vendredi 8 août 2014

SIXIEME SENS (The Sixth Sense)

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

de M. Night Shyamalan. 1999. U.S.A. 1h47. Avec Bruce Willis, Haley Joel Osment, Olivia Williams, Toni Collette, Donnie Wahlberg, Bruce Norris, Glenn Fitzgerald.

Sortie salles France: 5 Janvier 2000. U.S: 2 Août 1999

FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry.
1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth.


Enorme succès commercial et critique lors de sa sortie, Sixième Sens a réussi à imposer la notoriété de son jeune réalisateur (il avait 30 ans à l'époque !) alors qu'il s'agissait de son 3è long-métrage. Souvent célébré pour l'originalité de son twist final (même si avant lui d'autres réalisateurs avaient déjà emprunté la même pirouette !), Sixième Sens s'avère autrement plus captivant par l'entremise d'une psychanalyse exercée sur un garçon perturbé. Car Cole Sear possède le don d'apercevoir et de communiquer avec les morts, particulièrement ceux décédés d'une manière aussi violente qu'inopinée. Avant sa première rencontre avec le psychologue Malcolm Crowe, on nous rapporte que ce dernier eut été victime d'une grave agression à son domicile parmi la présence de sa femme. Entré par effraction en pleine nuit avec une arme à feu, l'un de ces anciens patients lui avait asséné une balle dans l'abdomen ! C'est un an plus tard que nous retrouvons Malcolm Crowe prêtant main forte au jeune enfant tout en essayant de se réconcilier avec son épouse traumatisée de l'agression.


Si à la première vision de Sixième Sens, la majorité des spectateurs avaient été surtout bluffés par sa révélation finale, un second visionnage nous permet de mieux percevoir son intensité émotionnelle et d'aborder le film sous un autre angle vis à vis des personnages tourmentés du psychologue et de son épouse. Principalement ses rapports délicats lorsqu'il tente difficilement de la réconcilier, quand bien même cette dernière se morfond dans une grave solitude avant de se réconforter dans les bras d'un autre ! Sur ce point, le film s'avère beaucoup plus poignant et remarquablement construit lorsque l'on comprend pour quelle raison (l'aider à faire le deuil de manière inconsciente !) il persiste à s'accrocher à son chevet. Entièrement dédié à la caractérisation humaine de personnages emplis de fragilité, Sixième Sens relate leur contrariété et leur fêlure morale avec une sensibilité souvent bouleversante. A l'image de l'innocence infantile de Cole, garçon de 9 ans sévèrement persécuté par des fantômes moribonds en quête d'exutoire. Outre sa réflexion sur la difficulté d'accepter le deuil de l'être aimé et sur l'attention d'être à l'écoute de l'autre (particulièrement envers les gens les plus démunis et esseulés), le film met en relief les rapports complexes de responsabilité et d'éducation parentale lorsqu'une mère divorcée tente désespérément de déceler la pathologie mentale de son fils. Enfin, à travers le cheminement tortueux de ce dernier, Sixième Sens transcende une puissante histoire d'amitié entamée avec son psychologue. Un homme rongé par le doute et le remord, d'autant plus affaibli par sa relation conjugale, mais cette fois-ci délibéré à réparer ses erreurs pour guérir les névroses de l'enfant mais aussi assumer son tragique destin.


Dominé par les sobres prestances de Bruce Willis, Haley Joel Osment et Toni Colette, communément bouleversants de fragilité humaine, Sixieme Sens rend ses lettres de noblesse au genre fantastique. Celui d'un cinéma mature où le climat éthéré est avant tout dédié à la psychologie torturée de personnages en quête de rédemption. Une oeuvre magnifique, esthétiquement avisée et remarquablement maîtrisée, nous donnant sérieusement envie de croire à la spiritualité d'un havre de paix. 

Bruno Matéï
3èx


    jeudi 7 août 2014

    Vol 93 / United 93

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotions.com

    de Paul Greengrass. 2006. France/Angleterre/U.S.A. 1h51. Avec Christian Clemenson, Trish Gates, David Alan Basche, Cheyenne Jackson, Opal Alladin, Starla Benford, J.J. Johnston.

