lundi 11 mai 2015

ALLELUILA

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

de Fabrice Du Welz. 2014. Belgique/France. 1h35. Avec Stéphane Bissot, Lola Duenas, Edith Le Merdy, Anne-Marie Loop, Laurent Lucas, David Murgia, Helena Noguerra.

Sortie salles France: 26 Novembre 2014

FILMOGRAPHIE: Fabrice Du Welz est un réalisateur belge, né le 21 Octobre 1972.
2004: Calvaire. 2008: Vinyan. 2014: Colt 45. 2014: Alleluia.


Raymond Fernandez et sa compagne Martha Beck devinrent célèbres sous le nom des « Lonely Hearts Killers » (les « Tueurs aux petites annonces ») à la suite de leur procès pour une série de meurtres commis en 1949. On estime qu’ils ont tué jusqu’à 20 femmes entre 1947 et 1949.

S'inspirant de l'affaire des "Tueurs aux petites annonces" que Leonard Kastle avait magnifiquement porté à l'écran dans Les Tueurs de la Lune de Miel, Fabrice Du Welz la réadapte à sa sauce singulière, Alleluila surfant entre le cinéma de genre et celui d'auteur. Employée dans une morgue et divorcée, Gloria fait la rencontre de Michel par le biais d'une annonce. Follement amoureuse de lui, elle s'aperçoit rapidement que derrière l'apparence de son gentleman se cache un prédateur escroquant les femmes célibataires. Après lui avoir pardonné sa première infidélité, elle s'engage de s'associer avec lui afin d'être à ses côtés et de pouvoir préserver son amour. Mais la jalousie ardente de Gloria finit par la mener vers la folie meurtrière. 


Révélé par le cauchemardesque Calvaire, Fabrice Du Welz renoue avec l'ambiance éthérée d'une étrangeté indicible où la mise en scène, inventive et ciselée, est conçue pour bousculer les sens du spectateur en perte de repères. Prenant pour thèmes l'amour fou et le crime passionnel, Alleluia nous relate entre réalisme cru et poésie baroque le parcours en chute libre d'un couple d'amoureux compromis par l'adultère. De par le point de vue influençable d'un gigolo redoutablement pervers dans ces intentions perfides à manipuler la gente féminine tout en profitant sexuellement de leurs corps. Par son comportement aussi cruel que cynique, comment peut-il alors éprouver de véritables sentiments pour sa muse au moment où cette dernière observe par le trou de la serrure ses ébats avec une impuissance toujours plus inconsolable ? Baignant dans une atmosphère aussi diaphane qu'irrésistiblement vénéneuse, Alleluia parvient à créer un malaise diffus au fil de son cheminement dramatique quant à la posture toujours plus irascible de Gloria. Illuminée par la présence de Lola Duenas, l'actrice ibérique parvient à dégager une intense émotion par son charme pétillant d'embrasser l'amour à bras ouvert avant d'engendrer une jalousie maladive face au témoignage dégradant de Michel. Cette rage d'aimer, ce désir possessif de s'accaparer de lui étant retranscrit avec une vérité fulgurante et un jeu viscéral habité par la psychose. Déjà remarqué dans Calvaire, Stéphane Bissot lui partage dignement la vedette dans une présence longiligne d'escroc à la petite semaine englué dans sa médiocrité du chantage, du subterfuge et d'une déviance sexuelle insatiable. Dans un rôle secondaire de dernier ressort, Helena Noguerra (soeur de la chanteuse Lio) s'en sort honorablement pour incarner la beauté d'une jeune mère célibataire, plus lucide et affirmée que les autres victimes, mais néanmoins dépourvue de perspicacité à déflorer la véritable identité de Michel. Dernier point que j'aimerai relever pour témoigner de la qualité essentielle de la distribution, la présence infantile de la petite Pili Groyne ! Cette dernière parvenant à afficher avec un incroyable tempérament naturel une fillette dégourdie nantie de réparties cuisantes (voir l'incroyable séquence de la discorde maternelle !), juste avant de rehausser l'intensité d'un enjeu de survie pour sa condition de victime tantôt choyée, tantôt molestée !


Malsain, dérangeant et plutôt cru dans sa violence gore ou son érotisme ostensible, insolite, étrange et pastel à la fois, Alleluia fait office de conte de fée frelaté dans son constat imparti à l'amour fou et à sa trahison. Par le biais de sa mise en scène alambiquée (notamment ce parti-pris de filmer au plus près les corps et les regards pour en capter l'essence des sentiments) et le jeu machiavélique des acteurs, l'oeuvre choc renouvelle son fait divers avec un pouvoir de séduction nécrosé. 

Bruno Matéï

La Chronique des Tueurs de la Lune de Miel : http://brunomatei.blogspot.fr/2014/09/les-tueurs-de-la-lune-de-miel-honeymoon.htm
La Chronique de Calvairehttp://brunomatei.blogspot.fr/…/calvaire-prix-de-la-critiqu…

Les autres adaptations: Un homme fatal (Lonely Hearts de Andrew Lane, 1991), Carmin profond (1996), Cœurs perdus (2006) ainsi qu’un épisode de la télé-série Cold Case : Affaires classées.

samedi 9 mai 2015

KINGSMAN: SERVICES SECRETS

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com 

"Kingsman: The Secret Service" de Matthew Vaughn. 2014. Angleterre/U.S.A. 2h08. Avec Taron Egerton, Colin Firth, Samuel L. Jackson, Mark Strong, Michael Caine, Sophie Cookson.

Sortie salles France: 18 Février 2015. U.S: 13 Février 2015

FILMOGRAPHIE: Matthew Vaughn est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 7 Mars 1971 à Londres.
2004: Layer Cake. 2007: Stardust, le mystère de l'étoile. 2010: Kick-Ass. 2011: X Men, le commencement. 2014: Kingsman: services secrets. 


