mercredi 16 avril 2014

SEVEN

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de David Fincher. 1995. U.S.A. 2h07. Avec Brad Pitt, Morgan Freeman, Kevin Spacey, Gwyneth Paltrow, R. Lee Ermey, Richard Roundtree, John C. McGinley.

Sortie salles France: 31 Janvier 1996. U.S: 22 Septembre 1995

FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962 à Denver (Colorado). 1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac. 2008: L'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network. 2011: Millénium. 2014: Gone Girl.


Ernest Hemingway a écrit: "le monde est beau et vaut qu'on se batte pour lui". 
La seconde partie, je suis d'accord.

Référence absolue du genre (avec son acolyte le Silence des Agneaux), Seven fut autant un succès commercial que critique lors de sa sortie. Le revoir aujourd'hui prouve à quel point David Fincher a entrepris avec son 2è long-métrage une oeuvre proche de la perfection, à l'instar du travail méthodique accompli par John Doe, un tueur inspiré des 7 pêchers capitaux. A sept jours de la retraite, l'inspecteur Somerset est contraint de résoudre une affaire criminelle particulièrement difficile avec l'aide du jeune recru, David Mills. Ensemble, ils vont tenter de mettre la main sur l'un des tueurs les plus retors et machiavéliques ayant comme seul ambition de parfaire son chef-d'oeuvre ! Thriller morbide d'une noirceur nihiliste, Seven réexploite l'investigation criminelle et la traque au serial-killer avec un goût prononcé pour l'amertume. De par l'aigreur d'un flicard sclérosé, fatigué d'avoir eu à régler des affaires sordides dans un monde gangrené par le pêcher, et par l'éthique amorale d'un criminel studieux entièrement soumis à l'autorité de Dieu. Avec son climat pluvieux inscrit dans la morosité, David Fincher annonce la couleur blafarde d'une cité urbaine entièrement soumise à l'arrogance du tueur auquel deux inspecteurs sur le qui-vive redoubleront d'effort afin de déjouer son prochain homicide. Sans jamais verser dans une quelconque complaisance, Fincher joue la carte de la suggestion car nous ne verrons jamais de quelle manière explicite le tueur accomplit ses exactions.


C'est dans la résultante du crime et dans la version des faits exposés que Seven laisse gambader notre imaginaire vers un abîme d'ignominies. Que ce soit le châtiment invoqué à la gourmandise (l'obèse mort étouffé par sa propre bouffe !), à la paresse (la lente agonie d'un drogué avachi sur son lit durant 365 jours !), à l'orgueil (le visage d'une jolie femme lacérée au couteau) ou à la luxure (le jeu sexuel du godemiché perforant !), les tortures infligées sur chacune des victimes nous sont remémorées avec force et détails par les témoins, médecins ou complices éventuels (tel celui contraint de collaborer au pêcher de la luxure !). Sans compter sur la sagacité de notre duo d'inspecteurs ! Outre la rigueur géométrique d'une mise en scène virtuose (la poursuite impromptue dans l'immeuble du tueur culminant vers le centre urbain), David Fincher élabore une montée en puissance du suspense qui atteindra son apogée lors d'un final apocalyptique. La tension graduelle dont John Doe sait faire preuve pour intimider les inspecteurs lors de son escorte en véhicule redouble d'acuité lorsque ce dernier osera leur avouer ses deux plus beaux méfaits. Cette dernière partie anthologique distille un tel climat de malaise si bien que le Mal en personne semble y être le principal instigateur. On peut d'ailleurs établir une filiation avec l'aura malsaine d'une entité maléfique qui imprégnait la pellicule de Friedkin dans le fameux Exorciste, notamment cette analogie entre l'inspecteur Somerset et le père Damien Karras puisque tous deux gagnés par une non-croyance ! Qui plus est, le tueur venu de nulle part (John Doe est une fausse identité !) souhaite y laisser son empreinte et transmettre son rituel biblique à tous les dégénérés de la terre !


"La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance"
Chef-d'oeuvre de suspense et de tension dévoilant un regard sinistré sur la nature humaine, Seven demeure notamment un fabuleux numéro d'acteurs que Kevin Spacey monopolise avec autant de tranquillité apathique que de cynisme impassible ! Vertigineux jusqu'au malaise viscéral !

Bruno Matéï
3èx

Récompenses:
Meilleur film et meilleur scénario au festival Fantasporto,1996.
Saturn Awards du meilleur scénario et du meilleur maquillage en 1996.
MTV Movie Awards du meilleur film et du meilleur méchant (Kevin Spacey) en 1996.
Hochi Film Award du meilleur film étranger en 1996.
Empire Awards du meilleur film et du meilleur acteur (Morgan Freeman) en 1997.
Prix du public du meilleur film étranger aux prix Sant Jordi du cinéma en 1997.
Blue Ribbon Award du meilleur film étranger en 1996.

mardi 15 avril 2014

LAST DAYS OF SUMMER (Labor Day)

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Jason Reitman. U.S.A. 1h51. Avec Kate Winslet, Josh Brolin, Gattlin Griffith, Tobey Maguire, James Van Der Beek, Clark Gregg, Brooke Smith.

Sortie salles France: 30 Avril 2014. U.S: 31 Janvier 2014

FILMOGRAPHIE: Jason Reitman est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né le 19 Octobre 1977 à Montréal.
2005: Thank You for Smoking. 2007: Juno. 2009: In the Air. 2011: Young Adult. 2013: Last days of Summer


Cinéaste canadien révélé par Juno, In the Air et Young Adult, Jason Reitman n'en finit plus de nous surprendre avec son cinquième long-métrage adapté d'un best-seller de Joyce Maynard.
Romance éperdue à la sensibilité prude, de par l'humanisme chétif de ses personnages, Last Days of summer relate la destinée amoureuse d'un couple en berne condamné à l'expectative. L'histoire d'amour impossible entre un évadé de prison et une jeune femme timorée, vivant recluse dans sa demeure parmi l'attention de son jeune fils. De prime abord, Jason Reitman s'attache à retranscrire la tendre relation qui unit cette mère et son enfant quand le père a démissionné de ses fonctions pour entreprendre une existence plus conforme à ses espérances. Taciturne et introvertie, car perturbée par un lourd passé, Adele ne croit plus en l'amour depuis son divorce jusqu'au jour où un étranger quelque peu menaçant décide de séjourner dans son foyer afin de fuir la police. Au fil leurs entretiens journaliers, Adele et le jeune Henry vont peu à peu se laisser attendrir par la bienséance de l'individu prodiguant confiance et respect d'autrui. Également tributaire d'un grave passé au secret inavouable, ce dernier finit par s'identifier à la fragilité sentencieuse de la jeune femme au point d'en tomber amoureux. De son côté, l'adolescent délaissé de sa mère commence à s'interroger sur les réelles motivations de l'inconnu, quand bien même sa mauvaise fréquentation avec une jeune adolescente va prolonger sa remise en question.


