lundi 9 février 2015

HONEYMOON

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site rhinoshorror.com

de Leigh Janiak. 2014. U.S.A. 1h27. Avec Rose Leslie, Harry Treadaway, Ben Huber, Hanna Brown

Sortie US uniquement en Vod: 12 Septembre 2014

FILMOGRAPHIE:  Leigh Janiak est un réalisateur et scénariste américain.
2014: Honeymoon


Première réalisation de Leigh Janiak après sa sélection officielle à Gérardmer 2015, Honeymoon relate la lune de miel d'un couple d'amoureux dans un chalet champêtre. En plein milieu de la nuit, Paul surprend sa compagne Bea égarée dans la forêt. Prétextant une crise de somnambulisme, le couple tente d'oublier cet étrange incident. Mais au fil des jours, Paul commence à suspecter l'humeur versatile de son épouse, notamment ses pertes de mémoire inexpliquées. 


Production indépendante au budget minimaliste et constitué essentiellement de deux acteurs (si on épargne le 1er quart-d'heure !), Leigh Janiak emprunte la voie du huis-clos à partir d'un concept horrifique subtilement amené et à l'intersection de la science-fiction (les flashs de lumières aveuglantes que Paul observe de la fenêtre de sa chambre en cours de nuit !). Accordant toute son importance à la caractérisation humaine des deux protagonistes, Honeymoon puise sa force dans la remise en question du couple d'amoureux pris à parti avec une situation improbable et ne cessant de se contredire pour la quête de vérité. S'attardant dans un premier temps à surligner leur rapport affectueux dans des moments intimistes de tendresse et de vivacité, nous nous éprenons inévitablement de compassion avant que leur déchéance morale ne viennent nous tourmenter par leur discorde quotidienne toujours plus fébrile. Autour des ces rapports houleux, un climat anxiogène se fait toujours plus pesant lorsque Paul va rapidement déceler que le comportement farouche de son épouse risque de nuire à son état mental (notamment sa défaillance cognitive). Grâce au jeu naturel des comédiens alternant la fraîcheur de leur complicité et la contraction de la méfiance, l'intrigue suggère une inquiétude toujours plus tangible au fil de péripéties de plus en plus pessimistes. Tout l'intérêt résidant dans son suspense progressif et le climat oppressant d'observer méticuleusement leur déchéance morale face à une énigme inexpliquée. En prime, par le biais du refus du happy-end et un désir jusqu'au-boutiste de confronter ces amants au seuil de la folie, le point d'orgue, cauchemardesque et viscéral (une séquence malsaine pourrait d'ailleurs évoquer aux fans du genre un moment anthologique d'X-tro, sans compter son image finale !) risquera d'en dérouter plus un. 


En dépit d'un final irrésolu laissé en suspens (une manière autrement audacieuse d'entretenir le mystère !) et risquant de diviser une partie du public, Honeymoon s'avère suffisamment captivant, anxiogène et cauchemardesque par l'esthétisme de sa nature en demi-teinte (sérénité et opacité de la flore se confondent pour perdre nos repères !), et surtout par sa subtile mise en scène préconisant l'intensité d'un jeu d'acteurs inscrits dans la fougue des sentiments et l'emprise paranoïaque. Une découverte intéressante, honnête échantillon d'un Fantastique éthéré. 

Remerciement à Jacques Coupienne
Bruno Matéï


vendredi 6 février 2015

LE MANOIR DE LA TERREUR (The Blancheville Monster - Horror Castle - Horror - Demoniac)

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorpedia.com

d'Alberto De Martino. 1963. Italie/Espagne. 1h27. Avec Gérard Tichy, Leo Anchoriz, Ombretta Colli, Helga Liné, Iran Eory, Vanni Materassi, Francisco Moran.

Sortie Salles Italie: 6 Juin 1963. Espagne: 18 Mai 1964.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Alberto De Martino est un réalisateur et scénariste italien, né le 12 Juin 1929 à Rome.
1962: Les 7 Gladiateurs. 1963: Persée l'Invincible. 1963: Le Manoir de la Terreur. 1964: Le Triomphe d'Hercule. 1964: Les 7 Invincibles. 1966: Django tire le premier. 1967: Opération frère Cadet. 1968: Rome contre Chicago. 1969: Perversion. 1972: Le Nouveau Bosse de la Mafia. 1974: L'Antéchrist. 1977: Holocaust 2000


Inédit en salles en France mais sorti en Vhs au début des années 80 sous le titre Demoniac, Le Manoir de la terreur est ce que l'on peut citer une "perle gothique" du cinéma transalpin que l'éditeur Artus Films nous fait l'honneur d'exhumer via une édition Dvd de qualité. Prévenons tout de suite les amateurs néophytes de ne pas confondre avec le sympathique nanar Le Manoir de la Terreur réalisé en 1981 par Andréa Bianchi, puisqu'en l'occurrence il s'agit d'une oeuvre préalablement tournée en 1963 sous l'égide du vénérable Alberto De Martino (l'Antéchrist, Holocaust 2000). Accompagné de son ami, Emily part rendre visite à son frère auquel il est devenu propriétaire d'un château depuis la mort accidentelle de son père lors d'un incendie. Sur place, outre l'accueil froid de son confrère, elle établit la rencontre suspicieuse du majordome, de la gouvernante et du nouveau praticien. Un soir, des hurlements se font écho dans la nuit ! Son père serait finalement en vie secrètement caché dans l'enceinte du château, quand bien même Emilie va se retrouver confrontée au sacrifice pour le compte d'une prédiction ! 