Réalisateur anglais célébré par Kick-Ass, c'est durant ce tournage que Matthew Vaughn eut à nouveau l'idée de transposer à l'écran un autre Comic Book, The Secret Service. Sous l'impulsion d'un jeune acteur novice en tête d'affiche (Taron Egerton s'en sort aisément dans sa stature pugnace de jeune loup en apprentissage !) et d'une poignée d'acteurs renommés (Samuel L. Kackson, Michael Caine, Colin Firth), Kingsman: services secrets nous cuisine un savoureux cocktail d'action, d'aventures et de cocasserie dans un esprit décomplexé où pointe le politiquement incorrect. Clairement pensé comme une parodie de James Bond et un hommage aux "vieux" classiques du cinéma noble, l'intrigue allie espionnage industriel outre-mesure (que Samuel L. Jackson se prend malin plaisir à comploter dans une posture de grand benêt !), et action homérique cultivant le goût du gore cartoonesque (même si certains effets numériques ratés viennent désamorcer leur impact spectaculaire).


Scindé en deux parties, Kingsman privilégie de prime abord l'entraînement intensif de jeunes recrues se disputant le poste du prochain "Lancelot" au sein de la prestigieuse agence, Kingsman. Ce dernier, parti en mission, ayant été lâchement exécuté par l'acolyte d'un magnat utopiste prêt à parfaire un complot meurtrier contre l'humanité. Par le biais de cette conjuration ciblant Internet et les Smartphones, Matthew Vaughn en profite pour se railler de la société de consommation (Mac-Donald notamment dont Richmond Valentine s'en porte garant !), de ces appareils modernes toujours plus performants afin de nous inciter à repasser au tiroir-caisse. Qui plus est, la religion est également mise au pilori lors d'un stratagème expérimental, un carnage festif au sein d'une église intégriste. La seconde partie mise ensuite l'accent sur les stratégies d'attaque et de défense que nos héros vont tenter de transcender sous la houlette de l'agent Merlin. Quand bien même Valentine est sur le point de lobotomiser la population mondiale en meurtriers désaxés sous l'impulsion d'une carte Sim ! Si le film parvient habilement à amuser et à solliciter notre attention, il le doit également aux ressorts dramatiques qui interfèrent durant le cheminement incertain du héros en quête paternelle et identitaire (une manière de relancer l'intensité des enjeux d'un point de vue vindicatif et de le tester à l'épreuve de la riposte !), et à son intrigue en chute libre traversée de frénésie incontrôlée ! A l'instar du final orgasmique, délire assumé de gags sardoniques, subterfuges à répétition, gun-fights stylisés et corps à corps chorégraphiés. Qui plus est, la galerie de personnages extravagants s'en donnent à coeur joie d'afficher leurs bravoures fantaisistes par le biais de gadgets insolents conçus pour épicer les confrontations belliqueuses !


Avec son esthétisme vintage combiné dans une facture high-tech d'anticipation, à l'instar de la défroque excentrique de ces espions au tailleur impeccable, Kingsman parvient à renouveler le genre d'espionnage grâce à l'esprit décomplexé de l'action bourrine et de la cocasserie cartoonesque. Un divertissement survitaminé tirant donc parti de sa fougue par son refus infaillible de prétention. James Bond n'a qu'à bien s'tenir et continuer à faire grise mine ! 

Bruno Matéï

vendredi 8 mai 2015

The King of New-York

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Silverferox

d'Abel Ferrara. 1990. Italie/Angleterre/U.S.A. 1h43. Avec Christopher Walken, David Caruso, Laurence Fishburne, Victor Argo, Wesley Snipes, Janet Julian, Joey Chin, Steve Buscemi.

Sortie salles France: 18 Juillet 1990. U.S: 28 Septembre 1990

Récompense: 1991: MysFest -"Best Direction" (Abel Ferrara) Prix du meilleur réalisateur

FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Welcome to New-York. 2014: Pasolini.


Deux ans avant son chef-d'oeuvre Bad Lieutenant, Abel Ferrara nous eut déjà estomaqué avec le fulgurant King of New-York. Hormis son échec commercial à sa sortie et des critiques parfois mitigées, le film finit au fil des années par se tailler une réputation culte auprès d'une frange de cinéphiles jamais remis d'une expérience aussi opaque et frénétique. Une fresque mafieuse inscrite dans le nihilisme, notamment pour son portrait imparti à la déliquescence morale d'antagonistes convergeant inévitablement vers l'impasse. Transcendé de la présence ensorcelante de Christopher Walken dans l'un de ses meilleurs rôles, The King of New-York hypnotise les sens du spectateur de par sa faculté immersive à nous plonger dans l'univers du gangstérisme parmi l'obédience d'un caïd à peine libéré de prison. Le pitchDélibéré à reprendre le contrôle de sa ville et peut-être postuler pour la place de Maire, Frank White est malencontreusement contraint de livrer une bataille sans merci contre le cartel pour se disputer l'enjeu de la drogue. Soutenu par quelques avocats corrompus, sa manoeuvre triviale a également pour but de financer la reconstruction d'un hôpital afin de venir en aide aux plus démunis et pour se racheter une bonne conscience. Mais une poignée de flics réactionnaires ont décidé de transgresser leur règle pour mieux alpaguer celui que l'on surnomme: le Roi de New-York. 


Polar ultra violent à travers ses éclairs de brutalité acérés déployant règlements de compte entre bandes rivales ainsi qu'une poursuite automobile effrénée au coeur de l'enfer new-yorkais, The King of New-York est l'un des films les plus envoûtants (score lancinant à l'appui !) que l'on ait pu inscrire sur pellicule. Un polar d'une noirceur abyssale, une virée cauchemardesque dans les tréfonds d'une métropole agonisante où gangsters et flics se provoquent mutuellement avec un entêtement suicidaire. Nanti d'un esthétisme crépusculaire et d'une mise en scène stylisée où le luxe est également mis en contraste afin de mettre en exergue l'addiction que peut insuffler une existence aussi faste que celle de Frank et ses sbires, The King of New-York reproduit le même effet de fascination que pouvait l'être le personnage de Tony Montana dans Scarface. Ce même attrait pour le goût de l'argent et des résidences luxueuses auquel la compagnie de jeunes filles en lingerie fine se récurent le nez avant de passer à l'étreinte ou à l'affront (elles font également usage des flingues pour protéger leur baron). Peinture nihiliste d'une société dégingandée engluée dans la corruption de l'argent et l'affluence de la drogue face à la pression d'une criminalité incontrôlable, Abel Ferrara cristallise l'idée du chaos avec un réalisme proprement crépusculaire. Ainsi, par le biais du personnage iconique de Frank White, il provoque une empathie ambivalente pour sa posture héroïque de gangster intouchable et son absolution d'y financer un Hôpital tout en continuant d'exercer ses exactions sanglantes auprès de parrains impliqués dans les trafics d'être humains et l'exploitation sexuelle de mineurs. S'efforçant d'incarner une sorte de Robin des Bois des temps modernes en quête de rédemption, Frank White n'en reste pas moins un ange exterminateur tributaire de son idéologie mégalo à travers ses pulsions irréfragables de haine et de violence.  