Avec sa mise en scène épurée éludée de fioriture, Jason Reitman filme cette romance élégiaque de manière gracile, à l'image de cette nature bucolique qui environne nos héros. Outre la densité des enjeux incertains, l'intensité du récit émane surtout de la sincérité des comédiens que le cinéaste filme avec maturité et refus de sentimentalisme. La manière limpide à laquelle il nous conte son histoire dédiée aux tourments nous implique dans une émotion vulnérable qu'un suspense exponentiel va venir renforcer dans sa toute dernière partie. Sans chercher à manipuler gratuitement les mécanismes de la tension, Jason Reitman exacerbe en point d'orgue un dénouement des plus précaires dans son mode du thriller et sublime au passage une profonde histoire d'amour. En abordant les thèmes de la famille, de l'infidélité, de la démission parentale, SPOILER ! de l'erreur judiciaire, du deuil infantile FIN DU SPOILER et du fragile passage à l'adolescence, Last Days of summer traite ses réflexions à travers l'affliction d'amants désavoués d'un lourd passé SPOILER ! mais auquel la patience finira par vaincre leur déveine FIN DU SPOILER. Du point de vue de la puberté, le personnage d'Henry observe cette nouvelle relation avec inquiétude et interrogation, avant de comprendre les sens de l'amitié et de l'équilibre familial bâtis sur la confiance, le respect, la tolérance et l'amour.


"Il faut une infinie patience pour attendre toujours ce qui n'arrive jamais". 
Admirablement dirigé et servi par un trio de comédiens d'une dignité humaine bouleversante, Last Days of summer rejette la sinistrose afin de renouer avec l'épopée romanesque et démontre que le sentiment amoureux reste l'élément le plus aléatoire et cathartique de notre destinée. A vos mouchoirs mesdames !

Bruno Matéï

vendredi 11 avril 2014

La Mouche 2 / The Fly 2

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviegoods.com

de Chris Wallas. 1989. U.S.A. 1h45. Avec Eric Stoltz, Daphne Zuniga, Lee Richardson, John Getz, Frank C. Turner, Ann Marie Lee, Gary Chalk.

Sortie salles France: 26 Avril 1989. U.S: 10 février 1989

FILMOGRAPHIE: Chris Wallas est un réalisateur américain, né en 1955 à Chicago, Illinois, U.S.A.
1989: La Mouche 2. 1990: Les Contes de la Crypte (Série TV, épisode: Till Death). 1992: Psychose Meurtrière.


Trois ans après le succès de La Mouche, remake plus humaniste/organique/romantique/discursif que le classique de Kurt NeumannChris Wallas entreprend une séquelle afin d'exploiter le filon commercial. Pure série B à nouveau bâtie sur les thèmes de la téléportation et de la mutation génétique, La Mouche 2 réussit à entretenir l'intérêt grâce prioritairement à la bonne volonté de son réalisateur néophyte et des comédiens en herbe particulièrement crédibles. Et ce en dépit d'un accueil public et critique plutôt défaitiste lors de sa sortie controversée. Le pitch: Cinq ans après les évènements dramatiques qui coûtèrent la vie à Seth Brundle, sa compagne accouche d'un enfant physiquement ordinaire mais à la croissance anormale. Elevé par le docteur Bartok et sujet à divers expériences pour déjouer une éventuelle mutation, Martin Brundle doit tenter dès son plus jeune âge de déchiffrer les secrets de la téléportation préalablement étudiée par son père. Utilisé comme cobaye et épié dans son foyer factice, il ne tarde pas à découvrir qu'il est le fruit d'une machination. Pourvu d'une certaine efficacité dans son cheminement narratif dénué de temps mort et mené avec savoir-faire par son action encourue, La Mouche 2 ne s'embarrasse ni de réflexion métaphorique ni d'intensité dramatique (en dépit de la scène anthologique du chien moribond) pour tenter de concourir avec son modèle. Or, de par son intrigue futile dénuée de surprises, le film aurait pu rapidement sombrer dans la séquelle standard si les comédiens n'avaient su faire preuve d'éloquence.


Et bien que son scénario s'articule autour des secrets de la téléportation pour renouer avec les transformations génétiques auquel le héros tentera de trouver une solution à sa dégénérescence, l'implication des acteurs ainsi que son savoir-faire technique pallient en partie son manque d'ambition. Si bien que dominé par la présence juvénile d'Eric Stolz, le comédien parvient à insuffler une réelle fragilité dans sa condition de victime gagnée par la maladie, alors qu'un peu plus tard, sa métamorphose le conduira en monstre vindicatif afin de réprimander ses oppresseurs. Reflet de son adolescence, la pudeur et l'innocence qu'il nous véhicule de prime abord culmine d'ailleurs vers une séquence véritablement poignante, pour ne pas dire insupportable, lorsqu'il doit faire face à l'agonie de son compagnon canin réduit à la difformité monstrueuse ! (une séquence éprouvante d'une rigueur dramatique quasi insupportable par son réalisme escarpé). Epaulé de la jeune Beth Logan auquel ils finissent par amorcer une liaison amoureuse, Daphne Zuniga joue avant tout sur son charme corporel pour nous convaincre mais sait aussi se montrer sincère dans sa compassion portée à Martin. Quand à Lee Richardson il incarne avec hypocrisie l'autorité d'un leader mégalo dénué de vergogne pour la vie humaine car trop avide de cupidité pour parfaire son entreprise professionnelle. Pour clore l'interprétation, si les rôles secondaires impartis aux méchants s'avèrent parfois caricaturaux, leur exubérance renforce le caractère ludique des situations, à l'instar des effets gores gratuits mais spectaculaires qui émanent des agressions de la mouche ! Et même si on aurait préféré une créature plus mobile lors de ses déplacements et exactions meurtrières elle parvient néanmoins à fasciner sous l'impulsion d'FX artisanaux rigoureusement soignés, stylisés même, mais aussi inventifs. 