    Sortie salles France: 12 Juillet 2006. U.S: 28 Avril 2006.

    FILMOGRAPHIE: Paul Greengrass est un journaliste, réalisateur, scénariste et producteur britannique, né le 13 Août 1955 à Cheam (Royaume-Uni). 1998: Envole-moi. 2002: Bloody Sunday. 2004: La Mort dans la Peau. 2006: Vol 93. 2007: La Vengeance dans la Peau. 2009: Green Zone. 2013: Capitaine Phillips.


    Relatant l'interminable calvaire puis la bravoure des passagers du Vol 93 lors des attentats du 11 septembre, Paul Greengrass n'y va pas par quatre chemin pour susciter terreur et effroi en interne d'un avion détourné par des terroristes d'Al-Qaïda. Alors que leur cible était de se crasher sur le capitole, il finiront par dévier leur trajectoire, faute du courage de certains passagers délibérés à les affronter afin d'éviter le pire accident et peut-être d'y survivre. Oppressant, éprouvant et d'une intensité dramatique exponentielle, Vol 93 emprunte le schéma du film catastrophe avec souci informatif et degré de réalisme inédit pour le genre. La mise en scène studieuse de Greengrass privilégiant l'aspect docu-vérité quand bien même les évènements décrits nous sont rapportés en temps réel. Alternant les prises de conscience alertes du personnel de la tour de contrôle, informés seconde par seconde des divers détournements aériens, et de la panique improvisée des passagers de l'United Airlines, Vol 93 est une expérience extrême avec la peur. Un moment de cinéma anti ludique conçu pour vous faire participer à une prise d'otages comme si vous y étiez ! 


    Immersif en diable donc et véritablement étouffant dans ce huis-clos instauré à haute altitude, vous vous sentez intimement impliqués dans le désarroi des voyageurs sévèrement molestés, (voir même égorgés pour certains d'entre eux !) par des fanatiques tout aussi épeurés de leur mission suicide. Le cinéaste insistant notamment sur la paranoïa de ces intégristes toujours plus anxieux à l'idée de passer à l'acte et commettre leur gageure ! Du point de vue de la conscience désabusée des victimes, nous partageons leur immense détresse, leur ultime recours d'avertir leurs proches de leur inévitable sort par le biais du téléphone portable. Même si on connait l'issue tragique, Vol 93 réussit à distiller au compte goutte un suspense interminable (notamment à travers le témoignage affolé du personnel de la station d'observation !), qui ira crescendo jusqu'au baroud d'honneur sacrificiel. Ce point d'orgue ultra spectaculaire et violemment brutal peut faire office d'anthologie de l'horreur tant les altercations décrites sont reconstitués avec un réalisme tranché. Par l'entremise d'un élan de solidarité, les passagers les plus coriaces se projetant sur les pirates de l'air avec une hargne primitive ! Dès lors, jamais une catastrophe aérienne n'eut été rendue aussi intense et émotionnellement éprouvante (jusqu'au malaise tangible !), quand bien même le cinéaste a l'intelligence d'éluder l'esbroufe de l'atterrissage forcé afin de respecter le deuil des familles !


    Hommage aux victimes du 11 Septembre 2001 et surtout à la bravoure héroïque de ces passagers anonymes, Vol 93 illustre leur épreuve de force avec une intensité et un réalisme proprement exceptionnels. Dérangeant, affolant, bouleversant et terriblement anxiogène, Paul Greengrass a également accompli avec une virtuosité vertigineuse le film catastrophe le plus effrayant jamais réalisé. A voir absolument avec le coeur bien accroché !

    A la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie ce jour maudit...

    *Bruno
    13.04.23. 3èx

    mercredi 6 août 2014

    LES ENVOUTES (The Possessed)

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Moviecovers.com

    de Jerry Thorpe. 1977. U.S.A. 1h15. Avec James Farentino, Joan Hackett, Claudette Nevins, Eugene Roche, Harrison Ford, Ann Dusenberry.