Cocaïne
Chef-d'oeuvre du polar noir d'une intensité viscérale électrisante, The King of New-York reste l'un des plus fascinants films de gangsters jamais réalisés. En ange de la mort, Frank White faisant office de légende criminelle pour ses ambitions disproportionnées à dompter une ville en chute libre. Il en émane une fresque de décadence d'un pessimisme absolu auquel son pouvoir vénéneux s'avère aussi étrangement stimulant que profondément malsain quant à sa peinture baroque du vice, du stupre et du luxe. 

Dédicace à Daniel Aprin
Bruno Matéï
6èx

jeudi 7 mai 2015

New-York, 2 heures du Matin

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

"Fear City" de Abel Ferrara. 1984. U.S.A. 1h36. Avec Tom Berenger, Melanie Griffith, Billy Dee Williams, Jack Scalia, Rossano Brazzi, Rae Dawn Chong, John Foster.

Sortie salles France: 18 Juillet 1984. U.S: 16 Février 1985.

FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine. 1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Welcome to New-York. 2014: Pasolini.


Trois ans après l'Ange de la Vengeance, Abel Ferrara renoue avec les ambiances nocturnes de la métropole new-yorkaise soumise ici aux exactions d'un serial-killer expert en arts-martiaux. 
Le pitch: Matty, ancien boxeur aujourd'hui associé à un club de strip-tease assiste impuissant au déclin de son buziness depuis les agressions sanglantes commises sur ses effeuilleuses. Rongé par le remord d'avoir tué un de ses adversaires en plein match de boxe, il se retrouve dans une impasse à tenter d'appréhender le mystérieux tueur. Jusqu'au jour où son comparse et sa petite amie deviennent les nouvelles cibles de l'assassin. Entièrement filmé de nuit au sein des quartiers miteux de Manhattan,  New-York, 2 heures du matin s'édifie en fascinante plongée dans le cadre d'une boite de strip-tease prise à parti avec un maniaque dont nous ne connaîtrons jamais le mobile. L'intérêt résidant plutôt dans le portrait de cet ancien boxeur hanté par sa culpabilité depuis un homicide involontaire. En quête de rédemption, et c'est là où l'intrigue distille un parfum de souffre particulièrement vénéneux, ce dernier s'efforce de s'opposer à la violence jusqu'au jour où il est contraint de s'y adonner depuis un concours de circonstances toujours plus préjudiciables. 


Car au risque de sombrer dans la faillite professionnelle et s'attirant la colère de ces rivaux pour leur entreprise en chute libre, Matt finit par sombrer dans l'obsession d'appréhender coûte que coûte le responsable de ses ennuis et de ses névroses. Ce qui culminera vers un final redoutablement âpre lorsqu'il usera à nouveau de ses poings pour éradiquer un adversaire adepte en arts-martiaux. Outre l'efficacité de l'intrigue oscillant les rebondissements horrifiques et les rapports de force entre associés véreux (notamment la filature infructueuse d'une police réactionnaire) et membres mafieux (que notre anti-héros côtoie depuis un contexte sanglant de son enfance), New-York, deux heures du matin tire-parti de son pouvoir de fascination par son climat d'authenticité régi au sein d'une jungle urbaine à laquelle une faune marginale se complaît au voyeurisme. En dépit des rôles secondaires criants de vérité dans leur stature machiste ou burinée (à l'instar de l'intervention mafieuse d'un parrain), le film est transcendé de la carrure inflexible de Tom Berenger portant le film à bout de bras de sa stature proscrite. Ce dernier endossant dans une attitude à la fois flegme et renfrognée un macro au coeur tendre assailli par la culpabilité de son instinct meurtrier. Il y émane un saisissant portrait sans concession car à double-tranchant, ce dernier étant contraint de réveiller sa tendance destructrice pour la survie de sa compagne et afin d'inhumer son passé galvaudé. 


D'une violence percutante et d'une morale ambiguë, New-York, deux heures du matin n'a rien perdu de sa puissance d'évocation de par l'illustration sordide de sa jungle urbaine subordonnée à la perversion et au crime gratuit. Taillé sur-mesure dans une intrigue solide terriblement magnétique, ce redoutable psycho-killer exploite notamment avec beaucoup d'efficacité le caractère oppressant du contexte horrifique parmi la facture psychologique d'un anti-héros condamné à l'impasse après avoir ranimer ses pulsions meurtrières. A ne pas rater. 

*Bruno Matéï
14.05.22. 5èx

mercredi 6 mai 2015

L'AME DES GUERRIERS. Meilleur Premier Film, Mostra de Venise, 1994

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site soundtrackcollector.com

"Once Were Warriors" de Lee Thamahori. 1994. Nouvelle-Zélande. 1h42. Avec Rena Owen, Temuera Morrison, Mamaengaroa Kerr-Bell, Julian Arahanga, Taungaroa Emile, Rachael Morris Jr, Joseph Kairau.

Récompense: Meilleur premier film, Mostra de Venise, 1994

Sortie salles France: 10 Janvier 1994

FILMOGRAPHIE: Lee Tamahori est un réalisateur néo-zélandais, né le 17 Juin 1950 à Wellington. 
1994: L'âme des Guerriers. 1996: Les Hommes de l'Ombre. 1997: A couteaux tirés. 2001: Le Masque de l'Araignée. 2002: Meurs un autre jour. 2004: XXX 2. 2007: Next. 2011: The Devil's Double. 2015: Emperor.


Uppercut émotionnel comme on en voit rarement à l'écran, l'Ame des Guerriers dépeint avec réalisme à couper au rasoir la descente aux enfers d'une famille de Maoris, faute de l'autorité castratrice d'un père de couleur noir rongé par l'alcool et blasé par l'esclavage de ces ancêtres. Epaulé d'une photo ocre afin d'accentuer le climat irrespirable d'un environnement insalubre, ce premier film laisse une cicatrice indélébile dans l'esprit du spectateur peu habitué à s'incliner devant une expérience aussi brutale ! 