Véritable bijou du Bis Gothique injustement méconnu et déconsidéré à son époque, Le Manoir de la Terreur fait la part belle à l'univers d'Edgar Allan Poe par son atmosphère lugubre ensorcelante régie autour de monuments historiques, et pour certains thèmes judicieux exploités au cinéma de cette époque (je pense particulièrement à Roger Corman pour La Chute de la Maison Usher et à L'Enterré Vivant). Transfiguré par un superbe noir et blanc contrastant avec l'architecture du manoir situé à proximité d'une abbaye en ruine et d'une chapelle, la nature environnante est également à l'appel pour nous enivrer dans sa facture étrangement poétique (à l'instar de cette forêt décharnée ou des songes obsédants fantasmés par Emilie !). Avec une volonté de styliser le cadre gothique, Alberto De Martino y compose parfois des tableaux d'un onirisme enchanteur (Emilie, hypnotisée par le monstre, traverse durant la nuit, telle un fantôme vêtu de blanc, une allée du château pour rejoindre l'abbaye et y contempler sa tombe !). Outre l'intensité de son climat ombrageux auquel le film baigne avec volupté, Le Manoir de la Terreur est rehaussé d'une intrigue criminelle machiavélique brouillant les pistes à souhait pour mieux nous égarer dans un dédale de faux coupables et simulacres. Alberto De Martino se délectant à nous manipuler dans la caractérisation insidieuse de protagonistes cachottiers tout en utilisant les ressorts dramatiques de victimes tourmentées et molestées. Alors que durant sa dernière partie davantage oppressante, les rôles vont subitement s'inverser pour enfin lever le voile sur le véritable traître et percer le mystère entourant la prophétie des Blackford. 


Sobrement interprété par des comédiens au charisme aristocratique jusqu'aux moindres seconds-rôles (je ne suis pas prêt d'oublier la posture rigide et le regard reptilien de la gouvernante endossée par Helga Liné) et réalisé avec brio dans l'esthétisme gothique d'un noir et blanc immaculé, Le Manoir de la Terreur se permet surtout de fignoler un suspense retors autour d'une conspiration habilement détournée ! Un des plus beaux trésors de la bannière Artus Films et sans nul doute un des meilleurs films de son auteur. 

Remerciement à Artus Films
Bruno Matéï


jeudi 5 février 2015

LE CHAT A 9 QUEUES (Il gatto a nove code)

                                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site pariscine.com

de Dario Argento. 1971. France/Allemagne/Italie. 1h51. Avec Karl Malden, James Franciscus, Cinzia de Carolis, Catherine Spaak, Pier Paolo Capponi, Horst Frank, Rada Rassimov.

Sortie salles France: 11 Août 1971. Italie: 11 Février 1971

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


"Un chat à neuf queues est un instrument de torture - un fouet - composé d'un manche de bois de 30 à 40 cm de long auquel sont fixées neuf cordes ou lanières de cuir d'une longueur qui varie de 40 à 60 cm dont chaque extrémité mobile se termine par un nœud."

Deuxième volet de sa trilogie animalière, le Chat à 9 queues possède une facture américaine imposée par son distributeur de même nationalité depuis l'énorme succès de l'Oiseau au plumage de Cristal, Argento étant chargé de recruter deux acteurs dont ses choix se porteront sur Karl Malden et James Franciscus. Mais ce n'est pas tout, alors que le cinéaste souhaitait à l'origine l'actrice italienne Tina Aumont pour endosser un des premiers rôles, son producteur réfute sa proposition pour lui imposer l'illustre Catherine Spaak. C'est aussi en raison de ces discordes qu'Argento ne porte pas trop dans son coeur le Chat à 9 QueuesAprès la découverte d'un gardien assassiné dans un institut de recherche génétique, un aveugle et un journaliste décident de s'associer pour enquêter sur cet homicide ainsi que le mystérieux vol d'un dossier concernant des chromosomes exclusifs. Alors que d'autres meurtres compliquent leur investigation, de potentiels suspects et l'indice d'une médaille commencent à porter leur fruit. 


Si on peut facilement admettre que Le Chat à 9 Queues s'avère en effet le plus faible de la trilogie, l'intrigue (inaboutie) s'avère suffisamment ombrageuse, parfois tendue (le dernier tiers multipliant rebondissements alertes dans une progression du suspense maîtrisée !), émaillé de meurtres stylisés (les strangulations sont très impressionnantes dans leur crudité assumée !) ou spectaculaires (l'éviction d'une victime sur les rails d'un train, la chute d'une autre dans le couloir câblé d'un ascenseur) et parfaitement interprétée (Malden et Franciscus se complètent à merveille dans leur fonction d'investigateurs scrupuleux) pour emporter l'adhésion. Et cela en dépit de conventions du genre policier, d'un humour potache dispensable et d'un rythme parfois défaillant, principalement sa première partie un peu trop conformiste (à l'instar de cette poursuite urbaine inutile perpétrée contre une patrouille de policiers). Au-delà de l'originalité de son énigme (le concept scientifique du gêne Y double permettant de démasquer plus facilement les assassins violents !) évoluant autour des tabous homosexuels et incestueux et multipliant potentiels coupables et fausses pistes, on retiendra surtout du Chat à 9 queues ces 45 dernières minutes savamment palpitantes dans ses péripéties accordées et son suspense infaillible. A l'instar de cette visite nocturne empruntée dans le caveau d'un cimetière, ou lors de la traque du tueur imposée sur les toits d'un immeuble ! Des séquences angoissantes, violentes et réalistes dont le clou de la cruauté culmine avec le kidnapping d'une fillette molestée devant nos yeux ! 


En dépit de ses défauts précités (notamment ce rythme sporadique d'une enquête en dent de scie) et du manque de motivation de la réalisation (même si l'on reconnait en intermittence la patte du maestro), le Chat à 9 queues s'avère néanmoins attachant, atmosphérique et davantage captivant, comme le souligne le sublime score de Morricone avec candeur mélancolique. 

Bruno Matéï
3èx

Ci-dessous, les chroniques des 2 autres volets:
Oiseau au Plumage de Cristal (l'): http://brunomatei.blogspot.com/2011/12/loiseau-au-plumage-de-cristal-luccello.html

mercredi 4 février 2015

L'HOMME QUI RETRECIT (The Incredible Shrinking Man)

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmsduparadoxe.com

de Jack Arnold. 1957. U.S.A. 1h21. Avec Grant Williams, Randy Stuart, April Kent, Paul Langton, Raymond Bailey, William Schallert.

