vendredi 9 mai 2014

LES SORCIERES DE ZUGARRAMURDI (Las brujas de Zugarramurdi)

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Alex De La Iglesia. 2013. Espagne. 1h52. Avec Javier Botet, Mario Casas, Carmen Maura, Hugo Silva, Carolina Bang, Macarena Gomez.

Sortie salles France: 8 Janvier 2014. Espagne: 27 Septembre 2013

FILMOGRAPHIE: Álex de la Iglesia, de son vrai nom Alejandro de la Iglesia Mendoza, est un réalisateur, scénariste et producteur de film espagnol né le 4 Décembre 1965 à Bilbao (Espagne).
1992: Action mutante, 1996: Le Jour de la bête, 1997: Perdita Durango, 1999: Mort de rire, 2000: Mes Chers Voisins, 2002: 800 Balles, 2004: Le Crime Farpait, 2006: La Chambre du Fils (segment), 2008: Crimes à Oxford, 2010: Balada Triste. 2013: Les Sorcières de Zugarramurdi.


Trois ans après son chef-d'oeuvre Balada Triste, Alex de la Iglesia se permet de souffler un peu avec Les Sorcières de Zugarramurdi en nous proposant aujourd'hui une récréation conçue sur la fantaisie et la gestuelle des protagonistes avant de peaufiner un scénario des plus modestes. Comédie fantastique menée à 100 à l'heure par des comédiens en émoi et au charisme cartoonesque, ces sorcières venues d'Ibérie relance la tradition du rituel avec exubérance et idéologie féministe. Avant d'atteindre la frontière française, trois braqueurs et le fils de l'un d'eux sont kidnappés par un trio de sorcières au sein de leur demeure. Au même moment, deux policiers et l'ex femme d'un braqueur essaient de retrouver leur trace. Avant l'arrivée des invités pour la grande cérémonie, nos otages vont tenter de s'y échapper avant de périr sur le bûcher.  


Un pitch des plus simplistes pour un fil narratif sans véritable surprise qu'Alex De La Iglesia outrepasse avec sa traditionnelle insolence dans son lot de quiproquos et situations délirantes. Jouant beaucoup sur l'extravagance des personnages (notamment deux apparitions surprises aussi décharnées que gargantuesques !) et le look criard des sorcières (elles crèvent littéralement l'écran dans leur physionomie ensorceleuse et on peut mentionner la posture ultra sexy de la jeune Carolina Bang !), le réalisateur élabore un carnaval frénétique où les décors gothiques (la demeure des sorcières) ou caverneux (le repère de la grotte) en imposent autant dans leur esthétisme flamboyant ! Conçu comme une véritable guerre des sexes où tout le monde en prend pour son grade (principalement les hommes !) et se rejette la faute sans pouvoir déclarer forfait, Les Sorcières de Zugarramurdi nous propose un spectacle épique quand les forces du Mal se déchaînent contre la cause masculine. Démarrant sur les chapeaux de roue avec un braquage parodique des plus effrénés (véritable moment d'anthologie !), le film va quasiment adopter cette ligne de conduite décomplexée quand nos protagonistes vont user de bravoure et d'audaces afin de s'épargner les châtiments des sorcières, et avant que l'une d'elles ne succombe brusquement au coup de foudre ! Parfois empreint de lyrisme (la sublime messe musicale de la confrérie !), Alex De La Iglesia fignole avec souci du détail un univers aussi féticheur qu'onirique culminant avec l'apparition dantesque d'une divinité matriarche.


Femmes au bord de la crise de nerf !
Si l'intrigue aurait gagné à être mieux charpentée et que sa frénésie déployée ne s'avère pas aussi probante que dans ses oeuvres les plus notoires, Alex De La Igesia est suffisamment insolent, imaginatif et provocateur pour remédier ses lacunes et mettre en exergue une fantaisie endiablée inscrite dans l'inégalité des sexes. Un conflit de pouvoir où misandres et phallocrates se disputent la victoire dans la rancune et l'esprit de sédition. Une manière sarcastique pour Iglesia de se railler des rapports masochistes du couple quand l'amour est partagé entre désir de soumission / domination. Que la fête commence !

Bruno Matéï 

jeudi 8 mai 2014

SILENT RUNNING

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Douglas Trumbull. 1972. U.S.A. 1h29. Avec Bruce Dern, Cliff Potts, Ron Rifkin, Jesse Vint, Steve Brown.