Prenant pour cadre la banlieue déshéritée d'Auckland en Nouvelle-Zélande, Lee Tamahori aborde les thèmes du chômage, de la délinquance, de la violence conjugale et de la démission parentale, la cellule familiale volant ici en éclat, du point de vue d'une misère sociale sans repères. Les enfants livrés à eux-même, car témoins de la déliquescence parentale, trinquant inévitablement pour se réfugier vers la drogue et la marginalité. Notamment parmi le repère influent d'une bande de guerriers juvéniles grimés de tatouages tribaux à l'instar de leurs ancêtres Maoris. Par le biais de la figure paternelle en déchéance morale, faute de son alcoolisme et de son refus d'assumer son rôle paternel, Lee Tamahori nous assène de plein fouet des discordes conjugales d'une brutalité à la limite du soutenable. Si l'épreuve de force de l'âme des Guerriers s'avère si oppressante par son intensité névralgique, c'est qu'il parvient à distiller un malaise proche du marasme pour la condition déplorable impartie à la femme battue. Humiliée, menacée de mort et molestée sous les coups d'un phallocrate dépendant de sa musculature, de sa lâcheté et de sa médiocrité, cette dernière persévère néanmoins à lui tenir tête avec une dignité féminine. Observant leur condition miséreuse où les orgies d'alcool sont monnaie courante lors de soirées entre amis peu fréquentables, l'âme des guerriers transcende le portrait de cette mère de famille gagnée par la rage de vaincre la tyrannie machiste après avoir assumé son inadvertance maternelle, passée une tragédie inconsolable.   


D'une rigueur émotionnelle parfois insupportable mais d'une dignité bouleversante pour la stature vaillante allouée à la femme battue, l'âme des Guerriers transcende ses clichés de sinistrose grâce à son réalisme tranché et à la dimension fragile de ses laissés-pour-compte reconvertis en guerriers conquérants. Un très grand film aussi furieusement épique que bouleversant dans sa dramaturgie opiniâtre, et un vibrant hommage à la communauté spirituelle des Maoris !
Pour public averti

Dédicace à Peter Hooper
Bruno Matéï
3èx

    mardi 5 mai 2015

    DEAD ZONE. Prix de la Critique, Prix du Suspense, Antenne d'Or, Avoriaz 1984.

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site imagesetmots.fr

    "The Dead Zone" de David Cronenberg. 1983. U.S.A. 1h44. Avec Christopher Walken, Brooke Adams, Tom Skerritt, Herbert Lom, Anthony Zerbe, Colleen Dewhurst, Martin Sheen, Sean Sullivan.

    Sortie salles France: 7 Mars 1984. U.S: 21 Octobre 1983

    FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969: Stereo. 1970: Crimes of the Future. 1975: Frissons. 1977: Rage,1979: Fast Company. 1979: Chromosome 3. 1981: Scanners. 1982: Videodrome. 1983: Dead Zone. 1986: La Mouche. 1988: Faux-semblants. 1991: Le Festin nu. 1993: M. Butterfly. 1996: Crash. 1999: eXistenz. 2002: Spider. 2005 : A History of Violence. 2007: Les Promesses de l'ombre. 2011: A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis. 2014: Maps to the Stars.


    Un an après son chef-d'oeuvre visionnaire, Videodrome, David Cronenberg s'est entrepris en 1983 d'adapter à l'écran, et pour la première fois de sa carrière, un roman de Stephen King. Couronné du Prix de la Critique, du Prix du Suspense et de l'Antenne d'Or à Avoriaz, Dead Zone a notamment bénéficié des faveurs du public et de la critique après un succès commercial dignement mérité. Pourvu d'un scénario original déployant des intrigues annexes toujours plus captivantes et alarmistes quant à l'issue précaire du destin de l'humanité, ce drame psychologique d'une grande intensité est transcendé par la présence de Christopher Walken. L'acteur se fondant dans la peau du professeur infirme avec une vérité humaine proprement bouleversante par son statut fragile de medium tributaire de son don, et donc rapidement étiqueté par la population comme un charlatan, voir une bête de foire.


    Après un terrible accident qui lui valu 5 ans de coma et la rupture sentimentale avec sa fiancée, John Smith souffre de visions prophétiques uniquement par le contact d'une poignée de mains. Grâce à son pouvoir inexpliqué, il réussit à extirper des flammes une fillette lors d'un incendie domestique. Sa notoriété grandissante, la police lui suggère son appui pour le cas d'un serial-killer sévissant depuis quelques années au sein de Castle Rock. Plongé dans sa solitude car victime de son fardeau surnaturel, il refuse leur proposition avant de se raviser. Quand bien même il s'aperçoit finalement qu'il est non seulement capable d'entrevoir le passé et le présent mais qu'il est également apte à en modifier le futur. Plaidoyer pour le droit à la différence lorsqu'un individu victime de sa clairvoyance est contraint de se reclure, faute de l'intolérance et la curiosité des citadins avides de sensationnalisme, David Cronenberg en établit le portrait fragile d'un homme entraîné dans une dérive d'évènements aussi graves que fructueux quand à l'issue de leurs résolutions. Par le biais de son destin singulier, la déveine que John protestait dans une insupportable solitude va finalement se transformer en offrande lorsque le sort de l'humanité s'apposera entre ses mains. Par la gravité d'un contexte apocalyptique laissant présager la gestation d'une 3è guerre mondiale, David Cronenberg distille un suspense tendu tout en ironisant sur la démagogie sournoise du monde politique lorsqu'un candidat à la présidence redouble de persuasion à endoctriner son électorat à renfort de serments racoleurs. Sur ce point, l'interprétation pleine d'à-propos de Martin Sheen s'avère délectable dans sa faculté machiavélique à dompter sa population mais aussi son entourage et ses concurrents, notamment par l'intimidation du chantage. Se rattachant toujours à la dimension humaine de John partagée entre la raison d'un acte d'héroïsme et la passion des sentiments, l'intrigue accorde davantage de crédit à la déchirante histoire d'amour que ce dernier endure parmi la présence récurrente de son ancienne compagne, supporter politique de Greg Stillson !