Sortie salles France: 17 Mai 1957. U.S: Avril 1957

Récompenses: Prix Hugo du meilleur film en 1958.

FILMOGRAPHIE: Jack Arnold est un réalisateur américain, né le 14 Octobre 1916, décédé le 17 Mars 1992.
1950: With These Hands. 1953: Le Crime de la semaine. 1953: Filles dans la nuit. 1953: Le Météore de la nuit. 1954: l'Etrange Créature du lac noir. 1955: La Revanche de la créature. 1955: Tornade sur la ville. 1955: Tarantula. 1955: Crépuscule Sanglant. 1956: Faux Monnayeurs. 1957: l'Homme qui Rétrécit. 1957: Le Salaire du Diable. 1958: Le Monstre des abîmes. 1958: Madame et son pilote. 1959: Une Balle signé X. 1960: La Souris qui rugissait. 1961: l'Américaine et l'amour. 1964: Pleins phares. 1969: Hello Down There. 1975: The Swiss Conspiracy.


Grand classique de la science-fiction au pouvoir de fascination prégnant, à l'instar du Voyage Fantastique de Richard Fleischer, L'Homme qui Rétrécit relate les vicissitudes de Scott Carey, un homme subitement atteint de miniaturisation après avoir été incidemment aspergé d'un pesticide et après être passé sous un nuage radioactif en mer. Ayant effectué divers examens pour se rassurer, les médecins impuissants n'ont aucun recours pour le soigner. Confiné dans une maison miniature que son épouse a aménagé à l'intérieur de leur foyer, Scott finit par rencontrer l'hostilité du chat, faute de son rétrécissement régressif, et se retrouve coincé dans la cave après leur altercation. Destiné à survivre dans ce gigantesque endroit caverneux, il va tenter par tous les moyens de regagner l'issue de secours pour alerter son épouse, et en dépit de sa dégénérescence physique. 


Film d'aventures fertile en rebondissements et redoutablement efficace dans sa succession de revirements cauchemardesques, (l'inondation dans la cave, l'escalade des escaliers, le piège à rat, puis les affrontements périlleux entrepris avec un chat ou une araignée rendus géants sous les yeux du héros), L'Homme qui rétrécit redouble d'intensité et de réalisme face à son concept délirant de miniaturisation humaine. A l'aide d'effets spéciaux simplistes mais souvent adroits et parfois très impressionnants, le film réussit à alterner l'amusement et l'inquiétude exponentielle lorsque le héros, toujours plus petit, est contraint de survivre dans un nouvel environnement qu'il ne reconnait plus. Notamment lorsqu'il est confronté à cette loi du plus fort lorsque la taille de l'ennemi, disproportionnée, profite de sa prétention physique pour mieux écraser le plus faible ! Jouissif en diable par son action trépidante et ses trucages délirants de maquettes grandioses, mais également pessimiste et abrupt dans le cheminement désespéré du héros toujours plus infime, l'Homme qui Rétrécit amène une réflexion spirituelle sur notre place dans l'univers lorsqu'un nouveau monde s'ouvre à nous. Par le courage, la persévérance et le dépassement de soi d'affronter des épreuves de survie, notre héros finit pas accepter son destin dans sa condition infinitésimale, avec comme éthique existentielle que l'incroyablement petit et l'incroyablement grand sont étroitement liés au cercle de l'infini.  


Chef-d'oeuvre écolo fustigeant les dangers de la radioactivité et celle de la pollution, plaidoirie pour le droit à la différence, réflexion métaphysique sur notre poste dans l'univers, l'Homme qui Rétrécit épouse autant la carte du divertissement roublard à travers ces morceaux d'anthologie aussi réalistes qu'intenses, et auprès de la dimension humaine du héros livré à une solitude finalement optimiste (perdurer au-delà du néant par l'infiniment petit !). 

Bruno Matéï
3èx

mardi 3 février 2015

Baron Blood / Baron Vampire /Gli orrori del castello di Norimberga

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Wikipedia

de Mario Bava. 1972. Italie/Allemagne de l'Ouest. 1h38 (Italie) / 1h30 (U.S.A.). Avec Joseph Cotten, Elke Sommer, Massimo Girotti, Rada Rassimov, Antonio Cantafora, Umberto Raho, Luciano Pigozzi.

Sortie salles Italie: 25 Février 1972

FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non crédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt et Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Un an après son chef-d'oeuvre la Baie Sanglante, Mario Bava retourne au gothique avec Baron Blood  inspiré de l'Homme au masque de cire et du Fantôme de l'Opéra. Tourné en 5 semaines dans la région d'Autriche, l'intrigue relance les exploits criminels du sinistre Baron Otto Van Kleist depuis qu'un couple osa invoquer des incantations dans son manoir historique par le biais d'un parchemin. Autrefois réputé pour avoir agi comme un tortionnaire sadique auprès des villageois, sa dernière victime, une sorcière, promis de s'y venger avant de périr sur le bûcher. Accueilli par son oncle dans un château prochainement mis aux enchères, Peter Kleist et sa nouvelle compagne Eva Arnold sont les nouveaux témoins des exactions du baron avant d'élaborer une stratégie de défense parmi l'entremise d'une médium. Ce drôle de scénario brassant également certains éléments du Masque du Démon et de la Chambre des Tortures  pâti un peu de situations conventionnelles auprès de la visite guidée des protagonistes et ces poursuites exercées entre le tueur et la victime. 