FILMOGRAPHIE: Douglas Trumbull est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 8 Avril 1942 à Los Angeles.
1972: Silent Running. 1978: Night of Dreams. 1983: Brainstorm. 1983: Big Ball. 1983: New Magic. 1985: Let's go. 1985: Tour of the Universe. 1989: Leornardo's Dream. 1990: To Dream of Roses. 1993: In Search of the Obelisk. 1996: Luxor Live. 1996: Theater of Time.


Echec public lors de sa sortie mais largement plaidé par la critique, Silent Running est la première réalisation de Douglas Trumbull, également responsable des effets visuels de 2001, Rencontres du 3è Type, Star Trek, Blade Runner et récemment The Tree of Life de Malick. Bien avant l'excellent Brainstorm, le cinéaste avait déjà tâté de la science-fiction pour dépeindre une diatribe envers la préservation de notre écologie terrestre. En 2001, le monde a réussi à déjouer le chômage en détruisant une grosse partie de la faune et de la flore. A l'aide d'une bombe nucléaire, l'état américain décide finalement de se débarrasser des dernières ressources végétatives. Dans l'espace, un vaisseau spatial reste l'unique refuge d'une forêt artificielle que le botaniste Freeman Lowell tente de préserver amoureusement sous des dômes. Contraint de les détruire par ordre de ses supérieurs, il décide d'enfreindre la loi mais doit d'abord se débarrasser de ses trois coéquipiers. Avec l'aide de ses androïdes ménagers, il tente de refonder un semblant de vie sous son île et en dépit d'une profonde solitude.


Anticipation pessimiste fustigeant le comportement inconscient de nos civilisations modernes, Silent Running est un cri d'alarme envers la protection de la nature. A travers la passion d'un botaniste replié sur lui même car incapable de pouvoir compter sur l'entraide de ses compères, Freeman Lowell ira jusqu'à commettre l'irréparable afin de préserver son jardin naturel et la faune qui y coexistent. Ce passage à l'acte criminel qu'il ne pourra jamais se pardonner est avant tout le cri de désespoir d'un homme réduit à la solitude car incapable de réveiller les consciences pour la préservation de la biosphère qu'un créateur nous aura confié. Avec une grande simplicité et beaucoup de poésie (toutes les séquences intimistes impliquant Freeman et les deux robots, notamment dans sa fonction d'éducateur), Douglas Trumbull nous relate le bouleversant témoignage d'un homme reclus au fond de l'espace et ayant comme seules compagnies trois minis androïdes doués de sensibilité. Ce sentiment d'isolement, ce climat mélancolique qui imprègnent tout le récit se répercutent avec une force imparable sur notre conscience, en espérant ne jamais témoigner d'un futur aussi déshumanisé ! Les morceaux musicaux chantonnés par Joan Baez et surtout l'interprétation poignante de Bruce Dern exacerbent cette notion tragique où l'issue d'espoir s'avère des plus restreintes. L'acteur exprimant avec beaucoup d'humanisme une amertume profonde quant à l'insanité d'une société préconisant indifférence d'autrui, profit économique et irrespect de l'environnement.


D'une émotion fragile, à l'image de notre héros condamné à l'errance, à la contrition et au sacrifice, Silent Running constitue un poème d'amour fou envers la préservation écologique, tout en mettant en garde les dangers du progrès technologique. Il en émane un moment de cinéma épuré à la mélancolie bouleversante, à l'instar de sa dernière image gravée dans les mémoires Spoiler ! (la solitude du robot attelé à entretenir un dernier bout de forêt véhicule un onirisme fragile !). Fin du Spoiler

BM
2èx

mercredi 7 mai 2014

ENEMY (An Enemy)

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site care2.com

de Denis Villeneuve. 2013. Canada/Espagne. 1h35. Avec Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent, Isabella Rossellini, Sarah Gadon, Jane Moffat, Joshua Peace.

Sortie salles U.S: 9 Janvier 2014

FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières.
1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: An Enemy. 2013: Prisoners.


Réalisé la même année que Prisoners mais finalisé en amont, Enemy relate la confrontation ambiguë d'un professeur d'histoire avec son propre sosie, un acteur de cinéma prénommé Anthony. Alors que ce dernier s'avère affirmé et plutôt volage avec sa femme, Adam, lui, est inversement timoré et sexuellement contrarié par l'attitude versatile de sa compagne. Fasciné par la ressemblance avec son double, Adam décide de rencontrer l'épouse d'Anthony sans l'avertir.


