lundi 17 février 2014

Les Aventuriers de l'Arche Perdue (Raiders of the Lost Ark)

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site myscreens.fr

de Steven Spielberg. 1981. U.S.A. 1h55. Avec Harrison Ford, Karen Allen, Paul Freeman, Ronald Lacey, John Rhys-Davies, Denholm Elliott, Alfred Molina.

Sortie salles France: 16 Septembre 1981. U.S: 12 Juin 1981

FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis). 1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln.


L'Arche d'alliance, en hébreu אֲרוֹן הָעֵדוּת, Aron ha'Edout, « Arche du témoignage », est le coffre qui, dans la Bible, contient les tables de la loi (10 Commandements) données à Moïse sur le mont Sinaï. C'est un coffre oblong de bois recouvert d'or. Le propitiatoire surmonté de deux chérubins, qui en forme le couvercle, est considéré comme le trône, la résidence terrestre de YHWH (Exode 25:22). Lorsque le tabernacle fut terminé, l'arche fut mise dans le saint des saints, la partie la plus centrale du Temple de Jérusalem. (1 Rois 8:1–8).

Immense succès lors de sa sortie, à tel point qu'il devient le film le plus rentable de l'année 1981, Les Aventuriers de l'Arche Perdue représente l'archétype moderne du cinéma d'aventures afin de rameuter la nouvelle génération. Et à Harrison Ford de porter le chapeau et manier le fouet pour devenir une icone du héros viril ! A titre subsidiaire, c'est grâce au succès français de Philippe de Broca, l'Homme de Rio, que Spielberg eut l'idée de concrétiser son projet par le biais de son ami Georges Lucas. SynopsisEn 1936, le célèbre archéologue Indiana Jones doit retrouver la trace de l'arche d'alliance pour la remettre à son gouvernement avant que les allemands ne s'en emparent


Ce postulat de départ est un prétexte pour étaler sur une durée de près de deux heures courses-poursuites, quiproquos et péripéties trépidantes ! Avec une maîtrise virtuose, à l'instar de la rigueur millimétrée du montage, les Aventuriers de l'Arche Perdue joue la carte du dépaysement et de l'évasion avec une alchimie quasi occulte. A travers les contrées de l'Inde et de l'Egypte, Indiana Jones va tenter par tous les moyens de récupérer l'arche d'alliance dérobée par son ennemi juré, René Belloq. L'intérêt de l'aventure est donc de connaître quelles stratégies va employer notre héros pour se tirer des pires claustrations (notamment tenter de canaliser sa phobie des serpents au sein du "puits des âmes" !) et se réapproprier l'objet tant convoité ! En dosant habilement l'action, la romance (sa relation frétillante avec Marion), l'humour et une pointe de fantastique (le final surnaturel !), Steven Spielberg cristallise une haletante quête au trésor avec une inventivité généreuse. Tant au niveau de la chorégraphie des combats et des cascades à couper le souffle que du comportement pittoresque de certains protagonistes ! Incroyablement charismatique (alors que Tom Selleck était initialement prévu pour le rôle !), Harrison Ford n'eut jamais été aussi à l'aise que dans la peau d'Indiana Jones. Aventurier retors incapable de rebrousser chemin lorsqu'il s'agit de récupérer un trésor, l'acteur dégage une énergie insolente pour se railler de ses ennemis en multipliant indépendamment bravoures insensées. La charmante Karen Allen lui partage la vedette avec une spontanéité pleine de fraîcheur mais aussi d'impudence et de virilité afin de berner l'ennemi (son défi éthylique dans la taverne). Ce duo indéfectible aux caractères bien trempés fonctionne donc autant sur la tendresse et la rancune de leur ancienne liaison que sur leur complicité héroïque.   


Scandé de l'épique partition de John Williams, Les Aventuriers de l'arche perdue est un modèle de mise en scène à l'énergie inépuisable, d'autant mieux servi par le couple légendaire Harrison Ford / Karen Allen. Un chef-d'oeuvre inoxydable dont le talent de conteur du cinéaste fait une fois de plus illusion avec le sens habile d'une efficacité infiniment optimale.   
  
5èx

Récompenses: American Movie Awards 1982 : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario pour Lauwrence Kasdan. 
BAFTA Awards 1982: Meilleure direction artistique pour Norman Reynolds.
BSFC Awards: 1982 : Meilleur réalisateur
Eddie Awards 1982 : Meilleur montage cinéma pour Michael Kahn
Grammy Awards 1982 : Meilleur album de musique de film pour John Williams
Prix Hugo 1982 : Meilleur film dramatique
KCFCC Awards 1982 : Meilleur film
Kinema Junpo Awards 1982 : Meilleur film étranger pour Steven Spielberg.
Golden Reel Awards 1982 : Meilleur montage pour les dialogues, Meilleur montage pour les effets sonores.
Oscars 1982: Meilleure direction artistique pour Norman Reynolds, Leslie Dilley et Michael Ford.
Meilleur son, Meilleur Montage, Meilleurs Effets Spéciaux, Meilleurs effets sonores.
People's Choice Awards 1982 : Film préféré des américains
Saturn Awards 1982: Meilleur film fantastique, Meilleur Acteur pour Harrison Ford, Meilleure Actrice pour Karen Allen, Meilleur Réalisateur, Meilleur scénariste, Meilleurs Effets-spéciaux, Meilleure Musique. 
Young Artist Awards 1982: Meilleur film familial
Saturn Artist Awards 2004: Meilleure Collection DVD pour l'ensemble de la saga. 

vendredi 14 février 2014

INNOCENT BLOOD

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site listal.com

de John Landis. 1992. U.S.A. 1h52. Avec Anne Parillaud, David Proval, Rocco Sisto, Chazz Palminteri, Anthony LaPaglia, Robert Loggia, Tony Sirico.

Sortie salles France: 17 Février 1993. U.S: 25 Septembre 1992

FILMOGRAPHIE: John Landis est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 3 Août 1950 à Chicago (Illinois, Etats-Unis).
1973: Schlock. 1977: Hamburger Film Sandwich. 1978: American College. 1980: The Blues Brothers. 1981: Le Loup-garou de Londres. 1983: Un Fauteuil pour deux. 1983: La Quatrième Dimension. 1985: Série noire pour une nuit blanche. 1985: Drôles d'espions. 1986: Trois amigos ! 1986: Cheeseburger film sandwich. 1988: Un Prince à New-York. 1991: l'Embrouille est dans le sac. 1992: Innocent Blood. 1994: Le Flic de Beverly Hills 3. 1996: Les Stupides. 1998: Blues Brothers 2000. 1998: Susan a un plan. 2010: Cadavres à la pelle.


