lundi 10 novembre 2014

DOLLS (Les Poupées)

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site thelightningbugslair.com

de Stuart Gordon. 1987. U.S.A. 1h17. Avec Carolyn Purdy-Gordon, Patrick Williams Ian, Carrie Lorraine, Guy Rolfe, Hilary Mason, Bunty Bailey, Cassie Stuart, Stephen Lee.

Sortie salles U.S: Mars 1987

FILMOGRAPHIE: Stuart Gordon est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 11 Août 1947 à Chicago (Illinois). 1979: Bleacher Bums (télé-film). 1985: Ré-Animator. 1986: Aux portes de l'au-delà. 1987: Dolls. 1988: Kid Safe (télé-film). 1990: Le Puits et le Pendule. 1990: La Fille des Ténèbres. 1990: Robojox. 1993: Fortress. 1995: Castle Freak. 1996: Space Truckers. 1998: The Wonderful ice cream suit. 2001: Dagon. 2003: King of the Ants. 2005: Edmond. 2005: Masters of Horro (le cauchemar de la sorcière - Le Chat Noir). 2007: Stuck. 2008: Fear Itself. 


Le pitch: Sur la route d'une campagne isolée, une fillette, son père et sa maîtresse se réfugient dans un manoir pour s'abriter de l'orage. Chaudement recueillis par le couple de propriétaires, ils sont bientôt rejoints par un routier accompagné de deux punkettes. La nuit, d'étranges évènements vont importuner la tranquillité de ces hôtes ! 
Après la révélation Ré-Animator et le non moins excellent From BeyondStuart Gordon s'attelle au conte de fée pour adultes avec Dolls. Une petite production soigneusement fignolée, de par la manière limpide et inspirée dont l'auteur nous narre son histoire, le charisme des comédiens en roue libre et surtout l'apparence infantile des poupées douées de vie. Réalisées la plupart du temps en stop-motion, ces jouets minimalistes insufflent une aura aussi machiavélique qu'onirique à travers leur fausse candeur où leur déplacement de masse y engage une violence sardonique chez les victimes démunies.


Qui plus est, avec l'autorité d'un confectionneur de jouets particulièrement puriste, le cinéaste prend soin de les caractériser dans un apparat artisanal provenant d'un patrimoine séculaire. A travers cette fable militant pour le droit au rêve et à la part d'enfance enfouie en chacun de nous, Stuart Gordon rend hommage à la magie des jouets parmi l'occultisme de vieillards propriétaires d'un manoir gothique. Si le scénario linéaire s'articule autour des exactions des poupées vindicatives fustigeant la méchanceté des adultes, la manière efficace dont il est conté nous captive parmi la dérision macabre du cinéaste à détourner le conte de fée. En prime, le caractère attachant des personnages (la bouille candide de Judy épaulée de son nouvel ami, Ralph; l'ambivalence du vieux couple insidieux) provoque une indéniable empathie auprès de leur amabilité, voir leur bonhomie naïve à se laisser attendrir par l'alchimie des jouets après en avoir été apeurés ! 


La Plus longue nuit du Monde ! 
Eloge à l'amour des jouets et à la magie de l'enfance imprimés en chacun de nous (du moins, pour ceux ayant su la préserver !), Dolls renoue avec l'épouvante archaïque dans un contexte moderne d'horreur gore et d'humour noir. Il y émane un pouvoir de fascination prégnant auprès du cheminement inquiétant de nos héros confrontés à la vendetta des poupées, quand bien même la qualité des trucages renforce l'aspect diabolique de leur autonomie. Conte gothico-surnaturel, Dolls transcende l'amour de la série B avec charme, frissons et tendresse autour d'une plaidoirie dédiée à l'éducation des enfants et parmi l'apprentissage de leur peur juvénile ! 

Bruno Matéï
4èx
10.11.14
24.06.10

vendredi 7 novembre 2014

LA ROSE DE FER

                                                          Photo emprunté sur Google, appartenant au site beyondhorrordesign.blogspot.com

de Jean Rollin. 1973. France. 1h20. Avec Françoise Pascal, Hugues Quester, Natalie Perrey, Michel Delesalle, Mireille Dargent (sous le nom de "Dily D'Argent"), Jean Rollin.

FILMOGRAPHIE: Jean Michel Rollin, Roth Le Gentil est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 3 novembre 1938 à Neuilly-sur-Seine (France), décédé le 15 Décembre 2010.
1958 : Les Amours jaunes, 1961 : Ciel de cuivre, 1963 : L'Itinéraire marin, 1964 : Vivre en Espagne, 1965 : Les Pays loin, 1968 : Le Viol du vampire, 1969 : La Vampire nue, 1970 : Le Frisson des vampires, 1971 : Requiem pour un vampire, 1973 : La Rose de fer, 1974 : Les Démoniaques, 1975 : Lèvres de sang, 1978 : Les Raisins de la mort, 1979 : Fascination,1980 : La Nuit des traquées, 1981 : Fugues mineures (Les Paumées du petit matin, 1981 :Le Lac des morts vivants (sous le pseudonyme de J. A. Lazer), 1982 : La Morte vivante, 1984 :Les Trottoirs de Bangkok, 1985 : Ne prends pas les poulets pour des pigeons (sous le pseudonyme de Michel Gentil), 1989 : Perdues dans New York, 1990 : La Griffe d'Horus(TV), 1991 : À la poursuite de Barbara, 1993 : Killing Car, 1997 : Les Deux Orphelines vampires, 2002 : La Fiancée de Dracula, 2007 : La Nuit des horloges, 2010 : Le Masque de la Méduse.


Franc-tireur du fantastique français des seventies, Jean Rollin a rarement gagné les faveurs du public et de la critique au sein de son pays, en dépit d'une poignée d'aficionados reconnaissant en lui la patte d'un auteur singulier adepte des atmosphères onirico-sensuelles. A contrario, des cohortes de fans d'Outre-Manche continuent de lui adresser un véritable culte auprès de sa filmo fantastique; sachant que le cinéaste a également oeuvré dans la pornographie afin de renflouer ses récurrents échecs commerciaux. Réalisé en 1973, La Rose de Fer ne déroge pas à la règle du fiasco commercial et critique alors qu'il s'agit pourtant d'une de ses oeuvres les plus personnelles et envoûtantes. L'histoire se résume à l'errance nocturne d'un couple d'amoureux au sein d'un cimetière situé dans la région de Picardie (Amiens plus précisément, non loin de chez moi !). 