    "Si le futur était entre vos mains, le changeriez-vous ?"
    Sous couvert d'argument fantastique accordant une réflexion sur la nature plausible du don, Dead Zone juxtapose le drame psychologique et la romance impossible du point de vue d'un medium en quête de rédemption. Dans sa fonction précaire d'invalide partagé entre la malédiction du sort et le sens du devoir, David Cronenberg en extrait un chef-d'oeuvre de sensibilité que Christopher Walken transfigure avec une émotion humaine à fleur de peau (score mélodique de Michael Kamen à l'appui).  

    Bruno Matéï
    8èx

    Récompenses:
    Saturn Award du meilleur film d'horreur, 1984
    Prix de la critique, prix du suspense et Antenne d'or au Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1984.
    Meilleur film et prix du public au Fantafestival, 1984.

    lundi 4 mai 2015

    POLYTECHNIQUE

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmofilia.com

    de Denis Villeneuve. 2009. Canada. 1h17. Avec Karine Vanasse, Sébastien Huberdeau, Maxim Gaudette, Evelyne Brochu, Pierre-Yves Cardinal, Johanne-Marie Tremblay.

    Inédit en salles en France. 

    FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières.
    1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: An Enemy. 2013: Prisoners.


    Réalisateur aujourd'hui reconnu du public grâce à ces deux récentes oeuvres, Prisoners et Enemy, Dennis Villeneuve s'était intéressé en 2009 à relater les tragiques évènements de la tuerie de l'école polytechnique de Montréal survenue le 6 Décembre 1989 au Quebec. Tourné en noir et blanc, Polytechnique retransmet avec souci documentaire la journée sanglante qui eut lieu au sein de l'établissement sous l'impulsion d'un tueur misogyne, et les conséquences psychologiques de deux rescapés après le carnage. Réfutant toute forme de voyeurisme et de complaisance (d'où le parti-pris du noir et blanc afin de stériliser le caractère sanglant des séquences les plus dures), le film fait preuve d'une surprenante pudeur dans sa manière de nous reconstituer cette dérive meurtrière par le biais d'une mise en scène réfléchie. Notamment sa construction narrative infaillible où l'alternance du présent et du passé en exacerbe l'intensité des situations démunies (à l'instar de cet étudiant martelé par le remord de ne pas avoir cédé à l'héroïsme de dernier ressort pour sauver son amie !). 


    La caméra fluide scrutant les lieux de l'établissement comme un dédale sans repères que les élèves apeurés tentent in extremis de s'extraire dans un élan de survie, quand bien même les états d'âme de deux rescapés nous sont évoqués avec une sensibilité dépressive lorsqu'ils essaient de se raccrocher au soutien familial ou à la progéniture. Ces séquences intimistes, parfois même poétiques dans la pudeur existentielle, renforcent l'indicible tristesse qui irrigue les tourments des survivants après avoir vécu l'horreur d'une situation impondérable. Là où la tranquillité du quotidien scolaire s'interrompait brusquement pour céder place aux exactions meurtrières d'un étudiant déclarant sa haine contre le féminisme car les accusant d'avoir ruiné sa vie ! Sur ce dernier point, Dennis Veilleneuve fait également diluer une angoisse exponentielle quant aux motivations dérangées du tueur et ces préparatifs du carnage, notamment en insistant sur la mise en attente des actes crapuleux (ce dernier, déterminé, étant néanmoins gagné par l'inquiétude et le stress avant la réaction du passage à l'acte). 


    Modèle de mise en scène et de dignité où les non-dits des protagonistes, leur posture parano et leur impuissance de contredire la mort laissent transparaître une émotion aussi fragile que bouleversante, Polytechnique dresse le puissant témoignage d'une fusillade de triste mémoire, réflexion existentielle sur une jeunesse psychotique livrée à une solitude incurable, avant de mettre en appui l'épreuve humaine du traumatisme avec candide désarroi. 

    Dédicace à Jean Marc Micciche
    Bruno Matéï

    In Memoriam:
    Geneviève Bergeron (née en 1968), étudiante en génie civil.
    Hélène Colgan (née en 1966), étudiante en génie mécanique.
    Nathalie Croteau (née en 1966), étudiante en génie mécanique.
    Barbara Daigneault (née en 1967), étudiante en génie mécanique.
    Anne-Marie Edward (née en 1968), étudiante en génie chimique.
    Maud Haviernick (née en 1960), étudiante en génie des matériaux.
    Barbara Klucznik-Widajewicz (née en 1958), étudiante infirmière.
    Maryse Laganière (née en 1964), employée au département des finances.
    Maryse Leclair (née en 1966), étudiante en génie des matériaux.
    Anne-Marie Lemay (née en 1967), étudiante en génie mécanique.
    Sonia Pelletier (née en 1961), étudiante en génie mécanique.
    Michèle Richard (née en 1968), étudiante en génie des matériaux.
    Annie St-Arneault (née en 1966), étudiante en génie mécanique.
    Annie Turcotte (née en 1969), étudiante en génie des matériaux.
    Au moins quatre personnes se sont suicidées à la suite de cet événement.

    vendredi 1 mai 2015

    28 Semaines plus tard / 28 Weeks Later

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

    de Juan Carlos Fresnadillo. 2007. Espagne/Angleterre. 1h41. Avec Robert Carlyle, Rose Byrne, Jeremy Renner, Harold Perrineau, Catherine McCormack, Idris Elba, Imogen Poots.

    Sortie salles France: 19 Septembre 2007. Angleterre/U.S: 11 Mai 2007

    FILMOGRAPHIE: Juan Carlos Fresnadillo est un réalisateur espagnol né le 5 décembre 1967 à Tenerife. 2001: Intacto. 2007: 28 Semaines plus tard. 2011: Intruders.


    L'apocalypse documenté sur écran expérimental. 
    Après 28 jours plus tard, Danny Boyle cède place au réalisateur espagnol Juan Carlos Fresnadillo (révélé par l'excellent Intacto) pour entreprendre la séquelle 28 semaines plus tard. L'action prenant pour cadre la Grande-Bretagne destituée de l'infection mais toutefois supervisée par l'armée américaine en filature. 