Comédie horrifique un peu oubliée dans la carrière de John Landis, Innocent Blood tente te redorer le mythe du vampire dans un contexte contemporain en affiliant le film de gangster. Marie, séduisante femme vampire, mort un soir un caïd de la mafia mais est contrainte de s'enfuir au moment de le tuer. Devenu à son tour vampire, il décide de contaminer ses sbires afin de mieux régir la ville. Quand bien même la police tente de comprendre qui aurait pu commettre ce meurtre sauvage, un flic obstiné se prend d'affection pour Marie et finit par se laisser convaincre de leur alliance afin d'éradiquer le clan des vampires.


A partir d'un scénario léger, John Landis réussit à maintenir l'intérêt dans une suite de quiproquos, bévues et poursuites échevelées. Son efficacité usuelle émanant notamment du caractère pittoresque des situations et de l'attitude farfelue des antagonistes. Et à ce niveau, le réalisateur continue de prouver son savoir-faire pour allier harmonieusement horreur et comédie dans un esprit décomplexé. Bien entendu, tout n'est pas du meilleur goût, quelques gags tombant à plat, mais on rit ou sourit souvent des vicissitudes invoquées à Macelli et ses complices, condamnés depuis peu à une nouvelle existence surnaturelle ! En prime, les maquillages très convaincants laissent en exergue par intermittence des séquences gores du plus bel effet (arrachages de gorge spectaculaires amplifiés d'une bande son percutante, mais aussi désintégration inédite d'un vampire à la vue de la lumière !). Conduit sur un rythme alerte, Innocent Blood joue donc la carte du divertissement sans prétention avec une bonne humeur communicative. Il faut dire que nos victimes vampires s'en donnent à coeur joie dans leur nouveau comportement sanguinaire où le besoin nutritif de sang s'avère l'élément essentiel pour rester en vie et accéder à la suprématie. Symbolisant l'élégance d'une jeune vampire, la comédienne française Anne Parillaud l'incarne avec sobriété et n'hésite pas une nouvelle fois à se mettre à nue afin de nous dévoiler sa silhouette ténue. Pour preuve, une séquence érotique torride ne manque pas de nous interpeller pour son étreinte avec l'inspecteur Joe Gennaro. Ce dernier étant "discrètement" endossé par Anthony LaPaglia (futur star de la célèbre série tv FBI: portés disparus !) puisque le comédien semble manquer d'une certaine assurance dans sa posture héroïque et sa nouvelle fonction d'amant (on peine à éprouver de l'empathie pour leur liaison amoureuse). Dans celui du parrain récalcitrant, Robert Loggia s'en donne à coeur joie dans le cabotinage afin d'incarner un vampire égocentrique assoiffé de sang et de fiel !


Comédie horrifique imparfaite mais bougrement sympathique par son charme naïf auquel la dérision des personnages n'y est pas étrangère, Innocent Blood est suffisamment bien rodé pour combiner action, horreur et comédie. Avec cette volonté immodérée de nous rappeler l'amour qu'il porte au genre, John Landis entrecoupe notamment son film de clins d'oeil (certains protagonistes observent avec fascination des extraits de classiques de l'épouvante sur leur poste TV !) et de caméos surprises ! (Argento, Savini et Raimi se prêtant au jeu avec bonhomie !).

Bruno Matéï
3èx


jeudi 13 février 2014

LES MOIS D'AVRIL SONT MEURTRIERS

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Laurent Heynemann. 1986. France. 1h29. Avec Jean Pierre Marielle, Jean Pierre Bisson, François Berléand, Brigitte Roüan, Maïté Nahyr, Luc Béraud, Guylène Péan, Dominique Bernard, Christian Bouillette, Jean Cherlian.

Sortie salles France: 15 Avril 1987

FILMOGRAPHIE: Laurent Heynemann est un réalisateur français, né le 9 Novembre 1948.
1977: La Question. 1979: Le Mors aux dents. 1981: Il faut tuer Birgit Haas. 1983: Stella. 1986: Les Mois d'Avril sont meurtriers. 1990: Faux et usage de faux. 1991: La Vieille qui marchait dans la mer. 2001: Un aller simple.


Polar oublié des années 80 d'autant peu diffusé à la TV, Les Mois d'avril sont meurtriers s'est pourtant attribué à l'époque du Prix Spécial du Jury lors du Festival du film policier de Cognac. Le film suit de manière méthodique l'affrontement imperturbable d'un flic éminent et d'un tueur sans pitié. Persuadé qu'un ancien militaire est responsable d'un crime sordide, l'inspecteur Fred tentera de le faire avouer afin de le renvoyer derrière les barreaux. D'après un roman éponyme de Robin CookLes Mois d'avril sont meurtriers nous invite au jeu du chat et de la souris entre deux hommes chevronnés, un duel négocié à coup de joutes verbales jusqu'à ce que l'un d'eux puisse déclarer forfait. Ainsi, cet affrontement psychologique est entièrement régi autour de leur verve incisive qu'ils se renvoient avec un défi toujours plus arrogant.


Face à l'attitude insolente d'un tueur plein d'orgueil, le film nous illustre également l'abus de pouvoir du policier préalablement hanté par la mort accidentelle de sa fille, Spoiler ! et qui ira jusqu'à braver sa déontologie professionnelle en falsifiant une preuve. Poussé par l'humiliation et la profanation de la tombe de la défunte, Fred finit donc par céder à la lâcheté afin de remporter la mise. Fin du Spoiler. Au niveau de sa mise en scène hétérodoxe, Laurent Heynemann fait preuve d'excentricité de par l'architecture géométrique de la bureaucratie ou de l'appartement du tueur. Le jeu de lumières et des couleurs accentuant cet attrait insolite, quand bien même en externe, la cité urbaine se pare d'un contraste saisissant pour mettre en relief l'humidité d'une atmosphère blafarde. Dans la peau du flic pugnace à la voix rocailleuse, Jean Pierre Marielle joue de sa présence longiligne en imposant un personnage froid assez individuel. Avec un état d'esprit plus retors qu'il n'y parait, Jean-Pierre Bisson lui partage la vedette de manière cynique en nous dépeignant un tueur d'apparence banale afin de mieux camoufler ses vices. A travers leur dualité de soumission, les citoyens qui les entourent semblent livrés au caprice de leurs excès sans pouvoir s'y interposer. 


