mardi 13 mai 2014

LA REINE MARGOT. Prix du Jury à Cannes, 1994

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Patrice Chéreau. 1993. France/Allemagne/Italie. 2h38 (version intégrale). Avec Isabelle Adjani, Vincent Perez, Jean Hugues Anglade, Daniel Auteuil, Virna Lisi, Dominique Blanc, Pascal Gregory, Claudio Amendola, Miguel Bosé, Asia Argento, Julien Rassam, Jean-Claude Brialy, Jean-Philippe Ecoffey, Thomas Kretschmann, Bruno Todeschini, Emmanuel Salinger.

Sortie salles France: 11 Mai 1994

FILMOGRAPHIE: Patrice Chéreau est un réalisateur, scénariste, acteur, metteur en scène d'opéra et de théâtre français, né le 2 Novelmbre 1944 à Lézigné (Maine-et-Loire), décédé le 7 Octobre 2013 à Clichy (Hauts-de-Seine).
1974: La Chair de l'orchidée. 1978: Judith Therpauve. 1983: L'Homme Blessé. 1987: Hôtel de France. 1991: Contre l'oubli. 1994: La Reine Margot. 1998: Ceux qui m'aiment prendront le train. 2000: Intimité. 2003: Son Frère. 2005: Gabrielle. 2009: Persécution.


Deux millions de spectateurs en salles ! En redécouvrant le film, c'est à se demander comment une oeuvre historique aussi mortuaire ait pu rassembler autant de monde ? Car La Reine Margot fait office de pavé dans la mare dans notre paysage audiovisuel (il s'agit bien d'une oeuvre historico-horrifique !), d'où les critiques mitigées de l'époque, et en dépit de son Prix du Jury décerné à Cannes. Car il faut bien l'avouer, et avertir notamment un public non averti, La Reine Margot incombe au vertige, au malaise viscéral et sous-jacent, car l'oeuvre toute entière transpire le sang et les larmes dans un conflit de religions. Autour de cette reine volage adulée par les hommes, la mort règne par des complots politiques et trahisons compromis au sein même de sa famille.
1572. La guerre de religions entre catholiques et protestants fait rage. Afin de réconcilier les Français, Catherine de Médicis décide de marier sa fille, la catholique Marguerite de Valois, la "reine Margot", avec le protestant Henri de Navarre, le futur roi Henri IV. Au cours de la nuit de la Saint-Barthélemy, alors que le sang coule à flot dans les rues de Paris, la "reine Margot" sauve du massacre le seigneur de la Môle. Entre Margot la catholique et le protestant la Môle naît une passion qui fera basculer leurs destins.


Toute cette débauche sanglante au cours duquel Margot témoigne en impuissante lui permet de s'initier lentement à la tolérance et la compassion, elle qui n'accordait au préalable qu'intérêts pour sa personne et sa beauté. A travers ses conflits religieux incessants et sa passion amoureuse avec le protestant la Môle, Marguerite de France évolue brusquement dans un univers barbare plein de bruit et de fureur où mensonges et trahisons n'auront de cesse de lui nuire afin de provoquer la mort auprès des siens. C'est aussi le portrait d'une famille inscrite dans l'hypocrisie pour la soif de pouvoir que nous relate passionnément Patrice Chéreau, quand bien même les trois frères de Margot sont épris d'un amour incestueux. D'ailleurs, au sein de ces jeux de manigance et de raison d'état menés par sa propre mère, Charles IX en subira malencontreusement les frais lors d'un empoisonnement à l'arsenic restée dans toutes les mémoires. Avec réalisme, le réalisateur insiste sur la déchéance physique de la victime, l'homme suintant de sang car condamné à une lente agonie, et se résignant en dernier ressort à trouver réconfort dans les bras de sa soeur. Si Patrice Chéreau nous avait déjà préalablement impressionné lors du massacre de la Saint-Barthélémy en sublimant un climat de folie particulièrement baroque (choeurs religieux à l'appui !), l'empoisonnement de Charles IX nous impose un malaise aussi viscéral que vertigineux. Et d'enfoncer le clou de la poésie morbide et de la poisse familiale lors d'un final dépressif SPOILER !!! où Marguerite de Valois repartira esseulée en compagnie d'un macabre souvenir ! fin SPOILER


La mariée sanglante
Baroque et exubérant (à l'instar du jeu erratique de Jean-Hugues Anglade !), macabre et fétide, La Reine Margot fascine et répulse à la fois par son atmosphère funèbre prédominante et la présence iconique d'une Adjani entachée de sang. Sa distribution prestigieuse (dont moult figurants en costume dominicain), ses décors d'architecture flamboyante et sa mise en scène ambitieuse configurent un film malade inscrit dans la dégénérescence d'une affaire familiale. On pardonne donc facilement ses quelques longueurs et bavardages redondants (du moins dans la version de 2h38 !) et on préserve en mémoire le portrait sinistré d'une mariée sanglante repentie dans la prudence et la solitude. 

Récompenses: Prix du Jury, Cannes 1994
Prix d'Interprétation féminine: Virna Lisi.
César de la Meilleure Actrice: Isabelle Adjani.
César du Meilleur Second Rôle Masculin: Jean-Hugues Anglade
César du Meilleur Second Rôle Féminin: Virna Lisi
César de la Meilleure Photographie: Philippe Rousselot
César des Meilleurs Costumes: Moidele Bickel

Bruno Matéï
2èx



    vendredi 9 mai 2014

    LES SORCIERES DE ZUGARRAMURDI (Las brujas de Zugarramurdi)

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Alex De La Iglesia. 2013. Espagne. 1h52. Avec Javier Botet, Mario Casas, Carmen Maura, Hugo Silva, Carolina Bang, Macarena Gomez.

    Sortie salles France: 8 Janvier 2014. Espagne: 27 Septembre 2013

    FILMOGRAPHIE: Álex de la Iglesia, de son vrai nom Alejandro de la Iglesia Mendoza, est un réalisateur, scénariste et producteur de film espagnol né le 4 Décembre 1965 à Bilbao (Espagne).
    1992: Action mutante, 1996: Le Jour de la bête, 1997: Perdita Durango, 1999: Mort de rire, 2000: Mes Chers Voisins, 2002: 800 Balles, 2004: Le Crime Farpait, 2006: La Chambre du Fils (segment), 2008: Crimes à Oxford, 2010: Balada Triste. 2013: Les Sorcières de Zugarramurdi.