Dénué d'ambition, La Mouche 2 joue honnêtement la carte de l'exploitation dans son format traditionnel de série B du samedi soir. Sauvé par la prestance attachante des comédiens et de l'efficacité de sa réalisation d'autant plus novice, le film bénéficie en outre d'effets-spéciaux artisanaux saillants et d'une action homérique parfois débridée (gore à l'appui, particulièrement lors de sa dernière partie effrénée parfaitement menée). Une séquelle franchement sympathique donc, en toute humilité, dégageant aujourd'hui un charme rétro que les nostalgiques accueilleront avec une émotion gratifiante nullement réservée. 

La Chronique de la Mouche: http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-mouche-prix-special-du-j…

*Bruno
01.04.23. 4èx

jeudi 10 avril 2014

THE MIST

                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Frank Darabont. 2007. U.S.A. 2h07. Avec Thomas Jane, Marcia Gay Harden, Laurie Holden, Andre Braugher, Toby Jones, William Sadler, Jeffrey DeMunn.

Sortie salles France: 27 Février 2008. U.S: 21 Novembre 2007

FILMOGRAPHIE: Frank Darabont est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur de cinéma américain, d'origine hongroise, né en France le 28 Janvier 1959 à Montbéliard (Doubs).
1990: Enterré vivant (télé-film). 1994: Les Evadés. 1999: La Ligne Verte. 2001: The Majestic. 2007: The Mist.
SERIES TV: 2007: Raines (saison 1 épisode 1). 2007: The Shield (saison 6 épisode 6). 2010: The Walking Dead (saison 1 épisode 1). 2013: Mob City (4 épisodes).


Adapté d'une nouvelle de Stephen King, The Mist (la brume) relate l'épreuve de force d'un groupe d'individus pris à parti avec des insectes mutants planqués sous un épais brouillard. Calfeutrés dans un supermarché afin de se prémunir de la menace externe, une fanatique religieuse encore plus pernicieuse va semer la zizanie au sein de leur communauté ! Par le réalisateur de La Ligne Verte et des Evadés, rien ne nous laissait présager que Frank Darabont allait élever le genre horrifique à son niveau le plus abrupt, dans le sens où The Mist transcende un cauchemar ultra réaliste où sa dramaturgie est mise à rude épreuve ! Car ici, le thème éculé de l'insecte mutant venu d'une autre planète est réexploité dans un contexte contemporain afin de renforcer la véracité des évènements vécus. Avec l'aide d'effets spéciaux numériques plutôt convaincants et une horreur viscérale éprouvante, The Mist distille un vrai malaise et implique intimement le spectateur dans une situation de claustration des plus névrosées !


A travers les sentiments de peur et de panique, le réalisateur dénonce le fanatisme religieux invoqué par une intégriste et sa capacité à endoctriner les personnes les plus influentes vers l'expiation. En s'attardant sur l'évolution des personnages en constante remise en question et aux rapports de force contradictoires, il traite notamment de notre incommunicabilité et l'impossible alliance de pouvoir s'adapter à une situation alerte. Ces affrontements récurrents que nos protagonistes se disputent pour l'enjeu de survie et celui de la liberté nous amènent donc à une étude psychologique sur la peur, la lâcheté qui en émane et notre folie paranoïaque. Avec cette dynamique de groupe en perpétuelle divergence, il nous démontre que l'homme est asservi depuis toujours par le culte religieux et les stratégies politiques, principales engeances des conflits de nos sociétés. Alors qu'au sein de ce microcosme, les plus solidaires et les plus érudits vont devoir disserter en catimini afin de trouver une solution fructueuse pour sortir de la crise. Avec l'efficacité de sa réalisation studieuse et le jeu argumenté des comédiens, Frank Darabont n'oublie jamais le sens du genre horrifique en émaillant son intrigue d'agressions sanglantes que les insectes perpétuent quand elles réussissent à s'infiltrer dans le supermarché. Avec son intensité exponentielle et ses mises à mort inopinées, le réalisateur n'y va pas avec le dos de la cuillère pour illustrer notamment des altercations ultra violentes entre nos protagonistes en perdition. Quand bien même son point d'orgue apocalyptique va venir nous accabler d'émotion pour l'audace impartie au sens du sacrifice, notamment le cynisme nihiliste qui s'en extrait, même si une issue de secours est finalement promulguée !


"Quoi de plus inhumain qu'un sacrifice humain ?"
Avec The Mist, Frank Darabont a signé une pierre angulaire du genre horrifique et transcendé par la même occasion l'une des meilleures adaptations de Stephen King. Son ambition jusqu'au-boutiste à avoir su exploiter la peur, le malaise et la terreur dans un contexte purement psychologique (les vrais monstres restent humains !) est d'autant plus bouleversante que sa conclusion nous laisse dans un état de déprime injustifiable (il s'agit d'ailleurs à mes yeux d'une des fins les plus effroyables du cinéma !).  

Bruno Matéï
2èx 

mercredi 9 avril 2014

Hitcher. Grand Prix du Jury, Cognac 86.

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"The Hitcher" de Robert Harmon. 1986. U.S.A. 1h37. Avec C. Thomas Howell, Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh, Jeffrey DeMunn, John M. Jackson.

Sortie salles France: 25 Juin 1986. Sortie salles U.S: 21 Février 1986

FILMOGRAPHIE: Robert Harmon est un réalisateur américain. 1986: Hitcher. 1993: Cavale sans issue. 1996: Gotti (télé-film). 2000: The Grossing. 2002: Astronauts (télé-film). 2002: Le Peuple des Ténèbres. 2004: Highwaymen. 2004: Ike: opération overlord (télé-film). 2005: Stone Cold (télé-film). 2006: Jesse Stone: Night Passage (télé-film). 2006: Jesse STone: Death in paradise (télé-film). 2007: Jesse Stone: Sea Change (télé-film). 2009: Jesse Stone: Thin Ice (télé-film). 2010: Jesse Stone: sans remords (télé-film). 2010: Une lueur d'espoir (télé-film). 2012: Jesse Stone: Benefit of the Doubt (télé-film).