Non exempt d'incohérence (comment le baron peut-il changer à sa guise d'apparence physique ? N'était-il pas condamné à souffrir sous son visage difforme ?), Mario Bava parvient pourtant à maintenir un suspense sur l'identité du fantôme tout en continuant de fignoler à merveille l'ambiance crépusculaire d'un manoir gothique saturé d'éclairages surréalistes. Passé maître dans l'art d'y transcender une scénographie macabro-sensuelle, le cinéaste montre une fois de plus l'étendue de son talent dans un souci esthétique prégnant. En prime, il est amusant de contempler le faciès vérolé du fameux baron ressemblant à s'y méprendre à une tarte à pizza auprès de sa physionomie génialement putrescente rongée par les siècles de l'âge ! Soutenu d'un score rétro de Stelvio Cipriani typiquement latin, Baron Blood réussit donc à fasciner dans une certaine mesure et à entretenir l'intérêt à travers ce climat funèbre parfois endeuillé de morts brutales car émanant d'instruments de torture (le cercueil garni de pointes acérées faisant son petit effet de répulsion). Et si l'intrigue piétine un tantinet par quelques sautes de rythme vite pardonnables, la bonhomie attachante des personnages, le cheminement délirant du dénouement et surtout l'icone morbide du personnage du Baron permettent de nous distraire dans une facture Bis inhabituelle de la part du maître transalpin car d'un modernisme visuel et expressif aussi audacieux que singulier. 


Indubitablement attachant, ludique et fascinant, tout du moins pour l'amateur éclairé, Baron Blood  dégage un délicieux parfum vintage auprès de son icone torturée et de son architecture alambiquée  quant au château autrichien faisant office de rôle à part entière, car filmé sous toutes les coutures avec un art consommé de l'inventivité baroque. Sans compter sa nature et ce village fantasmatiques (splendide poursuite nocturne nappée de brume) où plane par ailleurs l'entité d'une sorcière crevant l'écran par sa présence transie. A réhabiliter.  

*Bruno
10.02.24. 4èx

lundi 2 février 2015

NIGHT CALL (Nightcrawler)

                                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site utopolis.fr

de Dan Gilroy. 2014. U.S.A. 1h57. Avec Jake Gyllenhaal, Rene Russo, Riz Ahmed, Ann Cusack, Bill Paxton, Kevin Rahm, Kathleen York.

Sortie salles France: 26 Novembre 2014. U.S: 31 Octobre 2014

FILMOGRAPHIE: Dan Gilroy est un scénariste et réalisateur américain, né le 24 Juin 1959 à Santa Monica, Californie.
2014: Night Call


Plongée abrupte dans la noirceur de l'âme humaine, Night Call retrace l'ascension fulgurante d'un journaliste néophyte en quête du scoop le plus sordide pour accéder à la notoriété. Habité par la soif de pouvoir et totalement dénué de vergogne, il finit par outrepasser la légalité afin de surpasser la concurrence et concrétiser sa future entreprise. Epaulé d'un jeune stagiaire indécis, il va l'entraîner dans une descente aux enfers au péril de leurs vies ! Thriller poisseux à glacer le sang dans sa thématique axée sur le statut des médias et rehaussé d'une ambiance crépusculaire des plus envoûtantes (toute l'action se déroulant quasiment de nuit !), Night Call redouble de provocations dans sa peinture acide des effets pervers du journalisme avide de sensationnalisme pour entretenir l'audimat et régir leur management.


Dérive meurtrière d'un sociopathe opportuniste dans ses ambitions professionnelles, le film témoigne d'une aura malsaine aussi inconfortable que fascinante lorsqu'il retrace le cheminement nocturne de deux journalistes en herbe contraints de transactionner sur des stratégies illégales afin de remporter le gain le plus juteux. Comme celle de déplacer le corps d'une victime afin d'accéder à un meilleur angle visuel, falsifier des preuves éloquentes sur l'identité de dangereux criminels en liberté, ou encore mettre en danger les vies d'autrui pour mieux privilégier la récompense du scoop faramineux ! Du point de vue de la hiérarchie audiovisuelle, la manipulation et le simulacre sont également de la partie lorsqu'une directrice en perte de vitesse recommande à ses confrères de travestir l'information afin de maintenir le spectateur dans une situation de peur et d'expectative. Par le biais de ces dérives cupides où l'éthique de chacun des témoins est à remettre en cause, et à travers l'objectif d'une caméra complice, la mise en scène de la violence est réajustée sur le principe du "spectacle" pour mieux appâter le voyeurisme des spectateurs. Avec son regard exorbité et son apparence faussement affable, Jake Gyllenhaal vampirise l'écran pour incarner un arriviste habité par le cynisme et le narcissisme. L'intensité de son jeu délétère et la persuasion de son intelligence retorse exacerbant avec trouble émotion la caricature d'un maître-chanteur habité par le Mal.


Les Faucons de la Nuit
Portrait caustique imparti à l'itinéraire licencieux d'un journaliste désaxé, Night Call dresse également le triste constat d'une société opportuniste victime de sa déchéance morale, faute d'une concurrence impitoyable où tous les coups sont permis et d'une inflation de violence urbaine en roue libre. Un thriller intense incroyablement fascinant dans son métissage d'aura de souffre, d'ambiance ténébreuse et d'émotion sardonique ! 

Bruno Matéï

La critique de Ruuffet Nelly
Un thriller haletant qui pousse toujours + loin dans l'exploration des instincts les + bas de la société moderne du "tout tout de suite" où tout est bon pour glaner le meilleur scoop, même s'il faut pour cela travestir les informations ! Ce qui est terrifiant dans ce film, c'est tout particulièrement l'idéologie consumériste exposée au grand jour, incarnée par un Jake Gyllenhaal en forme olympique. Ses yeux semblent lui sortir des orbites et quand il part dans ses discours théoriques on sent son sang se glacer dans nos veines ! Son débit s'accélère, on a l'impression que son visage va exploser de désir, un désir insatiable d'argent et de toujours + d'adrénaline, même s'il en vient par devoir sacrifier son propre collaborateur; les multiples maladresses et hésitations de ce dernier ne le rendent que + attachant, ce qui rend le dénouement encore + cruel ! Un thriller cinglant dont la dernière réplique achève vraiment tant elle est énoncée froidement par cet obsédé de l'image... une obsession qui donne le tournis, tellement qu'elle fait même presque flipper la présentatrice de KWLA, qui en finit elle aussi par adhérer aux discours de ce néophyte ayant grimpé les échelons à une vitesse vertigineuse ! Leur échange de regard dans la pénombre vers la fin du film est vraiment très réussi, presque aucun mot n'est échangé, c'est froid et pourtant on sent l'excitation des 2 reporters. D'ailleurs, comme tu l'as bien noté, l'ambiance crépusculaire du film est géniale, on en oublie presque que quasi tout le film se passe la nuit ! On ne s'ennuie pas une seule seconde, les poursuites en voitures sont démentes mais ça n'entame en rien la fascination malsaine que nous éprouvons à l'égard de Lou Bloom. Notre oeil épouse les mouvements de la caméra, nous devenons un oeil médiatique, voyeur comme les spectateurs des infos choc, mais bien entendu le réalisateur nous envoûte pour mieux nous faire réfléchir sur les travers du culte de l'image