    Trois ans après son chef-d'oeuvre Balada Triste, Alex de la Iglesia se permet de souffler un peu avec Les Sorcières de Zugarramurdi en nous proposant aujourd'hui une récréation conçue sur la fantaisie et la gestuelle des protagonistes avant de peaufiner un scénario des plus modestes. Comédie fantastique menée à 100 à l'heure par des comédiens en émoi et au charisme cartoonesque, ces sorcières venues d'Ibérie relance la tradition du rituel avec exubérance et idéologie féministe. Avant d'atteindre la frontière française, trois braqueurs et le fils de l'un d'eux sont kidnappés par un trio de sorcières au sein de leur demeure. Au même moment, deux policiers et l'ex femme d'un braqueur essaient de retrouver leur trace. Avant l'arrivée des invités pour la grande cérémonie, nos otages vont tenter de s'y échapper avant de périr sur le bûcher.  


    Un pitch des plus simplistes pour un fil narratif sans véritable surprise qu'Alex De La Iglesia outrepasse avec sa traditionnelle insolence dans son lot de quiproquos et situations délirantes. Jouant beaucoup sur l'extravagance des personnages (notamment deux apparitions surprises aussi décharnées que gargantuesques !) et le look criard des sorcières (elles crèvent littéralement l'écran dans leur physionomie ensorceleuse et on peut mentionner la posture ultra sexy de la jeune Carolina Bang !), le réalisateur élabore un carnaval frénétique où les décors gothiques (la demeure des sorcières) ou caverneux (le repère de la grotte) en imposent autant dans leur esthétisme flamboyant ! Conçu comme une véritable guerre des sexes où tout le monde en prend pour son grade (principalement les hommes !) et se rejette la faute sans pouvoir déclarer forfait, Les Sorcières de Zugarramurdi nous propose un spectacle épique quand les forces du Mal se déchaînent contre la cause masculine. Démarrant sur les chapeaux de roue avec un braquage parodique des plus effrénés (véritable moment d'anthologie !), le film va quasiment adopter cette ligne de conduite décomplexée quand nos protagonistes vont user de bravoure et d'audaces afin de s'épargner les châtiments des sorcières, et avant que l'une d'elles ne succombe brusquement au coup de foudre ! Parfois empreint de lyrisme (la sublime messe musicale de la confrérie !), Alex De La Iglesia fignole avec souci du détail un univers aussi féticheur qu'onirique culminant avec l'apparition dantesque d'une divinité matriarche.


    Femmes au bord de la crise de nerf !
    Si l'intrigue aurait gagné à être mieux charpentée et que sa frénésie déployée ne s'avère pas aussi probante que dans ses oeuvres les plus notoires, Alex De La Igesia est suffisamment insolent, imaginatif et provocateur pour remédier ses lacunes et mettre en exergue une fantaisie endiablée inscrite dans l'inégalité des sexes. Un conflit de pouvoir où misandres et phallocrates se disputent la victoire dans la rancune et l'esprit de sédition. Une manière sarcastique pour Iglesia de se railler des rapports masochistes du couple quand l'amour est partagé entre désir de soumission / domination. Que la fête commence !

    Bruno Matéï 

    jeudi 8 mai 2014

    SILENT RUNNING

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Douglas Trumbull. 1972. U.S.A. 1h29. Avec Bruce Dern, Cliff Potts, Ron Rifkin, Jesse Vint, Steve Brown.

    FILMOGRAPHIE: Douglas Trumbull est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 8 Avril 1942 à Los Angeles.
    1972: Silent Running. 1978: Night of Dreams. 1983: Brainstorm. 1983: Big Ball. 1983: New Magic. 1985: Let's go. 1985: Tour of the Universe. 1989: Leornardo's Dream. 1990: To Dream of Roses. 1993: In Search of the Obelisk. 1996: Luxor Live. 1996: Theater of Time.


    Echec public lors de sa sortie mais largement plaidé par la critique, Silent Running est la première réalisation de Douglas Trumbull, également responsable des effets visuels de 2001, Rencontres du 3è Type, Star Trek, Blade Runner et récemment The Tree of Life de Malick. Bien avant l'excellent Brainstorm, le cinéaste avait déjà tâté de la science-fiction pour dépeindre une diatribe envers la préservation de notre écologie terrestre. En 2001, le monde a réussi à déjouer le chômage en détruisant une grosse partie de la faune et de la flore. A l'aide d'une bombe nucléaire, l'état américain décide finalement de se débarrasser des dernières ressources végétatives. Dans l'espace, un vaisseau spatial reste l'unique refuge d'une forêt artificielle que le botaniste Freeman Lowell tente de préserver amoureusement sous des dômes. Contraint de les détruire par ordre de ses supérieurs, il décide d'enfreindre la loi mais doit d'abord se débarrasser de ses trois coéquipiers. Avec l'aide de ses androïdes ménagers, il tente de refonder un semblant de vie sous son île et en dépit d'une profonde solitude.


    Anticipation pessimiste fustigeant le comportement inconscient de nos civilisations modernes, Silent Running est un cri d'alarme envers la protection de la nature. A travers la passion d'un botaniste replié sur lui même car incapable de pouvoir compter sur l'entraide de ses compères, Freeman Lowell ira jusqu'à commettre l'irréparable afin de préserver son jardin naturel et la faune qui y coexistent. Ce passage à l'acte criminel qu'il ne pourra jamais se pardonner est avant tout le cri de désespoir d'un homme réduit à la solitude car incapable de réveiller les consciences pour la préservation de la biosphère qu'un créateur nous aura confié. Avec une grande simplicité et beaucoup de poésie (toutes les séquences intimistes impliquant Freeman et les deux robots, notamment dans sa fonction d'éducateur), Douglas Trumbull nous relate le bouleversant témoignage d'un homme reclus au fond de l'espace et ayant comme seules compagnies trois minis androïdes doués de sensibilité. Ce sentiment d'isolement, ce climat mélancolique qui imprègnent tout le récit se répercutent avec une force imparable sur notre conscience, en espérant ne jamais témoigner d'un futur aussi déshumanisé ! Les morceaux musicaux chantonnés par Joan Baez et surtout l'interprétation poignante de Bruce Dern exacerbent cette notion tragique où l'issue d'espoir s'avère des plus restreintes. L'acteur exprimant avec beaucoup d'humanisme une amertume profonde quant à l'insanité d'une société préconisant indifférence d'autrui, profit économique et irrespect de l'environnement.


