vendredi 10 octobre 2014

Nuits de Cauchemar / Motel Hell

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemaknifefight.wordpress.com

de Kevin Connor. 1980. U.S.A. 1h45. Avec Rory Calhoun Nancy Parsons, Nina Axelrod, Wolfman Jack, Elaine Joyce, Monique St. Pierre.

Sortie salles France: 19 Novembre 1980. U.S: 18 Octobre 1980

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni). 1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres. 


"On ne revoit pas les classiques systématiquement par devoir ou par respect, mais plutôt par amour."
Spécialiste de l'aventure fantastique tous publics (le 6è Continent, Centre Terre, 7è continent, Le Continent Oublié, les 7 Cités d'Atlantis, le Trésor de la Montagne sacrée) alors qu'il se fit connaître avec l'excellente anthologie horrifique (Frissons d'outre-tombe), Kevin Connor renoue à son premier amour avec le cultissime Nuits de Cauchemar. Film d'horreur semi-parodique imprégné d'humour noir, cette farce macabre marqua toute une génération de cinéphiles par le truchement de son concept insolite culminant vers un duel à la tronçonneuse que personne n'attendait ! Le PitchPropriétaires d'un motel et fermiers réputés pour la fabrication artisanale de leur viande fumée, Vincent et sa soeur kidnappent des touristes pour les enterrer vivant dans un jardin secret. Mais après avoir sauvé la vie d'une jeune fille lors d'un accident de moto et l'avoir recueilli chez lui, la vie de Vincent en est perturbée depuis que cette dernière lui avoue ses sentiments, et ce en dépit de la jalousie grandissante de sa soeur. Avec un pitch aussi grotesque que débridé, Nuits de Cauchemar ne peut qu'enthousiasmer le fantasticophile avide d'histoires singulières si bien que Kevin Connor redouble d'ironie auprès des sarcasmes du duo psychopathe raillant plaisamment leurs victimes, comme des extravagances de certains seconds-rôles égrillards.


Sur ce dernier point, je pense en priorité au couple de touristes venus louer une chambre pour pratiquer leurs jeux sado-maso parmi la complicité des fermiers prêts à les alpaguer. Ou encore la présence envahissante du shérif du coin (le frère de Vincent), épris également d'amour pour la jeune rescapée mais toujours aussi empoté à tenter de la courtiser. On est également surpris du caractère résolument attachant des meurtriers anthropophages dans leur bonhomie à accueillir leur clientèle autour d'un charmant cadre bucolique, et ce en dépit de leurs inexcusables exactions exercées la nuit tombée. En prime, leur volonté d'éluder la souffrance des victimes avant l'abattage et la raison écolo pour laquelle ils décident d'en cuisiner leur chair renforcent le caractère altruiste de leur déontologie avec un humour impayable. Enfin, parmi la romance entamée entre la rescapée et le sexagénaire Vincent, on se prend d'une certaine empathie pour leur liaison improbable du fait de leur différence d'âge et de la pathologie régressive de ce dernier faisant de l'oeil à Norman Bates de Psychose. Bien évidemment, au-delà de la sympathie qu'exercent tous ces personnages sciemment déjantés, l'aspect jouissif de Nuits de Cauchemar émane surtout des hallucinants effets de surprise macabres lorsque les victimes enterrées s'efforcent d'écrier des râles de mécontentement dans leur condition de "légume". Des séquences d'anthologie vues nulle part ailleurs et rien que pour ces audaces génialement saugrenues (mais aussi un tantinet déstabilisantes auprès de sa bande-son malaisante), Nuits de Cauchemar est à ne rater sous aucun prétexte. 


Soutenu de la mélodie suave de Lance Rubin dans toutes les mémoires, Nuits de Cauchemar ne cesse d'impliquer la sympathie parmi l'exubérance de ses personnages hors-sol et de son concept meurtrier littéralement incongru (euphémisme). Ajoutez à cela une ambiance macabre des plus insolites, une pincée de gore vers son point d'orgue belliqueux étonnement à contre emploi et un humour noir plutôt corsé et vous obtenez une farce sardonique d'une inépuisable fringance impossible à égaler. 

*Bruno 
5èx. Vost

jeudi 9 octobre 2014

UNE FEMME SOUS INFLUENCE (A Woman Under the Influence)

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site gallerytheimage.com

de John Cassavetes. 1974. U.S.A. 2h17. Avec Gena Rowlands, Peter Falk, Fred Draper, Lady Rowlands, Katherine Cassavetes, Matthew Laborteaux, Matthew Cassel, Christina Grisanti.

Sortie salles France: 20 Septembre 1974. U.S: 14 Avril 1974.

FILMOGRAPHIE: John Cassavetes est un réalisateur, scénariste et acteur américain, né le 9 Décembre 1929 à New-York, décédé le 3 Février 1989 à Los Angeles.
1959: Shadows. 1961: Too late blues. 1963: Un Enfant attend. 1968: Faces. 1970: Husbands. 1971: Minnie et Moskowitz. 1974: Une Femme sous Influence. 1976: Meurtre d'un bookmaker chinois. 1978: Opening Night. 1980: Gloria. 1984: Love Streams. 1985: Big Trouble.


Drame conjugal d'une intensité rigoureuse, Une Femme sous Influence traite de la crise au sein du couple lorsqu'une mère de trois enfants finit par sombrer dans la démence. Mariée à un contre-maître beaucoup plus présent sur le chantier qu'au foyer, Mabel finit par perdre pied avec sa réalité, faute d'une solitude trop lourde à gérer malgré la compagnie insolente de ses charmants bambins. Sans oser dévoiler à son mari sa réticence d'accepter au foyer ses collègues de chantier pour un dîner amical, Mabel réveille l'inconscience de sa rancoeur en adoptant l'attitude d'une femme effrontée aux penchants alcooliques.    