Récompenses:
American Film Institute Awards 2014 : top 10 des meilleurs films de l'année
Boston Society of Film Critics Awards 2014 : réalisateur le plus prometteur pour Dan Gilroy
Los Angeles Film Critics Association Awards 2014 : meilleure actrice dans un second rôle pour Rene Russo (2e place)
National Board of Review Awards 2014 : top 2014 des meilleurs films
National Society of Film Critics Awards 2015 : meilleure actrice dans un second rôle pour Rene Russo (3e place)
New York Film Critics Online Awards 2014 : réalisateur le plus prometteur pour Dan Gilroy
San Diego Film Critics Society Awards 2014 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur
Meilleur acteur pour Jake Gyllenhaal
Meilleur acteur dans un second rôle pour Mark Ruffalo
Meilleure actrice dans un second rôle pour Rene Russo
Meilleur scénario original pour Dan Gilroy
Meilleure photographie pour Robert Elswit
Meilleure musique de film pour James Newton Howard
Vancouver Film Critics Circle Awards 2015 : meilleur acteur pour Jake Gyllenhaal

vendredi 30 janvier 2015

SPIDER-MAN 2

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site screenrant.com

de Sam Raimi. 2004. U.S.A. 2h07. Avec Tobey Maguire, Kirsten Dunst, James Franco, Alfred Molina, Rosemary Harris, J.K. Simmons, Lucy Liu.

Sortie salles France: 14 Juillet 2004. U.S: 30 Juin 2004

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis.
1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


Second volet d'une trilogie à succès, Spider-man 2 s'avère indubitablement le meilleur volet de la série. Que ce soit en terme d'action anthologique au service de l'intrigue et de caractérisation humaine finement auscultée, le spectacle de Sam Raimi s'avère en tous point de vue éclatant de virtuosité dans une structure narrative passionnante. Cette fois-ci, Spider-man doit combattre Octopus, un savant ayant réussi à créé 4 bras mécaniques soudés à son corps et manipulés par son cerveau. Alors que Harry Osborn, meilleur ami de Peter Parker, souhaite se venger auprès de spider-man depuis la mort de son père, Mary-Jane Watson est sur le point de se marier. Partagé entre le désir de la reconquérir et son devoir héroïque, Peter finit envisage de mener une vie paisible avant que sa conscience et les conseils avisés de ses proches ne le rappellent à la raison. 


Sous couvert de film de super-héros trépidant déployant moult rixes urbaines entre Octopus (nouvel ennemi tentaculaire hyper charismatique !) et Spider-man, Spider-man 2 séduit surtout par sa nature romantique où l'amour s'avère le centre d'intérêt de Peter Parker, notamment pour préserver sa muse contre l'ennemi. Puisque livré à un choix cornélien, il doit aujourd'hui se confronter au choix moral de son statut de super-héros lorsque celle qu'il a toujours aimé est sur le point de se consacrer à une nouvelle vie sentimentale. Réflexion sur le dépassement et la confiance en soi (Peter perd ses pouvoirs à partir du moment où il commence à dénigrer son destin héroïque), sur la notion de héros (quitte à sacrifier un rêve, doit-il consacrer toute son existence à combattre l'ennemi pour protéger les innocents après s'être rendu coupable de la mort de son oncle ?) et sur l'influence du Mal du point de vue du rival (Octopus, dépassé par ses ambitions scientifiques, se retrouve esclave de sa machine avant que son intelligence ne le rappelle à une noble réflexion !), Spider-man 2 privilégie le portrait de personnages en conflit intrinsèque. A l'instar d'Harry Osborn envahi par sa rancoeur afin de venger l'honneur de son père (alors qu'il découvrira bientôt que son meilleur ami s'avère Spider-man ! ), et à l'exemple de Mary-Jane Watson espérant au fond d'elle que Peter lui avouera enfin ses sentiments. Cette densité impartie à la contrariété des personnages s'avère donc le pilier émotionnel de l'intrigue sans que le spectacle homérique de Sam Raimi ne pâtisse d'un manque de rythme dans les pugilats belliqueux. Les scènes d'action hyper vigoureuses et inventives s'avérant à couper le souffle, de par la fluidité technique mais aussi l'agilité des comédiens en roue libre ! 


Projet ambitieux de blockbuster intelligent alternant caractérisation psychologique et corps à corps dantesques entre super-héros stoïques, Spider-man 2 fait autant la part belle au lyrisme et à l'émotion empathique dans la force sentimentale de deux amants compromis au dilemme cornélien. Un spectacle aussi grandiose dans la démesure (les FX numériques sont ahurissants de réalisme à l'instar de l'assaut du métro et des envolées aériennes de Spider-man !) qu'intimiste dans la force de l'amour et la foi en l'accomplissement de soi ! 

Bruno Matéï
2èx

jeudi 29 janvier 2015

Une Hache pour la lune de miel / Il Rosso segno della follia

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site bmoviezone.wordpress.com

de Mario Bava. 1970. Italie/Espagne. 1h28. Avec Stephen Forsyth, Dagmar Lassander, Laura Betti, Jesus Puente, Femi Benussi, Antonia Mas, Luciano Pigozzi.