Desservi par son échec commercial et comparé à l'époque comme un vulgaire plagiat de Duel, Hitcher a tout de même convaincu les membres du Jury de Cognac pour lui avoir décerné trois récompenses ! C'est également au fil des décennies que cette série B nerveusement emballée s'est taillée une réputation de film culte auprès d'une frange de cinéphiles. Ainsi, le redécouvrir de nos jours prouve à quel point l'oeuvre modeste de Robert Harmon redouble toujours d'efficacité dans son alliage de thriller inquiétant, suspense et action sur fond d'atmosphère irréelle. Car grâce à l'attrait ésotérique du postulat et le jeu nuancé de l'intrigant Rutger Hauer, Hitcher effleure les cimes du fantastique par l'entremise du climat  envoûté ! Tant auprès de son décor de désert californien magnifiquement éclairé d'horizons crépusculaires que de son score mélancolique de Mark Isham oh combien capiteux ! Même si l'allusion à Duel s'avère inévitable, Hitcher possède suffisamment de personnalité (marginale) pour se démarquer du chef-d'oeuvre de Spielberg en nous dévoilant ouvertement les rapports équivoques du meurtrier et de sa victime. Par conséquent, après avoir embarqué un autostoppeur sur son trajet de convoyage, un étudiant se retrouve pris au piège par cet étrange inconnu délibéré à le harceler jusqu'à ce que l'un d'eux trépasse. Si le jeune Jim Halsey réussit fissa à s'en débarrasser après l'avoir éjecté de son véhicule, l'étranger réussit toujours à rebrousser chemin pour le pourchasser sans répit, tel le jeu du chat et de la souris. Spoil ! Pire encore, il réussit à l'accuser des meurtres de touristes qu'il perpétue lâchement sur la campagne californienne jusqu'à ce que la police décide de lui entamer une traque sans relâche. Fin du Spoil.


Là où le récit gagne en revirement intense émane des enjeux du héros à tenter de témoigner de son innocence face à la police. Car non seulement Jim doit redoubler de bravoure pour déjouer les stratagèmes du psychopathe, mais il doit notamment faire face aux patrouilles de l'ordre lancées sans relâche à ses trousses ! Ce qui nous vaut d'ailleurs de belles cascades automobiles que Robert Harmon exécute avec souci chorégraphique. Outre le dynamisme du récit fertile en rebondissements et allusions macabres (à une facilité improbable près lorsque la serveuse du snack décide subitement de prêter main forte au présumé coupable), Hitcher doit également beaucoup à la prestance insidieuse de ces interprètes. En particulier Rutger Hauer incarnant ici un tueur étrangement placide habité par le cynisme et le non-dit ! De par son regard mesquin inscrit dans l'arrogance et la provocation, l'acteur véhicule un pouvoir d'attraction d'autant plus énigmatique que nous ne connaîtrons jamais les vraies motivations de sa belligérance, si bien qu'il parvient toujours par on ne sait quel miracle à retrouver la trace de son adversaire ! C. Thomas Howell lui partage sobrement la vedette avec une pugnacité mêlée de désespoir car toujours plus tourmenté à tenter de mettre un terme à cette traque dénuée de logique ! L'acteur réussit donc honorablement à imposer ses marques pour exprimer sentiments d'amertume et rancoeur vindicative à l'aide d'une force d'expression subtilement poignante ! Enfin, dans celle d'une tenancière, la charmante Jennifer Jason Leigh apaise parfois la tension à travers son regain de tendresse alloué au jeune héros au point lui prêter main forte (trop facilement avouons le à nouveau !) face à l'intolérance des autorités.


Intense et captivant autour d'une langoureuse atmosphère de déréliction implantée en désert urbain, Hitcher sait soigneusement mettre en image son format série B parmi l'efficacité d'un scénario original. Pour parachever, la confrontation opiniâtre entamée entre nos deux adversaires réserve également des moments d'intimité insaisissables. Grand classique au charme funèbre prédominant. 

*Bruno 
5èx. 11.02.21

Récompenses: Grand prix du jury, Prix de la critique et Prix TF1 au Festival du film policier de Cognac, 1986.

mardi 8 avril 2014

MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, 2003. (The Texas Chainsaw Massacre)

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site apercucinephilia.wordpress.com

de Marcus Nispel. 2003. U.S.A. 1h38. Avec Jessica Biel, Jonathan Tucker, Erica Leerhsen, Mike Vogel, Eric Balfour, R. Lee Ermey, David Dorfman, Lauren German.

Sortie salles France: 21 Janvier 2004.

FILMOGRAPHIE: Marcus Nispel est un réalisateur, producteur allemand, né le 15 avril 1963 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne.
2003: Massacre à la Tronçonneuse. 2004: Frankenstein. 2007: Pathfinder. 2009: Vendredi 13. 2011: Conan. 2014: Backmask.


Sorti un an avant la vague du Torture porn imposée par Saw et Hostel, Massacre à la Tronçonneuse, le remake, est d'autant plus une surprise qu'il ne joue jamais la surenchère gore, à l'instar du légendaire chef-d'oeuvre de Tobe Hooper. L'habileté de Marcus Nispel est notamment de ne pas suivre la même ligne directrice que son modèle tout en insérant quelques clins d'oeil judicieux (le prélude avec la jeune auto-stoppeuse égarée au milieu de la route, le chauffeur de camion réfutant en dernier lieu de prêter main forte à la survivante, Leatherface se coupant la jambe par accident). Louablement, le réalisateur s'épargne donc la facilité du copié-collé, ponctue le récit de rencontres impromptues et respecte le travail de Hooper en privilégiant les éléments de suggestion et de terreur poisseuse. La première partie axée sur l'attente s'avère déjà bien anxiogène dans sa confection d'une atmosphère pesante (photo sépia à l'appui !) où la tension sous-jacente laisse sous entendre un futur éclair de violence. Je songe au repère de la demeure des tueurs où le couple Erin / Kemper est fraîchement accueilli par un handicapé décati à fauteuil roulant. La première apparition de Leatherface s'avère d'ailleurs très impressionnante dans son effet de surprise aléatoire à ébranler sa première victime ! Et quand la violence se déchaîne, l'assassin dévoile l'apparence de son visage de cuir et agite sa tronçonneuse avec une hargne incontrôlée !