Polar intense entièrement conçu sur le brio des dialogues que deux individus se renvoient sans répit à coup d'ironie, Les mois d'Avril sont meurtriers élude admirablement le manichéisme et peut prétendre à s'imposer comme l'un des polars singuliers des années 80. 

Dédicace à Jean-François Dupuy
Bruno Matéï

mercredi 12 février 2014

STARSHIP TROOPERS

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Paul Veroheven. 1997. U.S.A. 2h09. Avec Casper Van Dien, Dina Meyer, Denise Richards, Jake Busey, Neil Patrick Harris, Clancy Brown, Seth Gilliam.

Sorties salles France: 21 Janvier 1998. U.S: 4 Novembre 1997

FILMOGRAPHIE: Paul Verhoeven est un réalisateur néerlandais, né le 18 Juillet 1938 à Amsterdam. 1971: Business is business. 1973: Turkish Delices. 1975: Keetje Tippel. 1977: Le Choix du Destin. 1980: Spetters. 1983: Le Quatrième Homme. 1985: La Chair et le Sang. 1987: Robocop. 1990: Total Recall. 1992: Basic Instinct. 1995: Showgirls. 1997: Starship Troopers. 2000: l'Homme sans Ombre. 2006: Black Book. 2012: Tricked.


Deux ans après le controversé Showgirl, Paul Verhoeven continue de déconcerter son public avec Starship Troopers. Un film de guerre à grand spectacle sous couvert d'invasion d'insectes géants ! Modestement accueilli en salles, les spectateurs de l'époque étaient sans doute passés à côté de la charge satirique du film, pied de nez envers le militarisme que notre cinéaste sous entend avec une irrésistible dérision. Dans une époque futuriste, l'armée ricaine de jeunes recrues de la fédération est engagée dans une guerre impitoyable contre l'invasion d'arachnides venus d'une autre planète


A partir de ce postulat, notre réalisateur iconoclaste va transcender sa conformité par un ton parodique sous-jacent, de par l'attitude suicidaire des apprentis combattants, têtes brûlées lobotomisées par leur propagande officielle, et par le cynisme meurtrier accordé aux insectes ! La première partie du film suit donc l'entrainement intensif de ces jeunes lycéens obnubilés à l'idée d'aller combattre l'ennemi et de parcourir la galaxie stellaire. La caricature assénée à ces machistes et garçonnes en manque d'adrénaline constitue le point le plus risible du film, tant ces personnages incultes s'avèrent endoctrinés par leur enseignement militaire voué au sens du sacrifice. Quand bien même certains de leurs dirigeants les plus gradés portent les stigmates de membres amputés laissés au champ d'honneur !  
Dans sa seconde partie aussi anticonformiste, Paul Verhoeven se moque de la bravoure de ces fantassins et de leur sens de l'honneur en les envoyant aveuglément au massacre du front ! Avec un désir inévitable de nous divertir et nous en foutre plein la vue, Verhoeven concocte des séquences épiques de batailles dantesques dont le clou du spectacle s'érige autour de l'assaut d'un fort (hommage modernisé au western Alamo !). Piégés à l'intérieur, nos guerriers opiniâtres vont tenter de repousser l'abordage des arachnides toujours plus élevés en nombre ! Visuellement impressionnante, l'action échevelée déploie les moyens techniques considérables pour nous transcender un spectacle barbare où fusillades, chairs éclatées et explosions sont les seules directives du carnage annoncé ! Les FX numériques (récompensés au Saturn Award !) assurant la démarche mécanique des insectes avec une vélocité bluffante !


Engagez vous !
Drôlement cynique dans sa caricature assénée à une société réactionnaire, Starship Troopers provoque la farce d'une guérilla moderne auquel de jeunes recrues décervelées n'ont comme seul éthique de périr au champ d'honneur ! Ce pamphlet militariste dégage une verve pittoresque d'autant plus incisive qu'elle est souvent suggérée par l'esprit abêtissant de ces soldats en herbe !

Bruno Matéï
3èx


mardi 11 février 2014

ROBOCOP 2

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site c1n3.org

d'Irvin Kershner. 1990. U.S.A. 1h57. Avec Peter Weller, Nancy Allen, Dan O'Herlihy, Tom Noonan, Belinda Bauer, Robert DoQui, John Glover, Gabriel Damon.

Sortie salles France: 5 Septembre 1990. U.S: 22 Juin 1990

FILMOGRAPHIE: Irvin Kershner est un réalisateur et producteur américain, né le 29 Août 1923 à Philadelphie (Pennsylvanie), décédé le 27 Novembre 2010 à Los Angeles (Californie).
1958: Stakeout on Dope Street. 1959: The Young Captive. 1961: Le Mal de vivre. 1963: Face in the Rain. 1964: The Luck of Ginger Coffey. 1966: l'Homme à la tête fêlée. 1967: Une sacré fripouille. 1970: Loving. 1972: Up the Sandbox. 1974: Les 'S' Pions. 1976: La Revanche d'un Homme nommé Cheval. 1978: Les Yeux de Laura Mars. 1980: l'Empire contre-attaque. 1983: Jamais plus jamais. 1990: Robocop 2.


C'est au réalisateur de l'Empire contre-attaque (et de l'excellent Les Yeux de Laura Mars !) qu'incombe finalement la tâche t'entreprendre une suite du chef-d'oeuvre de Verhoeven. Robocop 2 étant astucieusement un titre à double sens puisqu'il caractérise surtout le prototype d'un nouveau cyborg malintentionné ! Avec l'aide du scénariste Frank Miller, cette séquelle reprend les mêmes ingrédients de son prédécesseur dans son mélange de satire politique (pubs parodiques à l'appui) et d'action destroy où l'ultra violence continue de verser dans la surenchère. Je songe particulièrement à l'éventration chirurgicale opérée sur un flic corrompu, ou encore aux mesquineries d'une bande de marmots cambrioleurs n'hésitant pas à tabasser son commerçant. Si cette dernière séquence s'avère un brin ironique par son caractère débridé, elle n'en demeure pas moins implicitement dérangeante dans son amoralité, quand bien même un peu plus tard, un gamin d'à peine 13 ans régira le contrôle du marché de la drogue depuis que Cain aura été vaincu par Robocop !