Spécialiste du cinéma-vérité, John Cassavetes nous autopsie l'intimité d'un couple à la manière d'un documentaire pris sur le vif. Sa mise en scène méticuleuse auscultant les tourments des amants devant le témoignage familial avec une indiscrétion dérangeante. Car dévoués corps et âme pour retranscrire leurs émotions, les comédiens vivent plus qu'ils ne jouent leur expérience humaine sans jamais faire preuve de pathos tape à l'oeil. Il faut dire que dans le rôle de Mabel, Gena Rowlands livre une interprétation viscérale aussi vertigineuse qu'éprouvante dans sa difficile convalescence à s'extraire de sa névrose. Bouleversante car sidérante de fragilité névralgique, l'actrice retransmet une telle vérité humaine que l'on éprouve le même malaise que les protagonistes observant de manière impuissante sa déchéance mentale. Dans la peau d'un époux renfrogné trop irascible car agissant souvent sous l'impulsion avant de réfléchir, Peter Falk parvient à lui donner la réplique avec autant d'intensité dans sa posture de machiste lourdement contrarié. Un prolétaire courageux plutôt respecté par son entourage et débordant d'amour envers son épouse mais sur la réserve lorsqu'il s'agit de lui communiquer ses sentiments ou lui offrir l'aplomb nécessaire afin d'assainir sa conduite morale. Etalé sur une durée de 2h27, cette confrontation rigoureuse d'un couple en perdition est entièrement dédiée à leur fracture psychologique alors que les témoignages amicaux et familiaux se contraignent de les soutenir en tant que simples spectateurs.


Drame intimiste d'un couple en crise identitaire, Une Femme sous Influence dresse l'introspection d'une femme fragile de sa condition désaxée et nous dévoile les conséquences de la solitude et de l'incommunicabilité lorsque deux amants atrabilaires sont incapables de canaliser leurs émotions.
Un grand moment de cinéma-vérité porté par un réalisateur en acmé et un acte d'amour alloué à un duo de comédiens hors-pair !


Bruno Matéï
3èx

PER UN PUGNO DI SPAGHETTI (Pour une poignée de Spaghettis). Court-Métrage.


Un court-métrage de Pascal Frezzato. 2014. France. 10'14". Avec Bruno Dussart, Patrick Lalande, Adrien Erault, Christophe Masson, Dominique Botras

FILMOGRAPHIE: Pascal Frezzato est un réalisateur français de court-métrage, né le 4 Décembre 1972.
2010/11: Predator. 2012: Le Règne des Insectes. 2013: Memory of the dead. 2014: Pour une poignée de Spaghettis.


Duel: combat par les armes soumis à des règles précises dans l'opposition de deux adversaires, l'un demandant à l'autre réparation pour une offense ou un tort.

Après avoir traité de manière intimiste le drame post-apo (le Règne des Insectes) et l'horreur gore chère au zombie movie (Memory of the Dead), Pascal Frezzato change de registre pour rendre hommage au western spaghetti avec Pour une poignée de Spaghettis. D'une durée minimaliste de 10 minutes, l'intrigue se concentre uniquement autour d'un duel inéquitable échangé entre un Etranger et un quatuor de rebelles. L'intérêt de l'enjeu résidant dans l'éventuelle raison de leur confrontation, quand bien même le cinéaste s'entache à mi-parcours de bouleverser la donne par le biais d'un revirement culotté. Bien entendu, je tairais toutes traces d'indices pour ne pas déflorer son rebondissement imprévu mais la réussite du métrage émane également de cette démarche pittoresque à vouloir dépoussiérer un pitch éculé. Qui plus est, pour renforcer le caractère décalé de la situation, la plupart des protagonistes adopte une démarche tantôt maladroite, tantôt excentrique afin de provoquer amusement et hilarité.


Si les comédiens amateurs cabotinent inévitablement, on peut vanter leur charisme viril tant Pascal Frezzato a pris soin de rendre crédible la posture distinguée de cow-boys hérités du western de Sergio Leone. Pour preuve, dans la peau de l'Etranger qu'incarne héroïquement Bruno Dussart, l'accoutrement du poncho qu'il porte avec flegme et une physionomie mal rasée sont volontairement calqués sur la stature de Clint Eastwood dans Pour une Poignée de dollars. Tous ces cow-boys font donc preuve d'un réel pouvoir attractif dans leur costume dissemblable et réussissent surtout à nous amuser dans leur mimique et gestuelle volontairement caricaturée. Pascal Frezzato faisant également appel à l'intensité de bruitages afin de renforcer la dérision de leur comportement mesquin. On peut aussi souligner le jeu crédible de Christophe Masson, en barbu à la gâchette facile, et celui d'Adrien Erault, en mexicain couard, tant ils parviennent à provoquer la facétie dans leur expression hébétée. Techniquement soigné, tant au niveau des cadrages, du champ contre-champs que des plans serrés, Pascal Frezzato est aussi adroit pour fignoler l'image d'une nature solaire, saturée ici de teintes ocres afin de coller au plus près de l'ambiance aride du western transalpin. Quant à l'influence musicale d'Ennio Morricone, non seulement elle harmonise instinctivement l'atmosphère d'insécurité mais se permet en outre d'en ébranler sans complexe les tons lors de l'ultime affrontement.


Avec ce troisième court-métrage à budget extrêmement dérisoire (500 euros !), Pascal Frezzato honore le système Z dans sa volonté intègre de rendre hommage et de divertir parmi la complicité de comédiens amateurs au charisme plein de charme. La cocasserie qui émane de leur extravagance et l'incroyable revirement accordé à la chute de l'histoire risquent à coup sur de conquérir le public, partagé entre bouffonnerie et hilarité ! Scrupuleux dans sa mise en scène bricolée et plein d'affection pour ses personnages, on sent bien que l'auteur voue un indéniable amour à ses pistoleros bourrus et il le fait dignement savoir ici avec une fantaisie irrésistible !  