En ce qui concerne les cinq protagonistes juvéniles incessamment persécutés par la famille des tueurs, là aussi le réalisateur a pris soin de leur tailler une carrure toute fragile dans leur chemin de croix livré au trépas. Des jeunes ados timorés car n'osant pas défier l'autorité d'un flic obtus, et donc toujours plus apeurés par la dramaturgie déroutante de leur situation. On peut d'ailleurs souligner le jeu névrosé de Jessica Biel multipliant les prises de risques pour sauvegarder ses amis mais aussi échapper à ses agresseurs dans sa course pour la survie ! Déjà bien secoué par la mort de l'autostoppeuse, nos touristes vont donc avoir à faire au jeu d'humiliation imposé par ce shérif sadique (l'acteur R. Lee Ermey jubile de perversité dans sa fonction policière et provoque le malaise dans ses brimades macabres !) en attendant d'être parqués dans une chaufferie, lieu de sévices où Leatherface dépèce ses victimes. A cet égard, la fameuse torture du crochet dans les côtes s'avère bien rude et se démarque un peu de son modèle en redoublant de cruauté, puisque l'une des jambes sectionnées de la victime finira par être enduite de gros sel afin de cicatriser la plaie ! L'intrusion de divers antagonistes (le couple de femmes dans la caravane, l'enfant sauvage) est notamment une bonne idée puisqu'elle ajoute une ironie sardonique à une situation cauchemardesque toujours plus contraignante, sachant que la dernière victime n'aura de cesse d'accourir à travers bois ou de se planquer dans les entrepôts pour échapper à la sentence de la tronçonneuse !


Méchant, tendu, intense, malsain et poisseux, Massacre à la Tronçonneuse récolte la réussite du remake intelligent car respectueux de son modèle et d'autant plus terrifiant qu'il ne cède jamais au caractère sanglant de son titre évocateur ! Car ici, c'est la vigueur de sa réalisation et la rigueur de l'ultra violence qui priment afin d'exacerber une tension omniprésente, quand bien même les hurlements des victimes et le son strident de la tronçonneuse viennent renforcer l'état de panique ! 
Une réussite plus qu'honorable, pour ne pas dire miraculeuse, car réussissant à distiller la trouille avec une trépidante efficacité ! 

La Chronique de son modèle, Massacre à la Tronçonneuse (1974): http://brunomatei.blogspot.fr/…/massacre-la-tronconneuse-te…

Bruno Matéï
3èx

lundi 7 avril 2014

CASSE TETE CHINOIS. Prix du Jury jeune à Sarlat, 2013

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Cédric Klapisch. 2013. France. 1h57. Avec Romain Duris, Kely Reilly, Audrey Tautou, Cécile De France, Sandrine Holt, Flore Bonaventura.

Récompense: Prix du Jury jeune au Festival du film de Sarlat, 2013.

Sortie salles France: 4 décembre 2013

FILMOGRAPHIE:Cédric Klapisch est un réalisateur, scénariste et producteur français, né le 4 Septembre 1961 à Neuilly-sur-Seine (France).
1989: Maasaïïtis. 1991: Riens du tout. 1994: Le Péril Jeune. 1996: Chacun cherche son chat. 1996: Un air de famille. 1999: Peut-être. 2001: L'Auberge Espagnole. 2002: Ni pour ni contre. 2005: Les Poupées Russes. 2008: Paris. 2011: Ma part du Gâteau. 2013: Casse-tête chinois.


Après l'Auberge Espagnole et Les Poupées Russes, Cédric Klapisch amorce une suite à son diptyque avec Casse-tête chinois. Titre on ne peut mieux approprié puisque le héros du film, Xavier, entreprend l'écriture de ce roman afin d'exorciser l'échec de sa rupture amoureuse. Comédie légère entièrement bâtie sur le concept amoureux, Casse Tête chinois renoue avec le vent de fraîcheur et de tendresse des précédents opus pour traiter aujourd'hui du mal-être de la quarantaine chez un père de famille. Xavier vient de rompre avec sa femme anglaise après 10 ans de vie commune. Alors qu'elle rentre à New-York parmi ses enfants, il décide également de la rejoindre et cherche un appartement pour assurer la garde de ses rejetons. Après avoir renouer contact avec son amie lesbienne Isabelle, cette dernière lui trouve une location et lui propose par la même occasion de devenir son donateur de sperme par insémination artificielle. En effet, elle aimerait devenir mère d'un enfant avec sa nouvelle compagne, Ju. Au même moment, Martine, l'ex de Xavier, lui annonce qu'elle vient lui rendre visite à New-York.


Treize ans séparent l'Auberge Espagnole de Casse-tête Chinois et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est un réel bonheur de retrouver Xavier, Isabelle, Martine et Wendy du haut de leur quarantaine. Outre l'inventivité de sa réalisation aux touches de poésie fantaisiste, sa nouvelle réussite est une fois encore imputée au talent spontané de ces interprètes, successivement incarnés par Romain DurisCécile De FranceAudrey Tautou et Kely Reilly. Des comédiens à la bonhomie pleine de fougue réussissant à nous faire partager leur vicissitudes dans une cohésion amicale. Exit donc la caricature traditionnellement imposée dans ce genre de comédie légère si bien que Cédric Klapisch dessine ces personnages avec l'autorité de leur caractère et un jeu d'improvisation inscrit dans le naturel. En traitant avec simplicité des thèmes contradictoires de l'amour et de l'infidélité, le réalisateur scande un hymne à l'existence (et à la cohésion cosmopolite) auquel le hasard des circonstances rachète toutes les incertitudes. Emaillé de quiproquos irrésistibles (la visite des agents de l'immigration chez Xavier), de rencontres impromptues (le chauffeur de taxi molesté, sa fille asiatique compromise au mariage blanc) et de situations amusées (l'échange verbal difficilement établi entre le nouvel ami de Wendy et Xavier, ou encore l'étreinte sexuelle de ce dernier avec Martine), Casse-tête chinois réussit à combiner tendresse et humour Spoiler ! jusqu'à l'harmonie d'un happy-end renouant avec le bonheur conjugal. Fin du Spoiler. Cet épilogue d'une belle intensité émotionnelle boucle l'idéologie optimiste du réalisateur dans son audace prodiguée et nous suscite l'envie d'affronter la vie sentimentale avec autant de persuasion.  


Léger, frais, pétillant, décomplexé et pittoresque, Casse-Tête Chinois renoue avec la verve de ces précédents modèles (même si on peut déplorer une première partie un peu laborieuse) et peut se targuer d'être un antidépresseur à tous les désillusionnés de l'amour et ceux concevant leur destinée comme scellée d'avance. Comme le prouve la vie compliquée de Xavier, les aléas de l'existence restent ouvertes et attendent de se cristalliser, quand bien même votre meilleur(e) ami(e) pourrait bien un jour bouleverser votre perplexité ! A condition d'y croire et de pratiquer le goût du risque et de l'évasion ! 