    D'une émotion fragile, à l'image de notre héros condamné à l'errance, à la contrition et au sacrifice, Silent Running constitue un poème d'amour fou envers la préservation écologique, tout en mettant en garde les dangers du progrès technologique. Il en émane un moment de cinéma épuré à la mélancolie bouleversante, à l'instar de sa dernière image gravée dans les mémoires Spoiler ! (la solitude du robot attelé à entretenir un dernier bout de forêt véhicule un onirisme fragile !). Fin du Spoiler

    BM
    2èx

    mercredi 7 mai 2014

    ENEMY (An Enemy)

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site care2.com

    de Denis Villeneuve. 2013. Canada/Espagne. 1h35. Avec Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent, Isabella Rossellini, Sarah Gadon, Jane Moffat, Joshua Peace.

    Sortie salles U.S: 9 Janvier 2014

    FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières.
    1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: An Enemy. 2013: Prisoners.


    Réalisé la même année que Prisoners mais finalisé en amont, Enemy relate la confrontation ambiguë d'un professeur d'histoire avec son propre sosie, un acteur de cinéma prénommé Anthony. Alors que ce dernier s'avère affirmé et plutôt volage avec sa femme, Adam, lui, est inversement timoré et sexuellement contrarié par l'attitude versatile de sa compagne. Fasciné par la ressemblance avec son double, Adam décide de rencontrer l'épouse d'Anthony sans l'avertir.


    Ce résumé elliptique n'est qu'une ébauche d'un thriller aussi tortueux qu'une expérience schizo de David Lynch. Principalement dans l'ambiance impénétrable au cours duquel nos personnages évoluent, leur expression chargée de non-dits et de comportements indécis ne faisant qu'amplifier un sentiment de malaise sous-jacent. Avec souci esthétique dans l'architecture d'une cité urbaine tentaculaire, Denis Villeneuve nous invite à une descente aux enfers où la suggestion de la mise en scène bouscule nos habitudes pour nous entraîner vers une expérience introspective. Celle de scruter les états d'âme de deux hommes en contradiction morale et de tenter d'y comprendre leurs tenants et aboutissants intimistes ! Si de prime abord, le film peut dérouter par son aspect austère et dépressif réfutant la conformité, Enemy insuffle au fil de son cheminement psychologique une attention de plus en plus affirmée de notre part. Conçu à la manière d'un dédale schizophrène où deux hommes vont s'affronter afin de récupérer leur propre identité et peut-être sauver leur couple, Enemy oppose le refoulement et la frustration sexuelle lorsque l'adultère interfère au sein du couple. Complexe et spéculatif (le symbole féminin de l'araignée apparaît à trois reprises et semble personnifier la névrose d'un des sosies), Dennis Villeneuve compose un thriller singulier beaucoup trop habile et abstrait pour en saisir toutes ses subtilités au premier visionnage. Emaillé d'indices parfois scrupuleux (écoutez bien certaines lignes de dialogues imparties aux personnages féminins !), le film laisse en exergue un drame psychologique SPOILER !!! sur le moi inconscient, la perte d'identité, l'aliénation, le sentiment de culpabilité et le refus d'assumer ses pêchers. FIN SPOILER


    Formellement étrange dans l'esthétisme sépia d'une cité urbaine chargée de silence, Enemy est notamment habité par le talent magnétique de Jake Gyllenhaal (dans un double rôle interlope) et les présences diaphanes de Mélanie Laurent et Sarah Gordon. Un thriller métaphorique aussi vénéneux que cérébral dans son alliage de mystère diffus. 

    Dédicace à Jenny Winter
    Bruno Matéï

    mardi 6 mai 2014

    DEVIATION MORTELLE (Roadgames)

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site kieranmasterton.tumblr.com

    de Richard Franklin. 1981. 1h41 (version intégrale). Australie. Avec Stacy Keach, Jamie Lee Curtis, Marion Edward, Grant Page, Thaddeus Smith, Steve Millichamp.

    FILMOGRAPHIE: Richard Franklin est réalisateur et producteur australien, né le 15 Juillet 1948 à Melbourne (Australie), décédé le 11 Juillet 2007.
    1972: Belinda. 1973: Loveland. 1975: The True Story of Eskimi Nell. 1976: Fantasm. 1978: Patrick. 1981: Déviation Mortelle. 1983: Psychose 2. 1984: Cloak and dagger. 1986: Link. 1991: FX 2, effets très spéciaux. 1994: Un Agent très spécial (télé-film). 1995: Hotel Sorrento. 1996: Brillliant Lies. 1997: One way Ticket (Télé-film). 1999: Le monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle: la découverte (télé-film). 2003: Visitors.


    Réalisée entre Patrick et Psychose 2, Déviation Mortelle est une curieuse série B que Richard Franklin élabore à la manière d'un thriller mâtiné de cocasserie. Aujourd'hui sombré dans l'oubli, ce road movie surfe avec efficacité sur un suspense hitchcockien en suggérant les méfaits meurtriers d'un serial-killer sévissant sur les routes australiennes. Témoins de quelques éléments intrigants après s'être assoupi près d'un motel (un sac poubelle reniflé par son chien, une silhouette suspicieuse derrière un rideau), Patrick Quid, chauffeur livreur de viande, décide de suivre à la trace un mystérieux van dont le conducteur pourrait s'avérer le dépeceur d'une jeune fille.