Ce résumé elliptique n'est qu'une ébauche d'un thriller aussi tortueux qu'une expérience schizo de David Lynch. Principalement dans l'ambiance impénétrable au cours duquel nos personnages évoluent, leur expression chargée de non-dits et de comportements indécis ne faisant qu'amplifier un sentiment de malaise sous-jacent. Avec souci esthétique dans l'architecture d'une cité urbaine tentaculaire, Denis Villeneuve nous invite à une descente aux enfers où la suggestion de la mise en scène bouscule nos habitudes pour nous entraîner vers une expérience introspective. Celle de scruter les états d'âme de deux hommes en contradiction morale et de tenter d'y comprendre leurs tenants et aboutissants intimistes ! Si de prime abord, le film peut dérouter par son aspect austère et dépressif réfutant la conformité, Enemy insuffle au fil de son cheminement psychologique une attention de plus en plus affirmée de notre part. Conçu à la manière d'un dédale schizophrène où deux hommes vont s'affronter afin de récupérer leur propre identité et peut-être sauver leur couple, Enemy oppose le refoulement et la frustration sexuelle lorsque l'adultère interfère au sein du couple. Complexe et spéculatif (le symbole féminin de l'araignée apparaît à trois reprises et semble personnifier la névrose d'un des sosies), Dennis Villeneuve compose un thriller singulier beaucoup trop habile et abstrait pour en saisir toutes ses subtilités au premier visionnage. Emaillé d'indices parfois scrupuleux (écoutez bien certaines lignes de dialogues imparties aux personnages féminins !), le film laisse en exergue un drame psychologique SPOILER !!! sur le moi inconscient, la perte d'identité, l'aliénation, le sentiment de culpabilité et le refus d'assumer ses pêchers. FIN SPOILER


Formellement étrange dans l'esthétisme sépia d'une cité urbaine chargée de silence, Enemy est notamment habité par le talent magnétique de Jake Gyllenhaal (dans un double rôle interlope) et les présences diaphanes de Mélanie Laurent et Sarah Gordon. Un thriller métaphorique aussi vénéneux que cérébral dans son alliage de mystère diffus. 

Dédicace à Jenny Winter
Bruno Matéï

mardi 6 mai 2014

DEVIATION MORTELLE (Roadgames)

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site kieranmasterton.tumblr.com

de Richard Franklin. 1981. 1h41 (version intégrale). Australie. Avec Stacy Keach, Jamie Lee Curtis, Marion Edward, Grant Page, Thaddeus Smith, Steve Millichamp.

FILMOGRAPHIE: Richard Franklin est réalisateur et producteur australien, né le 15 Juillet 1948 à Melbourne (Australie), décédé le 11 Juillet 2007.
1972: Belinda. 1973: Loveland. 1975: The True Story of Eskimi Nell. 1976: Fantasm. 1978: Patrick. 1981: Déviation Mortelle. 1983: Psychose 2. 1984: Cloak and dagger. 1986: Link. 1991: FX 2, effets très spéciaux. 1994: Un Agent très spécial (télé-film). 1995: Hotel Sorrento. 1996: Brillliant Lies. 1997: One way Ticket (Télé-film). 1999: Le monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle: la découverte (télé-film). 2003: Visitors.


Réalisée entre Patrick et Psychose 2, Déviation Mortelle est une curieuse série B que Richard Franklin élabore à la manière d'un thriller mâtiné de cocasserie. Aujourd'hui sombré dans l'oubli, ce road movie surfe avec efficacité sur un suspense hitchcockien en suggérant les méfaits meurtriers d'un serial-killer sévissant sur les routes australiennes. Témoins de quelques éléments intrigants après s'être assoupi près d'un motel (un sac poubelle reniflé par son chien, une silhouette suspicieuse derrière un rideau), Patrick Quid, chauffeur livreur de viande, décide de suivre à la trace un mystérieux van dont le conducteur pourrait s'avérer le dépeceur d'une jeune fille.