Bruno Matéï

vendredi 4 avril 2014

Délivrance

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site dpstream.net

"Deliverance" de John Boorman. 1972. U.S.A. 1h49. Avec John Voight, Burt Reynolds, Ned Beatty, Ronny Cox, Ed Ramey, Billy Redden.

Sortie salles France: 1er Octobre 1972. U.S: 30 Juillet 1972

FILMOGRAPHIE: John Boorman est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 18 Janvier 1933 à Shepperton (Royaume-Uni). 1965: Sauve qui peut. 1967: Le Point de non-retour. 1968: Duel dans le pacifique. 1970: Leo the last. 1972: Délivrance. 1974: Zardoz. 1977: L'Exorciste 2. 1981: Excalibur. 1985: La Forêt d'Emeraude. 1987: Hope and Glory. 1990: Tout pour réussir. 1995: Rangoon. 1998: Le Général. 2001: Le Tailleur de Panama. 2003: In my Country. 2006: The Tiger's Tail.


Précurseur du survival pur et dur, Délivrance est une plongée en enfer à rude épreuve, autant pour le témoignage du spectateur lourdement éprouvé que pour nos héros incessamment livrés à une épreuve d'endurance. Alors qu'une rivière est sur le point de rendre l'âme depuis que l'homme eut décidé d'y construire un barrage, quatre citadins s'empressent de lui rendre un dernier hommage pour la parcourir en canoë. Ainsi, ce qui s'annonçait comme un week-end idyllique va rapidement virer en périple cauchemardesque après que l'un d'eux subira un viol par deux rednecks locaux. Ayant riposté en légitime défense et tué l'un des tortionnaires, nos héros useront de patience, constance et bravoure pour déjouer la vengeance d'un ennemi invisible planqué au sein de la forêt. Alors qu'ils tentent désespérément de descendre la rivière pour rejoindre la ville, dame nature les soumet également à une épreuve de survie sur les violents rapides et en amont des montagnes rocailleuses. Survival cauchemardesque au confins de l'horreur, drame psychologique à l'intensité dramatique rigoureuse,  Délivrance délivre un constat implacable sur la nature de l'homme contraint ici de renouer avec son instinct primitif pour tenter de survivre dans une nature hostile. 


Si bien que cette rivière bafouée par notre irrévérence semble se venger de notre arrogance pour prendre en otage quatre innocents et les confronter à un ultime combat contre la mort. Quand bien même un autochtone déficient leur corsera la situation pour tenter lui aussi de les éradiquer ! De manière jusqu'au-boutiste mais sans jamais céder à une quelconque complaisance, John Boorman livre un récit d'aventures d'une violence âpre (viol crapuleux à l'appui !) où l'ambiance horrifique, sous-jacente mais aussi palpable, nous saisit littéralement à la gorge. Epaulé d'un scénario et d'un casting sans faille, son intensité singulière découle également de son saisissant réalisme ainsi que de la passionnante évolution des personnages au caractère bien distinct. De paisibles citadins qui n'auront de cesse de se mesurer à leur propre éthique afin de décider communément s'ils se débarrassent d'un cadavre encombrant ou à contrario se livrent à la police et ainsi justifier leur légitime défense. Livré à la solitude et démunis par la déveine, ces derniers recourent à la pugnacité pour surmonter peur et courage en se délayant des pires situations, alors que l'expiation peut parfois conduire au suicide chez l'un d'eux. 


Voyage au bout de l'enfer
Désespéré et impitoyable, dérangeant et éprouvant, Délivrance innove le genre survival pour lui offrir ses lettres de noblesse avec l'intelligence d'un scénario acéré (on peut par ailleurs y déceler une métaphore sur la guerre du Vietnam dont Cimino empruntera quelques éléments pour Voyage au bout de l'enfer). Pour parachever, l'intensité psychologique des personnages torturés (ils sortiront à jamais traumatisés de leur expérience !) culmine au constat d'amertume sur notre sauvagerie lorsque l'homme est confronté à une épreuve de légitime défense, et sur notre incapacité à braver le déchaînement de mère nature. Un cauchemar écolo dont on ne sort pas indemne sous l'impulsion d'un célèbre banjo animé par la rouerie. 

4èx

jeudi 3 avril 2014

RENCONTRES DU 3E TYPE (Close Encounters of the Third Kind)

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

de Steven Spielberg. 1977. U.S.A. 2h17 (director's cut). Avec Richard Dreyfuss, François Truffaut, Teri Garr, Melinda Dillon, Bob Balaban, J. Patrick McNamara.

Sortie salles France: 24 Février 1978. U.S: 15 Novembre 1977

FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln.


                                         Rencontre du premier type: Observation d'un Ovni
                                         Rencontre du second type: Evidence Physique
                                         Rencontre du troisième type: Contact


Deux ans après avoir semé la panique sur les plages du monde entier grâce aux Dents de la mer, Steven Spielberg prend le contre-pied du film de terreur mâtiné de catastrophe pour illustrer le féerique Rencontres du 3è type. Passionné par le phénomène des ovnis et tout ce qui entoure le mythe des extra-terrestres, le cinéaste aborde son sujet avec sérieux tout en jouant sur le caractère merveilleux d'une telle situation quand des étrangers venus d'ailleurs décident de débarquer pacifiquement sur terre. Sans faire preuve d'esbroufe dans l'action conventionnelle, Steven Spielberg ne nous ressasse pas une énième invasion d'E.T hostiles dans le but de provoquer (bien qu'il le fera plus tard avec la Guerre des Mondes !), mais au contraire nous émerveille en déclarant un hymne à l'existence extraterrestre. 