    SynopsisPendant l'attaque de la ferme auquel il se réfugia avec son épouse grâce à l'hospitalité de fermiers, Don est contraint de fuir depuis l'intrusion précipitée d'une horde d'infectés. Pris de panique durant les altercations sanglantes, il décide d'abandonner lâchement sa femme prise à parti avec ses agresseurs. Parvenant à rejoindre par la rivière la ville de Londres, il retrouve ses enfants sains et saufs depuis leur retour de voyage scolaire en Espagne. Mais quelques jours plus tard, l'épouse de Don refait surface en victime contaminée sans toutefois donner signe d'hostilité. Elle serait donc immunisée contre le virus et pourrait ainsi devenir l'espoir d'un vaccin. Mais le général Stone féru de vigilance ordonne à ses sbires de l'abattre. 

    Intense, formellement très impressionnant et redoutablement spectaculaire,  Juan Carlos Fresnadillo nous dresse un survival brut de décoffrage dans son lot de péripéties frénétiques auquel un groupe de rescapés vont non seulement être contraints de déjouer la rage des infectés mais également faire face à l'armée lancée à leurs trousses depuis leur injonction d'exterminer tous civils, faute de nouvelle pandémie incontrôlée. Avec souci de véracité documentée, le réalisateur s'appuie sur la propagation furtive du virus, sa réaction en chaîne sur la population lorsqu'une victime en fut l'unique cause. 


    La lâcheté d'un père de famille, terrifié à l'idée de trépasser, étant le catalyseur de cette prochaine hécatombe. Radical et impitoyable au sens large, le film quasi expérimental démontre également par cette occasion désespérée l'immoralité de l'armée prête à sacrifier des centaines d'innocents (les enfants en sus) afin d'enrayer toute menace de virus. Ainsi, par le biais de ce scénario haletant particulièrement bien écrit, Juan Carlos Fresnadillo cultive le ressort dramatique en expansion pour le sort réservé à certains de nos survivants et la violence rigoureuses des attaques qu'ils devront incessamment déjouer. 28 semaines plus tard comptant sur la grande efficacité de rebondissements itératifs en exploitant à merveille l'urbanisation de décors restreints mais autrement vastes que nos héros vont arpenter la terreur au ventre (euphémisme). Les notions de bravoure et de courage étant rigoureusement mises en valeur à travers leur dynamique de cohésion afin d'y déjouer la mort. Ultra réaliste à l'instar d'un reportage pris sur le vif (caméra supra agressive à l'appui !) d'illustrer une métropole urbaine réduite à l'apocalypse (bombardements de Napalm en sus, on se croirait chez Coppola, toutes proportions gardées), l'intrigue se concentre à terme sur le destin d'une soeur aînée et de son frère, témoins singuliers dans leur (potentielle) faculté de s'immuniser contre le virus de par leurs gênes. Or, sous la houlette d'un sergent transfuge, d'un médecin-major et de quelques rescapés, c'est un parcours du combattant qui leur est défié afin de s'extraire de la ville pour y ratisser un nouvel asile.  


    Violemment gore et épique comme rarement, réaliste et parfois résolument terrifiant (le prologue cinglant est anthologique, sans discussion possible), 28 semaines plus tard parvient à émuler son modèle, tant en terme de jeu d'acteurs transis de hargne et d'émoi, de brio de mise en scène impliquée dans un script retors où lâcheté et bravoure ne cessent de se contredire pour le prix de la survie, que de fulgurance formelle comme si nous étions à la place des protagonistes. La densité humaine de ses personnages en perdition et son climat prégnant de désolation étant notamment rehaussés du score envoûtant de John Murphy dans toutes les mémoires. Par conséquent, en terme de film d'infectés, on a jamais fait mieux depuis 28 Jours plus tard. Indispensable pour le genre.
    *Bruno
    3èx. Vostfr

    A sa sortie les récompenses pleuvent:

    Festival international du film fantastique de Neuchâtel : Meilleur long métrage,
    Prix du cinéma indépendant britannique, Meilleur espoir, Meilleure réalisation technique
    Prix Fright Meter
    (Fright Meter Awards): Meilleur film d'horreur
    Meilleur réalisateur: Juan Carlos Fresnadillo
    Prix Rondo Hatton horreur classique
    Meilleur film
    Prix Schmoes d'or
    (Golden Schmoes Awards) : Meilleur film d'horreur de l'année
    Meilleur film de science-fiction de l'année
    La plus grande surprise de l'année
    Prix Scream du Meilleur film d'horreur
    The Ultimate Scream (Meilleur film) Meilleure suite
    Scène de l'année "Jump-From-Your-Seat"
    Distinctions 2008:
    Festival du cinéma espagnol de Malaga: Prix Eloy de la Iglesia
    Prix BET Meilleur acteur
    Prix de la bande-annonce d'or, Meilleur spot TV d'horreur, Meilleure affiche de film d'horreur
    Prix du cinéma britannique du Evening Standard, Meilleure réalisation technique
    Prix Empire du Meilleur film d'horreur

    jeudi 30 avril 2015

    Mad-Max. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 80.

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site papystreaming.com

    de George Miller. 1979. Australie. 1h33. Avec Mel Gibson, Steve Bisley, Joanne Samuel, Hugh Keays-Byrne, Tim Burns, Sheila Florence.

    Sortie salles France: 13 Janvier 1982 (Interdit au - de 18 ans). Australie: 12 Avril 1979. U.S: 9 Mai 1980 (classé X).

    FILMOGRAPHIE: Georges Miller est un réalisateur, scénariste et producteur australien, né le 3 Mars 1945 à Chinchilla (Queensland). 1979: Mad-Max. 1981: Mad-Max 2. 1983: La 4è Dimension (dernier segment). 1985: Mad-Max : Au-delà du dôme du Tonnerre. 1987: Les Sorcières d'Eastwick. 1992: Lorenzo. 1997: 40 000 ans de rêve (documentaire). 1998: Babe 2. 2006: Happy Feet. 2011: Happy Feet 2. 2014: Mad Max 4; Fury Road.