Dans les rues de Detroit, violence et délinquance règnent en maître alors que nos politiciens et magistrats continuent de sombrer dans la corruption. Cain, trafiquant notoire, décide de ravitailler la population de sa nouvelle drogue synthétique: le Nuke ! Lancé à ses trousses, Robocop est piégé par ses sbires lors d'un guet-apens. Réduit en charpie, il est rapatrié dans les locaux de l'OCP afin de pouvoir le remettre sur pied. Mais sous la direction d'une doctoresse arriviste, il devient aujourd'hui une nouvelle machine docile dénuée de bravoure et de lucidité. Conscient de son état régressif, il décide de s'électrocuter afin de retrouver sa mémoire. Pendant ce temps, le dealer Cain reprend ses activités de dealer avant que Robocop ne revienne prendre sa revanche. 
Voilà pour le bref résumé de la première partie, car sous la plume de Frank Miller, Robocop 2 remotive son intrigue à mi-parcours avec la présence d'un nouvel intervenant ! Un cyborg particulièrement irascible car préalablement dépendant à la prise de stupéfiants ! J'ai nommé Cain, réduit en l'occurrence à l'état de mi-homme, mi-androïde par les membres de l'OCP afin de pouvoir concurrencer avec l'obsolète Robocop ! Bien évidemment, notre héros d'acier redresseur de torts n'aura pas dit son dernier mot ! 
Ce scénario huilé est un nouveau prétexte afin de transfigurer une bande dessinée destroy grandeur nature ! Fertile en péripéties et action explosive, le spectacle n'est jamais une complaisance gratuite afin de combler nos attentes car il ne fait que respecter la ligne directive de sa narration. Cette efficacité endiablée est notamment renforcée par la fluidité de la mise en scène ainsi que la crédibilité imposée aux effets-spéciaux, quand bien même la lisibilité de l'action nous permet de nous y immerger intensément. Particulièrement son point d'orgue anthologique étalant sur une durée de près de 20 minutes un florilège de bastons dantesques et de fusillades épiques !


Privilégiant la générosité du spectacle explosif, Irvin Kershner ne loupe pas le coche pour faire honneur à son modèle, même s'il pallie un peu la psychologie humaine émise à l'homme machine. Outre sa mise en scène solide et l'efficience des rebondissements, c'est notamment sa galerie excentrique de personnages véreux (en particulier sa délinquance juvénile !) et la peinture caustique impartie à une société anarchique qui rendent l'aventure aussi stimulante ! 

La critique de Robocop: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/09/robocop-directors-cut.html

Bruno Matéï
4èx

lundi 10 février 2014

THE FACULTY

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Robert Rodriguez. U.S.A. 1998. 1h44. Avec Jordana Brewster, Josh Hartnett, Laura Harris, Elijah Wood, Clea DuVall, Shawn Hatosy, Salma Hayek.

Sortie salles France: 2 Juin 1999. U.S: 25 Décembre 1998

FILMOGRAPHIE: Robert Rodriguez est un réalisateur et musicien américain, d'origine mexicaine, né le 20 Juin 1968 à San Antonio, Texas, Etats-Unis.
1992: El Mariachi. 1993: Roadtracers (télé-film). 1995: Desperado. 1995: Groom Service (Four Rooms, segment: The Misbehavers). 1996: Une Nuit en Enfer. 1998: The Faculty. 2001: Spy Kids. 2002: Spy Kids 2. 2003: Spy Kids 3. 2003: Desperado 2. 2005: Sin City. 2005: Les Aventures de Shark Boy et Lava Girl. 2007: Planète Terror. 2009: Shorts. 2010: Machete (co-réalisé avec Ethan Maniquis). 2011: Spy Kids 4. 2013: Machete Kills. 2014: Sin City: j'ai tué pour elle. 2014: From dusk till Daw: The Series (épis 1,2 et 4).


Deux ans après le défouloir horrifique Une Nuit en Enfer, Robert Rodriguez continue de verser dans l'hommage amusé avec The Faculty. Une satire sur le milieu scolaire auquel une bande de lycéens vont devoir se mesurer à l'autorité drastique de leurs professeurs grâce à l'usage de la coke ! Et cela depuis qu'une nouvelle entité extra-terrestre s'est infiltrée dans le corps des enseignants ! La seule arme pour les démasquer et les éradiquer est dégotée par la poudre blanche qu'un étudiant avait discrètement trafiqué dans son laboratoire !


Partant de ce maigre postulat hérité d'une série Z des années 50, difficile de faire plus grotesque ! Sauf que Robert Rodriguez assume son sens du second degré avec une bonne dose d'ironie et de frénésie. La mise en scène énergique exploitant habilement péripéties et clichés tout en reprenant les thèmes conceptuels du complot et de la paranoïa (une illustre séquence de The Thing est implicitement reprise sous un ton parodique !). D'ailleurs, le récit s'avère si bien construit et captivant qu'on finit rapidement par se laisser convaincre de la menace improbable allouée au corps enseignant. Ce ton pittoresque est notamment renforcé par l'impertinence des professeurs se prenant un malin plaisir à brimer nos étudiants. Quand bien même ces derniers n'auront jamais autant psychotés devant leur présence interlope ! Avec l'entremise de jeunes comédiens en herbe, Rodriguez n'évite pas le stéréotype pour leur personnalité distincte, mais réussit néanmoins à insuffler une réelle sympathie dans leur esprit de solidarité et leur complicité héroïque. D'ailleurs, deux de ces comédiens ont depuis su faire leur preuve dans d'autres productions pour accéder au rang de notoriété (Josh HartnettElijah Wood !). Enfin, un bémol est à souligner envers certains FX numérisés (les plans rapides de doigts coupés ou d'une tête sectionnée) alors que d'autres sont beaucoup plus persuasifs (je pense à l'imposante créature finale !).


Mort aux profs !
Hommage à la science-fiction alarmiste des années 50 et au Monster Movie, The Faculty tire parti de son caractère ludique par la spontanéité des jeunes comédiens et par l'esprit décomplexé d'un réalisateur motivé par la dérision. A titre subsidiaire, outre son rythme infaillible, on peut aussi louer l'exploitation judicieuse de son thème musical, retouche modernisée au tube The Wall ! 