    Tout l'intérêt de l'intrigue se concentre donc sur les supputations du routier persuadé d'avoir campé près du lieu d'un crime et été témoin d'une présence hostile la veille de son voyage. Epaulé de son animal de compagnie, un dingo d'Australie à qui il s'adresse en bavassant, Patrick sillonne les contrés désertiques à bord de son camion afin de retrouver la trace d'un mystérieux véhicule de couleur bleue ! Durant son itinéraire, outre les rencontres impromptues avec des conducteurs zélés (ce qui nous vaut d'ailleurs quelques poursuites automobiles inconscientes) et les autorités de la police pour un contrôle de routine, il aborde notamment deux auto-stoppeuses dont une jeune fille imprudente (Jamie Lee Curtis, sobrement sexy et sensuelle à l'aube de ses 23 ans !). Emaillé de situations cocasses plutôt folichonnes, Richard Franklin joue notamment sur le caractère paranoïaque du chauffeur lorsque ce dernier se persuade d'avoir débusqué le vrai coupable. Jusqu'à la fin (exubérante dans son lot de rebondissements !), le cinéaste s'évertue notamment à semer le doute sur la culpabilité du conducteur de van, quand bien même les forces de police commencent à suspecter le comportement instable du camionneur ! Porté sur les épaules de Stacy Keach, l'acteur réussit pleinement à insuffler de la sympathie à son personnage de routier peu retors (il multiplie les gaffes lors de son périple) mais indéniablement courageux lorsqu'il s'agit d'alpaguer un tueur en série, d'autant que ce dernier se joue un malin plaisir à le faire accuser de ses sévices.


    Mike Hammer et Laurie Strode en perdition !
    Malgré le ton inapproprié d'un score musical aux accents westerniens (! ?), un humour parfois pataud et le côté prévisible de certaines situations, Déviation Mortelle se suit agréablement comme une sympathique curiosité, à l'instar de l'apparition inopinée de Stacy Keach, parfaitement à l'aise dans la peau d'un routier sur le qui-vive !

    Un grand merci à l'Univers Fantastique de la Science-Fiction !
    Bruno Matéï

    lundi 5 mai 2014

    SPIDER-MAN

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Sam Raimi. 2002. U.S.A. 2h01. Avec Tobey Maguire, Willem Dafoe, Kirsten Dunst, James Franco, Cliff Robertson, Rosemary Harris.

    Sortie salles France: 12 Juin 2002

    FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis.
    1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


    Premier volet de la trilogie à succès de Sam Raimi, Spider-man peut enfin bénéficier d'une adaptation ciné à la hauteur de la bande dessinée de Stan Lee. A l'aide d'effets-spéciaux numériques prodigieux et de l'interprétation innée de Tobey Maguire (l'acteur extériorise un regard expansif dans sa nouvelle fonction héroïque et dégage beaucoup d'humanisme dans ses contrariétés !), Sam Raimi rend hommage au super-héros de notre enfance avec un sens homérique justifiable. Car ici, outre le côté vertigineux des séquences d'action à couper le souffle (à l'aide de ses jets de toiles d'araignées, le super-héros bondit d'immeubles en immeubles avec une incroyable vélocité !), Spider-man tire avant tout parti de la caractérisation de ses personnages superbement dessinés. 


    Durant 2h00, le réalisateur s'attarde donc à dépeindre le cheminement moral de son super-héros, adolescent préalablement maladroit et timoré, mais aujourd'hui vaillant et reconnu comme un illustre sauveur de l'humanité ! Ses pouvoirs surhumains, il les doit à la morsure d'une araignée génétiquement modifiée ! Une nouvelle stature à double tranchant puisque plus tard la populace n'hésitera pas à le suspecter de complicité avec son plus haut rival (le Bouffon Vert !), quand bien même ce dernier lui proposera un pacte afin d'unifier leurs exploits ! Entre l'amour d'une fille qu'il chérit en secret et l'amitié qu'il partage avec son meilleur camarade de classe, Peter Parker doit faire face à la mort de son oncle qu'il décide de venger en endossant la combinaison de justicier masqué. Au cours de son parcours héroïque de redresseur de tort, il va rapidement se confronter au bouffon vert, un savant pernicieux délibéré lui aussi à se venger auprès de ses anciens patrons et à dicter sa loi sur la ville de New-York. D'un côté, la vengeance est un argument favorable lorsque l'unique ambition est de protéger les plus faibles contre la délinquance criminelle. De l'autre, elle est un vecteur d'aliénation quand un chercheur déchu de ses fonctions professionnelles se laisse gagner par la rancune et ses névroses psychotiques ! (Norman Osborn souffre de dédoublement de personnalité depuis l'échec de son expérience scientifique !). Alternant moments d'intimisme et bravoures spectaculaires, Spider-man réussit donc avec efficacité à nous retranscrire les états-d'âme du jeune Peter Parker contraint d'exercer une tache rigoureuse dans sa nouvelle existence d'ado au risque de compromettre son entourage. C'est donc au sens du sacrifice et à sa remise en question héroïque que doit se confronter Spider-man afin de mieux préserver la vie des siens et au risque de passer à côté de l'amour de Mary Jane ! Kirsten Dunst endosse ce rôle avec beaucoup de sensualité candide et une certaine naïveté puisque peu habile à discerner de prime abord les sentiments amoureux de son partenaire. 


    En attendant un 2è opus beaucoup plus émotif, lyrique et ambitieux, Spider-man inaugure sa trilogie avec dignité pour la dimension humaine d'un héros en questionnement et déploie un savoir-faire technique vertigineux lorsqu'il s'agit de retranscrire ses envolées épiques ! Du grand spectacle calibré mais inscrit dans la mesure, l'action s'avérant toujours justifiée car au service des motivations contradictoires des protagonistes. 

    La critique de Spider-man 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/01/spider-man-2.html

    Dédicace à Carlina Zombiela
    Bruno Matéï
    2èx

    vendredi 2 mai 2014

    POLTERGEIST

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site discreetcharmsandobscureobjects.blogspot.co

    de Tobe Hooper. 1982. U.S.A. 1h55. Avec Heather O'Rourke, Craig T. Nelson, JoBeth Williams, Zelda Rubinstein, Dominique Dunne, Oliver Robins.