Sortie salles Italie: 2 Juin 1970. Espagne: 14 Septembre 1970

FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Sorti discrètement en Vhs sous le titre fallacieux la Baie Sanglante 2 alors qu'il fut réalisé un avant la Baie Sanglante, Une Hache pour la lune de miel s'avère fort intéressant à plus d'un titre en dépit de sa réputation quelque peu timorée, bien qu'aujourd'hui il semble réconcilier les fans puristes du maestro Mario Bava

Le pitchJohn Harrington, riche héritier de la maison de couture de sa mère, est un psychopathe incapable de réfréner ses pulsions meurtrières lorsqu'il s'agit d'assassiner de jeunes mariées. Hanté par un souvenir traumatique lié à son enfance, il se détermine à répéter le même schéma macabre afin de démystifier l'horrible secret de son étrange pathologie. 

Considéré à tort comme l'une de ses oeuvres mineures, ce thriller vénéneux demeure pourtant original, captivant, déconcertant pour le portrait imparti à un schizophrène hanté par un trauma infantile. Travesti parfois d'une robe de mariée afin d'accomplir son rituel, on songe à Psychose lorsque ce dernier est sujet aux nombreuses visions macabres de son épouse fraîchement décédée, notamment auprès des thème du refoulement, de l'amour maternel et de la possessivité. 


Mario Bava se délectant à jongler entre hallucinations et réalité sinueuse pour mieux nous égarer dans son esprit torturé. Une séquence à suspense hitchcockien est d'ailleurs payante de par l'intensité de sa situation alarmiste lorsque quelques gouttes de sang tombées du haut d'un escalier vont atterrir à quelques mètres des policiers venus interroger le tueur. Formellement raffiné (comme de coutume) auprès de son ambiance gothique où les images sensuelles de robes nuptiales et gerbes de fleurs se confondent avec l'architecture baroque d'une demeure gothique, Une Hache pour la Lune de miel est notamment renforcé du jeu inquiétant de Stephen Forsyth. L'acteur se fondant dans la peau du tueur avec ambivalence, de par sa paranoïa incontrôlée et son désir de séduire les couturières candides afin de raviver une réminiscence obscure. Pourvu d'un regard azur et d'une apparence longiligne, Stephen Forsyth magnétise l'écran dans sa fonction victimisée de psychopathe éperdu d'amour impossible. Secondé de la troublante Laura Betti incarnant l'épouse infortunée, elle lui partage la vedette dans une essence de provocation et d'intimidation, notamment lorsqu'elle décide de vampiriser la psyché de son compagnon après son incinération. L'oeuvre maudite relançant l'intrigue car basculant en seconde partie vers le Fantastique pur lorsque John est victime des persécutions de sa défunte épouse revenue d'entre les morts pour ne jamais le quitter comme elle lui avait tant promis. 


La Mariée Sanglante
Soutenu d'une partition capiteuse de Sante Maria Romitelli (notamment cette valse lascive chorégraphiée autour de mannequins de robes nuptiales) et orné d'un esthétisme baroque inscrit dans la sensualité, Une Hache pour la lune de miel mérite à être réhabiliter, ne serait-ce que pour son ambiance trouble prégnante semant toujours plus la confusion quant à la réalité des faits exposés avec ambivalence (notamment cette cause surnaturelle à mi-parcours déconcertant au possible le spectateur), pour la beauté ténue de ses actrices italiennes et le portrait empathique admis à un schizophrène rongé par la culpabilité de sa fidélité indéfectible. Une oeuvre atypique en somme, précurseur de bon nombre de psycho-killers notoires qui envahiront les écrans lors des années 80 (Maniac, Henry, Schizophrenia), un récit cauchemardesque davantage éprouvant lorsque s'y matérialise un ectoplasme revanchard impossible à éradiquer. 

*Eric Binford
26.11.21.  
28.22.23. vostfr. 5èx


5

mardi 27 janvier 2015

ORANGE MECANIQUE (A Clockwork Orange)

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Stanley Kubrick. 1971. Angleterre. 2h17. Avec Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Bates, Warren Clarke, John Clive, Adrienne Corri.

Sortie salles France: 21 Avril 1972. Angleterre: 13 Janvier 1971. U.S: 2 Février 1972

FILMOGRAPHIE: Stanley Kubrick est un réalisateur américain, né le 26 Juillet 1928 à New-York, décédé le 7 Mars 1999 à Londres.
1953: Fear and Desire. 1955: Le Baiser du Tueur. 1956: l'Ultime Razzia. 1957: Les Sentiers de la Gloire. 1960: Spartacus. 1962: Lolita. 1964: Dr Folamour. 1968: 2001, l'Odyssée de l'Espace. 1971: Orange Mécanique. 1975: Barry Lindon. 1980: Shining. 1987: Full Metal Jacket. 1999: Eyes Wide Shut.


Farce caustique terriblement controversée lors de sa sortie pour sa réflexion virulente impartie à la violence, Orange Mécanique n'en finit pas de perdurer son pouvoir de fascination plus de 40 ans après sa sortie. Provocant, décalé, sarcastique, burlesque, ultra-violent, dérangeant, érotique, baroque, débridé, psychédélique, cauchemardesque et j'en passe, ce pamphlet contre l'asservissement illustre avec une verve d'insolence (réparties ciselées à l'appui !) un délire d'anticipation aussi singulier qu'incisif . Alex est un jeune délinquant passionné par la musique classique de Beethoven et l'ultra-violence. Avec ses acolytes, il commet la nuit diverses agressions auprès de paisibles quidams, quand bien même la police finit par l'alpaguer au moment d'un sauvage homicide chez un couple nanti. Condamné à 14 ans de réclusion pour meurtre, il se voit néanmoins proposer par le ministre de l'intérieur un traitement révolutionnaire afin de le guérir de son Mal ! C'est à dire le rendre aussi docile qu'un agneau par le contrôle de sa conscience !