Durant toute une nuit, les amants vont randonner à travers les allées et tenter de s'y échapper sans jamais pouvoir retrouver l'issue de sortie. Gagné par l'angoisse de ce lieu morbide, le couple accumule les disputes jusqu'à ce que la compagne se laisse envahir par l'ivresse d'une douce démence. Littéralement séduite par l'aura spirituelle qui s'émane des pierres tombales et du silence tranquille régi dans l'atmosphère, elle finit par se laisser séduire par les âmes des défunts jusqu'à s'improviser quelques pas de danse et étreinte avec un crâne afin de leur témoigner son amour. Eloge à la mort et à l'éternité de la nuit, La Rose de Fer baigne dans le climat onirique d'un huis-clos gothique parmi ces sculptures de pierre et divers caveaux ornant les allées de la nécropole. C'est donc une promenade avec l'au-delà que nous assigne Jean Rollin parmi le rythme languissant qu'on lui connaît et avec la complicité naturelle de comédiens semi-amateurs. Le style bricolé de la réalisation, traversée parfois de saisissantes images fantasmagoriques en clair-obscur, et le côté improvisé du jeu d'acteurs distillent un charme trouble auprès du spectateur embarqué dans un requiem de la solitude. Bien entendu, pour se laisser happer par l'expérience mystique, il faut savoir accepter la monotonie et la maladresse de l'ensemble et surtout apprécier le style particulier de Jean Rollin cédant parfois aux situations nonsensiques afin de mieux nous égarer dans son univers de fantasme et d'érotisme. 


Songe d'une pierre tombale
Beau, envoûtant et parfois bercé d'une musique lancinante, La Rose de Fer est un étrange voyage au cimetière des morts, une promenade spirituelle parmi leur compagnie où la douceur de la nuit finit par nous convaincre de leur repos éternel. 

Dédicace à Daniel Aprin et Mathias Chaput
Bruno Matéï
2èx

jeudi 6 novembre 2014

BONNIE AND CLYDE

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site notapaxamericana.wordpress.com

d'Arthur Penn. 1967. U.S.A. 1h51. Avec Warren Beatty, Faye Dunaway, Gene Hackman, Estelles Parsons, Michael J. Pollard, Denver Pyle, Dub Taylor, Evans Evans, Gene Wilder.

Sortie salles France: 8 Novembre 1967. U.S: 13 Août 1967

Récompenses: Oscars 1968. Meilleure Actrice de second rôle, Estelle Parsons.
Meilleure Photographie: Burnett Guffey

FILMOGRAPHIE: Arthur Penn est un réalisateur américain, né le 27 Septembre 1922 à Philadelphie, décédé le 28 Septembre 2010 à Manhattan, New-York.
1958: Le Gaucher. 1962: Miracle en Alabama. 1965: Mickey One. 1966: La Poursuite Impitoyable. 1967: Bonnie and Clyde. 1969: Alice's Restaurant. 1970: Litlle Big Man. 1975: La Fugue. 1976: Missouri Breaks. 1981: Georgia. 1985: Target. 1987: Froid comme la Mort. 1989: Penn and Teller get killed. 1995: Lumière et Compagnie (segment).


Deux ans avant La Horde Sauvage, une oeuvre polémique avait également rivalisé d'audace dans son traitement de la violence exacerbée par des éclaboussures de sang parfois filmées au ralenti. A l'instar de la fusillade finale perpétrée sur le couple de gangsters après avoir été pris au dépourvu lors d'un guet-apens policier. Beaucoup ont reproché la complaisance de cette séquence restée dans les annales pour sa sauvagerie radicale et considérée à raison comme l'une des morts les plus sanglantes du cinéma. Pourtant, dans la réalité des faits, 150 impacts de balles ont été dénombrés sur la carrosserie des braqueurs. On ne peut donc reprocher à Arthur Penn d'avoir voulu surenchérir dans le racolage facile, ce dernier ne faisant que retracer fidèlement la mort de Bonnie and Clyde dans la folie cruelle du règlement de compte.


Enorme succès à sa sortie, le film doit beaucoup de sa notoriété au couple glamour imposé par Warren BeattyFaye Dunaway, alors qu'à la base c'est à Jane Fonda qu'était imparti le rôle de la serveuse férue de passion et d'évasion auprès d'un indéfectible braqueur de banque. Un duo devenu aussi légendaire que nos vrais criminels qui exécutèrent durant leur périple pas moins de 12 personnes dans le sud-ouest américain de la grande dépression. Sublime de sensualité et fiévreuse d'ardeur, Faye Dunaway crève l'écran dans sa prestance de criminelle endurcie pour sa nouvelle condition délinquante mais néanmoins désarçonnée par l'absence de sa mère et l'impuissance de son amant. Charismatique en diable et un brin trop élégant, Warren Beatty se fond pourtant dans la peau de Clyde Barrow avec stoïcité malgré ses brefs instants de culpabilité lorsqu'il ose commettre son premier meurtre de sang froid auprès d'un citadin innocent. Souffle romanesque et épique se télescopent incessamment sous la caméra virtuose d'Arthur Penn, l'auteur s'étant véritablement inspiré à retracer cette équipée sauvage parmi la complicité de seconds rôles aussi irresponsables (Moss, le jeune pompiste, Buck, le frère aînée de Clyde, et sa femme Blanche) venus prêter main forte au couple de braqueurs toujours plus épuisés à déjouer les embuscades policières. Cette traque homérique traversée d'âpres éclairs de violence met bien en exergue l'inconscience de ce gang, particulièrement Bonnie et Clyde, deux gamins avides de liberté et d'épanouissement, alors que ce dernier se compromet à son impuissance pour contenter sexuellement sa compagne. C'est donc dans l'adrénaline des braquages de banques et d'épicerie qu'il trouve refuge afin de pallier sa frustration. Dans leur caractérisation aussi réaliste que romanesque, nous ne pouvons qu'éprouver une forte empathie pour ces anti-héros épris de fureur de vivre et de désespoir car à bout de souffle d'endurer une chasse à l'homme toujours plus irréductible.


Mené sur un rythme infernal et mis en scène parmi la virtuosité de séquences d'action percutantes, Bonnie and Clyde relève plus du drame romanesque (non exempt d'humour corrosif) que du film noir pour le portrait imparti à l'insouciance de ces tueurs férus de liberté. Il en émane un grand moment de cinéma d'une rare puissance émotionnelle dans la complicité idéaliste formé au couple iconique, Warren Beatty / Faye Dunaway.

Bruno Matéï
4èx

                                  

mercredi 5 novembre 2014

LA HORDE SAUVAGE (The Wild Bunch)

                                           
                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site levafilmworks.com

de Sam Peckinpah. 1969. U.S.A. 2h25. Avec William Holden, Ernest Borgnine, Robert Ryan, Edmond O'Brien, Warren Oates, Jaime Sanchez, Ben Johnson, Emilio Fernandez.

Sortie salles France: 17 Octobre 1969. U.S: 18 Juin 1969

FILMOGRAPHIE: Sam Peckinpah est un scénariste et réalisateur américain, né le 21 Février 1925, décédé le 28 Décembre 1984. 1961: New Mexico, 1962: Coups de feu dans la Sierra. 1965: Major Dundee. 1969: La Horde Sauvage. 1970: Un Nommé Cable Hogue. 1971: Les Chiens de Paille. 1972: Junior Bonner. Guet Apens. 1973: Pat Garrett et Billy le Kid. 1974: Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia. 1975: Tueur d'Elite. 1977: Croix de Fer. 1978: Le Convoi. 1983: Osterman Week-end.