    Diffusion TV, U.S: 1er Mai 1977

    FILMOGRAPHIE: Jerry Thorpe est un réalisateur et producteur américain, né en 1926.
    1957: Minuit sur le grand canal. 1968: Le Jour des Apaches. 1970: Company of Killers (télé-film). 1970: Dial Hot Line (télé-film). 1971: Lock, Stock and Barrel (télé-film). 1971: Crosscurrent (télé-film). 1972: Kung-Fu (télé-film). 1974: Smile, Jenny, You're Dead (télé-film). 1975: Antonio and the Mayor (télé-film). 1976: The Dark side of Innocence (télé-film). 1976: Laissez moi mon enfant (télé-film). 1977: Yesterday's Child (télé-film). 1977: Les Envoûtés (télé-film). 1978: The Lazarus Syndrome (télé-film). 1978: Stickin'Together (télé-film). 1978: A Question of Love (télé-film). 1979: Heaven Only Knows (télé-film). 1980: Le Noir et le Blanc (télé-film). 1983: Happy Endings (télé-film). 1986: La Fleur Ensanglantée (télé-film).


    Télé-film des années 70 découvert chez nous un mardi soir dans le cadre des "Dossiers de l'Ecran", Les Envoutés traumatisa toute une génération de spectateurs impressionnés par le caractère réaliste de son thème satanique, à l'instar de son climax inoubliable faisant office de moment de trouille dérangeant. Sans doute influencé par l'Exorciste et toute la vague de films démoniaques qui suivront (La Malédiction pour citer le plus illustre), Jerry Thorpe nous relate ici la descente aux enfers de lycéennes prises à parti avec des phénomènes surnaturels. Celui de la combustion spontanée s'emparant sans raison de leurs corps pour les brûler vif ! D'une durée écourtée d'1h10, les Envoutés sous-entend une réflexion sur l'existence du Mal à travers le parcours équivoque d'un ancien prêtre délibéré à s'expier une conduite après avoir offensé Dieu. Dès lors, ressuscité d'un accident mortel, sa mission est de venir en aide aux témoins de l'emprise du diable. Ce qui l'amène à s'orienter vers un lycée exclusivement féminin à laquelle de graves incidents sont dépêchés par la direction. 


    Hormis sa facture télévisuelle, Jerry Thorpe réussit avec une certaine efficacité à entretenir un suspense sous-jacent parmi les vicissitudes qui ébranlent la tranquillité des pensionnaires tout en insufflant une atmosphère diabolique par le biais de l'emprise du feu. Renforcé d'une bande-son inquiétante, la manière insidieuse dont les flammes se propagent sur le mobilier ou sur le corps enseignant provoquent un sentiment malsain, sachant qu'à plus d'une reprise, la victime ciblée se retrouve embrigadée dans une pièce verrouillée de l'intérieur ! Epaulé de comédiennes fort convaincantes dans leur rôle d'enseignantes contrariées ou de lycéennes apeurées, Les Envoutés est également dominé par le jeu énigmatique de James Farentino dans celui de Kevin Leahy, le prêtre déchu revenu de l'au-delà. Dessapé de sa soutane et d'insigne religieux (il ne croit qu'à l'existence du Mal avouera t'il à l'une des enseignantes !), il est pourtant résigné à combattre et se sacrifier pour sauver les proies innocentes des forces du Diable. Enfin, on reconnaîtra dans un second rôle l'apparition du débutant Harrison Ford dans celui d'un enseignant épris d'amour pour une jeune lycéenne. Si le récit oh combien inquiétant n'exploite pas complètement le potentiel de son sujet car empruntant les raccourcis (faute notamment d'une durée écourtée !), il est suffisamment bien conduit pour distiller une angoisse latente au fil d'une intrigue toujours plus ombrageuse que Kevin Leahy tente de démystifier. Ce qui nous conduit à son point d'orgue révélateur ayant tant traumatisé les cinéphiles de l'époque lors de cette confrontation du prêtre et de la directrice réfugiés à proximité d'une piscine ! En victime ensorcelée exprimant râles inquiétants, rictus mesquin et regard pervers, l'actrice Joan Hackett réussit à provoquer l'effroi dans sa posture cynique de possédée. Aujourd'hui encore, son apparence "envoûtée" (mais dépouillée de maquillage grand-guignolesque) nous provoque une répulsion viscérale réellement dérangeante au point de renouveler nos cauchemars nocturnes. 