    Sortie salles France: 20 Octobre 1982. U.S: 4 Juin 1982

    FILMOGRAPHIE: Tobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas)
    1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantôme, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.


    Grand classique des années 80, Poltergeist est la réunion inattendue de deux grands auteurs du cinéma fantastique, celui de Steven Spielberg attaché au poste de producteur, et celui de Tobe Hooper confié à la réalisation. Sans revenir sur la polémique qui entoura la véritable paternité du métrage, on sent bien que Steven Spielberg y a apporté une certaine contribution dans la caractérisation idéaliste d'une famille aisée cohabitant en harmonie et dans la peinture d'une paisible banlieue inscrite dans la bonhomie. Avec l'originalité d'un scénario structuré, Poltergeist perdure son pouvoir attractif dans son alliage d'onirisme, d'humour et d'horreur, quand bien même l'attachante complicité des comédiens nous immerge de plein pied dans leur désarroi. En insistant sur la cohésion de cette famille aujourd'hui désunie, Tobe Hooper attache une grande importance à décrire leur fragilité après que l'une de leur fille eut été enlevée par des esprits frappeurs. Et de quelle manière ! Retenue prisonnière via l'écran de télévision, Carol-Anne tentera de communiquer avec ses parents afin d'implorer leur aide. A travers cette idée judicieuse, on peut notamment y déceler une métaphore sur le pouvoir de l'image et notre accoutumance à rester river devant la TV ! (les parents Freeling s'endorment devant leur poste quand ils ne se disputent pas le choix d'une chaîne lorsque le voisin bénéficie d'une même télécommande !). 


    Avec l'intervention de spécialistes en parapsychologie, cette famille subitement frappée par une cause surnaturelle va devoir compter sur leur soutien afin de débusquer leur fille de l'au-delà. Sous couvert de l'archétype de la maison hantée et des esprits frappeurs qui importunent cette aimable famille, le réalisateur met notamment en exergue une réflexion spirituelle sur la vie après la mort (non dénuée de poésie dans le discours réconfortant des matriarches clairvoyantes), tout en rendant hommage à nos défunts lorsque les cadavres y sont profanés. L'efficacité imparable de Poltergeist émane donc de cet habile dosage d'horreur spectaculaire (à l'instar de son point d'orgue paroxystique où les forces du Mal se déchaînent !), d'onirisme (certaines apparitions surnaturelles, la dimension incandescente de l'au-delà !), d'humour pittoresque (la première partie privilégie le comportement cocasse des parents face au spectacle des incidents inexpliqués) et de moments d'intimisme plein de pudeur (la Spielberg touch est passée par là et le score sensible de Goldsmith intensifie l'émotion fraternelle des protagonistes !). Qui plus est, la mise en scène avisée utilise habilement l'artillerie lourde des effets spéciaux sans jamais empiéter sur le fil narratif. Outre le charisme indéfectible alloué aux parents Freeling (Craig T. Nelson et JobBeth Williams forment un couple vertueux plein d'humilité !), le charme innocent de la petite Carol-Anne endossée par Heather O'Rourke et l'autorité maternelle de Tangina Barrons incarnée par Zelda Rubinstein apportent un supplément crédible face à cette situation de conflit paranormal ! 


    Spectaculaire, impressionnant, drôle et parfois terrifiant, Poltergeist n'a pas volé sa réputation de grand spectacle horrifique sous couvert d'une satire sur le contrôle des médias (au final, la famille Freeling se débarrasse définitivement du téléviseur !). Pour parachever, le savoir-faire indiscutable de Tobe Hooper (et de Steven Spielberg ?) élève(nt) l'entreprise au modèle de mise en scène ! 

    Bruno Matéï
    5èx

    jeudi 1 mai 2014

    APOCALYPSE 2024 (A Boy and his Dog)

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site apocalypsezone.com

    de L. Q. Jones. 1975. U.S.A. 1h31. Avec Don Johnson, Susanne Benton, Jason Robards, Tim McIntire, Alvy Moore, Helene Winston.

    Sortie salles France: 21 Avril 1976. U.S: Novembre 1975

    FILMOGRAPHIE: L. Q. Jones est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 19 Août 1927 à Beaumont, Texas (Etats-Unis).
    1964: The Devil's Bedroom. 1975: Apocalypse 2024. 1978: L'Incroyable Hulk (série T.V. 1 Episode: On the Line.


    Authentique film culte peu connu du public et rarement diffusé à la TV, Apocalypse 2024 est notamment l'occasion de retrouver dans un tout jeune rôle le héros de Miami Vice: Don Johnson ! Quand à l'identité du réalisateur, plus connu en tant qu'acteur dans ses rôles de western, il est uniquement responsable de deux longs-métrages dont un premier essai resté inédit en France !
    Récit post-apo décrivant les vicissitudes d'un survivant et de son chien, Apocalypse 2024 réussit de prime abord à retranscrire avec peu de moyens un univers de désolation après que la 4è guerre mondiale eut éclaté. Communiquant par télépathie avec son animal de compagnie, Vic tente de survivre dans un désert aride parmi l'hostilité de rescapés réduits à la famine. Alors qu'une autre population cohabite dans le monde souterrain, il va tenter d'y pénétrer par l'entremise d'une jeune inconnue qu'il souhaitait préalablement violer. Pendant leurs moments d'intimité et après s'être protégés de la horde des hurleurs, Quilla en profite pour le persuader de rejoindre l'autre monde contre l'avis du chien.


