteront d'émuler la recette, Black Christmas transcende le psycho-killer avec un sens du suspense méticuleux à l'efficacité éprouvée. Un chef-d'oeuvre atypique d'une surprenante modernité dans sa mise en scène roublarde proprement révolutionnaire si bien que ce divertissement au suspense horrifique n'a pas pris une ride.  

    *Bruno
    16.01.24. 3èx. Vostfr

    Récompense: Prix de la meilleure actrice pour Margot Kidder et meilleur montage son pour Kenneth Heeley-Ray, au Canadian Film Awards, 1975.

    mardi 25 mars 2014

    Les Innocents. Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario.

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site peoplearecrying.blogspot.com

    "The Innocents" de Jack Clayton. 1961. Angleterre. 1h40. Avec Deborah Kerr, Michael Redgrave, Peter Wyngarde, Megs Jenkins, Pamela Franklin. 

    Sortie salles France: 16 Mai 1962

    FILMOGRAPHIE: Jack Clayton est un réalisateur, producteur et scénariste anglais, né le 1er mars 1921 à Brighton, décédé le 26 Février 1995 à Slough (Royaume-Uni).
    1959: Les Chemins de la haute ville. 1961: Les Innocents. 1964: Le Mangeur de Citrouilles. 1967: Chaque soir à 9 heures. 1974: Gatsby le magnifique. 1983: La Foire des Ténèbres. 1987: The Lonely passion of Judith Hearne. 1992: Memento Mori (télé-film).


    Quintessence du cinéma fantastique pur et dur, dans le sens éthéré et abrupt, Les Innocents est un cauchemar sur pellicule que notre cerveau emmagasine à l'instar d'une épreuve de force. Modèle d'écriture ciselée entièrement vouée à la psychologie torturée de ces personnages, Les Innocents emprunte aux thèmes de la hantise, de la possession et de l'enfant maléfique avec une force de persuasion sans égale ! Car c'est dans le pouvoir de suggestion que Jack Clayton réussit à se surpasser pour traiter d'une histoire démoniaque où deux enfants espiègles seront sévèrement réprimandés par leur nouvelle gouvernante. Cette dernière étant persuadée qu'ils sont à l'origine d'une malédiction invoquée par leur ancien valet de maison. Or, elle apprend par la nourrice que ce dernier prénommé Quint a rendu l'âme lors d'un accident mortel remettant en cause son ébriété. Qui plus est, l'ancienne gouvernante, Miss Jessel, a notamment succombé à une mort subite après avoir eu une liaison amoureuse particulièrement licencieuse avec lui. Face à l'attitude insolente des enfants et de leur comportement interlope, la nouvelle maîtresse de maison, Miss Giddens, est persuadée qu'ils sont l'objet d'une possession diabolique entretenue par les fantômes des amants. Ces suspicions se sont d'ailleurs confirmées depuis qu'elle a vu apparaître à plusieurs reprises les silhouettes de Quint et de Miss Jessel au sein de la maison et à proximité du parc.


    Ce scénario charpenté, Jack Clayton le maîtrise avec une rare subtilité de par sa gestion d'une angoisse tangible où le malaise diffus n'épargne jamais le spectateur ! Epaulé de la photographie en clair-obscur du grand Freddie Francis, les jeux d'ombre et de lumière qui s'y imposent amplifient ce sentiment d'insécurité perçu en interne de la bâtisse victorienne. Ainsi, en jouant sur l'aspect gothique et intimiste des pièces de ce vaste foyer et sur le regard angélique de bambins prétendument innocents, le réalisateur insuffle un climat malsain des plus contraignants lorsqu'une gouvernante anxieuse est persuadée qu'une force maléfique a pris possession de leurs âmes. Mais la grande force du récit réside dans sa capacité à entretenir le doute dans l'esprit du spectateur. Miss Giddens étant représentée comme une femme noble issue d'une éducation puritaine mais à la psychologie si névrosée auquel sa sensibilité laisse potentiellement libre court au délire de persécution. Faute du  comportement perspicace d'enfants diablotins et des visions fantomatiques qui envahissent son esprit, elle n'est donc éventuellement que la victime de son autosuggestion et de sa détermination à daigner purifier ces enfants de la perversion ! 


    Dérangeant, anxiogène et perturbant, Les Innocents est un cauchemar implacable d'une puissance émotionnelle trouble et d'une cruauté d'autant plus tragique lorsque son point d'orgue épouvantablement nihiliste confine au traumatisme pour nous hanter de son irrésolution ! Son climat malsain est d'autant plus déstabilisant et équivoque qu'il touche à la candeur d'enfants potentiellement pernicieux et ne cesse de remettre en question la conviction d'une gouvernante (Deborah Kerr transcende un jeu transi d'émoi de par son regard exorbité !) rongée par la paranoïa, voire peut-être aussi le refoulement sexuel ! Un joyau d'une noirceur insondable si bien que la vérité ne nous sera jamais autorisé (Henry James lui même s'est refusé à ébruiter le moindre indice !) afin de démystifier la culpabilité de Miss Giddens, des enfants et des amants d'outre-tombe  ! Génuflexion. 

    Récompense: Prix Edgar-Allan-Poe du Meilleur scénario

    Bruno 
    3èx