    En tant que film issu de la télévision, Les Envoutés reste l'une des rares réussites à avoir sur distiller avec sensibilité une angoisse malsaine plutôt dérangeante, à l'instar de son épilogue fétide resté dans les mémoires des téléspectateurs ! Une pépite à redécouvrir donc car tellement plus honorable et convaincante que la globalité des vulgaires ersatz ayant tenté d'émuler l'Exorciste et consorts

    Bruno Matéï
    3èx

    lundi 4 août 2014

    LOCKE

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site drafthouse.com

    de Steven Knight. 2014. U.S.A/Angleterre. 1h25. Avec Tom Hardy.

    Récompense: Meilleur Scénario au British Independent Film Awards, 2013

    Sortie salles France: 23 Juillet 2014. U.S: 25 Avril 2014. Angleterre: 18 Avril 2014

    FILMOGRAPHIE: Steven Knight est un scénariste et réalisateur anglais né en 1959 à Marlborough.
    1995-1997: The Detectives (5 épisodes). 2013: Crazy Joe. 2014: Locke.


    Incarné par un seul acteur confiné dans le décor d'une voiture, Locke nous relate l'itinéraire routier d'un chef de chantier délibéré à dénigrer sa profession pour le compte d'une collègue sur le point d'accoucher. Epoux et père de deux enfants, Ivan mène une vie familiale des plus épanouie s'il ne leur avait pas caché sa liaison d'adultère fautée avec elle. Durant son trajet vers l'hôpital, il va tenter de résolver ses problèmes professionnels pour la construction d'un building, soutenir sa compagne sur le point d'accoucher de son enfant et s'efforcer de convaincre sa femme de lui pardonner cette infidélité.


    Si Mario Bava avait déjà exploité la situation dans Chiens Enragés, Steven Knight adopte ici le concept de manière plus audacieuse, sa caméra ne quittant jamais de vue notre unique protagoniste parqué à l'intérieur d'une voiture jusqu'au point de destination. Suivant son trajet nocturne de manière inlassable sur le bitume des autoroutes, nous nous immergeons dans l'introspection tourmentée d'Ivan Locke harcelé de coups de téléphone afin de prêter main forte à quelques ouvriers et sa collègue enceinte. C'est autour de ces conflits qu'il s'efforce d'avouer à sa femme son adultère et la naissance d'un bambin tout en essayant de la convaincre que cette relation était sans fondement. A travers les caractéristiques de cet entrepreneur digne de confiance et de père aimant (suffit d'entendre la fougue de ses enfants lorsqu'ils s'empressent de lui dévoiler le résultat d'un match de foot !), le réalisateur nous brosse la responsabilité d'un homme intègre, loyal et plein de reconnaissance mais compromis à une faiblesse humaine à un moment aléatoire de sa vie. Celle d'avoir cédé à la tentation avec une collègue en détresse sans jamais avoir pu réellement comprendre les tenants et aboutissants d'un comportement aussi contradictoire. Au fil des appels téléphoniques reçus, nous allons également entendre ses monologues intimes nous dévoilant sa haine envers un père inexistant et donc comprendre à quel point sa décision de privilégier l'assistance paternelle était primordiale pour honorer l'avènement d'un enfant. Celui d'assumer la responsabilité, être inévitablement présent dès le premier jour de sa naissance et le préserver de l'amour qu'il lui portera plus tard !


    A travers le profil de cet homme rempli d'humilité mais desservi par l'erreur et hanté par le regret, Locke dévoile la fragilité de la nature humaine capable de trahison mais pourtant résigné à regagner la confiance de l'autre si le pardon était toléré. Tout en pudeur, ce road movie contemplatif nous immerge dans sa solitude et son courage (le jeu flegmatique de Tom Hardy y doit beaucoup !) avec une émotion parfois poignante, à l'instar d'un épilogue bouleversant uniquement bâti sur l'acuité de suggestion. En terme de production indépendante, un road-movie touchant, efficace et plein de sincérité malgré son concept casse-gueule de huis-clos étriqué risquant de perdre certains spectateurs en route. 