    A travers les éléments de comédie noire et d'anticipation pessimiste, L. Q. Jones réalise ici un ovni aussi déroutant qu'attachant. D'abord par l'échange de conversations entretenues entre l'homme et son animal de compagnie doué ici de parole, sachant que ce dernier s'avère beaucoup plus lucide et érudit que son maître ! Ensuite par la dystopie assénée à deux univers distinctes, celui de la surface où tentent de survivre dans la sauvagerie les marginaux les plus défavorisés (on songe inévitablement à Mad-Max 2 !), et celui du monde souterrain où une société plus aisée s'efforce de trouver un fécondateur afin de favoriser leur procréation. Avec un humour plein de sarcasme (le chien Blood vole la vedette à tout le monde dans son sens de la répartie caustique mais aussi sa pudeur à respecter les mauvais choix de son maître !) et l'extravagance de personnages plutôt décalés (chaque habitant de Topeka est peinturluré d'un maquillage laiteux sur le visage !), Apocalypse 2024 mêle la farce satirique au post-nuke en soulignant le caractère dépendant de nos besoins sexuels (Vic est totalement tributaire de ses instincts lubriques !). Certaines mauvaises langues pourraient d'ailleurs reprocher le caractère misogyne de l'intrigue puisque la place de la femme est réduite ici à une fonction perfide et sournoise (sans parler d'objet de soumission dans sa 1ère partie !) afin de renverser le pouvoir et obtenir le trône ! A travers le cheminement indécis d'un rescapé machiste et maladroit, délibéré à épargner son chien pour accoster un monde meilleur, c'est également un récit initiatique que nous relate le réalisateur tout en mettant en évidence une solide histoire d'amitié.


    Pittoresque et attachant, étrange et fascinant, Apocalypse 2024 réussit à sortir de la routine dans une tentative iconoclaste de dépoussiérer le genre avec audace, intelligence et ironie mordante (voir l'impensable épilogue confiné dans la farce macabre). La complicité amicale qu'entretiennent l'homme et son chien est une nouvelle fois l'occasion de souligner la fidélité indéfectible qui unissent le maître et l'animal. Une perle rare à faire connaître au plus grand nombre !

    Bruno Matéï
    3èx


    mercredi 30 avril 2014

    Predator

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site futurefantastique.com

    de John McTiernan. 1987. U.S.A. 1h47. Avec Arnold Schwarzenegger, Carl Weathers, Elpidia Carrillo, Bill Duke, Jesse Ventura, Sonny Landham, Richard Chaves.

    Sortie salles France: 19 Août 1987. U.S: 12 Juin 1987

    FILMOGRAPHIE: John McTiernan est un réalisateur et producteur américain, né le 8 janvier 1951 à Albany à New-York. 1986: Nomads. 1987: Predator. 1988: Piège de Cristal. 1990: A la Poursuite d'Octobre Rouge. 1992: Medicine Man. 1993: Last Action Hero. 1995: Une Journée en Enfer. 1999: Le 13è Guerrier. 1999: Thomas Crown. 2002: Rollerball. 2003: Basic.


    Remember, 1987, date à marquer d'une pierre blanche. John McTiernan accomplissant avec Predator un véritable coup de maître pour son second long reconnu depuis comme un classique incontesté. Sans doute inspiré par Terreur Extra-terrestre de Greydon Clark, série B culte au pitch similaire avec le même acteur du rôle-titre), mais aussi de Wolfen de Michael Wadleigh (pour la vision thermique de la créature), John Mc Tiernan opte pour le divertissement à grand spectacle en y combinant film de guerre en vogue (Rambo, Commando, Portés Disparus) et science-fiction rubigineuse (les référentiels Alien et sa suite, X Tro). Démarrant sur les chapeaux de roue avec la mission périlleuse d'un commando parti récupérer un éminent otage en pleine cambrousse, Predator frappe d'emblée par l'ampleur de sa mise en scène dont l'impact des scènes homériques nous laisse déjà le souffle coupé ! Cette petite mise en bouche déjà jouissive n'est rien comparée aux prochaines motivations prédatrices d'un extra-terrestre férue de trophées humains ! C'est donc ici une chasse à l'homme singulière que nous relate le réalisateur par l'intermédiaire d'un rapace redoutablement pernicieux car roi du camouflage et du plaisir de la traque !


    Sur le papier, si le scénario peut s'avérer de prime abord risible et aurait sans doute sombré dans la gaudriole Z auprès d'un aimable tâcheron, John Mc Tiernan en extrait un opéra d'action et de violence au souffle primitif ! (voir l'incroyable point d'orgue au cours duquel s'affrontent sauvagement Dutch et le prédateur !). Porté sur les épaules de la montagne de muscles des années 80, Arnold Schwarzenegger  en impose d'ailleurs autant de sa posture saillante pour faire face à la stoïcité de son adversaire. Conçu par Stan Winston, le monstre au look rasta pourvu de gadgets meurtriers s'avère si impressionnant qu'il est depuis entré dans la légende du bestiaire fantastique afin d'égaler le xénomorphe Alien ! Mais avant ce duel homérique resté dans les annales par son ampleur formelle et sa férocité explosive, John Mc Tiernan nous aura peaufiné un redoutable survival lorsqu'une équipe d'élite se retrouve piégée par une présence hostile en interne d'une jungle. Incroyablement photogénique, ce milieu forestier semble véritablement se partager la vedette avec l'ennemi invisible tant le cinéaste exploite à merveille sa végétation très dense où la paranoïa de l'homme est notamment réduite à l'état de soumission. Ce sentiment d'insécurité permanent régi au coeur de la flore demeure d'autant plus palpable par l'anxiété des protagonistes en perdition, sachant que le prédateur se fond facilement à travers la végétation à l'aide d'une combinaison électronique pour mieux les alpaguer.


    Véritable leçon de mise en scène exploitant à merveille l'immensité du décor naturel et la convoitise d'une créature protéiforme infiniment ensorcelante et démoniale, Predator marque également de son empreinte un duel au sommet géré entre le survivant et l'étranger, communément épris de rage de vaincre afin d'y asseoir leur suprématie. Chef-d'oeuvre formel baignant dans une dimension mythologique quand bien même la vigueur des combats et de la musique épique redoublent de fulgurance émotionnelle, Predator est probablement l'un des plus grands films d'action génialement combiné à une science-fiction horrifique en vogue qu'Alien(s) imprima de son empreinte liminaire. 

    La Chronique de Predator 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2016/08/predator-2.html

    *Bruno
    4èx


                                                     

      mardi 29 avril 2014

      WOLF CREEK 2

                                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site kinostar.com

      de Greg McLean. 2013. Australie. 1h47. Avec John Jarratt, Ryan Corr, Shannon Ashlyn, Philippe Klaus, Gerard Kennedy, Annie Byron.