    "Quand la violence s'empare du monde, priez pour qu'il soit là !"
    Film mythique s'il en est, de par son succès international, son affiche fantasmatique, sa fascination véhiculée par le bolide customisé, son Prix Spécial décerné à Avoriaz, ses problèmes avec la censure (3 ans d'interdiction en France, Classé X aux States !), et les révélations du réalisateur australien George Miller et de son acolyte débutant Mel Gibson, Mad-Max fit jubiler non seulement les cinéphiles du monde entier mais aussi les motards et les pilotes de course pour la vigueur des poursuites et cascades automobiles exécutées à l'artisanal. Quand bien même aujourd'hui, l'incursion high-tech du numérique aura fini par décrédibiliser tout un pan du cinéma d'action dans sa surenchère aussi orgueilleuse qu'improbable (Transformers, Man on Steel, Fast and Furious pour ne citer que les plus emblématiques). Prenant pour cadre l'époque indéterminée d'un contexte dystopique, Mad-Max retrace la déliquescence morale d'un flic pugnace assoiffé de violence et de vengeance après que sa famille eut été massacrée par une bande de motards. Accoutrés de blousons et pantalons de cuir noir, les forces de l'ordre tentent vainement de maîtriser l'inflation de la délinquance, là où l'anarchie urbaine règne en maître ! Rendus obsédés par la vitesse et l'action de leurs courses effrénées contre les fuyards, ces policiers d'un genre extravagant ressemblent à s'y m'éprendre à leurs bourreaux dans leur insatiable goût pour la traque sur bitume et riposte revancharde.


    Ce qui frappe toujours aujourd'hui lorsque l'on revoit ce morceau de cinéma homérique émane de sa frénésie irraisonnée d'une débauche agressive (fascination irrépressible pour la vitesse des engins motorisés, comportements grotesques de marginaux soumis à leur médiocrité, actes de vandalisme et agressions gratuites intentées sur les citadins). Sans compter l'orchestration épique du score de Brian May et le réalisme de son climat blafard où le western urbain s'entrechoque avec le film de bandes instauré dans les sixties. Brutal et cruel, le film l'impose avec la rigueur d'un montage assidu (une manière suggérée de repousser la violence graphique) pour dénoncer la déshumanisation d'une société en déclin où les exactions des pillards et des flics ne font plus qu'un dans leurs compétitions aussi primitives qu'erratiques. Emaillé de séquences fortes d'une intensité dramatique aussi cruelle que bouleversante, à l'instar du sacrifice de Goose lâchement immolé par le feu et surtout de la femme de Max et de son jeune bambin écrasés sur la route, Mad-Max tire-parti de sa puissance émotionnelle dans ses ressorts dramatiques, catalyseurs d'une redoutable vendetta ! Ce sentiment de fureur incontrôlée que se disputent incessamment les bons et les méchants est notamment transcendée de la notoriété héroïque du jeune loup, Max Cocktansky. Un casse-cou flegmatique apte à contredire la démence des pires psychopathes routiers (à l'instar de sa traque perpétrée contre le "cavalier de la nuit" lors d'un prologue en furie !). Par le biais de ce nouveau héros des temps perdus censé représenter l'ordre et la loi, George Miller y engendre un criminel en perte identitaire dans un monde où la violence nécrose ceux qui la combattent. 


    "Si tu regardes longtemps un abîme, l’abîme regarde aussi en toi."
    Sauvage et explosif à travers ses éclairs de violence et cascades affolantes, mais aussi bouleversant de par son intensité dramatique parfois éprouvante (à contrario du second volet entièrement focalisé sur l'action frénétique !), Mad-Max fait aujourd'hui office de légende du 7è art grâce à la virtuosité de sa mise en scène (montage à couper au rasoir !), l'efficacité du script visionnaire et l'icône du anti-héros damné par sa loi du talion trop expéditive. 

    *Bruno
    24è visionnage. 

    Récompense: Prix Spécial du Jury à Avoriaz, 1980.

    mercredi 29 avril 2015

    LE RETOUR DE FRANKENSTEIN (Frankenstein Must Be Destroyed)

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

    de Terence Fisher. 1969. Angleterre. 1h40. Avec Peter Cushing, Simon Ward, Veronia Carlson, Freddie Jones, Thorley Walters, Maxine Audley, George Pravda.

    Sortie salles Angleterre: 22 Mai 1969

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville.
    1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


    Cinquième volet de la saga Frankenstein qu'entreprend une troisième fois Terence Fisher 11 ans après la Revanche de Frankenstein, Le Retour de Frankenstein s'avère sans nulle doute l'un des opus les plus hardcores dans la caractérisation fielleuse du Baron. Maître-chanteur vil, meurtrier et même violeur sans remords (la séquence audacieuse sera rajoutée en toute fin de tournage !), Frankenstein souhaite aujourd'hui renouer ses expériences illicites afin de transplanter le cerveau de son ancien adjoint, un médecin actuellement atteint de démence, dans le corps d'un cadavre. Délibéré à découvrir sa précieuse formule scientifique, il décide de le kidnapper de sa cellule psychiatrique parmi la complicité d'un jeune médecin et de sa concubine. Mais les relations toujours plus houleuses envers le trio iront notamment se compromettre avec l'autorité de la police, sur le qui-vivre depuis les étranges disparitions, et avant que la résurrection de la créature n'accomplisse sa vengeance. 


    Pourvu d'un scénario haletant à la construction une fois de plus infaillible, l'intrigue fertile en rebondissements tire également parti de son ressort dramatique dans le profil du jeune couple, Karl et Anna, contraints de participer au chantage de Frankenstein après un concours de circonstances malchanceuses. Baignant dans un climat erratique du fait de leurs stratégies véreuses à dépouiller un cadavre afin de ressusciter la conscience d'un docteur érudit, Le Retour de Frankenstein fait notamment la part belle à des moments de suspense parfois scrupuleux. A l'instar de l'apparition inopportune d'un bras humain remontant à la surface de la terre, faute d'une tuyauterie fendue, au moment même où la police ira se dépêcher sur les lieux ! Dominé par la prestance éminente de Peter Cushing, redoublant de cynisme pervers dans sa facture aussi immorale que perfide, l'intrigue est également alimentée par une foule de seconds-rôles à la dimension anxiogène. Particulièrement Maxine Audley endossant avec aigreur dépressive la femme dévouée du Dr Brandt. Freddie Jones lui donnant la réplique dans sa posture estropiée de créature violée de son identité. Sa prise de conscience sur son état hybride et sa conversation intime entretenue avec son épouse donnant lieu à des épisodes dramatiques particulièrement rigoureux. Enfin, pour incarner la compagne de Karl, Veronica Carlson exprime une poignante empathie dans sa fragilité de complice soumise d'autant plus violentée par le docteur et destinée Spoiler !!! à un sort des plus cruels. Fin du Spoil


    Passionnant par son intrigue retorse à suspense et les rapports contrariés impartis au trio maudit, cruellement impitoyable et donc encore plus audacieux que ces prédécesseurs pour l'entreprise pernicieuse de Frankenstein, Le Retour de Frankenstein renoue avec la flamboyance des deux premiers volets dans une ambiance bilieuse. 