    Bruno Matéï


    samedi 2 août 2014

    LA PLANETE DES SINGES: L'AFFRONTEMENT (Dawn of the Planet of the Apes)

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site zickma.fr

    de Matt Reeves. 2014. U.S.A. 2h10. Avec Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, Keri Russell, Kirk Acevedo, Toby Kebbell.

    Sortie salles France: 30 Juillet 2014. U.S: 11 Juillet 2014

    FILMOGRAPHIE: Matt Reeves est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 27 Avril 1966 à Rockville Centre (Etats-Unis).
    1993: Future Shock (segment "Mr. Petrified Forrest"). 1996: Le Porteur. 2008: Cloverfield. 2010: Laisse moi entrer. 2014: La Planète des Singes: l'Affrontement.


    Si Ruper Wyatt avait réussit à relancer la franchise avec un premier reboot très attachant, il cède aujourd'hui sa place à Matt Reeves, réalisateur de Cloverfield et du remake Laisse moi entrer. Après que la grippe simienne eut décimé 95% de la population humaine, une poignée de survivants immunisés tentent d'entrer en contact avec les primates réfugiés dans la forêt. Incapable de trouver une solution à leur conflit, une guerre semble la seule solution pour obtenir le pouvoir. Plus épique et violent, La Planète des Singes: l'affrontement illustre donc la déclaration de guerre établie entre humains et primates. Le premier point qualitatif que l'on peut célébrer dès son introduction concerne la perfection des FX numériques en motion capture insufflant aux simiens une expression humaine bouleversante.


    La grande réussite de cet opus émane donc une fois encore de l'intensité émotionnelle, l'empathie que l'on éprouve facilement pour les singes factices, Matt Reeves décrivant avec attention et sensibilité leur manière de s'exprimer oralement ou par le langage des signes, leur éthique du respect d'autrui (un singe ne tue pas un singe !) et leur condition de vie sereine dans leur environnement naturel. Mais cette harmonie sera de courte durée puisqu'un étranger osera y piétiner les lieux. Car depuis l'intrusion d'une équipe de patrouilleurs, un enjeu de survie est à négocier. Afin d'apaiser les tensions, leur leader César doit se laisser convaincre d'un marché proposé par Malcolm, un humain pacifiste. C'est à dire pouvoir accéder au barrage hydroélectrique confiné à leur frontière afin de le réparer et régénérer l'électricité. Une aubaine qui leur permettrait d'établir un contact avec le monde extérieur s'il y avait d'autres potentiels survivants La force de caractère de César, leader intègre mais circonspect, renforce l'intensité des négociations qu'une poignée d'humains tentent de collaborer en dernier ressort. Pour compliquer la donne, un chimpanzé perfide du nom de Koba tente de contredire les dires des humains et d'influencer sa tribu pour leur menace belliqueuse. L'intérêt de leurs conflits découle donc de savoir qui va bien pouvoir causer la première bourde à déclencher l'inévitable guerre et quel clan en sortira vainqueur ! A travers les thèmes de la peur, de la rancoeur, de la jalousie et de la haine, le film explore les failles du sentiment humain ainsi que notre instinct d'orgueil et de revanche. Notamment la peur de l'étranger contraire à nos cultures et notre incapacité à gérer notre confiance lorsque deux clans tentent de s'accaparer d'un territoire pour la survie. Métaphore sur le racisme, réflexion sur l'incommunicabilité, l'engrenage de la trahison et l'endoctrinement de la guerre, La Planète des Singes: l'Affrontement fait donc écho aux actualités sanglantes qu'on nous ressasse chaque jour, c'est à dire les sempiternels conflits de discorde que se disputent les peuples à travers le monde.


    Blockbuster intelligent conçu sur l'expectative d'affrontements homériques, La Planète des Singes: l'Affrontement déploie surtout un humanisme poignant et désespéré, notamment à travers les rapports d'amitié entamés entre Malcolm et César car compromis par l'enjeu de survie où l'hégémonie de l'un finira par l'emporter. Un grand spectacle formel où le lyrisme poétique se dispute au pessimisme le plus austère. 