Tout l'intérêt de l'intrigue se concentre donc sur les supputations du routier persuadé d'avoir campé près du lieu d'un crime et été témoin d'une présence hostile la veille de son voyage. Epaulé de son animal de compagnie, un dingo d'Australie à qui il s'adresse en bavassant, Patrick sillonne les contrés désertiques à bord de son camion afin de retrouver la trace d'un mystérieux véhicule de couleur bleue ! Durant son itinéraire, outre les rencontres impromptues avec des conducteurs zélés (ce qui nous vaut d'ailleurs quelques poursuites automobiles inconscientes) et les autorités de la police pour un contrôle de routine, il aborde notamment deux auto-stoppeuses dont une jeune fille imprudente (Jamie Lee Curtis, sobrement sexy et sensuelle à l'aube de ses 23 ans !). Emaillé de situations cocasses plutôt folichonnes, Richard Franklin joue notamment sur le caractère paranoïaque du chauffeur lorsque ce dernier se persuade d'avoir débusqué le vrai coupable. Jusqu'à la fin (exubérante dans son lot de rebondissements !), le cinéaste s'évertue notamment à semer le doute sur la culpabilité du conducteur de van, quand bien même les forces de police commencent à suspecter le comportement instable du camionneur ! Porté sur les épaules de Stacy Keach, l'acteur réussit pleinement à insuffler de la sympathie à son personnage de routier peu retors (il multiplie les gaffes lors de son périple) mais indéniablement courageux lorsqu'il s'agit d'alpaguer un tueur en série, d'autant que ce dernier se joue un malin plaisir à le faire accuser de ses sévices.


Mike Hammer et Laurie Strode en perdition !
Malgré le ton inapproprié d'un score musical aux accents westerniens (! ?), un humour parfois pataud et le côté prévisible de certaines situations, Déviation Mortelle se suit agréablement comme une sympathique curiosité, à l'instar de l'apparition inopinée de Stacy Keach, parfaitement à l'aise dans la peau d'un routier sur le qui-vive !

Un grand merci à l'Univers Fantastique de la Science-Fiction !
Bruno Matéï

lundi 5 mai 2014

SPIDER-MAN

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Sam Raimi. 2002. U.S.A. 2h01. Avec Tobey Maguire, Willem Dafoe, Kirsten Dunst, James Franco, Cliff Robertson, Rosemary Harris.

Sortie salles France: 12 Juin 2002

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis.
1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


Premier volet de la trilogie à succès de Sam Raimi, Spider-man peut enfin bénéficier d'une adaptation ciné à la hauteur de la bande dessinée de Stan Lee. A l'aide d'effets-spéciaux numériques prodigieux et de l'interprétation innée de Tobey Maguire (l'acteur extériorise un regard expansif dans sa nouvelle fonction héroïque et dégage beaucoup d'humanisme dans ses contrariétés !), Sam Raimi rend hommage au super-héros de notre enfance avec un sens homérique justifiable. Car ici, outre le côté vertigineux des séquences d'action à couper le souffle (à l'aide de ses jets de toiles d'araignées, le super-héros bondit d'immeubles en immeubles avec une incroyable vélocité !), Spider-man tire avant tout parti de la caractérisation de ses personnages superbement dessinés. 


Durant 2h00, le réalisateur s'attarde donc à dépeindre le cheminement moral de son super-héros, adolescent préalablement maladroit et timoré, mais aujourd'hui vaillant et reconnu comme un illustre sauveur de l'humanité ! Ses pouvoirs surhumains, il les doit à la morsure d'une araignée génétiquement modifiée ! Une nouvelle stature à double tranchant puisque plus tard la populace n'hésitera pas à le suspecter de complicité avec son plus haut rival (le Bouffon Vert !), quand bien même ce dernier lui proposera un pacte afin d'unifier leurs exploits ! Entre l'amour d'une fille qu'il chérit en secret et l'amitié qu'il partage avec son meilleur camarade de classe, Peter Parker doit faire face à la mort de son oncle qu'il décide de venger en endossant la combinaison de justicier masqué. Au cours de son parcours héroïque de redresseur de tort, il va rapidement se confronter au bouffon vert, un savant pernicieux délibéré lui aussi à se venger auprès de ses anciens patrons et à dicter sa loi sur la ville de New-York. D'un côté, la vengeance est un argument favorable lorsque l'unique ambition est de protéger les plus faibles contre la délinquance criminelle. De l'autre, elle est un vecteur d'aliénation quand un chercheur déchu de ses fonctions professionnelles se laisse gagner par la rancune et ses névroses psychotiques ! (Norman Osborn souffre de dédoublement de personnalité depuis l'échec de son expérience scientifique !). Alternant moments d'intimisme et bravoures spectaculaires, Spider-man réussit donc avec efficacité à nous retranscrire les états-d'âme du jeune Peter Parker contraint d'exercer une tache rigoureuse dans sa nouvelle existence d'ado au risque de compromettre son entourage. C'est donc au sens du sacrifice et à sa remise en question héroïque que doit se confronter Spider-man afin de mieux préserver la vie des siens et au risque de passer à côté de l'amour de Mary Jane ! Kirsten Dunst endosse ce rôle avec beaucoup de sensualité candide et une certaine naïveté puisque peu habile à discerner de prime abord les sentiments amoureux de son partenaire. 