« L'enfant est Dieu et le Diable à la fois, et en lui se trouvent mêlées la cruauté et une extrême bonté. Il suffit que les enfants soient témoins de certaines choses pour qu'ils deviennent très vite des adultes, des êtres aussi vicieux, aussi méchants que nous. Tout un système de morale, d'éducation nous empêche de regarder en face un certain nombre de vérités, par exemple qu'il existe déjà chez l'enfant tout ce côté sombre de l'homme. »
Sam Peckinpah


Western mythique vilipendé par la critique dès sa sortie pour l'intolérance de sa violence tranchée, La Horde Sauvage gagna pourtant au fil des décennies un statut de chef-d'oeuvre légendaire. C'est dire si le film de Peckinpah était à contre courant des conventions classiques établies par le western lyrique de John Ford ou celui plus "héroïque" de John Wayne afin de mettre ici en exergue une forme de violence baroque appuyée par des effets de ralentis chorégraphiques. C'est également la réponse ricaine pour tenter d'émuler l'âpreté du western spaghetti, Sam Peckinpah décidant de surenchérir dans la bestialité avec un carnage final d'une intensité rigoureuse toujours aussi acérée aujourd'hui. Magnifiquement mis en scène dans la modernité de son montage véloce, la Horde Sauvage est le témoignage de la traîtrise, de l'avilissement, du chaos, du désordre, faute d'un monde miné par la pauvreté des exclus (les villageois mexicains) et gangrené par la dictature de conflits guerriers. La plupart des personnages étant ici caractérisés par des chasseurs de primes vindicatifs, des bandits autonomes ou des terroristes belliqueux assoiffés d'alcool, de cruauté et de pouvoir. 


Dans cette peinture nihiliste de la nature humaine, le prélude l'anticipe déjà avec ce groupe de bambins mesquins batifolant autour de scorpions pour les regarder se faire dévorer par des milliers de fourmis. Métaphore sur notre instinct pervers et meurtrier dont l'enfant influant se réapproprie naturellement du comportement destructeur des adultes, le film nous achemine lentement vers le baroud d'honneur d'une bande de malfrats délibérés à se sacrifier car épuisés de survivre dans un monde qu'ils ne comprennent plus. A travers leur équipée homérique redoublant d'audaces, de bravoure et de dangerosité, telle cette attaque coordonnée autour d'un convoi ferroviaire, Sam Peckinpah évoque leur anachronisme, leur sentiment intime d'être dépassé par leur univers qu'ils ne reconnaissent plus depuis la révolution technique. A l'instar de la première apparition d'un véhicule sur roue que des mexicains exposent fièrement aux badauds pour dévoiler le progrès industriel. Au fil du cheminement marginal de ces anti-héros sclérosés, le désespoir et l'amertume les rattrapent un peu plus, quand bien même l'humanisme va les rappeler à la raison de la tolérance lorsqu'ils se résignent d'épargner de ses souffrances un de leur camarade torturé par la troupe du général Mapache ! S'ensuit alors leur dernière offensive suicidaire d'aller provoquer par les armes ces centaines de belligérants et de mettre un terme à leur funèbre existence (tels des fantômes errants !) en commun accord, le spectateur éprouvant une inattendue empathie pour leurs ultimes sursauts de bravoure et de loyauté !


D'une brutalité toujours inégalée pour le genre, La Horde Sauvage illustre de manière poisseuse une diatribe sur l'instinct foncièrement mauvais de l'être humain tout en énonçant une réflexion édifiante sur le venin de la violence. Magnifié par la prestance burinée de comédiens inscrits dans une camaraderie marginale, ce chemin de croix reste une épreuve de force d'une intensité éprouvante dans l'expédition pessimiste de ses hors-la-loi livrés à la solitude et la désillusion.  

Bruno Matéï
3èx

« J'ai fait ce film parce que j'étais très en colère contre toute une mythologie hollywoodienne, contre une certaine manière de présenter les hors-la-loi, les criminels, contre un romantisme de la violence [...]. C'est un film sur la mauvaise conscience de l'Amérique.(...) La Horde sauvage est simplement ce qui arrive lorsque des tueurs vont au Mexique. L'étonnant est que vous ressentez une perte immense quand ces tueurs atteignent la dernière ligne droite. »
Sam Peckinpah

mardi 4 novembre 2014

TRICK'R TREAT

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Michael Dougherty. 2007. U.S.A. 1h22. Avec Brian Cox, Anna Paquin, Dylan Baker, Leslie Bibb, Quinn Lord, Rochelle Aytes, Moneca Delain, Tahmon Penikett.

Sortie salles U.S: 9 Décembre 2007

FILMOGRAPHIE: Michael Dougherty est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur et producteur américain, né en Octobre 1974 à Columbus.
1998: Refrigerator Art. 1998: Deadtime Stories. 2008: Trick'r Treat. 2010: Calling all Robots.


Honteusement inédit en salles et donc directement passé par la case Dtv, Trick'r Treat renoue avec le film à sketchs typiquement sardonique dans son esprit BD hérité des EC-comics. Indubitablement, à la lecture du film, on songe au classique du genre Creepshow, de par la créativité des histoires en trompe-l'oeil détournant parfois avec malice l'archétype du conte, du soin imparti à son esthétisme flamboyant et des twists à répétition faisant mouche à chaque démarche.


Composé de quatre histoires reprenant les mythes de l'horreur séculaire (morts-vivants, vampires, loups-garous, mais aussi, dans une mesure plus contemporaine, un monstre énigmatique et un tueur en série !), Trick'r Treat ne cesse d'entrecroiser le cheminement des intrigues avec celui des personnages en alternant évènements actuels et antérieurs. Ancré dans un solide humour macabre aussi irrésistible qu'audacieux (nos chères têtes blondes y trépassent avec une ironie franchement caustique !), la réussite du métrage découle de la structure des intrigues adroitement narrées où chaque personnage clef peut autant endosser la fonction de victime que celui du potentiel coupable ! Outre l'aspect festif de ces histoires espiègles où l'hypocrisie prime souvent avec l'instinct vengeur d'esprits rebelles, Trick'r Treat transfigure la fête d'Halloween avec un respect immodéré pour l'amour des citrouilles et des sorcières. Car à travers l'intrusion suspecte d'un étrange garçonnet affublé d'un sac à patate sur la tête et de deux boutons de manchette à la place des yeux, une nouvelle icône monstrueuse se dévoile sous nos yeux pour la première fois. Une manière fort originale de boucler cette anthologie afin de porter en témoignage l'aspect sardonique du folklore d'Halloween où farce et bonbons se sont gentiment mêlés au chantage affectif ! Et le réalisateur de s'en moquer avec autant de brimade pour l'aspect morbide des situations que de respect pour sa coutume ancestrale que les enfants d'aujourd'hui ont monopolisé dans leur stature capricieuse !