D'une audace polissonne dans son esthétisme sexuel, sa partition dissonante oscillant avec l'élégance classique de Beethoven, sa violence stylisée semi-parodique et la posture excentrique de délinquants forcenés, Orange Mécanique ironise à tout va pour souligner l'instinct violent inné en chacun de nous. Que ce soit en terme d'indignation, de rébellion, de vengeance, de légitime défense ou de sévices gratuits intentés à son prochain, la violence fait partie intégrante de la nature humaine, notamment pour extérioriser notre exaspération face au sentiment d'injustice, d'inégalité et d'intolérance. Chaque être humain ayant le choix moral d'exercer le Bien ou le Mal au nom de sa libre indépendance dans une société démocrate bâtie sur le principe d'égalité. Par le biais d'un traitement révolutionnaire apte à expurger toute idéologie destructrice chez un meurtrier, Stanley Kubrick entend dénoncer les travers perfides d'une société totalitaire délibérée à lobotomiser l'individu pour mieux l'asservir à des fins politiques. Alex devenant après 15 jours d'expérimentions un pantin dénué de toute agressivité, que ce soit de son libre-arbitre, d'humiliations et de menaces auprès d'un agresseur ou par l'influence sexuelle d'une plantureuse aguicheuse. De manière satirique et pour mieux proclamer le caractère grotesque de ces expérimentations inhumaines, Kubrick réduit donc la nature d'Alex à l'objet d'obédience avant que ses pulsions perverses ne le rappellent à sa raison. D'ancien meurtrier sans vergogne féru de sexe et de violence, il se retrouve aujourd'hui reconverti en victime stérile. Notamment par le rejet de ses parents chagrinés de honte, par la brimade implacable de ses anciens camarades (affectés dans la corruption sous la bannière policière !) et la vengeance retorse du mari de sa dernière victime. Enfin, triste ironie quand à l'issue de sa convalescence lorsqu'une partition de Beethoven va le rappeler à l'ordre de ses bas instincts de jouissance ! (ou quand l'art ne peut remédier à sa rédemption !).


Dominé par l'interprétation hallucinée de Malcolm McDowell (son rôle le plus magnétique et exubérant de toute sa carrière !) et rehaussé de la mise en scène stylisée du maître Kubrick n'hésitant pas à cristalliser une ambiance baroque néo-futuriste, Orance Mécanique s'édifie en film monstre. Un chef-d'oeuvre de décadence où pointe le désespoir d'une jeunesse livrée à elle-même, faute de démission parentale, de crise du chômage et d'une société conservatrice toujours plus restrictive dans sa censure opiniâtre, quand bien même la violence restera le catalyseur du malaise existentiel. Indémodable !

Dédicace à Chris Steadyblog
Bruno Matéï
4èx

lundi 26 janvier 2015

UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS (The Theory of Everything)

                                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de James Marsh. 2014. Angleterre. 2h03. Avec Eddie Redmayne, Felicity Jones, Maxine Peake, Charlie Cox, Harry Lloyd, Emily Watson, Guy Oliver-Watts.

Sortie salles France: 21 Janvier 2015. Angleterre: 1er Janvier 2015

FILMOGRAPHIE: James Marsh est un réalisateur anglais, né le 30 Avril 1963 à Truro.
1999: Wisconsin Death Trip. 2005: The King. 2009: The Red Riding Trilogy: 1980. 2012: Shadow Dancer. 2014: Une Merveilleuse histoire du Temps.


Avez vous une philosophie de la vie qui vous aide ?
Nous ne sommes qu'une race avancée de primates, sur une petite planète en orbite autour d'une étoile moyenne, dans la banlieue extérieure d'une galaxie, parmi d'autres centaines de milliards. Mais, depuis l'aube de la civilisation, l'homme a recherché à connaître l'ordre sous-jacent du monde. Les conditions aux limites de l'univers ont quelque chose de spécial. Quoi de plus spécial que l'absence de limites ? Il ne faut pas de limites à l'activité humaine. Nous sommes tous différents. Aussi mauvaise que peut sembler notre vie, il y a toujours quelque chose que l'on peut faire, réussir. Là ou il y a de la vie, il y a de l'espoir. Stephen Hawking

Biographie du physicien théoricien Stephen Hawking, Une Merveilleuse histoire du temps (titre français beaucoup trop sirupeux que son modèle !) relate le destin singulier de ce professeur dans ses recherches scrupuleuses axées sur l'origine de la vie et la création de l'univers. L'action se déroule en Angleterre au début des années 60. Alors qu'il poursuit ses études de Cosmologie à l'université de Cambridge, Stephen Hawking tombe amoureux de Jane Wilde, une jeune fille passionnée des arts. Mais à la suite d'une chute accidentelle, son destin bascule lorsqu'il apprend qu'il est atteint de la maladie de Charcot. Une dystrophie neuromusculaire le condamnant à rester cloîtrer sur une chaise roulante. Paralysé des muscles mais n'ayant aucune séquelles pour ses fonctions cognitives, il entreprend néanmoins de fonder une famille avec son amie tout en poursuivant ses ambitieuses études afin de remporter un doctorat et d'écrire un livre sur la notion du temps. 


Quel superbe mélodrame que nous convie là le réalisateur James Marsh, Une Merveilleuse histoire du temps relatant autant la condition de vie précaire (il ne lui reste que 2 ans à vivre selon le corps médical) d'un paraplégique érudit que sa romance partagée avec une charmante étudiante. En évitant l'écueil du pathos et du sentimentalisme, la réalisateur réussit à nous bouleverser dans une mesure d'empathie que le duo Eddie Redmayne/Felicity Jones transcende avec complicité pugnace et amoureuse. L'acteur réussissant à se fondre dans la peau d'un infirme sans complaisance de cabotinage, un piège qui aurait pu facilement lui être fatal pour surjouer ce rôle physique d'estropié ! Toujours plus inapte à se défendre contre la maladie dégénérative de son corps (notamment sa soudaine perte d'élocution après un coma artificiel), il réussit souvent à suggérer une intense émotion par la persuasion de son regard empli d'humanité et de volonté. Avec beaucoup de dignité, de compassion et d'amour, sa partenaire se réserve l'aplomb d'une épouse de soutien dans un jeu flegmatique et en dépit de son physique radieux. A eux deux, ils forment un tandem proprement bouleversant dans leur épreuve de force et leur soutien communs à combattre la maladie dans le cadre de leur quotidienneté. Pourvu d'un esthétisme raffiné (reconstitution classieuse) et parfois stylisé (jeux de couleurs et décors baroques), c'est une leçon de philosophie (Là ou il y a de la vie, il y a de l'espoir !) et de courage, un hymne à la vie que nous illustre sans fioriture James Marsh, son oeuvre nous emportant dans un tourbillon d'émotions où les maîtres mots s'avèrent l'optimisme, la force des sentiments et de l'espoir.