Message d'espoir et de pacifisme où le besoin d'entrer en communication s'avère le centre des intérêts, réflexion spirituelle sur la foi, Rencontres du 3è type accorde autant d'intérêt à l'aspect scientifique d'une découverte révolutionnaire que la dimension humaine d'un père de famille obsédé par la quête de vérité. C'est d'abord par le langage auditif que nos scientifiques vont tenter d'entrer en communication avec les ovnis afin d'établir un premier rapport. De son côté, après en avoir été témoin parmi la présence d'autres citadins, le père de famille, Roy Neary, s'évertue à reconstituer au sein de sa demeure un monolithe en terre après avoir été inconsciemment obsédé par cette étrange vision. De manière erratique mais déterminé, il n'aura plus que cette obsession en tête pour essayer de la comprendre et la déchiffrer. C'est avec l'aide de Jillian Guiler, une mère esseulée dont l'enfant vient d'être enlevé par les ovnis, qu'il pourra compter sur son soutien afin d'entamer une excursion vers Devils Tower. D'autres témoins de la région auront cette même révélation, cette ambition imperturbable à tenter de démystifier cette forme distendue et dépister le fameux point de rencontre. Spoiler ! Leur investigation culmine donc avec la découverte d'une base secrète, lieu de séjour afin d'accueillir l'éventuelle venue de nos visiteurs ! Celle d'engins volants illuminés de néons polychromes auquel des extraterrestres finiront par dévoiler leur apparence pour nous prodiguer leur pacifisme ! Fin du spoiler.


En jouant sur la suggestion et l'expectative, Steven Spielberg élabore un scénario infaillible d'autant plus réaliste pour l'aspect scientifique imparti à la recherche et profondément humaniste dans sa réflexion sur la communication et le respect d'autrui. Spectacle de féerie visuelle mené de main de maître à l'aide d'FX toujours aussi modernistes, ballet musical que Steven Spielberg culmine dans un point d'orgue édénique, Rencontres du 3è type nous achemine vers un message universel, celui de la communion avec toute forme de vie étrangère. Prestigieux moment de cinéma !

Bruno Matéï


mercredi 2 avril 2014

LES VIERGES DE LA PLEINE LUNE (Il Plenilunio delle Vergini)

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site vampyres-online.com

de Luigi Batzella. 1973. Italie. 1h22. Avec Mark Damon, Rosalba Neri, Francesca Romana Davila, Esmeralda Barros, Xiro Papas, Sergio Pislar...

FILMOGRAPHIE: Luigi Batzella est un réalisateur italien né le 27 Mai 1924 à San Sperate, en Sardaigne, décédé le 18 Novembre 2008.
1966: Tre franchi di pietà. 1969: Les Mille et une nuits d'Istamboul. 1970: Quand explose la dernière grenade. 1971: Pour Django les salauds ont un prix. 1971: Les Ames damnées de Rio Chico. 1972: Le poulain était fils Dieu. 1972: Confessioni segrete di un convento di clausura. 1973: Les Vierges de la pleine lune. 1974: Les Nuits perverses de Nuda. 1974: Lo Strano ricatto di una ragazza par bene. 1977: Les Tigres du Désert. 1977: Holocauste Nazi. 1978: Symphonie de l'amour. 1979: La Guerre du Pétrole. 1980: l'Implacable Défi (non crédité).


Cinéaste mineur responsable du scandaleux et très Z Holocauste Nazi, Luigi Batzell réalise en 1973 son meilleur film avec Les Vierges de la pleine lune. On est d'autant plus surpris par la qualité du produit que sa rareté nous avait porté préjudice au sein de l'hexagone. Chose réparée aujourd'hui puisque le film bénéficie enfin d'une sortie Dvd digne de son support sous l'égide d'Artus Film !
A la recherche d'un anneau précieux conférant richesse et pouvoir à celui qui le possède, deux frères décident de partir en Transylvanie pour tenter de se l'approprier dans l'ancien château du comte Dracula. Attisé par la cupidité, Franz arrive d'abord le premier et se voit accueilli par une étrange comtesse férue de messe noire. 


Ce qui frappe d'emblée avec cette série B bien ancrée dans l'expression "Bis", c'est le soin accordé à la poésie de ces images contrastant avec des éclairages limpides. Notamment la richesse de sa photographie transcendant une scénographie gothique pour composer des séquences picturales axées sur la sensualité féminine et le rituel de sacrifices. Le réalisateur pallie donc son budget minimaliste par le sens esthétique d'un univers funeste où le rouge, le blanc et le noir prédominent l'assemblée des suceurs de sang. Si le scénario n'est pas un modèle d'intelligence, il s'avère bien conté, assez captivant, parfois surprenant (la relation insidieuse des frères jumeaux, l'épilogue nihiliste relégué en farce macabre) et d'autant mieux rythmé par son lot de rebondissements (la dernière demi-heure multiplie actions imprévisibles et retournements de situation !). Qui plus est, la caractérisation des personnages s'avère également attachante dans le jeu de séduction alloué entre Franz et la veuve de Dracula. Ponctué de séquences érotiques vertueuses et de quelques scènes gores graphiques, les Vierges de la pleine lune est une plongée fantasmatique dans la demeure intimiste d'une femme vampire adepte de solitude. Possédant une bague conférant tous les pouvoirs, elle décide de régir sa vie sous la mainmise des ténèbres en exploitant le sang des jeunes vierges et en séduisant les mâles imprudents. A travers sa mise en scène stylisée, Luigi Batzella emprunte donc les thèmes du vampirisme, de la beauté éternelle et du satanisme en mettant en exergue les pouvoirs surnaturels d'une amulette et d'un anneau, symboles antinomiques du Bien et du Mal. Sur ce point, la confrontation finale (à la lisière du grotesque !) instaurée entre Karl et la comtesse réussit à nous y impliquer, non sans une certaine ironie dans leurs efforts surmontés.


Sans aucune prétention que de divertir modestement, Luigi Batzell compose avec les Vierges de la peine lune une série B finalement originale dans son thème éculé du vampirisme d'où plane l'ombre de la comtesse Bathory (douche de sang à l'appui !), d'autant plus formelle dans le sens du cadrage hérité de l'art pictural. 

Bruno Matéï


mardi 1 avril 2014

LA VENGEANCE DE LADY MORGAN (La Vendetta di Lady Morgan)

                                                                                Photo personnelle appartenant à Bruno Dussart.

de Massimo Pupillo. 1965. Italie. 1h25. Avec Barbara Nelli, Erika Blanc, Gordon Mitchell, Paul Muller, Michel Forain, Carlo Kechler.