La fête des Masques
Hymne à Halloween et à l'horreur ludique, véritable trésor d'inventivité dans l'alchimie des intrigues redoublant de sarcasme et le rôle insidieux impartis aux divers protagonistes, Trick'r Treat est également un régal pour les yeux par son onirisme macabre où aucun détail n'a été laissé au hasard ! Le plaisir s'avère si jouissif et addictif qu'on aurait tant aimé que le film se prolonge un peu plus (il ne dure qu'1h22, générique compris !), le temps de nous raconter une ultime fois un nouveau conte diaboliquement fripon ! 

Bruno Matéï
2èx

                                     

    lundi 3 novembre 2014

    Morsures / Nightwing

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

    d'Arthur Hiller. 1979. U.S.A. 1h44. Avec Nick Mancuso, David Warner, Kathryn Harrold, Stephen Macht, Strother Martin.

    Sortie salles France: 4 Juin 1980. U.S: 22 Juin 1979

    FILMOGRAPHIE: Arthur Hiller est un réalisateur et acteur canadien, né le 22 Novembre 1923 à Edmonton, Alberta (Canada). 1956: Massacre à Sand-Creek. 1964: Les Jeux de l'amour et de la guerre. 1965: Promise her Anything. 1966: Tobrouk, commando pour l'enfer. 1966: Les Plaisirs de Pénélope. 1967: The Tiger Makes Out. 1970: Escapade à New-York. 1970: Love Story. 1971: Plaza suite. 1971: L'Hôpital. 1972: L'Homme de la Manche. 1975: The Man in the Glass Booth. 1976: Transamerica Express. 1979: Ne tirez pas sur le dentiste. 1979: Morsures. 1982: Making Love. 1982: Avec les Compliments de l'Auteur. 1987: Une chance pas croyable. 1989: Pas nous, pas nous. 1990: Filofax. 1992: The Babe. 1997: An Alan Smithee Film.


    Pitch: Un shérif adjoint, sa compagne et un savant anglais vont unir leur force afin de déjouer l'invasion de chauve-souris dans une contrée de l'Arizona, ancien territoire des indiens.  
    Série B quasi ignorée de nos jours, Morsures se fit connaître dans les vidéos des années 80 chez une poignée de cinéphiles avides de curiosités. Oubliez vite le caractère fallacieux de sa jaquette française et de son affiche us lorgnant vers le produit Z, Morsures préconisant la retenue de nous impressionner afin d'étudier la caractérisation des personnages et de mettre en appui l'originalité de son script retors. Pour cause, durant toute l'intrigue soigneusement contée, nous ne serons témoins que de trois attaques coordonnées par nos chiroptères en masse, la première s'avérant la plus sanglante et incisive pour la panique imputée aux victimes mordues toutes azimuts ! D'autre part, on peut louer la réussite artisanale de ces effets-spéciaux mécaniques confectionnés par Carlo Rambaldi utilisant avec habileté vraies et fausses chauve-souris survolant agilement dans les airs avant de s'agripper sur l'échine des victimes. 


    Mais en dépit de la facture démonstrative de ces trois séquences, le film gagne en force et crédibilité pour mettre en exergue les rapports de force encourus entre un jeune shérif et un industriel mégalo régissant l'infrastructure de compagnies pétrolières. La seconde partie s'attardant ensuite aux enjeux stratégiques et à l'expédition touristique d'un trio de héros délibérés à déjouer la menace après avoir constatés la découverte de nouveaux cadavres porteurs de peste bubonique. Militant pour la cause indienne et leur condition infortunée, le film énonce également un message écolo pour le respect de l'environnement en faisant intervenir le surnaturel via une croyance spirituelle. Notamment à travers la mise en garde d'un sorcier indien délibéré à se venger auprès de l'homme blanc parmi la complicité animale des chauves-souris. Ainsi, pour ces thèmes traités sans outrance, comme de la manière subtile dont le cinéaste introduit le fantastique, on peut songer au magnifique Wolfen de Michael Wadleigh, notamment pour le sens de sa poésie lyrique. En prime, et pour accréditer l'aspect nuisible du mammifère, le réalisateur énonce à titre informatif leur mode de vie régi en masse, leur comportement autonome et la maladie mortelle qu'ils peuvent transmettre sur l'homme.  


    Série B injustement méconnue car rapidement cataloguée comme un produit horrifique risible du fait de sa jaquette racoleuse, Morsures combine pourtant intelligemment aventure et horreur parmi la conviction d'interprètes d'une riche densité humaine (à l'instar d'un David Warner plutôt avisé et couillu en chercheur infaillible). Du vrai cinéma fantastique au sens noble.

    *Bruno
    2èx

    jeudi 30 octobre 2014

    HALLOWEEN 2. Director's Cut.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site nitehawkcinema.com

    de Rob Zolmbie. 2009. U.S.A. 1h59 (Director's Cut). Avec Scout Taylor-Compton, Malcolm McDowell, Tyler Mane, Brad Dourif, Danielle Harris, Sheri Moon Zombie, Brea Grant.

    Sortie en Dvd et Blu-ray le 31 Mars 2010. Sortie salles U.S: 28 Août 2009

    FILMOGRAPHIE: Rob Zombie est un chanteur, musicien et réalisateur américain, né le 12 Janvier 1965 à Haverhill, dans le Massachusetts. 2003: House of 1000 Corpses. 2005: The Devil's Rejects. 2007: Werewolf Women of the S.S. (trailer). 2007: Halloween. 2009: Halloween 2. 2012: The Lords of Salem.


    Suite du remake entamé 3 ans au préalable, Halloween 2 joue la carte de l'anticonformisme par le biais d'un Rob Zombie délibéré à démystifier l'icone fantomatique de Michael Myers. Echec public et critique outre-atlantique qui valut à la France de le bannir des écrans pour le sortir directement en Dvd et Blu-ray, ce second opus a de quoi déconcerter les puristes de la franchise tant le réalisateur s'épanche à réinventer le slasher avec audace et brutalité inédite pour le genre. Le pitchDeux ans après les tragiques évènements du précédent épisode, Laurie Strode essaie de se reconstruire de son traumatisme avec l'aide d'une thérapeute. De son côté, le Dr Loomis s'est reconverti en écrivain afin de promouvoir le récit de sa traque sur Michael Myers. Alors que les festivités d'Halloween approchent, le tueur masqué revient faire surface à Haddonfield afin de régler ses comptes auprès de sa soeur logée sous l'enseigne du shérif Brackett. D'une violence hardcore particulièrement acérée, Halloween 2 est loin de renouer avec la suggestion entreprise chez Carpenter dans le premier volet, l'intrigue laissant libre court à une succession de meurtres d'une sauvagerie inouïe ! Baignant dans un climat onirico-macabre (la fête d'Halloween organisée autour d'un concert rock auquel le public s'est affublé de masques issus des monstres de la Universal, les apparitions spectrales de Deborah vêtue de blanc et accompagné du petit Michael, les rêves de Laurie hérités de l'univers macabre de Tim Burton !), Halloween 2 succède au réalisme cru pour mettre en exergue les agissements meurtriers de Michael Myers ! 