Avec simplicité et en comptant beaucoup sur l'humble complicité des deux comédiens, Une Merveilleuse histoire du temps distille une émotion aussi bouleversante que déchirante pour le destin exemplaire de Stephen Hawking, recréé avant tout dans l'intimité du rapport conjugal. Un homme partagé entre l'amour de son épouse et l'amitié d'une aide-soignante, un physicien habité par l'ambition et la réussite de ses projets, un philosophe athée et finalement agnostique lorsque le temps a décidé de lui accorder la part du doute et de l'espoir. 

Bruno Matéï 

Récompenses:
Festival du film de Hollywood 2014 : Hollywood Breakout Performance Award pour Eddie Redmayne
Festival du film Nuits noires de Tallinn 2014 : meilleur acteur pour Eddie Redmayne
New York Film Critics Online Awards 2014 : meilleur acteur pour Eddie Redmayne
Women Film Critics Circle Awards 2014 : meilleur acteur pour Eddie Redmayne
Golden Globes 2015 :
Meilleur acteur dans un film dramatique pour Eddie Redmayne
Meilleure musique de film pour Jóhann Jóhannsson

vendredi 23 janvier 2015

LES YEUX DU MAL (The Godsend)

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site fredanderson.typepad.com

de Gabrielle Beaumont. 1980. U.S.A. 1h27. Avec Malcolm Stoddard, Cyd Hayman, Angela Pleasance, Patrick Barr, Wilhelmina Green.

Sortie salle France: 16 Mars 1983. U.S: 11 Juin 1980

FILMOGRAPHIE: Gabrielle Beaumont est une réalisatrice, productrice, scénariste et actrice anglaise, née le 4 Juillet 1942 à Londres (Royaume-Uni).
1980: Les yeux du Mal. 1981: Meurtre d'une créature de rêve (télé-film). 1983: Secrets of a Mother and Daughter (télé-film). 1984: Gone are the Dayes (télé-film). 1987: He's my Girl. 1993: Fatal Inheritance. 1993: Riders (télé-film). 1996: Dar l'Invincible 3 (télé-film). 1998: Diana, princesse du peuple (télé-film).


Exploité sous l'étendard étoilé d'Hollywood Video, Les Yeux du Mal aura fait fantasmer tous les fantasticophiles des vidéos-clubs avec sa jaquette flamboyante héritée de la Malédiction et de l'Exorciste ! On imagine alors au vu de cette affiche crépusculaire une série B plaisante dans la lignée d'Une si gentille petite fille, des Tueurs de l'éclipse ou du rigolard De si gentils petits monstres ! Des petits plaisirs coupables redoutablement ludiques pour qui sait apprécier les bisseries décomplexées au délire assumé ! Primé au Festival Fantastique de Paris dixit la jaquette française ! Mais au vu du résultat affligeant de maladresse, on imagine sans peine l'effronterie de son argument commercial bâti sur le simulacre. Car oui, Les Yeux du Mal s'avère un mauvais film dans tous les sens du terme, et hormis le charisme inquiétant (mais inexpressif !) de la petite Wilhelmina Green (son regard noir et rigide met parfois mal à l'aise !), il n'y a quasiment rien à sauver de ce succédané de "l'enfant diabolique".


La faute incombant à un scénario trivial d'une rare vacuité et bourré d'incohérences (d'où vient cette femme enceinte ? Que souhaite t'elle précisément ? Pour quelle raison elle laisse son bébé à cette famille lambda ? Quelle est la véritable ambition de Bonnie ? Qu'en est-il de cet épilogue irrésolu ?), à un jeu d'acteurs effroyablement mal dirigés, à des dialogues aussi grotesques qu'ineptes, et à une réalisation infructueuse. Pour résumer, une paisible famille se voit contrainte d'élever un bébé abandonné depuis la disparition soudaine d'une étrange iconnue qu'ils venaient d'héberger par charité ! Depuis, des incidents meurtriers vont ébranler chaque enfant de la cellule parentale ! Si le score musical ombrageux s'efforce à distiller une ambiance oppressante dans le cadre champêtre d'une demeure isolée et pour l'influence malsaine de la fillette maléfique, et que son final rocambolesque réussit parfois à nous arracher quelques sourires, de par la cocasserie (involontaire) des parents en alerte; la lenteur du récit, les situations récursives d'incidents meurtriers (établis hors-champs !), et la perplexité des protagonistes en discorde finissent rapidement par nous démotiver. En dépit de ses multiples maladresses, une séquence réussit peut-être à tirer son épingle du jeu lorsque l'un des bambins se retrouve défenestré par l'autorité diabolique de la gamine. Une séquence spectaculaire assez réaliste dans la violence tolérée à sa chute abrupte, quand bien même la victime sans défense est impartie à l'innocence !


Pour les amateurs de curiosité oubliée des années 80, Les Yeux du Mal peut peut-être intéresser les collectionneurs incorrigibles de films d'horreur au rabais (moi même, je le conserve en guise mémorative !). Pour les autres, il restera sans doute un navet que je me démotive à vous conseiller, même si avec indulgence, le dénouement chaotique de l'intrigue peut prêter à sourire et le charisme inflexible de la gamine peut parfois créer une certaine illusion ! On garde en tous cas en mémoire la chimère d'une splendide jaquette, le fantasme d'un B movie d'apparence prometteuse mais reflétant au final une arnaque mercantile issue de la célèbre firme Cannon

Bruno Matéï