Un grand merci à Pascal Frezzato, Philippe Blanc et toute l'équipe du film ! 
Bruno Matéï

P.S: Le court-métrage est disponible ici : http://www.dailymotion.com/…/x28si2w_per-un-pugno-di-spaghe…
La seconde partie ici: https://www.dailymotion.com/…/x3eye27_per-un-pugno-di-spagh…

La critique du Règne des Insectes (le): http://brunomatei.blogspot.fr/2012/08/le-regne-des-insectes_13.html
La critique de Memory of the deadhttp://brunomatei.blogspot.fr/2013/11/memory-of-dead-court-metrage.html

                                       

mercredi 8 octobre 2014

ROMEO IS BLEEDING

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

de Peter Medak. 1993. U.S.A/Angleterre. 1h49. Avec Gary Oldman, Lena Olin, Annabella Sciorra, Juliette Lewis, Roy Scheider, Michael Wincott.

Sortie salles France: 2 Mars 1994. U.S: 4 Février 1994

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Peter Medak est un réalisateur et producteur hongrois, né le 23 Décembre 1937 à Budapest (Hongrie).
    1980: L'Enfant du Diable. 1981: La Grande Zorro. 1991: L'âge de vivre. 1993: Romeo Is Bleeding. 1998: La Mutante 2.


    En pleine vogue du polar rouge sang inauguré par Tarantino (Reservoir Dogs), Peter Medak, réalisateur attitré d'un authentique chef-d'oeuvre de l'épouvante (l'Enfant du Diable), nous propose avec Romeo is Bleeding une descente au enfers vertigineuse. Un film noir si cauchemardesque qu'il effleure parfois le genre horrifique avec un réalisme acéré. Jack Grimaldi, flic corrompu exerçant des transactions avec une mafia, va devenir la cible préférée d'une tueuse russe après avoir hésité de la supprimer sous l'autorité de ses malfaiteurs. Traqué et incessamment persécuté, il va devoir user de bravoure et subterfuge afin de déjouer la mafia et la criminelle lancés à ses trousses. Polar éprouvant s'il en est, Romeo is Bleeding est une farce vénéneuse imperturbable dans son cheminement macabre où les morts s'acheminent sous l'allégeance d'une redoutable criminelle. Portrait cinglant imparti à une misandre aussi dégénérée que perspicace, l'intrigue est majoritairement bâtie sur ses exactions crapuleuses où le masochisme pervers côtoie les étreintes sexuelles parmi la soumission de son amant.


    Pour incarner cette femme fatale au regard reptilien, Lena Olin transfigure l'une des mantes religieuses les plus terrifiantes jamais vues sur un écran ! Autant affirmer que l'actrice excelle dans son art (viscéral) de séduction à adopter la démarche d'une psychopathe cynique. Habitée par le fiel et l'arrogance pour railler la gente masculine, son parcours sanglant est établi en fonction de sa suprématie à berner les mâles infidèles et mafieux en tous genres ! En flic vénal multipliant les infidélités conjugales et les escroqueries financières, Gary Oldman lui partage la vedette avec une névrose toujours plus instable au fil de son parcours meurtrier. Sa partenaire l'incitant à l'occasion opportune de tuer certains rivaux gênants afin de lui faire porter le chapeau. Entre ses deux partenaires inflexibles, l'intrigue s'agence donc à la guerre des sexes, à l'épreuve de force, au défi du chat et de la souris qu'ils vont s'accorder avec sadomasochisme ! Au-delà de sa mise en scène parfaitement maîtrisée, Peter Medak fait appel aux dialogues ciselés afin de méditer sur l'influence du Mal, de la cupidité, des conséquences de la corruption, et sur l'idéologie précaire de l'amour ("nous appartenons à l'amour" et non l'inverse, évoquera Grimaldi en monologue !). Emaillé de rebondissements imprévisibles où la violence stylisée explose sans sommation, Romeo is Bleeding insuffle également une tension dérangeante dans la psychologie torturée de notre anti-héros sévèrement molesté. Cette traque sans répit échangée entre ces adversaires s'octroie par ailleurs de distiller un climat malsain proche du marasme, de par la perversité sadique octroyée à la dominatrice insatiable !


    Femme Criminelle
    Chef-d'oeuvre du polar malsain d'une cruauté insoupçonnée, Romeo is Bleeding fait aussi appel à la méditation pour dépeindre la dérive véreuse d'un flic à bout de souffle mais résolu à se raccrocher à l'absolution. Quant à la mécanique du thriller poisseux, Peter Medak transcende le portrait d'une criminelle narcissique avec une perversité viscérale aussi perturbante que terrifiante. 

    Bruno Matéï
    3èx

    mardi 7 octobre 2014

    Halloween 3, Le Sang du Sorcier / Halloween 3, Season of the Witch

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant à Cinemapassion.com

    de Tommy Lee Wallace. 1982. U.S.A. 1h38. Avec Tom Atkins, Stacy Nelkin, Michael Currie, Dan O'herlihy, Ralph Strait

    Sortie salles France: 9 Mars 1983. U.S:

    BIOGRAPHIETommy Lee Wallace (né le 06/09/1949) est un réalisateur, producteur, chef accessoiriste, monteur, chef décorateur et scénariste américain. C'est à lui que l'on doit la suite de Vampires, vous avez dit vampires ainsi que le télé-film Ca d'après Stephen King tandis qu'Halloween 3 était son premier essai derrière la caméra. Il a également été scénariste pour le film Amityville 2 et responsable du montage de Halloween de Carpenter.


    "Je vous demande de m'croire, je vous en prie croyez moi, arrêtez cette émission je vous en priie !!! Je vous en supplie, arrêtez là tout de suite !!! 
    Ca continue sur la 3è chaîne, je vous en prie, regardez la 3è chaîne, la 3è chaîne, elle continue, arrêtez là je vous en prie, pour l'amour du ciel, coupez tout, coupez tout, il n'y a pas de temps à perdre, arrêtez l'émission, j'vous en supplie, coupez coupez, je vous en supplie, arrêtez l'émission coupez, arrêtez, coupez, arrêtez, coupez, coupez, coooouuuuupeeeeeeeeeezzzzzzzzzzzzzzzzzz !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!"