    Incarnation du Mal absolu, il fait aujourd'hui son retour sous la sinistre apparence d'un clodo barbu, tantôt dévoilé à visage découvert, tantôt camouflé d'un masque morcelé. Déambulant dans la campagne nocturne afin de regagner la contrée d'Haddonfield, il laisse derrière lui nombre de victimes parfois massacrées à mains nues ! Si l'intrigue n'a rien de transcendant dans la requête familiale de Michael Myers, la mise en scène studieuse de Zombie réussit à renouveler l'intérêt par le comportement hostile du tueur à la cruauté éprouvante. Outre l'efficacité redoutable des mises à mort cinglantes et de la tension exercée sur sa diabolique présence, Rob Zombie brosse également le portrait d'une Laurie Stode quasi méconnaissable dans sa fonction de marginale dépressive hantée par les mêmes visions surnaturelles que son frère. Profondément perturbée et sujettes à des névroses psychotiques, son rôle fragile nous insuffle l'empathie dans sa tentative désespérée de se débarrasser de ses démons et de l'acharnement de son frère. Quand à l'illustre Dr Loomis, il est ici recyclé en écrivain cupide afin d'accéder à la notoriété et avant de se racheter une conduite dans un dernier acte révélateur. C'est du moins ce que nous révèle le Director's cut puisque tous ces personnages iconiques font office de détournement au profit d'une idée astucieuse qui va permettre de lever le voile Spoiler ! sur la nouvelle personnalité de Laurie Strode/Angel Myers (l'objet de sa filiation maudite et les raisons impliquant ses visions spirituelles !) et de conclure la saga parmi la cohérence de son état mental. Fin du spoiler


    Angoissant et terrifiant de par son climat d'insécurité et la stature bestiale du tueur, éprouvant et cruel par ses éclairs de brutalité (le massacre dans la demeure de Brackett nous laisse les mains moites dans son intensité aride !), Halloween 2 ose la gageure de détourner le mythe parmi la personnalité de son auteur transfigurant un univers onirico-macabre et réaliste. Il y émane une oeuvre formelle impeccablement maîtrisée, à l'instar de son montage vigoureux et du jeu spontané des comédiens particulièrement impliqués dans leur fonction de survie (sans compter les apparitions clins d'oeil de Margot Kidder et de la jeune Danielle Harris déjà entrevue dans Halloween 4 et 5). 

    *Bruno
    2èx


    mercredi 29 octobre 2014

    FRANKENSTEIN

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site luxedb.com

    de James Whale. 1931. U.S.A. 1h11. Avec Boris Karloff, Colin Clive, Mae Clarke, John Boles, Edward Van Sloan, Dwight Frye.

    Sortie salles France: 17 Mars 1932. U.S: 21 Novembre 1931

    FILMOGRAPHIE: James Whale est un réalisateur américain, né le 22 Juillet 1889 à Dudley en Angleterre, décédé le 29 Mai 1957 à Hollywood, Los Angeles.
    1930 : La Fin du voyage (Journey's End). 1930 : Les Anges de l'enfer. 1931 : Waterloo Bridge.
    1931 : Frankenstein. 1932 : Impatient Maiden. 1932 : Une soirée étrange (The Old Dark House)
    1933 : The Kiss Before the Mirror. 1933 : The Invisible Man. 1933 : By Candlelight. 1934 : One More River. 1935 : La Fiancée de Frankenstein (Bride of Frankenstein). 1935 : Remember Last Night. 1936 : Show Boat. 1937 : The Road Back. 1937 : Le Grand Garrick (The Great Garrick)
    1938 : Port of Seven Seas. 1938 : Sinners in Paradise. 1938 : Wives Under Suspicion. 1939 : L'Homme au masque de fer (The Man in the Iron Mask). 1940 : L'Enfer vert (Green Hell). 1941 : They Dare Not Love. 1942 : Personnel Placement in the Army. 1950 : Hello Out There.


    "On dit souvent que la Fiancée de Frankenstein est un meilleur film, mais il y a quelque chose de pur par rapport à l'original. C'est comme explorer un territoire où l'homme n'est jamais allé. L'austérité de la mise en scène et l'absence de musique en font une expérience très onirique. Bien sûr, l'artificialité du film est très prononcée, avec ces studios visibles et une direction artistique évidente, mais je vois une pureté romantique dans son approche de l'horreur. Et bien sûr, la performance de Karloff est phénoménale. Je pense qu'il s'agit de la meilleure version de Frankenstein, même s'il en existe des plus opulentes et des plus complexes. C'est amusant, pendant longtemps, La Fiancée de Frankenstein a été mon épisode favori. Les goûts évoluent, et j'ai fini par embrasser la simplicité de l'original." Joe Dante.

    Film mythique s'il en est, inaugurant l'âge d'or de la Universal et tous ces monstres qui prendront le relais, Frankenstein reste le chef-d'oeuvre incontournable du genre sachant qu'aucun cinéaste ni comédien notoire n'ont réussi à le surpasser 80 ans après sa sortie ! Exception faite peut-être avec la série Penny Dreadful transcendant avec souci de réalisme l'intense dramaturgie de la créature réduite au désarroi de la solitude ! Outre l'idée singulière empruntée au roman de Mary Shelley, c'est à dire créer un être vivant à partir de morceaux de corps humains récupérés sur les cadavres de sépulture, Frankenstein puise sa force d'évocation dans l'interprétation de Boris Karloff épaulée des maquillages de Jack Pierce. Pourvu d'une taille imposante, d'une démarche hésitante, d'un front carré et d'un regard abattu, l'acteur se fond dans la carrure du monstre avec une intensité troublante par ses expressions de terreur ou de compassion.


    Sur ce dernier point, personne ne peut oublier la séquence intime qui voit le monstre batifoler avec une fillette avant qu'un drame inéluctable ne vienne ternir leur relation amicale. Spoiler ! Persuadé qu'elle puisse flotter à la manière des nénuphars de l'étang, il s'empressera de la jeter dans l'eau sans connaître les conséquences tragiques d'un acte aussi inconscient. Fin du Spoiler. La force dramatique du récit émane justement de sa caractérisation en quête identitaire et de paternité car ne sachant différencier le Bien du Mal depuis sa brutale résurrection. Qui plus est, avec le cerveau d'un ancien criminel, la créature extériorise des pulsions de haine face à l'autorité de l'homme incapable de comprendre son désarroi dans sa position martyrisée ! A travers sa condition d'estropié par la mégalomanie du savant (Colin Clive semble littéralement habité par la folie dans son regard monolithique !), James Whale aborde le sens de la responsabilité parentale et celui de l'éducation lorsque l'innocence se retrouve destituée de soutien et de personnalité. Spoiler ! Pourchassé par les villageois comme un vulgaire criminel depuis la découverte macabre de la fillette, il s'enfuit désespérément dans la forêt, tel un enfant apeuré par la folie vindicative, avant de trouver refuge dans un moulin rapidement incendié. Fin du Spoiler.