En attendant un 2è opus beaucoup plus émotif, lyrique et ambitieux, Spider-man inaugure sa trilogie avec dignité pour la dimension humaine d'un héros en questionnement et déploie un savoir-faire technique vertigineux lorsqu'il s'agit de retranscrire ses envolées épiques ! Du grand spectacle calibré mais inscrit dans la mesure, l'action s'avérant toujours justifiée car au service des motivations contradictoires des protagonistes. 

La critique de Spider-man 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/01/spider-man-2.html

Dédicace à Carlina Zombiela
Bruno Matéï
2èx

vendredi 2 mai 2014

POLTERGEIST

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site discreetcharmsandobscureobjects.blogspot.co

de Tobe Hooper. 1982. U.S.A. 1h55. Avec Heather O'Rourke, Craig T. Nelson, JoBeth Williams, Zelda Rubinstein, Dominique Dunne, Oliver Robins.

Sortie salles France: 20 Octobre 1982. U.S: 4 Juin 1982

FILMOGRAPHIE: Tobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas)
1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantôme, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.


Grand classique des années 80, Poltergeist est la réunion inattendue de deux grands auteurs du cinéma fantastique, celui de Steven Spielberg attaché au poste de producteur, et celui de Tobe Hooper confié à la réalisation. Sans revenir sur la polémique qui entoura la véritable paternité du métrage, on sent bien que Steven Spielberg y a apporté une certaine contribution dans la caractérisation idéaliste d'une famille aisée cohabitant en harmonie et dans la peinture d'une paisible banlieue inscrite dans la bonhomie. Avec l'originalité d'un scénario structuré, Poltergeist perdure son pouvoir attractif dans son alliage d'onirisme, d'humour et d'horreur, quand bien même l'attachante complicité des comédiens nous immerge de plein pied dans leur désarroi. En insistant sur la cohésion de cette famille aujourd'hui désunie, Tobe Hooper attache une grande importance à décrire leur fragilité après que l'une de leur fille eut été enlevée par des esprits frappeurs. Et de quelle manière ! Retenue prisonnière via l'écran de télévision, Carol-Anne tentera de communiquer avec ses parents afin d'implorer leur aide. A travers cette idée judicieuse, on peut notamment y déceler une métaphore sur le pouvoir de l'image et notre accoutumance à rester river devant la TV ! (les parents Freeling s'endorment devant leur poste quand ils ne se disputent pas le choix d'une chaîne lorsque le voisin bénéficie d'une même télécommande !). 


Avec l'intervention de spécialistes en parapsychologie, cette famille subitement frappée par une cause surnaturelle va devoir compter sur leur soutien afin de débusquer leur fille de l'au-delà. Sous couvert de l'archétype de la maison hantée et des esprits frappeurs qui importunent cette aimable famille, le réalisateur met notamment en exergue une réflexion spirituelle sur la vie après la mort (non dénuée de poésie dans le discours réconfortant des matriarches clairvoyantes), tout en rendant hommage à nos défunts lorsque les cadavres y sont profanés. L'efficacité imparable de Poltergeist émane donc de cet habile dosage d'horreur spectaculaire (à l'instar de son point d'orgue paroxystique où les forces du Mal se déchaînent !), d'onirisme (certaines apparitions surnaturelles, la dimension incandescente de l'au-delà !), d'humour pittoresque (la première partie privilégie le comportement cocasse des parents face au spectacle des incidents inexpliqués) et de moments d'intimisme plein de pudeur (la Spielberg touch est passée par là et le score sensible de Goldsmith intensifie l'émotion fraternelle des protagonistes !). Qui plus est, la mise en scène avisée utilise habilement l'artillerie lourde des effets spéciaux sans jamais empiéter sur le fil narratif. Outre le charisme indéfectible alloué aux parents Freeling (Craig T. Nelson et JobBeth Williams forment un couple vertueux plein d'humilité !), le charme innocent de la petite Carol-Anne endossée par Heather O'Rourke et l'autorité maternelle de Tangina Barrons incarnée par Zelda Rubinstein apportent un supplément crédible face à cette situation de conflit paranormal ! 