    Bruno Matéï
    P.S: A déplorer la 3D proprement aseptique et inutile.

    Planète des singes (la): http://brunomatei.blogspot.fr/2013/12/la-planete-des-singes-planet-of-apes.html

    vendredi 1 août 2014

    JUILLET DE SANG (Cold in July)

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site abucketofcorn.com

    de Jim Mickle. 2014. U.S.A/France. 1h49. Avec Michael C. Hall, Don Johnson, Nick Damici, Sam Shepard, Vinessa Shaw, Wyatt Russel.

    Sortie salles U.S: 23 Mai 2014. Inédit en France.

    FILMOGRAPHIE: Jim Mickle est un réalisateur et scénariste américain.
    2006: Mulberry Street. 2010: Stake Land. 2013: We are what we are. 2014: Juillet de sang.


    Réalisateur doué ayant déjà fait ses preuves à trois reprises dans le genre horrifique et fantastique, Jim Mickle s'essaie aujourd'hui au registre du polar avec Juillet de sang. Tiré d'un roman de Joe R. Lansdale, le récit s'articule dans un premier temps autour de la confrontation de deux pères de famille. Une nuit, Richard Dane surprend un cambrioleur dans sa demeure. Pris de panique, il tire sans sommation et l'abat froidement. Considéré par la police comme un cas de légitime défense, il s'en sort sans poursuite parmi le soutien de la population. Quelques jours après l'enterrement, le père de la victime, un ex taulard connu de la police, semble vouloir se venger auprès de la famille Dane, puisque épiant leurs faits et gestes jusqu'à s'introduire une nuit dans leur maison pour s'en prendre au petit fils


    Cette trame simpliste et efficace laisse donc présager un thriller palpitant par la rivalité des rapports de force envisagés mais desservi par un alibi conventionnel. Néanmoins, Jim Mickle peaufine déjà l'aspect psychologique de ce cas de légitime défense auquel le criminel est épris de remord d'avoir osé sacrifié une vie mais aussi angoissé à l'idée de redouter la révolte du père de la victime. Seulement, passé les 45 minutes de métrage, le réalisateur opte un virage à 180° pour inverser les rôles et mettre en exergue leurs rapports solidaires puisque impliqués dans une fortuite affaire de corruption et de machination. La densité du récit émane de leur investigation consciencieuse et leur quête de vérité pour retrouver le témoin clef d'une affaire crapuleuse. Epaulés d'un détective privé, les voici entraînés dans une dérive justicière afin d'éradiquer un groupuscule mafieux. Impeccablement structuré, Jim Mickle élabore un polar âpre et tendu transcendé par la densité humaine d'adultes burinés car rendus marginaux de leur concours de circonstances. Particulièrement, ces pères de famille partagés entre hésitation et détermination de persévérer dans leur cheminement punitif, quand bien même un rebondissement aléatoire va totalement bouleverser la donne pour l'un d'eux. Car une révélation sordide rapportée par le témoignage d'une cassette video va les mener droit en enfer lors d'un règlement de compte sanglant saturé d'éclairages stylisés. A travers leur cohésion, le réalisateur brosse également le portrait d'hommes fragilisés par leur responsabilité paternelle alors que l'un d'eux aura la difficile épreuve de rompre avec les liens du sang. Il en émane dès lors une odeur de souffre tangible qui incommodera le spectateur jusqu'au générique de fin ! 


    Etablissant le rapport primitif entre l'homme et la violence, Juillet de sang est un drame fiévreux et poignant, une odyssée sanglante improvisée par un trio de cowboys contraints d'employer les armes pour résoudre une affaire crapuleuse niée des pouvoirs publics. Tendu et poisseux, Juillet de sang est notamment privilégié par la présence virile de comédiens burinés, par un score synthétique faisant écho au cinéma de Carpenter et par une mise en image quasi surréaliste lors du climax vertigineux. 

    Bruno Matéï

    jeudi 31 juillet 2014

    LA MAISON DE CIRE (House of Wax)

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Jaume Collet-Serra. 2005. U.S.A./Australie 1h37. Avec Elisha Cuthbert, Chad Michael Murray, Brian Van Holt, Paris Hilton, Jared Padalecki, Jon Abrahams.