    Troisième volet d'une franchise aussi notoire que les séries Vendredi 13 et FreddyHalloween 3, le sang des sorciers reste paradoxalement le volet le plus mal aimé de toute la saga. Une incompréhension d'autant plus illégitime qu'il s'agit d'une variation originale sur la fête celtique d'Halloween. Produit avec un budget de 2 500 000 $, il n'en rapporta finalement que 14 400 000 $ au box-office américain. Parmi les dix films de la saga, c'est celui dont le résultat financier fut le plus répréhensible. S'ajoutent à ce mauvais résultat des critiques particulièrement défavorables blâmant le caractère saugrenu de l'ensemble. Pourtant, si on élude le modèle de Carpenter, cet écart de conduite est à réhabiliter d'urgence tant il s'avère l'opus le plus couillu de la saga !
    Synopsis: Un ancien confectionneur de jouet travaillant pour la société Silver Shamrock se réfugie en panique à l'entrée d'un hôpital, un masque d'Halloween à la main. Dans la soirée qui suit son admission, un mystérieux individu vêtu d'un costume noir l'assassine de ses gants noirs en lui perforant les yeux. Le lendemain, la fille de la victime, Ellie, se confie près d'un médecin et lui avoue que son père semblait suspicieux envers la société pour qui il travaillait. Une entreprise dirigée par le directeur Conal Cochran, un irlandais exilé aux Etats-Unis. Après avoir sympathisé, le couple finit par se rendre dans une petite ville de Californie et découvre non loin de leur motel un entrepôt surveillé par d'étranges geôliers en costume noir. Ils ne vont pas tarder à faire la connaissance du maître des lieux: Conal Cochran, inventeur de génie fermement décidé à concocter une immense farce d'Halloween.


    En tant que scénaristes, Tommy Lee Wallace et Nigel Kneale remontent aux sources celtes de la traditionnelle fête d'Halloween où sacrifices humains étaient monnaie courante pour nous illustrer aujourd'hui une immense farce cynique d'une diabolique démesure. A titre d'exemple, se remémorer l'idée insensée qu'un magnat entreprend pour éradiquer la démographie mondiale s'avère proprement jouissive ! Si bien qu'après avoir fabriqué un mystérieux badge estampillé derrière des masques de Halloween, ce créateur utopiste épaulé de son armée d'androïdes planifient la plus impensable hécatombe de l'histoire de l'humanité. Ainsi, ils estiment exterminer des milliers d'enfants réunis devant leur poste de télévision car observant en état de transe un spot publicitaire le soir d'Halloween. Par le biais de l'écran, un message publicitaire envoie au moment propice un signal électronique vers les badges imprimés au dos des masques. Au déclenchement d'un rayon laser s'extirpe ensuite de leur masque insectes, arachnides et serpents qui liquéfieront la tête des bambins ! Ce concept narratif aussi insensé, cocasse et terrifiant est également accentué d'une ambiance génialement crépusculaire vers les plages d'accalmie ! Celle illustrée auprès d'une tranquille bourgade Californienne où un couvre feu contraint chaque citadin de rester cloîtrer chez eux la nuit tombée. En prime, l'excellente partition au synthé de John Carpenter et Alan Howarth harmonise à merveille ce climat inquiétant d'une ville régie par une obscure confrérie, quand bien même un jingle des plus malicieux est orchestré avec dérision cartoonesque afin d'y lobotomiser la population.


    Emaillé de séquences chocs impressionnantes car étonnamment réalistes, Tommy Lee Wallace  les utilisent parmi l'efficacité d'un script truffé d'idées et péripéties toujours plus alertes pour l'investigation davantage alerte de nos héros à bout de souffle. Le montage adroit étant également privilégié afin de ne pas déflorer l'astuce des trucages artisanaux dont le clou de l'horreur culmine avec la mort d'un enfant. Ce dernier faisant office de cobaye expérimental face au témoignage de ses parents et de l'industriel Cochran. Si bien que sous l'effet de la pub diffusée via l'écran TV, la tête du gosse fond littéralement sous la chaleur de son masque laissant s'extirper les traditionnels insectes et reptiles rampants ! Niveau cast résolument attachant, on retient surtout l'excellent Tom Atkins interprétant avec virilité le rôle d'un médecin divorcé épris d'alcool lors de soirées esseulées mais néanmoins scrupuleusement attentif à la tragédie d'un meurtre inexpliqué qui l'amènera à fréquenter une industrie véreuse. Secondé de la charmante Stacey Nelkin, l'actrice endosse la complicité d'une jeune maîtresse aussi fureteuse et investie dans sa quête personnelle de découvrir les raisons du décès de son paternel. Enfin, l'inquiétant (et oh combien magnétique !) Dan O'Herlihy adopte la carrure hautaine de l'inventeur de génie. Un sexagénaire vindicatif particulièrement cynique dans ses ambitions meurtrières à échelle mondiale afin de redorer un sang neuf à la tradition d'Halloween. Quelle immense blague macabre dans la finalité de ses ambitions malades !


    Hormis un ou deux couacs (notamment lorsque le héros parvient trop facilement à deviner les touches du clavier d'ordinateur afin d'éradiquer toute l'entreprise), Halloween 3, le sang du sorcier captive sans faillir grâce au délire de son scénario audacieux et à son ambiance ombrageuse magnifiquement scandée d'un score électro. Qui plus est, à travers cette satire où une organisation intégriste souhaite redorer l'ancienne coutume d'une fête celtique, Tommy Lee Wallace en profite pour railler la société de consommation et les effets pervers du contrôle des médias. A l'instar de son final nihiliste littéralement affolant, nous ne sommes pas prêts d'oublier cette planification meurtrière internationale signalée par notre tube cathodique. Attention chef-d'oeuvre ! 

    *Bruno
    18.08.23. 5èx. Vostfr
    07.10.14
    01.11.10


    lundi 6 octobre 2014

    LES 3 VISAGES DE LA PEUR (I Tre Volti della Paura / Black Sabatth)

                                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site tumblr.com

    de Mario Bava. 1963. Italie. 1h28. Avec Michèle Mercier, Lydia Alfonsi, Boris Karloff, Mark Damon, Susy Anderson. Jacqueline Pierreux, Milly Monti.

    FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


    Après avoir posé les bases du Giallo avec La fille qui en savait trop, Mario Bava s'essaie au film à sketch la même année avec une trilogie de l'épouvante, les 3 visages de la peur. De qualité inégale mais toujours transcendé par une réalisation appliquée où l'ambiance onirico-macabre prime, le film s'articule autour de trois personnages hostiles pour attiser la peur. Celui d'un tueur au téléphone harcelant son ancienne maîtresse, celui d'un vampire venu importuner une famille de paysans et celui du fantôme d'une vieille défunte délibérée à se venger auprès d'une infirmière qui lui avait dérobé une bague. 


    Le premier sketch, en mode thriller, joue la carte du huis-clos à suspense avec l'efficacité d'un scénario retors pourvu de deux rebondissements. Son intérêt résidant dans la découverte inopinée de la culpabilité de l'assassin, quand bien même l'entrée en scène d'un nouveau personnage va renouer avec l'enjeu de survie de l'héroïne malmenée. Spoiler !!! L'ironie de la conclusion voudra d'ailleurs que cette dernière sera finalement sauvée par l'anticipation du principal agresseur épris de rédemption ! Fin du Spoiler. Perfide et captivant, ce premier acte est également rehaussé d'un esthétisme raffiné au sein d'un appartement orné de broderie et de sculptures. La seconde histoire empreinte le schéma classique du vampire (on les prénomment ici les Wurdulacks d'après une légende russe !) venu contaminer un à un les membres d'une famille de paysans. Sans surprises mais pourtant envoûtant, le film vaut surtout pour la prestance caustique de Boris Karloff, assez impressionnant en vampire bourru multipliant les subterfuges auprès des victimes, et pour l'ambiance délicieusement onirico-gothique, notamment dans sa nature crépusculaire d'une nuit azurée ! Le troisième segment, le plus célèbre et meilleur des trois, titille autant les nerfs du spectateur que celui de l'infirmière lorsqu'un fantôme revanchard lui favorise la démence pour le vol d'une bague. Atmosphérique en diable par son climat de terreur sournois, Mario Bava privilégie habilement une bande-son inquiétante afin d'exacerber les bruits d'une goutte d'eau et d'une mouche qui iront importuner l'infirmière jusqu'à son domicile ! Ces deux éléments étant les conséquences maladroites de son vol lorsqu'elle s'était empressée de retirer une bague au doigt de la défunte. Lugubre mais aussi flamboyant dans la scénographie archaïque des demeures familiales, cette farce sardonique est également transcendée par les apparitions d'une mégère récalcitrante pourvue d'un rictus diabolique et d'un regard exorbité ! Sa présence mortifère peut d'ailleurs faire office d'icone incontournable dans le domaine d'une hantise spectrale.     


    Atmosphérique et stylisé dans ces décors magnifiquement éclairés où le moindre détail interpelle, les 3 Visages de la peur recourt à l'angoisse et à la terreur avec l'efficacité d'une réalisation studieuse quand bien même l'imagination des récits se mêle au caractère insidieux de l'humour noir. 

    Bruno Matéï
    3èx


    vendredi 3 octobre 2014

    BORDERLAND

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Zev Berman. 2007. Mexique/U.S.A. 1h45 (version longue). Avec Brian Presley, Rider Strong, Jake Muxworthy, Beto Cuevas, Martha Higareda, Sean Astin.

    Inédit en salles en France.

    FILMOGRAPHIE: Zev Berman est un réalisateur et scénariste américain.
    2003: Briar Patch. 2007: Borderland.


    Sorti directement en Dvd en pleine vogue du Tortur'Porn, Borderland s'inspire des méfaits authentiques d'une secte mexicaine dirigée par le gourou Adolfo Constanzo. Vers la fin des années 80, il kidnappa avec l'aide de ses disciples et de flics véreux des trafiquants de drogue pour les sacrifier lors de cérémonies. C'est à la suite de la disparition d'un jeune américain que la police Texane pu enfin découvrir leurs méthodes crapuleuses notamment mêlées au trafic de drogue. Mais afin d'éviter la prison, Adolfo Constanzo opta en dernier recours au suicide...
    De manière romancée, le film illustre la virée estivale de trois touristes américains près de la frontière mexicaine pour profiter d'alcool et de sexe parmi les prostituées du coin. Alors que Ed se prend d'amitié avec une serveuse de bar, un de ces compagnons disparaît mystérieusement après avoir absorbé des champignons hallucinogènes. Avec l'aide d'un policier revanchard, unique rescapé d'un guet-apens commis un an au préalable par le "grand-prêtre", Ed et ses amis tentent de retrouver sa trace.


    A la vue de son prologue radical où diverses tortures sont infligées sur un policier menotté devant le témoignage impuissant de son collègue, Borderland semble emprunter les sentiers balisés de l'horreur trash afin de répugner le spectateur. La séquence extrêmement violente adoptant réalisme cru et malaise diffus pour provoquer le haut-le-coeur sans céder toutefois à la complaisance facile. Si ensuite la virée touristique des jeunes américains semble calquée sur la série des Hostel, l'intrigue s'avère suffisamment captivante dans la gestion du suspense et parfois aléatoire dans le cheminement investigateur des héros pour s'y laisser embarquer. Outre l'étiquette "fait-divers" estampillée en début de générique, Borderland s'avère d'autant plus réaliste et insensé qu'il illustre avec acuité les motivations crapuleuses de véritables psychopathes originaires d'une secte mystique. Des assassins sans vergogne fanatisés par l'éthique de leur gourou qui iront commettre le rituel de sacrifices sur d'innocentes victimes ! Si le film insuffle une intensité émotionnelle davantage éprouvante, de par le sort réservé à deux autres victimes et par la tournure de son point d'orgue vindicatif, il le doit au caractère attachant des personnages pourvus de dimension humaine dans leur angoisses et leur désespoir de retrouver un ami sauf. En prime, l'atmosphère lourde et mystique qui règne autour de leur présence est notamment renforcée par une photo saturée mettant en valeur les décors exotiques d'une région mexicaine livrée à la corruption et aux forces du Mal.