    Bruno Matéï
    3èx

    mardi 28 avril 2015

    STILL ALICE. Oscar 2014 de la Meilleure Actrice, Julianne Moore.

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site myrmorko.deviantart.com

    de Wash Westmoreland et Richard Glatzer. 2014. U.S.A. 1h41. Avec Juliane Moore, Kristen Stewart, Alec Baldwin, Kate Bosworth, Hunter Parrish, Shane McRae.

    Sortie salles France: 18 Mars 2015. U.S: 20 Février 2015

    FILMOGRAPHIE: Richard Glatzer est un réalisateur et scénariste américain, né le 28 Janvier 1952 à New-York, décédé le 10 Mars 2015 à Los Angeles.
    1993: Grief. 2001: The Fluffer (coréalisé avec Wash Westmoreland). 2006: Echo Park, L.A. (coréalisé avec Wash Westmoreland). 2013: The Last of Robin Hood (coréalisé avec Wash Westmoreland). Still Alice (coréalisé avec Wash Westmoreland).
    Wash Westmoreland est un réalisateur anglais, né le 4 Mars 1966 à Leeds, Royaume-Uni.


    Mélodrame déchirant traitant du thème de la maladie d'Alzheimer, Still Alice est le genre d'expérience redoutée si la forme entretenait la complaisance de la sinistrose pour nous enseigner les tenants et aboutissants d'un sujet aussi grave que terrifiant. C'est à dire la déliquescence cognitive du point de vue d'une professeur de linguistique âgée seulement de 50 ans. Avec l'aide d'un traitement palliatif, du soutien de ses proches et de sa propre volonté, Alice va tenter de gérer sa dégradation cérébrale en profitant du moment présent et avant de privilégier le suicide.


    D'une intensité dramatique terriblement éprouvante au point d'en ressentir un malaise indécrottable, Richard Glatzer et Wash Westmoreland relèvent néanmoins la gageure d'évoquer prudemment la maladie d'Alzheimer sans effet indésirable de pathos ou de misérabilisme. Avec le réalisme scrupuleux du souci documentaire et le brio d'une mise en scène épurée, c'est un accablant témoignage qu'ils nous relatent parmi la performance exceptionnelle de Julianne Moore ! Littéralement habitée par son rôle névralgique où l'artifice du cabotinage aurait pu facilement la discréditer, la comédienne écarte toute forme de racolage pour nous décrire avec humilité et anxiété viscérales son baroud-d'honneur contre sa déficience mentale. Couronnée d'un oscar, Julianne Moore n'aura jamais parue aussi intime avec le spectateur pour nous extérioriser ses sentiments contradictoires d'espoir et de désespoir, sa lutte sempiternelle de préserver ses facultés cognitives après avoir consolidé une illustre carrière professionnelle. A l'instar de sa conférence courageusement dictée devant une foule circonspecte pour énoncer les états d'âme de son calvaire. Epreuve de force morale de chaque instant où la paranoïa la contraint de mémoriser faits et gestes du quotidien et d'en préserver ses souvenirs les plus évocateurs, le calvaire d'Alice l'est également pour les membres de sa famille, communément piégés par l'atavisme puis témoins de sa dérive vers l'amnésie jusqu'au seuil de la démence. Parmi leur manifestation empathique, assister de notre écran à la déchéance psychologique de cette professeur érudite s'avère une affliction aussi terrifiante que bouleversante. 


    Observant avec attention scrupuleuse, et sans position voyeuriste, le cheminement douloureux d'une patiente brimée par sa déficience neurodégénérative, Still Alice peut faire office de témoignage documenté dans sa pudeur de traiter Alzheimer du point de vue d'une mère motivée par sa constance et l'amour de son entourage. Un crève-coeur inévitablement inconsolable mais édifiant pour une leçon de décence peu abordée à l'écran. 

    A Richard Glatzer...
    Bruno Matéï

    RIP: Richard Glatzer, qui avait coécrit et co-réalisé avec son mari Wash Westmoreland le film Still Alice, est mort mardi 10 mars à Los Angeles à l'âge de 63 ans. Il était atteint d'une sclérose latérale amyotrophique (ou maladie de Charcot). Le 22 février dernier, Richard Glatzer avait appris que Julianne Moore qui, dans Still Alice, interprète une professeur de linguistique confrontée à la maladie d'Alzheimer, avait obtenu l'Oscar de la Meilleure Actrice pour ce rôle.

    Récompenses:
    Festival du film de Hollywood 2014 : Hollywood Actress Award pour Julianne Moore
    Chicago Film Critics Association Awards 2014 : meilleure actrice pour Julianne Moore
    Los Angeles Film Critics Association Awards 2014 : meilleure actrice pour Julianne Moore (2e place)
    National Board of Review Awards 2014 :
    Top 2014 des meilleurs films indépendants
    Meilleure actrice pour Julianne Moore
    Gotham Awards 2014 : meilleure actrice pour Julianne Moore
    Washington D.C. Area Film Critics Association Awards 2014 : meilleure actrice pour Julianne Moore
    Women Film Critics Circle Awards 2014 : meilleur film à propos des femmes, meilleure actrice pour Julianne Moore
    National Society of Film Critics Awards 2015 : meilleure actrice pour Julianne Moore (2e place)
    British Academy Film Awards 2015 : Meilleure actrice pour Julianne Moore
    Golden Globes 2015 : Meilleure actrice dans un film dramatique pour Julianne Moore
    Screen Actors Guild Awards 2015 : meilleure actrice pour Julianne Moore
    Oscars du cinéma 2015 : meilleure actrice pour Julianne Moore