    Sortie salles France: 25 Mai 2005

    FILMOGRAPHIE: Jaume Collet-Serra est un réalisateur catalan, né le 23 Mars 1974 à Barcelone.
    2005: La Maison de Cire. 2007: Goal 2: La Consécration. 2009: Esther. 2011: Sans Identité. 2014: Non-Stop. 2014: Run all Night.


    Par le réalisateur de l'excellent Esther, Jaume Collet-Serra avait déjà montré ses preuves dans le domaine horrifique avec La Maison de Cire, une relecture moderne du classique d'André De Toth, l'Homme au masque de cire. Et pour une première réalisation, on peut déjà vanter son savoir-faire à avoir su gérer suspense et angoisse à partir d'un scénario éculé mais plus retors qu'il n'y parait. Clairement influencé par le slasher et afin de rameuter la nouvelle génération, La Maison de Cire reprend le canevas traditionnel d'une bande de vacanciers exilés à la campagne et tombant un à un dans les mailles d'un tueur sans pitié. Si la première partie n'évite pas la redite dans sa représentation caricaturale d'ados écervelés s'éclatant autour du sexe et de l'alcool, la suite adopte une tournure plus intéressante lorsque deux d'entre eux se retrouvent infiltrés au sein d'un village fantôme par l'amabilité d'un redneck interlope. Epaulé d'une somptueuse photographie, l'ambiance rétro qui émane de cet endroit touristique atteint son apogée lors de la visite du musée entièrement façonné de cérumen. Car cette bâtisse aux teintes sépia renferme d'étranges personnages de cire, ou plutôt de véritables cadavres fraîchement embaumés par un artiste aussi prodige que maudit. D'ailleurs, toute la ville est aménagée de citadins factices conçus à son image afin de refonder un semblant de vie pour son existence solitaire.


    La fascination macabre qu'exercent ces pantins de chair se répercute sur l'anxiété de nos protagonistes égarés dans une chambre des horreurs. Sans perdre de temps, Jaume Collet-Serra confronte ces protagonistes à des enjeux de survie puisque l'un d'entre eux finira rapidement par se faire alpaguer par le tueur. Quand bien même l'arrivée des autres camarades vont rapidement faire les frais d'agressions sanglantes pour être sauvagement assassinés. Sur ce point, l'inventivité des meurtres et leur réalisme acéré impressionne le spectateur SPOILER ! d'autant plus que la menace est finalement exprimée par deux criminels compromis au secret familial ! Fin du Spoiler. On est aussi parfois surpris de l'ironie accordée à certaines situations de stress (celle d'une survivante dépassant son doigt au dessus d'une plaque de grillage pour invoquer de l'aide !) ou à la manière inédite dont certains protagonistes se retrouvent dans une posture cruelle (une victime rendue mutique par de la Super Glue plaquée sur sa bouche, une autre proie embaumée mais encore vivante derrière son apparence de cire !). Passé une succession de meurtres en série adroitement planifiés, l'intrigue se recentre ensuite sur la survie d'un frère et d'une soeur, unissant leurs efforts et redoublant de brutalité afin de combattre les bourreaux (les coups de batte de base-ball dans une tronche font très mal dans leur impact cinglant !). Palpitant en diable, le réalisateur les confrontent donc à une série d'épreuves drastiques pour leur survie culminant vers un final littéralement flamboyant. Sur ce point, on peut évoquer l'anthologie stylisée tant la perfection des effets spéciaux réussit à nous bluffer lorsque le musée se met à fondre lentement sa cire par la chaleur d'un incendie ! Les survivants tentant désespérément de s'extraire de la bâtisse réduite en lambeaux de pate !


    Efficace et haletant, La Maison de Cire exploite les codes du slasher avec savoir-faire et inventivité, quand bien même la morphologie factice du tueur et la fastuosité des décors rétros participent notamment à l'immersion d'un univers poético-macabre. Un excellent divertissement tirant vers le haut un sous-genre plutôt mineur. 

    Bruno 
    02.03.24. 4èx. Vostfr