Bruno Matéï 
3èx

vendredi 7 février 2014

RAGE (Rabid)

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

de David Cronenberg. 1977. Canada. 1h31. Avec Marilyn Chambers, Frank Moore, Joe Silver, Howard Rysphan, Patricia Gage, Susan Roman, Jean-Roger Périard, Terry Schonblum.

Sortie salles France: 3 Août 1977. Canada: 8 Avril 1977

FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage, 1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.


Rage: définition. La rage est une maladie virale grave touchant les mammifères dont les humains. Elle est causée par un virus qui provoque une encéphalite. La rage est une zoonose assez commune qui touche surtout les carnivores. Les symptômes sont nerveux ; parfois une agressivité bien qu'il existe aussi des formes plus frustes où le malade est particulièrement calme. En Europe, la rage a efficacement été éliminée de certains pays par distribution d'appâts vaccinants dispersés dans la nature. Entre 40 000 et 70 000 personnes décèdent de la rage chaque année dans les pays d'Afrique et d'Asie, où la maladie est endémique.

Deux ans après le séminal Frissons, David Cronenberg renoue avec l'épouvante viscérale en empruntant le schéma du film catastrophe. Après un accident de moto et suite à une greffe de peau, une femme est porteuse de germes. En état de manque, car acculé à pomper leur sang, elle pique ses victimes à l'aide d'un dard confiné sous son aisselle. Sommairement, chaque contaminé entre dans une phase de violence erratique semblable à l'épidémie de rage. 


Diptyque inauguré par Frissons, Rage possède cette même aura malsaine que la mise en scène clinique de Cronenberg va amplifier à l'aide d'une photo blafarde et d'une réalisation documentée. Nouvelle expérience de la terreur dénonçant les dérives de la médecine de pointe, Rage met en exergue la peur du virus sous sa forme la plus alarmiste et emprunte la thématique du vampirisme de manière singulière. Son cheminement narratif se frayant à une descente aux enfers irréversible, la progression furtive d'une épidémie mortelle extrêmement contagieuse où chaque quidam en incubation est incapable de refréner ses pulsions ! Epris de fièvre, l'écume aux lèvres, les yeux injectés de sang et le regard abêti, ils se précipitent sur leurs proies pour les mordre voracement ! Ce climat d'insécurité implanté dans une ville en état de siège, Cronenberg le retransmet avec souci de véracité sous l'impulsion de séquences chocs souvent terrifiantes ou terriblement dérangeantes ! A l'instar de son inoubliable image finale auquel Marilyn Chambers est vulgairement jetée dans le conteneur d'un camion par des éboueurs en combinaison ! En talent de maître à frissons, Cronenberg sait renouveler l'horreur dans sa forme la plus crue au gré d'un sujet percutant imputé au mode catastrophe. A savoir, la peur virale, en l'occurrence celle de la rage et l'incapacité des pouvoirs publics d'enrayer la menace. Ne reste plus alors qu'à appliquer la loi martial la plus réactionnaire ! Ancienne star du X, Marilyn Chambers surprend agréablement dans son rôle à contre-emploi puisqu'elle transmet ici un réel talent de comédienne (professionnelle !) afin d'incarner une femme-vampire infectieuse inconsciente de ces actes. Pourvue d'un charme sensuel et érotique, elle véhicule une aura magnétique presque surnaturelle lorsqu'elle décide de séduire ses victimes avec sous-entendu lubrique. Sa présence aussi délétère que charnelle doit également beaucoup au climat anxiogène émanant de ses sournoises exactions.   


Véritable cauchemar sur pellicule, expérience viscérale à bout de souffle, Rage étrille le spectateur au sein d'une descente aux enfers vertigineuse. La folie de ces images morbides et la maîtrise à laquelle Cronenberg parvient à provoquer la répulsion laissent en mémoire une décadence meurtrière indécrassable. 

La critique de Frissons: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/08/frissons-shivers-parasite-murders-they.html

Bruno Matéï
4èx 

mercredi 5 février 2014

JE SUIS UNE LEGENDE (I am legend)

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de Francis Lawrence. 2007. U.S.A. 1h44. Avec Will Smith, Alice Braga, Charlie Tahan, Salli Richardson-Whitfield, Willow Smith, Darrell Foster, April Grace.

Sortie salles France: 19 Décembre 2007. U.S: 14 Décembre 2007

FILMOGRAPHIE: Francis Lawrence est un réalisateur américain, né le 26 Mars 1971 à Vienne en Autriche.
2005: Constantine. 2007: Je suis une Légende. 2011: De l'eau pour les Eléphants. 2013: Hunger Games: l'Embrasement. 2014: Hunger Games, la Révolte (part 1). 2015: Hunger Games: la Révolte (Part 2).


Troisième adaptation du roman de Matheson, Je suis une légende n'est pas le blockbuster formaté que l'on aurait pu craindre avec sa tête d'affiche largement prisée des ados. Servi par un Will Smith d'une surprenante sobriété dans son humanisme déchu, cette relecture post-apo joue la carte de l'intimisme avec ce scientifique plongé dans le désarroi de la solitude, car dernier new-yorkais depuis qu'un virus a enrayé 90% de la démographie mondiale. Ayant comme seule compagnie son chien, ils sillonnent ensemble les quartiers dévastés pour tenter de retrouver un quelconque rescapé. Mais dès la nuit tombée, des infectés assoiffés de sang sortent de leur tanière afin d'éradiquer toute présence humaine !