    Oeuvre charnière pour le genre horrifique, Frankenstein puise sa densité dans l'originalité d'un pitch mettant en exergue la dimension humaine d'une créature livrée à l'intolérance et l'instinct violent de l'homme. Baignant dans un noir et blanc aux éclairages crépusculaires et entièrement dénué de musique, la forme adopte une ambiance baroque que la prestance exceptionnelle de Karloff va renforcer avec symbolisme. 

    Bruno Matéï
    3èx

    mardi 28 octobre 2014

    CABAL. Director's Cut. (Nightbreed). Prix Spécial du Jury, Avoriaz 91.

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site geekchunks.com

    de Clive Barker. 1990. Angleterre. 2h01 (Director's Cut). Avec Craig Sheffer, Anne Bobby, David Cronenberg, Hugh Quarshie, Charles Haid, Doug Bradley, Oliver Parker, Hugh Ross, Catherine Chevalier.

    FILMOGRAPHIE: Clive Barker (né le 5octobre 1952, est un romancier britannique, peintre et cinéaste (réalisateur, scénariste et producteur).
    1973: Salome. 1978: The Forbidden. 1987: Hellraiser. 1990: Cabal. 1995: Maître des Illusions (le)

    Récompenses:
    . Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam 1990.
    . Prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1991.


    Trois ans après la révélation Hellraiser, Clive Barker transpose à nouveau l'un de ses romans pour transcender la monstrueuse parade d'un bestiaire flamboyant. Echec public et commercial lors de sa sortie, d'autant plus discrédité d'une version tronquée de plus de 20 minutes par les producteurs, Cabal renait aujourd'hui de ses cendres dans une version Director's cut beaucoup plus épique et cohérente. De par l'action encourue lors de son ultime point d'orgue, par le traitement réservé au tueur en série et le cheminement divin de son héros partagé entre l'amour d'une compagne et le devoir de préserver un peuple opprimé. Sur ce dernier point, la caractérisation humaine du couple s'avère d'ailleurs plus romanesque dans leurs sentiments contradictoires à prévaloir l'union conjugale. Perturbé par de récurrents cauchemars auquel il se transpose dans la cité de Midian, refuge de monstres de tous horizons, Boon consulte le psychiatre Decker afin de comprendre les aboutissants de son obsession. Alors qu'un serial-killer sème la mort au sein de la ville, ce jeune patient est rapidement accusé d'en être le coupable, faute du stratagème perfide de son médecin. Abattu par la police lors d'une confrontation musclée, il finit par rejoindre les habitants de la cité de Midian dans sa condition de martyr ! 


    Véritable déclaration d'amour aux Monstres où le droit à la différence s'avère le pivot de l'intrigue, Cabal allie conte mythologique et horreur sanglante sous couvert d'action homérique. C'est tout du moins ce qu'impose sa dernière partie beaucoup échevelée dans ce Director's Cut faisant honneur au lyrisme, quand bien même la visite de Lori dans les catacombes s'avère plus imposante afin de mieux contempler la cohabitation du bestiaire humain. Esthétiquement fulgurant et pourvu de remarquables maquillages afin de parfaire la physionomie des monstres hybrides, Cabal envoûte dans l'authenticité de son univers séculaire exploitant avec originalité mythes et légendes dans un contexte moderne. Quand bien même l'icône du fameux serial-killer renoue avec le slasher dans son accoutrement masqué et la vague de meurtres qu'il commet sans vergogne. Outre son instinct sadique à commettre les exactions sur d'innocentes victimes, il s'avère ici contrarié par l'existence des Freaks confinés dans les sous-sols de Midian. Alors que Lori tente de retrouver les traces de son compagnon, Decker va tenter par orgueil démesuré de tout mettre en oeuvre afin d'éradiquer les monstres parmi le soutien de la police. Avec dérision, Clive Barker ironise dans la caricature allouée au tueur, sachant que derrière le masque se planque un éminent psychiatre atteint de maladie mentale ! (Cronenberg s'auto-parodiant avec cynisme non simulé !). Quand aux forces de l'ordre, elles sont ici réduites à la brutalité et l'intolérance de leurs actes totalitaires, quand bien même un prêtre incrédule préfère se rapprocher auprès de la foi éternelle du Cabal. Sous un déluge de feu et d'action, les rapports antinomiques du Bien (les monstres) et du Mal (les humains) vont amener à se confronter afin d'emporter la mainmise ! 


    Freakshow
    Oeuvre infortunée depuis sa sortie, et ce malgré son Prix Spécial du Jury décerné à AvoriazCabal brille aujourd'hui de 1000 feux dans sa version finale beaucoup plus cohérente et fastueuse. Illustrant avec ambition un univers mythologique où le morbide côtoie la féerie sous alibi du divertissement, Clive Barker réussit à transposer son roman avec souffle épique et dimension humaine des rebuts d'une société animale.  

    Bruno Matéï
    28.10.14. 4èx
    18.07.11. 

    vendredi 24 octobre 2014

    L'Impasse aux Violences / The Flesh and the Fiends

                                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site tvclassik.com

    de John Gilling. 1960. Angleterre. 1h37. Avec Peter Cushing, June Laverick, Donald Pleasance, George Rose, Renee Houston, Dermot Walsh, Billie Whitelaw.

    Sortie salles Angleterre: 2 Février 1960

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Gilling est un réalisateur et scénariste anglais, né le 29 Mai 2012 à Londres, décédé le 22 Novembre 1984 à Madrid (Espagne).
    1957: Pilotes de haut-vol. 1958: Signes particuliers: néant. 1959: L'Impasse aux Violences. 1961: Les Pirates de la Nuit. 1962: L'Attaque de San Cristobal. 1966: L'Invasion des Morts-Vivants. 1966: La Femme Reptile. 1967: Dans les Griffes de la Momie. 1975: La Cruz del diablo.


    "Ceci est l'histoire d'hommes et d'âmes damnés. C'est une histoire de vice et de meurtre. Nous n'avons pas d'excuses à faire aux morts. Tout est vrai." 