    Grâce à sa réalisation aussi intelligente que soignée et à sa sobre interprétation, Borderland se tire honorablement des situations et comportements prévisibles afin de se démarquer du vulgaire Tortur'porn. Par l'entremise d'une intrigue improbable inspirée d'une histoire authentique, le film s'avère d'autant plus malsain, terrifiant et éprouvant qu'il privilégie une intensité dramatique lors du parcours précaire de nos héros tout en mettant en exergue la symbolique sataniste d'une tribu mexicaine avide de sang frais. 

    Bruno Matéï
    2èx

    jeudi 2 octobre 2014

    LES CHIENS DE PAILLE (Straw Dogs)

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Sam Peckinpah. 1971. Angleterre/U.S.A. 1h57. Avec Dustin Hoffman, Susan George, Peter Vaughan, T.P. McKenna, Del Henney, Jim Norton, David Warner,

    Sortie salles France: 9 Février 1972. U.S: 29 Décembre 1971

    Film classé R par le MPPA à sa sortie en salles aux Etats-Unis, classé X à sa sortie au Royaume-Uni, et interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salles en France.

    FILMOGRAPHIE: Sam Peckinpah est un scénariste et réalisateur américain, né le 21 Février 1925, décédé le 28 Décembre 1984. 1961: New Mexico, 1962: Coups de feu dans la Sierra. 1965: Major Dundee. 1969: La Horde Sauvage. 1970: Un Nommé Cable Hogue. 1971: Les Chiens de Paille. 1972: Junior Bonner. Guet Apens. 1973: Pat Garrett et Billy le Kid. 1974: Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia. 1975: Tueur d'Elite. 1977: Croix de Fer. 1978: Le Convoi. 1983: Osterman Week-end.


    "Ceux qui ont recours à la violence deviennent sourds au langage de la raison et aveugles aux réalités qui témoignent de sa nuisance." Logan Pearsall Smith.

    Considéré comme le film américain le plus controversé des seventies en terme d'ultra violence parmi ses confrères Orange Mécanique et Délivrance, Les Chiens de Paille reste sans doute l'oeuvre la plus éprouvante du trio de par son intensité requise où la folie meurtrière atteint son paroxysme lors d'un point d'orgue de règlements de compte. Le pitchUn couple de mariés s'installe dans une ferme anglaise, contrée natale de la jeune épouse. Afin d'arranger la toiture de leur grange, ils font appel à des ouvriers ne tardant pas à manifester leur attirance lubrique pour Amy, la femme du propriétaire. 
    Drame conjugal, survival et Vigilante movie se télescopent pour mettre en exergue le traitement de la discorde, de la violence et de l'instinct primitif enfoui en chacun de nous. Les Chiens de Paille s'édifiant en film "monstre", l'illustration radicale de la déchéance humaine lorsqu'une poignée d'insurgés sont soumis au rapport de force les poussant à commettre des actes irréparables. Profondément dérangeant et malsain (un sentiment trouble d'appréhension plane dans l'atmosphère jusqu'au carnage final), Sam Peckinpah nous entraîne ici dans une descente aux enfers, une dérive meurtrière jusqu'au-boutiste lorsqu'un mathématicien timoré et peu affirmé décide d'extérioriser sa colère afin de déjouer l'entêtement d'assaillants voulant pénétrer à l'intérieur de sa propriété.


    Précédemment mis au défi par sa femme immature l'ayant sollicité à lui prouver qu'il serait apte à  tenir tête à une bande de provocateurs, David profite de l'occasion pour lui démontrer son autorité et mettre en pratique une rébellion insoupçonnée afin de pouvoir gérer une situation de crise. Les conséquences de cet état de siège émanant de son soutien envers un villageois qu'il eut recueilli chez lui après l'avoir renversé avec son véhicule. En attendant le médecin et la police, il décide donc de le prémunir contre la menace d'alcoolos revanchards. Spoiler ! Mais le hic s'avère que cet individu déficient commis un meurtre accidentel auprès d'une adolescente. Fin du spoiler. Fermement persuadés qu'il s'agit bien du coupable, le père de cette dernière et ses acolytes décidèrent d'encercler la ferme afin de réparer justice. Si dans cette dernière partie on pouvait craindre que le récit allait bifurquer vers la vengeance expéditive du point de vue du mathématicien (son épouse ayant été préalablement violée par deux des ouvriers !), Sam Peckinpah renforce le malaise si bien que David se transforme en machine à tuer uniquement par esprit de défi afin de préserver Spoiler ! le meurtrier d'une adolescente. Fin du Spoiler. De par l'illustration crue du double viol commis précédemment, là encore le cinéaste impliqua un malaise trouble afin de souligner l'ambiguïté morale d'une jeune épouse instable et aguicheuse, partagée entre peur et dégoût d'une sexualité forcée et celui d'un soupçon de laxisme accordé à l'un de ces agresseurs (ce dernier s'avérant une de ses anciennes idylles). Ainsi, en illustrant le portrait de métayers alcoolos et pervers avec celui de la complicité d'une potiche puérile, notamment sollicitée à défier la virilité de son époux, Sam Peckinpah libère les conséquences dramatiques de leur bassesse humaine. Quand bien même l'intelligence du mathématicien (il élabore scrupuleusement des pièges mortels contre l'oppresseur !) renouera avec ses pulsions animales pour s'y défendre et leur prouver son assurance impérieuse.


    Chef-d'oeuvre de suspense d'une intensité rarement égalée à travers son paroxysme d'une fureur animale, Les Chiens de Paille éprouve jusqu'au malaise de par son cheminement pervers irréversible. Avec une rare lucidité dans la puissance de ces images viscérales et pour ces thèmes traités, il nous interroge sur l'influence de la violence et l'engrenage de l'auto-défense lorsque l'instinct primitif y réveille nos pulsions les plus morbides.   