      Sortie salles France: Prochainement...

      FILMOGRAPHIE: Greg McLean est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
      2005: Wolf Creek. 2007: Solitaire. 2014: Wolf Creek 2.


      9 ans séparent Wolf Creek de cette séquelle et le moins que l'on puisse dire c'est que l'attente en valait la chandelle ! Non pas que je trépignais d'espérer une suite à un panthéon de l'horreur qui se suffisait à lui même, mais que ma curiosité emportait finalement le dessus à savoir si Greg Mclean allait habilement relever la tâche pour ne pas se laisser influencer par le produit standard !
      Ca débute fort avec une séquence d'ouverture donnant d'emblée le ton crapuleux ! Un duo de flics zélés s'en prend à notre tueur australien lors d'un simple contrôle de routine ! Bien entendu, les rapports de force vont s'affronter à coups de réparties provocatrices, juste avant de virer à une vendetta criminelle et inverser les rôles de soumission ! Avec ce prologue percutant n'épargnant aucune chance aux victimes, on reconnait bien la patte du réalisateur à illustrer de manière cruelle des mises à mort cinglantes car d'un réalisme quasi insupportable ! Si la suite nous laisse craindre qu'un couple de touristes allemands va à nouveau se retrouver pris en otage et subir les frais du tueur, Greg Mc Lean opte pour une autre orientation avec l'intervention d'un nouveau pèlerin isolé, témoin malgré lui. Ainsi, à partir d'une intrigue plutôt bien élaborée car oscillant efficacement l'action spectaculaire (un accrochage sur bitume rappelant les poursuites endiablées de Duel !), revirements inopinés et intervention aléatoire de protagonistes secondaires, le cinéaste reformule le mode du survival du point de vue d'un seul et unique survivant.


      Avec intensité et sens du suspense exponentiels pour la destinée de l'otage, Wolf Creek 2 renoue donc avec l'horreur hardcore tristement actuelle lorsqu'un serial-killer plus vrai que nature décide de nuire à autrui. Faisant preuve d'un humour noir terriblement inconfortable, Greg Mc Lean relance ensuite l'intérêt avec la nouvelle tâche du tueur suggérant à sa victime un défi. Celui de "questions pour un champion" ! Parodie sardonique à graver dans les annales ! Ces séquences de confrontation psychologique entretenues entre les deux rivaux suscitant une montée graduelle de la tension, dans la mesure où le survivant tentera en désespoir de cause et à multiples reprises de s'emparer d'un marteau avant qu'il ne devienne manchot ! Exploitant également les recoins caverneux de la tanière de l'ogre, véritable charnier de cadavres putrescents ou moribonds, la réalisateur continue de jouer avec nos nerfs de par son sens aiguisé d'une terreur abrupte pour la survie humaine. Une fois encore, si Wolf Creek 2 s'avère aussi tendu, extrême, hargneux et très malsain, il le doit à la maîtrise de sa réalisation, à la photogénie du désert australien (magnifiquement éclairé d'horizons crépusculaires) et à l'interprétation iconique de John Jarratt. L'acteur affichant avec le même enthousiasme goguenard un jeu de dominance entièrement conçu sur le sadisme pervers. 


      Terrifiant, anti ludique et terriblement éprouvant, Wolf Creek 2 ébranle à nouveau le spectateur sans anesthésie et évite l'écueil de la redite à travers un scénario diablotin redoublant d'efficacité pour la condition d'une victime en porte-à-faux. Une séquelle faisant donc honneur à son modèle car toujours opprimante et sans aucune échappatoire, mais beaucoup plus décomplexée à travers sa dérision débridée.  

      Bruno Matéï

      lundi 28 avril 2014

      Les Tueurs de l'Eclipse / Bloody Birthday

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site avoir-alire.com

      de Ed Hunt. 1981. U.S.A. 1h24. Avec Susan Strasberg, José Ferrer, Lori Lethin, Melinda Cordell, Julie Brown, K.C. Martel, Elisabeth Hoy, Billy Jakoby

      Sortie salles France: 26 Mai 1982

      FILMOGRAPHIE: Ed Hunt est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né à Los Angeles.
      1973: Pleasure Palace, 1974: Diary of a Sinner, 1976: Point of no return. 1977: L'Invasion des Soucoupes Volantes. 1979: Plague. 1981: Les Tueurs de l'Eclipse. 1986: Alien Warrior. 1988: The Brain.


      Hit vidéo des années 80 paru sous la bannière d'Hollywood Video, Les Tueurs de l'Eclipse est une savoureuse bande d'exploitation fauchée qui doit son capital sympathie par la succession d'exactions meurtrières commises par de simples bambins. Le Pitch: Trois enfants sans point commun filial naissent le même jour lors d'une éclipse. A l'aube de leur 10 ans, et sans explication plausible, ils provoquent des incidents meurtriers envers les citadins de leur petite bourgade. En reprenant le thème de l'enfant tueur, Ed Hunt ne s'embarrasse ici ni de psychologie, ni de cohérence pour illustrer les méfaits de nos charmantes têtes blondes. Le scénario cumulant sans temps morts les stratégies criminelles qu'ils vont employer pour se débarrasser de leur entourage. Ainsi, de par sa réalisation classique, ses comédiens avenants, voirs parfois cabotins ou inexpressifs (mention à la jeune Lori Lethin dont la bouille s'avère si timorée qu'on ne sait jamais si elle exprime de la gaieté ou de la tristesse lors des épisodes dramatiques !) et ses dialogues élementaires, Les Tueurs de l'Eclipse  aurait pu facilement sombrer dans le navet s'il n'eut été sauvé par le charisme diabolique de ces trois marmots franchement convaincants.