Spectaculaire, impressionnant, drôle et parfois terrifiant, Poltergeist n'a pas volé sa réputation de grand spectacle horrifique sous couvert d'une satire sur le contrôle des médias (au final, la famille Freeling se débarrasse définitivement du téléviseur !). Pour parachever, le savoir-faire indiscutable de Tobe Hooper (et de Steven Spielberg ?) élève(nt) l'entreprise au modèle de mise en scène ! 

Bruno Matéï
5èx

jeudi 1 mai 2014

APOCALYPSE 2024 (A Boy and his Dog)

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site apocalypsezone.com

de L. Q. Jones. 1975. U.S.A. 1h31. Avec Don Johnson, Susanne Benton, Jason Robards, Tim McIntire, Alvy Moore, Helene Winston.

Sortie salles France: 21 Avril 1976. U.S: Novembre 1975

FILMOGRAPHIE: L. Q. Jones est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 19 Août 1927 à Beaumont, Texas (Etats-Unis).
1964: The Devil's Bedroom. 1975: Apocalypse 2024. 1978: L'Incroyable Hulk (série T.V. 1 Episode: On the Line.


Authentique film culte peu connu du public et rarement diffusé à la TV, Apocalypse 2024 est notamment l'occasion de retrouver dans un tout jeune rôle le héros de Miami Vice: Don Johnson ! Quand à l'identité du réalisateur, plus connu en tant qu'acteur dans ses rôles de western, il est uniquement responsable de deux longs-métrages dont un premier essai resté inédit en France !
Récit post-apo décrivant les vicissitudes d'un survivant et de son chien, Apocalypse 2024 réussit de prime abord à retranscrire avec peu de moyens un univers de désolation après que la 4è guerre mondiale eut éclaté. Communiquant par télépathie avec son animal de compagnie, Vic tente de survivre dans un désert aride parmi l'hostilité de rescapés réduits à la famine. Alors qu'une autre population cohabite dans le monde souterrain, il va tenter d'y pénétrer par l'entremise d'une jeune inconnue qu'il souhaitait préalablement violer. Pendant leurs moments d'intimité et après s'être protégés de la horde des hurleurs, Quilla en profite pour le persuader de rejoindre l'autre monde contre l'avis du chien.


A travers les éléments de comédie noire et d'anticipation pessimiste, L. Q. Jones réalise ici un ovni aussi déroutant qu'attachant. D'abord par l'échange de conversations entretenues entre l'homme et son animal de compagnie doué ici de parole, sachant que ce dernier s'avère beaucoup plus lucide et érudit que son maître ! Ensuite par la dystopie assénée à deux univers distinctes, celui de la surface où tentent de survivre dans la sauvagerie les marginaux les plus défavorisés (on songe inévitablement à Mad-Max 2 !), et celui du monde souterrain où une société plus aisée s'efforce de trouver un fécondateur afin de favoriser leur procréation. Avec un humour plein de sarcasme (le chien Blood vole la vedette à tout le monde dans son sens de la répartie caustique mais aussi sa pudeur à respecter les mauvais choix de son maître !) et l'extravagance de personnages plutôt décalés (chaque habitant de Topeka est peinturluré d'un maquillage laiteux sur le visage !), Apocalypse 2024 mêle la farce satirique au post-nuke en soulignant le caractère dépendant de nos besoins sexuels (Vic est totalement tributaire de ses instincts lubriques !). Certaines mauvaises langues pourraient d'ailleurs reprocher le caractère misogyne de l'intrigue puisque la place de la femme est réduite ici à une fonction perfide et sournoise (sans parler d'objet de soumission dans sa 1ère partie !) afin de renverser le pouvoir et obtenir le trône ! A travers le cheminement indécis d'un rescapé machiste et maladroit, délibéré à épargner son chien pour accoster un monde meilleur, c'est également un récit initiatique que nous relate le réalisateur tout en mettant en évidence une solide histoire d'amitié.


Pittoresque et attachant, étrange et fascinant, Apocalypse 2024 réussit à sortir de la routine dans une tentative iconoclaste de dépoussiérer le genre avec audace, intelligence et ironie mordante (voir l'impensable épilogue confiné dans la farce macabre). La complicité amicale qu'entretiennent l'homme et son chien est une nouvelle fois l'occasion de souligner la fidélité indéfectible qui unissent le maître et l'animal. Une perle rare à faire connaître au plus grand nombre !

Bruno Matéï
3èx