    La critique du Remake 2011: http://brunomatei.blogspot.com/2011/12/les-chiens-de-paille-2011-straw-dogs.html

    Dédicace à Daniel Aprin
    Bruno Matéï
    4èx

    mercredi 1 octobre 2014

    THE CRAZIES (La Nuit des Fous-vivants)

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site silverferox.blogspot.com

    de Georges A. Romero. 1973. U.S.A. 1h43. Avec Lane Carroll, Will MacMillan, Harold Wayne Jones, Lloyd Hollar, Lynn Lowry, Richard Liberty.

    Sortie salles France: 5 Juillet 1979. U.S: 16 Mars 1973

    FILMOGRAPHIE: George Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York. 1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead.


    Réalisé 5 ans après la Nuit des Morts-vivant, The Crazies annonce déjà la couleur (blafarde) d'une apocalypse à venir avec Dawn of the Dead . Filmé dans l'urgence avec un réalisme proche du reportage, on y retrouve en effet cette même vigueur dans le sens du montage et dans l'agressivité de sa violence auquel une poignée de survivants sont ici amenés à se défendre contre la brutalité de militaires en combinaison blanche. Cette situation chaotique nous rappelant inexorablement le prologue cinglant de Zombie lorsqu'une milice arrogante donnait l'assaut au sein d'un ghetto afro-américain et Portoricain infesté de zombies ! Le pitchPlacé en quarantaine, la ville de Evans City se retrouve sous l'allégeance de la loi martial depuis qu'un virus eut infecté quelques citadins de la population. Rapidement, la situation dégénère lorsque certains des habitants refusent de se soumettre à leur autorité. Une poignée de cinq résistants décident de faire front en désespoir de cause en se réfugiant dans la campagne environnante. 


    Réalisé avec un budget dérisoire et incarné par des comédiens pour la plupart méconnus, The Crazies pâti d'une réalisation fauchée qui sied bien au caractère docu-vérité de l'entreprise. Ces défauts se combinant avec l'atmosphère réaliste d'une épidémie erratique auquel les habitants en sont tributaires. Fertile en action de par ses péripéties alertes pour l'enjeu de survie, l'intrigue s'attarde surtout à nous illustrer les conséquences maladroites d'une situation de quarantaine lorsque des militaires irascibles s'efforcent d'imposer leur dictature auprès d'une population livrée à l'absence d'informations pour le danger d'une contamination. Les victimes souffrant subitement de folie mentale puis meurtrière à la suite du crash d'un avion militaire ayant déversé un produit chimique sous la nappe phréatique. Une nouvelle fois, Georges A. Romero illustre avec réalisme caustique l'ambiance de folie permanente qui règne autour de la cause d'un virus tout en nous démontrant l'instinct destructeur de la nature humaine lorsque la peur et la panique les acheminent à une irrésistible paranoïa. Méfiance, inconfiance et incommunicabilité les amenant à ne compter que sur leur indépendance pour tenter de survivre face à une situation de crise rendue ingérable. En prime, l'affabulation politique est notamment mise en appui lorsque l'armée décide de se couvrir et mentir à l'opinion publique pour opter l'accident nucléaire plutôt que celui de l'arme chimique dont ils en sont les instigateurs.  


    Une satire mordante sur la peur de l'autre et de l'inconnu
    Efficacement troussé, terrifiant et subversif à travers son pamphlet contre la dictature politique et celui des armes chimiques, The Crazies joue la carte de l'action sanglante par le biais de résistants tous aussi corrompus dans leurs exactions d'auto-défense. En dépit de sa maladresse et du manque de maîtrise de la réalisation (ce qui renforce son côté docu), il n'en demeure pas moins une fascinante curiosité, notamment pour son portrait imparti à l'hypocrisie humaine discréditée de leur individualité, car redoutant la peur de l'autre et de l'inconnu. 

    *Bruno
    3èx

    mardi 30 septembre 2014

    L'HORRIBLE DR ORLOF (Gritos en la noche)

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

    de Jess Franco. 1962. Espagne. 1h27. Avec Howard Vernon, Conrado San Martin, Diana Lorys, Perla Cristal, Maria Silva, Ricardo Valle, Mara Laso.

    Sortie salles France: 1er Octobre 1962. U.S: 7 Octobre 1964. Espagne: 14 Mai 1962

    FILMOGRAPHIE: Jess Franco (Jesus Franco Manera) est un réalisateur espagnol, né le 12 Mai 1930 à Madrid, décédé le 2 Avril 2013.
    1962: L'Horrible Dr orlof.  1962: Le Sadique Baron Von Klaus. 1964: Les Maîtresses du Dr Jekyll. 1966: Le Diabolique Dr Zimmer. 1969: L'Amour dans les prisons des femmes. 1969: Justine ou les infortunes de la vertu. 1970: Les Nuits de Dracula. 1970: Le Trône de Feu. 1971: Vampyros Lesbos. 1972: Les Expériences Erotiques de Frankenstein. 1972: Dracula prisonnier de Frankenstein. 1972: La Fille de Dracula. 1973: Quartier des Femmes. 1973: Christina chez les Morts-Vivants. 1974: La Comtesse Noire. 1974: Eugénie de Sade. 1976: Jack l'Eventreur. 1980: Terreur Cannibale. 1980: Mondo Cannibale. 1981: Sadomania. 1981: Le Lac des Morts-Vivants (co-réal). 1982: L'Abîme des Morts-Vivants. 1982: La Chute de la maison Usher. 1988: Les Prédateurs de la Nuit. 2002: Killer Barbys.


    Fer de lance de l'âge d'or du fantastique ibérique, l'Horrible Dr Orlof est une déclinaison bisseuse du chef-d'oeuvre de Franju, les Yeux sans Visage. Considéré comme le meilleur film de l'intarissable Jess Franco, l'Horrible Dr Orlof confronte l'hommage direct à la Universal à d'autres références un peu plus récentes (le prélude semble suggérer l'ombre de Jack l'Eventreur avec cette prostituée éméchée divaguant dans une sombre ruelle !) sous une mise en forme vulgarisée d'horreur et d'érotisme. Soigneusement éclairé dans un joli noir et blanc et renforcé de décors gothiques parfois baroques, l'Horrible Dr Orlof possède une patine espagnole aussi particulière que la personnalité excentrique du cinéaste. Afin de redorer la beauté de sa fille défigurée, le Dr Orloff et son domestique Morpho kidnappent des jeunes filles pour expérimenter des greffes de peau. Grâce aux témoignages de certains badauds, la police établit deux portraits robots des potentiels agresseurs quand bien même le collier d'une disparue est retrouvé à proximité d'une rivière.