      Si bien qu'avec leur bouille faussement innocente et leur regard étonnemment vicié, le trio s'avère génialement fascinant lorsqu'ils se lancent au défi d'y perpétrer les actes les plus crapuleux. Et donc, en jouant sur l'efficacité de leurs exactions, voire aussi de leur subterfuge afin de discréditer une rivale (la party d'anniversaire), le film insuffle un dynamisme réjouissant en se permettant notamment l'audace d'une violence brutale (coup de pelle, batte de base-ball ou balle reçu en pleine tête, flèche dans l'oeil). D'autant plus que ces bambins s'avèrent très jeunes (ils sont à peine âgés de 10/12 ans) pour commettre de tels actes si bien qu'ils rivalisent de sadisme et d'inventivité pour piéger leurs adversaires (le coup du skate board sur la rampe d'escalier ou celui de la fléchette derrière le trou du placard, l'arme factice échangée contre un vrai dans la ceinture du policier, le jeu du réfrigérateur dans la casse). Outre leur passe-temps favori à exterminer sans remord, ils s'invitent parfois à une partie de voyeurisme derrière le trou d'un placard lors de l'exhibition d'une potiche. Quand au final haletant, Ed Hunt intensifie l'action lors de la séquestration d'une baby-sitter et de son jeune frère communément contraints de se rebeller contre leur autorité anormalement criminelle.


      Bis dans l'âme que les fans savourent à chaque révision, Les Tueurs de l'Eclipse est une farce macabre transcendée de son irrésistible charme bonnard. De par le charisme sardonique du trio de gamins crevant l'écran à chacune de leurs apparitions et la vigueur du rythme fertile en séquences-chocs, ce réjouissant plaisir innocent ne cesse de divertir avec générosité grâce à l'attachante maladresse qu'Ed Hunt met en image avec sincère motivation. Un petit classique en somme n'ayant rien perdu de son efficacité, honorable prétendant pour trôner auprès des meilleurs films d'enfants meurtriers que les années 80 ont su choyer, sans prétention aucune.  

      * Bruno
      5èx

      jeudi 24 avril 2014

      UN TUEUR DANS LA FOULE (Two Minute Warning)

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

      de Larry Peerce. 1976. U.S.A. 1h55. Avec Charlton Heston, John Cassavetes, Martin Balsam, Beau Bridges, Marilyn Hassett, David Janssen, Jack Klugman.

      Sortie salles France: 12 Novembre 1976

      FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Larry Peerce est un réalisateur américain, né le 19 Avril 1930 dans le Bronw, New-York.
      1973: Les Noces de cendre. 1976: Un tueur dans la foule. 1987: Queenie (télé-film). 1989: Wired. 1995: Mensonges et trahison (télé-film). 1999: Abus de confiance.


      En pleine expansion du genre catastrophe, le réalisateur méconnu Larry Peerce exploite le filon pour mettre en scène Un Tueur dans la foule. Le pitch s'avère toujours aussi limpide. Un tueur embusqué sur le toit d'un stade se prépare à commettre un carnage durant la retransmission d'un match de football. Déniché par la police, le capitaine Peter Holly tente de l'appréhender parmi l'ingérence d'une brigade spéciale. Avec sa réunion de stars notoires (Charlton Heston, Gena Rowlands, John Cassavetes, Martin BalsamBeau Bridges), Un Tueur dans la Foule n'échappe pas aux traditionnels clichés pour nous décrire les liaisons houleuses de couples amoureux. Le problème, c'est qu'une fois de plus, ces seconds rôles de faire-valoir s'avèrent dénués d'intérêt pour leur accorder une quelconque empathie face à leur souci d'argent ou d'infidélité. C'est donc du côté des rôles principaux, en particulier celui du capitaine Holly, incarné avec virilité par Charlton Heston, et celui du chef de la brigade spéciale, endossé avec pragmatisme par John Cassavetes, qu'Un Tueur dans la foule réussit à gagner notre enthousiasme. A eux deux, ils forment un tandem plutôt solide pour nous convaincre de leurs stratagèmes à tenter d'alpaguer le tueur.


      Si le début du film démarre en trombe avec l'acte crapuleux d'un homicide, le tueur exterminant lâchement au hasard d'une route un cycliste lambda, la suite peine quelque peu à insuffler de l'attention pour la représentation des seconds-rôles que j'ai précédemment reproché. Qui plus est, dès que le réalisateur pénètre sa caméra en interne du stade pour s'attarder sur le jeu des footballeurs et sur l'étude sportive des commentateurs, l'ennui se fait un peu pesant en attendant les prochains méfaits du tueur. C'est avec l'arrivée musclée de la brigade spéciale qu'Un Tueur dans la Foule peut enfin démarrer et y insuffler une certaine dose de suspense dans la manière dont elle va pouvoir l'appréhender. Le plus important n'est donc pas de savoir quand le tueur va pouvoir frapper et quels innocents seront ciblés, mais plutôt de comprendre de quelle manière la brigade va bien pouvoir accéder au toit du stade afin de le déjouer. Car positionné sur un abri bétonné, en amont de l'affiche des résultats, le meurtrier a trouvé la planque idéale afin de se prémunir des balles et tirer facilement sur ses proies. Une tension sous-jacente nous est donc retransmise avec l'attitude assidue des services de police à daigner grimper sur le toit, quand bien même un spectateur de la foule va lui aussi apercevoir sa fameuse planque à l'aide de ses jumelles ! Bien évidemment, la dernière partie du film, beaucoup plus intense et surtout spectaculaire, emprunte la voie de la catastrophe pour illustrer les exactions du criminel tirant au hasard de la foule ! Outre la violence cinglante assénée sur les innocents, les mouvements de foule en panique s'avèrent aussi impressionnants que réalistes par l'effectif de figurants déployés et leur désespoir d'échapper aux balles ! Quand aux motivations réelles de l'individu en question, le réalisateur préfère les occulter pour laisser sous entendre la folie d'un sociopathe !


      Hormis ses longueurs, ses situations rebattues et sa réalisation routinière, Un Tueur dans la Foule est suffisamment haletant et violemment spectaculaire pour se laisser gagner par son caractère diablement ludique. La présence solide des vétérans Charlton Heston et John Cassavetes ajoutent au charme vintage que le genre catastrophe marque de son empreinte en cette époque florissante des années 70.  

      Bruno Matéï
      3èx