    Seconde adaptation de l'histoire vraie des tueurs en série Burke et Hare ayant sévi dans l'Angleterre du 19è siècle, l'Impasse aux violences retrace leurs exactions criminelles pour le compte d'un éminent médecin, le Dr Knox. Afin de progresser dans sa recherche médicale, ce dernier se motivait à disséquer des cadavres que les lurons exhumèrent des cimetières pour une poignée de guinées. Seulement, plus le corps était fraîchement décédé, plus la récompense augmentait. Les deux malfrats décidèrent donc de passer au meurtre afin de combler les attentes du docteur. Cette histoire sordide soigneusement documentée, John Gilling nous la dépeint avec souci de réalisme et d'intensité dramatique afin de souligner le caractère pathétique d'une telle convoitise. De par la moralité corrompue d'un médecin trop orgueilleux pour se rendre à l'évidence de la gravité des méfaits exercés pour le progrès médical, et par le portrait crapuleux imparti à deux criminels englués dans leur médiocrité.


    A ce titre, les interprétations de June Laverick et Donald Pleasance nous ébranlent dans leur cynisme à se fondre dans la peau de tortionnaires cupides vautrés dans le sadisme et la perversité. A travers leur dérive putassière déambulant dans les pubs bondés de poivrots et de prostituées, le réalisateur met en évidence la misère sociale qui affluait dans le Edimburg du 19è siècle. Outre l'aspect choquant des meurtres froidement exécutés, l'intrigue suscite d'autant plus la compassion pour les victimes lâchement exécutées qu'elle s'attarde notamment sur l'impossible histoire d'amour allouée entre un apprenti médecin et une jeune prostituée. Une autre manière de nous rappeler le constat de la déchéance humaine issue du désespoir et de la pauvreté, le fossé séparant la classe bourgeoise et celle des prolétaires dans leur mode de vie contradictoire. Autour de ces amants en crise identitaire et des prochains crimes à venir, le Dr Knox perpétue ses travaux malgré le chantage de certains chirurgiens délibérés à le poursuivre en justice pour ces méthodes marginales, et malgré l'affluence de cadavres qu'on lui ramène dans des conditions fructueuses. Par le biais du cheminement crapuleux de ces tueurs en série à la montée en puissance dramatique, John Gilling en profite pour brosser l'introspection morale d'un médecin obsédé par son métier mais perdant peu à peu pied avec l'éthique de ces aspirations personnelles. Jusqu'au jour une fillette va lui ouvrir les yeux pour le rappeler à la raison de l'humanité, du respect d'autrui et de la tolérance. Conspué par la population d'avoir été acquitté (là aussi le système judiciaire est à deux vitesses !), nous retrouvons un homme gagné par la dignité d'avoir enfin pris conscience de ses erreurs professionnelles et de sa culpabilité. Dans ce rôle poignant, Peter Cushing livre un de ses rôles les plus intenses pour endosser l'éminent médecin partagé entre devoir professionnel et éveil de conscience pour la valeur de l'âme et le respect des défunts.


    D'une puissance émotionnelle aussi rigoureuse que poignante, à l'instar de sa violence parfois insupportable (interdit au - de 18 ans à l'époque !), L'Impasse aux Violence privilégie le drame humain sous couvert d'une horreur crapuleuse. Mis en scène avec brio et rehaussé de dialogues ciselés, cet authentique chef-d'oeuvre doit autant à la gravité de son histoire véridique qu'aux interprétations hors-pairs de June Laverick, Donald Pleasance et Peter Cushing. 

    Bruno Matéï
    3èx
    24/10/14
    09/04/02

    jeudi 23 octobre 2014

    LA MAISON AUX FENETRES QUI RIENT (La Casa dalle finestre che ridono).

                                                                             Photo scannée appartenant à Bruno Matéï

    de Pupi Avati. 1976. Italie. 1h50. Avec Lino Capolicchio, Francesca Marciano, Gianni Cavina, Giulio Pizzirani, Bob Tonelli, Vanna Busoni.

    Sortie salles Italie: 16 Août 1976

    Récompense: Prix de la Critique au Festival du film fantastique de Paris, 1977.

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Pupi Avati est un réalisateur italien, né le 3 Novembre 1938 à Bologne. 1970: Thomas e gli indemoniati. 1970: Balsamus, l'homme de Satan. 1975: La mazurka del barone, della santa e del fico fiorone. 1976: La Cage aux minets. 1976: La Maison aux Fenêtres qui rient. 1977: Tutti defunti... tranne i morti. 1983: Zeder. 1984: Une saison italienne. 1991: Bix. 1992: Fratelli e sorelle. 1993: Magnificat. 1994: L'amico d'infanzia. 1994: Dichiarazioni d'amore. 1996: L'arcano incantatore. 1996: Festival. 1997: Le Témoin du marié. 1999: La via degli angeli. 2001: I cavalieri che fecero l'impresa. 2003: Un coeur ailleurs. 2004: La rivincita di Natale. 2005: Ma quando arrivano le ragazze ? 2005: La Seconda notte di nozze. 2007: La cena per farlu conoscere. 2007: Il Nascondiglio. 2008: Il papa di Giovanna. 2009: Gli amici del bar Margherita. 2010: Il figlio più piccolo. 2010: Una sconfinata giovinezza. 2011: Le Grand coeur des femmes.


    "Les couleurs, mes couleurs, elles coulent de mes veines. Elles sont si douces mes couleurs... aussi douces que l'automne, aussi chaudes que le sang. Elles sont lisses comme la pureté. Elles s'introduisent dans le corps des gens. Elles se propagent comme une infection. Mes couleurs..."

    Prix de la critique au Festival du film Fantastique de Paris, La Maison aux Fenêtres qui rient n'a pas volé sa réputation de classique horrifique du cinéma transalpin tant Pupi Avati s'est avisé à nous composer un scénario tordu des plus machiavéliques. Si la plupart des spécialistes emploie le terme Giallo afin de le qualifier, j'opterais personnellement pour le thriller Hitchcockien mâtiné d'une aura de souffre davantage malsaine dans l'amoralité du peintre entièrement voué à l'art de l'agonie. Un artiste, Stefano, est convié à rénover une fresque dans l'église d'un petit village où la plupart des citadins semble occulter un lourd secret. 20 ans au préalable, un peintre avait concocté ce dessin représentant le martyr de San Sébastien. Mystérieusement disparu avec ses deux soeurs, il laisse derrière lui cette oeuvre morbide en déliquescence. Logé dans une étrange maison auquel une vieille dame est alitée, Stefano va être le témoin d'évènements étranges et meurtriers. 