Avec ces décors d'urbanisation décharnée où le climat feutré s'avère tangible, Je suis une Légende joue la carte de la désolation dans un réalisme rigoureux. Eludé de présence humaine (du moins dans sa 1ère partie !), le film dégage un sentiment trouble de silence diffus quand bien même notre héros s'exprime le plus souvent de manière laconique. Observer l'amertume d'un survivant condamné à sa solitude et contraint de bavasser avec des mannequins de vitrine illustre bien le besoin intrinsèque de tout être humain de vivre en communauté et échanger la discussion avec son prochain. Quand à l'attention et la tendresse qu'il témoigne pour son chien, c'est l'instinct amoureux et l'amitié que notre héros dévoile en désespoir de cause. En privilégiant l'atmosphère monocorde, le réalisateur nous fait également partager son isolement au sein de sa demeure. De façon récurrente, il se réfugie dans le sous-sol pour pratiquer des expérimentations sur des contaminés afin de trouver un vaccin pour les guérir. De manière très efficace, car ne cédant jamais à la gratuité de l'esbroufe, Francis Lawrence n'oublie pas d'entretenir un climat d'angoisse particulièrement tendu lorsque Robert Neville est pris à parti avec les mutants dans les souterrains obscurs de la ville. Sa manière expectative de télescoper suspense et tension est renforcée par l'attitude forcenée des mutants. Des créatures de l'ombre redoutablement furtives quand il s'agit de sortir la nuit pour pourchasser leur proie ! Si les FX numériques auraient gagnés à être perfectibles (texture trop léchée), ils n'en demeurent pas moins convaincants et réellement impressionnants, principalement au niveau de la physionomie émaciée des infectés et de leur vélocité incontrôlée ! La seconde partie apaise un peu la tension préalablement instaurée avec la rencontre fortuite d'une survivante et de son fils. SPOILER ! Persuadée qu'une colonie de survivants existe en dehors de New-York, elle va tenter de convaincre Robert Neville de prendre la route, avant qu'une dernière altercation avec les mutants ne vienne les bouleverser FIN DU SPOILER. Entre défaitisme et aspiration, le réalisateur privilégie leur rapport conflictuel avec pudeur pour la postérité d'un monde nouveau mais aussi pour l'évolution humanisée des mutants (du moins dans son épilogue originel souhaité par le réalisateur). A contrario, on peut aussi approuver la thématique du sens du sacrifice émise par le héros dans la version diffusée en salles.


En privilégiant la dimension humaine de son héros, Francis Lawrence réadapte un classique d'anticipation avec l'humilité poignante, tout en s'autorisant des moments de tension réellement anxiogènes ainsi qu'une action homérique salutaire. L'esthétisme post-apo retranscrit dans un New-York délabré s'avère également expressif pour nous immerger dès le prélude dans un climat des plus mutiques. 

Bruno Matéï
2èx


lundi 3 février 2014

DALLAS BUYERS CLUB

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Jean-Marc Vallée. 2013. U.S.A. 1h57. Avec Matthew McConaughey, Jared Leto, Jennifer Garner, Denis O'Hare, Steve Zahn, Michael O'Neill, Kevin Rankin.

Sortie salles France: 29 Janvier 2014. U.S: 1er Novembre 2013

FILMOGRAPHIE: Jean-Marc Vallée est un réalisateur et scénariste américain, né le 9 Mars 1963 au Québec.
1992: Stéréotypes. 1995: Les Fleurs Magiques. 1995: Liste Noire. 1997: Los Locos. 1998: Les Mots Magiques. 1999: Loser Love. 2005: C.R.A.Z.Y. 2009: Victoria: les jeunes années d'une reine. 2011: Café de Flore. 2013: The Dallas Buyers Club.


Témoignage de survie contre le Sida, Dallas Buyers Club puise sa densité dans l'intérêt de sa narration fustigeant les compagnies pharmaceutiques ricaines. L'action se situe à Dallas en 1986. Ron Woodroof est un joueur de rodéo homophobe très porté sur le sexe et la drogue. Un jour, il apprend qu'il est déclaré séropositif, quand bien même le médecin lui avoue qu'il lui reste 30 jours à vivre. Refusant de se faire soigner à l'AZT, il décide de se lancer dans la contrebande médicamenteuse afin de prolonger son existence face à des produits beaucoup plus fiables.


De manière dépouillée et sans effet de pathos, Jean-Marc Vallée nous livre un drame poignant sur la condition du malade tout en sublimant le portrait d'un homophobe en rédemption. Servi par deux acteurs hors-pair, le film doit beaucoup de son intensité par la complicité qu'ils entretiennent à l'écran. Jared Leto incarnant un jeune homosexuel fragile et extravagant dans sa posture efféminée, alors que Matthew McConaughey endosse celui d'un cow-boy incontinent mais fugace dans son désir de bafouer les réglementations de son pays. Presque méconnaissables dans une posture famélique, les comédiens se livrent à coeur ouvert dans leur combat acharné de daigner repousser la fatalité de la mort en retardant le plus loin possible sa probation. Ce qui donne parfois lieu à des moments d'émotion bouleversante quand l'un d'eux doit se préparer à accepter sa défaite. Cet instant de vérité où l'on se refuse à admettre l'inéluctable, le réalisateur le retransmet avec la dimension du jeu d'acteur où la notion d'injustice est exprimée par l'affliction du désespoir.
Le réalisateur nous fait donc partager leur amitié à travers la cohésion professionnelle dans leur projet émis au "Dallas buyers club". Un centre officieux permettant d'accueillir les malades porteurs du VIH et de les soigner avec une médicamentation illégale mais beaucoup plus fructueuse que celle instaurée dans les hôpitaux. Avec empathie humaine, le réalisateur met en évidence le parcours évolutif de Ron Woodroof, personnage gueulard plutôt rustre mais contraint de cohabiter avec un gay lui permettant ainsi d'éprouver regain de tolérance. Grâce aux produits de substitution, leur parcours drastique à souhaiter prolonger leur vie et celle des malades permet de pointer du doigts l'inefficacité des administrations américaines à négliger sur leur sol des médicaments étrangers beaucoup plus compétents pour le traitement du patient.


Dominé par l'interprétation viscérale de deux acteurs méconnaissables, Dallas Buyers Club tire parti de leur présence humaine avec une vérité aussi poignante que bouleversante. Leur sombre destin s'érige en témoignage humble pour la survie de millions de malades et stigmatise avec lucidité l'hypocrisie de la déontologie médicale. C'était au milieu des années 80, en pleine ascension de l'homophobie et du SIDA, et Ronald Woodroof y laissera son empreinte le 12 Septembre 1992 !