    Illustrant de manière quelque peu fantasque une horreur séculaire avec l'esprit décomplexé de gore timoré et de sexe audacieux (de par la gratuité imposée aux rares scènes de nudité !), l'Horrible Dr Orlof baigne dans une ambiance rétro quasi intemporelle ! Ce sentiment inédit de participer à une épouvante versatile est notamment renforcé par les présences grand-guignolesques d'Orloff et de son acolyte Morpho ! Howard Vernon endossant la défroque du chirurgien avec cabotinage d'orgueil et de vanité tandis que Ricardo Valle adopte le charisme du monstre mutique par le biais d'un regard exorbité. Franchement impressionnant par sa physionomie difforme balafrée d'une cicatrice, ce dernier réussit à insuffler un climat onirico-macabre particulièrement envoûtant autour de ses interventions. Le caractère naïf de l'entreprise est également renforcé par la maladresse des dialogues et de son humour parfois pittoresque (les témoignages des deux marginaux au poste de police) alors que Jess Franco exploite avec sincérité l'illustre trame de Franju dans l'unique but de divertir. La vigueur du récit alternant sans temps morts péripéties horrifiques, investigation et stratégie policière, discorde conjugale (l'épouse d'Orloff répugne de plus en plus son attitude immorale et égotiste) et intervention chirurgicale émane autant de l'efficacité de sa réalisation techniquement soignée.


    Classique notoire des années 60 annonçant l'émancipation du Fantastique Espagnol en passe de transgresser la violence horrifique, l'Horrible Dr Orlof est autant un délicieux hommage à l'épouvante archaïque qu'une perle bisseuse où l'insolite prime parmi l'exubérance des meurtriers.

    Bruno Matéï
    3èx

    lundi 29 septembre 2014

    MANSION OF THE DOOMED

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

    de Michael Pataki. 1976. U.S.A. 1h22. Avec Richard Basehart, Gloria Grahame, Marilyn Joi, Trish Stewart, Lance Henriksen, Al Ferrara.

    Récompense: Prix d'interprétation masculine pour Richard Basehart au Festival du Rex de Paris 1977

    FILMOGRAPHIE: Michael Pataki est un acteur, réalisateur et producteur américain, né le 16 Janvier 1938 à Youngstown (Etats-Unis), décédé le 15 Avril 2010 à North Hollywood.
    1976: Mansion of the Doomed. 1977: The Hardy Boys (série TV). 1977: Cinderella.


    Inédit en France, hormis son passage remarqué au Festival du Rex de Paris (Prix d'interprétation masculine pour Richard Basehart !), Mansion of the Doomed est une production Charles Band faisant parti du haut du panier grâce à son interprétation un peu plus convaincante que la traditionnelle et grâce à son ambiance putride issue des seventies, époque à laquelle il fut modestement conçu. A la suite d'un grave accident de voiture qui aura rendu sa fille aveugle, un chirurgien tente de multiples greffes sur des quidams imprudents afin de lui redonner la vue. En attendant le succès de ses expériences, les cobayes énucléés sont parqués dans une geôle au sous-sol de sa demeure. 


    Variation putassière des Yeux sans Visage de Franju, Mansion of the Doomed est le portrait type de la série B d'exploitation bâtie sur un pitch éculé uniquement prétexte aux débordements horrifiques. L'histoire répétitive (et parfois incohérente dans l'attitude illogique des meurtriers !) ne cessant de tourner en rond depuis que le chirurgien accumule les kidnappings afin de parfaire la nouvelle intervention chirurgicale parmi la complicité de sa femme. Paradoxalement, ce sentiment de redondance n'est en rien préjudiciable pour l'intérêt du spectateur puisque le réalisateur réussit efficacement à nous faire oublier sa routine par d'habiles rebondissements (la tentative d'enlèvement pratiquée sur une fillette, les deux témoins qui s'ensuivent compromis par la transaction du meurtrier, l'évasion inespérée d'une des prisonnières puis la sédition finale) et l'intrusion de nouveaux protagonistes livrés à la déchéance et à l'impuissance. En prime, le comportement sournois et immoral du couple de meurtriers participe notamment à la progression d'une atmosphère toujours plus malsaine. Car au fil des échecs successifs du praticien, le nombre croissant des victimes afflue au sein d'une prison confinée dans la pénombre. En observant ses exactions expérimentales, le climat glauque s'exacerbe au sein de sa luxueuse demeure, notamment lorsque le réalisateur succède aux conditions de vie miséreuses des prisonniers réduits à l'isolement et à l'esclavage. Epaulé d'effets spéciaux artisanaux de Stan Winston, les visions d'effroi émises sur les victimes impressionnent par l'aspect déliquescent de leur faciès même si les maquillages s'avèrent aujourd'hui perfectibles. A cet égard, la première séquence illustrant l'agression d'un prisonnier auprès de l'épouse du médecin s'avère percutante dans son effet de surprise improvisé et dans l'aspect morbide de l'assaillant réduit à la déchéance humaine. 


    Dénué d'ambition dans son format de série B au rabais si ce n'est que de divertir le spectateur avec sincérité et modestie d'une horreur réaliste, Mansion of the Doomed forge la sympathique curiosité largement favorisée par l'aspect poisseux d'un climat étouffant et de freaks réduits à la cécité. A découvrir !

    Merci à l'Univers Fantastique de la Science-Fiction
    Bruno Matéï

    Ci-dessous, une autre critique favorable: http://jeanmarcmicciche.blogspot.fr/2014/09/mansion-of-doomed-prix-dinterpretation.html