Sortie salles Italie: 16 Décembre 1965

FILMOGRAPHIE: Massimo Pupillo est un réalisateur, scénariste et producteur italien, né le 7 Janvier 1929 à San Severo, Italie.
1961: Teddy, l'osacchiotto vagabondo. 1965: Cinq tombes pour un médium. 1965: Vierges pour le bourreau. 1965: La Vengeance de Lady Morgan. 1967: Django, le taciturne. 1970: L'amore, questo sconosciuto. 1970: Giovane Italia, Giovane Europa. 1984: Sajana, l'audace impresa


Exhumé de l'oubli grâce à l'éditeur français Artus Films, La Vengeance de Lady Morgan renoue avec la tradition du gothisme italien en s'inspirant de Danse Macabre de Margheriti. Joliment mis en scène dans un noir et blanc ciselé, le film relate l'histoire d'amour impossible entre deux amants, tour à tour victimes du complot d'Harold Morgan et de ses sbires. Persuadée que son ancien amant est mort d'une noyade accidentelle, Susan s'est donc résolue à épouser le comte Morgan en désespoir de cause. Divisé en deux parties, le premier segment joue la carte de la sobriété pour dépeindre les tourments psychologiques de la jeune fille, sévèrement persécutée par son mari cupide, et victime d'hypnose de la part d'une des domestiques. Sa vie conjugale vire donc rapidement au cauchemar depuis que d'étranges évènements influent sur son état mental et depuis que son époux infidèle a manigancé un complot communautaire en guise d'héritage.


Dans un souci esthétique, Massimo Pupillo compose des images gracieuses (voires aussi baroques à certains moments) en harmonie avec le style gothique du château hanté, des couloirs inquiétants éclairés aux candélabres, du cimetière brumeux et d'une crypte à torture. Outre l'aspect envoûtant de la scénographie, le film tire également parti de la caractérisation des personnages sournois au charisme évocateur. Que ce soit le majordome au visage buriné qu'incarne avec démence le vétéran Gordon Mitchel, le compte orgueilleux Harold Morgan qu'interprète Paul Muller dans une posture longiligne, ou encore la domestique aguicheuse qu'Erika Blanc endosse avec charme pernicieux ! Enfin, compromise par l'infortune de la mort, la personnalité de Lady Morgan plane sur le récit à l'instar du fantôme en robe blanche que Barbara Nelli retranscrit avec autant de fragilité que d'empathie pour la destinée de son compagnon. La deuxième partie, beaucoup plus exubérante, emprunte le thème du vampirisme (la condition des fantômes mécréants contraints de boire du sang afin de survivre dans notre monde !) et joue avec les forces du surnaturel lorsque Susan décide d'entamer une vengeance diabolique conçue sur le subterfuge SPOILER ! puisque les responsables de sa mort finiront maladroitement par s'entretuer fin du SPOILER. Emaillé de séquences chocs éculées mais efficaces (les procédés spectaculaires de l'esprit frappeur imposent l'artillerie usuelle des portes qui claquent, des objets qui se déplacent, du vent violent et de l'embrasement du feu ), Massimo Pupillo se laisse notamment aller à l'horreur graphique lorsque l'un des antagonistes grièvement blessé est sévèrement pris à parti avec les sabots d'un cheval !


Scénario structuré, noir et blanc formel, gothique raffiné, érotisme sensuel et personnages fielleux, La Vengeance de Lady Morgan se porte en digne représentant de l'horreur italienne dans sa texture séculaire liée à l'architecture moyenâgeuse. Une belle surprise et une aubaine que les aficionados pourront découvrir pour la première fois en Dvd chez Artus Films

Bruno Matéï

lundi 31 mars 2014

LE CIRQUE DES VAMPIRES (Vampire Circus)

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site projectdeadpost.com

de Robert Young. 1972. Angleterre. 1h27. Avec Laurence Payne, Domini Blythe, Lynne Frederick, Thorley Walters, Adrienne Corri, Robert Tayman.

Sortie salles: 23 Août 1973

FILMOGRAPHIE: Robert (William) Young est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 16 Mars 1933 à Cheltenham.
1972: Le Cirque des Vampires. 1979: Le monde est plein d'homme mariés. 1993: Grandeur et descendance. 1997: Créatures Féroces.


Bien étrange film que ce Cirque des Vampires produit par la célèbre firme Hammer et réalisé par un cinéaste peu prolifique. En dépit du côté daté de certains fx et du jeu cabotin de quelques antagonistes (Robert Tayman force un peu trop le trait dans sa posture vampirique mais se rattrape avec son charisme délétère rehaussé d'un regard vicieux !), cette série B trépidante tire parti de son originalité grâce au décor alloué au cirque forain ! En 1810, le Comte Mitterhouse vient d'être assassiné par les villageois après son kidnapping intenté sur une mère et sa fille. Juste avant de mourir, il promet de revenir se venger auprès de leurs descendants. Quinze ans plus tard, un cirque vient de s'installer dans la région sous la direction du cousin du comte. D'étranges meurtres sanglants vont ébranler la population qui ira rapidement suspecter l'étrange confrérie !


A partir d'un postulat classique (la vengeance d'un vampire pour parfaire sa malédiction !), Robert Young réussit à éviter l'impression de déjà vu grâce à l'efficacité de nombreuses scènes d'action et surtout à l'onirisme des tours de prestidigitation. Sur ce dernier point, je pense au premier spectacle de la femme-tigre et surtout à l'épreuve du miroir de la vie auquel certains villageois vont en faire l'expérience pour se retrouver projeter contre leur gré vers une autre dimension. Il y a aussi le saut crépusculaire dans le vide de ces funambules préalablement métamorphosés en chauve-souris sous l'oeil médusé du public ! Par ailleurs, cette communauté gitane entièrement soumise à l'autorité du mal regroupe des personnages extravagants dans leur physique hétéroclite (l'Hercule, l'homme panthère, les jumeaux vampires, le nain), et ayant tous une fonction particulière pour élaborer leur combine ! La manière surnaturelle dont les villageois sont confrontés à leurs stratagèmes pour les offrir en sacrifice permet de relancer une action alerte lorsqu'ils tentent de se débattre de la mort. Pour le reste, et afin respecter la déontologie de la Hammer, les décors flamboyants sont à l'avenant (le cirque de la nuit installé au sein d'un bois, la chapelle, la crypte), l'horreur graphique vire souvent au gore rutilant et les jeunes filles aux poitrines charnelles dégagent une sensualité timorée !


D'une étrange beauté, Le Cirque des Vampires doit beaucoup de son ironie macabre et de sa fascination grâce au décor du chapiteau dirigé par une obscure alliance. Il en émane une oeuvre singulière, non exempt de maladresses dans sa réalisation archaïque, mais transcendée par ces plages de poésie, au point que certaines images restent inconsciemment gravées dans la mémoire du spectateur. 

Bruno Matéï
3èx