Bruno Matéï

Récompenses: Prix du Public et Prix du meilleur acteur pour Matthew McConaughey au Festival international de Rome 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Loto, Alliance of women film journalists awards 2013.
Meilleur acteur pour Jared Leto, African-American Film Critics Association Awards 2013
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Alliance of Women film journalists Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Austin Film Critics Association Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Black Film Critics Circle Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Boston Online Film Critics Association Awards 2103. 
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Chicago Film Critics Association Awards 2013.
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Dallas-Fort Woth Film Critics Association Awards 2013.
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Detroit Film Critics Society Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Florida Film Critics Circle Awards 2013
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, Gotham Awards 2013
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto: Houston Film Critics Society Awards 2013.
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Las Vegas Film Critics Society Awards 2013.
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Nevada Film Critics Society Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, New-York Film Critics Circle Awards 2013. 
Meilleur acteur pour Matthew McConaughey, meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Phoenix Film Critics Society Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, San Diego Film Critics Society Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Southeastern Film Critics Association Awards 2013. 
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, St-Louis Film Critics Association Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Toronto Film Critics Association Awards 2013.
Meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto, Washington D.C Area Film Critics Association Awards 2013
Desert Palm Achievement Award pour Matthew McConaughey (ex-æquo avec Sandra Bullock), Festival international du film de Palm Springs 2014.
Meilleur Acteur pour Matthew McConaughey, Meilleur acteur de second rôle pour Jared Leto au Critics'Choice Movie Awards 2014.
Meilleur Acteur pour Matthew McConaughey, Meilleur acteur de second rôle pour Jared Leto au Golden Globes 2014.
Meilleur Acteur pour Matthew McConaughey, Meilleur Acteur de second rôle pour Jared Leto au Screen Actors Guild Awards 2014



vendredi 31 janvier 2014

Le Guerrier de l'Espace (Spacehunter adventures in a forbidden zone)

                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Moviecovers.com

de Lamont Johnson. 1983. U.S.A. 1h30. Avec Peter Strauss, Molly Ringwald, Ernie Hudson, Michael Ironside, Andrea Marcovici, Beeson Carroll, Grant Hallianak, Deborah Pratt.

Sortie salles France: 7 Septembre 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lamont Johnson est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 30 Septembre 1922 à Stockton (Californie), décédé le 25 Octobre 2010 à Monterey (Californie). 1967: A Covenant with Death. 1969: Haute tension dans la ville. 1970: L'Evasion du capitaine Schlütter. 1971: Dialogue de feu. 1972: Requiem pour un espion. 1976: Viol et Châtiment. 1978: Qui a tué mon cher mari ? 1983: Le Guerrier de l'espace. 1993: La Chaîne brisée. 1996: The man next door (télé-film). 1997: Le loup et le raven (télé-film) .


Pour sauver trois jeunes femmes prisonnières dans une zone interdite de la galaxie... Un aventurier et une rebelle de l'espace affrontent une planète dont personne n'est jamais revenu !

Sorti en pleine vague du post-nuke inauguré par Mad Max, Le Guerrier de l'Espace allie space opera et western futuriste avec une fougue bonnard. Car si le postulat s'avère des plus minimalistes (un guerrier solitaire tente de sauver trois jeunes femmes des griffes du dictateur Overdog !), l'intérêt se situe plutôt au niveau des personnages que notre héros principal fréquentera durant son périple. Embarrassé d'une adolescente impertinente, le guerrier Wolff est contraint de s'allier avec cette jeune inconnue avant que son vieil ami Washington ne vienne les rejoindre. L'attrait du film provient donc en grande partie de leur rapport conflictuel où leurs chamailleries abondent avec soupçon de tendresse toujours plus affirmée. Il faut dire qu'en dehors de son physique gentiment agréable, Molly Ringwald réussit à retransmettre spontanéité et fragilité pour mettre en valeur une bohémienne entêtée dénuée d'éducation. Dans celui du chasseur solitaire, Peter Strauss détonne dans son rôle à contre-emploi de héros faussement bourru car finalement humble à prêter main forte pour ses compagnons. S'il manque parfois de vigueur dans ces élans héroïques, l'acteur réussit à faire oublier son statut de star de série TV (le Riche et le pauvre) avec une décontraction assumée. 


Défavorisé par son modeste budget, Lamont Johnson réussit pourtant à dépeindre un univers post-apo particulièrement photogénique à travers ce désert rocailleux confiné sur la planète Terra 11. Afin de renforcer son caractère dépaysant, des filtres rouges et ocres vont charger l'atmosphère solaire dénué d'urbanisation. De par ces péripéties gentiment trépidantes et ses dialogues cocasses, le réalisateur compte à nouveau sur les personnages, cette fois-ci antagonistes, pour nous amuser et relancer l'intrigue. Tant auprès des nécrophages, des monstres gloutons, de la tribu d'enfants-mutants, des amazones, ou encore des vautours du Suprême surplombant le ciel ! Pour la gamme des engins motorisés (dont un navire scellé sur rail !) et du repère de la zone interdite, on songe inévitablement à la scénographie barbare imposée par Georges Miller et tous ces ersatz Z transalpins qui auront exploité le filon. Et si l'industrie post-apo parait aujourd'hui bricolée et peut prêter à sourire, elle n'en demeure pas moins crédible à travers son aspect à la fois bariolé et rubigineux, quand bien même les maquillages délirants confectionnés sur certains acteurs (Overdog en tête avec ces pinces métalliques robotisés !) semblent tout droit hérités d'une BD de science-fiction !


Epaulé d'un score orchestral épique et de la bonhomie de ces personnages héroïques, Le Guerrier de l'Espace repose sur la simplicité de péripéties éculées et l'aspect futuriste de l'environnement aride pour nous divertir en toute modestie. Il y émane un spectacle aussi innocent qu'attachant, une série B au charme rétro que la génération 80 se replongera avec une pointe de nostalgie. 

*Bruno
15.11.11
31.01.14. 
19.11.20. 5èx



jeudi 30 janvier 2014

LE PROJET BLAIR WITCH (The Blair Witch Project). Prix de la Meilleure 1ère oeuvre.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez. 1999. U.S.A. 1h18. Avec Heather Donahue, Joshua Leonard, Michael C. Williams, Bob Griffith, Ed Swanson.

Sortie salles France: 28 Juillet 1999. U.S: 30 Juillet 1999

FILMOGRAPHIE: Daniel Myrick, né le 30 Novembre 1962 à Sarasota, Floride (Etats-Unis), est un réalisateur, scénariste, monteur, directeur de la photographie et producteur américain.
1999: Le Projet Blair Witch. 1999: Curse of the Blair Witch (Doc). 2004: The Strand. 2007: Believers. 2009: Ultimate Patrol.
Eduardo Sanchez est un réalisateur, scénariste et producteur américain d'origine cubaine, né le 20 Décembre 1968. 1999: Le Projet Blair Witch. 1999: Sticks and Stones: Investigating the Blair Witch (vidéo). 1999: Curse of the Blair Witch (Doc). 2006: Altered. 2008: Seventh Moon. 2009: ParaAbnormal. 2011: Lovely Molly. 2013: V/H/S 2 (segment: A ride in the Park). 2013: Four Corners of Fear. 2014: Exists.