    Baignant dans une atmosphère d'inquiétude latente, Pupi Avati privilégie ici le suspense en ascension parmi l'investigation de notre héros confronté à une série d'épisodes nébuleux. Qui plus est, avec la participation de témoins aussi sournois qu'équivoques, Stefano est contraint de ne compter que sur lui afin de résoudre ces disparitions inexpliquées (celle du peintre, des soeurs et de certains de ces amis) et surtout tenter de découvrir quel secret pourrait dévoiler la fresque. En empruntant les codes de la demeure hantée (cadavres inhumés sous terre, maison poussiéreuse tapis dans la pénombre, porte grinçante, volets qui claquent) et ceux du thriller (présence invisible épiant le héros, meurtres en série, témoins suspicieux, disparition de preuves), le cinéaste brouille les pistes pour mieux nous perdre dans le dédale d'une intrigue aussi sarcastique que macabre. Emaillé d'indices au compte-goutte et de trouvailles originales (la maison aux "fenêtres qui rient" et son fameux point d'orgue cumulant les twists cinglants), le film prend son temps de distiller une atmosphère anxiogène au fil du cheminement de note héros. Un artiste indécis sévèrement malmené par son entourage où le satanisme semble asservir toute la région, mais trouvant néanmoins soutien avec la romance d'une jeune enseignante. Pourvu d'une photographie soignée oscillant les clair-obscurs d'un environnement nocturne et le cadre solaire d'une campagne abritant des foyers archaïques, Pupi Avati prend également soin de peaufiner une ambiance tantôt attrayante tantôt ombrageuse (voire même parfois onirique dans ces éclairages verts ou azur). Si les dialogues pâtissent d'une certaine maladresse et que certains seconds-rôles ont tendance à surjouer, la force de l'intrigue s'avère si bien ciselée pour distiller poussées d'angoisse et d'effroi qu'on passe outre son manque de crédibilité.  


    Atmosphérique par son ambiance typiquement latine et brillamment charpenté dans l'investigation de notre héros opposé à une révélation traumatique, La Maison aux Fenêtres qui rient confronte thriller et épouvante à l'aide d'un onirisme morbide singulier (les couleurs de l'art se mêlant à l'odeur de la mort !). A l'instar de son inoubliable générique introductif en mode sépia illustrant un martyr à l'agonie lardé de coups de couteaux ! Filmé au ralenti afin de schématiser la souffrance de l'homme nu ligoté en hauteur, ce prologue perturbant fait finalement écho au châtiment sardonique de sa conclusion !

    Bruno Matéï
    3èx

    mardi 21 octobre 2014

    KISSED. Meilleur Film, Meilleure Actrice, Meilleur Réalisateur, Malaga 98.

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site rogerebert.com

    de Lynne Stopkewich. 1996. Canada. 1h18. Avec Molly Parker, Peter Outerbridge, Jay Brazeau, James Timmons, Jessie Winter Mudie, Annabel Kershaw.

    Sortie salles France: 15 Avril 1998. Canada: 7 Septembre 1996

    FILMOGRAPHIELynne Stopkewich est une réalisatrice, scénariste et productrice canadienne, née en 1964 à Montréal (Quebec). 1996: Kissed. 2000: Suspicious River. 2004: The Life (télé-film).


    Auteur de deux uniques longs-métrages, de quelques séries TV et d'un télé-film, Lynne Stopkewich est une réalisatrice aussi discrète que méconnue du grand public. Sorti dans l'indifférence générale, son premier film, Kissed, s'est pourtant vu attribué de quelques récompenses au sein de son pays initial, quand bien même une poignée de cinéphiles aguerris le désignèrent comme film culte. Production indépendante particulièrement audacieuse dans son anticonformisme d'aborder un sujet aussi sulfureux, Kissed traite de la nécrophilie avec une sensibilité prude quasi sensorielle. A 100 lieux donc des débordements trash du scandaleux Nekromantik, le film épousant la carte de la subtilité pour mettre en exergue l'obsession grandissante d'une nécrophile éprise d'amour avec l'au-delà. Le Pitch: Depuis son enfance, Sandra voue une véritable fascination pour les cadavres d'animaux fraîchement décédés. A l'aube de sa maturité, elle décide de se faire embaucher auprès d'un funérarium afin d'apprendre le rituel de l'embaumement. Toujours plus attirée par la sensualité de la mort, elle passe à l'acte sexuel sur un cadavre masculin. Un jour, elle fait la connaissance de Matt, un étudiant en médecine intrigué par sa beauté et son expérience professionnelle. Vierge avec un être vivant, elle se laisse céder à l'idylle pour tenter avec lui un premier coït. Alors que Matt en tombe littéralement amoureux, Sandra s'en détache, faute de son penchant nécrophile pour la chair morte.



    Si à la vue du synopsis, on pouvait craindre la redite ou la complaisance avec un sujet aussi socialement inacceptable, Lynne Stopkewich s'en sort avec les honneurs afin d'y transcender un poème sur la sensualité de la mort et de l'au-delà spirituel. Pourvu d'une atmosphère aussi trouble que charnelle, le film réussit miraculeusement à nous fasciner par la beauté de ses images oniriques et par la posture de son héroïne, jeune enseignante discrète et timorée, tributaire de son amour pour les cadavres. Littéralement transie d'érotisme lorsqu'elle se met à violer un cadavre, Sandra plonge dans une extase si intense qu'elle réussit à percevoir la lumière de l'âme du défunt au-delà de leurs souvenirs intimes. Parmi la présence blême de l'étrange Molly Parker, l'actrice réussit à insuffler une incroyable acuité humaine lors de son trouble mental où la perversité n'a pas lieu d'être. Car dans son désir d'enlacer la mort avec curiosité émotionnelle, Sandra éprouve une affection si pure et viscérale qu'on lui pardonne vite sa déviance morbide. Mais là où l'oeuvre marginale devient toujours plus envoûtante et captivante, c'est également auprès de la romance impossible amorcée entre Sandra et Matt, ce dernier étant littéralement asservi par ses sentiments amoureux. Hormis un cheminement narratif prévisible, l'évolution ambiguë de leur rapport atteindra son apogée Spoiler !!! lorsque Matt décide de se suicider afin de gagner l'amour de Sandra ! Fin du Spoiler.


    Danse avec la Mort
    D'une beauté sensuelle aussi diaphane qu'ensorcelante, Kissed se décline en poème lyrique sur la plénitude de la mort du point de vue amoureux. L'état de sérénité suprême lorsqu'une nécrophile a puisé les derniers fluides vitaux de son cadavre pour vivre également une expérience avec l'au-delà ! Intimiste, beau et fragile, le film réussit l'exploit de nous séduire en dépit de sa déviance scabreuse pour nous transporter au sein d'un voyage érotique incandescent. A découvrir d'urgence car il s'agit à mon sens du plus beau film jamais traité sur la nécrophilie. Rien que ça. (D'ailleurs il eut l'honneur d'avoir été diffusé sur Canal + si je ne m'abuse dans les années 90).

    *Bruno
    2èx

    Récompenses: Meilleur long-métrage au Festival de Toronto, 1996
    Meilleur nouveau réalisateur de l'Ouest canadien pour Lynne Stopkewich.
    Prix Génie: Meilleure Actrice pour Molly Parker
    Meilleure Actrice pour Molly Maker, Meilleur Réalisateur pour Lynne Stopkewich, Meilleur Film au Festival de Malaga, 1998.