Succès planétaire précédemment vanté par internet si bien que les réalisateurs ont eu l'habileté de répandre une fausse rumeur afin de nous faire croire qu'il s'agissait d'un vrai documentaire auquel les comédiens avaient réellement disparu (une idée juteuse inspirée par la combine de Deodato avec Cannibal Holocaust !), Le Projet Blair Witch reprend le concept du documenteur (prénommé aujourd'hui Found Footage, filon éculé jusqu'à la moelle !) avec une efficacité éprouvante ! A partir d'un pitch simpliste bâti sur la légende urbaine d'une sorcière, les réalisateurs Daniel Myrick et Eduardo Sanchez tentent de renouveler la peur sous pellicule grâce au procédé réaliste de la caméra portée à l'épaule. Si d'autres cinéastes avaient déjà emprunté avec succès cette méthode d'immersion au plus près du reportage (Punishment Park, C'est arrivé près de chez vous et l'inévitable Cannibal Holocaust), nos deux compères se sont ici surpassés pour provoquer la frousse avec leur budget dérisoire avoisinant 75 000 dollars.


Outre la véracité du jeu (improvisé) des comédiens en état de marasme, l'impact du Projet Blair Witch émane de sa scénographie forestière, environnement opaque de tous les dangers. La manière suggérée dont les réalisateurs s'y entreprennent pour insuffler un climat anxiogène découle notamment de l'attitude désemparée des protagonistes. Trois jeunes campeurs sans ressource, épuisés par la fatigue et la faim, se retrouvent désorientés, piégés au coeur d'une forêt lourde de secrets, essentiel antagoniste du récit ! Filmé en mode Vhs, la texture granuleuse et sépia de l'image doivent également beaucoup à l'effet d'immersion que le spectateur redoute avec une inquiétude toujours plus dérangeante. En jouant sur le mythe, la peur nocturne et les bruits suspicieux, à l'instar de chuchotements d'enfants ou d'un hurlement, mais en jonglant aussi sur les symboles du vaudou, Le Projet Blair Witch compte sur l'influence de la persuasion afin d'exacerber un sentiment de paranoïa. Au malaise diffus subtilement répandu, le spectateur semble, comme les protagonistes, aussi impliqué dans l'aventure et redoute la prochaine vision nocturne avec une fascination apeurée ! Quand bien même le fameux point de rencontre établi dans une maison insalubre, méandre délabré de l'inconnu, va atteindre son apogée de la terreur !


Avec une efficacité de suggestion et la persuasion viscérale des comédiens amateurs, Le Projet Blair Witch fascine, captive et éprouve avec une anxiété toujours plus redoutée. Rarement au cinéma une forêt n'aura été rendue aussi délétère, feutrée, malsaine et redoutablement mesquine. Pour preuve, et si vous en avez le courage, tentez d'aller faire un tour dans le fourré de votre région sitôt le générique écoulé !

BM
4èx

Récompenses: Prix de la Jeunesse en 1999
Prix de la meilleure première œuvre ayant un budget inférieur à 500 000 dollars, lors des Film Independent's Spirit Awards 2000.


mercredi 29 janvier 2014

I KNOW WHO KILLED ME

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Chris Sivertson. 2007. U.S.A. 1h47. Avec Lindsay Lohan, Julia Ormond, Neal McDonough, Brian Geraghty, Garcelle Beauvais, Spencer Garrett, Gregory Itzin.

Sortie salles U.S: 27 Juillet 2007

FILMOGRAPHIE: Chris Sivertson est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
2001: All Cheerleaders Die (co-réalisateur). 2006: The Lost. 2006: The Best of Robbers. 2007: I know who killed me. 2011: Brawler. 2013: All Cheerleaders Die.


Conspué aux Razzie Awards au point de repartir avec 8 (pires) récompenses, I Know who killed me est loin d'être la daube que tout le monde s'est empressé de décrier. Le problème majeur avec cette série B attachante provient de son scénario aussi déstructuré qu'inabouti où nombres d'incohérences et questions sans réponses fusent. Après avoir été horriblement mutilée, Aubrey réussit in extremis à réchapper à son ravisseur. Recueillie dans un hôpital, elle se réveille avec la certitude de se prénommer Dakota. Persuadée d'avoir une soeur jumelle, elle décide de mener sa propre enquête afin de la retrouver et appréhender le tueur.


Si le début du film présage un slasher moderne façon tortur'porn, la suite s'oriente plutôt du côté du giallo avec son tueur fétichiste particulièrement inquiétant, d'autant plus pourvu d'une arme blanche singulière. Quand bien même l'élément le plus qualitatif concerne sa mise en scène stylisée particulièrement raffinée, renforcée d'une photographie flamboyante. Et à ce niveau, on sent que le réalisateur s'est appliqué à fignoler un esthétisme baroque où la fantasmagorie occupe une place de choix. En brassant les thèmes du double et de la gémellité, Chris Sivertson sème doute et confusion à travers les dérives hallucinogènes d'une héroïne en perte identitaire ! Egarée dans les eaux troubles de la schizophrénie, ou lucide d'avoir été piégée par une machination, sa quête de vérité est un cheminement tortueux où rêve et réalité se confondent afin de mieux nous confiner dans son dédale mental. Sans user de violence complaisante (même si 2/3 séquences graphiques s'avèrent corsées), Chris Sivertson privilégie plutôt le suspense latent auquel la dernière demi-heure va accroître son degré d'intensité. En prime, son climat irréel baignant parfois dans une poésie morbide héritée de Bava (le cercueil de verre et les pétales de rose bleue) séduit autant qu'il trouble par son aspect hermétique ! Si l'interprétation reste modestement appréciable, Lindsay Lohan réussit à s'y détacher en faisant preuve de plus d'implication pour incarner un double rôle en demi-teinte (l'étudiante docile vs la prostituée torturée).


Trop confus et inachevé pour emporter l'adhésion, I know who killed me ne manque toutefois pas de charme dans ses qualités formelles, dans l'entretien de son climat mystérieux et baroque afin de se différencier de la série B canonique. Quand à l'issue de l'intrigue, chacun pourra l'interpréter à sa propre manière, soit en se triturant les méninges, ou, à contrario, en acceptant sa trivialité. 

Bruno Matéï